(Onze heures cinquante-six minutes)
Mme David (Gouin) : Mesdames
messieurs, bonjour. Ma collègue Manon Massé et moi voulons commenter deux questions
ce matin. La première, le point de presse de quatre représentants du gouvernement
concernant, évidemment, les suites à la commission Charbonneau. Le deuxième
sujet sera notre réaction sur la question de registre des armes à feu.
Alors, sur — premier sujet — la
sortie de presse, ce matin, de Mme Vallée, M. Hamad, Mme de Santis,
écoutez, il était temps. La commission Charbonneau a déposé son rapport à la
mi-décembre. À cause de la dissidence de M. Lachance, le Parti libéral
s'est empressé d'enterrer le rapport. On n'a jamais tant entendu parler de
M. Lachance qu'en décembre. Ils ont vraiment voulu tabletter, ils ont
voulu entrer tout ça dans la filière 13, mais là, évidemment, avec les
arrestations de la semaine dernière, ça n'était plus possible. Et je dirais
aussi, avec les nombreux points de presse, les nombreuses questions posées en
Chambre, y compris toutes les interventions de Québec solidaire, je pense que,
là, le Parti libéral, le gouvernement libéral devait faire quelque chose.
Alors, ça s'est passé ce matin.
Bon, évidemment, bien sûr, on va dire oui
à mettre en oeuvre des recommandations de la commission Charbonneau. Bien sûr,
on va dire oui à l'élargissement du projet de loi sur les lanceurs d'alerte. Je
souligne que nous avons demandé, quant à nous, que ça soit élargi à l'ensemble
de l'entreprise privée, pas seulement à celle qui fait affaire au gouvernement,
mais enfin il y a quand même là un pas dans la bonne direction, puisque le projet
de loi va être appliqué aux municipalités et aux entreprises qui font affaire
avec l'État.
Et Mme de Santis, elle, nous dit :
Il faut continuer de revoir toute la question du financement des partis
politiques, on va le faire en discutant avec les oppositions. Très bien, mais
tout ça va, évidemment, prendre du temps, et il y a des gestes qui pourraient
être posés dès maintenant.
Nous avons, ici même, les trois collègues
de Québec solidaire, fait un point de presse mardi, où nous avons demandé au
Parti libéral de rembourser immédiatement des sommes frauduleusement acquises
par des prête-noms dans des entreprises où les gens ont reconnu leur
culpabilité. On a mentionné des cas. Je ne vais pas tous les répéter, mais, par
exemple, récemment, 28 janvier 2016, cinq plaidoyers de culpabilité
enregistrés, les cinq individus paient des amendes, ça totalise
6 000 $. Le PLQ a-t-il remboursé? Si ça touche d'autres partis,
vont-ils rembourser? Le PLQ, à notre connaissance, est celui qui est mentionné
dans ce cas-ci. 2 décembre 2014, 55 plaidoyers de culpabilité
enregistrés au DGE par trois firmes de génie-conseil — Roche,
Groupe-conseil TDA et Dessau — des dizaines de milliers de dollars
donnés surtout au PLQ et, dans une moindre mesure, au PQ. L'argent a-t-il été
remboursé? Va-t-il être remboursé? Et des cas comme ça, si on faisait un peu de
recherche, on pourrait probablement en sortir d'autres.
Alors, je vous rappelle qu'une motion
présentée par nous, jeudi dernier, qui n'avait pas été adoptée l'a été, cette
semaine, à l'unanimité avec quelques modifications, mais qui ne changeaient pas
l'esprit de fond de cette motion qui était entre autres d'exiger que les partis
politiques qui ont reçu du financement illégal remboursent ce financement. Tout
le monde dit : Oui, O.K. Quand est-ce qu'on commence? C'est ça, la
question. Quand est-ce que le Parti libéral, au-delà des bonnes intentions
manifestées ce matin, là, dans son point de presse, quand est-ce qu'il va commencer
à rembourser des sommes acquises frauduleusement?
Dernière question : Pourquoi
n'accepte-t-il pas notre proposition et celle de la Coalition avenir Québec à
l'effet d'élargir le délai de prescription à 20 ans plutôt qu'à
sept ans? On sait que ça fait au moins 20 ans que ça dure, tout ça,
les stratagèmes de prête-noms. C'est l'argent sale ramassé pendant 20 ans
qui devrait être remboursé.
