Point de presse de M. André Boisclair, chef du deuxième groupe d'opposition
Version finale
Friday, April 27, 2007, 13 h 38
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Treize heures trente-huit minutes)
M. Boisclair: Alors, bonjour mesdames et messieurs. Je voudrais commencer sur une note plus triste. Je voudrais offrir toutes mes condoléances ainsi que les condoléances des députés du Parti québécois à la famille de Jean-Benoît Beaulieu. On a tous été touchés par les événements tragiques qui sont survenus hier. Je veux aussi partager une pensée particulière pour les jeunes de l'école, pour la famille aussi de l'autre jeune garçon qui, lui, aujourd'hui, se retrouve devant les autorités policières. C'est une situation troublante, déroutante pour notre société. Je veux certainement, à ce moment-ci, exprimer toutes nos condoléances les plus chaleureuses possible à la famille de la victime.
Nous sortons de deux jours de réunion, deux excellentes journées. Je pense que la grande conclusion qui s'impose de ces deux jours de réunion, c'est que les députés du Parti québécois forment une équipe qui est prête à relever le défi que la population lui a confié, et surtout une équipe qui est prête à siéger à l'Assemblée nationale et à faire son travail d'opposition.
Nous avons fait le tour de nombreux dossiers d'actualité, du budget, de la situation de l'économie et de la situation des régions du Québec, nous avons longuement discuté du dossier des familles, nous avons abordé le dossier constitutionnel aussi. Nous sommes une équipe prête à relever le défi et qui a hâte de rentrer à l'Assemblée nationale dans les prochains jours.
Cette équipe a débuté une analyse des résultats de la dernière campagne électorale. Nous avons fait un premier tour de piste avec l'ensemble de nos collègues où on a regardé de façon très attentive la situation dans l'ensemble du Québec. Nous avons porté une attention toute particulière à la situation de la capitale nationale, à la situation de Laurentides, de Lanaudière, à la situation de la Mauricie et nous avons fait de nombreuses analyses qui nous seront très utiles pour la suite des choses, et je tiens à remercier tous mes collègues députés, qui, de façon très franche, très, très ouverte, très candide, ont participé à cet exercice. Il y a une chose qui était claire, c'est qu'il n'y avait pas d'interdit pendant ces discussions, et nous avons véritablement amorcé un vrai travail de fond. Il n'y a personne au Parti québécois qui a le goût de tomber dans le déni, il n'y a personne qui a le goût de nier la réalité, nous l'avons regardée en pleine face. Ça a été parfois dur de regarder les résultats. Mais, d'un autre côté, je sens une équipe de députés qui a le goût de travailler, de se mettre à l'ouvrage et de relever le défi que la population nous a confié.
Je veux aussi vous dire qu'à travers ce travail d'analyse nous avons regardé de façon très franche et très sereine de quoi serait faite la suite des choses, et je pense qu'un des messages qui s'imposent à travers tout cela, c'est que le défi en ce moment, c'est que plus que jamais tous les gens du Parti québécois ont besoin eux aussi de faire équipe avec les députés de l'Assemblée nationale. Je veux aujourd'hui appeler les militants du Parti québécois, appeler les membres qui siègent dans nos instances à faire équipe avec le caucus du Parti québécois. Ce caucus, il est bien conscient des enjeux qui se posent à nous, ce caucus n'a pas le goût de cacher la réalité, il a le goût de faire de l'ouvrage, mais ce caucus a besoin de l'appui de ses militants où qu'ils se trouvent sur le territoire, où qu'ils se trouvent dans nos instances. Nous allons assumer un vrai leadership, et j'espère qu'on sera capables de faire corps avec l'ensemble de nos militants et de nos militantes.
Nous avons aussi été informés de la démission du président du Parti québécois de la région de Québec, M. Philippe-Edwin Bélanger. Nous l'avons apprise au même moment que vous, cette démission, hier. Je tiens à vous dire que M. Edwin Bélanger est quelqu'un qui a consacré beaucoup de temps au Parti québécois. Je regrette la décision qu'il a prise de quitter les instances de notre parti et je veux à ce moment-ci dire que ce n'est pas parce que parfois nous pouvons diverger d'opinion que pour autant il faut quitter le parti. Au contraire, c'est le temps de faire des débats dans notre parti et c'est le temps de discuter entre nous. Le vrai courage, c'est de s'engager dans une discussion avec les militants, c'est ce que je ferai comme chef alors que je serai soumis à un vote de confiance, alors que j'aurai le goût de proposer, dans les prochaines semaines, des orientations nouvelles pour le Parti québécois.
