(Douze heures cinquante-deux minutes)
Mme David (Gouin) : Alors,
allons-y. Donc, avec mes deux collègues de Québec solidaire, on est très
heureux de faire avec vous notre bilan de fin de session. On sait, évidemment,
que cette session a été assez tourmentée merci, surtout pour le gouvernement
libéral, qui a vécu toutes sortes de scandales, de Nathalie Normandeau à Sam
Hamad en passant par le cafouillage du ministère des Transports. C'est sûr que
la population en a assez.
Mais, au travers de tout ça, il y a
quelques bonnes nouvelles, et des bonnes nouvelles auxquelles Québec solidaire
est intimement associé. Nous ne sommes pas peu fiers de vous en faire part. On
va le faire en toute modestie, mais avec fierté quand même. D'abord,
l'adoption, évidemment, ce matin, du projet de loi n° 492, loi protégeant
les locataires aînés de plus de 70 ans vivant dans le même logement depuis
10 ans et étant à revenus modestes. Donc, ces locataires aînés sont
désormais protégés de l'éviction, un travail qui a duré deux ans, un travail de
collaboration avec les ministres de l'Habitation successifs. Et on est très
heureux, à Québec solidaire, de pouvoir dire : Voilà, Québec solidaire
fait beaucoup de choses dans la vie, on va en reparler, mais Québec solidaire
est même capable, et c'est rarissime, d'amener un projet de loi jusqu'à son
accomplissement, jusqu'à son adoption. On fait ça à trois, imaginez-vous si on
était 20, 30, ou 62. Alors, première victoire importante pour Québec solidaire.
Deuxième, les enfants trans. Ma collègue
Manon Massé, députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, a vraiment travaillé très
fort dans ce dossier-là. Un projet de loi va être adopté, là, dans quelques
instants, pour que les enfants trans soient protégés contre une mention de sexe,
à l'école, qui ne correspond pas véritablement à leur désir et à leur
situation. C'est en bonne partie grâce à Québec solidaire que cette
discrimination prend fin, alors on en est aussi très fiers.
Une voix
: Il faut
qu'elle aille à son projet de loi.
Mme David (Gouin) : Alors, ma collègue
s'en va voter pour le projet de loi sur les enfants trans. On est extrêmement
heureux de cette situation.
M. Khadir
: Deux en
une journée!
Mme David (Gouin) : Oui, deux
le même jour.
Un autre projet de loi a été adopté, le projet
de loi n° 81 sur l'achat de médicaments. Vous savez que mon collègue Amir
Khadir travaille sur ce dossier depuis... bien, depuis qu'il est à l'Assemblée
nationale, donc depuis 2008. Mon collègue a défendu le dossier de Pharma-Québec.
Ce n'est pas entièrement Pharma-Québec qui a été adopté, mais, tout de même, le
fait qu'il y ait une loi encadrant davantage l'achat de médicaments prescrits,
ça veut dire qu'il y a un ministre de la Santé qui a fini par se ranger, au
moins en bonne partie, aux arguments de mon collègue.
Donc, ce sont de bonnes nouvelles, et on
est heureux, à Québec solidaire, de pouvoir dire : Oui, nous sommes
capables d'influencer des politiques gouvernementales. Le registre des armes à
feu a été adopté aussi à l'unanimité, et on y a aussi travaillé à plusieurs
reprises.
C'est tout à l'honneur du gouvernement
d'avoir accepté de reprendre certains de ces projets de loi, de les mener à
terme. Je l'ai dit, il y a eu une très belle collaboration sur 492, donc on est
capables de saluer l'ouverture quand elle est là.
Évidemment, on va se reparler du reste. Nous
allons continuer de mener d'autres batailles. Il y en a une, et non la moindre,
qui est celle de l'augmentation du salaire minimum à 15 $ l'heure, une bataille
que des groupes de la société civile ont entreprise, ce printemps, avec notre
soutien et collaboration. Il y a maintenant un autre parti d'opposition à
l'Assemblée nationale qui a décidé d'appuyer notre proposition de vraiment
réfléchir à la manière d'arriver rapidement à un salaire minimum de 15 $
l'heure. Ce sera, pour nous, une des priorités importantes de l'automne.
