Point de presse de M. André Boisclair, chef de l'opposition officielle
Version finale
Friday, February 2, 2007, 16 h 32
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Seize heures trente-deux minutes)
Mme Maltais: Bonjour, tout le monde. Alors voilà. Le caucus du Parti québécois vient de se terminer. Des échanges très constructifs, tournés vers l'avenir et, je vous dirais même, des échanges qui, ce matin, ont suscité de l'enthousiasme des députés, bien sûr, mais des candidats et des candidates aussi qui s'étaient joints à nous. Je vous dirais que la famille s'agrandit, la famille est belle, elle est de qualité, et ça va continuer comme ça de belle façon puisque d'autres viendront.
Je vais laisser la parole à M. Boisclair, qui va aller plus en profondeur dans les sujets, sur le caucus et l'actualité. Il y aura ensuite M. Legault qui prendra la parole. M. Boisclair.
M. Boisclair: Merci, Agnès. C'est la première fois que je participe à un exercice de ce genre au Parti québécois où, de façon très ouverte, transparente, nous avons discuté de la plateforme électorale, non seulement avec les députés, mais les candidats qui, à ce jour, ont été choisis par les membres du Parti québécois.
Vous allez tous convenir que, depuis un certain temps, moi et d'autres au Parti québécois, on a mis une certaine pression pour que le Parti québécois se transforme, se renouvelle. Nous avons un objectif en tête, de faire en sorte que le PQ, qui se présente à la prochaine campagne électorale, le PQ de 2007, ne soit pas le Parti québécois de 2003. En ce sens, je veux dire aux Québécois,qu'on a bien compris les messages qu'ils nous ont envoyés à l'occasion de la dernière campagne électorale où nous nous sommes retrouvés, bien sûr, dans l'opposition et dans une situation assez assez difficile, entre autres dans la région de la Capitale-Nationale et dans la région de Chaudière-Appalaches.
Lorsque je prends la tête de ce parti, je m'engage, avec les membres de l'exécutif national, avec les députés puis avec des centaines de militants, à faire en sorte de transformer ce parti et à aller présenter une plateforme électorale qui soit en mesure de rallier une majorité de Québécois. Pour faire ce travail, nous sommes allés puiser dans ce que le Parti québécois a de mieux: ses valeurs, son histoire et les enseignements récents aussi à l'occasion de la campagne électorale. Je suis heureux de constater que la première consultation que je mène auprès des députés et des candidats a suscité certainement de l'enthousiasme. Et j'ai hâte de poursuivre ces consultations avec les militants du Parti québécois pour faire en sorte que cette plateforme soit adoptée, comme le prévoient nos statuts et règlements, dans un conseil national spécial, à la veille de la prochaine campagne électorale.
Quand je dis que nous sommes allés tirer dans les sources, dans ce que le Parti québécois a de mieux à offrir, j'ai eu l'occasion de rappeler à nouveau notre engagement clair à tenir un référendum sur la souveraineté du Québec. Nous avons discuté des travaux qui se sont faits et qui ont été nombreux, par des députés, par des spécialistes, par des gens que nous sommes allés consulter. Je pense au travail qui a été fait par Camil Bouchard, je pense au travail qui a été fait par Jocelyne Caron, je pense au travail qui a été fait par Sylvain Simard. Donc, nous avons été nombreux, ces derniers mois, dans l'ombre, de façon plutôt discrète, à mener ce travail, et c'est avec beaucoup d'enthousiasme, je pense, que cette proposition de plateforme a été reçue par nos députés, et je m'en réjouis, puis cela me donne véritablement de l'espoir pour le prochain rendez-vous électoral.
Vous me permettrez de m'exprimer sur certains sujets d'actualité. Je voudrais d'abord aborder la question d'Olymel pour dire qu'il s'agit là d'une situation excessivement délicate, qui dépasse le débat qui est celui de Vallée-Jonction. Je constate comme vous de très grandes disparités dans les échelles salariales qui sont versées aux différents travailleurs qui oeuvrent dans l'industrie de l'abattage. Mais il me semble que le gouvernement fait aujourd'hui fausse route en décidant de désigner un comité spécial qui ne veillera qu'à regarder la question de l'abattage. Je pense qu'il faut, au Québec, regarder l'ensemble de la situation et l'ensemble de la filière porcine, puisqu'à chacun des éléments de la filière, comme, pour reprendre l'expression utilisée aujourd'hui par la CSN, du grain au magasin, il y a plusieurs acteurs qui jouent dans cette filière et qui chacun ont un impact sur les coûts et sur les revenus de l'industrie.
