(Huit heures vingt-quatre minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour. Bien, aujourd'hui, on voulait revenir, évidemment, sur toute la
question des aînés. De mon côté, je vais aborder l'angle d'où est-ce qu'on
prend l'argent parce qu'hier, vous le savez, ça a été, encore une fois, la même
ritournelle de la part du gouvernement libéral où on nous a dit : Ah! mais
c'est bien beau, la CAQ, avec vos solutions miracles, il y a de l'argent qui
pousse dans les arbres. Et je dois vous dire que j'ai été scandalisé de la
réaction du président du Conseil du trésor à ma question, parce que le gouvernement
libéral laisse des centaines de millions de dollars, sur la table en
gaspillage, et, pendant ce temps-là, que fait le ministre des Finances? Il va
piller le portefeuille des aînés pour compenser cet argent-là qu'on n'a pas le
courage d'aller chercher.
Et je vais vous donner des exemples. Si je
vous parle des centres de traitement de l'information, je vais vous résumer ça
en disant : C'est l'endroit où le gouvernement va entreposer ses serveurs
et entrepose l'ensemble des données utilisées par le gouvernement. Il y en a
450 au Québec, 450. Depuis des années, le gouvernement libéral dit : On
doit les regrouper pour en avoir deux ou trois, comme ça se fait en Ontario,
comme ça se fait en Alberta, 100 millions d'économies récurrentes, 100 millions
qu'on n'aurait pas besoin d'aller piger dans la poche de nos aînés les plus
vulnérables qu'on laisse sur la table. Pire que ça, pire que ça, non seulement on
ne le fait pas — parce qu'on a confié le mandat au CSPQ, puis, comme
ils sont incompétents, ils ne le font pas — mais, pire que ça, la
personne qui va piger l'argent dans la poche des aînés, le ministre des
Finances, responsable de l'Agence du revenu, est en train d'en construire un
451e, puis le président du Conseil du trésor, il fait des jokes.
Combien de centaines de millions a-t-on
payé en extras au ministère des Transports depuis des années? Bien, ça, c'est
autant d'argent qu'on n'aurait pas besoin d'aller piger dans la poche de nos
aînés. L'utilisation du logiciel libre, des dizaines de millions d'économies.
Encore une fois, le CSPQ est incapable de mettre ça en place malgré des
promesses répétées, répétées et répétées, donc des centaines de millions,
peut-être même des milliards. Parce que pensez à SAGIR, un projet de 80 millions,
qu'on va payer au-dessus de 1 milliard, qu'on a laissé sur la table.
Pendant ce temps-là, parce qu'on n'a pas le courage de poser les bons gestes, de
prendre les bonnes décisions, bien, on va piger dans la poche de nos aînés les
plus vulnérables en se disant : Bien, oui, c'est ça, la solution.
Là-dessus, je vais passer la parole à mon collègue.
M. Paradis (Lévis) : On
comprend la mathématique, elle est très claire. Parlons maintenant et pensons à
nos aînés. Moi, hier, avant d'entrer au caucus, il y avait des aînés qui
visitaient l'Assemblée nationale, leur Assemblée nationale, un groupe d'aînés
qui sont passés, puis les gens m'ont arrêté en passant, m'ont tenu le bras,
puis il y a des dames qui m'ont dit : M. Paradis, continuez à nous
protéger. Ce n'est pas des blagues, là, je me le fais dire fréquemment. Dans ce
dossier-là, de cet argent que l'on prendra dans le portefeuille de nos aînés...
Puis les chiffres sont assez probants, là, là, à ce moment-ci. Cette année, il
y a 100 000 aînés qui vont atteindre le cap du 65 ans, il y a 100 000
aînés qui, en remplissant leur formulaire d'impôt, vont se rendre compte qu'ils
perdent 500 $. Puis qu'on arrête de penser que les aînés d'aujourd'hui ont
plus d'argent que tout le monde. Ils font aussi les frais d'une surimposition,
d'une surtaxation, des tarifs qui sont aussi élevés. C'est important dans le
budget de nos aînés aujourd'hui.
