(Douze heures treize minutes)
M. Daoust : Alors, simplement,
ce que je veux, c'est peut-être rendre claire la proposition qu'on a faite ce
matin. Vous savez, on a quand même eu des consultations particulières, cette
semaine, qui ont été relativement intenses. C'est la troisième fois qu'il y a
des personnes de l'industrie ou des... Cette semaine, c'étaient plus les
spécialistes du métier qui venaient nous rencontrer et, bon, le dossier Uber,
qui teint beaucoup le projet de loi. Uber nous a fait une proposition, ce qui
nous a, je dois vous avouer, un peu surpris par rapport à ce qu'historiquement
on avait eu d'Uber. On leur avait demandé, on se souviendra, en février, de
cesser leurs activités le temps d'avoir une entente avec eux, et ils avaient
dit non.
Bon, cette fois-ci, ils nous reviennent en
disant : Bien, on serait peut-être prêts à arrêter nos opérations de la
façon que nous le faisons, et puis on serait prêts, oui, à collecter les taxes
qui sont dues. Il faut dire aussi qu'il y a un juge qui leur a dit qu'ils
devaient collecter les taxes.
Alors, bien, ils ont fait preuve d'ouverture
de ce côté-là. Puis, de notre côté, il faut qu'on fasse preuve d'ouverture
aussi dans tout ça mais pas au point où on va renverser le modèle qui prévaut
chez nous.
Alors, ce que j'ai dit ce matin, puis ceux
qui nous ont écoutés en commission parlementaire ou à l'interpellation... on
est prêts à discuter avec Uber d'un projet pilote. On est ouverts à ça. Mais je
ne peux pas prendre le projet pilote tel qu'ils nous le présentent. On
conviendra tous qu'un projet pilote qui consiste à lever trois nouvelles taxes
sur le taxi plus un partage des revenus fiscaux, ce n'est pas tout à fait dans
le modèle, là, qu'on vise actuellement. Ce qu'on dit, c'est qu'on est prêts à
prendre le projet pilote, à le regarder, comme on l'a fait avec Téo, qu'on l'a
fait avec Coop aussi déjà. Vous savez que, depuis 2015, la loi actuelle nous
permet de faire des projets pilotes. Et la loi actuelle permettant de faire des
projets pilotes, bien, on dit : Très bien, mais on vous demande de
respecter deux autres règles : celle où ça prend un chauffeur de taxi — un
chauffeur de taxi, ça veut dire d'aller chercher une qualification de chauffeur
de taxi, ce qui se passe actuellement. D'ailleurs, parce que ça évolue beaucoup,
on a vu cette semaine qu'en Alberta ils vont exiger un permis supérieur à ce
qui est un permis de conducteur de promenade.
Alors, on pense que, si Uber est capable
de s'ajuster à ça... Il y en a une dernière, règle, qui est celle d'aller avec
des permis de taxi comme tels. Je l'ai dit tantôt, vous savez, il y a
8 300 quelques permis de taxi au Québec, dont 5 600 qui sont un
propriétaire qui ne possède qu'un permis. Ce n'est pas une affaire, là, qui est
contrôlée par une industrie, là, par milliers. Il y a une exception, je pense,
qui en a 70, puis après ça on tombe à 20 ou quelque chose comme ça. Puis celle
à 70, c'est parce que c'était une espèce de clause grand-père à l'époque. Mais
ils ont le pouvoir d'être un intermédiaire. La loi prévoit le rôle
d'intermédiaire, ce qu'est justement ce genre d'outil là, là, ce moyen technologique
là, cette application-là qu'est Uber, qui est un moyen extraordinaire. On en
connaît tous. Mais ce que je dis, c'est que, si vous voulez être chez nous, ça
prend un permis de taxi. Allez voir ces intermédiaires-là, ajustez-vous à cette
situation-là.
Et ce que j'ai dit ce matin, puis ça, je
vais le répéter : Uber a tout intérêt à faire ça. A tout intérêt à faire
ça. Pourquoi? Parce qu'on n'est pas la seule juridiction, le Québec, à avoir
des permis de taxi. Et, n'étant pas la seule juridiction à avoir des permis de
taxi puis exigeant aussi d'avoir des chauffeurs de taxi, bien, s'ils
développent leur technologie, s'ils innovent dans leur technologie, ils vont
conquérir plus de marchés. Et le risque qu'ils ont actuellement... Puis, pour
avoir été dans le milieu des affaires pendant 45 ans, je peux vous dire une
chose, c'est que, s'ils ne le font pas, leurs concurrents vont le faire.
