(Onze heures cinq minutes)
M. Péladeau : Merci. J'espère
que vous avez passé une belle semaine de relâche. Ma collègue avec moi, Carole
Poirier, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, me disait que j'avais un petit
teint basané. Alors, oui, j'ai passé une belle journée de ski samedi avec mes
enfants dans ce merveilleux parc du Mont-Orford. Alors, c'était très agréable.
Alors, ça fait plaisir de vous retrouver
ce matin, donc, au retour de cette semaine de relâche. Vous savez également qu'il
y a eu un moment fort qui s'est déroulé le 4 mars, le Sommet des femmes qui s'est
tenu au Palais des congrès, où des centaines de femmes ont eu l'occasion, donc,
de s'exprimer, d'échanger, de partager et de faire des suggestions et des recommandations.
J'y étais en compagnie de mes collègues. Malheureusement, Carole était à
l'extérieur du Québec, en déplacement en Inde, notamment également sur des questions
et des rencontres avec des groupes de femmes. Mais mes collègues Diane Lamarre,
Agnès Maltais, Nicole Léger, Martine Vachon...
Mme Poirier
: Martine
Ouellet.
M. Péladeau : ...pardon, Mme
Martine Ouellet — Vachon étant son comté, sa circonscription — avons
participé à ce grand événement.
Et, en cette Journée internationale des
femmes, il nous apparaît essentiel de revenir, de revenir sur ces questions extrêmement
importantes puisque, oui, certes, le Québec a évolué de façon significative
depuis les dernières décennies, mais nous croyons fermement qu'il reste encore beaucoup
à accomplir et que les gestes qui sont posés actuellement par le gouvernement
libéral, particulièrement, donc, en ayant plongé le Québec dans l'austérité, en
faisant en sorte de diminuer les moyens, peut-être même de façon idéologique en
ce qui concerne les CPE, sont des mesures qui vont à l'encontre, justement, de
cette nécessité, et cette volonté, et cette détermination de nous engager davantage
dans la parité hommes-femmes.
Alors, le Parti québécois va continuer. Il
a toujours été à l'avant-garde de ce mouvement et il va continuer à faire en
sorte de défendre et de poursuivre la lutte qui a été celle que les femmes ont
entreprise, depuis des décennies, pour faire en sorte que cette parité et cette
égalité, au niveau des hommes et des femmes, soit respectée.
Alors, quoi qu'en pensent le premier
ministre et sa ministre de la Condition féminine, c'est un débat actuel, et, en
ce qui nous concerne, encore une fois, notamment lorsque je fais référence aux
CPE, on ne peut faire autrement que justement souligner l'importance que des
institutions qui ont été créées par le Parti québécois... ont fait pour
avancer. Parce que les statistiques, là, elles sont toujours pas
particulièrement brillantes. Aujourd'hui, les femmes gagnent 75 % du
salaire des hommes. La parité dans les lieux décisionnels et les conseils
d'administration sont nettement insuffisants, et les dernières statistiques
montrent que les organisations restent bien en deçà des objectifs de parité.
C'est 16,8 % ici, au Québec. C'est la même chose en ce qui concerne la
fonction publique.
Et j'ai eu l'occasion, comme président du
conseil d'administration de la Fondation de l'entrepreneurship, dans ma
carrière précédente, de faire une tournée du Québec, justement, pour promouvoir,
parce que les statistiques n'étaient pas suffisamment intéressantes ou
n'étaient pas suffisamment favorables pour en faire la promotion. Et je
constatais ce matin, dans un article du Soleil, qu'on mettait en
vedette, qu'on mettait en valeur, donc, une femme entrepreneure. Je pense que
c'est d'autant plus intéressant et important que justement, au sommet du 4
mars, il a été question de recommandations en cette matière.
Alors, soyez assurés que le Parti
québécois, sa porte-parole en matière de condition féminine, donc la députée
Carole Poirier, députée d'Hochelaga-Maisonneuve, va continuer à faire le
travail qui nous apparaît essentiel pour faire en sorte que cette parité soit
obtenue. Je vais laisser la parole à Carole pour vous faire part des recommandations
et des suggestions qui ont été faites durant le sommet.
Mme Poirier
: Merci, M.