Maintenant, bien sûr, quelques mots sur le
bilan du gouvernement libéral, un bilan plus que décevant, encore une fois.
Alors, écoutez, les scandales, il y en a tout le temps, il y en a toutes les
semaines. Le manque d'information, les réponses vagues, vraiment, là, il y a un
problème. Et notre premier ministre qui dit : Oui, oui, Sam Hamad est
blanchi par le commissaire à l'éthique et la Vérificatrice
générale — alors qu'il n'en est rien — les problèmes au MTQ,
c'est des problèmes de culture administrative, sérieusement, là, quand il y a
des problèmes aussi importants dans l'appareil d'État, je pense qu'il faut
chercher les véritables responsables. Il faut arrêter de s'en prendre aux fonctionnaires,
c'est trop facile. Il faut remonter à la tête, et la tête, bien, c'est le
gouvernement du Québec et, au tout premier chef, le premier ministre. C'est lui
qui nomme les ministres, c'est lui qui nomme les sous-ministres. Je pense qu'il
doit réfléchir à sa manière de fonctionner parce que le Québec n'en veut plus.
En plus de tous ces scandales, il y a
aussi le problème des politiques d'austérité. On en parle moins ces temps-ci,
mais vous savez que ça continue. Dans le monde de la santé, des services
sociaux, dans les centres jeunesse, dans les centres à la petite enfance,
vraiment, les gens qui y travaillent vivent des moments extrêmement difficiles.
Et en plus, bien là on veut s'en prendre
aux personnes à l'aide sociale, hein? Le projet de loi n° 70, on va couper
les plus pauvres s'ils refusent de se comporter en bons pauvres du point de vue
du gouvernement. Ça n'est pas acceptable. Je dois dire que ce sont vraiment les
efforts conjugués de mon collègue le député de Saint-Jean, Dave Turcotte, de
moi-même et de d'autres députés de l'opposition officielle qui ont fait en
sorte qu'aujourd'hui, là, bien, il n'est pas adopté, le projet de loi
n° 70, il n'est pas adopté. Et je vais vous dire une chose, puis on l'a
dit au ministre hier, il va falloir qu'il réfléchisse cet été parce qu'il n'est
pas à la veille d'une adoption. On n'acceptera pas qu'il y ait des pénalités
sur les maigres chèques de 623 $ des plus pauvres de la société
québécoise.
Alors, en terminant, je dirais que les
vrais déficits, au fond, si on veut en parler, au Québec, viennent du manque
d'intégrité. Les vrais déficits, ils ont été causés par ces milliards donnés
depuis combien d'années à des entreprises qui réclamaient des extras, par
exemple, ou à des contrats de gré à gré qu'on ne surveillait pas assez.
Imaginez-vous tout ce qu'on aurait pu faire avec cet argent-là.
Un mot sur, évidemment, ce qui préoccupe
beaucoup de gens aujourd'hui même — il y a comme une instantanéité,
parfois, de l'information — deux dossiers qui ont émergé en 24 heures.
Hier, Bella-Desgagnés, et là les trois autres partis voulaient que, par
consentement, on adopte dès hier une loi spéciale pour obliger les travailleurs
à revenir au travail après trois jours de grève, trois jours. Et la loi
spéciale avait été annoncée dès le premier matin de la grève. Ce que ça a fait :
l'employeur a arrêté de négocier. Pour Québec solidaire, c'est inacceptable, ce
genre de comportement. Ce n'est pas comme ça qu'on traite les travailleurs puis
ce n'est pas comme ça qu'on débat démocratiquement. Alors, ce qu'on a obtenu,
on l'a négocié, c'est qu'aujourd'hui, oui, il y aura, de toute évidence,
adoption d'une loi spéciale, mais au moins nous aurons gagné qu'il y ait un
débat. Il y aura débat, et nous interviendrons largement, à Québec solidaire.