Je demande au gouvernement du Québec d'élargir le mandat qui a été donné au comité ministériel. Je demande aux ministres eux-mêmes de se saisir de cette question et pas uniquement de faire en sorte que cette question soit reléguée entre les mains des sous-ministres, et je demande aussi au gouvernement du Québec des échéanciers clairs. Je n'ai pas entendu, de la part des représentants gouvernementaux, une volonté d'agir rapidement et de proposer aux gens qui oeuvrent dans l'industrie porcine des solutions qui soient, sur ces questions, durables.
Je suis particulièrement inquiet de la situation pour Chaudière-Appalaches. Je voudrais simplement vous indiquer que, si jamais il n'y avait pas de geste posé à court terme, ce que je remarque, c'est que, si les travailleurs devaient être relocalisés, ce serait une perte nette au niveau de la main-d'oeuvre pour l'industrie porcine et cela pourrait avoir des conséquences sur le très long terme, puisque nous pouvons croire que ces employés, dans une région où il y a une pénurie de main-d'oeuvre, pourraient être relocalisés dans d'autres secteurs de la vie économique.
Il me semble aussi qu'il est opportun, à ce moment-ci, de demander aux parties un nouvel effort de négociation. Je pense qu'on ne peut pas rester tout simplement les bras croisés et constater le cul-de-sac, et j'en appelle à nouveau aux parties. J'ajoute ma voix à celle de nombreux observateurs qui souhaitent qu'il y ait une négociation de la dernière chance sur ces questions.
Je veux vous dire aussi qu'aujourd'hui j'ai été particulièrement préoccupé par la publication du rapport du GIEC sur la question des changements climatiques. J'ai entendu les commentaires du premier ministre. Je note qu'il est encore incapable de demander au gouvernement fédéral, de façon claire, de changer de position sur la question des changements climatiques. Le gouvernement fédéral continue à tergiverser sur cette question. Nous sommes en retard sur les échéanciers qui étaient prévus à la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Par exemple, il n'existe pas encore de registre national d'émission des gaz à effet de serre, ce qui devrait pourtant exister.
Et je continue de plaider pour que, au-delà des mesures volontaires qui sont annoncées par le gouvernement du Québec, il y ait au Québec une loi sur les changements climatiques qui permette véritablement d'assurer une réduction des gaz à effet de serre dans le sens où le Protocole de Kyoto l'entend. C'est faisable, cette loi. Déjà, le gouvernement du Québec a mis sa signature sur un document qui à certains égards est plus contraignant que le Protocole de Kyoto. Je fais référence à cet égard à l'entente qui a été signée par le premier ministre du Québec et les gouverneurs du Nord-Est des États-Unis qui s'engagent à aller chercher, sur une plus longue période, des objectifs de réduction qui sont encore plus exigeants que ceux du Protocole de Kyoto. C'est donc dire que c'est faisable. Il me semble que l'Assemblée nationale devrait statuer sur une loi de mise en oeuvre au Québec du Protocole de Kyoto et en particulier sur la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Finalement, je suis déçu des propos du gouvernement de M. Charest qui, en réaction à l'annonce qui a été faite par le gouvernement fédéral au sujet de l'octroi de contrats militaires à Boeing, nous a dit, de Paris, qu'il avait consulté le premier ministre M. Harper, il nous a dit avoir parlé au ministre fédéral de l'industrie, mais je constate, comme tout le monde, qu'à cet égard, le premier ministre est incapable de donner des garanties claires aux Québécois qu'il y aura des retombées chez nous de ce contrat. Nous ne voulons pas d'un premier ministre qui se comporte comme un seul lobbyiste, nous voulons un premier ministre qui est capable de livrer la marchandise et je souhaite que le plus rapidement possible il soit en mesure de nous dire quelles sont les retombées pour le Québec de cet important contrat et je pense que sur cette question M. Legault voudrait rajouter quelques mots.