Mme Massé : Sur la question du
registre des armes à feu, on a été surprises ce matin de voir le responsable de
la... le chef, en fait, de la Coalition avenir Québec... de venir dire
qu'autour de cette question-là il va permettre à ses députés un vote libre. En
fait, ce n'est pas qu'on... on n'a rien contre le vote libre, au contraire,
dans ma formation politique, on délibère puis on y vote assez librement, mais
ce qui est fascinant, c'est de voir qu'enfin on a un projet concret sur la
table... Depuis des années, on parle du registre, depuis des années, on a été
derrière le gouvernement du Québec, qui a... qui s'est battu pour garder les
données vivantes jusqu'à... malheureusement plus maintenant, et là, tout d'un
coup, parce qu'on a un projet concret, parce qu'il y a une montée de boucliers
de certains représentants qui laissent entendre au sein de la population du
Québec des phrases très larges du type : C'est criminaliser, c'est de
prendre les chasseurs pour criminels que d'exiger un enregistrement des armes,
que ça ne fait pas de prévention, c'est une fausse illusion, de répondre, donc,
à ces propos-là qui circulent à travers le Québec, en disant «bien, on va
laisser le vote libre» nous laisse comme un peu sentir que, tout d'un coup,
est-ce que, pour certains députés, est-ce que, pour certains partis, dans le
fond, la question de la protection de la sécurité publique est une question qui
est liée à notre possibilité ou non d'être réélus à la prochaine élection?
Je nous rappelle collectivement que les
derniers sondages sont clairs, le peuple québécois veut du registre, le peuple
québécois, qu'ils soient en région ou qu'ils soient dans les grands
centres — en région, on parle d'environ 50 %, dans les grands
centres, un peu plus élevé, plus de 60 % — veulent le registre
parce qu'ils ont compris depuis toujours que d'avoir une arme à la maison exige
que, collectivement, on soit capables de savoir où sont les armes, qui a les
armes — ça, on le sait déjà — où elles sont et donc de
pouvoir se protéger collectivement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme David, est-ce que l'exercice de ce matin, la conférence de presse, était
plus qu'un exercice, justement, de relations publiques, selon vous?
Mme David (Gouin) : C'était,
je crois, d'abord et avant tout, un exercice de relations publiques. Après
plusieurs jours de tourmente, je crois que le gouvernement libéral devait faire
ce qu'on appelle en bon français du «damage control».
Maintenant, il y a quand même quelques
éléments intéressants dans ce qui a été dit. Il faudra voir les suites. Ce n'est
pas tout, ça, d'envoyer quatre ministres faire des prestations devant les
médias, les gestes sont importants, les gestes, et le premier geste, c'est de
rembourser l'argent mal acquis.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que, jusqu'ici, la mise en oeuvre des recommandations de la commission
Charbonneau se fait à un rythme adéquat, convenable, selon vous?
Mme David (Gouin) : Y a-t-il
une mise en oeuvre des recommandations de la commission Charbonneau?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
y a quand même eu différents projets de loi qui ont été présentés...
Mme David (Gouin) : Oui, très
peu, c'est très peu, c'est court, c'est lent. Il faut aller, je pense, beaucoup
plus loin que ça. Il y a toute une culture politique à changer, une culture de
financement politique. Mais, moi, j'irais plus loin que ça, je pense que la culture
qui est à changer au Québec, c'est celle de la proximité entre les milieux
d'affaires et une partie de la classe politique. Je tiens à le préciser :
cette partie-là n'inclut pas Québec solidaire. Même avec du financement à
100 $ par année, là, la proximité entre des gros milieux d'affaires, entre
des dizaines de lobbyistes inscrits au registre et le gouvernement libéral est
assez évidente quand on regarde, par exemple, M. Couillard, qui aurait
bien envie de faire du pipeline, puis qu'on sait que, l'industrie gazière et
pétrolière, elle n'est pas loin du gouvernement libéral. Donc, je pense que ça,
c'est une autre culture à changer. Il faudra trouver les moyens, il faut y
mettre le temps, y mettre beaucoup d'énergie. Mais, au-delà du financement mal
acquis, moi, je pense qu'il y a un problème de fond, c'est la proximité entre
les milieux d'affaires et le gouvernement.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais donc ce que vous dites, c'est que les modifications qui ont été faites jusqu'ici,
législatives, étaient surtout cosmétiques et n'ont pas changé une culture de
trafic d'influence au sein du gouvernement libéral.