Alors, on nous dit : Oui, mais ça empêche
d'autres... On n'empêche pas d'autres de venir. On est prêts à accepter ça. On
est prêts à accueillir ces sociétés internationales là dans la mesure où elles
respectent nos règles, parce qu'on se souviendra, il y a trois mois, que c'était
impossible de collecter taxes et impôts, c'était impossible d'arrêter d'opérer;
bien, aujourd'hui, c'est possible d'arrêter d'opérer puis c'est possible de
collecter taxes et impôts. Je leur dis : Écoutez, je suis prêt à regarder
un projet pilote avec vous, mais entendons-nous au départ. Si vous rencontrez
ces deux règles-là, on sera prêts à le regarder avec vous, et la loi prévoit le
permis d'intermédiaire.
Alors, je vais passer à des questions.
M. Vigneault (Nicolas) :
Votre discours change peut-être, M. Daoust, dans les mots, mais, dans les
faits, les règles vont rester les mêmes, et votre projet de loi est là pour
rester dans sa forme actuelle. On comprend que ça ne bougera pas beaucoup.
M. Daoust : Oui, mais vous
comprenez qu'on ne leur demande pas d'être propriétaires des permis. On leur
dit : Si vous voulez agir comme un intermédiaire — qui est essentiellement
leur rôle, c'est ce qu'ils font actuellement, ils agissent comme intermédiaire — faites-le
avec des chauffeurs de taxi, faites-le avec des gens qui ont des permis,
respectez notre règle.
M. Vigneault (Nicolas) : Il
va falloir qu'ils les achètent, les permis, il va falloir qu'ils les louent.
M. Daoust : Non. Écoutez, ce
n'est pas ce que fait Téo. Téo, actuellement, qu'est-ce qu'ils font? Ils louent
les permis, ils les louent à des propriétaires de taxi. Par exemple, vous êtes
propriétaire d'un permis de taxi, Téo vous dit : Je vais te louer ton
permis 300 $ par semaine puis je vais t'engager 40 heures à 15 $ de
l'heure. Ça te fait 900 $ avec ton permis. C'est pas mal. Pour ceux qui
ont essayé Téo, vous savez que c'est très acceptable comme situation parce que,
hier encore, on avait l'association haïtienne qui était là puis qui nous disait...
Quand on leur a demandé : Vous gagnez combien? Bien, il dit : Il y a
des fois, j'ai travaillé 12 heures, je rentre avec 50 $ puis, il y a
d'autres fois, je rentre avec 200 $. Ce n'est jamais pareil, alors que,
quand tu travailles avec Téo, tu es...
Alors, Téo est une application tout aussi
efficace, tout aussi contemporaine, tout aussi moderne que ce que fait Uber. Et
on dit : Uber, écoutez, vous êtes capables de le faire. Vous avez intérêt
à le faire. Vous avez intérêt à démontrer que vous êtes une organisation
flexible. Je ne peux pas imaginer un seul instant qu'une société qui vaut
60 milliards de dollars va se priver de marchés internationaux en
disant : Les juridictions où il y a des permis de taxi, on n'est pas
capables. Ça ne se peut pas, ça.
M. Dutrisac (Robert) : Mais
le modèle d'Uber, là, si je ne me trompe pas, c'est un modèle où, bon, il y a
des gens qui font du taxi avec Uber, qui le font relativement à temps plein,
mais il y en a d'autres où c'est sporadique. Donc, il y a beaucoup de dilettantes
là-dedans qui utilisent leurs propres véhicules. Le modèle que le projet de loi
propose n'est pas pour ça, là.
M. Daoust : Attendez un peu,
M. Dutrisac. Regardons-le de la façon suivante puis reprenons Téo. Téo, là, la
personne, on retient ses services pour 40 heures, pour un permis qui a 24
heures, hein? Alors, il y a des personnes qui ne sont pas propriétaires de
permis mais qui, parce que leur intermédiaire, c'est Téo, agissent comme
employés, mais ils pourraient tout simplement agir comme intermédiaire puis
décider de louer le permis, de fournir du temps à la personne qui possède le
permis puis de louer le reste du temps ou d'utiliser le reste du temps sur ces
24 heures là pour d'autres qui, justement, le feront à temps partiel. Moi, je
ne peux pas...
M. Dutrisac (Robert) : ...le
véhicule, il faut qu'il soit plaqué taxi.