On est en train de dire à des aînés
vulnérables, à des aînés qui n'ont pas le loisir, même s'ils le souhaitaient,
de continuer à travailler, à des aînés qui ont travaillé toute leur vie
durement : Bien là, là, si vous voulez avoir une espèce de répit, vous
devrez continuer, malgré vos conditions, malgré ce que vous souhaitez, pour
faire en sorte qu'on favorise le maintien au travail. On va, encore une fois,
revenir sur ce vieil adage de déshabiller Jean pour habiller Paul. Il y a des
aînés qui aujourd'hui devront repenser leur budget, et ils sont nombreux. Il y
a quatre associations qui représentent des aînés qui ont dit et qui disent haut
et fort : Ça suffit!
Il y a des gens qui, ce matin, se demandent
comment ils vont faire pour arriver, et ça, ça s'ajoute, et c'est régulier, des
aînés qui nous contactent, des aînés que l'on rencontre, qui ont à respecter
des paiements mensuels en fonction de leur rythme de vie et de leur qualité de
vie, qui n'arrivent pas. C'est un fait. Le taux de pauvreté, là, le seuil de
revenu minimal chez nos aînés, le taux de pauvreté chez nos aînés en 1995 était
de 3,3 %, selon les chiffres Broadbent. Maintenant, en 2013, il est à
11,3 %, en 2013. On est en 2016.
Cette mesure-là va toucher un demi-million
de personnes à terme, un demi-million de personnes qui, aujourd'hui, demandent
au gouvernement de reculer, de faire en sorte qu'on arrête de les traiter de
cette façon-ci, qu'on leur permette de vivre en qualité, en fonction de leurs
choix et de leurs capacités. Encore une fois, dans une mesure comme celle-là,
on touche des gens vulnérables, parmi les plus vulnérables. À cette dame qui,
hier, me prenait le bras, en disant : M. Paradis, allez-vous continuer
à nous défendre?, bien, la réponse est oui, puis on va faire en sorte... puis
on va mettre de la pression pour que nos aînés ne fassent pas les frais d'une
politique insensée.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Période de questions, M. Mathieu Boivin, Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Caire, M. Paradis, vous êtes tous les deux députés d'un parti fédéraliste.
Comment est-ce que vous interprétez le retour à la tête d'un des plus gros
conglomérats médiatiques au Québec d'un type qui avait le bras dans les airs
pour faire un Québec, un pays?
M.
Caire
:
D'abord, on est un parti nationaliste, apporter cette petite nuance-là.
Écoutez, Pierre Karl Péladeau est l'actionnaire
de contrôle de Québecor. C'est son entreprise et il décide... En fait, je pense
qu'il n'a jamais vraiment quitté la tête de l'entreprise, puisqu'il est toujours
resté l'actionnaire de contrôle de Québecor.
M. Boivin (Mathieu) :
Est-ce que des nationalistes fédéralistes doivent s'inquiéter du retour de M. Péladeau
à la tête d'un conglomérat médiatique d'importance?
M.
Caire
: Bien,
moi, je crois en la qualité, au professionnalisme des journalistes en général.
C'est-u assez téteux comme réponse, ça? Puis je pense que les journalistes de
Québecor vont continuer à faire le travail qu'ils ont toujours fait comme ils
l'ont toujours fait. Et j'ose croire que ces journalistes-là n'accepteront pas
de l'ingérence dans leur travail ou dans la façon de livrer l'information, ce
qu'ils ont à faire. Donc, moi, j'ai confiance au professionnalisme des
journalistes, et ça inclut les journalistes de Québecor.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M. Paradis,
votre chef vous désigne déjà ministre de la Santé s'il devient premier ministre.
M. Paradis (Lévis) : La
question?
M. Laforest (Alain) : C'est
ça. Vous en pensez quoi?
M. Paradis (Lévis) : Je
pense qu'en 2018, le souhait que nous avons, c'est de former le prochain gouvernement.
Le choix que nous avons, c'est que François Legault soit premier ministre. À
partir de ce moment-là, bien, il lui incombera de décider qui l'entourera et de
quelle façon dans des positions qui sont importantes et cruciales. Alors, fier
de savoir que, dans la pensée de mon chef, j'occupe une place, mais ce sera à
lui de décider. Et, si nous sommes au gouvernement, je ferai le travail qu'on
me confiera avec énormément de conviction et de volonté d'aller de l'avant.
M. Laforest (Alain) : La
question est pour vous deux. Il a dit hier entre autres que, s'il n'était pas premier
ministre et que les militants choisissaient, il pourrait rester député de la
CAQ et ne plus être chef. Vous en pensez quoi?
