(Douze heures dix-sept minutes)
M. Péladeau : Bonjour,
messieurs dames. Alors, écoutez, nous sommes obligés que l'économie va très,
très mal, va très mal. Nous avons vu ce matin, donc, l'Institut de la
statistique nous dire que le PIB avait reculé de 0,4 % en novembre, avait
reculé de 0,5 % en octobre. Donc, ces chiffres sont mauvais. Nous savons
également qu'aucun emploi n'a été créé depuis avril 2015. Nous avons vu
l'abandon de projets comme celui de FerroAtlantica, celui de Yara
International. Hier, nous avons appris que celui de Stolt à Bécancour était sur
la glace.
Alors, nous constatons qu'il n'y a toujours
aucune politique économique, aucune politique industrielle, et nous attendons
avec grande impatience la politique énergétique qui semble avoir été décalée.
En attendant, on se pose la question si le premier ministre n'a pas un plaisir
de se faire berner. Nous avons vu cette entente qui veut qu'on échange
l'abandon d'une poursuite judiciaire, et, rappelons-le, la Cour supérieure du
Québec, le banc complet de la Cour d'appel du Québec, le plus haut tribunal qui
aurait donné un potentiel énorme de négociation au gouvernement, qui est
abandonné pour de vagues promesses, une possibilité d'un centre d'excellence.
On enrobe ça sémantiquement avec des beaux termes, mais comment pouvons-nous véritablement
faire confiance à une compagnie qui n'a même pas, elle, appliqué la loi?
Alors, tristement, nous sommes obligés de
constater que c'est la démission du gouvernement de Philippe Couillard en
matière économique.
Le Modérateur
: Merci,
M. Péladeau. Micro de droite, M. Robillard, La Presse canadienne.
M. Robillard (Alexandre)
:
M. Péladeau, est-ce que vous êtes d'accord avec la décision d'Ottawa de
modifier la loi sur la participation publique au capital d'Air Canada tel
qu'annoncé par le ministre Garneau?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
ça a l'air d'une grosse patate chaude, là, ce truc-là, actuellement, à Ottawa.
La loi était précise, et d'ailleurs, comme vous le savez, nous avons vu de
nombreux politiciens et candidats fédéraux dénoncer la position d'Aveos, la
position d'Air Canada. Mais là, tout d'un coup, ils ont comme changé de
discours complètement. Nous avons eu également, donc, le leader parlementaire,
M. Fournier, qui avait déchiré sa chemise. On a vu le candidat Justin Trudeau
qui a fait de même. Et maintenant, on changerait la loi pourquoi? Pour faire en
sorte, dans le fond, que ce qui était illégal devienne légal? Il semble que ce
soit ça, l'espèce de stratagème derrière la modification de la loi sur Air Canada.
M. Robillard (Alexandre)
:
Quelles pourraient être les conséquences, selon vous, d'une modification? On ne
sait pas exactement ce que c'est, mais on sait que ça toucherait les
obligations en termes d'activités d'entretien d'Air Canada?
M. Péladeau : Bien, c'est simple,
M. Robillard, c'est d'abandonner effectivement la promesse qui avait été faite
et les dispositions législatives. Lorsque le Parlement canadien a adopté, donc,
la loi de privatisation d'Air Canada, il y avait des conditions qui étaient
attachées. Nous ne les avons pas respectées, et, puisque Air Canada ne les a
pas respectées, je ne sais pas si elle a fait pression aujourd'hui sur le
gouvernement fédéral pour faire en sorte de modifier la loi afin qu'elle ne
soit plus illégale.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais à la lumière d'une modification à la loi, ce serait quoi, selon vous, les
perspectives qu'Air Canada s'engage effectivement à faire ses activités de
grand entretien de la série C au Québec, si, dans la loi, ce n'est pas...
M. Péladeau : Bien, écoutez,
M. Robillard, c'est triste de le dire, mais quelqu'un qui ne respecte pas la
loi, comment peut-on dorénavant lui faire confiance? Il ne s'agit même pas d'un
contrat, il s'agit d'une loi. Je comprends qu'un contrat, c'est la loi des
parties, mais il y a, à quelque part aussi, quelque chose d'encore plus
symbolique et d'encore plus fort législativement lorsqu'il s'agit d'une loi.
