(Douze heures vingt-trois minutes)
M. Péladeau : Bonjour à tous
et à toutes. Aujourd'hui, à Bruxelles, au coeur des institutions politiques et démocratiques
européennes, la haine, la lâcheté et la violence ont frappé. Nous sommes
également choqués et révoltés devant la répétition d'attentats meurtriers qui
continuent encore et encore de faucher des vies innocentes, de semer la terreur
et de s'en prendre à ce que nous avons de plus cher. Ces attaques à la liberté
et à la démocratie sont inacceptables, injustifiables, et nous les condamnons
fermement.
Je tiens à exprimer toute notre solidarité
et notre amitié envers la Belgique et les Belges. J'offre mes sincères
condoléances aux familles et aux proches des victimes. Kofi Annan,
ex-secrétaire général des Nations unies, a dit, je le cite : «Une attaque
terroriste contre un pays est une attaque contre l'humanité tout entière.» La
lutte contre le terrorisme islamiste et les autres formes de terrorisme
interpelle tous les pays. Le Québec, à l'instar des autres nations, doit
contribuer à l'effort international en ce sens. Nous devons poursuivre les
efforts sur notre territoire afin de prévenir les manifestations de haine ou de
violence quelles qu'elles soient. Devant la haine aveugle, désespérée et
destructrice des terroristes, devant toutes ces victimes innocentes, devant le
sentiment de révolte, d'indignation et d'urgence qui nous habite en ces moments
tragiques, nous devons poursuivre notre engagement pour une société plus juste,
une société — j'allais dire une planète — où l'espoir, la
liberté et la paix seront plus forts que la terreur. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. Péladeau. Pour les questions, micro de droite, M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M.
Péladeau, je veux vous poser une question par rapport à votre déclaration.
Est-ce que vous considérez que le gouvernement canadien a une réponse
suffisante envers l'État islamique?
M. Péladeau : Vous le savez
fort bien, donc, la défense nationale est une compétence fédérale. Je crois
que, dans les circonstances d'aujourd'hui, mais celles d'hier, celles des mois
derniers et celles des dernières années également, qu'une collaboration très
étroite devrait s'instaurer entre le gouvernement fédéral et le Québec. Nous le
souhaitons ardemment pour faire en sorte que le combat contre le terrorisme
puisse être le plus efficace possible.
M. Laforest (Alain) : Il n'y
en a pas une actuellement? Il y en a une actuellement entre le GRC et la Sûreté
du Québec. Qu'est-ce que vous demanderiez de plus?
M. Péladeau : Qu'elle puisse
se faire également au niveau des parlementaires, au niveau de la société
civile, au niveau de toutes les instances qui vont faire en sorte que nous
puissions partager ce même objectif commun, cet objectif de démocratie et de
protection de ce que nous avons de plus cher comme citoyens.
M. Laforest (Alain) : Sur un
autre sujet, est-ce que vous avez des objectifs de financement dans votre
circonscription et est-ce que vous trouvez que... le Parti libéral réclame
environ entre 10 000 $ et 15 000 $ à ses députés ministres.
C'est trop? Ce n'est pas suffisant? Ça ne devrait plus se faire comme ça?
M. Péladeau : Il n'y a pas
d'objectif en tant que tel de la part des députés. Il y a des objectifs par
circonscription, et ce sont les différentes associations de circonscription qui
ont la responsabilité, donc, de recueillir les contributions des citoyens et
des citoyennes, des militants et des militantes ainsi que des sympathisants.
Les contributions varient pour certaines circonscriptions dont on sait qu'il
serait fort peu probable qu'ils puissent venir au Parti québécois. Donc, de
3 000 $, dans le plus bas des cas, à entre 20 000 $ et
25 000 $ pour les circonscriptions les plus importantes.
M. Laforest (Alain) : Donc, vous
n'avez pas de problème avec le fait que des ministres actuellement sollicitent?
C'est normal pour vous que ça se passe...