M.
Caire
: Bien,
j'en pense que ça témoigne de l'engagement de l'homme. Je pense que ça témoigne
du fait que François Legault n'est pas là par désir du pouvoir, mais par désir
du devoir. Il voit le Québec. Ce qu'il voit, il ne l'aime pas. Et plutôt que de
rester assis dans son salon à jouer les gérants d'estrade, bien, il a décidé de
s'impliquer. Et ce que je comprends, c'est que son implication n'est pas
conditionnelle à une fonction ou à une autre. Il s'implique puis il va offrir
ses immenses talents aux Québécois dans le mandat que les Québécois lui
confiront.
M. Paradis (Lévis) : Et
ça, je vous dirai que ça ajoute à ce qu'on remarque de l'homme, son intégrité,
son honnêteté, son désir de changement. Et ça permet de constater qu'au-delà de
titres ou de positions, la volonté ferme de François Legault, c'est de voir le Québec
changer pour le mieux.
Le Modérateur
: Nicolas
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur les juristes, tout à l'heure, le gouvernement va présenter sa position et
dire qu'effectivement ils ont la même chose que les procureurs de la couronne.
Comment vous trouvez le travail de Pierre Moreau jusqu'à maintenant dans ce
dossier-là?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, Pierre Moreau est arrivé un peu en sauveur, mais je pense qu'on se
rend compte, là, que les attentes étaient probablement un peu élevées. Mais il
est clair qu'il faut que ce conflit-là se règle.
Puis je veux juste prendre à titre
d'exemple, pour qu'on comprenne bien, pour humaniser les conséquences de ce
conflit-là... Moi, j'ai une citoyenne qui devait recevoir un montant
substantiel de l'État, d'un organisme de l'État, que je ne mentionnerai pas
parce que je voudrais que ce dossier-là reste aussi confidentiel que
possible — vous comprendrez que c'est un dossier qu'on traite au
bureau de comté — et qui a reçu un jugement positif. Maintenant, ce
jugement-là doit passer à travers les mains des juristes de cette
organisation-là avant d'être exécutoire. Et donc, comme ça ne se fait pas,
cette personne-là ne reçoit pas le montant auquel elle a droit, ce qui lui
cause des soucis financiers. Et vous comprendrez que, quand une personne comme
ça est indemnisée par l'État, bien, c'est parce qu'il y a une incapacité qui
vient avec ça. Alors, en attendant, cette personne-là, elle vit dans
l'angoisse, elle vit dans l'attente et elle vit dans les problèmes financiers.
Ça, là, c'est les conséquences directes de ce qui se passe présentement.
Donc, nous, on souhaite que M. Moreau,
dont c'est le travail, trouve une solution à ça aussi rapidement que possible
parce que les conséquences humaines sont terribles.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Paradis, hier, vous avez été à la rencontre sur le troisième lien. Vous
n'êtes pas tout à fait favorable, nécessairement, à un tunnel. Peut-être
expliquer votre position. Qu'est-ce que vous pensez de tout ça, de ce qui a été
discuté notamment hier soir?
M. Paradis (Lévis) : Je
pense qu'il y a une bonne nouvelle à ce rassemblement d'hier, c'est-à-dire que
le projet il est aussi vivant, aussi fort qu'il l'a toujours été. Et ça se
reflète dans cette volonté populaire de trouver une solution et de faire en
sorte qu'un projet aille de l'avant.
À ce moment-ci, je pense qu'il est temps,
maintenant, de poser un geste concret. Alors, ce qu'on demande au gouvernement,
profitant du prochain budget à venir au mois de mars, c'est d'allouer des fonds
pour la création d'un bureau de projets, un bureau de projets où on serait en
mesure de regarder ce qui se passe, d'aller chercher tous les éléments relatifs
à ce dossier-là, de penser au montage financier, de commencer à penser à des
échéanciers, mais de colliger tout ça et de finalement faire en sorte que le
geste accompagne les paroles. Je vous rappellerai qu'il n'y a pas très
longtemps le premier ministre lui-même, sur le quai Paquet à Lévis disait que
c'était un dossier qui devait aller de l'avant. Bien, il est maintenant temps
de le faire. Alors, un bureau de projets va nous permettre d'avancer.
