(Quatorze heures trente-huit minutes)
M.
Spénard
:
Alors, suite aux nouvelles allégations qu'on a sues ce matin, comme quoi le ministère
de la Sécurité publique avait été averti dès 2014 des allégations de
M. Di Feo et de M. Cacchione, alors il y a lieu de se poser de sérieuses
questions, à savoir que le ministère de la Sécurité publique... Étant donné que
M. Pichet a transféré toutes les enquêtes internes à la nouvelle équipe
d'enquêteurs, alors on peut d'ores et déjà dire que le SPVM est sous tutelle
réellement avec le ministère de la Sécurité publique et que l'administration
municipale de Montréal n'a plus rien à voir là-dedans.
D'autant plus que ce qui est très offusquant,
c'est que, rappelez-vous, en 2014 c'était M. Bergeron, le député de
Verchères, qui était ministre de la Sécurité publique. Il dit qu'il n'a pas vu
la lettre, il n'a pas dit qu'il n'était pas au courant. Moi, je pense qu'il
était au courant et qu'il ne veut pas le dire. Mais, pire encore, son
sous-ministre, c'était Martin Prud'homme et c'est lui qui a reçu la
dénonciation comme telle. Alors là, M. Prud'homme se retrouve à la tête de
la Sûreté du Québec et M. Pichet a appelé M. Prud'homme pour enquêter.
C'est encore une enquête de la police sur la police, et ça, peu importe le
corps policier qu'on lui adjoindra, je pense qu'au point de vue de la population
ça ne passe pas.
Cette enquête de la police sur la police,
ça n'a plus sa raison d'être, et je pense qu'on devrait confier l'entière responsabilité
de cette enquête au Bureau des enquêtes indépendantes et non pas juste une
cogestion, parce qu'on sait très bien que ça va être la Sûreté du Québec qui va
être le véritable leader dans cette enquête-là. Et, avec ce qu'on a appris
présentement, alors je ne pense pas que M. Prud'homme soit l'homme de la
situation, compte tenu qu'il savait déjà, en 2014, ce qui se passait au SPVM et
qu'il n'a rien fait.
La Modératrice
: On va
prendre les questions.
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que c'est une bonne idée de transférer toutes les enquêtes internes et les
enquêtes spéciales du SPVM à la SQ?
M.
Spénard
:
Du SPVM à la SQ, non, parce que nous autres, on considère que ça devrait être
transféré au Bureau des enquêtes indépendantes. Par contre, de tout transférer
les enquêtes internes, en tout cas, ça nous décrit à quel point le service est
gangréné à l'intérieur du SPVM et ça nous démontre à quel point qu'ils ne
peuvent plus régler leurs problèmes entre eux autres. Et je ne pense pas que ça
va être la Sûreté du Québec, avec M. Prud'homme à sa tête, qui va pouvoir
le régler.
M. Boivin (Mathieu) : M. Spénard,
vous parlez d'une gangrène. Bien, je veux juste comprendre c'est quoi, le mal exactement.
Est-ce que c'est de la corruption ou est-ce que c'est des gens qui défendent
des factions rivales? À quel mal on a affaire?
M.
Spénard
:
À la base, je pense qu'il y a une guerre de clans entre les différents
enquêteurs d'enquêtes internes. Je pense que c'est connu de tous. Il y a assez
d'ex-enquêteurs qui sont sortis pour le dire. Même M. Tremblay, ce matin,
un ex-enquêteur du SPVM qui a pris sa retraite, est sorti ce matin pour le dire
aussi.
Alors, on pense qu'il y a une guerre de
clans entre les deux, une guerre fratricide entre les deux, qui fait en sorte qu'il
n'y a plus rien qui fonctionne à l'intérieur des enquêtes internes du SPVM. Et
que M. Pichet soit encore là, moi, vous ne me ferez pas accroire que la
direction générale d'un service de police n'est pas au courant de qu'est-ce que
ses directeurs adjoints font, de qu'est-ce que ses enquêteurs internes font. Alors,
moi, vous ne me ferez pas accroire que M. Pichet n'était pas au courant.