Mais, au même moment où je prends note de la démission de M. Edwin Bélanger, que je la regrette, je veux à nouveau insister pour que nous fassions corps, et que, le vrai courage, c'est de s'engager dans cette discussion à la fois sur les résultats de l'élection mais aussi sur les orientations qui seront privilégiées par le Parti québécois dans les prochaines semaines.
Je tiens aussi à vous dire que j'ai, à cet égard, un appui très ferme des députés du Parti québécois pour vous dire que la souveraineté du Québec continue d'être au coeur de notre démarche politique. Nous continuons, de façon unanime, à penser que le Québec est confronté aujourd'hui à des défis particuliers sur le plan de l'économie, sur le plan de la mondialisation sur le plan de l'environnement, sur le plan de l'agriculture, et que le Québec a tout à gagner à assumer sa pleine liberté et à être capable ainsi de participer pleinement au concert des nations. Donc, cette question, elle n'est pas... elle ne fait pas l'objet de débat dans nos rangs, il restera à voir cependant quels sont les moyens pour reprendre la discussion sur la souveraineté du Québec, reste à voir aussi de quelle façon... quel genre de stratégie nous proposerons aux Québécois pour y arriver. Mais, en toutes circonstances, il est clair que l'accession du Québec à la souveraineté devra se faire de façon démocratique par un référendum sur la souveraineté du Québec. Mais, un message qui est bien clair, qui ressort de nos discussions, c'est que les gens chez nous, au caucus, ont bien plus le goût de parler, plutôt que du processus, du sens de notre démarche, et c'est là où nous allons accorder l'essentiel de notre attention dans les prochaines semaines.
Sinon, je dois vous dire que c'est au même moment où on manque certains de nos joueurs qui jouaient un rôle important dans notre équipe, je dois vous dire que je suis particulièrement fier d'avoir pu accueillir ces nouveaux députés qui se sont joints à notre équipe, il y a de la compétence, il y a de l'intelligence, il y a de la pertinence. C'est vraiment deux très belles journées que nous avons passées entre nous. Et je tiens à nouveau à féliciter les nouveaux députés qui se joignent à cette équipe. Voilà donc, et je suis disponible pour répondre à vos questions.
Journaliste: M. Boisclair, vous dites que personne ne tombe dans le déni du côté du Parti québécois, mais le départ de M. Bélanger montre justement qu'il y a un malaise profond. Ne craignez-vous pas qu'on assiste à des départs à répétition au sein du Parti québécois? Déjà, il y en a qui parlent même de créer un autre parti souverainiste.
M. Boisclair: Et c'est pour ça que j'invite aujourd'hui, de façon claire, de façon franche, j'invite les membres du Parti québécois à faire corps avec le caucus. Il y a des gens intelligents, compétents qui sont près de la population, qui comprennent les défis qui se posent à nous. Le défi, en ce moment, ce n'est pas de quitter: le défi, c'est de travailler ensemble puis de faire équipe comme jamais. Le message du caucus aux membres du parti, le message du caucus aux gens qui siègent dans nos instances, c'est: Travaillons ensemble à relever des défis qui nous sont communs.
Journaliste: Oui, mais qu'est-ce que vous comprenez, vous, dans le message de tous ces gens qui disent: On va justement quitter le bateau parce que finalement peut-être que le capitaine ne fait pas notre affaire?
M. Boisclair: Je n'ai pas entendu ça d'aucun de mes collègues députés.
Journaliste: Oui, mais de la part de M. Bélanger?
M. Boisclair: Je conviens que lui et moi avions une divergence sur le fond. Je respecte sa décision. Mais mon message demeure le même.
