(Dix heures cinq minutes)
M.
Lessard
:
Alors, merci beaucoup. Aujourd'hui, je suis accompagné de mes collègues, donc
Geoffrey Kelley qui est responsable aux Affaires autochtones et de David Heurtel
qui est le ministre responsable du Développement durable, de l'Environnement et
de la Lutte aux changements climatiques. Donc, comme ministre des Forêts,
j'annonce aujourd'hui, avec mes collègues, le plan d'action gouvernemental pour
l'aménagement du caribou forestier.
Juste une petite mise en contexte. Depuis
2005, on le sait, le caribou est classé, donc, comme une espèce vulnérable en
vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables au Québec. C'est donc
de la responsabilité du gouvernement d'agir ensemble, donc dans cette
situation, et ce que nous faisons aujourd'hui, donc, pour l'espèce, par
l'espace puis au bénéfice des communautés.
Pour améliorer la situation de cette
espèce, donc, nous avons donc élaboré un plan d'action pour l'aménagement de
l'habitat du caribou forestier. Ce plan d'action prévoit donc le maintien de
composantes essentielles à l'habitat du caribou. Ça consiste à concentrer, donc,
la majeure partie des efforts de protection sur des éléments clés de l'habitat
du caribou forestier là où les chances de succès sont les meilleures. On
protège les espaces qui nous offrent les meilleures chances de succès pour les
espèces.
La protection du caribou forestier
représente en soi le plus grand défi d'aménagement durable au Québec, et aujourd'hui
c'est avec fierté que nous livrons, donc, les grandes lignes de ce plan d'action.
C'est un plan d'action en deux volets : un plan d'action immédiat,
mobilisateur puis un plan d'action aussi qui vise le long terme. La protection
de l'espèce doit se faire, donc, en équilibre aussi avec le développement
durable des communautés, des régions qui sont concernées, donc, et ça demeure
donc notre priorité. C'est pourquoi nous présentons aujourd'hui le plan.
Donc, j'annonce aujourd'hui, donc,
l'ajustement de la limite nordique des forêts attribuables, conformément aux recommandations
du comité scientifique qui a été dirigé et coprésidé par Yves Bergeron de l'Université
du Québec en Abitibi et Robert Jobidon, directeur de la recherche forestière au
ministère. J'annonce aussi la protection de 90 % des forêts intactes au
Québec, l'intensification de la surveillance par les agents de protection de la
faune, et la sensibilisation des milieux à la précarité de l'espèce, et la mise
en place de mesures régionales dans la forêt boréale.
Donc, la première mesure, c'est la limite
nordique. En fait, le nouveau tracé de la limite nordique est un puissant outil
de protection de l'habitat du caribou forestier. Je tiens à vous le rappeler,
nous sommes le seul État forestier au monde à avoir une limite qui a un statut
légal. C'est majeur et unique. Pourquoi? Parce que cette limite-là indique donc
qu'au-delà de cette limite on protège 75 % de l'habitat du caribou
forestier qui est au-dessus de cette limite-là, et l'autre 25 %, pour
lequel on a des mesures d'atténuation d'impacts, se situe en dessous de cette
limite.
Deuxièmement, la protection des forêts
intactes. Quant à la protection de ces forêts, donc, qui est un concept de
protection et de... pour les certifications, cet enjeu est complémentaire,
favorise la protection du caribou forestier et la reconnaissance des
certifications internationales. Ces certifications sont importantes pour le
plein développement de l'industrie forestière au Québec. Le Québec protège plus
de 90 % de ses forêts intactes, et, en ce sens, nous sommes un leader
mondial. J'ai eu la chance de le répéter lors de notre présence à Bonn, lors
d'un congrès de FSC international.
Troisième mesure, qui est la surveillance
et l'éducation. On sait tous que depuis 2001 il est interdit... la chasse au
caribou forestier est complètement interdite, mais nous notons quand même qu'il
y a une préoccupation concernant le braconnage qui a été observé. Alors, les
agents de la faune, de la protection auront donc de nouvelles stratégies pour
lutter contre le braconnage et nécessairement sensibiliser les Québécois à la
précarité de l'espèce.
Quant aux mesures régionales, qui est le
quatrième point, donc, on dit... ça comprend donc aussi un plan d'action en ce
volet. Et, pour nous en parler, donc, j'invite donc le ministre de
l'Environnement et Développement durable à vous élaborer ces éléments de ce
plan. Merci.
M. Heurtel : Merci, Laurent.
Geoff. Bonjour à toutes et à tous. Alors, c'est un grand plaisir pour moi de
participer à cette annonce pour préserver une espèce animale vulnérable, le
caribou forestier. Une fois de plus, nous unissons nos efforts pour travailler ensemble
et rallier nos forces afin de rétablir un équilibre pour aider à la sauvegarde
du caribou forestier, l'espèce emblématique de notre forêt boréale, cette forêt
qui est aussi le poumon du Québec.
Comme vous le savez, le gouvernement du Québec
a pris des engagements fermes en matière de conservation, soit consacrer 50 %
du territoire du Plan Nord à des fins autres qu'industrielles, à la protection
de l'environnement et la sauvegarde de la biodiversité, soit
600 000 kilomètres carrés. À titre d'exemple, cela représente un
territoire plus grand que la France continentale et deux fois l'Italie. De
plus, les orientations stratégiques du Québec en matière d'aires protégées,
adoptées en 2011, indiquent clairement la nécessité de protéger de grands
territoires conformes aux exigences de conservation d'espèces particulières comme
le caribou forestier.