M. Daoust : Il faut qu'il soit
plaqué taxi, oui. Mais, encore une fois, écoutez, c'est un outil de travail,
là. Ce que vous me dites, là, c'est que cet outil-là... Moi, je ne peux pas
commencer à penser qu'on va avoir des Lada 1982 puis on va avoir des Smart, là.
Il y a quand même un minimum de règles à respecter.
Mais je vous dis que, dans le respect du
permis de taxi et du permis de chauffeur... Vous allez à la chasse puis vous
voulez vous acheter une arme; on va vérifier le plumitif pour nous assurer que
vous n'êtes pas un criminel à qui on ne devrait jamais confier une arme. Vous
allez devoir aussi suivre un cours, une formation pour apprendre la manipulation
d'armes à feu pour ne pas tirer partout puis apprendre c'est quoi, un tir
fichant, puis tout ça. Pour un loisir, vous êtes prêts à le faire, alors, pour
avoir un revenu d'appoint, pourquoi pas?
M. Dutrisac (Robert) :
J'essaie de comprendre, justement. Le projet pilote que vous proposez,
essentiellement, vous dites à Uber : Conformez-vous, en projet pilote, aux
règles du projet de loi.
M. Daoust : Oui. Mais ce que
je dis dans le projet pilote, c'est que le permis d'intermédiaire que nous
avons et le rôle d'intermédiaire qu'ils ont... ce que je vous dis, c'est :
Vivez à l'intérieur de l'encadrement qui existe au Québec. On ne vous envoie
pas, on ne vous dit pas de vous en aller. Puis moi, je vais un pas plus loin. Je
leur dis : Ajustez-vous à ça, vous allez voir, vous allez être dans
d'autres marchés. Et, si vous ne le faites pas, vos concurrents vont le faire.
Des voix
: ...
M. Daoust : Juste une minute,
après ça, ça va être vous, monsieur. Oui.
M. Lecavalier (Charles) :
Juste pour être clair, est-ce que le projet pilote que vous annoncez, ça va
être essentiellement le système dans lequel Uber va baigner avec l'adoption du projet
de loi? C'est la même chose, on s'entend.
M. Daoust : Le projet de loi,
en ce sens-là, ne change pas. Le projet de loi, il permet de faire tout ça,
mais le projet de loi dit : On va respecter ces règles-là. Et,
souvenons-nous, notre premier ministre a dit au salon bleu, période des questions,
qu'il y aurait une règle et ce serait la règle pour tout le monde. Mais ce que
je dis aussi, c'est qu'Uber n'a pas à se sauver. Uber peut rester. Uber taxi,
dans le monde, ça existe, ça. Pas UberX mais Uber taxi, ça existe. Ce sont des
gens qui font affaire avec l'industrie du taxi. On dit : Écoutez, vous
pouvez être chez nous. Mais, je répète, s'ils ne le font pas, les concurrents
le feront.
Je m'excuse, on était rendus à vous.
M. Bellerose (Patrick) : Non,
non. Mais c'est bien. Vous n'avez pas répondu, mais qu'est-ce qu'il y a de
nouveau dans ce que vous proposez aujourd'hui?
M. Daoust : La proposition d'aujourd'hui,
je dis que... D'abord, on n'avait pas d'ouverture de la part d'Uber, on se
souviendra, on n'en avait aucune. Maintenant, on a dit, on a toujours
dit : Ce n'est pas au Québec à s'ajuster à Uber, c'est à Uber à s'ajuster
au Québec parce que ces technologies-là, c'est un outil, c'est un moyen, et ce
moyen-là, il est répliqué par d'autres. Il est répliqué par Téo. Ici, à Québec,
il est répliqué par Coop, qui fait preuve, même, de plus de flexibilité que ce
que fait Uber.
Ce qu'on dit, c'est : Arrêtons de
nous mettre en opposition, avec notre projet de loi, avec Uber. On dit :
Uber est capable de s'ajuster à ça. Ils n'ont fait preuve d'aucune flexibilité
dans le passé. On arrive dans le dernier droit, puis ils nous disent :
Oui, on serait peut-être parlables. Correct, parlons-nous. On vous dit :
C'est ça qu'il faut faire, là.
M. Croteau (Martin) : Mais, M.
le ministre, pourquoi appelez-vous ça un projet pilote? Parce que, finalement,
l'environnement réglementaire va rester le même. Moi, je ne vois rien
d'exceptionnel.