Péladeau. Écoutez, aujourd'hui, c'est un message que nous lançons auprès de la
ministre de la Condition féminine qui s'est interpellée elle-même la semaine
passée à savoir si elle était féministe ou pas. Alors, moi, d'entrée de jeu, je
vous le dis, au Parti québécois, nous sommes féministes. Que ce soit les hommes
ou les femmes membres du Parti québécois, nous sommes féministes et nous avons
fait... Dans le fond, nous faisons la preuve qu'être féministe c'est poser des
gestes. Et c'est là-dessus qu'on interpelle aujourd'hui la ministre. Il faut
poser des gestes lorsqu'on se dit ministre de la Condition féminine et poser
des gestes qui sont de réels avancements pour les femmes.
À date, ce que ce gouvernement-là a fait,
bien, entre autres, la coupure dans les CPE. Vous savez, les CPE, ce que ça a
fait au Québec, c'est bien sûr... ça a fait diminuer le taux de pauvreté des
femmes de 36 % à 22 %, ça a fait en sorte d'augmenter le revenu des
femmes de 80 %. Ce n'est quand même pas rien, et ça, ça a changé la vie de
bien des femmes au Québec. Mais ce gouvernement-là... et la ministre de la
Condition féminine l'a reconfirmé hier, a dit que sa priorité, pour elle, c'était
beaucoup plus les garderies privées. Les garderies privées, c'est retourner
20 ans en arrière, où les femmes n'avaient pas de protection en matière
d'emploi, n'avaient pas de protection de Régie des rentes, parce qu'en garderie
privée il n'y a pas ces protections que nous donnent les CPE pour les femmes.
Alors, c'est un retour en arrière, et ça, c'est ce que priorise la ministre
actuelle de la Condition féminine. Alors, c'est à ses gestes qu'on va la juger.
Actuellement, on parle de coupures importantes
dans le programme À égalité pour décider. On vient de le dire, la place des
femmes en politique, c'est important, mais, si on coupe de 50 % les
budgets comme ça a été fait dans le dernier budget, eh bien, la ministre doit
rétablir les budgets du programme À égalité pour décider. Elle doit aussi
rétablir le budget de Chapeau, les filles! On se rappellera toute la
controverse l'an passé sur le concours Chapeau, les filles!, une coupure de
40 % du budget. C'est totalement inadmissible. C'est à ses gestes que l'on
va valider si la ministre de la Condition féminine est vraiment à ses affaires.
C'est aussi une coupure de 60 % dans
l'enveloppe des organismes en formation de la main-d'oeuvre auprès des femmes,
des coupures importantes qui ont eu des impacts significatifs.
C'est aussi celle qui a... cette
ministre-là qui avait laissé tomber les femmes de Val-d'Or, on s'en rappellera,
qui avait envoyé la police de la Sûreté du Québec enquêter les policiers de
Val-d'Or qui avaient... pour lesquels il y avait des présumés comportements de
violence. C'est cette ministre-là qui a coupé aussi l'enveloppe pour contrer...
le programme pour contrer l'exploitation sexuelle. C'est la même ministre.
Alors, aujourd'hui, elle doit avoir des
gestes positifs. Et le budget arrive la semaine prochaine, c'est le temps pour
elle de faire la démonstration qu'elle est vraiment la ministre de la Condition
féminine.
Au Parti québécois, la semaine passée, le
chef du Parti québécois a pris 10 engagements importants, soit, dans un
premier temps, la création d'un comité parlementaire mixte, qui est déjà à
l'oeuvre et qui va faire en sorte d'élaborer des propositions pour atteindre la
zone paritaire des candidatures au Parti québécois pour la prochaine élection. C'est
aussi la mise en oeuvre, pour le prochain Conseil des ministres du Parti
québécois, de la parité hommes-femmes. C'est aussi de s'assurer que, dans les
conseils d'administration des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux,
la parité soit effective. C'est aussi faire en sorte que les entreprises qui
veulent faire affaire avec le gouvernement puissent avoir des conseils
d'administration paritaires.
C'est l'instauration, par le projet de loi
n° 594 que j'ai déposé il y a maintenant deux semaines... alors j'espère que
le gouvernement va appeler le projet de loi n° 594 pour permettre aux élus
municipaux d'avoir un congé de maternité sans perdre leur poste d'élu. C'est
aussi le congé de maternité pour les députés, qui n'existe pas présentement. C'est
aussi d'examiner des réformes de scrutin pour améliorer la place des femmes en
politique. C'est l'instauration d'un programme d'aide à domicile pour soutenir
les élus et les élues qui ont des jeunes enfants, dans leurs tâches familiales,
parce que partir trois jours à Québec, pour bien des élus, c'est un frein à
aller en politique active. Et aussi avoir un service de garderie pour répondre
aux besoins de nos participants lors de nos conseils nationaux. Et finalement, bien,
c'est un programme de formation qui s'adresse à toutes les personnes qui souhaitent
se lancer en politique.