Il y a énormément de scénarios qui sont
sur la table actuellement, ils prennent toutes sortes de formes. Il est temps
de faire en sorte qu'on puisse maintenant comptabiliser tout ça, présenter des
solutions qui nous permettront d'aller de l'avant. Mais fort est de constater
qu'aujourd'hui le projet est plus fort que jamais. Il faut faire un pas de plus
dans la bonne direction.
Le Modérateur
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Messieurs, bonjour. Est-ce que vous souhaiteriez que M. Legault demeure
chef, peu importe le résultat de la prochaine élection?
M.
Caire
: Bien,
pour ma part, oui, parce que c'est quelqu'un pour qui j'ai énormément de
respect. Je regarde comment M. Legault mène la barque de la CAQ depuis le
début, et je dois dire que je l'admirais déjà comme entrepreneur, un peu moins
comme politicien, parce que, bon, il a eu un passé douteux, il faut bien le
dire, mais aujourd'hui je travaille avec lui puis je peux vous dire que j'ai
encore plus de respect pour l'homme, pour le politicien, pour le chef. Et je
pense que François Legault… en fait, j'affirme que François Legault est le chef
politique le plus premier ministrable qu'il m'ait été donné d'observer depuis
que je m'intéresse à la politique.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais, spontanément, vous vous êtes rallié à l'idée que, s'il n'était pas
satisfait du résultat, il demeure dans le caucus à titre de simple député.
Donc, ce n'est pas…
M.
Caire
: Bien,
moi, je vais respecter la décision que l'individu va prendre. Vous me demandez
est-ce que moi, je souhaiterais qu'il reste chef. Donc, il y a une différence
entre ce que moi, je souhaite, puis la décision qu'il va prendre.
M. Robillard (Alexandre) :
Oui, oui. C'est pour ça que je vous pose la question.
M.
Caire
: Mais,
moi, c'est sûr que je me vois parfaitement être aux côtés de François Legault pour
encore très longtemps. Mais ma conviction profonde, c'est que je vais faire ça
et je vais faire ça alors que François Legault va être premier ministre du
Québec.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis, peut-être, en terminant, une question concernant le fait… Qu'est-ce que
ça pourrait avoir comme impact sur la dynamique d'un caucus que l'ancien chef
fondateur soit un backbencher pendant qu'il y en a un autre en avant qui dirige
la formation? Ça, est-ce qu'a priori c'est quelque chose qui pourrait être
source de conflits ou de tensions?
M.
Caire
:
Écoutez, là, on est vraiment dans la scénarisation, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Bien, M. Legault l'a envisagé hier, donc j'imagine que vous êtes capables
de vous prononcer là-dessus.
M.
Caire
: Bien,
M. Legault répondait à des questions hypothétiques, il a émis un scénario
hypothétique. Le scénario avec lequel, moi, je travaille, c'est que François
Legault, c'est mon chef. Je souhaite qu'il reste mon chef. Je vais continuer à
travailler à faire en sorte que mon chef devienne le prochain premier ministre
du Québec. Ça, c'est le scénario sur lequel je travaille. Le reste, c'est de
l'hypothèse, là, puis on peut fabuler longtemps, là.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
M. Paradis, M. Barrette a été tassé des négociations, puis là les
fédérations de médecins… et là on voit que le gouvernement, donc, va dépenser
au-dessus de 400 000 $ pour recourir à deux négociateurs externes. Ça
vous dit quoi sur le leadership du gouvernement?
M. Paradis (Lévis) :
Bien, écoutez, deux choses. Qu'on fasse appel à des négociateurs externes ça
prouve que — et on le savait déjà — le ministre de la
Santé, à ce chapitre-là, n'a pas sa place dans ces négociations-là. Ce qui est
un peu questionnant, c'est qu'on doive aller à l'externe pour aller chercher
des négociateurs, ce qui engendre évidemment des coûts dont vous venez de
parler. Alors, à travers ce ministère, n'avait-on pas des gens qui auraient pu
assumer ce rôle-là? Alors, manifestement, non. On doit aller à l'extérieur. C'est
une dépense supplémentaire alors que le message de base, cependant, il est
clair aussi, je pense que Gaétan Barrette, vis-à-vis les fédérations, il n'y a
plus aucun échange possible. Les ponts sont tombés depuis longtemps. Je parle
d'un troisième lien, mais il y en aurait un, que ça ne rapprocherait pas les
fédérations avec le ministre de la Santé. De fait, l'image, elle est claire,
elle est celle que l'on pensait. Le problème, c'est qu'on n'ait pas, à
l'intérieur de ce ministère immense, des gens qui puissent assumer ce rôle-là
sans qu'on ait à défrayer à l'externe.