M. Daoust : Non. Je suis prêt à
regarder beaucoup de choses dans le projet pilote. Ce que je vous dis, c'est
qu'on va respecter ces deux règles-là.
Des voix
: ...
M. Daoust : C'est à eux de
l'imaginer. Ils ont décidé de s'inscrire dans le dernier droit, c'est leur
décision. Je leur dis : Vous êtes une compagnie innovante, proposez-nous quelque
chose d'innovant. Mais, je vous le répète...
Des voix
: ...
M. Daoust : Pardon?
M. Dutrisac (Robert) : ...la
modulation des tarifs, par exemple?
M. Daoust : Moi, je dis :
Proposez-moi des choses, mais respectez ces deux règles-là. O.K.?
Des voix
: ...
M. Daoust : Écoutez, je ne
suis pas fermé à rien. D'ailleurs, ça fait... Vous savez que, depuis 2015, où
on a fait ces projets, où on a accepté, dans la loi, que les projets pilotes
puissent exister, on en a déjà trois qui ont été faits. Alors, on n'est pas
fermés à ça. Arrêtons de nous mettre en opposition puis comme si on était une société
rétrograde. Moi, je pense que Téo est en avance sur Uber. Puis UberX, s'ils ne
décident pas de changer leur modèle d'affaires, leurs concurrents vont le faire.
Je vous le dis, c'est ce qui va arriver. C'est toujours ça.
M. Boivin (Simon) : M.
Daoust, vous parlez de deux conditions pour le projet de loi. Vous revenez sur
la formation et sur les permis. J'imagine qu'il va sans dire que la collecte
des taxes fait aussi partie des conditions?
M. Daoust : Mais ça, on a
convenu de ça. Ils ont convenu de ça parce que, vous savez, jusqu'à récemment
ils disaient : On est des travailleurs autonomes, mais il y a un juge, le
juge Cournoyer, qui leur a dit il y a une semaine : Ce n'est pas ça, là. Arrêtez
de dire ça.
M. Bergeron (Patrice) : Juste
pour être bien sûr, M. Daoust, si on comprend bien, donc vous dites non au
compromis qu'a avancé Uber. Vous dites que, par contre, il peut faire un projet
pilote dans le cadre de ce que vous proposez comme projet pilote dans le cadre
de la loi, mais vous êtes ouvert à d'autres matières en accommodements, quoi.
M. Daoust : Oui. Mais qu'ils
me fassent des propositions. Je vous dis qu'il y en a trois où je serai
inflexible : celui où il faut de la fiscalité, celui où ça va prendre un
permis professionnel puis celui où ça prend un permis de taxi. Mais, au-delà de
ça, on l'a fait avec Téo. On a fait des horaires flexibles avec Téo. On l'a
fait sur le temps partiel. Vous avez soulevé le bon point, M. Dutrisac,
tantôt. On est capables d'être flexibles dans tout ça, mais il y a des règles
de base auxquelles on doit adhérer.
M. Bellerose (Patrick) :
...le projet de loi avant la fin de la session?
M. Daoust : On va passer le
projet de loi avant la fin de la session.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, Uber a deux semaines pour vous faire une proposition.
M. Daoust : Bien, ils ont
toute la fin de semaine pour penser à ça. Puis ce n'est pas terriblement long,
vous savez, avoir de l'imagination pour ces choses-là parce que ce qu'on a
constaté récemment, vous en conviendrez avec moi, c'est que, quand il y a une
volonté de faire les choses... tout à coup, la volonté a fait en sorte que la
proposition est devenue moins pire.
M. Lecavalier (Charles) :
Seriez-vous prêt à ce qu'un permis de taxi soit utilisé sur plusieurs
véhicules? Est-ce que ça serait possible, ça?
M. Daoust : Je vous ai dit,
monsieur, je suis ouvert à beaucoup de scénarios. On respectera le nombre de
permis de taxi. Je pense que la question a été soulevée tantôt. C'est que,
quand vous louez un permis, si votre auto se qualifie, elle se qualifie.
Regarde, faisons des propositions, mais il n'y aura pas plus que 8 600
fois 24 heures.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais Uber pourrait acheter des permis.
M. Croteau (Martin) : M. le
ministre, selon vous, est-ce qu'il est clair qu'Uber peut survivre dans
l'environnement réglementaire que vous avez créé avec le projet de loi
n° 100?