Alors, nous, au Parti québécois, c'est des
mesures concrètes parce qu'on croit que c'est dans l'action que l'on va faire
en sorte que les femmes vont prendre leur place en politique.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Donc, on y va avec les questions. Micro de gauche, Mme Richer, La
Presse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour,
M. Péladeau. J'aimerais revenir, justement, sur la liste d'engagements que vous
avez pris pour les femmes. Sur la question de la proportion de candidates, vous
êtes resté très vague. On parle d'un comité...
Pouquoi ne pas prendre aujourd'hui
l'engagement de présenter 50 % de femmes lors des prochaines élections, en
2018?
M. Péladeau : Bon, je pense
qu'on doit travailler dans une collégialité. C'est la raison pour laquelle nous
souhaitons qu'il y ait un comité parlementaire. Soyez assurés que nous allons
faire valoir notre point de vue. Vous savez, le parti est une instance démocratique,
les débats ont lieu. Je n'ai pas à imposer quoi que ce soit, mais j'ai
certainement à suggérer et à promouvoir, et c'est ce que je m'engage à faire.
Mme Richer (Jocelyne) : Sans
plus.
M. Péladeau : Bien, écoutez,
je pense qu'on va y arriver.
Mme Poirier
: On avait
quand même 37 % de candidatures, à la dernière élection, féminines, ce qui
était vraiment un sommet au Parti québécois. Alors, ce n'est qu'une étape pour
justement atteindre la zone de parité.
Mme Richer (Jocelyne) : Selon
vous, est-ce que Mme Thériault est toujours digne d'occuper la fonction de
ministre de la Condition féminine?
M. Péladeau : Écoutez, je
pense qu'on devra attendre qu'elle pose des gestes, parce que, pour l'instant,
il n'y a que des paroles. On a vu qu'il y avait une rencontre hier, mais
malheureusement, les gestes qui sont posés par le gouvernement... Et ce n'est
pas uniquement Mme la ministre, c'est le gouvernement généralement qui a posé
des gestes qui vont à l'encontre de la parité, qui vont à l'encontre des
mesures pour l'égalité.
Et je ne peux faire autrement que revenir
sur les CPE, qui a été une institution qui justement a fait en sorte qu'on
puisse avoir accès soit aux études, soit au travail. Et c'est parce que nous
nous engageons dans cette direction que nous nous engageons également vers la
liberté. Et malheureusement les gestes posés par le gouvernement vont à
l'encontre de cette philosophie, vont à l'encontre de ces valeurs.
Mme Richer (Jocelyne) : Y
a-t-il eu, pour vous, personnellement, une féministe qui a influencé votre
réflexion sur le sujet?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
moi, j'ai toujours eu l'occasion de pouvoir échanger avec Mme Payette. J'ai
évidemment bien vu qu'est-ce qui s'est passé avec ces dames Casgrain qui
justement ont été, je dirais, des pionnières. Et lorsque je suis intervenu
samedi... pardon, vendredi le 4 mars, en préambule, bien, j'ai salué le travail
de Mme Payette pour la lutte des femmes, et que c'était une pionnière parce
qu'autant dans son action législative que dans le discours qu'elle a tenu elle
est profondément engagée dans cette direction.
Et je ne pouvais faire autrement aussi, et
nous en avions une belle illustration hier puisque, comme vous le savez probablement,
il y a eu un hommage rendu à Mme Marois qui, elle aussi, est à l'origine de la
création de ces belles et grandes institutions, de la continuité de la lutte
pour l'égalité entre les hommes et les femmes et pour la parité, et elle fut
évidemment la première première ministre du Québec.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, Mme Poirier, M. Péladeau. M. Péladeau, vous avez dit être influencé ou,
du moins, avoir consulté Mme Payette. Qu'est-ce que vous pensez de sa
proposition d'établir, de créer un parti politique de femmes?