Journaliste: Mais est-ce que ce n'est pas une source d'inquiétude pour vous, le départ de M. Bélanger et que des souverainistes décident de fonder un autre parti?
M. Boisclair: C'est son choix, à M. Bélanger.
Journaliste: Mais est-ce que ça vous inquiète? C'est ma question.
M. Boisclair: Non, cette situation ne... Je vois bien qu'il y a des gens... il y a un débat qui est ouvert. Par exemple, notre ami Louis Bernard a mis une proposition sur la table, une proposition qui pourrait charmer certaines personnes. Mais, avec tout le respect que j'ai pour M. Bernard, une proposition comme celle qu'il a mise de l'avant ne recueille guère d'appui dans le caucus des députés du Parti québécois.
Alors, nous allons continuer à discuter avec les Québécois. On veut rassembler les gens. Mais, cependant, nous n'irons pas à l'encontre de nos convictions les plus fondamentales. Puis le message qui est clair, qui vient du caucus, c'est d'inviter tous les militants du Parti québécois à faire corps avec le caucus. Nous allons faire les choses de façon très correcte, de façon responsable. Il y a des l'intelligence alentour de la table, il y a du vrai monde compétent qui a des choses à dire pour le Québec. Et je pense que ce message sera bien accueilli par les membres du Parti québécois.
Journaliste: Est-ce que des députés du Parti québécois ont évoqué l'idée de devancer la tenue du congrès?
M. Boisclair: Nos conversations sont confidentielles, vous le savez bien.
Journaliste: C'est comme si vous me disiez oui, là.
M. Boisclair: Vous savez que nos conversations sont confidentielles.
Journaliste: Donc, vous-même, est-ce que vous-même, est-ce que vous êtes rendu à cette idée-là, là?
M. Boisclair: Mon opinion, mon opinion, en ce moment, il y a des discussions qui se font sur ces questions de façon très sereine. L'exécutif va discuter de ces questions aussi dans les prochains jours. Le temps venu, on annoncera.
Journaliste: Vous nous avez dit, M. Boisclair, mercredi, que vous craigniez qu'un congrès devancé vous place dans la même situation que M. Landry, c'est-à-dire être obligé de faire des transactions pour préserver votre leadership. Aujourd'hui, vous nous dites: vous invitez les militants à se rallier au caucus. Craignez-vous que les militants vous empêchent de faire le renouveau du parti que vous recherchez?
M. Boisclair: Je suis convaincu qu'avec l'exercice que nous avons entrepris, on a regardé très froidement la réalité, là, sans émotion, en regardant simplement les chiffres, en faisant de l'analyse politique très froide, les gens comprennent, là, qu'il faut qu'on travaille ensemble. Les gens comprennent que le problème, ce n'est pas que le chef de l'équipe... que la difficulté ne se trouve pas que là. Elle se situe aussi beaucoup sur le fond des choses.
Moi, je suis prêt à assumer mes responsabilités, et je suis prêt à faire face à la musique, et je suis prêt à proposer aux membres du Parti québécois de nouvelles orientations pour la suite des choses. Je vais le faire avec les députés du Parti québécois; je vais le faire avec des gens avec qui nous travaillons dans les instances de notre parti. Je pense que c'est là où les gens ont aussi le goût de mettre beaucoup d'énergie.
Journaliste: Craignez-vous qu'on vous mette des bâtons dans les roues au niveau de la base?
M. Boisclair: Je ne suis pas inquiet. Quand je vois la qualité du leadership qui a été exercé aujourd'hui, quand je vois la force des interventions qui ont été faites - je dois vous dire que j'en ai fait, des caucus, j'en ai vu, des réunions - rarement j'ai participé à des réunions où il y a eu autant... il y avait de l'épaisseur dans nos propos, il y avait de la densité, il y avait de la profondeur dans nos propos. Il y avait véritablement des gens qui ont des choses pertinentes, importantes à dire. Il y a de la densité dans les propos des députés du Parti québécois.
