(Neuf heures vingt-six minutes)
M. Surprenant : Bonjour,
messieurs. Alors, on vient aujourd'hui pour tenter de réveiller le gouvernement.
Alors, ça fait plusieurs fois qu'on essaie de le réveiller. Après deux ans,
trois commissions, l'ex-ministre de l'Innovation accouche d'un projet digne des
Pierrafeu. Alors, il ferme la porte à l'innovation, puis donc les grands
perdants, évidemment, vous l'aurez deviné, ce sont les consommateurs. Alors, il
y a pourtant un consensus très large à l'encontre du projet de loi qui a été
déposé, et on veut que le gouvernement entende clairement les indications des
organismes, chambres de commerce, Équiterre et autres. Il faut que le gouvernement
retourne à la table à dessin et revoie son projet de loi. Alors, il doit être
ouvert au compromis, le gouvernement. C'est possible, d'ailleurs, de garantir
des exclusivités tout en permettant à Uber d'opérer.
Alors, c'est un... Nous, ce qu'on... notre
position, on n'est ni contre... on n'est ni pour Uber et on n'est ni contre l'industrie
traditionnelle du taxi. Alors, il y a moyen de faire un cadre qui va permettre
à l'un d'opérer tout en respectant celui qui est déjà là. Alors, Uber, donc, a
fait une offre, et puis c'est au gouvernement de s'asseoir avec eux. On lui
demande de s'asseoir, de trouver une solution qui va être à l'avantage des
consommateurs. Alors, c'est donc d'encadrer afin de mieux permettre... Il y a
une solution qui existe, très certainement. Ottawa, Toronto et d'autres villes
ont réussi à s'entendre et à permettre à cette nouvelle technologie et d'autres
qui vont suivre de pouvoir exister, au bénéfice des consommateurs. Alors, le gouvernement
ici y est d'ailleurs parvenu avec Airbnb. Alors, s'il a réussi avec un, il peut
réussir avec l'autre. Alors, qu'il cesse de pelleter par en avant les
problèmes. Il y a des solutions, il faut les amener et puis légiférer en
conséquence.
Alors, la tarte, en fait, au niveau de l'industrie
du transport, est en train d'augmenter. Les façons de faire des citoyens… Nos
jeunes citoyens sont moins portés vers l'auto, sont ouverts à d'autres façons
de faire. Donc, l'auto solo, il faut s'attaquer à ça, et c'est une des
solutions. Il y en a d'autres… d'autres qui s'en viennent également, mais il
faut aborder le problème dès maintenant. Il faut que la loi transcende dans ce
sens-là.
Alors donc, on demande au gouvernement de
bien travailler le projet de loi. On veut le travailler pour apporter des solutions
pour qu'il permette à l'innovation d'avoir sa place. Alors, voilà pour notre
position.
M.
Bonnardel
:
Merci, Claude. L'interpellation de ce matin est un élément de plus pour le
caucus de la discorde libérale de lundi soir prochain. Depuis le début de
l'année, vous avez eu énormément d'événements qui amènent ce caucus… cette
dissidence du côté des députés et peut-être de certains ministres libéraux :
il y a eu le dossier des armes à feu, le vote libre qui n'a pas eu lieu du côté
libéral, un premier ministre déconnecté de ses élus, les jeunes libéraux qui
ont été mis de côté pour les discussions sur le projet de loi n° 100, le
virage vert sur Anticosti, la saga au MTQ et du côté de M. Poëti. Donc, ce
caucus, cette dissidence est assez rare… est assez rare du côté libéral. Et,
depuis 2007, je n'ai jamais vu, à ma connaissance, un caucus de fin de session
comme ça qui est appelé sans apparatchik pour soudainement fêter
la fin de la session parlementaire. Assez particulier. Je crois qu'il y a une fronde
qui se prépare contre le premier ministre. Et certainement que plusieurs
députés, selon ce qu'on entend, ce qu'on voit... que des députés mettent en
doute, certainement, le leadership du premier ministre.
