(Neuf heures quarante-trois minutes)
M.
Hamad
:
Alors, bon matin. Je suis ici ce matin pour vous dire que je veux me battre
pour défendre mon intégrité. Je n'ai rien à me reprocher.
Vendredi dernier, à la suite de la
diffusion du reportage d'Enquête dans lequel des allégations me
concernant étaient véhiculées, j'ai demandé au Commissaire à l'éthique de faire
toutes les vérifications nécessaires afin de faire la lumière sur la situation.
J'ai assuré mon entière collaboration au commissaire. J'ai également choisi de
me retirer temporairement de mes fonctions ministérielles, le temps que le
commissaire réalise son enquête. J'ai aussi défendu mon intégrité et plaidé mon
innocence sur plusieurs tribunes. Je souhaitais que la situation ne devienne
pas une distraction pour l'action gouvernementale et le premier ministre; force
est d'admettre que j'en suis devenu une. C'est pourquoi aujourd'hui j'ai
convenu avec le premier ministre de siéger comme député de Louis-Hébert sans
aucun autre privilège.
Dans les derniers jours, les allégations
ont pris la forme des accusations. Mon départ pour l'extérieur du Québec a été
une décision guidée par l'émotion. Quand on se sent si injustement visé, quand
on s'attaque à notre réputation et notre intégrité, on souhaite prendre une
certaine distance. J'étais en colère, et la colère est une mauvaise
conseillère. Je peux comprendre que ça ait pu soulever l'indignation à la population,
mais ce n'était pas ce que... je vous assure, ce n'était pas mon intention.
Le reportage met en scène des amalgames et
des raccourcis. J'estime n'avoir rien à me reprocher. Je n'ai pas à prendre la responsabilité
des courriels dont je ne suis pas l'auteur. Je comprends, par contre, que les Québécois
veulent des réponses. C'est pourquoi je réitère aujourd'hui les éléments
suivants : d'aucune façon, d'aucune façon l'entreprise a reçu un
traitement de faveur ou des informations privilégiées, son projet a été évalué
au mérite et en fonction des paramètres, des ratios d'aide financière qui
dictent les programmes du ministère. Comme ministre et député, je fais avancer
les dossiers. Tous les dossiers qui pouvaient être structurants pour le
Québec... Aujourd'hui, on me parle de Premier Tech, mais j'ai défendu avec
autant de vigueur d'autres projets porteurs au Québec dans toutes les régions
du Québec.
Il est vrai que j'ai pu discuter de ces
dossiers avec le représentant de l'entreprise. Je l'ai fait sans jamais briser
le secret entourant la délibération du Conseil du trésor ou du Conseil des
ministres. C'est le même niveau d'information que je donne à un député
ministériel ou un député d'opposition qui vient s'informer sur l'état
d'avancement d'un projet dans son comté.
Même si la loi ne prévoit pas l'obligation
de le demander, je conviens toutefois que j'aurais dû, si ces personnes
n'étaient pas dûment inscrites au Registre des lobbyistes, leur en rappeler
l'obligation. Avec ou sans M. Côté, ce projet a été foncièrement bon pour
l'économie du Québec, surtout à l'heure où on débat de l'importance de
maintenir et de consolider nos sièges sociaux — imaginez ceux qui se
trouvent en région. Le projet a été analysé sur son mérite, point à la ligne,
le reste devient des insinuations.
Concernant les allégations liées au
financement politique, je n'ai jamais sollicité ces personnes. Elles ont choisi
de faire une contribution de leur propre initiative, je m'attends à ce qu'elles
aient respecté les lois en vigueur. Tenter d'associer un quelconque financement
politique derrière mon devoir ministériel est non seulement inexact, mais
mensonger.
Enfin, je m'attends à ce que mon personnel
politique effectue le suivi approprié de ces dossiers, que ce soit avec une
municipalité, une entreprise ou des organismes communautaires, dans les
dossiers qui les concernent. C'est d'ailleurs son rôle de le faire. Pour le reste,
mais surtout par respect pour le Commissaire à l'éthique, qui est chargé de se
pencher sur ce dossier, je ne ferai pas d'autres commentaires. Tous les
citoyens et citoyennes ont le droit à la présomption d'innocence, pourquoi pas
moi?
Je comprends que les partis d'opposition
jouent le jeu de tirer à boulets rouges sur le gouvernement. La justice est un
principe élémentaire. Laissons le Commissaire de l'éthique faire son travail.
Une fois que vous aurez en main son rapport, vous pourrez alors tirer les
conclusions.
Quand on siège à l'Assemblée nationale,
nous sommes d'abord et avant tout députés. Pour moi, c'est un immense privilège
et un honneur de représenter les citoyens et citoyennes de Louis-Hébert depuis
13 ans. Je continuerai de faire entendre leur voix à l'Assemblée nationale.
En terminant, à 20 ans, j'ai traversé
l'Atlantique avec une valise à la main et je suis fier de ce que j'ai réalisé
depuis. Je ne laisserai personne porter atteinte à ma réputation, à mon
intégrité et à mon honneur. Je n'ai rien à me reprocher et vais me défendre
jusqu'au bout.
Vous comprendrez maintenant, pour
collaborer pleinement à l'enquête du commissaire, je dois me limiter à cette
déclaration et je ne ferai pas d'autres commentaires. Merci.
Journaliste
:
Allez-vous siéger, M. Hamad?
Journaliste
:Mr. Hamad, why aren't you suing Radio-Canada?
(Fin à 9 h 49)