Je pense que si ce n'est que par respect pour la qualité de la réflexion qui est engagée qu'il ne faut pas précipiter les choses. Il y a une vraie discussion qui est engagée au Parti québécois. On n'est pas juste dans un exercice cosmétique où, pendant une journée ou deux, on se réunit pour discuter du résultat d'élections et laisser croire à la population qu'en deux jours on a réglé le sort du Parti québécois. Ce n'est surtout pas ça le message que nous voulons engager. C'est pour cette raison que les discussions vont se poursuivre de façon très correcte. Il y a véritablement de la profondeur dans les discussions qui sont engagées. C'est pour ça que je trouve ça, moi, personnellement, très emballant. Je pense parler au nom de tous les députés du Parti québécois. Les députés sortent de deux jours de réunion où ils sont véritablement emballés par la qualité des réflexions qui ont cours. Il n'y a personne qui a le goût de tirer trop rapidement des conclusions. On est bien conscients que chacune des décisions qu'on prendra, chacun des pas qu'on franchira, il sera important. On ne veut pas improviser les choses. Et on va accorder toute la place qu'il faut à la réflexion, puis à l'analyse. Ces choses-là vont se poursuivre d'ailleurs dans les prochaines semaines.
Journaliste: Quand est-ce que votre proposition va être prête? Quand est-ce que vous allez proposer l'essence de votre réflexion à vos membres?
M. Boisclair: En temps et lieu, en temps et lieu.
Journaliste: En mois?
Journaliste: En semaines, en mois?
M. Boisclair: En temps et lieu, à l'intérieur du présent mandat.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Boisclair: Le plus rapidement possible à l'intérieur de ce mandat.
Journaliste: ...l'assurance morale...
M. Boisclair: Et si j'ai l'assurance morale de gagner! C'est...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Journaliste: M. Boisclair...
M. Boisclair: Oui.
Journaliste: ...est-ce que ces nouvelles orientations-là, que vous allez présenter aux instances et aux membres, est-ce que vous allez leur demander de prendre un vote? Est-ce que vous allez demander aux membres du Parti québécois de voter sur ces orientations-là?
M. Boisclair: Ah, bien sûr! Ah, bien sûr! C'est ce que prévoient d'ailleurs nos statuts et règlements.
Journaliste: Et advenant le rejet de votre vision ou d'affirmation nationale, de la souveraineté, est-ce que vous allez démissionner....
M. Boisclair: Pardon? De quoi?
Une voix: L'affirmation nationale.
Journaliste: L'affirmation nationale.
M. Boisclair: J'ai compris deux mots qui m'ont fait sursauter, là.
Journaliste: Oui, l'affirmation nationale, c'est ce que vous allez présenter, c'est ce que vous défendez au sein du caucus.
M. Boisclair: Je ne vois pas ce qui vous autorise à poser cette question-là. Je ne vois aucun fait qui vous autorise à poser cette question-là. Je pensais même, dans mon mot d'introduction, avoir pris les précautions nécessaires pour éviter qu'un homme aguerri comme vous tire des conclusions comme celle-là. Elle s'adressait d'ailleurs de façon particulière à vous.
Journaliste: Mais M. Johnson, à l'époque, défendait aussi la souveraineté tout en défendant l'affirmation nationale. C'est ce que vous semblez faire aussi. Est-ce que vous n'avez pas l'impression que les membres, tel que M. Bélanger, par exemple, quittent le parti si vous insistez à défendre une position comme celle-là.
M. Boisclair: Faites confiance aux gens qui sont avec nous, là, aux 36 députés. Faites confiance aux 36 députés, là, qui sont avec nous. Si vous ne voulez pas, sur cette question, me faire confiance, faites confiance aux 36 députés qui sont avec nous pour que jamais on ne rejoue dans ce film-là.
Journaliste: Est-ce que les membres devraient vous faire confiance à ce moment-là?
M. Boisclair: Je pense que les membres doivent faire corps avec le caucus du Parti québécois, qui a le goût de travailler, qui n'a pas peur de relever le défi, qui est engagé dans une discussion très lucide, puis j'invite les membres du Parti québécois à travailler avec le caucus.
Journaliste: Vous demandez aux militants de faire preuve de courage, donc de ne pas démissionner, de faire les débats au sein du parti. Mais pourquoi, vous, vous n'avez pas ce courage de vous présenter devant le congrès et donc de vous soumettre à un vote...