M. Gagnon (Marc-André) :
Est-ce que M. Barrette, donc, devrait être remplacé? C'est un peu ce que
disait M. Lisée plus tôt.
M. Paradis (Lévis) : M. Barrette,
et vous le voyez, je veux dire, à travers des objectifs à atteindre, utilise
des méthodes qui sont décriées par tous. Il est loin de faire l'unanimité. Je
pense que ce style-là de confrontation n'a pas sa place dans un système où la collaboration
donne de meilleurs résultats. Il y a des volontés de collaboration, mais manifestement
la porte du bureau du ministre est fermée à ceux qui souhaitent proposer des
idées si ce ne sont pas les siennes.
M. Gagnon (Marc-André) :
Si je peux me permettre, sur un autre sujet, vous avez travaillé pour un média
de Québecor, quoi, pendant combien d'années, déjà?
M. Paradis (Lévis) : Une
trentaine.
M. Gagnon (Marc-André) :
Une bonne trentaine d'années. Je crois que la question vous a déjà été posée,
mais j'entends les questions qui sont soulevées un peu partout ce matin. Les
gens se demandent : Est-ce qu'il y aura de l'ingérence dans les médias de
Québecor de la part de Pierre Karl Péladeau? Donc, vous avez été pour TVA
pendant une trentaine d'années. Est-ce qu'il vous est déjà arrivé d'être
témoin, de près ou de loin, d'un quelconque acte d'ingérence de la part de
Pierre Karl Péladeau dans l'exercice de votre travail ou celui de vos
collègues?
M. Paradis (Lévis) :
Dans ma carrière d'affaires publiques, tant à Montréal que dans nos studios de
Québec, jamais ce n'est arrivé. J'ai toujours eu la liberté et la grande chance
d'avoir carte blanche sur tous les sujets que j'avais à aborder, dans la façon
de le faire et dans la finalité également. Puis j'imagine, pour connaître
plusieurs personnes qui sont à travers les médias aujourd'hui, que le
journaliste lui-même est en quelque sorte le maître d'oeuvre de ses actions.
Non, je ne crains pas d'ingérence.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci.
Le Modérateur
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour. Bonjour. M. Caire, est-ce que M. Péladeau est aujourd'hui encore
un homme politique, selon vous, ou c'est essentiellement un homme d'affaires
comme tous les autres?
M.
Caire
: Non,
je pense que c'est un homme d'affaires. Ceci étant dit, M. Péladeau a ceci
de différent qu'il a affiché ses convictions politiques, ce que plusieurs
hommes d'affaires ne font pas, n'ont pas à faire non plus. Mais je pense qu'il
est retourné aux affaires et je pense que, comme n'importe quel homme
d'affaires, Pierre Karl Péladeau va avoir le souci de faire prospérer son
entreprise et prendra des décisions en conséquence.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Hier, le chef du Parti québécois a rappelé les 20 mesures d'intégration des
immigrants, notamment sur le marché du travail. Il a évoqué la possibilité de
sévir plus durement à l'égard des propriétaires d'immeubles, notamment, qui
feraient, selon lui, du racisme ordinaire ou extraordinaire en bloquant... en
fait, en n'octroyant pas de bail à des immigrants ou encore les chefs d'entreprise
qui n'embauchent pas de personnes parce que leur nom se termine par el Barouk
plutôt que Tremblay ou Bélair. Bon, il est proposé aussi, donc, de sévir plus
durement avec des amendes. Est-ce que c'est une approche qui vous apparaît
raisonnable?
M.
Caire
: Bien,
d'abord, avant de parler d'amendes ou avant de parler d'inspecteurs, je pense
qu'il faudrait documenter le phénomène. Est-ce qu'il y a du racisme? Très
certainement, tout le monde est d'accord. Maintenant, est-ce qu'on parle de
culture du racisme? Est-ce qu'on en est rendus là? Moi, je pense qu'on doit
documenter le phénomène. Puis l'autre aspect sur lequel on doit travailler
aussi, c'est sur l'employabilité et la reconnaissance des diplômes des
immigrants. Là-dessus, ça me fait un peu rire parce que le premier ministre
nous fait des grandes leçons de morale, mais demandez-lui, comme ministre de la
Santé, c'était quoi, le pourcentage d'intégration des médecins étrangers dans le
corpus des médecins québécois. On était derniers au Canada. On était derniersau
Canada. Qu'est-ce qu'il a fait pour augmenter ça? Rien. Rien.