M. Legault: Oui. Bon. D'abord, vous dire, comme vous le savez, l'industrie aéronautique, c'est très important au Québec, on parle de plus de 40 000 emplois. C'est une industrie qui est autour d'une entreprise qu'on connaît tous qui est Bombardier. Or, ce qu'il faut comprendre, là, c'est qu'actuellement, Bombardier, vous le savez, est en train d'examiner la possibilité de construire des avions un peu plus grands, ce qu'on appelle la Série C, ces avions seraient en compétition avec Boeing. Donc, il faut comprendre cette dynamique-là, il faut comprendre que Boeing n'a pas intérêt, lorsque cette entreprise va choisir ses fournisseurs, à venir renforcer les fournisseurs de Bombardier au Québec. Et ce qui est factuel, c'est que Boeing a beaucoup plus de ses fournisseurs au Canada qui sont en Ontario et dans l'Ouest du Canada qu'au Québec. Or, quand moi, j'entends, là, face à une décision aussi stratégique, aussi importante, 3,4 milliards, ce n'est pas souvent, là, qu'un gouvernement donne un contrat de cette taille-là, tous les gouvernements dans le monde qui donnent des contrats de cette taille exigent, surtout quand c'est un contrat sans appel d'offres, de gré à gré, exigent, mettent des conditions sur les retombées économiques. Or, actuellement, là, tout ce qu'on entend de la part de notre premier ministre Jean Charest et de Raymond Bachand, c'est qu'ils ont fait des représentations, c'est encore ça qu'ils disaient il y a quelques minutes, or le contrat a été annoncé, a été donné sans qu'il y ait de garantie de retombées au Québec. C'est critique pour l'industrie aéronautique au Québec et je pense que c'est irresponsable. Et moi, je vous dirais, là, que Jean Charest et Raymond Bachand, là, auraient dû mettre beaucoup plus d'énergie là-dessus que de donner des bonbons électoraux comme ils font depuis quelques semaines. Mais il faut agir et c'est inacceptable, la situation qu'on vit avec Boeing.
Journaliste: M. Boisclair, vous proposez, vous souhaitez réduire le fardeau fiscal des entreprises. Est-ce que, par équité, vous allez réduire les impôts des particuliers?
M. Boisclair: Les éléments de la plateforme ont fait l'objet d'une première consultation et cette plateforme sera connue en temps et lieu.
Journaliste: Mais les impôts des particuliers seront-ils réduits? Vous, qu'est-ce que vous souhaitez?
M. Boisclair: Cette plateforme sera connue en temps et lieu. C'était une première discussion que nous avons eue. Il me reste encore... J'ai bien hâte, demain, d'engager une discussion avec les militants du parti et j'ai bien hâte de présenter notre plateforme à l'opinion québécoise, et à la presse en particulier.
Journaliste: Pensez-vous que cette plateforme là va calmer justement la grogne qui est dans la base militante de certains comtés que vous allez rencontrer demain? Est-ce que cette présentation-là va pouvoir vous permettre de mettre un terme à cette...
M. Boisclair: Bien, je pense que les membres du Parti québécois vont voir la qualité du travail qui a été fait par des dizaines de députés, par nombreux de nos conseillers. Demain, en particulier, les gens vont voir le résultat de nos efforts et je pense qu'ils seront très contents de voir les éléments de contenu.
Je pense que le défi pour nous, j'ai bien saisi, à travers les difficultés qui ont été les miennes en particulier ces derniers jours, ce que les membres m'ont demandé, ce que les officiers du parti m'ont demandé, c'est: Est-ce que tu peux, André, au-delà de la pression que tu mets sur le parti, au-delà d'exprimer le désir de changement, est-ce que tu peux exprimer la direction et est-ce que tu peux nous dire clairement où on va? Ce sera quoi, le nouveau Parti québécois? Ce sera quoi, une social-démocratie contemporaine? Ce sera quoi, les changements qu'on va proposer, qu'on va porter, nous, au Parti québécois?