Le Nord est la région la plus rapidement
touchée par divers stress climatiques. Les bouleversements que nous constatons
déjà dans le Nord-du-Québec nous envoient un véritable signal d'alarme. C'est
pourquoi il est important de protéger ce territoire et sa forêt boréale qui
constitue un important réservoir de carbone terrestre et joue un rôle important
dans la stabilisation du climat et la séquestration naturelle du carbone.
Un projet de recherche de l'équipe du centre
de recherche en géochimie et géodynamique de l'Université du Québec à Montréal,
dont nous avons rendu publics les résultats préliminaires en octobre dernier, a
mis en lumière l'importance des régions nordiques qui contiennent les stocks de
carbone organiques mondiaux les plus élevés, concentrés principalement dans les
écosystèmes forestiers et tourbeux. Plusieurs organismes internationaux comme
le GIEC reconnaissent maintenant le rôle fondamental que jouent ces écosystèmes
dans la séquestration du carbone et, par conséquent, dans l'atténuation
naturelle des changements climatiques.
Le Québec doit donc être en mesure de
saisir les occasions d'innover et d'agir avec cohérence pour répondre aux défis
que représentent les changements climatiques, à la protection de la nature,
mais aussi aux préoccupations des populations locales et des communautés
autochtones qui habitent le Nord. C'est pourquoi, en plus de favoriser
l'aménagement durable du Québec, la création d'aires protégées représente un
moyen efficace de lutter contre les changements climatiques. C'est aussi l'un
des meilleurs moyens d'agir concrètement afin de préserver davantage d'espace
pour les populations de caribous. C'est en diversifiant nos actions en matière
de conservation et d'utilisation durable des ressources du territoire que nous
arriverons à maintenir de vastes espaces en forêt boréale, espaces propices aux
exigences du caribou. Le plan d'action annoncé aujourd'hui démontre l'intention
de notre gouvernement d'avancer dans cette voie. Nous avons déjà fait un
premier pas quand nous avons annoncé, en juillet dernier, la protection de
plusieurs territoires dans le secteur de la rivière Broadback. Il faut donc
continuer.
La mesure que j'annonce aujourd'hui vise
cette fois les régions du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord et
concerne — je suis fier de l'annoncer — l'intention de
notre gouvernement d'adapter la planification forestière pour constituer un
vaste espace pour le caribou forestier dans le secteur des montagnes Blanches
situé dans les régions du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. J'annonce
donc que nous allons travailler ensemble à la création d'une grande aire
protégée caribou dans le secteur des montagnes Blanches.
Les travaux avec nos collègues des
ministères et les partenaires régionaux et autochtones avancent. Délimiter
cette très grande aire protégée en tenant compte des préoccupations de tous
comporte ses défis. L'affectation du territoire à des fins de conservation
exige de prendre le temps nécessaire pour dégager les consensus auprès de tous
les intervenants et de la population qui vit sur le territoire. C'est cela,
appliquer les principes du développement durable, mais nous y arriverons, j'en
suis certain.
Comme le répète notre premier ministre, ce
qui est bon pour l'environnement est aussi bon pour l'économie. Créer des aires
protégées ne vise pas uniquement les objectifs environnementaux ou de
conservation de la biodiversité. Cela répond aux préoccupations maintes fois
répétées des communautés autochtones sur les plans social et culturel. Le
bien-être de la population et la prospérité économique du Québec dépendent d'une
foule de services écologiques offerts par la nature. Les changements
climatiques amènent des modifications importantes dans plusieurs sphères de
notre société. La lutte que nous menons face aux changements climatiques peut
devenir un moteur de développement économique et social, certes, grâce à notre
innovation, et notre créativité, et, disons-le, au leadership du Québec et de
ses partenaires, mais ces changements climatiques menacent la capacité de notre
environnement naturel à rendre ces services écologiques.
Nous n'avons pas le choix. Protéger notre
environnement et, plus spécifiquement, l'habitat du caribou, c'est en quelque
sorte se donner une assurance nature pour notre avenir et celui de nos enfants.
Je vous remercie. Maintenant, je cède la parole à mon collègue Geoff Kelley.
M. Kelley
: Merci
beaucoup, David, Laurent. Bonjour, mesdames et messieurs.
C'est également, pour moi, un plaisir de
participer, à titre de ministre responsable des Affaires autochtones, à cette
annonce gouvernementale pour la préservation d'une espèce animale qui est,
depuis des siècles, un élément de base de la culture des autochtones. Il est de
notre responsabilité de veiller à la protection des caribous forestiers tout en
s'assurant un plein développement des communautés autochtones locales.
Alors, premièrement, dans les mesures pour
la région de la Côte-Nord, afin de concrétiser la double préoccupation gouvernementale
en matière de préservation du caribou et du développement socioéconomique de la
Côte-Nord, le plan d'action présenté aujourd'hui met en oeuvre des mesures
immédiates pour les communautés innues nord-côtières, plus précisément celle
d'Essipit.