M. Daoust : Moi, je pense que
oui parce que, s'il n'est pas capable de survivre chez nous, ça veut dire que
c'est un modèle qui est terriblement fragile. Je répète ce que je disais tantôt :
On n'est pas la seule juridiction dans le monde à demander des permis de taxi
puis on n'est pas la seule juridiction dans le monde à avoir des chauffeurs
professionnels. Alors, s'ils s'ajustent à nous — puis je pense que le
chauffeur professionnel, c'est déjà acquis, là, ça existe ailleurs — puis
si les permis de taxi d'utilisés, parce qu'Uber taxi, comme dénomination, existe...
S'ils ne le font pas, je vous le répète, leurs concurrents vont le faire.
Alors, c'est une question pour une compagnie de technologie, pour une compagnie
d'innovation. Je lui demande d'être innovante.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
que vous trouvez que ça fait très sérieux? Je veux dire, vous avez eu la fin de
semaine pour penser à ça. Je veux dire, c'est comme si vous cherchiez à
renvoyer la balle dans leur camp, mais, en fait, une fin de semaine pour
proposer un projet de loi sur quelque chose de complexe...
M. Daoust : Non, je ne
retourne pas la balle dans le camp. Ce que j'ai dit, c'est : Écoutez,
arrêtez de penser qu'on est fermés à ça. Écoutez-nous.
M. Boivin (Simon) : Donc,
vous leur donnez deux semaines pour présenter une formule.
M. Daoust : Mais, à partir du
moment où on respecte un encadrement, je suis prêt à regarder des choses avec
eux. Et le projet de loi a beaucoup de flexibilité dans ce sens-là.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce qu'il y a encore de la discorde au caucus à propos de la question
d'Uber?
M. Daoust : Je vais être
méchant, puis ce n'est pas de votre faute à vous, mais je ne vous ai pas bien...
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
qu'il y a encore de la discorde au caucus à propos d'Uber actuellement?
M. Daoust : De la discorde au
parti?
M. Bergeron (Pierre) : Oui.
M. Daoust : Non, non, non.
Mme Plante
(Caroline) : Mr. Daoust, why are you suddenly
open to negotiating with Uber and what message do you think that's sending to
the traditional taxi industry?
M. Daoust : I'm just saying that Uber is a technology company, innovation is
their signature, so they should behave that way. I think that they're open now
to collect taxes, which is good, they're willing to stop their operation in the
meantime, that's good, but, in my book, there are two other conditions to be
respected : one is to have a professional driver, one is to have a taxi
permit. And I'm just saying that, if they don't adapt to this, their
competitors will and they will be out of market. What I'm telling them is that
you should be open to more markets.
Mme Plante
(Caroline) : What kind of reaction are you
expecting from the taxi industry? Mr. Chevrette, who said it was a victory…
M. Daoust : From the taxi industry? I think that the taxi industry is open to
this for one good reason: in the «consultations
particulières», we have seen no complaint about Téo, and Téo is behaving
exactly that way. I think the taxi industry is respectful of those who respect
the industry.
Mme Plante
(Caroline) : And I just want to make sure I
understand. Are you, today, announcing that you're open to sitting down with
Uber or are you announcing that you're setting up a pilot project?
M. Daoust : I
don't start a negotiation with them. I say I have two very important conditions :
to respect the fact that you need a taxi permit, to respect the fact that you
need a professional driver. So, if they say: OK, we're ready to respect that,
OK, show me what is your position because, in the law presently, without the
amendment that we're going through, we already have that capacity to adapt to a
«projet pilote». So, I'm pretty sure that it is feasible. And, you know, to go
around Téo, you need a lot of imagination to do that. It's not a traditional
industry, you know that. So, if we can adapt to Téo, we can adapt to Uber, but
to Uber respectful of Québec.
Mme Plante
(Caroline) : Have you talked to Mr.
Guillemette from Uber since you last saw him?
M. Daoust :
No, but, this week, they came to the audition, and so we listened to them. I'm
not in agreement with raising three new taxes and to share tax revenue so that
we can have the benefit of Uber in Québec, but I'm open to a discussion with
them. I'm open to a proposal that will respect the law.
Mme Plante
(Caroline) : Will you phone him? How is that
going…
M. Daoust : I
think that what you're doing today… I think he will call me.
Mme Fletcher
(Raquel) : Mr. Daoust, you said that you
couldn't buy the taxi permits back because that would cost the Government way
too much money. So, is it what you're proposing today, in fact, for Uber to do that when you said Uber should act as an
intermediary?