Au premier chef, les députés étaient nombreux à vouloir savoir de façon claire où on allait, et c'est ce qu'on a livré aujourd'hui. C'est le résultat de mois de travail mené par plusieurs députés, mené par de nombreuses personnes, aussi, de l'extérieur, et je suis content de constater que cette première consultation a soulevé l'enthousiasme des membres du Parti québécois.
Journaliste: ...nouveau Parti québécois, est-ce que ça ne va pas attiser justement l'insatisfaction qui est déjà perceptible chez les militants qui sont plus ou moins associés aux centrales syndicales?
M. Boisclair: Je pense qu'il doit être clair que ce recentrage s'appuie sur ce que le Parti québécois a de mieux à offrir. Ce n'est pas quelque chose d'improvisé. On n'a pas fait tabula rasa, loin de là. Mais on est allé chercher ce que le PQ a de plus riche dans ses valeurs, on est allé prendre ces valeurs, puis on les a ajustées, puis on a fait en sorte d'intégrer à nos propos des messages qui nous ont été envoyés par des milliers de Québécois ces dernières années. Et, entre autres, le fait que, en 2003, nous nous sommes retrouvés d'abord dans l'opposition, et dans certains circonscriptions au Québec nous nous sommes retrouvés en troisième position, donc, il est clair que je ne pouvais pas, moi - et c'était là un des engagements les plus fondamentaux que j'ai pris à travers la course au leadership - je ne voulais pas diriger un parti à la prochaine campagne électorale qui allait reprendre les mêmes formules qu'en 2003. Et c'est ce que souhaitaient les membres du Parti québécois, et je pense que cette première consultation menée auprès des députés nous indique que nous sommes sur une bonne voie, que nous avons toujours ce que le Parti québécois a de mieux à offrir dans ses valeurs, mais que nous sommes aussi capables de le moderniser dans le sens où la population québécoise le souhaite.
Journaliste: M. Boisclair, vous dites que vous voulez mettre au point la plateforme électorale. Êtes-vous prêt pour une élection qui serait déclenchée la semaine prochaine?
M. Boisclair: Bien sûr.
Journaliste: Parlant des valeurs québécoises, pourriez-vous préciser votre pensée quand vous parlez de social-démocratie contemporaine? En quoi est-ce que ça peut trancher de la social-démocratie classique, hein, de la social-démocratie telle qu'on l'a toujours conçue? De façon plus précise.
M. Boisclair: Je pense que, dans les deux cas, ce qui va réunir les membres du Parti québécois c'est d'abord et avant tout un propos sur la justice et que, à partir de cet idéal où il y a encore des espaces de liberté à conquérir pour le Québec, je pense aux personnes plus vulnérables, je pense à la contribution des femmes à la vie publique et à leur place sur le marché du travail, je pense aux difficultés qui se vivent - on le voit encore dans l'actualité - par des travailleurs qui ont de la difficulté à se reclasser dans un marché du travail qui est devenu excessivement complexe, donc, nous sommes toujours à la recherche de plus grande justice pour le Québec.
Mais, l'effort nouveau que nous voulons consacrer au Québec, là où nous voulons nous mobiliser, c'est autour du thème qui est celui de l'éducation. Je pense qu'il est temps qu'au Québec nous reprenions les efforts nécessaires pour que nous ayons chez nous, en Amérique du Nord, une des main-d'oeuvre les mieux formées et que nous puissions compter sur nos meilleurs scientifiques pour contribuer à l'enrichissement du Québec entier.
Journaliste: Mais, M. Boisclair, c'est très général, c'est des valeurs universelles. Je vous demande, concrètement, en termes de politiques publiques, en quoi justement cette social-démocratie là peut justement se démarquer de ce qu'on a connu dans le passé, du Parti québécois de 2003 justement, dont vous voulez vous démarquer?