D'abord, la poursuite du projet
expérimental de restauration d'habitat en territoires perturbés dans les territoires
de la Côte-Nord et de Lac-Saint-Jean. Ce projet se réalisera en collaboration
avec la communauté innue d'Essipit qui a déjà amorcé des travaux en ce sens au
cours des années. En 2013, la première nation des Innus Essipit déposait, au ministère
des Forêts, de la Faune et du Parc, un plan en restauration des conditions d'habitat
du caribou forestier. Ensuite, la mise en place d'un banc d'essai pour le
démantèlement des chemins forestiers permettant de constituer un espace pour
les caribous forestiers dans l'est de la région avec les communautés... avec
les partenaires régionaux. Le chef Martin Dufour, c'est le chef d'Essipit, a
participé activement dans le dépôt de ce plan, et, je pense, c'est vraiment en
réponse aux... le plan qui a été déposé par cette communauté, c'est un bel
exemple de partenariat pour la préservation.
Dans les mesures pour la région de
Lac-Saint-Jean, une planification forestière adaptée pour constituer un vaste
espace pour le caribou dans le secteur des montagnes Blanches, lequel est lié à
un projet de grande aire protégée actuellement à l'étude. Ce projet se fera en
collaboration avec la communauté innue de Mashteuiatsh, et déjà, comme mon
collègue M. Heurtel a dit, il y a déjà des discussions préliminaires, mais la
porte est ouverte pour une très grande collaboration, parce que les montagnes
Blanches, c'est vraiment un projet qui va être très important et qui va
nécessiter la collaboration avec la nation innue de Mashteuiatsh.
Et troisièmement, comme mon collègue a
dit, la création d'une aire protégée, dans la vallée Broadback, d'environ
9 000 kilomètres carrés, tel qu'annoncé au mois de juillet passé, est un
autre jalon très important pour la préservation du caribou forestier dans les
territoires d'Eeyou Istchee avec les Cris, et ça va continuer. De toute
évidence, les Cris ont une expertise à contribuer pour cette question. Il y a
déjà les discussions entre le ministère des Forêts, des Parcs et de la Faune
pour travailler avec les Cris pour s'assurer qu'on a un plan d'action rigoureux
pour la protection des caribous forestiers en territoire cri.
Alors, aujourd'hui, on a un exemple d'un
projet très précis avec la communauté d'Essipit et les intentions de continuer
de travailler avec les Innus et les Cris, à la fois dans le projet des
montagnes Blanches, mais également pour le développement des aires protégées et
de mettre en contribution, je pense qu'on peut dire, l'expertise que les Cris
et les Innus ont depuis des siècles au niveau de la gestion de territoires, et
les espaces, et tout le reste. Alors, je pense, ça va être un beau défi pour
tous les partenaires de travailler ensemble pour la préservation du caribou
forestier. Et, sur ça, je vais retourner la parole à notre patron M. Lessard.
M.
Lessard
: Un
bien grand mot. Ça fait que je vais prendre mes notes, si vous me permettez,
deux secondes...
Une voix
: ...
M.
Lessard
:
Non, non, c'est bien parfait. Merci beaucoup. Alors, nécessairement, dans le
volet 2... donc, dans le volet 1, des grandes aires, donc la limite nordique,
la Broadback, les montagnes Blanches, les communautés qui sont mises à
contribution pour réduire les impacts, refermer certains chemins forestiers
pour permettre à l'espèce de survivre.
La deuxième, nécessairement, on recherche
aussi un équilibre à long terme. Alors, des travaux à long terme qui se
divisent donc en quatre volets. Nécessairement, donc, on aura une analyse
détaillée des mesures, des conséquences socioéconomiques. Nécessairement, c'est
un fragile équilibre entre opérer la forêt, la préserver, mettre à contribution
les communautés. Alors donc, une fois qu'on aura fait ces impacts
socioéconomiques là, on regardera le deuxième volet, qui est l'examen
systématique des autres sources d'approvisionnement pour atténuer les impacts.
Alors, nécessairement, la forêt privée est mise à contribution. Vous avez vu,
dans le dernier budget, donc on peut soulager la forêt publique d'être mise à
contribution en mettant plus de forêts privées. Je vous rappelle que 16 millions
de possibilités forestières, quand même, dans la forêt privée. C'est du bois de
grande qualité, qui est à proximité, qui demande peu de mouvement. Alors donc,
on a un plan pour maximiser les impacts.
Et troisièmement, nécessairement, une
collaboration aussi avec les autres provinces. Est-ce qu'on est seuls à avoir
du caribou forestier qui est présent dans la forêt boréale, à travers les
communautés, autant forestières qu'autochtones? La réponse, c'est non. Alors, j'ai
déjà rencontré, l'an passé, le ministre de l'Ontario et le ministre de la
Colombie-Britannique, qui sont forts de différentes expériences, qui ont été
mis à contribution pour voir que ce qu'on va faire, ça a des impacts pour la
préservation et de maintenir l'équilibre des opérations. Alors, on va
travailler, donc, avec les autres provinces qui ont des juridictions
semblables.
Et le quatrième volet, nécessairement, si
vous avez pu lire le Plan de rétablissement du caribou forestier,
nécessairement qu'il y a une grande partie qui touchait sur l'inventaire,
l'aspect de l'inventaire, en fait la faiblesse de la qualité de l'inventaire.
Alors, on devra donc, avec les communautés autochtones et donc le ministère du
Développement durable, donc, faire un inventaire plus précis, parce que le plan
de rétablissement vise un objectif d'atteindre le 11 000 caribous sur
l'ensemble du territoire. Les évaluations à partir, donc, des inventaires qu'il
a pu y avoir se situent entre 6 500 et 8 000. Donc, on va avoir un
objectif beaucoup plus précis, donc un inventaire beaucoup plus précis pour,
après ça, fixer nos objectifs qui sont de différentes natures.