M. Daoust : Or to rent them. What we're seeing now with Téo is that Téo is
renting taxi permits from taxi divers. They recruit them, they offer them 40 hours
a week and they say : And we will pay you $300 a week to have the benefit
of your permit. If it's possible for Téo, it's possible for Uber to do things
like this, you see? And, being a technology company, to develop what they have
developed, they probably have a lot of imagination. So, use their imagination,
use their technology, adapt.
Mme Fletcher
(Raquel) : But I just want to make sure that I
understand how this is going to work. So, Téo purchases the permits and then
rents them to the drivers.
M. Daoust : No. What is happening now, they are renting permits to owners and
offering the owners 40-hour jobs. Now, you have 168 hours in a week, OK? So,
what is happening is that they are then using them with other drivers. So, I'm
saying that if Téo can do that, they can do it. I think that they should adapt
to that reality because, if they don't, their competitors will. And, if they
want to conquer the world, they have to adapt to different situations. And Québec is not the only jurisdiction where you have professional
drivers and where you have taxi permits.
Mme MacKinnon
(Catou) : Mr. Daoust, is this really showing
much openness or change? Because Uber has made it pretty clear that they can't
go the route of taxi permits. So, what's different?
M. Daoust :
And they made it pretty clear that they would not collect taxes, and they made
it pretty clear that they would not stop their operation while negotiating, and
they changed their mind. So, they showed us that they can adapt to a situation,
and we say there are two more things to do. Do it! We don't want to have Uber
out, we want to have Uber respectful. I have to go…
Mme MacKinnon
(Catou) : Just one final question. Assuming
this goes forward, do you… Just in concern about how Uber drivers who are hard
of hearing would be able to make a living if, you know, Uber is effectively
forced out of Québec. Are they being taken into consideration as you study this
bill?
M. Daoust :
I'm not sure I understand your question. Can you...
Mme MacKinnon
(Catou) : Sure. Are Uber drivers who are hard
of hearing being taken into consideration while this bill is being studied?
M. Daoust :
Oh! hard of hearing. Now, I understand. OK. If technology can change things
like that, I think it's not a big change, but we are devoting 25 million
dollars in the next five years to adapt technology, so maybe it's a priority. I
can understand people who have hearing problems.
Une voix
:
Merci.
M. Vigneault (Nicolas) : Oui,
monsieur, en français, deux autres questions, en fait, sur deux sujets
différents. Sous l'échangeur Turcot, le ministère a prévu, effectivement, un
passage, là. Et là le SLR, évidemment, on apprend qu'il ne passera pas là, la
Caisse de dépôt a fait son choix. Est-ce que ce n'est pas de l'argent carrément
jeté par les fenêtres, 136 millions de dollars?
M. Daoust : Regardez bien, je
vais vous l'expliquer de la façon suivante puis je pense que c'est important.
Puis votre question est fort pertinente. Je l'apprécie, d'ailleurs, parce que
ça va permettre de clarifier cette situation-là. Si vous connaissez la place,
vous savez ce qu'était cette cour de triage là, qui est une circulation
inversée. C'est un drôle de coin. Et finalement il a été décidé de ramener ça à
cinq voies avec le CN, si ma mémoire est bonne.
Alors, à ce moment-là, effectivement, au
moment où les travaux ont été entrepris, il n'y avait pas de projet dans le
nord, puis ce n'était pas attendu, hein? On a tous été un peu surpris de voir
le trajet qu'avait défini la caisse.
Bon, une des choses qui est importante
quand on fait des installations comme celles-là ou quand on fait des ponts
d'étagement, par exemple, sur les autoroutes, c'est de prévoir les besoins dans
20, 25, 30 ans. Le nouveau Turcot, là, si on se comprend bien, vous savez qu'il
va utiliser, entre autres, de l'armature, en certaines places, en stainless
pour ne plus qu'on reconnaisse les problèmes qu'on a là.
On m'a dit, quand on fait le nouveau pont
Champlain, que, si le pont Champlain d'origine avait été fait avec les bétons
d'aujourd'hui, il aurait encore 35 années de vie utile. Alors, il n'est
pas impensable que Turcot soit là pour 100 ans, hein, mais que les besoins
de Montréal, dans ce trajet-là, vont changer au cours des 25 prochaines
années. C'est fort possible. Alors, de ne pas le prévoir, de ne pas avoir ce
corridor-là — on ne mettra pas des voies ferrées — mais de
dire : Cet espace-là est disponible, dans 15 ans, dans 20 ans ou
dans 25 ans, on se dira : Ils ont bien fait de prévoir.