M. Péladeau : Écoutez, Mme
Payette a toujours eu des bonnes idées et elle va continuer. Vous savez qu'elle
a toujours gardé sa liberté d'expression. Je pense qu'il y a une impulsion de
ce côté-là qui fait en sorte, justement, de continuer à nous engager vers la
parité et je pense que c'est utile que ce genre de réflexion puisse avoir lieu.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme Poirier, vous étiez à l'extérieur lors de la controverse qui a été suscitée
par un entretien de Mme Thériault à LaPresse canadienne. À
quel point la ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, s'est-elle
discréditée?
Mme Poirier
: Bien,
écoutez, lorsqu'on est ministre de la Condition féminine, son rôle premier est
de défendre les femmes dans le gouvernement. Le féminisme, en tant que tel, c'est
promouvoir l'égalité. Alors, si la ministre n'est pas capable de promouvoir
l'égalité dans son propre gouvernement, eh bien, écoutez, il faut s'interroger.
Alors là, on lui demande de poser des gestes pour faire la démonstration
qu'elle est vraiment au bon rôle au bon moment.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Péladeau,
rapidement, sur la statistique que vous avez évoquée lors de votre allocution
d'introduction, sur les femmes qui reçoivent en moyenne à peu près 73 %,
75 % du salaire d'un homme, bon, à compétences égales, à tâches également
équivalentes, quelle est la responsabilité de l'État pour forcer les entreprises,
le secteur privé, disons, à dissiper toute inégalité, là, de traitement, là,
chez les femmes et les hommes?
M. Péladeau : Bien, j'ai fait
référence un petit peu, donc, à l'état de situation. À l'heure actuelle, il
doit, l'État, agir avec les leviers qu'il détient et plus particulièrement,
justement, en fonction publique, sur les conseils d'administration, et ça fait
partie des recommandations que nous faisons, qu'il y ait une parité de ce côté-là.
Donc, le message est fort. Lorsque le message est fort, bien là, à ce
moment-là, les gestes et l'ensemble de la collectivité se dirigent dans cette
direction. J'ai posé moi-même des gestes quand j'étais, donc, à la tête de
Québecor et je pensais également que ces gestes-là allaient avoir comme message
cette nécessité de faire en sorte que ces parités soient respectées.
Mme Poirier
: On a
aussi une loi sur l'équité salariale au Québec, qu'on a votée depuis 1996, qui
s'applique aux entreprises, justement aux PME maintenant. Alors, il serait
temps qu'on fasse en sorte au Québec d'avoir toutes nos PME qui appliquent la
Loi de l'équité salariale. Ça, ça serait une vraie démarche.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, bonjour. Est-ce qu'une ministre de la Condition féminine doit
nécessairement se dire clairement féministe?
Mme Poirier
: Oui.
M. Péladeau : J'endosse la
position de ma collègue.
Mme Lajoie (Geneviève) : D'accord.
Parfait, je voulais que ça soit clair. Concernant, là, justement... pourquoi ne
pas proposer, pourquoi ne pas être derrière l'idée d'imposer un quota de
50 % de femmes, notamment aux candidates pour être députée à l'Assemblée
nationale?
M. Péladeau : Bien, ce sont
des questions, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, qui vont faire l'objet
d'une analyse et de recommandations de la part du comité, mais que je le
souhaite...
Une voix
: ...
M. Péladeau : Oui, mais je
tiens à vous répéter, nous avons une instance démocratique qui s'appelle un
parti politique. C'est une formation, nous allons avoir des débats, et je suis
certain... et vous savez également qu'il y a eu des recommandations qui ont été
faites à cet égard-là au Conseil national qui a eu lieu à Sherbrooke, si ma
mémoire est bonne. J'ai d'ailleurs endossé et je soutenais cette proposition
qui a été faite par mes collègues féminines, et nous sommes dans cette
direction.
Maintenant, nous devons respecter les
principes démocratiques de notre formation politique, et c'est parce que ce
débat va avoir lieu que nous serons en mesure de, justement, avoir, écoutez,
une collégialité dans la décision. Et j'ai l'intime conviction que les
militants et les militantes du Parti québécois partagent cette perspective,
mais, en même temps, je n'ai pas le pouvoir ou, je dirais, la prétention
d'imposer une perspective. Mais le Parti québécois restera toujours un parti où
il y a des débats, contrairement au Parti libéral. Et le Parti québécois sera
toujours un parti de militants, contrairement à la CAQ.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. M. Péladeau, est-ce que le gouvernement doit bonifier l'offre
faite à la Fédération autonome de l'enseignement?