M. Boisclair: C'est ce que je vais faire. C'est ce que je ferai.
Journaliste: En 2009.
M. Boisclair: C'est ce que prévoient nos statuts et règlements.
Journaliste: Mais en 2009 seulement.
M. Boisclair: C'est ce que prévoient nos statuts et règlements.
Journaliste: Bien. Il y a un de vos députés ce matin qui, à l'arrivée, a dit qu'il fallait revenir à l'esprit même de la position de René Lévesque, la souveraineté-association, c'est-à-dire pas de souveraineté sans association avec le reste du Canada. Est-ce que ça fait partie des hypothèses de travail?
M. Boisclair: Il est beaucoup trop tôt pour commencer à commenter des hypothèses. On vient de s'engager dans un travail d'analyse. Peut-être que certains ont déjà conclu de façon définitive. Au-delà des paramètres que j'ai établis tout à l'heure en introduction, je pense qu'il serait beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions de cette nature.
Journaliste: Ce n'est pas exclu, donc?
M. Boisclair: Il serait beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions sur quoi que ce soit. Et je veux vous dire... Je vais essayer de trouver les mots justes, mais c'est impressionnant les discussions qu'on a eues pendant les deux derniers jours. Vraiment impressionnant. C'est des discussions de fond que nous avons eues. Il n'y a pas eu de tabous, il y a eu des discussions intelligentes et excessivement stimulantes. Moi, je pense que les députés sortent de deux jours de réunions excessivement stimulés. Il y a des gens qui ont le goût de faire corps, de faire équipe avec moi et qui ont le goût ensemble de faire le nécessaire pour qu'on puisse rapidement mériter à nouveau la confiance des gens.
Journaliste: M. Boisclair, par vos propos sur la région de Québec, vous suscitez donc la démission du président de la région, qui est aussi membre de l'exécutif, est-ce que, donc, il y a une volonté chez vous de faire le ménage?
M. Boisclair: Il n'y a pas... Mon Dieu! Jamais de la sainte vie. Il y a la volonté de ma part, de façon claire, de faire corps, de faire équipe. Puis le mot clé de deux jours de réunions, c'est qu'on fait une équipe unie, soudée au caucus du Parti québécois, puis qu'on invite les députés, nous du caucus, on invite les militants, les gens dans nos instances à faire équipe avec nous.
Puis il n'est pas question, il n'y a pas de bon ou de mauvais, nous avons tout ce qu'il faut en termes d'intelligence, de compétence, d'expérience, de savoir-faire pour nous représenter partout ou à peu près sur le territoire québécois, on a ce qu'il faut pour faire équipe, et j'invite tout le monde à faire équipe avec nous. J'invite les militants du Parti québécois à faire équipe avec le caucus. Je regrette le départ de M. Bélanger, mais, à la limite...
Journaliste: Ça a été amené par vos propos, M. Boisclair.
M. Boisclair: Oui, mais ce n'est pas parce qu'on a des désaccords... Ce n'est pas parce que nous avons des désaccords que, pour autant, il faille claquer la porte. Cette culture-là est sans doute celle qui a beaucoup nui dans le passé au Parti québécois. Et, moi, j'invite les militants à se tenir loin de ce genre de réflexe. Venez discuter alentour de la table avec nous. Il y en a eu, de bonnes discussions, pendant les deux jours de réunion, il y en aura de bonnes à l'intérieur du parti, mais, dans notre grande tradition démocratique, au Parti québécois, on est capable de débattre intelligemment et d'accepter que, bien sûr, les gens qui auront à trancher rendent des comptes et...
Journaliste: Est-ce qu'il ne serait pas plus simple pour vous de vous-même convoquer le congrès rapidement et vider la question plutôt que de vous en tenir aux statuts, comme vous nous l'avez dit il y a quelques instants?