Et je vous donne juste un exemple de ça
ici, à Québec, le boulevard Laurentien, là, où on parle de la voie réservée,
puis tout ça. Quel est le véritable problème du boulevard Laurentien? C'est que
le pont ferroviaire, là, c'est un entonnoir puis il est encore bon pour
longtemps. Et, si on avait fait exactement ce qu'on fait dans Turcot puis on
l'avait fait de la bonne largeur, ça serait tellement plus simple, parce que,
là, il faudrait qu'on démolisse une infrastructure qui est bonne puis qui est
bonne pour encore peut-être 35 ou 40 ans, puis c'est ça qu'il va falloir
arriver à faire éventuellement. Alors, de prévoir en fonction des besoins et de
la vie utile de l'installation, ce n'est pas banal.
Dans le moment, on est en train de refaire
une partie de la chaussée sur le pont de Québec. Bien, en la faisant, on la
descend puis on prévoit tout de suite le corridor pour le SRB, bon. Et le
projet n'est pas parti, là.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais, dans Turcot, évidemment, compte tenu que le trajet change, il n'y a pas
d'autres choses dans l'air?
M. Daoust : Non, non, mais on
a sept kilomètres de faits, là, qui est la partie difficile. Et après ça, s'il
faut continuer puis il faut faire de l'expropriation, on le verra, mais la
partie... On ne démolira pas Turcot dans 25 ans parce qu'on a dit :
On a oublié de faire des corridors. Que les corridors soient là, ils n'ont pas
été prévus pour ceux qui sont là, mais ils sont encore très utiles. Et je vous
répète que peut-être que, pour les 25 prochaines années, ça sera une bonne
chose que ça passe au nord, peut-être, dans 25 ans, on va être très contents
d'avoir ces voies-là au sud. Moi, j'ai été visiter Turcot, puis c'est ce qu'on
m'a expliqué. On m'a dit : On prévoit pour le futur. Mais ce n'est pas parce
que le REM va passer au nord qu'on n'aura jamais besoin de cet espace-là.
Alors, moi, cette prévision-là sur les
ponts d'étagement, sur les grosses infrastructures, je pense que c'est
important.
M. Vigneault (Nicolas) : Et
le 135 millions, est-ce qu'il est engagé ou dépensé actuellement? Parce
que la CAQ dit : Bien, écoutez, comme ce n'est pas encore engagé, on
pourrait très bien changer les plans.
M. Daoust : Oui, bien, changer
les plans, c'est... Il y a beaucoup de parties au plan. Puis là je n'ai pas tout
à fait le détail, ça fait que je vais vous donner la réponse la plus honnête
possible. Mais, vous savez, il y a deux façons, hein, de le prévoir. Il y a
simplement de prévoir l'ouverture, de prévoir que l'espace est là. Comme un
pont d'étagement, quand vous faites ça au-dessus d'une autoroute, l'espace, il
est-u là ou il n'est pas là? Après ça, l'aménagement de cet espace-là, si on
n'a pas à le faire, on ne le fera pas. On ne dépensera pas ça pour rien parce
qu'imaginons pour un instant que ce n'est justement pas ça.
Regardez un autre exemple, le pont
Champlain, quand on a commencé à en discuter, on n'était pas sûrs si on était
pour avoir une voie ferrée ou si ce n'était pas pour être justement un circuit
autobus. On a prévu les deux scénarios. Heureusement que le scénario n'est pas
que pour l'autobus de la façon qu'il a été fait.
Alors, c'est pour ça que, si on n'a pas à
l'aménager, on ne l'aménagera pas. Mais, au moins, quand on arrivera à Turcot,
qui est un monstre comme installation, on dira : On a tellement bien fait
de le prévoir!
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
ça, pour vous, c'est clair dans votre tête, là, avec les explications que vous
avez de vos fonctionnaires, et tout ça, que ça doit se faire absolument, ce
corridor-là?
M. Daoust : Ah! il faut le
faire. Il faut prévoir, dans ces infrastructures-là, tout le temps en fonction,
je le répète, de deux choses : des besoins à prévoir puis de la vie utile
de l'installation. Je vous répète que, si Turcot a une vie utile de 100 ans, ça
prend quelqu'un de bien présomptueux pour dire : Ah! on n'aura jamais
besoin de ça. Je ne pense pas.
Le pont Champlain, qui a été fait...