Et aujourd'hui Uber. Alors, subitement, il
faudrait adopter un projet de loi à toute vitesse, adoption rapide, alors que
le ministre des Transports, M. Daoust, a refusé tous les amendements et sous-amendements
de l'opposition et alors que les chauffeurs de taxi se sentent trahis, c'est
clair, ils nous l'ont dit. Nous ne consentons pas à l'adoption rapide et sans
débat. Si le gouvernement, à ce moment-là, veut imposer un bâillon, c'est à lui
de le faire, c'est sa responsabilité. Il y aurait eu une très belle façon
d'éviter cette situation, c'est d'accepter au moins certains amendements
présentés par les oppositions, mais il y a eu une fin de non-recevoir. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va prendre une question, une sous-question par journaliste, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, j'aimerais avoir une précision concernant votre… la crise au ministère des
Transports. Vous avez dit de cesser de s'en prendre aux fonctionnaires. En quoi
de dégommer, par exemple, le ministre des Transports ou même le premier
ministre changerait les choses au ministère des Transports?
M. Khadir
: Ça
changerait beaucoup de choses. De la même manière que Mme Boily nous l'a
dit mercredi soir, hein, on est déjà rendus… mercredi soir, vous vous souvenez,
elle a dit : Avant 2011, avant que Mme Savoie, nommée par Charest,
arrive au ministère des Transports, elle avait de l'écoute, elle avait réussi à
monter des équipes. Consciente de toutes les allégations dans son ministère,
elle se sentait prête à mener des enquêtes. Non seulement ça, elle avait même
donné une formation spéciale pour examiner les contrats après signature, pas
juste dans le processus d'octroi, mais après signature pour savoir s'il y avait
concordance, pour savoir si on se faisait avoir avec les extras. Tout d'un
coup, Charest, sous pression populaire… Vous vous rappelez, là, 2011, printemps
2011, campagne de vos collègues, questions de l'opposition, signature de
250 000 personnes au bas d'une signature pour demander une commission
d'enquête. Qu'est-ce que fait le gouvernement Charest? Nomme Mme Dominique
Savoie au ministère du Transport et, tout d'un coup, climat de secret, climat
d'intimidation, contrôle de l'information, manipulation d'information
s'installent, et Mme Boily, responsable des enquêtes, ne peut plus faire
le travail qu'elle faisait avant.
Donc, ce n'est pas vrai que le
gouvernement n'a pas de responsabilité. Celui qui a été le principal acteur du
gouvernement corrompu qui a gouverné le Québec et qui est sous examen,
actuellement, par la commission Charbonneau, M. Charest, a nommé un
sous-ministre, qui ont fait en sorte que rien n'a changé dans le ministère du
Transport du Québec.
Et il a une deuxième responsabilité.
M. Couillard nous dit aujourd'hui : Bien là, j'apprends qu'il y a un
problème. Excusez! Est-ce qu'il y a quelqu'un qui connaît une autre personne
que M. Couillard qui ne savait pas, en 2014, qu'il y avait des problèmes
au ministère du Transport du Québec? Est-ce que quelqu'un d'entre vous peut
honnêtement nous donner le nom de quelqu'un, au Québec, un tant soit peu
informé, qui ne savait pas qu'il y avait des problèmes au ministère des
Transports du Québec? Et là il nous apprend aujourd'hui qu'il a fallu le
courage de deux femmes qui ont surmonté le climat de terreur pour qu'il réalise
enfin qu'il y avait un problème, sans reconnaître sa responsabilité, en
tentant, de manière lâche — et je pèse mes mots — en
tentant, de manière lâche, à rejeter la responsabilité sur l'organisation, à
rejeter la responsabilité sur les sous-ministres uniquement, à rejeter la
responsabilité, alors que ce gouvernement libéral a gouverné le Québec le plus
clair des 15 dernières années.
