(Quatorze heures trois minutes)
Mme David (Gouin) : Merci
beaucoup. Bonjour, très heureuse de retrouver tout le monde à la veille de la
rentrée, avec un bruit de fond formidable qui va nous accompagner tout au long
de la session.
Écoutez, à Québec solidaire, on est vraiment
prêts pour notre rentrée parlementaire. Trois grands thèmes vont nous habiter
cet automne : l'économie et les conditions de travail, l'écologie et
l'inclusion. Alors, j'explique brièvement chacun des thèmes, et après, bien
sûr, on est disponibles pour une période d'échange.
Économie, lutte aux inégalités, conditions
de travail, écoutez, les inégalités augmentent, la pauvreté est importante au
Québec, les travailleurs et travailleuses ont des difficultés. On pense aux
gens d'Uber... pas aux gens d'Uber, on pense aux chauffeurs de taxi, pardon,
qui font face à Uber. Le salaire minimum est dérisoire, donc les gens sont
pauvres même une fois qu'ils ont travaillé 40 heures-semaine au salaire
minimum. Vous savez donc qu'on participe à une grande campagne pour la hausse
la plus rapide possible du salaire minimum. Et, bien sûr, je ne peux passer
sous silence la menace de bâillon qui est faite au projet de loi n° 70,
projet de loi qui, s'il est adopté en l'état, risque d'appauvrir des milliers
de personnes déjà très, très pauvres à l'aide sociale. Donc, cet automne, sur
tous ces sujets, nous allons être très proactifs.
Écologie, environnement, le projet de loi
n° 106 est sur la table, alors, à l'instar de nombreux groupes, nous
demandons qu'il soit scindé. On ne peut pas prétendre, d'un côté, mettre en
oeuvre tout un programme, un projet de transition énergétique et, de l'autre
côté, avoir une loi qui encadre la question des hydrocarbures, loi digne du
XIXe siècle, qui ne respecte pas les pouvoirs des municipalités et qui nous
fait reculer loin en arrière. Donc, ma collègue Manon Massé travaille très
fort sur ce dossier, et nous allons continuer de le faire. Bien sûr, tout le
dossier Énergie Est, le pipeline, nous continuons de nous opposer à
l'instar de dizaines et de dizaines de comités citoyens à travers le Québec.
Les Québécois et Québécoises maintenant sont majoritairement opposés à ce
pipeline, et nous n'accepterons pas là-dessus que le gouvernement fédéral
décide à la place des Québécois. La souveraineté, d'ailleurs, ça servirait
aussi, si nous pouvons y arriver rapidement, à avoir nos propres pouvoirs de
décision sur les sujets qui nous intéressent.
Finalement, la question de l'inclusion,
elle est sur toutes les lèvres depuis plusieurs semaines. Ça prend toutes
sortes de formes. La population québécoise s'inquiète de la radicalisation de
certains jeunes, s'inquiète lorsqu'il y a des attentats à l'étranger et
s'inquiète aussi, depuis de nombreuses années, on le sait, de tout ce qui
s'appelle le vivre-ensemble au Québec. À Québec solidaire, ça fait des années
qu'on intervient sur cette question, donc ce n'est pas la première fois qu'on
s'en préoccupe. On a même déposé, en 2013, une charte de la laïcité, j'insiste,
de la laïcité, pas seulement de la neutralité religieuse de l'État comme le
fait le Parti libéral.
Donc, nous pensons qu'il faut nous occuper
de la question de l'inclusion avec différents volets : la lutte au racisme
systémique, la lutte contre toutes les formes de discrimination, par exemple, à
l'embauche, ça, c'est une chose; bien sûr, améliorer tous les processus
d'intégration des personnes immigrantes, mais aussi, oui, débattre de laïcité,
débattre d'accommodements raisonnables, débattre de toutes ces questions, le faire
avec calme, avec sérénité. Ce sont des sujets délicats et explosifs. J'espère
que le gouvernement libéral mettra sur la table le projet de loi n° 62
qu'il a déposé il y a déjà plus de 15 mois. J'espère là-dessus que nous
pourrons aller en commission parlementaire et analyser ce projet de loi comme
il faut, et Québec solidaire aura certainement des amendements à apporter à ce
projet de loi qui est insuffisant en rapport avec l'atteinte de la laïcité de
l'État.
