(Neuf heures dix-sept minutes)
La Modératrice
:
Bonjour et bienvenue à ce point de presse concernant le dépôt d'une pétition
pour un réinvestissement dans les services de garde éducatifs de qualité.
Prendront la parole ce matin : M. Louis Senécal, président-directeur
général de l'Association québécoise des CPE; Mme Françoise David, porte-parole
de Québec solidaire; ainsi que le porte-parole du Parti québécois en matière de
famille, Sylvain Pagé. M. Senécal.
M. Senécal (Louis) : Alors,
bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, on souhaite d'abord joindre nos
noms aux 202 000 signataires d'une pétition qui a circulé depuis
janvier, qui a été coparrainée par Sylvain Pagé et Mme David. Et c'est donc
avec une fierté qu'on présente les résultats de cette pétition-là qui traduisent
vraiment le fait que les services de garde au Québec, les CPE sont une
priorité.
Les 202 000 personnes, on peut
interpréter leurs signatures comme un hommage qu'elles veulent rendre, les
personnes, un hommage aux éducatrices et aux responsables en milieu de garde
familial qui... Il y en a 34 000 ce matin, là, il faut se le rappeler, qui
ont accueilli des enfants puis qui ont fait et qui vont faire, tout au long de
la journée, des petits miracles avec ces enfants-là pour leur assurer l'égalité
des chances. Alors, ce n'est pas rien, 202 000 signatures, c'est plus
d'une signature par enfant qui bénéficie des services de garde en CPE ou dans
un milieu familial.
Alors, c'est certainement le temps de faire
un rappel à la réalité à ce gouvernement-là qui, depuis son élection, a pris
toutes sortes de mesures qui viennent nuire à la capacité des familles de
pouvoir bénéficier de services de garde de qualité. Alors, c'est 202 000
personnes qui rappellent au gouvernement que c'est une priorité, les services
de garde au Québec, et que ce n'est certainement pas en adoptant sous bâillon
un choc tarifaire dont les parents sont l'objet présentement en faisant leur
rapport d'impôt — on le réalise, là, il y a un impact foudroyant sur
les finances personnelles des gens — ce n'est certainement pas en
imposant des compressions et ce n'est certainement pas non plus en mettant des
bâtons dans les roues du développement de places en CPE qu'on va répondre
positivement à la préoccupation et à la priorité qui a été clairement
manifestée par 202 000 personnes qui ont signé cette pétition-là. Merci
beaucoup.
Mme David
(Gouin) : Bonjour. D'abord, merci et bravo aux 202 000 personnes
qui ont signé la pétition. Je pense que ça manifeste tout l'attachement de la
population québécoise aux centres à la petite enfance.
À l'instar du
président de l'AQCPE, je voudrais ajouter que ce qu'on apprend aujourd'hui, les
prêts des caisses Desjardins à des parents qui auraient des difficultés à payer
ce qui va leur en coûter avec la modulation des tarifs... Il y a des
parents qui découvrent avec stupeur aujourd'hui qu'ils paient
2 000 $, 3 000 $, 4 000 $. C'est ça qu'ils ont à
payer, là, au moment de leur déclaration d'impôt. Desjardins propose de leur
prêter de l'argent avec des taux d'intérêt à, minimum, 12 % à 15 %,
pour être capable de défrayer le coût des frais de garde. Mais où est-ce qu'on
s'en va pour l'amour du ciel?
Alors, vraiment,
là, avec un budget demain, je demande au gouvernement de renoncer à toutes les
compressions, à ces 120 millions de compressions dans les centres à la
petite enfance, et de revenir à un tarif unique pour les centres à la petite
enfance.
M. Pagé
:
Merci. Bonjour, tout le monde. Alors, moi aussi, je félicite les 200 000
signataires de cette mégapétition, hein? C'est historique. Il faut se dire qu'à
travers le Québec, qu'on en dépose à tous les jours, des pétitions à
l'Assemblée nationale, mais une pétition de 200 000 noms, c'est tout à
fait historique.
Je vous
rappellerai également qu'hier matin nous étions ici même pour déposer
25 000 cartes postales signées en moins de deux semaines pour demander,
encore une fois, au gouvernement de revenir sur cette décision folle.
200 000 pétitionnaires, c'est aussi un geste démocratique fort, et le
gouvernement ne peut faire fi de ce geste démocratique, ne peut faire fi de
cette volonté québécoise de dire non à l'augmentation de ces tarifs, mais dire
non également à toutes ces coupures qui auront un impact important sur la
qualité des services qu'on va offrir pour ces enfants, ces
250 000 enfants qui, tous les jours, vont dans nos centres de la
petite enfance et ailleurs pour le service de gardiennage. Mais c'est beaucoup
plus que du gardiennage qu'on fait dans les CPE. On fait de la prévention, on
fait de l'éducation, on fait des dépistages. C'est ça, l'égalité des chances. C'est
de les préparer, ces enfants-là, à leur avenir, à la réussite éducative. Et
20 ans plus tard, les données sont probantes, ça fonctionne.