Alors, j'espère que, comme
mon collègue Claude l'a mentionné, que ce projet de loi n° 100, on pourra
être capables de faire changer d'idée le gouvernement, d'amener le
gouvernement, tout comme les jeunes libéraux, à prendre conscience que ce
projet de loi ne répond pas aux technologies du XXIe siècle, ne répond pas
au consommateur lui-même, qui n'aura pas cette liberté de choix à laquelle il
pourrait avoir droit. Et d'un côté on veut moderniser l'industrie du taxi, mais
on ne peut pas mettre un frein aux technologies du XXIe siècle.
M. Bergeron (Patrice) : D'où vous tenez les informations selon lesquelles il y a une fronde,
actuellement, au Parti libéral?
M.
Bonnardel
:
Bien, vous le savez, je pense que vous parlez, vous aussi, à plusieurs députés
libéraux. On parle à des collègues aussi, il y en a plusieurs qui nous parlent,
il y en a plusieurs qui nous disent que ça n'a pas de sens de la façon que leur
premier ministre travaille. Quand on parle de dissidence, et de fronde, et d'un
caucus de la discorde, bien, je pense que vous le voyez vous-mêmes, là, vous
avez beaucoup d'expérience. Moi, à ma connaissance, depuis que je suis à
l'Assemblée nationale, je n'ai jamais vu un caucus de fin de session sans
apparatchik pour soudainement juste fêter la fin de session. Je ne crois pas du
tout, du tout aux commentaires de la présidente du caucus libéral, et je pense
que le projet de loi n° 100 est un élément de plus face à cette dissidence
et face au fait que plusieurs députés libéraux se rendent compte qu'ils n'ont pas droit de parole, qu'ils sont bâillonnés.
M. Vigneault (Nicolas) : Pour
vous, est-ce qu'elle est satisfaisante, la proposition d'Uber dans sa forme
actuelle?
M.
Bonnardel
:
Bien, minimalement, on a 18 mois de retard parce qu'Uber n'est pas arrivé
depuis trois mois déjà. Le gouvernement aurait dû s'asseoir avec Uber. Uber a
réussi à s'entendre avec d'autres municipalités canadiennes, que ce soit
Ottawa, Toronto et ailleurs, même, en Amérique du Nord. Le gouvernement doit
s'entendre avec Uber. Demain, ce sera Didi, le compétiteur chinois d'Uber, qui
va venir s'installer en Amérique du Nord. Est-ce qu'on va déposer une loi à
chaque fois qu'on voudra développer l'économie de partage, l'économie
collaborative? Jusqu'à quel point le niveau de bouleversement de l'innovation
est important pour le gouvernement? Je pense que c'est un projet de
loi — puis on l'a maintes et maintes fois mentionné — anti-innovation,
et, à ma connaissance, il faut que M. Daoust, le plus rapidement possible,
s'assoie avec Uber pour trouver un terrain d'entente pour être capable de
satisfaire l'industrie du taxi et, de l'autre côté, donner plusieurs choix au
consommateur.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais, dans sa forme actuelle, je répète ma question, est-ce qu'elle est
satisfaisante, la proposition d'Uber?
M.
Bonnardel
:
Bien, je pense qu'à la base, le permis d'opération, les sous additionnels par
course qu'on veut amener, le 0,35 $, le 0,07 $ pour faire de
l'administration, et autres, je pense qu'il faut... Si d'autres municipalités
l'ont accepté, je pense que le gouvernement peut s'asseoir, minimalement
négocier. C'est un pas en avant, là. C'est un pas en avant qu'Uber a fait avec
son offre, la semaine passée, puis je pense que le gouvernement doit s'asseoir
avec eux.
M. Lecavalier (Charles) :
M. Bonnardel, M. Bonnardel, Téo Taxi disent qu'ils paient 1,60 $ par
course en location de permis de taxi. Or, dans la mesure où on permettrait à
Uber, finalement, de payer un 0,35 $, 0,40 $, est-ce qu'on pourrait
dire à une entreprise comme Téo Taxi : Bien, arrêtez de louer des permis
de taxi et faites comme Uber?
M.