M. Boisclair: Nous allons faire de l'éducation le thème numéro 1 de notre campagne. Et c'est un pari qui est nouveau au Parti québécois. Quand on voit le vent froid de la mondialisation, quand on voit que des pêcheurs en Gaspésie sont inquiets de voir des emplois disparaître du fait que des Japonais ont fait le choix d'acheter du crabe en Russie plutôt que chez eux, que ça pose des vraies questions d'emploi chez eux, quand on voit la crise que nous avons traversée dans le secteur forestier, si nous voulons être capables de passer à travers ces difficultés, il nous faut investir davantage du côté de l'éducation, de la petite enfance jusqu'à l'éducation aux adultes, et le pari que nous prenons pour la prochaine campagne électorale c'est de faire de l'éducation notre première priorité.
Je pense qu'en cela il y a un changement significatif par rapport aux priorités qui étaient celles...
Journaliste: Le thème premier ne sera pas la souveraineté, donc?
M. Boisclair: J'ai toujours bien indiqué...
Journaliste: Vous avez dit que le thème premier était l'éducation et non pas la souveraineté.
M. Boisclair: Voilà. Mais j'ai toujours bien indiqué - et je vous donne la même réponse - qu'il est clair que nos priorités vont tourner autour de l'éducation, de l'environnement et du développement économique, et que si vous voulons atteindre nos objectifs, qu'il nous faut la souveraineté. En somme, si on veut être un bon gouvernement au Parti québécois, il nous faut la souveraineté du Québec et que nous allons harnacher l'énergie qui nous vient avec la souveraineté, les ressources, les compétences et les pouvoirs qui viennent à la souveraineté pour les mettre au service de ces priorités.
Journaliste: Mais l'éducation est déjà de compétence provinciale, vous n'avez pas besoin de la souveraineté pour exercer tous vos pouvoirs en éducation.
M. Boisclair: Bien, regardez tout simplement tout le débat alentour des paiements de transfert. On n'a pas encore rétabli les niveaux de financement des études post-secondaires à ce qu'ils étaient avant les compressions. Il y a une question de sous, il y a une question de ressources et c'est clair que la souveraineté, ce n'est pas uniquement un transfert de compétences législatives, mais c'est aussi un transfert de ressources.
Journaliste: M. Boisclair, Pierre Curzi nous dit que le crucifix fait partie de la culture québécoise.
M. Boisclair: Pardon?
Journaliste: Pierre Curzi nous dit que le crucifix fait partie de la culture québécoise. J'aimerais savoir ce qui vous dérange encore dans la présence du crucifix à l'Assemblée nationale?
M. Boisclair: Je n'ajouterai pas à ce que j'ai déjà dit sur cette question et qu'il soit clair que le crucifix qui est à l'Assemblée nationale est là pour rester.
Journaliste: Mais vous n'aviez pas exprimé une opinion contraire? Vous n'aviez pas exprimé une opinion personnelle contraire?
M. Boisclair: J'ai dit tout ce que j'avais à dire sur cette question.
Journaliste: Pourquoi avoir tardé et tarder encore à dévoiler des éléments de la plateforme? Parce que vous savez, vous êtes conscient, j'imagine, que dans le public on se dit: On ne connaît pas encore les positions de M. Boisclair, on ne connaît pas encore ses idées. Donc, vous êtes conscient de ça, pourquoi ne pas avoir accéléré un peu ou dévoilé les éléments pour que les gens sachent où vous allez?
M. Boisclair: Bon, d'abord, là, replaçons les choses. Le Parti québécois a un programme et le Parti québécois a existé bien avant André Boisclair, donc je pense que les Québécois savent, de façon générale, où loge le Parti québécois sur ses valeurs et cela demeure quelque chose de fondamental que j'essaie aujourd'hui de porter. Donc, les gens savent où loge le PQ. Nous sommes le parti de la souveraineté nationale, nous sommes le parti du monde, nous sommes le parti qui a fait naître l'économie sociale au Québec et qui l'a soutenue comme aucun autre, nous sommes le parti de l'équité salariale, nous sommes le parti de la lutte au déficit zéro, nous sommes donc le parti qui a marqué l'histoire contemporaine du Québec, les Québécois savent qui est le Parti québécois.
Nous sommes aussi, depuis que j'ai la charge de ce parti, nous avons approfondi notre pensée de façon claire, ouverte et transparente sur la question de l'éducation où on a arrêté une série de positions et de priorités, qui seront d'ailleurs pour l'essentiel reprises dans notre plateforme. Nous avons aussi consacré du temps et de l'énergie sur la question de l'environnement.