Alors, voilà, ce sont les trois objectifs
qui vont nous occuper pas mal au cours de l'automne. Nous espérons qu'il y aura,
du côté du gouvernement libéral, sur l'ensemble de ces questions, des
changements d'attitude importants, mais nous espérons aussi que le gouvernement
libéral fera le ménage dans ses rangs, dans son équipe de députés, dans le
fonctionnement du Parti libéral. Nous sommes loin d'être certains qu'on a fait
complètement le ménage en ce qui a trait à la corruption et à la collusion dans
ce parti politique. Et nous souhaitons aussi que le gouvernement libéral
remplace les menaces de bâillon par la négociation, qu'il ait une attitude
d'ouverture et de travail en collaboration avec les membres des oppositions.
Voilà.
La Modératrice
: Pour
la période des questions, on va s'en tenir à une question, une sous-question,
s'il vous plaît, puisqu'on est en plein caucus. M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) : Mon
collègue peut y aller avant.
La Modératrice
: M.
Bélair.
Mme David (Gouin) :
Chicanez-vous pas, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, Mme David. Vous avez évoqué que le projet de loi n° 62 est, aux
yeux du caucus de Québec solidaire, insuffisant pour atteindre le concept de
neutralité religieuse de l'État et de laïcité. En quoi est-il insuffisant et
quels amendements entendez-vous proposer?
Mme David (Gouin) : Je vous
rappelle que nous avons donc déposé un projet de loi, en 2013, sur cette
question. Nous l'avons appelé Charte de la laïcité de l'État québécois. Premièrement,
on suggère au gouvernement libéral d'appeler un chat, un chat. C'est la laïcité
qu'on veut, ça inclut la neutralité religieuse de l'État, mais ça inclut aussi
la séparation entière des pouvoirs entre le pouvoir religieux et le pouvoir
étatique. Ce n'est qu'un seul exemple. Donc, appelez un chat, un chat. Ça
s'appelle un projet de loi, ça devrait s'appeler sur la laïcité.
Ensuite, à Québec solidaire, dans notre
projet de loi, nous proposions des modifications au préambule et à l'article 3
de la Charte des droits et libertés pour que la question de la laïcité soit
incluse dans la Charte des droits et libertés de la personne, ce qui donne à la
question de la laïcité un caractère vraiment solennel. Ça, ça nous apparaît
important.
Ensuite, on doit parler de signes
religieux, bien sûr, et je vous soumets que là-dessus le gouvernement libéral
va encore moins loin que le rapport Bouchard-Taylor. Nous, nous souscrivons aux
conclusions du rapport Bouchard-Taylor et donc que les personnes, non seulement
en situation d'autorité, mais en situation de coercition au nom de l'État,
juges, policiers, procureurs de la couronne, ne puissent pas porter de signes
religieux. Nous voulons interdire toute récitation de texte à caractère
religieux, que ce soit dans n'importe quelle instance, au niveau des assemblées
municipales ou lors des travaux de l'Assemblée nationale; que le président et
le vice-président de l'Assemblée nationale ne portent pas de signe religieux;
que le crucifix au salon bleu soit déplacé vers une pièce où il pourra tout à
fait être montré au public, mais ça n'a pas sa place, dans un régime laïque,
au-dessus du fauteuil du président de l'Assemblée nationale.
Alors, voyez-vous, il y a différents
points sur lesquels nous allons plus loin que le Parti libéral, tout en
convenant que, dans le projet de loi n° 62, il y a quand même un bon
début, il y a matière à réflexion. Il faut aller plus loin.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Justement,
M. Fournier, le leader parlementaire du gouvernement, appelait ce matin les
partis d'opposition à voter sur un consensus, c'est-à-dire le visage découvert
et, bon, par la suite, peut-être aller plus loin si un gouvernement péquiste,
caquiste ou solidaire est élu. Est-ce que vous entendez son appel? Puis, puisque
c'est ma dernière sous-question, j'aimerais aussi savoir qu'est-ce que vous
pensez de la tournure du débat sur cette question-là au sein du Parti québécois.