Alors donc, on est convaincus, avec ce
plan, on va être capable de relever le défi. On a la capacité. Il faut
travailler ensemble, puis, comme ça, bien, on pourra protéger, donc, cette
espèce-là à travers aussi une communauté qui continuer d'y travailler. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Pour les questions, si vous voulez vous présenter et le média que
vous représentez, puis, si vous avez des questions de nature plus technique, je
vous invite à attendre la fin de la conférence, on va mettre à votre
disposition M. Savard qui est sous-ministre au ministère de la Forêt, de
la Faune et des Parcs.
Journaliste
: Bonjour,
messieurs. Bien, d'abord, sur votre plan, est-ce que, par exemple, vous avez
déterminé quel impact ça peut avoir sur l'industrie forestière? Vous avez
mentionné la Côte-Nord, le Saguenay—Lac-Saint-Jean. On sait qu'il y a beaucoup
de pertes d'emplois dans ces secteurs-là. Est-ce que les CAAF, par exemple, qui
peuvent être perdus dans cette nouvelle carte là, vont être redistribués
ailleurs? De quelle façon ça va se faire?
M.
Lessard
: Le
premier travail qu'on fait tous ensemble, c'est de s'assurer qu'il n'y en ait
pas, d'impact. Donc, vous avez vu que le deuxième volet, donc, permet de
regarder l'étude socioéconomique. Donc, à toutes les fois qu'on va intervenir
par territoire, il y aura une étude de faite, donc, pour voir si la limitation
du territoire pour préserver l'espèce a une incidence sur les opérations
forestières et comment on peut limiter ces impacts-là en changeant nos
stratégies d'aménagement, de production de bois, de mise à contribution de la
forêt privée. On a donc, même plus techniquement, là, fondu certaines unités
d'aménagement ensemble pour donner un plus grand espace pour l'aménagement.
Donc, on a différentes stratégies pour venir réduire ces impacts-là. Donc, ce
qu'on... à tous les jours qu'on se lève, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait
pas d'impact sur les opérations forestières.
Journaliste
: La
prochaine question s'adresse à vous trois. Qu'est-ce que vous pensez que votre
collègue Sam Hamad soit en Floride plutôt que de faire face au Commissaire
à l'éthique actuellement? Il a pleine rémunération. Vous savez que ça déplaît à
plusieurs personnes.
M.
Lessard
:
Oui, mais... Bon, on est conscients de ça. Sam connaît très bien le code
d'éthique des députés. D'ailleurs, un, il s'en est prévalu parce que là-dedans,
dans le code d'éthique, c'est de faire valoir sur la vérité. Sam a demandé que
la vérité soit donc recherchée. Deuxièmement, il faut prendre la parole aussi
des collègues députés, c'est ce que dit le code d'éthique. Sam a dit qu'il
allait collaborer pleinement et entièrement, donc, au Commissaire à l'éthique.
Sam est conscient probablement des impacts que ça a eu, le fait de se retirer,
et je suis confiant que Sam va participer. Il connaît aussi le code d'éthique
sur l'assiduité à l'Assemblée nationale et dans ses bureaux. Son passé nous a
témoigné que c'est un gars qui est présent, qui agit pour son comté, le maire
Labeaume l'a rappelé. Puis j'ai bonne confiance en lui qu'il comprend les
impacts puis qu'il va relever ça.
Journaliste
: Mais sur
le fait qu'il soit en Floride actuellement.
M.
Lessard
: On
comprend que cet aspect-là chatouille la population, évidemment, dans le
contexte. Il n'a pas un chalet dans le Nord, il a une maison dans le Sud, puis,
dans ce contexte-là, je pense qu'il est conscient des impacts, puis sûrement c'est
quelque chose qu'il va vouloir corriger.
Journaliste
: M.
Heurtel.
M. Heurtel : Écoutez, je m'en
remets à ce que M. Lessard a dit.
Journaliste
:
M. Kelley.
M. Kelley
: Je n'ai
rien à ajouter.
M.
Dougherty (Kevin) : Kevin Dougherty, iPolitics. M. Lessard,
vous avez dit que vous allez essayer de ne pas avoir... si j'ai bien compris,
ne pas avoir un impact sur la foresterie, c'est-à-dire qu'on peut continuer la
foresterie en protégeant le caribou.
Est-ce que vous pensez que cette solution
peut satisfaire le Forest Stewardship Council, le problème que Résolu avait?
M.
Lessard
:
Oui. En fait, bon, est-ce qu'un plan d'action pour le caribou, ça empêche de
faire des opérations forestières? En fait, ça change la façon dont on fait les
opérations forestières. On a été capables de démontrer ailleurs, avec l'entente
sur la «Paix des Braves», qu'un régime adapté, hein, de notre forêt, en tenant
compte de l'habitat, qu'on est capables de changer la façon d'intervenir et
d'aménager autrement, donc de diversifier la façon dont on le fait. Et, quand
on le fait bien, c'est bon pour la communauté, c'est bon pour le caribou, mais
c'est bon aussi pour les opérations forestières qui voient garantir un approvisionnement
et sécuriser ses approvisionnements. Si on a été capables de réussir là, on est
capables de réussir ailleurs.
M. Dougherty (Kevin) : Dans
quelle période de temps?
M.
Lessard
: Le
premier travail, c'est majeur, qui a été fait, là, par le ministre du
Développement durable. Quand on considère, un, la limite nordique, 75 % de
son habitat, il est déjà préservé contre toute intrusion d'opérations
forestières. Donc, ça, c'est la limite nordique. Un grand massif forestier qui
protégeait aussi des vieilles forêts, la Broadback, in en a parlé, c'est un
enjeu majeur pour la communauté crie. On a réussi cet aspect-là. C'est
900 000 hectares, c'est immense.