M. Péladeau : Écoutez, j'ai
toujours... Et, au Parti québécois, nous l'avons dit, nous n'avons pas fait
partie des négociations. Ceci étant, là, nous sommes obligés de conclure que,
bon, encore une fois, il y a beaucoup de paroles, mais malheureusement il n'y a
pas énormément de livraisons. Il est prématuré, à l'heure où nous nous
parlons... Je comprends que ça risque de se produire, le cas échéant,
relativement rapidement, mais, comme nous n'avons pas connaissance en bonne et
due forme de la situation actuelle, tu sais, à cet égard, je pense qu'il serait
prématuré de nous donner une position définitive.
Ce que nous souhaitons, et nous l'avons
toujours dit, et nous le répétons, qu'il y ait un règlement négocié. Alors,
dans la livraison, il y a évidemment la rédaction, et, si le gouvernement n'est
pas en mesure de pouvoir conclure adéquatement, encore une fois, nous serons
obligés de conclure que, cette fois-ci, à l'accoutumée, le Parti libéral et le
gouvernement libéral aura failli dans sa tâche.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous allez rencontrer la FAE, comme ils vous le demandent?
M. Péladeau : Nous avons eu
une demande tout récemment, là, il y a quelques minutes, et, oui, nous serons
toujours disponibles et ouverts à rencontrer les différentes organisations pour
faire en sorte que nous puissions participer aussi à cette nécessité d'obtenir
un règlement négocié.
M. Laforest (Alain) : Mais
qu'est-ce que ça va changer, si vous dites que vous n'avez pas toute
l'information?
M. Péladeau : Bien là, à ce
moment-là, nous allons en avoir.
M. Laforest (Alain) : Vous
les rencontrez... Vous allez avoir juste... mais vous allez avoir juste leurs
informations, là.
M. Péladeau : Bien,
éventuellement, si le gouvernement...
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous êtes plus favorable à la FAE ou au gouvernement?
M. Péladeau : Nous autres,
vous savez, M. Laforest, on a toujours souhaité, et je l'ai mentionné à ma
première question comme chef du Parti québécois et comme chef de l'opposition
officielle, c'est la main tendue. Nous souhaitons être en mesure de pouvoir
participer au règlement, mais nous avons toujours eu un refus catégorique de la
part du Parti libéral et du gouvernement libéral. Alors, il faut poser la
question au premier ministre qui refuse systématiquement toutes les mains
tendues qui lui sont proposées.
M. Laforest (Alain) : Je vais
poser ma question autrement. Est-ce que vous êtes plus favorables aux demandes
des enseignants ou à la ligne dure du gouvernement pour respecter son budget?
M. Péladeau : Bien, encore une
fois, il va falloir attendre les détails. Ça serait prématuré de pouvoir
s'engager sur un terrain où la connaissance n'est pas requise ou n'est pas
encore obtenue. Mais dans l'esprit, effectivement, de cette rencontre avec la
FAE, comme d'ailleurs dans l'esprit de la rencontre qui a eu lieu avec la
direction générale de Bombardier, bien, nous sommes en mesure, alors, à ce
moment-là, d'avoir un jugement éclairé. Mais auparavant c'est prématuré
d'émettre des opinions sans avoir des faits pour les soutenir.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Péladeau, vous avez peut-être vu le reportage de notre collègue Sophie Langlois
sur des médecins immigrants, des médecins syriens qui pratiquaient, depuis
plusieurs années, effectivement, en Syrie. Ils arrivent ici, ne sont pas
capables de pratiquer la médecine en raison de bien des problèmes. On le sait,
c'est difficile, la reconnaissance des diplômes, mais c'est difficile aussi de
faire sa résidence. Votre réaction là-dessus, quelles mesures vous proposeriez?
M. Péladeau : Je peux-tu faire
une petite blague, M. Vigneault?
M. Vigneault (Nicolas) : Vous
pouvez y aller. Vous ne l'avez pas vu, vous étiez en...
Une voix
: ...
M. Péladeau : Ah! Si M.
Robillard le mentionne, je devrais, comme dirait... caveat emptor, que l'acheteur
se méfie. Oui, j'ai pris connaissance du reportage, comme également d'autres
reportages parus dans d'autres médias, et là nous sommes obligés de regarder
tout ça dans un cadre beaucoup plus large, et c'est le cadre de la direction du
ministère de la Santé depuis l'avènement du gouvernement Charest. Vous le savez,
pendant cinq ans, le premier ministre actuel a été ministre de la Santé.