M. Péladeau : En fait, cette
question-là... non, je ne trouve pas ça normal parce qu'on a vu ce que ça a
donné. On aura l'occasion probablement d'en reparler, mais les objectifs, qui
étaient ceux du gouvernement de M. Charest, donc de fixer des objectifs de
100 000 $ aux membres du Conseil des ministres, m'est apparu une
ouverture au dérapage.
Le Modérateur
: M.
Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Péladeau, est-ce que vous pensez que le gouvernement a des gestes à poser pour
rassurer la population après l'arrestation de deux membres importants de précédents
gouvernements libéraux?
M. Péladeau : Oui, certainement.
J'ai eu l'occasion de m'exprimer là-dessus vendredi dernier et je pense que le premier
ministre, pour combattre le cynisme qui s'est installé depuis de nombreuses
années au Québec, pour combattre cet éloignement entre le citoyen et la politique,
devrait faire en sorte d'expliquer comment fonctionnait le système de
financement du Parti libéral du Québec afin que les citoyens soient adéquatement
éclairés sur les pratiques qui ont eu cours au Parti libéral.
M. Robillard (Alexandre) :
Sur le plan législatif, est-ce que vous pensez qu'il y a des modifications qui
s'imposent?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
vous savez que c'est le Parti québécois qui est à l'origine. M. Lévesque a été,
à cet égard, je dirais, excusez-moi l'expression, un grand timonier, mais de
changer, donc, les méthodes de financement afin de chasser ce qu'on pourrait
considérer être une influence indue, particulièrement des personnes morales, et
le Parti québécois est à l'origine, donc, d'une modification significative des
méthodes de financement des partis politiques.
Vous étiez probablement à la tribune parlementairealors que je n'y étais pas encore, mais mes collègues également, donc Stéphane
Bédard et Bernard Drainville, lors du gouvernement de Mme Marois, ont proposé
et fait adopter le projet de loi n° 1 qui a limité, donc, les
contributions politiques à 100 $, n'en déplaise au premier ministre qui
tente éventuellement de faire connaître que le Parti libéral serait à l'origine
d'une telle mesure, bien au contraire. Et, dans ces circonstances, je pense que
l'acte législatif où les mesures ont été prises pour justement faire en
sorte... et c'est le Parti québécois qui a toujours tenté de demeurer le plus
proche d'un financement populaire. Oui, j'en conviens qu'il y a eu des
arrestations qui ont eu lieu la semaine dernière, mais elles ne sont d'aucune
comparaison avec celles qui ont eu lieu notamment à propos de l'ancienne
vice-première ministre qui, comme vous le savez, est accusée d'abus de
confiance, de fraude et de complot.
Le Modérateur
: Merci.
M. Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Bonjour,
M. Péladeau. M. Legault, tout à l'heure, s'est porté à la défense du Parti
québécois et a critiqué le Parti libéral d'avoir fait l'amalgame ou d'avoir
fait un rapprochement entre le PQ et le Front national. Vous en pensez quoi,
vous?
M. Péladeau : Je pense que
quelque comparaison que ce soit est plus qu'inappropriée, elle est inexistante.
Cette formation politique à laquelle vous faites référence est une formation
politique qui est française. L'histoire de la France, l'histoire de l'empire
français, l'histoire de l'Europe est évidemment bien différente de celle du
Québec, et c'est la raison pour laquelle je ne peux faire autrement que de dire
qu'il n'y a aucun rapprochement possible.
M. Dutrisac (Robert) : Parce
que Marine Le Pen, elle, a fait ce rapprochement avec les souverainistes, a dit :
Nous sommes un parti pour la souveraineté, et elle a dit, bon : J'ai des
affinités... ou il y a des points en commun entre les souverainistes québécois
et les souverainistes qu'elle dit représenter.
M. Péladeau : Écoutez, Mme Le
Pen a droit à ses opinions, à la liberté d'expression, bien évidemment. Le Parti
québécois sera toujours un défenseur de la liberté d'expression, mais je pense
avoir été clair, dans ma publication Facebook que j'ai dû faire compte
tenu, bon, de l'événement qui s'est produit, il n'y a rien qui rapproche notre
formation politique de la leur, de notre histoire et de ses valeurs.