Mme David (Gouin) : Je ne
qualifierais quand même pas de cosmétique le projet de loi n° 1 que nous
avons adopté sous le Parti québécois et qui limite à 100 $ les
contributions politiques. Ça n'est pas cosmétique, c'est important. À
3 000 $, franchement, c'était assez facile d'avoir un réseau de
prête-noms et de s'assurer pour que l'entreprise fasse savoir au gouvernement
qu'il y avait 30 employés qui avaient donné chacun 3 000 $. Ça fait
30 000 $, alors, tu sais, ça commence à faire pas mal d'argent. À
coup de billets de 100 $, le système de prête-noms, là, ça devient pas mal
inefficace. Donc, non, ça, ça n'est pas cosmétique. Moi, je pense, au contraire,
que c'est important.
Mais je pense que, maintenant, plusieurs
années plus tard, ce qu'on constate, c'est qu'il faut tout simplement aller
plus loin. Il faut rembourser les sommes mal acquises, je ne le dirai jamais
assez, il faut élargir les délais de prescription, mais il faut changer une
culture. Ça, c'est toujours le plus difficile à changer, la culture de
proximité entre un parti qui, depuis très longtemps, est habitué à fréquenter
les milieux de l'élite, de la classe d'affaires et de la grosse classe
d'affaires. Ça, il faut changer ça. Le Parti libéral doit se mettre à l'écoute
de la population.
M. Vigneault (Nicolas) :
...ça veut dire «changer de culture»? C'est parce que, sur le plan législatif,
changer la culture, comment, concrètement, vous pouvez faire ça? Avez-vous des
idées? Parce que changer une culture en soi...
Mme Massé : Bien oui, bien
oui, on vous a déjà fourni, d'ailleurs, quelques orientations là-dessus, je
pense notamment à notre document sur... Lorsqu'on a mis au jour, c'était en
2012, ça, de mémoire, lorsqu'on a mis au jour tous les stratagèmes ou les
réalités des portes tournantes, O.K., que ce soient des gens qui ont été élus,
des gens qui ont travaillé comme hauts fonctionnaires, qui ont travaillé comme
fonctionnaires — d'ailleurs, on en a un encore
dernièrement — qui sont dans l'appareil public et, après quelques
mois où ils ont quitté leurs fonctions, se retrouvent à jouer un rôle de lobby
enregistré — on le souhaite, totalement, et non pas majoritairement
enregistré — pour venir influencer l'appareil public dans un sens ou
dans un autre.
Ça, là, c'est documenté. Notre document
est sur notre site Internet. Voilà une des façons où on pourrait se dire,
collectivement… se mettre des règles, collectivement, pour dire : Woups! Là,
il faut… C'est ça que Françoise veut dire par «rendre un petit peu plus
étanches ces choses-là».
Mme David (Gouin) : Je vous
donne un autre exemple…
M. Vigneault (Nicolas) : ...empêcher,
dans le fond, des gens d'être lobbyistes après avoir oeuvré ou avoir atteint
des fonctions très…
Mme David (Gouin) : Il faut
qu'il y ait un délai suffisamment long pour que ces gens-là ne se servent pas
de ce qu'ils savaient quand ils étaient dans l'appareil d'État pour, après ça,
tout de suite s'en aller ailleurs et revenir, genre, un an plus tard. On pourra
vous faire part de toutes les suggestions qu'on avait faites suite à ce
document que nous avons produit.
Ce que nous avons dit aussi, dans un autre
registre, là, c'est qu'une très bonne manière de nous assurer qu'il n'y ait pas
de financement illégal, que les partis se comportent correctement au plan du
financement, c'est de réduire les dépenses électorales. Et ça, c'est tout à
fait plausible et possible. On peut réduire le plafond des dépenses électorales
permises, réduire le niveau de publicité permis, ajouter du temps d'antenne
gratuit à la télévision pour l'ensemble des partis politiques. On a fait toutes
sortes de suggestions, encore une fois, il y a quelques années, là-dessus, on
va les retrouver, on va vous les envoyer. Je pense que le nerf de la guerre est
là, si je peux m'exprimer dans un langage un peu inhabituellement guerrier.