La forêt, maintenant, les gestes concrets
sur les montagnes Blanches, il y a déjà du travail d'élaboré, et on essaie de
diminuer les impacts en additionnant le fait suivant : on peut protéger le
caribou, des espèces, donc, sous protection, de la vieille forêt et en
tenant compte de la limite nordique. Donc, tous les efforts sont mis là-dessus.
Pour le reste, le plan à long terme, il
faut faire l'évaluation par secteurs sur les impacts socioéconomiques et
comment, par secteurs, on peut mieux mettre à contribution... Ce qui fait que, dans
le deuxième plan, pour avoir une stratégie à long terme, si tout le monde
collabore, O.K., dans les prochains mois, voire d'ici un an ou deux, on est
capables d'avoir une stratégie à long terme qui permet d'évaluer puis d'avoir
aussi une reddition de comptes annuelle.
Je tiens à le mentionner, il faut que la
population continue de nous suivre là-dedans. On a le forum des partenaires au
ministère de la Forêt, donc on a un forum qui invite autant les fédérations de
chasseurs, la protection, les organismes de développement durable. Alors donc,
on devra présenter annuellement et faire une reddition de comptes de
l'évolution de nos travaux.
M. Dougherty (Kevin) : Juste
une question sur le Broadback. Les Cris n'étaient pas contents avec l'entente
au mois de juillet. Ils ont contesté, ils n'ont pas signé et ils voulaient
protéger un peu plus en fait. Et, à ce moment, il y avait déjà eu des séances
devant le COMEX, il y a des compagnies forestières qui veulent mettre des
routes là, une route forestière, chemins forestiers. Est-ce que l'annonce aujourd'hui
met un terme à ça ou est-ce que ce processus continue?
M.
Lessard
: O.K.
Je ne sais pas si Geoff voulait préciser. Peut-être, je vais élaborer une
partie, puis le ministre responsable pourra le faire. Sur l'entente qui a été
signée avec les Cris, donc il y a eu une grande entente de signée, sur 900 000
hectares, sur la Broadback, donc cette entente, elle est conclue, elle a été
négociée de bonne foi. Est-ce que c'était parfait? Non, on voit que la
communauté... il y a une autre communauté qui a décidé, donc, de continuer de
revendiquer.
Maintenant, ça nous indique aussi qu'il y
a un processus dans la «Paix des Braves», à savoir qu'il y a un comité, comme
un BAPE, hein? Là, on a déjà un régime adapté au fait que, lorsqu'on veut
rentrer en forêt, le ministre de Développement durable a un processus. Ce
processus-là fait l'objet de consultation, puis on a vu la dernière décision
rendue par le COMEX, on va être limité sur l'accès. On va rentrer
progressivement dans la forêt, on va faire des opérations forestières puis, si
on veut aller plus loin, bien, on devra retourner pour indiquer comment on
protège la forêt, le caribou et compagnie. Donc, ce processus-là, il est
permanent, et les entreprises forestières doivent passer à travers ce
processus-là.
M. Kelley
: Et il faut
rappeler aussi, l'entente a été signée avec le Grand Conseil des Cris, alors on
maintient nos relations avec l'ensemble des neuf communautés. Il y a une
position avec Waswanipi, mais, quand j'ai rencontré le chef Marcel Happyjack,
il veut collaborer avec les compagnies forestières.
Alors, ce n'est pas une fin de
non-recevoir, mais c'est un dialogue continu. Et, si on regarde nos derniers 40
ans, entre le gouvernement du Québec et la nation crie, nous avons toujours
arrivé à des solutions. Parfois, ça prenait un petit peu plus de temps, mais à
la fois le comité de liaison permanent, qui a été créé par la «Paix des
Braves»... Il y a également un conseil forestier Cris-Québec, sur lequel les
représentants du ministère de la Forêt siègent. Alors, on a beaucoup de places
pour le dialogue. Oui, je comprends la position de Waswanipi, mais je suis
également conscient qu'il y a les travailleurs forestiers cris qui veulent
travailler aussi.
Alors, il faut trouver les équilibres. C'est
toujours un travail à longue haleine, mais moi, je demeure confiant, avec la
décision du COMEX, il y aura le travail pour les saisons à venir, et on va
continuer de travailler avec les Cris pour trouver des solutions durables.
Journaliste
: Oui.
Bonjour, messieurs. Vous présentez le plan comme en deux étapes, essentiellement,
donc protéger les caribous forestiers et ensuite évaluer les conséquences
socioéconomiques. Vous savez que M. Couillard a dit qu'il n'y aurait pas un
seul emploi de perdu pour protéger les milliers de caribous forestiers. Comment
pouvez-vous vous assurer qu'il n'y a aucun emploi de perdu si vous commencez
par protéger les caribous forestiers sans avoir évalué les conséquences sur
l'emploi?
M.
Lessard
: En
fait, le cri du coeur du premier ministre du Québec était à l'effet que de 2006
à 2013, les communautés avaient perdu beaucoup de travailleurs à cause de la
crise forestière, non seulement au Québec, mais engendré par ce qui s'est passé
aux États-Unis, la baisse... on se souvient, la crise financière qui est
devenue une crise politique, et nécessairement il n'y avait plus de demande
pour l'industrie. Alors, le premier ministre a dit : Ma communauté a
souffert, et donc on entend bien ça.