Mme David (Gouin) : Alors,
deux choses pas trop compliquées. La première, franchement, on ne fera pas d'histoire,
personne, pour la question de recevoir et donner des services à visage
découvert. Ça fait plusieurs années que tout le Québec s'entend là-dessus. Là,
on est en bas d'un consensus québécois. Moi, je pense qu'on peut facilement
atteindre un consensus québécois si on y ajoute, sur cette seule question, là,
les personnes en situation d'autorité coercitive. Donc, M. Fournier doit quand
même faire un pas de plus.
Sur l'autre question, je vais répéter ce
que j'ai dit à certains de vos collègues ce matin. Moi, je pense que, lorsqu'on
aspire à devenir chef d'un parti ou éventuellement premier ou première ministre
du Québec, il y a trois grandes qualités qui doivent nous habiter : avoir
un bon jugement, être sensible aux préoccupations de la population et avoir un
grand sens des responsabilités. Et cela veut dire que, lorsqu'on s'attaque à
des débats difficiles, émotifs, voire parfois explosifs, on doit redoubler de
calme, de sérénité, de jugement et de sens des responsabilités. C'est ce que
j'ai à dire là-dessus.
La Modératrice
:
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous. J'aimerais vous entendre de nouveau sur l'inclusion. Vous
avez parlé tout à l'heure, dans votre préambule, notamment de racisme
systémique, et j'aimerais aussi faire un lien avec tout le débat qu'il y a eu
cet été à propos du burkini, où, dans votre formation, on a parlé aussi de la
sexualisation des femmes et des bikinis.
Alors, j'aimerais ça que vous clarifiiez
un peu votre proposition, donc à savoir est-ce qu'il y a vraiment racisme
systémique au Québec. Et par ailleurs, sur la question du fameux burkini,
est-ce que c'est à mettre, selon vous, sur le même pied que les bikinis ou la
sexualisation des femmes? Mais puisqu'on a le droit à juste deux questions,
vous comprenez que je ramasse tout, là, ensemble.
Mme David (Gouin) : Oui, oui.
Vous ramassez pas mal. C'était quoi, déjà, la première? Excusez-moi, là, je
suis restée sur la deuxième.
M. Bergeron (Patrice) : Bien,
le racisme systémique.
Mme David (Gouin) : Ah! le
racisme systémique, oui. Bien, oui, il y a du racisme systémique au Québec,
mais comme il y en a dans toutes les sociétés du monde. Le Québec n'est pas
sous une cloche de verre. Oui, il y a des problèmes de racisme systémique, et
ce qui est intéressant quand on parle de racisme systémique, c'est comme quand
j'étais dans le mouvement des femmes et qu'on parlait de sexisme systémique. On
n'était pas en train de dire : tous les hommes sont des méchants, comme là
on ne dira pas : tous les Québécois sont individuellement des méchants.
On parle d'un système. Il y a un système,
encore aujourd'hui d'ailleurs, qui fait des femmes à certains moments des
citoyennes de seconde zone. On pourrait parler d'équité salariale ou d'iniquité
salariale. De la même façon, il y a des biais systémiques qui font, par exemple,
que beaucoup de personnes immigrantes sont discriminées à l'embauche parce que,
par exemple, on ne reconnaît pas correctement leurs acquis et leurs compétences
professionnelles.
Donc, l'idée, c'est, oui, d'avoir une
commission qui pourrait se pencher sur cette question-là pour essayer de
comprendre comment il s'exerce, ce racisme systémique au Québec, comment
prendre ça en main, quelle solution trouver, et on est tous et toutes partie
prenante des solutions. Quant à la question du burkini, ça fait bien des années
que moi, je répète la même phrase. Je vais la répéter encore. Pendant que les
religieux veulent à tout prix habiller les femmes, les marchands veulent les
déshabiller. Mais quoi qu'il en soit, on dirait que, dans de nombreux pays du
monde ou peut-être dans tous les pays du monde, les femmes ne se sentent jamais
complètement libres d'être ce qu'elles veulent, comme elles le veulent et de
s'habiller comme elles le veulent. En ce sens-là, oui, il y a un parallèle à
faire.