M. Bélair-Cirino (Marco) : D'accord,
mais en même temps il y a eu quand même la parenthèse du gouvernement Marois,
une autre première ministre, un autre ministre des Transports, Sylvain
Gaudreault, en l'occurrence, et les pratiques d'intimidation, de culture du
secret semblaient, à ce moment-là, également prévaloir, que c'étaient des
fonctionnaires, des hauts fonctionnaires du ministère qui entretenaient ce
climat-là. Ce n'était pas personne… Ce n'était pas…
M. Khadir
: C'est sûr
que c'est une grande déception, et ça affaiblit toute l'opposition, ça
affaiblit tous ceux qui critiquent le gouvernement actuel, le fait que M. Gaudreault,
quand il avait la chance de réellement faire le ménage, ne l'a pas fait. J'en
suis désolé pour nous, pour le Québec et pour lui. Mais le reste, la question
doit être posée à lui : Pourquoi n'a-t-il pas agi de manière plus
responsable?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme David,
rapidement, sur les projets de loi, est-ce qu'il y en a un autre que vous
comptez déposer ou qui est présentement inscrit au feuilleton qui pourrait être
le deuxième projet de loi adopté dans cette législature?
Mme David (Gouin) : Ce sont
des discussions que nous sommes en train de faire. Nous reviendrons à
l'automne.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Monsieur
madame, bonjour. Je crois comprendre qu'au gouvernement on est sous
l'impression que, dans le dossier d'Uber, Québec solidaire avait donné son
consentement verbalement et que, là, on revient sur la parole donnée. Est-ce
que c'est votre appréciation des choses?
M. Khadir
: Écoutez,
c'est que, depuis plusieurs semaines maintenant, tout le monde au Québec avait
bien… était… observait bien qu'on était arrivés à un entendement général, qu'on
s'entendait sur le fait qu'Uber devait fonctionner dans les règles strictes de
la loi, y compris la règle qui veut qu'il doit payer ses impôts. Même François
Bonnardel est venu, au début de l'examen article par article, à la période des
remarques préliminaires, insister sur le fait que, même si la CAQ démontrait
une plus grande ouverture, entre guillemets, à l'entreprise Uber, la CAQ a
insisté quand même qu'Uber respecte ceci. Donc, nous nous attendions à une
collaboration. Voilà la CAQ, qui avait forcé le gouvernement à permettre des
projets pilotes, qui vient nous dire que, oui, c'est important qu'Uber respecte
les règles, les permis, que ce soit équitable et qu'ils paient leur impôt. Et
le ministre l'a répété à plusieurs reprises en Chambre…. je veux dire, en
commission.
Tout ce que nous voulions, c'est que le
ministre s'engage par écrit. Parce que nous savons, hein, les députés ne sont
pas éternels, les ministres, encore moins, d'accord, donc nous voulions que le
gouvernement mette par écrit sa parole. Nous avons insisté là-dessus parce que
nous avons des raisons de craindre que, s'il y a un autre ministre qui arrive,
sous la pression, je dirais, des requins, certains requins libéraux, qu'on ne
puisse pas avoir une protection pour les chauffeurs de taxi.
Donc, ce que nous sommes en train de dire :
Nous, nous respectons notre parole. Notre parole, c'est la parole que le
gouvernement, nous et l'opposition en général, nous avons prise envers les chauffeurs
de taxi après trois consultations, qu'il y aurait un projet de loi qui
respecterait nos engagements. Tout ce que nous demandons au gouvernement, c'est
de respecter par écrit ces engagements.
M. Boivin (Simon) : Mais,
vous n'aviez donc pas, de ce que vous expliquez, donné un consentement
préalable à l'adoption rapide du projet de loi et une promesse ou un engagement
sur lequel vous reviendriez aujourd'hui?
M. Khadir
: Le seul
consentement...