Maintenant, dans l'impact, on pourrait
nous critiquer d'avoir pris un peu trop de temps pour lancer le plan... et la
façon, donc la manière est importante, la méthode et les résultats. Alors donc,
on ne peut pas faire fi des résultats. Alors donc, c'est pour ça que, dans les
actions à prendre par territoire, il faut avoir l'analyse socioéconomique
avant, ce qu'on a pu avoir récemment au Lac-Saint-Jean pour les certifications
en disant : Si vous analysez tout ce qu'il y a à faire puis que vous ne
tenez pas compte comment on aménage la forêt, bien, il pourrait y avoir des
impacts et sur l'emploi et sur le degré d'activité forestière.
Alors, c'est pour ça qu'on change notre
stratégie, on dit : Parfait, une fois qu'on a ce bilan-là, on est capables
quand même d'opérer la forêt. Aujourd'hui, je peux vous dire que le fait
d'avoir opéré sur la Broadback, on est capables de travailler sur la
communauté... sur les montagnes Blanches et de s'assurer que la communauté va
être capable de faire des opérations forestières. Ils ont été invités à
commenter notre plan et puis d'y participer, puis à toutes les fois qu'on va voir
des impacts, qu'il pourrait y avoir un impact sur vos opérations forestières,
on va mettre à déploiement tous les autres volets qu'on peut avoir, incluant le
travail du Forestier en chef, sur ces stratégies d'aménagement durable de la
forêt.
Alors, c'est un plan qui met tout le monde
à contribution et qui nous donne la possibilité d'avoir des options lorsque
l'industrie forestière se voit confrontée à ça.
Journaliste
: Vous avez
présenté, justement, la carte où on voit 75 % du territoire versus
25 % du territoire. Est-ce que c'est juste de croire que, dans le
25 %, la majorité des caribous forestiers se retrouvent là, et c'est là où
il y a les problèmes de coexistence parce que c'est là où on exploite le plus
la forêt boréale?
M.
Lessard
:
L'inventaire va nous permettre de dire où sont les espèces dans l'espace. Le
seul impact qu'on peut avoir, c'est de protéger les habitats. On sait qu'avec
le réchauffement climatique, nécessairement, il y avait déjà eu des... il y a
eu des caribous aux États-Unis il y a plus de 100 ans, puis aujourd'hui on voit
que ce caribou-là tend à monter parce que... s'il y a un réchauffement
climatique... On peut avoir un impact sur l'espace, comment on protège son
habitat. Si 75 % de son habitat est préservé, comment le comportement de
l'espèce, maintenant, va se passer? Alors, c'est là que nos inventaires plus
précis vont nous permettre de savoir ils sont où et quel est leur comportement.
Forts de ça, on étudie aussi ce qui se
fait en Ontario, en Colombie-Britannique et dans d'autres provinces, parce que
leur comportement peut changer. Prenez une autre sorte de caribou, le caribou
migrateur, qui est au Nord, qui a une large distribution à travers, donc, tout
l'espace en haut du 50e, principalement... et donc on doit étudier son
comportement pour voir comment on peut préserver son habitat, sa nourriture. Et
donc on pense qu'en posant le geste de la limite nordique, et si ça touche
75 % de son habitat, c'est ce qui conditionne... qui va se vivre. On pense
qu'on va regarder, après ça, comment sa distribution se fait. On pourra faire
annuellement la mise à jour des travaux, ils sont où, ils sont combien, puis
notre méthodologie va être sûre, certaine et va nous donner une meilleure
action dans chacun des territoires. Parce qu'il y a différentes hardes en
Abitibi, il y en a en Gaspésie, il y en a dans le Nord-du-Québec, mais leur
habitat est vraiment différent. Alors, l'inventaire va nous permettre de
préciser ils sont où.
Journaliste
: Bonjour,
M. Lessard. Dans le rapport sur les limites nordiques, il y avait des grandes
zones, disons, sensibles, là, qui étaient identifiées en jaune sous la limite
nordique. Quelle va être votre stratégie pour adapter la cueillette forestière
dans ces zones-là qui sont considérées comme sensibles?
M.
Lessard
: En
général, là... bon, premièrement, en haut... je veux rien que rappeler que,
dans la limite nordique qui a été mise à jour, dont nous adaptons aujourd'hui,
les scientifiques nous suggéraient de revoir son tracé, près du lac Evans
principalement, dans lequel il y a beaucoup de caribous. On a maintenu cette
limite-là à l'intérieur, donc. Donc, on a maintenu l'ancienne limite, qui
protège le caribou dans cet espace-là, même si les scientifiques nous disaient
qu'on aurait pu changer un peu son tracé.
Alors, deuxièmement, pour les espaces en
bas, donc pour le 25 % sur lequel on travaille, nécessairement,
dépendamment s'il y a une présence de communauté autochtone, si c'est un
habitat favorable, si ça correspond aussi à des territoires de trappe, de
chasse, alors donc le régime adapté forestier tient compte de ces
particularités-là. En général, on réduit le taux d'activités dans ce secteur-là
puis on y retourne plus souvent. Est-ce que ça... on retourne faire des
récoltes. Est-ce que... parfois, ça peut augmenter le coût, mais on a des
mesures d'atténuement financières, qui permettent aux entreprises d'y
retourner.