Alors, quand on demandait que M.Pichet soit suspendu de ses fonctions le temps
qu'on enquête profondément dans son administration, je pense que ça prouve
encore le fondement de nos demandes en ce sens depuis mercredi dernier.
M. Boivin (Mathieu) :
Est-ce que c'est criminel, ça, une guerre fratricide? Parce que M. le ministre Coiteux
nous dit : J'ai des informations très graves, qui sont entrées jeudi, de
nature potentiellement criminelle. Une guerre fratricide, ce n'est pas quelque
chose de criminel. Qu'est-ce qu'on sait exactement du mal qui gangrène le SPVM?
M.
Spénard
:
Bien, c'est parce que la guerre fratricide, il ne faut pas se leurrer, ce n'est
pas une guerre des Hell's Angels, là, c'est une guerre où est-ce qu'on met des
allégations sur un policier qu'on ne veut pas voir dans cette enquête-là, on
met des allégations dessus, on enquête dessus, on le suspend temporairement.
C'est toute cette guerre intestine là qui gruge la crédibilité du SPVM. Et je
pense, moi, que, pour rétablir cette crédibilité-là, ça va prendre plus que la
Sûreté du Québec, ça va prendre... Premièrement, il y a une enquête
administrative que M. Coiteux a décrétée par un commissaire à être nommé
plus tard. On ne sait pas encore c'est qui, le commissaire, d'où va-t-il
provenir, etc. Mais on a aussi l'enquête sur les policiers comme tels, et ça,
on a confié ça à la police. Que ça soit une police de Gatineau, de Longueuil,
de Québec ou de la Sûreté du Québec, je pense que la population y voit à
travers ça un esprit de solidarité entre les policiers, et c'est là qu'ils
perdent confiance, sur une enquête de la police sur la police.
M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce
que vous pensez de la réaction de M. Coiteux, qui, questionné à savoir
s'il fait toujours confiance à M. Pichet, il ne répond pas directement ou,
en tout cas, il se garde de réitérer sa confiance?
M.
Spénard
:
Bien, écoutez, je lui ai posé la question deux fois hier à la période des
questions avant l'étude de la loi spéciale, je lui ai posé la question deux
fois et même mon leader est revenu à la charge sur l'article 79 de
l'Assemblée nationale comme quoi il ne répondait pas à la question, et il n'a
pas répondu à la question. Il n'a pas répondu à la question vendredi passé non
plus. Et je ne pense pas que M. Pichet a la confiance de M. Coiteux.
Et, étant donné que le SPVM est pratiquement sous tutelle avec le ministère de
la Sécurité publique, je pense que, s'il n'a pas confiance à sa direction générale,
il doit la suspendre, et ce, dans de brefs délais.
M. Croteau (Martin) :
C'est au gouvernement de faire ça ou au maire?
M.
Spénard
:
C'est au ministère de la Sécurité publique à faire ça, c'est lui qui a pris en
charge le SPVM. Le maire Coderre n'a plus d'affaire là-dedans. Et ce qui ne me
surprend pas... Pourquoi M. Pichet est encore là? C'est justement parce
que, moi, je pense, c'est l'homme du maire Coderre et non pas l'homme de Martin
Coiteux.
M. Boivin (Mathieu) :
...qu'est-ce que c'est... Je veux juste comprendre le lien. Il est toujours là parce
que c'est l'homme de Coderre? Coderre...
M.
Spénard
:
Bien, écoutez, M. Pichet a déclaré avant-hier qu'il avait toujours la
confiance du maire de Montréal, alors que, vendredi dernier, M. Coiteux ne
lui a pas accordé sa confiance sur une question clairement posée. Il ne lui a
pas accordé sa confiance sur la question que je lui ai posée hier à deux
reprises. Alors, écoutez, quand on a confiance en quelqu'un, on ne se défile
pas.
M. Boivin (Mathieu) :
Qui est-ce qui mène, c'est le maire ou c'est le ministre?
M.
Spénard
:
Bien, ça devrait être le ministre parce qu'ultimement c'est le ministère de la
Sécurité publique qui nomme le chef de police à Montréal. Ça vous va? Ça m'a
fait plaisir, messieurs. J'espère ne pas vous revoir avant une semaine et
demie.
(Fin à 14 h 45)