Mme David (Gouin) : On va
mettre ça extrêmement clair. Quand, à 9 h 30 hier soir, j'ai donné
mon consentement, j'espérais vivement, nous espérions tous — la
commission s'est terminée extrêmement tard, hein? — nous espérions
vraiment que M. Daoust accepte de se rendre aux arguments de l'opposition
et qu'il y ait au moins un minimum d'amendements et de sous-amendements
adoptés. Nous avons appris ce matin qu'il n'en était rien, et c'est pourquoi
nous avons retiré notre consentement.
M. Khadir
: Parce
qu'il y a toujours un esprit au consentement qu'on donne. Quand, le lendemain,
on se réveille puis on voit que l'esprit n'est pas respecté...
Mme David (Gouin) : C'est ça.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, tous les deux. M. Khadir, vous avez affirmé que M. Charest
était le premier suspect dans le cadre de la commission Charbonneau, vous
l'avez répété aussi récemment. Avez-vous été surpris de ne pas recevoir une
poursuite en diffamation de la part de M. Charest?
M. Khadir
: Bien, je
ne sais pas si c'est vraiment d'un grand intérêt que M. Charest me
poursuive ou moi, je poursuive M. Charest. Ce qui est important pour le
Québec, c'est qu'on connaît tous ces problèmes qu'on connaît au Québec parce
qu'il y a des gens qui avaient les deux mains sur le volant puis ont décidé,
plutôt que de diriger le gouvernement de manière honnête, de manière intègre
sur le plan de l'octroi des contrats, ont décidé de le diriger d'une manière
qui a permis tant de violations de l'intégrité des processus d'octroi. Puis, à
ce que je sache, M. Charest était le premier ministre du Québec, chef de
gouvernement. Il affirmait lui-même qu'il avait les deux mains sur... donc il
en porte la responsabilité. Ça, je pense qu'il ne peut pas le nier.
Et j'invite maintenant le Québec à se
questionner sur celui qui est en poste, parce que M. Charest, c'est le
passé. Celui qui est en poste, qui nous a dit que son gouvernement serait
intègre puis qui jurait, la main sur le coeur, que la page était tournée, que
son gouvernement allait être transparent, la première chose qu'on apprend,
c'est que le ministère le plus suspect d'irrégularités, il n'a rien fait pour
que ça soit transparent, que la culture de secret, les irrégularités cessent. Autrement
dit, M. Couillard a failli lamentablement, a montré l'incompétence totale
de ce gouvernement de régler les problèmes d'intégrité.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
auriez-vous souhaité affronter M. Charest pour, justement, faire sortir un
peu... mettre de la lumière sur ces années-là?
M. Khadir
: Bien, non,
je faisais simplement une allusion au fait que chacun doit porter ses responsabilités.
Comme ma collègue a dit, c'est trop facile de rejeter la faute sur des
subalternes. Ça ne veut pas dire que les subalternes… Mme Dominique Savoie
n'a pas de responsabilité, mais il faut que, socialement, politiquement, on
soit capables de reconnaître les premières responsabilités.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une petite question, Mme David…
La Modératrice
: Merci.
Julie Dufresne, Radio-Canada. Une question et une sous-question, désolée.
Mme Dufresne (Julie) :
Bonjour à tous les deux. Dans le cas d'Uber, Uber et les taxis — je
ne sais pas à qui je dois poser la question — est-ce que vous imputez
la responsabilité de ce qu'on voit aujourd'hui au ministre à proprement dit?
Est-ce qu'il est l'origine du problème?
M. Khadir
: J'ai parlé
au ministre sur le parquet de la Chambre tout à l'heure, il m'a dit :
Amir, tu peux prendre ma parole, Uber ne s'en tirera pas, il n'y aura pas de
passe-droit pour Uber. Et ça confirme ce qu'il a dit en Chambre à plusieurs
reprises lorsqu'on présentait des amendements pour s'assurer que tout projet
pilote respecte la loi, l'esprit de ce projet de loi qu'on a travaillé, sur
lequel on a travaillé depuis un an et demi.