Maintenant, je sais fort bien que
plusieurs lient la question du burkini à toute la question beaucoup plus large
de l'habillement des femmes dans une religion qui s'appelle l'islam et où les
franges les plus conservatrices, effectivement, discriminent davantage les
femmes. Vous savez, dans l'Église catholique, les femmes ne peuvent pas non
plus être prêtres, hein, puis les homosexuels ne peuvent pas communier. Alors,
les Églises et surtout leurs franges les plus conservatrices discriminent clairement
les femmes. Je n'ai aucun problème à dire ça, mais je rappellerai quand même
que les marchands et les publicitaires utilisent abondamment le corps des
femmes pour vendre à peu près n'importe quoi, et je connais de nombreuses
femmes qui en ont vraiment assez de ça aussi.
M. Bergeron (Patrice) : Là,
j'ai droit à une sous-question, hein? Bon, vous avez parlé tout à l'heure qu'il
y avait encore un ménage à faire au Parti libéral. Alors, de qui on doit se
débarrasser et de quoi, au juste?
Mme David (Gouin) : Oh! vous
savez, mon propos aujourd'hui, ça n'est pas de cibler une personne en
particulier, mais je pense qu'il y a eu tellement de cas dans les derniers mois
qu'il faut inviter M. Couillard à faire un ménage sérieux.
Il y a une chose aussi qu'il pourrait
faire, M. Couillard, c'est de s'assurer que toutes les sommes acquises
illégalement par le Parti libéral soient remboursées. Je vous rappelle que là,
on s'en va vers quatre élections partielles et que le Parti libéral dispose de
sommes considérables d'argent, dont on sait qu'une partie, au moins, a été
illégalement acquise. Alors, il y a des gestes à poser, là.
M. Khadir
: Si je peux
me permettre, le Parti libéral continue de vivre aujourd'hui sur l'argent de la
corruption, continue de gagner des élections sur l'argent de la corruption.
Tant et aussi longtemps que M. Couillard n'aura pas remboursé cet argent mal
acquis frauduleusement, ça veut dire que M. Couillard gagne ses élections et
continue de gouverner avec l'argent de la corruption.
La Modératrice
: David
Rémillard, Le Soleil.
M. Rémillard (David) :
Bonjour. Bonjour, tout le monde. J'aurais une question sur le salaire minimum à
15 $. On parle d'une hausse la plus rapide possible. Donc, ça signifie, je
présume, que vous jugez que présentement on a suffisamment d'information pour
dire que c'est la voie à suivre, finalement?
Mme Massé : Oui, je peux y
aller. Alors, effectivement, ce qu'on se rend compte sur la question du salaire
minimum, c'est que là où ces pas-là significatifs ont été faits, les impacts
appréhendés qui ne cessent de nous être répétés : de l'inflation, pertes
d'emploi, augmentation importante des coûts dans différents commerces et etc.,
ce n'est pas ça qui arrive. Allez voir en Allemagne, allez voir... Et une des
choses qui m'a frappée dernièrement, c'est de voir le gouvernement albertain,
qui n'est pas... l'Alberta n'est pas considérée comme étant une des provinces les
plus progressistes au Québec. Ce gouvernement-là en a convenu que, pour passer
au travers la crise économique qu'ils vivent actuellement, la façon d'y
arriver, c'est de répartir la richesse par le bas et non pas constamment par le
haut, comme toujours.
Alors, dans ce sens-là, les études qui
sont là, les faits, la réalité des faits nous parle, c'est que lorsqu'un dollar
de plus est dans ta poche quand tu gagnes le salaire minimum, c'est un dollar
de plus que tu investis dans ton économie locale et non pas en paradis fiscaux
ou en évitement fiscal.
M. Rémillard (David) :
Maintenant, en sous-question, pourquoi 15 $? Pourquoi ça ne pourrait pas
être autre chose? Pourquoi on ne l'adapterait pas autrement?