Bonnardel
:
On parle de moderniser l'industrie, la gestion de l'offre, les permis comme
tels. Vous allez le voir tantôt pendant l'interpellation, on va énumérer
jusqu'à quel point le fardeau administratif de l'industrie elle-même,
là — je vais vous le démontrer, là — c'est pesant. Il faut
alléger ces coûts administratifs. Et là-dessus, moderniser l'industrie comme
telle, c'est important; de l'autre côté, permettre aux technologies nouvelles
de venir au Québec, de s'y installer.
On dit quoi au touriste, demain matin, qui
débarque de l'aéroport puis qui se dit : Moi, j'utilise Uber à Paris, je
l'utilise à Buenos Aires, j'arrive à Montréal, je ne peux l'utiliser, quand on
peut l'utiliser à Toronto, à Ottawa ou ailleurs en Amérique du Nord? Je pense
que le premier ministre et son ministre sont dépassés par les événements et
j'ose croire qu'on sera capables, mon collègue et moi, de faire entendre raison,
ce matin, au gouvernement, pour leur dire : Écoutez, là, il y a des façons
de faire où ça a fonctionné dans près de 400 municipalités partout ailleurs
dans le monde, je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas au Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
J'ai de la difficulté à comprendre votre position. Est-ce que vous êtes pour la
fin de la gestion de l'offre? Vous voulez la fin des permis?
M.
Bonnardel
:
Non, écoutez, on ne dit pas, demain matin, que la gestion de l'offre va se
terminer. Moi, je parle de moderniser l'industrie. Donc, on pourrait même
penser, du côté du gouvernement, de réduire le fardeau administratif de
l'industrie elle-même, puis, de l'autre côté, permettre aux technologies du
XXIe siècle de s'installer au Québec et qu'on ait une liberté de choix,
que ce soit Car2go ou que ce soit Téo Taxi, l'industrie elle-même, ou Uber, ou
même, demain, Didi, ou autre. Je pense qu'il faut répondre de ça, puis on ne
pourra pas déposer une loi à chaque fois qu'il y a une nouvelle technologie qui
va s'installer au Québec.
M. Lecavalier (Charles) : De
quelle façon une flotte comme Téo Taxi pourrait compétitionner Uber s'ils
doivent payer 1,60 $ par course au gouvernement en location de permis
versus Uber, qui n'en paie pas? Alors, comment est-ce qu'on fait pour avoir une
vraie compétition entre les deux s'ils ne paient pas la même chose?
M.
Bonnardel
:
Bien, ça, écoutez, ça sera... Premièrement, ça fonctionne ailleurs, ça
fonctionne ailleurs dans les autres provinces canadiennes.
M. Bergeron (Patrice) : Parce
qu'ils n'ont pas le même système ailleurs.
M.
Bonnardel
:
Bien, écoutez, il y a une gestion de l'offre, que ce soit à Toronto, à Ottawa.
Il y en a ailleurs, là. À New York, là, à New York, il y a plus d'Uber que de
taxis jaunes, puis ça fonctionne. Alors, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait
pas trouver un terrain d'entente. Et, oui, ce n'est pas simple, ce n'est pas
simple. L'industrie elle-même, comme on la connaît, ça fait 50 ans. Sauf
que je pense que le gouvernement a ce devoir. Minimalement, là, ce serait peut-être
de retirer, même, sa loi, et de trouver un terrain d'entente, puis de dire :
Un instant, là, on a peut-être été trop vite pour être capables de trouver un
terrain d'entente pour satisfaire l'industrie, satisfaire Téo, satisfaire Uber
et tous ceux qui s'en viennent devant nous dans les prochaines années.
M. Croteau (Martin) :
Seriez-vous à l'aise à ce que le gouvernement compense les chauffeurs de taxi
qui ont investi parfois des dizaines, des centaines de milliers de dollars dans
un permis de taxi si on assouplit la gestion de l'offre?
M.