L'ennui avec ça, c'est qu'il m'a aussi dit
qu'il subit énormément de pressions puis il ne peut pas accepter nos
propositions. Donc, ce qu'on devine, c'est qu'il y a des éléments, au Parti libéral,
qui forcent la main au ministre Daoust. Il y a des éléments, au Parti libéral,
qui empêchent M. Daoust de mettre par écrit l'engagement du gouvernement,
qui forcent le gouvernement à trahir l'esprit des ententes qu'on avait obtenues
de chaude lutte après un an et demi.
Moi, ce que je demande à M. Daoust,
c'est de se fier sur l'opinion publique. Il y a eu une pétition qui vous été
acheminée, qui a été faite récemment par CROP, qui montre que les gens
s'attendent à ce que le gouvernement fasse respecter par Uber les lois, qu'Uber
paie ses impôts. C'est tout ce qu'on demande. Alors, que le gouvernement
respecte sa parole, et il n'y aura aucun problème.
Mme Dufresne (Julie) : Donc,
je comprends que M. Daoust n'est peut-être pas le problème dans ce cas-ci.
Est-ce que, dans votre esprit, nous terminons cette session-ci avec un
problème, par contre, pour M. Daoust à titre de ministre des Transports?
Peut-il rester dans ses fonctions, considérant ce qui s'est passé et ce qui se
passe toujours au MTQ?
M. Khadir
: Le
problème, ce n'est pas M. Daoust. Le problème, c'est ceux qui tordent les
bras des ministres d'aller à l'encontre de la parole donnée par le ministère,
par le ministre et le gouvernement.
C'est sûr que moi, j'aimerais que
M. Daoust, à la fin de cette session, marque les esprits par une
démonstration de force, par une démonstration de solidité, par une
démonstration de courage politique, qu'il démontre qu'il est le ministre sur
lequel on peut se fier également pour faire le ménage au ministère des
Transports. Il va falloir quelqu'un de fort, capable de contrer les magouilles,
capable de contrer les tordages de bras. Moi, je demande à M. Daoust de
résister aux tordages de bras alentour de lui, de respecter la parole du
ministère, donnée, de montrer de sa force. Là, il va inspirer confiance pour la
prochaine étape, qui est de faire le ménage au ministère des Transports du
Québec.
La Modératrice
: Tommy
Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. J'aimerais savoir : Si d'aventure le leader parlementaire vous
proposait de tenir un débat comme dans le cas de… pour Uber comme dans le cas
de la loi spéciale pour le conflit dans la Basse-Côte-Nord, est-ce que vous
seriez maintenant disposés à ce que le projet de loi soit adopté?
Mme David (Gouin) : La réponse
est non. Vous savez, il va être adopté, de toute façon, et le gouvernement n'en
est pas inquiet le moins du monde.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
mais vous comprenez ma…
Mme David (Gouin) : Tout ce
que ça fait, c'est qu'on va veiller plus tard ce soir, hein? Il faut
dédramatiser les choses, à un moment donné, là. Bon. Mais la réponse à votre question
précise est non. Pourquoi? Parce qu'il n'y a aucun amendement ou
sous-amendement de l'opposition qui n'a été accepté. Alors, on peut bien dire :
Ne faisons pas de bâillon, prenons un peu plus de temps pour discuter, on n'a
pas la moindre garantie que le moindre amendement qu'on pourrait apporter
serait reçu favorablement par le gouvernement. En fait, pour être complètement
franche, ce que le leader m'a dit, c'est : Oubliez ça, les amendements, il
n'y en aura pas. Donc, c'est irrecevable. Je suis désolée, c'est irrecevable.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
peut-être juste une précision sur la trahison que vous dites à l'égard des
chauffeurs de taxi. Est-ce que je comprends qu'il y avait un amendement qui
ouvrait la porte à ce qu'il y ait deux classes de permis qui a été…
M. Khadir
: Oui, regardez,
le projet de loi s'en allait par là. À la dernière minute, le gouvernement apporte
un amendement, qui s'appelle l'amendement 33, qui autorisait des projets
pilotes et dans lequel il n'était pas stipulé de manière claire, sans ambages
que ce projet pilote ne pouvait être accordé que si ceux qui en faisaient
l'offre, la proposition respectaient le fait que tout opérateur de taxi, qu'il
soit chauffeur ou intermédiaire, doit avoir les permis appropriés et le fait
que toute entreprise qui fait une proposition respecte la loi, notamment de
payer ses impôts.