Mme Massé : Bien, écoutez,
vous savez comme moi, c'est une vaste campagne qui traverse l'Amérique du Nord.
Et ici, au Québec, pour nous, là où ça fait du sens, c'est que, lorsqu'on
regarde, pour qu'une personne puisse atteindre le niveau, disons, de seuil de
pauvreté... et je vous jure que, quand vous êtes au seuil de pauvreté, là, vous
n'êtes pas en train de sortir la tête de l'eau, vous êtes au seuil de pauvreté.
On parle d'un salaire qui, actuellement, tout dépendamment des régions du
Québec, mais si on faisait une moyenne, est autour de 13 $ quelques.
Ceci étant dit, entre gagner assez
d'argent pour atteindre le seuil de pauvreté et vivre dignement, c'est-à-dire
de pouvoir acheter le panier d'épicerie pour nourrir ta famille, pour pouvoir
payer les hausses sans cesse d'électricité d'Hydro-Québec, etc., un salaire de
15 $ l'heure nous apparaît être un salaire viable actuellement au Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.
Pour des collègues à Montréal, rapidement vous entendre sur les circonstances
qui entouraient l'abolition des frais accessoires. Bon, LaPresse
révélait ce matin qu'il y avait... Bon, disons que M. Barrette s'est peut-être fait
tordre les bras par Ottawa. Je voulais savoir, est-ce que vous y voyez là une
ingérence, disons, acceptable, dans ces circonstances, d'Ottawa?
M. Khadir
: Moi, j'y
vois surtout une honte pour le gouvernement libéral, une honte pour les
différents ministres qui se sont succédé, je parle de M. Couillard, M. Bolduc
et maintenant M. Barrette, qui ont refusé de reconnaître que c'est un problème,
qui ont voulu faire comme si de rien n'était, qui ont voulu faire croire à la
population que c'était normal, alors qu'on paie de l'impôt pour un régime
d'assurance santé universel, gratuit, auquel tiennent autant les Québécois que
les Canadiens, qu'il ne fallait pas payer d'autre chose. C'est une honte et
c'est une honte supplémentaire que maintenant Barrette perde la face, être
obligé de faire ça parce que c'est Ottawa qui le menace.
C'est sûr que ça, c'est le propre d'un
gouvernement, comme les libéraux, qui sont inféodés, qui sont en quelque sorte,
comment je pourrais dire... ils n'ont aucune volonté pour assurer d'abord de
respecter la volonté de la population puis ensuite ils attendent que ce soit le
fédéral qui décide pour eux. Un gouvernement Québec solidaire, ça fait
longtemps qu'on aurait aboli les frais accessoires, on aurait exercé la
souveraineté du gouvernement du Québec pour s'assurer que les médecins, une
minorité de médecins qui veulent abuser des patients puis qui sont intéressés
par encore plus d'argent, se le tiennent pour dit, le régime d'assurance santé
universel du Canada, ça veut dire personne ne doit payer de sa poche, c'est la
carte d'assurance maladie qui paie.
La Modératrice
: Merci.
Caroline Plante, The Gazette.
Mme Plante (Caroline) : Mrs. David, will you vote yes to Bill 62? And do you think that the
debate that they will trigger will be a constructive one?
Mme David (Gouin) : Avec votre
permission et de façon exceptionnelle, je vais vous répondre en français parce
que le sujet est tellement difficile, délicat, et je le sais, que je ne voudrais
pas commettre d'erreur et, comme le français est ma langue maternelle, je vais
répondre en français.
Mme Plante (Caroline) :
Alors, croyez-vous que le débat va être un débat constructif cet automne?
Mme David (Gouin) : Bien, je
dirais deux choses : qu'on ne passera pas à côté du débat, le débat doit
se faire... en fait doit se faire, le débat est commencé depuis 2007. Au début,
ça a été... on a eu des heures de plaisir à débattre sur la question des accommodements.