Bonnardel
: Écoutez,
il y a des zones protégées, Uber l'a dit. Uber l'a dit, il y a des zones
protégées. L'industrie du taxi pourrait héler... aurait la possibilité de héler
eux-mêmes... pas de héler eux-mêmes, mais, les consommateurs, de héler les
taxis comme on les connaît aujourd'hui. Le prix comme tel du permis... ce n'est
pas prouvé que le permis... Premièrement, un permis à 200 000 $,
est-ce que ça vaut vraiment 200 000 $ à Montréal? Est-ce que ça vaut
vraiment 70 000 $ à Granby? Je pense que ça, c'est la grande question
qu'il faut se poser. Maintenant, est-ce que le gouvernement est prêt, demain
matin, à le rembourser? Eux évaluent à 1,2 milliard le coût de ces permis.
Il n'y a rien de prouvé comme tel, là, que, demain matin, un permis que tu as
payé de 200 000 $ va valoir zéro dollar. Donc, pour nous, les deux
sont... non, les deux sont compatibles, les deux peuvent être compatibles si on
trouve vraiment une façon, un terrain pour satisfaire autant l'industrie que
les nouvelles technologies.
M. Croteau (Martin) : Mais le
problème de la gestion de l'offre, c'est que ça crée un marché pour les permis
de taxi, puis le marché fait... la rareté dans le marché fait en sorte que la
valeur des permis se transige maintenant autour de 200 000 $. Donc, on
s'entend que, s'il y a une brèche... vous convenez que, s'il y a une brèche qui
est ouverte dans ce marché-là, le permis de taxi risque de valoir moins cher.
M.
Bonnardel
:
Bien, écoutez, c'est certain que, si on trouve un terrain d'entente demain
matin, s'il y a 8 000 permis, il n'y en aura pas 10 000, on s'entend,
là, on s'entend qu'il n'y en aura pas 10 000. Sauf que je suis persuadé
que, si on a réussi à trouver des terrains d'entente avec d'autres
municipalités canadiennes, nord-américaines, où il y a de la gestion, là... Au
Canada, on n'est pas les seuls, là, qui fonctionnent comme on le connaît avec
la gestion de l'offre aujourd'hui, on est capables de trouver un terrain
d'entente pour satisfaire Uber, satisfaire l'industrie.
Et puis, quand je vous dis que le fardeau
administratif de l'industrie est lourd, je vais vous le démontrer ce matin et
jusqu'à quel point le gouvernement pourrait dire : Écoutez, là, ça vous
coûte extrêmement cher, on va réduire votre fardeau aussi, là. Au-delà du
permis comme tel, là... du permis qui vous coûte 200 000 $ ou
70 000 $, le fardeau annuel, on pourrait peut-être le baisser. Je
vais vous démontrer jusqu'à quel point c'en est ridicule.
M. Bergeron (Patrice) : Le
ministre veut procéder rapidement pour faire adopter le projet de loi d'ici la
fin de la session, étude article par article, etc. Est-ce que vous croyez que
c'est possible ou est-ce que vous êtes prêts à bloquer ce projet de loi là?
M.
Bonnardel
:
Pour nous, il n'est pas question de bloquer. Pour nous, il est question de
faire notre travail de parlementaires. J'espère même que les députés libéraux
vont se faire entendre aussi. J'espère même qu'au caucus de la discorde de
lundi soir prochain, ils vont dire : Aïe! Moi aussi...
M. Bergeron (Patrice) :
...plusieurs députés libéraux qui vous ont parlé ou bien juste un ou deux ou...
M.
Bonnardel
:
Bien, je pense que vous en connaissez déjà pas mal, là. Moi, j'en... Bien, moi,
oui. Moi, je sais qu'il y en a qui sont pro-Uber, qui ne veulent pas le dire ou
qui ont de la misère à l'exprimer. J'espère qu'ils vont l'exprimer au caucus. C'est
impossible que les 70 députés libéraux aient la même ligne de pensée sur les
technologies de l'information. Si les jeunes libéraux pensent, contrairement à
ce que ses députés pensent aujourd'hui, qu'il faut trouver un moyen d'encadrer
cette industrie, je ne peux pas croire qu'il n'y en a pas 5, 10, 15, 20 qui
sont pour ces nouvelles technologies puis qui voudraient dire à leur premier
ministre : Il faut trouver une solution, là. Ce n'est pas simple, mais il
faut trouver une solution.