Journaliste
: Je pense
qu'il y a une espèce de consensus scientifique qui dit que le caribou forestier
a besoin à peu près d'un territoire de 1 000 kilomètres carrés pour
s'épanouir. Est-ce que la zone de protection dans les montagnes Blanches va
faire 1 000 kilomètres carrés?
M. Heurtel : Elle n'est pas
établie encore.
M.
Lessard
:
Elle n'est pas établie encore. Oui, c'est ça.
M. Heurtel : Pardon. Je ne
peux pas vous donner une superficie à ce moment-ci. On prévoit une grande aire protégée,
mais c'est justement, on a un travail, notamment de consultation, comme le
ministre Kelley l'a dit, tout un processus pour créer une aire protégée. Ce
qu'on parle, c'est une augmentation importante. Là, présentement, on a à peu
près un peu plus de 3 000 kilomètres carrés déjà de protégés dans la
région des montagnes Blanches. On veut aller beaucoup plus loin, mais il est
trop tôt présentement pour donner une superficie précise, mais on veut aller
beaucoup plus loin.
Journaliste
: Juste
pour revenir sur les zones jaunes qui étaient identifiées. Je pense que ça
n'avait rien à voir avec le caribou forestier, c'était simplement qu'il y avait
plus de feux de forêt dans l'ouest du Québec, puis ce n'était pas
nécessairement de l'aménagement durable des forêts, là. Alors…
M.
Lessard
:
Écoutez, on regardera plus techniquement tantôt avec le sous-ministre, si vous
le voulez, parce que travailler à cette échelle-là puis à l'échelle dont vous
parlez… On veut éviter la confusion, si c'est possible. D'accord?
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. Tommy Chouinard, LaPresse. J'ai une question pour
M. Heurtel. Qu'est-ce qui explique votre absence au dévoilement de la politique
énergétique du gouvernement?
M. Heurtel : Bien, on a déjà
répondu à ces questions-là hier, à votre collègue M. Croteau.
M. Chouinard (Tommy) : Mais,
vous, votre réponse? Puisque vous êtes ici, vous pourriez le dire.
M. Heurtel : Bien, je n'ai
rien d'autre à ajouter à ce qui a été dit hier.
M. Chouinard (Tommy) :
Avez-vous un malaise par rapport à cette politique-là?
M. Heurtel : Aucunement.
M. Chouinard (Tommy) : O.K. Mais
qu'est-ce qui fait en sorte que vous n'êtes pas présent à cette annonce-là?
M. Heurtel : Bien, comme je
vous dis, on a déjà répondu à ces questions-là. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
est-ce que… J'aimerais ça la connaître. J'aimerais ça avoir la réponse, s'il
vous plaît, de votre…
M. Heurtel : C'est la même
réponse qui a été dite hier.
M. Chouinard (Tommy) : Et
quelle était donc cette réponse?
M. Heurtel : Je n'ai pas le
verbatim devant moi, là. Vous pouvez voir mon attaché de presse, là. C'est
exactement ce qui a été repris dans l'article ce matin.
M. Chouinard (Tommy) : O.K. Mais
qu'est-ce qui fait que c'est un problème de l'exprimer aujourd'hui?
M. Heurtel : Ce n'est pas un
problème. Je vous dis que c'est exactement la même chose.
M. Chouinard (Tommy) :
D'accord. Bon, M. Lessard, si c'était possible, j'aimerais revenir sur une
chose. Vous avez dit qu'on comprend que ça chatouille la population, l'idée,
donc, du séjour de M. Hamad en Floride. Mais vous-même, est-ce que ça vous
dérange, cette histoire-là?
M.
Lessard
:
Écoutez, je pense que Sam, dans sa démarche, O.K…. Donc, on comprend, il est
sorti. Maintenant, il a demandé au Commissaire à l'éthique de se retirer. C'est
un être humain et c'est une personne sensible, on le connaît. Alors,
nécessairement, il a cru bon aller faire le point et puis, bon, dans son choix,
il a une propriété aux États-Unis, il est allé là. L'avion va de ce bord-là
puis il va revenir. Il est conscient de l'impact, nécessairement, que ça a eu,
et puis j'ai bonne confiance que ça, il va corriger ça.
Journaliste
: Bonjour,
M. Lessard. Je voudrais juste bien comprendre le sens de l'annonce aujourd'hui.
Vous annoncez un plan d'action. Est-ce que c'est vraiment de repeupler le
caribou forestier? Parce qu'on sait, c'est une espèce qu'on estime menacée
depuis 2005, ça fait quand même 11 ans, et, si j'ai bien compris, vous ne
pouvez pas dire aujourd'hui dans quelle mesure elle est menacée, à savoir
combien il reste de spécimens. Et si on a un plan d'action, normalement, il y a
un objectif. Vous n'avez aucun chiffre de dire : Bien, on veut doubler la
population dans cinq ans, dans 10 ans. Pouvez-vous nous éclairer là-dessus?
M.
Lessard
:
O.K. Oui. Bon, le plan de rétablissement, ça vise à avoir une aire de
11 000 caribous. Donc, c'est ça, l'objectif du plan de rétablissement,
c'est de retourner à 11 000 caribous.
Journaliste
: Retourner
à 11 000 par rapport à quoi, à combien?
M.