Air Canada ne respecte pas la loi. Pourquoi respecterait-il autre chose et, à
l'heure actuelle, une vague promesse de création d'emplois? Moi, je n'ai pas
confiance du tout.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Péladeau. Est-ce que vous trouvez qu'il y a une trop forte
proximité entre Daniel Johnson, le gouvernement Couillard et Bombardier? Est-ce
que c'est quelque chose qui vous inquiète?
M. Péladeau : Bien, je sais
que vous l'avez mentionné samedi dernier, donc, dans Le Journal de Montréal,
oui, effectivement, c'est inquiétant, mais en même temps ce n'est pas complètement
surprenant. On sait comment fonctionne le Parti libéral du Québec, il a toujours
fonctionné de cette façon-là, un copinage. Et tristement, malheureusement, nous
constatons que tout ça, c'est au préjudice des Québécois, parce que ce sont les
Québécois qui vont allonger le 1,3 milliard, 1,3 ou peut-être davantage,
là, on sait que c'est 1 milliard $ US, on verra s'ils ont pris des
contrats de change pour protéger leur position, parce qu'entre-temps, entre
l'annonce et aujourd'hui, le dollar canadien a évolué de façon significative.
Et, puisqu'ils ont annoncé en dollars US, on verra quel va être le chèque à la
fin de la journée, mais ce sont les contribuables qui vont payer, alors, à cet
égard, ils ont besoin de transparence.
Et j'ose espérer qu'ils vont faire le
nécessaire, parce que, vous vous souviendrez, lors de leur discours
d'assermentation, le premier ministre, évidemment, particulièrement, s'est
réclamé du gouvernement de la transparence.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
un autre sujet, est-ce que vous avez autorisé Martine Ouellet à ne pas
participer au vote sur Anticosti mercredi dernier?
M. Péladeau : J'ai mentionné,
la semaine dernière, que Martine avait obtenu une dispense pour préparer sa
commission parlementaire qui a démarré, donc, jeudi après-midi, concernant
Uber. Vous savez que c'est un sujet extrêmement important. D'ailleurs, vous
avez vu que les médias ont parlé amplement de cette commission parlementaire,
et le sujet n'est pas uniquement abordé non plus en commission parlementaire.
C'est un sujet social, d'actualité sociale, et, à cet égard, elle a obtenu sa
dispense, et je pense qu'elle s'est exprimée par la suite.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais, sur Anticosti.... Je voudrais quand même revenir sur Anticosti. Je sais
que la position que vous prônez en ce moment, c'est qu'il faut respecter le
contrat, mais au-delà de ça, pendant la course à la direction du Parti
québécois, vous êtes le seul candidat qui avez appuyé l'exploitation des
ressources sur Anticosti.
Alors, j'aimerais savoir, aujourd'hui,
quelle est la position du Parti québécois sur l'exploitation des ressources,
parce que visiblement vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde que Martine
Ouellet.
M. Péladeau : Mais nous ne
sommes pas à cette étape-là, M. Lecavalier, là, je pense que je l'ai mentionné
et je peux vous le réitérer, ce que nous souhaitons, c'est le respect de la
signature du contrat. Ça nous apparaît essentiel, et vous savez que le contrat,
justement, a comme objectif de terminer la phase d'exploration et que, par la
suite, il va y avoir un BAPE. Et, dans le BAPE, il y a des considérations,
évidemment, d'acceptabilité sociale qui devront être prises en considération.
Et c'est comme ça que le processus fonctionne, et nous souhaitons que le
processus fonctionne tel qu'il avait été envisagé et selon la séquence
législative qui est appropriée.
Le Modérateur
: Merci.
On va à M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que l'exploitation des hydrocarbures peut toujours être un outil pour
atteindre la souveraineté du Québec, comme vous l'aviez dit pendant la course à
la direction?
M. Péladeau : Bien, l'exploitation
de nos ressources naturelles, de nos richesses naturelles est certainement, effectivement,
un atout majeur que le Québec dispose. Il en a disposé hier, il en dispose aujourd'hui
et il va en disposer demain. Le Québec est un territoire phénoménal, qui recèle
des ressources exceptionnelles, et ces ressources doivent être mises à contribution,
justement, pour l'enrichissement collectif.