Tout le monde sait que les élections sont
des moments charnières dans la vie des partis politiques, je ne vous apprends
rien, et là la question, c'est de savoir combien je ramasse, combien je ramasse
pour faire une élection. Mais tout ça parce que ça coûte de plus en plus cher,
les campagnes électorales. Et on le sait, même nous, à Québec solidaire, ça
coûte très cher. Est-ce qu'il y a un moyen de s'organiser pour réduire ces
dépenses-là, réduire le nombre de pancartes permises, par exemple, ce qui
aurait aussi comme impact de permettre un meilleur respect de l'environnement?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Sur la question du financement politique, Mme de Santis, elle est chargée,
elle, de mettre en oeuvre, justement, les recommandations de la commission
Charbonneau à l'égard du financement politique. Vous avez évoqué la question du
délai de prescription du Directeur général des élections. Elle disait ce matin
vouloir s'en tenir à faire passer le délai de prescription de cinq à sept ans,
comme le recommande la commission Charbonneau. Vous, ainsi que la Coalition
avenir Québec, proposez de plutôt le hausser à 20 ans.
Mme de Santis disait ce matin que, sur ces questions-là, la coutume
ou la tradition veut qu'il y ait une espèce de consensus des partis politiques.
Est-ce que je dois comprendre que vous allez vous opposer bec et ongles à ce
que le délai de prescription soit haussé seulement de deux ans?
Mme David (Gouin) : C'est
vraiment insuffisant. Je pense qu'il faut couvrir les 20 dernières années,
on parle... Mme Roy évoquait, ce matin, le chiffre de 87 millions,
chiffre du DGEQ, là, 87 millions acquis par le Parti libéral, c'est
beaucoup, beaucoup d'argent. Alors, c'est important de savoir si c'est de
l'argent propre ou de l'argent sale. Avec quelle sorte d'argent le Parti
libéral a-t-il gagné ses élections? Et compte-t-il en gagner d'autre? Il y a
une élection partielle à Chicoutimi, là, bientôt, c'est avec quelle sorte
d'argent qu'on fait cette élection-là et, entre autres, au Parti libéral du
Québec? Donc, nous allons, oui, nous battre pour que le délai de prescription
soit allongé.
M. Robillard (Alexandre) :
Et, Mme David, ce matin, Mme Vallée nous disait que le délai de
20 ans, là, qui a été accordé pour récupérer les sommes auprès
d'entreprises qui ont mal agi dans l'octroi de contrats, c'était vraiment
quelque chose d'exceptionnel qui ne devait se limiter qu'aux entreprises. Donc,
comment vous expliquez ça, vous, qu'on fasse une exception pour les
entreprises, mais que, pour les partis politiques, ça ne soit pas possible
de...
Mme David (Gouin) : Je n'ai
qu'une seule explication. Il y a peut-être un, au moins, en tout cas, parti
politique, peut-être plus, qui craint de remonter 20 ans en arrière parce
que ça voudrait dire beaucoup d'argent à rembourser. Je ne peux pas voir
d'autre explication.
M. Dutrisac (Robert) :
Mme David, il y a eu un sondage ce matin, là, sur la confiance des
Québécois à l'égard de la classe politique, là, c'est 78 % des gens n'ont
pas confiance. On nous dit aussi qu'il y a une grande majorité... une bonne
majorité de Québécois pensent que le cas de Mme Normandeau ou d'autres
politiciens comme ça, ce n'est pas des cas isolés, il va y en avoir d'autres.
En quoi ce sondage-là témoigne, justement, d'une réaction ponctuelle de la
population, là? Parce que c'était autour du moment où il y avait ces
arrestations-là ou... Et en quoi aussi la réélection du Parti libéral pourrait
jouer un rôle dans ces données-là, dans cette perception-là de la population?
Mme David (Gouin) : De quelle
réélection parlez-vous?
M. Dutrisac (Robert) : Du
Parti libéral.
Mme David (Gouin) : Oui, mais
de laquelle réélection?
M. Dutrisac (Robert) : Celle
de...
Mme David (Gouin) : On ne fera
pas de prévision sur 2018, là, hein, il peut se passer bien des choses...
M. Dutrisac (Robert) : Non,
pas la réélection en 2018. C'est parce que je parle d'une réélection, mais en
fait c'est l'élection du Parti libéral, le retour au pouvoir du Parti libéral.