M. Boisclair: Bien, un congrès, c'est 300 jours, là. C'est compliqué. Comme je l'ai dit, je me sens libre, je ne suis pas engagé dans un débat personnel et, en toutes circonstances, ce que nous avons à l'esprit, les députés et moi, c'est l'intérêt supérieur du Québec et le rôle important que le Parti québécois peut encore jouer pour la démocratie québécoise, pour l'avenir du Québec. Ce ne sont pas des choses négligeables dont je parle. Le Parti québécois est une institution qui a donné énormément au Québec, des réformes connues, appréciées qui ont marqué l'histoire du Québec. Quand on a abordé les choses ces derniers jours, on avait aussi ça en tête, le rôle que le Parti québécois a joué dans l'histoire du Québec. Donc, nous ne réglerons pas l'avenir de notre parti, ses orientations après simplement deux jours de réunion d'un seul trait de plume. C'est pour ça que j'invite à nouveau les membres du Parti québécois, les gens dans les instances à faire équipe avec le caucus.
Journaliste: M. Boisclair, vous avez dit que vous vouliez présenter un nouveau Parti québécois, vous avez dit que vous alliez présenter de nouvelles orientations d'ici quelques semaines, vous venez de dire ça...
M. Boisclair: Quelques semaines?
Journaliste: C'est ce que vous avez dit. Corrigez-moi si ce n'est pas le cas.
M. Boisclair: Non, ce n'est pas le cas.
Journaliste: O.K. Mais éventuellement, d'une façon générale, là, par rapport au renouvellement du PQ, cette espèce de révolution que vous voulez faire au sein du parti, est-ce que vous avez l'appui unanime de votre caucus? Est-ce que tout le monde est d'accord que...
M. Boisclair: C'est clair. Sans aucune doute. Et j'apprécie l'intérêt que vous portez aussi à nos débats, mais je trouve remarquable... Je sais que, parfois, les gens du Parti québécois peuvent offrir pour la presse des débats intéressants qui vous mobilisent, qui mobilisent vos ondes et l'espace que vous avez dans vos quotidiens, mais je pense que celui qui est encore dans une situation encore plus difficile que la nôtre, c'est Jean Charest en ce moment. Le vote francophone s'est écrasé comme jamais au Parti libéral du Québec, puis un ou deux entrefilets comme ça dans les journaux entre deux manchettes.
Journaliste: Mais vous avez aussi manifesté votre intérêt pour faire progresser le dossier constitutionnel.
M. Boisclair: Oui.
Journaliste: Est-ce que ça, là encore - puis c'est pour ça que mon collègue faisait référence à l'affirmation nationale, parce que la collaboration avec l'ADQ sur le dossier constitutionnel, ça équivaut un petit peu à ça - est-ce que, là encore, les députés sont tous d'accord pour emprunter cette voie-là?
M. Boisclair: Il est clair qu'il y a un message qui doit être compris par M. Charest, c'est que le statu quo constitutionnel est inacceptable, qu'il a été rejeté. Puis M. Charest, lui, il a un vrai problème: il a été écarté par les francophones, il se retrouve dans un creux historique. Alors, la question qui se pose, c'est comment M. Charest va, lui, reprendre la discussion avec les Québécois sur ces questions, puis il aura énormément à puiser dans les débats que nous aurons à l'Assemblée nationale. Mais, sur le fond des choses, où nous logeons, soyons clairs, nous sommes des souverainistes.
Journaliste: M. Boisclair, vous aviez dit pour la campagne électorale que vous étiez prêt à avoir le couteau entre les dents.
M. Boisclair: Oui.
Journaliste: Comment maintenant vous qualifiez votre situation, dans le sens que vous entreprenez un voyage important, refaire l'unité du Parti québécois, alors qu'il y a déjà des membres qui contestent votre leadership? Là, je ne parle pas du caucus, mais des membres. Donc, est-ce que c'est un chemin de croix qui commence? Comment vous voyez ça?
M. Boisclair: Non. Après les deux jours de réunion qu'on a eus? Avec énormément d'enthousiasme, parce que je n'ai vu personne s'engager dans des procès d'intention, je n'ai vu personne dans les deux derniers jours essayer de trouver des solutions simples à des problèmes qui sont excessivement complexes. Il n'y a personne, là, qui est à la recherche d'une solution miracle au Parti québécois, il y a des gens qui ont le goût de travailler puis de travailler fort, puis j'en suis.