Ensuite, nous avons eu un autre médecin et ensuite nous avons encore un
médecin. Or, il se trouve que... Est-ce que les problèmes ont été solutionnés?
Est-ce que les files d'attente ont diminué? Est-ce que les temps d'attente pour
les opérations ont diminué? Malheureusement, ce n'est pas le cas.
Alors, des éléments comme ceux auxquels
vous faites référence, le fait de la reconnaissance des diplômes qui sont ceux
avec lesquels des médecins qui ont pratiqué la médecine dans d'autres pays, bien,
il y a un corporatisme qui existe, et ce corporatisme, bien, c'est celui également,
donc, du Collège des médecins, bien chapeauté par le ministre de la Santé qui
fait en sorte qu'on barre ou nous verrouillons la capacité de pouvoir
reconnaître plus rapidement les compétences des médecins qui ont justement
pratiqué à l'étranger. C'est certain que ça pourrait faire en sorte que ce
goulot d'étranglement disparaisse et que nous nous engagions véritablement dans
une politique d'accessibilité, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, on devrait briser ce corporatisme un peu.
M. Péladeau : Oui, il faut
avoir une réflexion collective, et soyez assurés que le Parti québécois va en
avoir une, et, lorsque nous nous présenterons aux élections en 2018, bien, le
travail va être fait. J'ai déjà eu l'occasion de vous mentionner durant le conseil
national avec les militants qu'il y a un comité de santé qui a été formé auprès
de nos collègues de l'aile parlementaire, qui est présidé par Diane Lamarre,
qui, justement, réfléchit sur ces questions-là, parce qu'elles sont nombreuses,
dont notamment, et je l'ai mentionné, la rémunération à l'acte, la capacité de
pouvoir reconnaître les médecins, le rôle de l'ensemble des intervenants à
l'intérieur du réseau de la santé, les pharmaciens, les infirmières
spécialisées. Tous ces éléments-là vont faire l'objet d'une analyse et de
recommandations dans notre programme électoral.
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour. J'aimerais savoir, est-ce que vous pensez qu'un premier ministre doit
être féministe?
M. Péladeau : Oui, je pense
qu'il doit l'être également, parce que ça constitue 50 % de l'humanité, ça
constitue 50 % de la population, et nous devons faire en sorte que le
droit des femmes soit défendu, le droit des femmes puisse justement encore davantage
s'engager dans le mouvement d'émancipation qui a eu lieu depuis les dernières
décennies et qui n'est pas complété.
Être féministe, ça veut dire faire la
promotion de la parité, faire la promotion de l'égalité. Et, à cet égard, si ce
n'est pas le premier ministre qui le fait, bien, il ne faut pas se surprendre éventuellement
du genre de déclaration auquel nous avons eu droit de la part de certains
membres du Conseil des ministres durant la semaine dernière.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, vous demandez à M. Couillard de se prononcer, ce qu'il n'a pas fait
jusqu'ici?
M. Péladeau : Écoutez, je
pense qu'il est assez grand pour savoir ce qu'il a à faire, mais moi, je vous
donne mon opinion. Je pense que tout premier ministre devrait être féministe.
M. Robillard (Alexandre) : Maintenant,
est-ce que... Dans le dossier Énergie Est, j'aimerais ça savoir, M. Péladeau,
ce que vous pensez du fait que l'ex-premier ministre du Québec Jean Charest est
intervenu auprès du cabinet du premier ministre fédéral dans le dossier
d'Énergie Est.
M. Péladeau : Bien, écoutez,
en même temps, ce n'est pas complètement surprenant. In sait que les lobbies
sont très forts. D'ailleurs, mon collègue Bernard Drainville a eu également
l'occasion de mentionner en Chambre et poser des questions au gouvernement à
cet égard, la présence d'un membre de la commission politique du Parti libéral
du Québec qui a été embauché par TransCanada pour faire des représentations.
Alors, les illustrations sont
malheureusement trop nombreuses pour ne pas conclure autre chose, que c'est le
festival du lobbyisme à l'intérieur du gouvernement et du Parti libéral.
Alors, que cette situation-là advienne,
honnêtement, je ne suis pas surpris, mais j'ose espérer que le gouvernement va
surtout et avant tout être attentif à l'intérêt général des citoyens et des
citoyennes du Québec. Et vous avez mentionné, donc, le BAPE qui a démarré ses
travaux hier. Nous avons été clairs, nets et précis à cet égard, nous
souhaitons un BAPE qui va pouvoir permettre à l'ensemble de la population de
faire en sorte de bien saisir les tenants et aboutissants. Et le BAPE dans
lequel le ministre de l'Environnement nous a engagés ne donnera pas les moyens
à la population d'être adéquatement renseignée.