Alors, le Parti québécois, là, c'est quand même assez clair où il loge. La saison des idées, un programme, un conseil national thématique sur l'éducation, un autre sur l'environnement et une plateforme qui est maintenant prête. J'apprécie qu'on me pose toutes ces questions, mais je ne sache pas que M. Charest ait dévoilé quelconque des éléments de sa plateforme électorale. Je ne sache pas que M. Charest nous ait dit de quelle façon il voulait régler le problème qui persiste au Québec alors qu'on va célébrer bientôt le 25e anniversaire du rapatriement unilatéral de la Constitution. Je ne sache pas que M. Charest nous ait présenté une plateforme qui nous dirait ce qu'il ferait sur la question de l'avenir des régions. Je ne sache pas que M. Charest nous ait proposé un plan de redressement de l'économie québécoise. Alors, il y a une campagne électorale qui va nous permettre d'engager ces discussions.
Et, quand je vois que... Les plateformes, vous savez un peu ce que c'est. Ce que les Québécois souhaitent, là, ils souhaitent une confrontation d'idées, ils souhaitent voir un Parti québécois qui a des idées originales, nouvelles, capables de rallier les gens. Puis ce n'est pas en lançant une plateforme électorale comme ça, à des semaines de la prochaine campagne électorale, qu'on va remobiliser les gens. Qui se souvient de la plateforme électorale de M. Dumont, lancée avant Noël? Ça a duré une journée dans les journaux. On a parlé de certains éléments, celui de... le plus controversé, celui de la sécurité du revenu, puis c'est tombé comme une roche à l'eau.
Journaliste: ...M. Boisclair. M. Curzi, pour en ajouter un, dit que les néo-Québécois, les immigrants qui viennent ici doivent s'accommoder à la société d'accueil et qu'il faut prendre une position ferme comme nation face aux néo-Québécois, même s'il faut également manifester un esprit d'ouverture.
M. Boisclair: Je partage entièrement cette opinion. Il faut qu'il soit clair qu'il y a, au-delà des convictions religieuses des uns et des autres, au Québec, des principes fondamentaux. Ces principes sont contenus à notre Charte québécoise des droits et libertés. Certains de ces éléments sont contenus dans d'autres lois, pensons...
Journaliste: ...les droits de la Charte, vous parlez beaucoup de la Charte.
M. Boisclair: Oui.
Journaliste: Donnez-nous des exemples concrets de ces droits, dans la Charte, qui sont à votre avis... qui doivent prévaloir sur tout le reste.
M. Boisclair: L'égalité entre les hommes et les femmes est un bel exemple de droit qui est fondamental, contenu à la Charte québécoise des droits et libertés. Prenons l'exemple de la protection qui est faite aux enfants, contenu non seulement à la Charte, mais contenu et repris dans des lois particulières comme le Code criminel. Ce sont là des valeurs fondamentales. Cette Charte aussi prévoit une série de mesures qui permettent à tous les citoyens de participer au développement de la société québécoise. C'est ainsi que des droits comme la liberté d'expression, la liberté d'association sont contenus à la Charte québécoise des droits et libertés. Cela fait partie d'un patrimoine de droits et de responsabilités. Et, qui qu'on soit au Québec, nés à l'étranger, nés ici, d'une religion ou d'une autre, d'une couleur de peau ou d'une autre, d'un sexe ou d'un autre, d'une orientation sexuelle ou d'une autre, nous avons tous ces mêmes droits et ces mêmes responsabilités. Et ce patrimoine de droits et de responsabilités, dans mon esprit, est non négociable.
Journaliste: Peut-être une dernière. Vous vous attendez à quoi, demain, à votre conférence avec les présidents? Est-ce que vous vous attendez à une confrontation ou une répétition de cette semaine?
M. Boisclair: Je vous ai dit que je ne... On verra, mais je vais vous dire que j'ai fait beaucoup de téléphones et je pense que le travail qui a été fait avec les députés, hier et aujourd'hui, me permet d'envisager des discussions constructives.