M. Lecavalier (Charles) :
Uber propose une taxe sur l'ensemble des services de taxi d'Uber pour financer
un fonds de compensation. Êtes-vous à l'aise avec cette proposition-là?
M.
Bonnardel
:
Bien, premièrement, c'est une offre qui a été déposée par Uber. Est-ce que ça
peut convenir à l'industrie elle-même? Écoutez, là, l'Ontario...
M. Lecavalier (Charles) :
...c'est une nouvelle taxe. Normalement, la CAQ est contre les nouvelles taxes.
Alors, êtes-vous d'accord avec ça?
M.
Bonnardel
:
Non, mais c'est ça. Premièrement, là, si c'est pour rembourser peut-être une
portion des permis ou la perte, là, une sorte d'assurance stabilisation,
appelons ça comme on veut, là… On n'a jamais été pour des nouvelles taxes,
O.K.? Sauf que, si on a réussi à s'entendre avec d'autres provinces, je le
répète, là, avec d'autres villes, bien, c'est au gouvernement de s'asseoir avec
l'industrie et de mettre tout le monde à la table. Si l'Ontario, depuis les
deux derniers budgets, a été capable de mettre des comités pour développer une
pensée sur l'économie de partage, développer une pensée sur Airbnb et sur Uber,
bien, il va falloir asseoir l'industrie du taxi, asseoir différents ministères
puis asseoir Uber à une même table et trouver une solution, trouver une
solution pour satisfaire tout le monde. Le Québec doit être à l'avant-garde, le
Québec doit être moderne.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais vous ne touchez pas au noeud du problème. Le noeud du problème, c'est qu'il
y a des permis de taxi, que ces permis-là pourraient perdre de la valeur avec
l'arrivée d'Uber, et là il y a une discussion, Uber propose une taxe. Alors,
vous ne répondez pas à ma question, là : Seriez-vous d'accord avec une
taxe qui compenserait ces permis?
M. Surprenant : Écoutez, comme
on dit toujours, on est contre les taxes, mais, à la base, au niveau de la
valeur des permis... Ce qu'on essaie d'expliquer, en ajoutant des nouvelles
approches de transport et le fait que la société évolue, les jeunes
d'aujourd'hui, ce n'est pas comme les jeunes d'autrefois pour qui l'auto était
un symbole. Aujourd'hui, les jeunes, c'est le cellulaire qui est le symbole.
Alors, c'est la modernisation, c'est l'innovation qu'ils veulent. Alors, nous,
ce qu'on prétend, c'est qu'il va y avoir de plus en plus de gens qui vont
délaisser l'auto solo, qui vont utiliser ce genre de transport là, qui va créer...
donc, qui va faire que la tarte, elle va grossir. Et la tarte, en grossissant,
va générer plus de revenus pour l'ensemble. Et, comme on veut protéger une
partie de la business traditionnelle de l'industrie du taxi, la valeur des
permis ne devrait être, de façon importante, affectée.
D'ailleurs, depuis 2013, la valeur des
permis entre aujourd'hui et 2013, il n'y a pas de variation, c'est moins de 1 %.
Alors, il y a une efficience de marché. Les gens savent les nouvelles
technologies qui s'en viennent et continuent de vouloir payer autour de
200 000 $, quand on parle de Montréal, pour des permis. Donc, ils
sont tous, en quelque part, conscients du risque qu'ils prennent et de leurs
perspectives de marché... fait en sorte que les attentes mathématiques, en fait,
sont claires. Ils doivent prétendre que ça va être bon pour eux autres au bout
du compte, là. Alors donc, au niveau de créer un fonds, oui, c'est une
ouverture qui a été faite de la part d'Uber, ça mérite discussion, mais on n'est
pas convaincus qu'il faille effectivement rajouter une taxe pour ça, il y a
peut-être d'autres façons de le faire. D'ailleurs, juste en grossissant la
tarte comme on le prétend, ce qui va arriver, bien, il va y avoir une
protection qui devrait être suffisante, à la rigueur.