écoutez, là, peut-être que je n'ai pas le bon chiffre, mais je pense que ça a
été fait, à l'origine, pour 50 millions, O.K.? On est loin de ça
aujourd'hui. Puis il a été fait... C'est un pont pas cher. Bien, il n'a pas
duré longtemps non plus, hein?
Alors, vous savez, si on fait une
infrastructure qui est faite pour durer, il ne faut pas avoir à démolir ça, là.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le pont de Québec, dernière question. Évidemment, le maire de Québec a
interpellé le ministre Duclos en disant : Le fédéral doit agir. Est-ce que
vous voulez faire pression? Parce que, là, M. Duclos semble louvoyer. Avez-vous
eu des discussions?
M. Daoust : Moi, j'ai
rencontré M. Duclos une fois, c'est un sujet qu'on a couvert, en lui
disant : Il faut absolument qu'on se parle, dans ce dossier-là, ensemble.
Je l'ai dit cette semaine : On ne peut pas travailler de façon isolée dans
le pont de Québec. C'est une infrastructure majeure, hein, et qui était faite
terriblement forte à l'origine, mais qui a des vulnérabilités, la rouille.
Quand on met un train, un train, vous savez... que ça tombe direct à l'eau, la
pluie descende à l'eau, c'est une chose. Quand vous mettez une chaussée, il y a
des égouttements, puis ça fait de la rouille. Puis l'autre chose qu'il faut se
rappeler, c'est que les aciers, dans ces années-là, étaient beaucoup moins durs
qu'aujourd'hui. Vous savez, j'ai une ferme. Quand on prend des vieux bâtiments
qui ont 100 ans, un clou, là, vous pouvez le prendre puis le plier à la main.
C'étaient des aciers beaucoup plus mous.
Alors, on a à ajuster, à travailler tous
les ans au ministère des Transports parce que nous sommes responsables de la
partie de la chaussée là-dedans. Mais, encore une fois, par exemple... Puis je
suis content que vous m'ayez posé la question sur Turcot parce que c'est
exactement ce qu'on va faire, on va prévoir un corridor pour le SRB. Imaginons
qu'on n'en fait pas, est-ce qu'on va se faire blâmer d'avoir prévu un corridor?
Non. On va se faire blâmer, si on fait le SRB, de ne pas l'avoir prévu, hein?
M. Vigneault (Nicolas) : Mais,
dans le cas du pont de Québec, vous allez faire pression sur le fédéral parce
que c'est ce que.. Est-ce que ça vous fait peur un peu, ce que vous entendez?
M. Daoust : Moi, je pense...
Mais c'est parce que le fédéral nous a dit : On va le régler. Bien, j'ai
bien hâte de voir ça. Alors, nous, notre contribution qu'on a mise... le
23,5 millions est toujours là, il est toujours disponible. Puis je tiens à
répéter ce que j'ai dit cette semaine : Si on fait ça, ça ne nous empêche
pas de faire autre chose. C'est un engagement que le gouvernement du Canada a
pris.
M. Vigneault (Nicolas) :
Parce que, dans le cas de la Laurentienne, je comprends que le noeud du
problème, c'est vraiment ce pont-là.
M. Daoust : Bien, c'est-à-dire
que, pour le faire sur toute la longueur de façon facile, vous savez, on ne
parle pas des mêmes choses. Si vous m'arrivez avec un pont... Je n'ai pas
d'idée du prix, mais on m'a dit que c'était cher, là. Je pense que c'est très
cher de défaire ça. Puis c'est une infrastructure qui est bonne. Ça fait que
c'est vraiment un goulot. Imaginez-vous, je ne peux pas arriver dans un
entonnoir, puis après ça, rendu l'autre bord du pont, on ressort. Tu sais, ça
ne marche pas, là. Il faut que ça soit droit tout le long. Ça fait que ça,
c'est une cause de problème. Puis le maire de Québec, avec raison, veut qu'il y
ait de la fluidité autour du Centre Vidéotron. Québec s'est doté d'une
infrastructure de classe mondiale. Bien, il faut être capable de circuler là
puis de sortir correctement. Puis, quand on arrive, justement... parce qu'on
n'a pas prévu dans le temps parce que, dans le temps, on a peut-être voulu
sauver des sous, mais aujourd'hui on est confrontés à cette réalité-là.
La Modératrice
: Merci.
M. Daoust : Merci beaucoup,
tout le monde. Puis je vous souhaite tous une bonne fin de semaine. Merci.
(Fin à 12 h 41)