Alors, moi, je veux bien qu'on parle de
tolérance, et d'intégration, et d'ouverture à l'autre, mais ce que j'ai
entendu, moi, des leaders musulmans après la tuerie de Québec, c'est : Ce
qu'on veut, c'est des emplois; ce qu'on veut, c'est être capables de
travailler, la dignité, on veut faire partie de cette société-là, on veut
contribuer à la société. Donc, il y a un gros travail à faire de ce côté-là, et
je pense qu'au Québec on devrait s'attacher à cette tâche-là, principalement.
Maintenant, combattre le racisme dans toutes ses formes, on sera toujours
favorables à ça, il n'y a aucun problème. Sur les moyens, bien, je pense qu'il
faudra en discuter.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bien, justement, est-ce que vous avez une idée concrète d'une façon, d'un moyen
pour faire tomber les obstacles au marché du travail qui se dressent devant les
immigrants?
M.
Caire
: Je
pense que je viens de vous en donner, un bon moyen. Moi, c'est un dossier que
j'ai porté très longtemps, l'intégration des médecins étrangers, notamment.
Bon, il y a d'autres corps d'emploi...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais ça, ce serait prévu dans le projet de loi n° 98, non?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, on étudiera le projet de loi quand on sera rendus là, mais, je vous
dis, c'est un des moyens, très certainement, d'intégration.
Le Modérateur
: Mathieu
Boivin, Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) :
Sur cet enjeu-là, est-ce que la CAQ soutient la création d'une escouade de faux
chercheurs d'emploi pour piéger les employeurs présumément racistes?
M.
Caire
:
Écoutez, ce n'est pas des discussions qu'on a eues au caucus. On aura les
discussions en temps et lieu. Il y a un projet de loi qui est déposé, on aura
l'occasion d'en discuter. Mais moi, personnellement, je me questionne à savoir :
Est-ce qu'on est rendus là au Québec? Est-ce qu'on a besoin de ça au Québec?
Est-ce que le phénomène, au Québec, est à ce point important qu'on a besoin de
mettre en place une escouade ou est-ce que c'est une mesure tape-à-l'oeil?
Parce qu'il faut bien comprendre qu'il y a des deniers qui viennent avec ça,
là. Ces gens-là, il faut les payer, il faut leur donner des bureaux, il faut
leur donner des outils, donc il y a des montants d'argent qui viennent avec ça.
Et je n'ai aucun problème à investir pour combattre le racisme, comprenez-moi
bien, mais encore faut-il que ce soit justifié et efficace.
M. Paradis (Lévis) : Je
prendrais un terme de santé, si vous permettez : Avant de choisir le
traitement, il faut établir le diagnostic.
M. Boivin (Mathieu) : Merci,
monsieur.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Ah! Ryan. Excuse-moi, tu étais dans la lumière.
M. Hicks
(Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. The Government
says : OK, we're going to increase the age for the seniors' tax credit by
a few years. What's wrong with that?
M.
Caire
: What's wrong? They clearly attack vulnerable people, vulnerable
seniors, and in the same time they let on the table millions of dollars,
$100 million, because they don't care about the way we manage computing
issues, and the President of the Treasury Board is joking on that, and, for me,
for us, it's unacceptable.
M. Hicks (Ryan) : The seniors affected, how many seniors are we talking about that
qualify? Le nombre qui se qualifie pour ce crédit d'impôt? Est-ce que c'est tous les aînés?
M.
Caire
: No, I don't think so, but one is too much because, as I said, we
let on the table billions of dollars, billions of dollars we can use to finance
all our social programs, and… but because the Government didn't do that in the
past, they taxed the seniors, because it's a kind of tax, for me, for us. And
before taxing anyone, I mean, make sure that you manage properly the money you
have in your pocket right now, what that Government didn't do in the past. And
the President of the Treasury Board making jokes yesterday with that, and I
have no fun to hear that. It's not funny, it's not a joking issue.
M. Hicks (Ryan) : OK. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 47)