M.
Bonnardel
:
Si vous permettez, juste pour enchérir, là, il y a un rapport interministériel
qui est caché, présentement, par le gouvernement. On s'attend à ce que ce rapport,
qui démontre qu'on peut travailler avec Uber au Québec, doit être déposé le
plus rapidement possible pour qu'on ait l'heure juste sur la situation, là.
M. Croteau (Martin) :
Excusez-moi, sur un autre sujet, si vous permettez, on apprend que le ministère
des Transports est en train de payer pour une voie ferroviaire entre le
centre-ville et l'aéroport de Montréal qui restera inutilisée en raison du
projet de la Caisse de dépôt. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M.
Bonnardel
:
Bien, tout indique que c'est parce que le problème… Le noeud du problème, c'est
que le MTQ ne sera pas capable de livrer à temps pour ces nouveaux trains, donc
la Caisse de dépôt a dit : Nous, écoutez, là, vous ne pourrez pas livrer à
temps ce nouveau tunnel, on va trouver d'autres pistes de solution. À ma
connaissance, ce 136 millions n'est pas perdu. Il avait été budgété, mais
il n'a sûrement pas été déjà dépensé, donc pourra nécessairement servir, j'imagine,
à d'autres choses. Donc, si la caisse a dit : Bien, écoutez, là, vous ne
pouvez pas aller assez vite pour nous, bien, on va se tourner sur un autre axe
qu'on…
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que vous pensez que cette voie ferrée va… on va finir par y trouver un usage
puis que c'est un bon investissement des fonds publics?
M.
Bonnardel
:
Bien, à ce que je sache, là, ce tunnel, comme tel, là, ce 136 millions de
budgété, là, il n'a pas été commencé encore, là. Je pense que ce tunnel, comme
tel, là, qui était prévu, la caisse dit : Vous ne pouvez pas le livrer à
temps, si j'ai bien lu ce matin, vous ne pouvez pas le livrer à temps, donc la
caisse va se retourner en disant : On va trouver une autre piste de
solution pour être capables. Donc, ce budget comme tel de 136 millions
pourrait nécessairement être utilisé ailleurs.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
ce que vous dites, donc, le gouvernement devrait revoir ses plans
immédiatement, là, et il pourra ne pas le faire, ce tunnel-là.
M.
Bonnardel
:
Bien, voilà, ne pas le faire et retourner à la table à dessin puis minimalement
éliminer ce tunnel si la caisse ne veut pas l'utiliser, là.
M. Bergeron (Patrice) :
Quelle a été la nature de vos échanges avec Uber, l'entreprise, votre parti?
M. Surprenant : En fait, comme
ils l'ont proposé à l'ensemble, là, de l'Assemblée, ils nous ont fait part de
leur plan qu'ils voulaient déposer. Alors, on en a pris connaissance, disons, peut-être
quelques minutes avant qu'ils le déposent, sans plus. Alors...
M. Bergeron (Patrice) : Vous
n'avez pas eu de rapports avec eux avant, non, jamais?
M. Surprenant : On a des
rapports avec tout le monde. On reçoit... on a reçu M. Chevrette, on a
reçu l'un et l'autre. Alors, on est très ouverts à avoir les commentaires de
l'un et l'autre. Notre objectif à nous, comme vous je vous le disais tantôt, ce
n'est pas d'être contre Uber et être contre l'industrie du taxi puis d'être
pro-Uber, c'est d'arriver avec une solution qui soit innovante et qui soit intéressante
sur le moyen terme. Actuellement, le projet de loi qui a été déposé, c'est un projet
de loi strictement contre Uber et ce genre de technologie là, et donc c'est un projet
de loi qui ne regarde pas plus loin que le très court terme. Le ministre des
Transports, lui, en fait, sa position, c'est qu'ils n'ont pas l'argent pour
rembourser le 1,2 milliard de valeur des permis — comme je le
disais tantôt, le risque financier, selon nous, il est loin d'être 1,2 milliard — donc
il part avec ce précepte-là puis il fait une loi pour protéger les finances
publiques, mais c'est contre-productif. C'est un problème qui est juste
déplacé, qui est pelleté par en avant.