Le Modérateur
: M.
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : Évidemment,
concernant le terrorisme et tout ça, ici, il y a des projets de loi qui sont quand
même à l'étude, notamment les discours haineux. M. Legault disait tout à
l'heure : On doit quand même s'assurer de tout faire pour freiner les
discours qui peuvent mener à ce type d'acte terroriste là à travers la planète.
Votre point de vue là-dessus? Est-ce que c'est votre opinion également?
M. Péladeau : Écoutez, je vous
dirais que, dans les circonstances aujourd'hui, ce n'est peut-être pas
approprié de faire de la politique, là, au sens strict du terme, c'est-à-dire
de commenter sur l'étude d'un projet de loi qui a lieu actuellement. Ce que je
souhaite, par contre, vous dire, c'est que le Parti québécois, comme je l'ai
dit à votre collègue, sera toujours une formation politique qui va défendre la
liberté d'expression, et c'est exactement ce qui guide les principes émis par
ma collègue Agnès Maltais, qui travaille justement en commission parlementaire
sur le projet de loi n° 59.
Le Modérateur
: Mme
Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, M. Péladeau. Mme Le Pen est quand même une députée européenne.
Pourquoi est-ce que vous n'avez pas accepté de la rencontrer? Vous auriez quand
même pu lui faire valoir vos points de vue qui ne sont pas nécessairement les
mêmes qu'elle.
M. Péladeau : J'ai été clair
sur cette question. Je ne souhaite pas la rencontrer et je ne partage pas ses
orientations politiques. Et, en ce qui concerne la France, bien, je pense bien
la connaître pour y avoir étudié, pour y avoir vécu, pour y avoir travaillé et
de continuer à lire systématiquement les journaux français, dont
particulièrement ce grand journal, ce grand quotidien Le Monde.
Le Modérateur
: Merci.
On y va en anglais?
M. Laforest (Alain) : ...
Le Modérateur
: On y va
en anglais. Mme Johnson...
M. Laforest (Alain) : Bien, j'aimerais
ça avoir une réponse, M. Péladeau. Est-ce que vous seriez prêt à rencontrer un
dictateur africain, s'il vient ici dans une délégation?
M. Péladeau : Je ne répondrai
pas à cette question, M. Laforest. Désolé.
Le Modérateur
: Merci.
En anglais.
Mme Johnson (Maya) : Bonjour, M. Péladeau. To what extent has the Liberal Party's brand
been damaged by the UPAC arrests we saw last week, specifically that of Mme
Normandeau?
M. Péladeau :
Well, I guess, as you probably know, it's the first time ever that the Vice-Premier
had been accused of, you know, significant charges, and that comes from fraud
to «abus de confiance», I guess that the population is well aware about that
situation. It's been the first time. As you know, there are other enquiries
taking place with… we will have, I guess, the results in the next months. I
guess that will have an impact.
Mme Johnson (Maya) : So you're suggesting there could be more to come that will be
damaging to the Liberal Party?
M. Péladeau :
Well, this, I don't know specifically, but what I know is there are additional
enquiries that are going on, and we'll wait for the results to be able to find
out and properly appreciate the situation.
Mme Johnson (Maya) : How surprised were you by these arrests?
M. Péladeau :
Well, I will be frank, I was not completely surprised. You know, we heard some
many things during the Charbonneau Commission. As you probably know also, the
Parti québécois was behind, you know, the establishment of the Charbonneau
Commission. The previous government was asking… Not the government, but the
previous legislature was asking to Premier Charest, you know, I don't know how
many times, probably hundreds of times and… to have a specific investigation
team to be able to find out about what took place in the previous years is certainly
a good news for democracy, and I guess that, you know, it will be the proper
thing to fight what cynicism is all about in politics for the last few years.
Merci.
(Fin à 12 h 37)