Il y a eu toute la commission Bouchard-Taylor. Ensuite, on a un peu bifurqué
sur la question du voile, de la laïcité et, suite à ça, la charte des valeurs
péquiste, et, oui, il y a eu des dérapages, ça, c'est clair, c'est absolument
clair, contre lesquels on s'est élevés tout au long. Je pense que les gens qui
nous observent le savent, on n'a, nous, jamais accepté de tomber dans des
dérapages populistes, intolérants et parfois xénophobes. Jamais.
Alors, certains pourraient dire :
Enterrons le débat, n'en parlons plus. Non, parce que le débat est là. Il y a
tout le temps des braises et il s'agit juste d'un attentat quelque part, hein,
il s'agit d'un incident en matière d'accommodements pour que tout de suite on
s'aperçoive que le débat est resoulevé. Tant qu'à y être, faisons-le.
Faisons-le. Le gouvernement a un projet de loi, projet de loi n° 62, il y
a là quand même des éléments intéressants. C'est une base de discussion
acceptable.
Le seul problème, c'est que ça ne va
vraiment pas trop loin... pardon, ça ne va pas assez loin et qu'il va falloir,
comme je le disais tout à l'heure, appeler un chat, un chat. Ce dont le Québec
a besoin, c'est d'une charte de la laïcité, c'est-à-dire d'une loi fondatrice
en matière de séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État et assurant un
vivre-ensemble raisonnable autour d'un tronc commun de valeurs communes, d'une
culture, d'une histoire. Vous irez regarder, donc, dans le projet de loi de
Québec solidaire à l'époque, on définit ce que sont ces valeurs communes, leur
inscription dans une histoire, dans une culture. Ça, c'est important l'affirmer
aussi, mais toute la reconnaissance de la richesse de la diversité au Québec.
Alors, je ne peux qu'espérer que le débat soit constructif et je vous promets
que nous allons y participer de façon constructive.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce que vous vous attendez à ce que les oppositions se rangent derrière le
62?
Mme David (Gouin) : Je
m'attends... En fait, ma réponse, c'est non. Je m'attends à ce que les autres
oppositions veuillent aller beaucoup plus loin. Mais plus loin dans quel sens?
Dans le sens de ne plus laisser aucune place aux personnes des minorités? Dans
le sens, par exemple, de vouloir interdire les signes religieux très, très
largement pour toutes les personnes travaillant de près ou de loin avec l'État?
Ça, nous allons nous y objecter.
Par contre, nous, ce que nous proposons, c'est
que les personnes en situation d'autorité coercitive ne puissent pas porter de
signe religieux. Bon, ça finit, c'est sûr, par être un débat qui peut
ressembler à la date du référendum, c'est-à-dire que les uns disant ceci et les
autres cela, les autres au milieu, mais il y a quand même des principes
sous-jacents tout ça, qui sont très importants, qu'il va falloir réaffirmer :
la laïcité de l'État et de ses institutions, en même temps que le respect de la
capacité pour les citoyennes et les citoyens d'exprimer leurs convictions
religieuses, quelles qu'elles soient.
La Modératrice
: S'il
n'y a plus... Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : I just have a question on Bill 70. The Government is trying to invoke closure. You guys have long since been against
this bill. Where do you stand on this debate?
Mme David (Gouin) : This morning some communitary groups made a proposal to the Government.
They asked to have a meeting with Minister Blais. I don't know what is the answer of the Minister. I hope he
will meet them because they try to find a compromise, you know, and…
Mme Fletcher (Raquel) : The minister said that...
Mme David (Gouin) : …tomorrow morning, I will answer all questions on this proposal
because I had no time to study it entirely because we are in caucus. But
tomorrow morning, I will have a lot of answers to you.
Mme Fletcher (Raquel) : The Minister has a bit... He doesn't agree with the proposal that
it doesn't go far enough to change the status quo. Is that an issue for you?
Mme David (Gouin) :
Perhaps it is just the beginning of something. We will see. We will see. I hope
the Minister will have a more open mind and I hope he will understand that, for
the groups, the grassroots groups, it's not easy to propose something different
than what exist today. So I think they made proposals who merit some attention
and I hope the Minister will have this attention. We will see that tomorrow.
Des voix
:
Thank you.
(Fin à 14 h 27)