M. Robillard (Alexandre) : Toujours
sur la même question, vous avez dit : C'est le festival du lobbyisme au
Parti libéral. Vous faites référence au Parti libéral du Québec. Est-ce que
vous pensez que c'est possible que M. Charest ait fait les mêmes
représentations auprès de M. Couillard qu'auprès de M. Trudeau? Et est-ce que
vous demandez à M. Couillard de divulguer si oui ou non il y a eu des échanges
à ce sujet-là avec M. Charest?
M. Péladeau : Écoutez, je n'ai
pas grand espoir que ce genre de question va donner une réponse, va donner
ouverture à une réponse, mais j'ai confiance aux médias pour que vous
effectuiez votre travail.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin.
M. Robillard (Alexandre) :
...est-ce que vous pensez que c'est possible que M. Charest ait contacté le
cabinet de M. Couillard et est-ce que vous demandez que M. Couillard d'être
transparent là-dessus?
M. Péladeau : Tout est possible,
M. Robillard.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
Mme Poirier, M. Péladeau. M. Péladeau, sur un dossier sur lequel vous avez une
expertise pointue, hier, Brian Mulroney a porté un dur coup aux espoirs de
plusieurs en disant que la venue d'une équipe, d'une concession de la LNH à
Québec, ce n'était pas pour demain. Est-ce que vous partagez son analyse sur le
fait que la valeur du dollar canadien plombe les possibilités que Québec puisse
aller s'acheter une équipe?
M. Péladeau : Écoutez, j'ai
pris effectivement connaissance des commentaires de M. Mulroney ce matin dans
les médias. Je vais laisser le soin à M. Mulroney, qui est responsable de ce
dossier, que j'ai mandaté alors que j'étais chez Québécor... et j'ai une très
grande confiance en lui. C'est un homme de grand talent, et je suis convaincu
qu'il va continuer à travailler. Pour le reste, je ne ferai pas de commentaire.
M. Boivin (Simon) : Même sur
la base de votre expertise dans le dossier, sans que ce soit en lien avec ce
que Québécor pourrait faire, mais bien les paramètres qui favoriseraient la
venue ou non d'une équipe, est-ce qu'effectivement le dollar canadien est un de
ceux-là?
M. Péladeau : Je pense que
j'ai mis en place tous les éléments nécessaires pour atteindre cet objectif,
qui était celui que j'ai mentionné lorsque j'étais à la direction de Québécor,
et que tous ces éléments-là seront couronnés de succès un jour ou l'autre.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
que vous maintenez que, même sans équipe de la ligue nationale, l'investissement
de 200 millions du gouvernement du Québec dans l'amphithéâtre était un bon
investissement?
M. Péladeau : Écoutez, là, je
pense que vous devriez peut-être davantage vous adresser à la mairie de Québec.
Moi, j'ai fait le travail qui était nécessaire au moment où effectivement nous
avons conclu une entente avec la ville de Québec, et nous avons conclu une
entente, mais ce n'était pas vraiment nous comme le gouvernement du Québec, qui,
à ce moment-là, a souhaité être associé à la construction de l'amphithéâtre, et
c'est comme ça que ça s'est produit.
Maintenant, c'est donc peut-être davantage
à la mairie, mais j'ai bon espoir, un, d'une part, qu'il s'agit d'une infrastructure
très importante pour Québec... parce qu'il n'y avait pas juste ça, là, il y avait
aussi et surtout le fait que, tu sais, le colisée était désuet et que notre
capitale nationale a besoin d'une infrastructure de qualité. Et elle s'est
réalisée, et je pense que c'est une très bonne chose pour notre capitale
nationale.
Le Modérateur
: Merci.
M. Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert) :
Bonjour, Mme Poirier. Bonjour, M. Péladeau. La ministre Weil a dévoilé la
nouvelle politique d'immigration du Québec hier à Montréal. Dans cette
politique-là, on souligne les avantages de hausser les seuils
d'immigration de 50 000 à 60 000 personnes par an, et ce, pour
contrer une réduction du nombre de personnes sur le marché du travail.
Qu'est-ce que vous pensez des avantages et des désavantages de l'un ou l'autre
des seuils?