Mme David (Gouin) : Moi,
j'aimerais ça démêler un petit peu les choses. D'abord j'ai eu les résultats du
sondage et, c'est drôle, hein, moi, j'ai trouvé que la population québécoise
faisait preuve d'une grande sagesse. Elle fait souvent ça, d'ailleurs. Bien
sûr, elle dit que le cas de Mme Normandeau et des autres ne sont pas des cas
isolés. Franchement, c'est l'évidence. L'UPAC a plusieurs dizaines d'enquêtes
encore en cours. Il y aura d'autres arrestations. Donc, la population, elle a
vu clair.
Ceci dit, c'est 46 % des gens qui
pensent que c'est une minorité de politiciens qui sont corrompus. Bien, merci,
merci à la population de penser, en bonne partie, là, que, non, les politiciens
ne sont pas tous corrompus, parce que je sais que c'est le cas, et pas seulement
Québec solidaire, en passant. Nous avons des collègues dans d'autres partis
politiques qui sont absolument des gens honnêtes et intègres. Moi, donc, je
pense que la réaction de la population, elle est correcte et légitime.
Mais ça n'empêche pas qu'il y a un
problème, oui, il y a un problème de désillusion, de désaffection politique
d'une partie de la population, mais qui ne tient pas seulement à la question de
la corruption et qui n'est pas seulement ponctuel. Je pense que beaucoup de
gens dans la population ont de la difficulté avec la classe politique pour
toutes sortes de raisons. Oui, la corruption, ça en fait partie, le sentiment
de ne pas être écoutés, la question de l'austérité, nous observer, à la période
de questions, être comme chiens et chats de temps en temps. Ce n'est pas
toujours simple, la période de questions, disons-le comme ça. Moi, il y a des
gens qui me disent — les femmes, d'ailleurs, surtout : Vous ne
seriez pas capables de vous parler un peu mieux? Mais ce n'est pas simple non
plus, parce que, quand les questions de corruption sortent, évidemment, on est
plusieurs à être indignés et on le manifeste, tout à fait normal, mais il y a
d'autres situations qui ne mériteraient pas que tout le monde grimpe dans les
rideaux.
Bref, je pense qu'il y a bien des raisons
pour la population d'être désillusionnée : le manque de confiance, la
déception, on nous avait promis ceci et on fait le contraire une fois élu.
C'est tout ça qu'il faut restaurer, pas seulement l'intégrité financière. C'est
important, mais il faut restaurer, je dirais, un appétit pour un État, un
gouvernement qui propose une vision du Québec qui rallie les gens, qui leur
donne un peu de bonheur, un peu de justice, qui respecte l'environnement, et là
moi, je pense que la population retrouverait confiance en la classe politique.
M. Caron (Régys) : Mme David,
les députés du Parti québécois sont venus, avant vous, tout à l'heure dire que
le gouvernement était en conflit d'intérêts au sujet de la nomination du prochain
patron de l'UPAC. Est-ce que vous partagez leur avis?
Mme David (Gouin) : Oui, je
les ai entendus dire cela. Écoutez, en conflit d'intérêts, oui, je comprends l'idée,
mais le plus important, ça n'est pas ça, le plus important, c'est que le patron
de l'UPAC, comme de plusieurs autres organismes, là, doit être nommé par les
deux tiers de l'Assemblée nationale. Ça n'a aucun sens que le patron de l'Unité
permanente anticorruption ne soit nommé que par le parti au pouvoir à un moment,
en plus, où ce parti au pouvoir, franchement, est accusé de toutes parts
d'avoir eu des pratiques nombreuses et répétées de financement illégal. Alors, il
y a quelque chose qui ne fonctionne pas à sa face même. Et, même si on n'était
pas dans le moment précis dont nous parlons, nous réclamerions quand même que
le patron de l'UPAC soit nommé par les deux tiers de l'Assemblée nationale à
l'instar du président de la Commission des droits de la personne et d'autres
personnes.
M. Caron (Régys) : Et cette situation-là
où le patron de l'UPAC doit enquêter, notamment, sur un gouvernement en place,
le parti, comment la qualifiez-vous, cette situation-là?