Et, ma collègue Mme David l'a bien dit
tantôt, un geste incroyable... On a connu les prêts hypothécaires, on a connu
les prêts autos, les prêts meubles, maintenant on aura les prêts CPE. C'est
absolument incroyable. Pourquoi? Parce que le gouvernement a fait fi de sa
promesse électorale et il enverra, dans les prochains jours, une facture qui
pourra aller jusqu'à 2 300 $ par enfant, 4 600 $ pour deux
enfants en CPE. Heureusement, le troisième, c'est gratuit.
Alors, on trouve ça indécent. On demande
au gouvernement de revenir sur cette mauvaise décision, revenir finalement à sa
promesse électorale, et de ne pas couper dans les CPE, et d'éliminer cette
ligne 434 que l'on voit dans le budget... dans le rapport d'impôt de cette
année. Je vous remercie.
La Modératrice
: M.
Vigneault.
M. Vigneault (Nicolas) :
Bien, d'abord, M. Proulx a dit que, oui, pour l'année en cours et tout ça, ça
va être maintenu, cette compression-là. Comment vous réagissez à ça? Il ne
semble pas vouloir bouger pour le moment. Peut-être des réinvestissements plus
tard, mais, pour le moment, on continue de demander cet effort budgétaire aux
garderies. Allez-y.
M. Pagé
: Bien,
écoutez, je pense qu'ils ont accepté cette offre, ils l'ont signée le couteau
sur la gorge parce qu'ils n'avaient pas le choix. Et M. Proulx a beau dire ce
qu'il veut, mais la réalité, elle est tout autre. La réalité, c'est qu'on va
couper des services. La réalité, c'est qu'on va fragiliser quelque chose comme
1 000 à 2 000 emplois et, en même temps, on va fragiliser l'égalité
des chances à tous les enfants. Alors, la mobilisation continue, et on va
continuer de le dire au gouvernement que c'est une mauvaise décision.
Mme David (Gouin) :
J'ajouterais, si vous permettez, que toutes ces coupes s'ajoutent à des coupes
précédentes, s'ajoutent à de nouvelles règles, par exemple le fait que les CPE
ne peuvent plus accumuler de surplus. Mais, en même temps, on leur dit :
Si vous avez besoin de rénovation ou d'agrandissement, il faut que vous mettiez
50 % de la somme. Mais oui, mais on n'a plus le 50 % de la somme
parce que vous nous empêchez d'avoir des surplus.
Alors, dans ma circonscription, j'ai des
CPE en besoin de rénovation qui s'arrachent les cheveux en se
demandant comment ils vont faire pour rénover et pour assurer la sécurité
des enfants. Des exemples, là, de folleries, là, de niaiseries qui se passent à
cause des coupes dans les CPE, il y en aurait des dizaines. On réfléchit à
comment diminuer les coûts de l'alimentation des enfants. Écoutez, là, ça
commence à être sérieux. On élimine les bouts de fromage, parce que le fromage,
ça coûte trop cher dans les collations. On élimine des postes d'éducatrice
volante, on élimine des postes à l'entretien ménager. Alors, les éducatrices
sont obligées de s'occuper des enfants et de désinfecter les jouets, ce qui m'a
amenée, il y a quelque temps, à demander en question en Chambre : Mais
coudon, est-ce qu'il va falloir revenir à mon époque, quand j'avais un tout-petit
en garderie, et que nous faisions la désinfection des jouets, nous, les
parents, le soir, dans une corvée générale? Est-ce que c'est ça, là, que le ministre
nous propose? Donc, les conséquences concrètes des coupes, elles sont déjà là.
M. Senécal (Louis) : Et finalement,
simplement pour remettre les choses dans leur contexte, ce que les membres de
l'AQCPE ont accepté, c'est le montant de transition pour l'année prochaine et
non pas les compressions. Alors, les compressions sont toujours décriées et le
contexte de la discussion qui a mené à cette acceptation-là, c'est un contexte
où on nous a donné trois jours, trois jours pour bonifier le montant qui avait déjà
été convenu, le bonifier d'une somme additionnelle de 21,1 millions. Et
ça, ça vient simplement réduire les impacts de compressions qui vont en avoir
sur le terrain. Et c'est clair que la bataille n'est pas finie à ce niveau-là.
M. Vigneault (Nicolas) : Comment
vous avez réagi en apprenant cette démarche de Desjardins et qu'est-ce que ça
démontre?
M. Senécal (Louis) : Bien,
d'abord, le gouvernement se targuait, à l'époque de l'annonce de ce choc
tarifaire là, que ça n'allait pas avoir de grandes conséquences sur la
population. Alors, ça, clairement, il semble y en avoir une. Desjardins a
envoyé 25 000 lettres, et on parle simplement d'une institution
financière. Les autres vont certainement suivre.
Deuxièmement, c'est un autre signe de la
volonté de commercialiser les services de garde au Québec, hein? Par une mesure
comme celle-là, bien, on s'arrange pour que, finalement, il y ait de l'argent
dans les entreprises privées qui soit fait sur le dos des parents, ce qui est
tout à fait odieux. Vous savez, au Québec, c'est un peu le monde à l'envers. On
peut s'acheter une voiture qui est financée sur cinq ans à 0 % d'intérêt,
et ce matin on apprend que, pour financer les services de garde, ça pourra
coûter jusqu'à 12 %. Alors, c'est vraiment le monde à l'envers. Les
priorités sont loin d'être à la bonne place.
(Fin à 9 h 26)