M. Péladeau : Écoutez, si vous
me permettez, je vais faire un petit préambule, là. Nous avons assisté encore
une fois, hier, à une belle stratégie de relations publiques. Malheureusement,
elle n'était pas nécessairement très efficace parce que personne n'a compris
grand-chose à l'intérieur des propos de Mme la ministre.
Mais je tiens quand même à dire la chose
suivante. Vous vous souviendrez, quand il y a eu la crise des réfugiés, nous
avons été nombreux au Parti québécois à faire en sorte de mentionner qu'il nous
apparaît essentiel que nous ayons les infrastructures, que nous ayons les
ressources nécessaires pour accueillir ceux et celles qui avaient décidé de
venir s'installer ici, au Québec. Il y a quelques semaines, nous avons appris
que les fonds et les ressources financières pour la francisation en entreprise
ont été coupés par le gouvernement Couillard. Alors, nous apprenons systématiquement…
Et en même temps aussi, aucun geste n'est véritablement posé pour protéger le
français dans notre région métropolitaine de Montréal.
Alors, tout ça va à l'encontre de cette
nécessité, et ça, ce sera toujours incontournable et ce sera l'ADN du Parti
québécois, cette volonté, cette nécessité et cette détermination à protéger
notre langue française. Et pour l'épanouissement de ceux et celles qui,
justement, veulent venir s'installer en ce beau pays du Québec, bien, ça leur
prend des ressources. Or, il se trouve que le gouvernement n'y croit pas, parce
qu'encore une fois il devrait joindre les gestes à la parole, mais il fait le contraire
des propos qu'il tient.
Alors, oui, nous devons faire en sorte que
ceux et celles qui font le choix de venir au Québec puissent s'épanouir,
puissent, justement, faire en sorte d'enrichir notre collectivité. Et la
meilleure façon de le faire, c'est d'avoir un emploi. Pour avoir un emploi,
évidemment, il faut savoir être en mesure de partager les valeurs communes et
la langue commune.
M. Dutrisac (Robert) : Donc,
si les ressources sont là, il y a une possibilité de hausser les seuils
d'immigration de façon à répondre aux besoins du marché du travail.
M. Péladeau : Mais nous ne
croyons pas que le gouvernement libéral va mettre en branle les mesures pour
que les ressources soient présentes, et, au fur et à mesure de la mise en
place, si, le cas échéant, une situation de cette nature devait advenir, bien,
nous serons très attentifs à la suite des choses. Mais, pour l'instant, nous
sommes obligés de conclure que le gouvernement ne se dirige pas dans cette
direction.
Le Modérateur
: Merci.
On y va en anglais.
Journaliste
:
Good morning. Mr. Péladeau, you said that you, yourself, are a feminist. I'm
wondering if you can tell us why you said that and what being a feminist means
to you.
M. Péladeau :
Well, I said that, you know, the Parti québécois and myself will always
promote… because it's so important for freedom, it's so important for liberty,
it's so important for making sure that, you know, we will continue all those
efforts that have been done in the past by women to make sure that, you know,
we'll get rid of what happened in this specific situation in the past and
promote equality. This is so important for us, and we will continue to work in
this direction. This is the most important thing that we will continue to build
on.
Journaliste
:
What do you make of Mme Thériault's comments last week?
M. Péladeau :
Well, I guess that, you know, she has her own opinion, but we certainly not
share it.
Journaliste
:
What steps is the Parti québécois making to insure parity in your own party?
How are you going to get to that 50%?
M. Péladeau :
There was a summit, as you probably know, last Friday, and I had the occasion
to mention 10 proposals that I made, and they're all regarding, you know,
specifically on the level… on the leverage that the State has to promote
parity, so then, therefore, to have equality regarding boards of directors, for
public companies or any other sort of public institutions.
So that is very
important, it's more than a first step that we need to commit. You probably
read this morning also that we've been seeing in boards of directors of the
different health institutions across Québec, we're not at the level of parity
for 17 times. So we need to make sure that we'll work in this direction, and
unfortunately, today, we've been seeing the Minister of Health mentioning that,
with his law 10, he was in a position not going in this direction, obviously,
as you can imagine. It's completely unacceptable.
Journaliste
:
Mme Poirier, can you comment as well?
Mme Poirier
:
I think everything was said before. It's OK. We are feminists.
M. Péladeau :
Merci beaucoup. Thank you very much.
(Fin à 11 h 39)