Mme David (Gouin) : Je la
qualifie certainement de très difficile, mais je tiens à rappeler que, malgré
tout, l'UPAC vient de procéder à des arrestations importantes et je pense que
le message que l'UPAC et son patron ont voulu envoyer au gouvernement, c'est,
dans le fond : Quel que soit le mode de nomination, nous vous annonçons
que nous sommes indépendants, nous continuons nos enquêtes et, qui plus est,
nous faisons ces arrestations le jour du budget. Ce n'est peut-être pas
totalement un hasard, on a ce sentiment qu'il y a une sorte d'affirmation
d'indépendance là-dedans. Alors, moi, j'ai confiance en l'UPAC, mais, vous
savez, les apparences, hein... parfois c'est important de soigner les
perceptions. Il vaudrait bien mieux pour tout le monde, puis peut-être même y
compris pour le gouvernement du Québec, que la nomination soit aux deux tiers.
M. Caron (Régys) : S'agit-il
d'une apparence de conflit d'intérêts ou...
Mme David (Gouin) :
Certainement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quelle serait la perception du non-renouvellement du mandat du commissaire
Lafrenière suite aux arrestations de la semaine dernière?
Mme David (Gouin) : Bien, je
pense... Écoutez, je pense que la perception serait assez catastrophique. Si
j'étais le gouvernement du Québec, j'hésiterais, en tout cas. Je pense que
M. Lafrenière et son équipe, quelque part...
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
s'est autorenouvelé? Est-ce qu'il s'est autorenouvelé la semaine dernière?
Mme David (Gouin) : Bien, en
tout cas, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a fait ce qu'il fallait faire
pour s'assurer d'être au moins dans liste très courte des aspirants à son
remplacement, ça, c'est certain. Merci.
M. Hicks (Ryan) : On the press conference this morning, did you see that more as a PR exercise, a public relations exercise or did you see
that as an authentic update on what's going on?
Mme David (Gouin) : It's a little bit more than just a damage control operation, but
it's not enough. We need more measures. We need, first
of all, the reimbursement of all the money who was gained
illegally. That would be the first step, the most important step. But the other propositions are correct, but it's not enough.
M. Hicks (Ryan) : And, when it comes to the money that was obtained illegally, how do
you... how are you determining the amount? What amount, first of all, do you
see should be obtained and how should that be determined?
Mme David (Gouin) : The only thing we know is the Directeur
général des élections has an amount. It's $87 million
gained by the Liberal Party during 20 years. Was it only illegal money or
legal money? I can't say, but it's the reason why we have to... «enquêter»...
M. Hicks (Ryan) : To investigate.
Mme David (Gouin) : Merci. We have to investigate that question.
Mme Massé : And we know, on that one, in the last two months, that the Directeur général des élections raised some
case... just let me see... let's say at the Construction DJL, where the manager
of the place said that they had... 16 persons said that they had given illegal
money with the «système de
prête-noms» — oh my
God! — ...
M. Hicks (Ryan) : Straw men, straw men.
Mme Massé : …straw men, thank you, and this is representing $3,200. So we can
imagine that $3,200 needs to be given back to the society by the Liberal Party.
M. Hicks (Ryan) : On the gun registry, yesterday, the Assembly of First Nations said
that they want a separate gun registry for First Nations. They say that what
was the problem was with the federal one. They said the federal one… they
demanded to be able to create their own, to be exempt. Do you agree with them,
that they should have their own?
Mme Massé : I think they... the first thing that they said, it's the importance…
when you touch the treaty, when you touch the ancestral right of the First
Nations, the first move that a government has to do is to sit with them and
discuss. What they said yesterday, it's this first step wasn't... the Government
didn't do it, so that's why they came to us and said : You know, you do not
respect the U.N. declaration and you, again, for another time, just come to and
say : You'll be as everyone, and this is not the right way.
If we recognize that,
and, at Québec solidaire, we
recognize the right of the First Nations, what they say after that, is :
Because of that, we want to be involved, and they talk a lot about harmony.
They ask to be involved in the next step of that. And, let's say, the
discussions started yesterday, and I really hope that we will be able, as
elected people, to understand that and get to their point, if I can say.
M. Hicks (Ryan) : So, are you.. I mean, so, are you open to that idea that they'd be
exempt from the provincial registry?
Mme Massé : Yesterday, I asked to Mr. Picard if I was rightly understand
that his point is not to be get his own registry, not necessarily. His point is
to get public security by registering the firearms, and we can do that
together. And what that means? It's if we do it only on our way, he's been very
clear, the impact won't be very successful. But, at the same time, if we take
time together, without the money to... not the money, without the funds to be
able to do that on each community, we'll be better assured that the First
Nations will register their firearms.
(Fin à 12 h 23)