Alors donc, comme je vous disais tantôt,
nous, on écoute tout le monde puis on veut une solution qui soit au bénéfice du
consommateur, tout en respectant les entreprises qui ont respecté nos lois par
le passé.
M. Vigneault (Nicolas) : Une
dernière question, M. Bonnardel, sur cette espèce de corridor là. Donc, le
ministère se défend en disant... les gens du ministère, à tout le moins, de
dire : Bien, regardez, peut-être que ça va être utile dans le futur. Pour
vous, on devrait immédiatement reculer?
M.
Bonnardel
:
Bien, écoutez, on ne peut quand même pas avoir un tunnel de 136 millions
de dollars qui va amener juste des souris à passer dedans, là. Il y a des
limites, là. Si la caisse n'a pas besoin de ce tunnel, je ne vois pas jusqu'à
quel point on pourrait imaginer que, peut-être, dans 10, 15, 20 ans, il
pourrait y avoir un train qui y passe. Je pense que ce que la caisse veut, c'est
un projet qui va durer 50 ans. Donc, je vois mal... en tout cas, je vois
mal comment, demain matin, l'AMT ou autres pourraient décider d'utiliser ce
tunnel. Je pense qu'à la base, là, minimalement, l'argent n'a sûrement pas été
tout dépensé; qu'on mette une croix sur ce tunnel et qu'on l'utilise ailleurs,
là.
La Modératrice
: Question
en anglais?
Mme Fletcher
(Raquel) : The proposition, this recent proposition from Uber, the Minister has been very skeptical because he said he
wants to protect that value of taxi permits. Why do you think this type of
compromise will work in Québec?
M. Surprenant : What compromise are we talking about?
Mme Fletcher (Raquel) : Why do you think Uber will work in Québec and how do you… The Minister's issue is that he wants to protect
the value of taxi permits. So, why do you think allowing Uber in the province
will work for Québec?
M. Surprenant : Actually, we think that Uber's proposition could work in Québec. We're not sure… We would like more
discussions about the proposition. It's the first proposition they've made and it's very good that they made a proposition that was asked by the Government. The thing is we would like to
work a little bit more on the proposition and maybe make... ask Uber to come back with another proposition. The thing is they've come with
a proposition. Now, it's to the Government to sit with them, and talk about it, and maybe make a few more
arrangements because, actually, it works elsewhere, it works in Toronto,
Ottawa, and it should work in Montréal too. So, they just have to sit down, and
work on it, and make sure that it works for the customers here... consumers, actually,
I should say.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you share the same concern as the Minister with... in regards to
protecting the value of taxi permits that, you know, are $200,000?
M. Surprenant :
Right. Well, it's important that the value of the permits is mainly protected. So, Uber's proposition, actually, is
protecting the value of the permits, of the traditional permits, actually. So,
they've come with something that looks good, but, as I just said, they have
maybe to work on it a little more, and maybe there could be something that
would be good for the customers as well as well as for the Government.
Mme Fletcher (Raquel) : So, what you think is that what they proposed could be a compromise
if both sides sat down and...
M. Surprenant : Indeed, it's been... what... more or less, the same solution has
been proposed by the Chamber of Commerce in Montréal. And so, the thing is that
they would protect zones for them, and... I want to say it in English,
healing... not healing, but calling for a taxi...
Mme Fletcher (Raquel) : Hailing.
M. Surprenant : … — hailing?
Right, OK, right — hailing for a taxi and
protecting those four, five specific cases would protect most of the value of
the permits. And I just said earlier in French, since there are going to be
more and more users of taxi and other platforms, that means they're going to
be… the business is going to be improving, so the pie is going to be bigger,
and that's another way of protecting the value of the permits.
Mme
Fletcher (Raquel) : OK. Thank you.
(Fin à 9 h 47)