Journaliste: M. Boisclair... re-centering the party. What does that mean, exactly? And do you wish to move closer to businesses?
M. Boisclair: No, that's not getting closer from a group of people or further from a group of people. The idea is to make sure that the Parti québécois that will be campaigning in the coming weeks won't be the same PQ that campaigned in 2003. In 2003, we got a strong signal from the population. We went from power to the opposition and, in a few ridings, not only did we lose the riding but we finished in third place. And it is the case in particular with many ridings in Québec and in Chaudière-Appalaches. So the Parti québécois listened to the people. We understood the message that was sent, at the last electoral campaign, and I think that we now have a platform that will make us believe that we can win the confidence of the people and correct the difficult situation we passed in 2003.
Journaliste: What does re-centering mean? Does it mean moving closer to the center, moving perhaps more to the right?
M. Boisclair: Well, you'll see what will be the content of the platform, but it's clear for me that our focus must be, in Québec, put on education and in a broad sense, from the services offered to the young kids to the person working who still needs continuing training. So, I see education in a very large way. So, it's clear for me that re-centering the party means putting the education as the most important priority for Québec. I think also that we need to focus on new strategies to create growth in Québec. I feel that the economic situation that we're going through is very difficult in Québec. The GDP is not growing at a fast pace. We're one of the last provinces in Canada, when we compare ourselves. I'm very afraid of the situation of private investment in Québec, where Ontario situation is growing much faster than it is in Québec, and the personal income available to people in Québec is growing much slower in Québec than it is elsewhere in Canada. This tells me that we need to focus on a strategy of growth for Québec and the Parti québécois, we have clear proposals on the table.
Journaliste: How challenging do you find it to modernize this party?
M. Boisclair: This is what leadership is all about, and it's my job. And sometimes it's tough, sometimes it's easier, but this is my job to make sure and to tell to the population of Québec that we've understood the message that was sent in 2003 and to make the necessary changes inside the party to gain the trust of the people.
Journaliste: So what aspects of the platform from 2003 do you have to draw in order to gain the confidence of Québeckers?
M. Boisclair: Well, you'll see our platform in... you'll see our coming platform and you'll be able to make the...
Journaliste: I can understand why you have to show the platform to the Members of the National Assembly and to the presidents of the ridings to sort of get them on side, but when are you going to be confident enough to show it to us?
M. Boisclair: Well, you know, I appreciate all the interest you show for our platform, but the fact is that Mr. Charest hasn't shown any elements of his platform. So, you know, we're going through a very difficult economic time, and what will Mr. Charest be proposing? Mr. Charest hasn't been able to meet his objectives on health care. What will be in his platform? In the coming year, we'll be celebrating the 25th anniversary of the unilateral repatriation of the Constitution. What is the platform of Mr. Charest? So I appreciate your interest, but I'm doing my job.
I'm very happy to have been able to present myself to the members of my caucus and to the candidates. The results of months of hard work have been done by people from the outside, people from the party, people from the caucus, and we're very proud of the results, and I think that the members of the Parti québécois will also appreciate the elements of this platform.
Journaliste: ...in 2003? What was the message that you've heard and you understand now?
M. Boisclair: Well, you know, the idea is not... we've done this analysis and we've done that in 2003 and we've still been reflecting on the difficulties we had in 2003. I think that Québeckers now want to know what will be our objective for the coming campaign. I think that I'm taking a very interesting stand when I'm saying that the challenge for Québec, for the next electoral campaign, will be education.
I feel that we need to support, to have a new plan to support growth in Québec. I'm scared about the situation of the economy right now. Investment is low, GDP is not growing as fast as it should be, jobs that are created are not always jobs of good quality, even though we have a very low unemployment rate. These are all elements that are in the preoccupation of Québec families. And we'll be discussing other subjects and this will all be in our platform. And let me assure you that as an ex-minister of Environment, environment also will be the key. I think that it's time for political leaders to stop the opposition between economics and the environment and I think that we have a terrific occasion in Québec to have a new economic development, strategy that will be supported on the best principles of sustainable development.
Merci beaucoup.
(Fin à 17 heures)