Lessard
:
Alors, il est... selon l'analyse et les observations qui ont pu être faites
dans le plan de rétablissement qu'ils ont déposé, les 40 organismes qui ont
contribué au plan de rétablissement, leur méthodologie, selon des observations
dans certains secteurs, sur une base de certaines années, indiquait qu'il y en
aurait entre 6 500 et 8 000. Alors donc, si on est pour poser des
mesures de protection plus importantes pour protéger puis s'assurer que le
caribou aura une meilleure chance de survie, que les petits ne seront pas dévorés
par les ours et les loups... c'est bien banal, ce que je vous dis là, mais
c'est ça à tous les jours, comment on ferme un certain nombre de chemins pour
permettre, après la mise bas, que les ours n'aillent pas les attaquer plus
rapidement et permettre aux grandes espèces d'avoir de plus grands espaces pour
être en meilleure qualité, pour que l'habitat... donc qu'ils puissent se
nourrir, etc.
Alors donc, la méthodologie qui est
suggérée dans le plan de rétablissement méritait d'être précisée certainement,
parce que, si on est plus proches de 11 000 que de 6 500, bien, le
nombre d'actions est bien différent, vous comprendrez bien. Alors, c'est pour
ça qu'un des volets...
Journaliste
: Comment
se fait-il que cela n'a pas été fait depuis 2005? Ça fait 11 ans.
M.
Lessard
:
Bien ça se... Oui, O.K. Donc, il y a des évaluations par observations, on n'a
pas eu le grand plan de fait. Vous comprenez que, par le satellite, pour tous
ceux qui ne sont pas cachés par des arbres, c'est plus facile à trouver. Mais
le caribou, il n'attend pas d'être noté dans le bois, tu sais, il ne dit pas :
Bien, regarde, je me déplace, j'en ai deux petits là, j'en ai caché un là.
Donc, il faut se donner une stratégie...
M. Kelley
:
...
M.
Lessard
:
Oui. Non, mais une science... en fait, j'ai posé la même question que
vous, je veux dire, O.K., les caribous dans lesquels il n'y a pas d'arbres,
c'est assez facile à compter, même avec un satellite. Mais ceux qui sont cachés
dans la forêt, qui se déplacent sur une étendue assez importante, il faut
s'assurer de ne pas les compter deux fois, s'assurer que c'est représentatif.
Donc, scientifiquement, on va se donner
une méthodologie et des pouvoirs d'intervention avec les communautés qui
connaissent assez bien. Chacun a une bonne idée de ce qui se passe dans son
coin, mais jamais personne n'a mis la science... Et c'est avec la science qu'il
faut travailler, parce que vous voyez la conséquence. Si on évalue mal le
troupeau puis qu'on pose des gestes de conservation qui vont au-delà de sa
capacité, on...
Journaliste
: ...un
remède avant de connaître c'est quoi, la maladie, si je fais une allusion avec
la santé. Vous arrivez avec des mesures, mais, en même temps, vous dites :
On ne connaît pas l'état de situation.
M.
Lessard
:
Bon, effectivement, donc, c'est pour ça l'approche par territoires socioéconomiques,
mais avec l'inventaire. Donc, le troisième volet du grand plan, c'est
l'inventaire pour s'assurer que, par secteurs, si on a bien documenté
l'inventaire, on est capables d'avoir des mesures appropriées sur les espaces
protégés, sur le travail des communautés pour avoir un régime forestier adapté.
Mais, pour l'instant, le comité scientifique, ce qu'il avait déposé, c'est ce
qu'ils avaient basé sur des observations, alors donc, et des estimations.
On pense que, pour aller plus loin, ça
nous prend quelque chose de plus concret. Donc, scientifiquement, on l'a mieux
documenté puis on va le poser, le geste. On est tous prêts à travailler demain
matin là-dessus. Donc, on attendait de dire : Il y a des mesures de
protection immédiate qu'on peut faire, qui vont dans le sens de protéger les
vieilles forêts, le caribou, de travailler avec les communautés, et on s'assure
que ces forêts demeurent là, intactes. Puis, pour les autres, on est en
aménagement forestier, il faut aller plus loin de façon plus précise.
Journaliste
: Maintenant,
si je prends le point de vue de l'industrie forestière, l'industrie forestière,
ce qu'elle veut, c'est avoir accès à la ressource, à des arbres. Êtes-vous en
mesure de la rassurer aujourd'hui, de lui dire qu'il n'y aura pas un arbre de
moins à couper?
M.
Lessard
: En
fait, on a travaillé avec l'industrie forestière, avec alliance boréale pour
s'assurer qu'on a les inventaires les plus précis possible, qu'on est capables
d'avoir de la planification pour les deux prochaines années, parce que ce qu'on
est... on est à peu près là depuis le nouveau régime. Ils veulent avoir une
perspective sur cinq ans, c'est ce qu'on a signé avec le Conseil de l'industrie
forestière. Ils veulent savoir où est la ressource, qu'on travaille aussi pour
ménager et limiter les déplacements des équipes forestières pour s'assurer
qu'on rentabilise la forêt, qu'on est compétitifs puis qu'on est respectueux
aussi avec ceux qui habitent la forêt, ceux qui vivent de la forêt, sur les
espèces comme le caribou, qui est le garde-manger des communautés innues, principalement.
Alors donc, on a garanti avec l'industrie
qu'on allait tout faire pour s'assurer que le maximum est fait pour sécuriser
les approvisionnements forestiers.
Journaliste
: Donc, il
n'y aura pas d'impact sur la disponibilité de la ressource?
M.
Lessard
:
Tous les jours... Vous avez vu, dans le plan d'analyse, pour être sûrs qu'on
met à contribution toutes les ressources possibles pour éviter d'avoir des
impacts sur les opérations forestières...
Des voix
: Merci.
(Fin à 10 h 45)