La Modératrice
: On va
passer à l'anglais. Mme Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Can you explain why it is that you're adopting this position on the
Uber bill today?
M. Khadir
: There is a simple reason, it's that the Government
has betrayed its word. It was announced since many weeks that everybody had
convened that we need to insure that there is not disloyal competition against
those who respect the law by Uber. And a form of that was that : OK, we're
going to ensure that the law… the penalties will go up and every operator,
every driver must have an appropriate licence. That was the intention and the
spirit of the law and that was what the Minister said to everybody. At the last
minute this week, they came up with a proposal of modification of the law that
opened for pilot projects in which an operator like Uber could proceed without
having the appropriate permits and without ensuring that, at the minimum, it respects the law by paying their taxes to the Government. You know that they have been
condemned by Revenu Québec,
they are still… the payment is still pending. And so, we said to the Minister :
We have to respect ourselves, the National Assembly, the Deputies, the Minister
has to respect… so let's put in words what the Minister says to the taxi
drivers. We just ask the Minister to put in written… I'm sorry, his word, and
he refused to do that. And he said to me, a few minutes ago, that he's under
pressure, he cannot do that. And we cannot accept those, I would say, pressures,
those inappropriate pressures.
Mme Johnson (Maya) :So, it's going to be a long evening?
M. Khadir
: Yes. That's the
responsibility of Government,
that's what the Government has
wanted.
La Modératrice
: Merci. Mme Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Just a point of clarification. So, because you didn't give your
consent to pass the Uber bill now, what happens this evening?
M. Khadir
: Well, you know, the Government says… threatens now to invoke a special… Comment on dit «bâillon»
en anglais?
Mme Fletcher (Raquel) : Closure.
M. Khadir
: So, now, the Government forces, wants to force the National Assembly to go in a special process
of closure of Parliament in order to cut any possibility of discussion, any
possibility of modification on the law, to enforce a law which is betraying the
word given since many weeks to taxi drivers, which is betraying the spirit of
the law that we had until Monday… until, in fact, Wednesday. They came up
Wednesday with an amendment to their own bill which is completely changing the
spirit of all we have done since one year and a half.
M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. Mme David, you said that the taxi
drivers weren't happy about this amendment. And correct me if I'm wrong, I'm
just a little bit confused, because, yesterday, the taxi drivers… one of the
groups that represent taxi drivers said that they support this bill and the
amendment.
M. Khadir
: I talked to them. They were
first brought to error by the Government, who told them that, if we don't go through this fast track, you're
not going to have a law, so you're going to be completely without any change,
first. So, they were intimidated by false representation of the process. I
don't know who did that, probably a spin doctor of I don't know which party,
first.
Second, they told me this
morning that they are very, very upset about the Government. They would have believed that the Government would accompany the taxi industry to improve the industry. The industry is driving and well, you know, they wanted to improve themselves
and they are deprived from that possibility. They have accepted reluctantly,
just based on the promise, the word promise given by the Minister. But I told
them this morning : Are you sure we can count of the word of the Government? That's the word of the Minister,
but the Minister, it's possible he won't be there in one week, in one month.
How about the word of the Government? We don't have the word of Government.
M. Hicks (Ryan) : OK. Mme David, you talked about
another kind of deficit, you talked about a deficit of integrity. What does
that mean for you?
Mme David (Gouin) : That means when you give a lot of money to some enterprise without
good regulation, all that money, if we have that, we can put that in health,
social services, education, daycare centers, so, yes, we have a lack of
integrity and that affects the people, the ordinary people.
M. Khadir
: Thank you very much. Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 19)