Journaliste: Mr. Boisclair, what have you said or heard from MNAs in your party that allows you to think you can continue until the next congress in 2009 without having to deal with these questions about your leadership?
M. Boisclair: We'll see what the schedule will be for the coming months. But what I saw is: after two days of discussion, the members, the MNAs of the Parti québécois are forming a real team, and my message to all the members of the Parti québécois all across Québec is to support your caucus. We have intelligent, competent, experienced people working with us, and I feel that it's appropriate for the members of the Parti québécois to join the members of the caucus in the debates we'll have in coming months, and the last thing we need is some people leaving the party because they wouldn't agree with whatever proposal or whatever analysis of the situation.
Journaliste: Is that the problem? I mean, is the problem that the base members right now is that what their concern is... Like, are you concerned about what Mr. Bélanger's resignation will mean?
M. Boisclair: Well, I'm concerned to see that people could go back to some previous behavior we've seen in the Parti québécois. I think that, when we don't disagree, the idea is not to leave. When we don't disagree, the idea is to engage debate. And the real courage is to face the reality and to face the vote of the majority. This is what I'll be doing as leader of the Parti québécois, and this rule applies also to all the members of the Parti québécois and all of those who have responsibilities inside the party.
Journaliste: Mr. Boisclair, the more radical members of your party are threatening to form another party. How do you react to that?
M. Boisclair: We'll see, you know, we'll see. But the fact is that it's much too early to make any decision. I want to say to all soverignists all over Québec that we are engaged in a real discussion inside the caucus of the Parti québécois, and taht we are nota fraid of doing the real work. We know what the reality is. But it's much too early to draw any conclusion. Because we are the Parti québécois, this party that gave so much to Québec, we feel, as members of the caucus, that we do ha«ve a real reaponsibility, that that goes much further than the results of the past election. And this is why I call on all members of the party to support the caucus...
Journaliste: Are you worried about the kind of message Mr. Edwin Bélanger's stepping down will send people?
M. Boisclair: That is his choice, it is his choice to leave. But I know that the real courage is not to leave and shut the door. The real courage is to engage in a debate. And I have a strong support of the members of my caucus on this issue.
Journaliste: What is the end result supposed to be of this debate?
M. Boisclair: Of?
Journaliste: Of this debate you're calling... What's the end result supposed to be?
M. Boisclair: Well, you know, we're engaging in the debate. Much too early to say.
Journaliste: There has to be a goal of some kind to this debate. What is it?
M. Boisclair: The goal for us is to see: How can we, as a party, without selling our soul, how can we move closer to the population? And that is the finality of the discussion, because even though we are... many of the members of our caucus have a lot of experience, are very competent, very knowledgeable about Québec, the fact is that we are not in power, right now, and the fact is that we need to move the party closer to the population. And this is what we will be doing.
Journaliste: Is there a risk that Quebeckers will finally loose patience with your party while you reinvent yourselves again one more time?
M. Boisclair: I fear that the danger for us it to... I think that one message that we need to understand very clearly is that Quebeckers are tired of seeing the members of the Parti québécois arguing amongst themselves on the public place. That is a clear message of the election, and this is why I've participated in a very interesting and responsible discussion. And this kind of... almost a tradition inside the Parti québécois where because someone has his own idea forgets about the situation of the team and the whole party, this behavior has to end. We're not involved anyone of us in personal debates, were involved in real debates and we want to do it with all the members of the Parti québécois and never, none of us and including myself, we will have our personal interest prevail on the interest of the party and the goals that we are fighting for.
Journaliste: One last question quick one.
M. Boisclair: ... en français.
Journaliste: One last quick question.
Une voix: ...
M. Boisclair: Si tu me poses la question.
Journaliste: On the concept of sovereignty, how much divergences do you think there is in the minds of sovereignists and to what that means sovereignty of Québec?
M. Boisclair: On what it means, no divergence at all.
Journaliste: Just in terms of how... you know, in terms of how far an independent Québec would go in creating ties with the rest of North America or the rest of Canada?
M. Boisclair: That is not the issue. That is not... It is not the issue. To tell you the truth, this question hasn't even been discussed or debated during the two days we had.
Une voix: Merci.
M. Boisclair: Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 5)