Le Modérateur
: Merci. M. Vigneault, Radio-Canada.
M.
Vigneault (Nicolas) : Un mot, évidemment, sur Pierre Moreau et, par la
suite, le remaniement. Maintenant, on a scindé le ministère de l'Éducation en
deux...
M. Péladeau : Oui,
excusez-moi. Excusez-moi. D'ailleurs, je suis un peu gêné, j'avoue, là, je
voulais démarrer, effectivement, donc, mon ouverture en souhaitant un bon
rétablissement. Évidemment, ça prend une force, une force exceptionnelle pour
traverser l'épreuve que le ministre de l'Éducation, M. Moreau, va
traverser, mais je pense que tous ses collègues, tous ses collègues à
l'Assemblée nationale, lui reconnaissent cette force. Et nous sommes tous
derrière lui pour faire en sorte, justement, dans un moment difficile de sa
vie, un problème de santé, qu'il compte... il peut compter sur la
collaboration, l'amitié de ses collègues de l'Assemblée nationale.
M. Vigneault (Nicolas) :
Justement, on a décidé de donner des tâches quand même assez lourdes à
Sébastien Proulx : la Famille et l'Éducation. Comment vous le voyez, ce
changement-là? Le premier ministre le justifie en disant que les deux sont tout
à fait compatibles.
M. Péladeau : Bien, écoutez,
vous savez quoi? Je suis très heureux qu'il constate une évidence. Et pourquoi
c'est une évidence? Parce que je ne sais pas combien de dizaines, de centaines
de milliers de fois nous avons dit que le CPE fait partie du continuum de
l'éducation, fait partie de l'intégration à l'intérieur du réseau scolaire,
fait partie des outils et des moyens que nous avons pour combattre le
décrochage scolaire. Et là, tout d'un coup, on constate que le premier ministre
vient de se réveiller, vient de constater que les CPE, sa mission fondamentale,
justement, c'est d'intégrer, et d'améliorer, et de mettre en valeur
l'efficacité d'une belle et grande institution que constitue le centre de la
petite enfance, mais nous sommes heureux de constater qu'il vient de le faire.
Ceci étant, tu sais, il faut qu'on ait les
moyens. Parce que c'est beau de tenir un discours, mais que fait-il
entre-temps? Bien, il coupe dans les CPE. Ce n'est pas moins de CPE que nous
souhaitons, c'est davantage de CPE. Quelle est la politique familiale du
gouvernement de Philippe Couillard? C'est d'augmenter, c'est de multiplier les
garderies privées et de stimuler, entre guillemets, le commerce, comme on le
voit, là, alors qu'un CPE, ce n'est pas une institution dans le commerce, là,
c'est une institution dans le réseau de l'éducation.
Alors, s'il y croit, le premier ministre,
bien, qu'il pose des gestes et qu'il cesse de couper dans les CPE, et même, au
contraire, qu'il réinvestisse pour augmenter les places en CPE plutôt que
d'augmenter les places en garderies privées.
Le Modérateur
: Merci.
On va y aller en anglais.
M. Robillard (Alexandre)
:
Une petite précision sur Aveos et ses suites. La CAQ va déposer…
Le Modérateur
: Une
petite dernière, M. Robillard?
M. Robillard (Alexandre)
:
Pardon?
Le Modérateur
: Je dis :
Une petite dernière, M. Robillard?
M. Robillard (Alexandre)
:
Oui, oui.
Le Modérateur
:
Parfait, merci.
M. Robillard (Alexandre)
:
Pas de problème. Ça va? Excusez-moi, là, j'ai perdu le fil. Tout allait très
bien.
M. Péladeau : Aveos va
déposer… La CAQ va déposer une motion.
M. Robillard (Alexandre)
:
Oui, voilà, merci.
M. Péladeau : Heureusement que
je suis là pour vous aider, M. Robillard. Ça me fait tellement plaisir.
M. Robillard (Alexandre)
:
Bien oui, mais… Ah! c'est gentil. C'est trop, c'est trop, mais, c'est ça, la
CAQ va déposer une motion pour qu'il y ait une obligation de maintenir
1 800 emplois à Montréal. Moi, je voulais savoir, de votre point de vue à
vous, est-ce que les dispositions de la loi doivent être maintenues par Ottawa
dans sa forme actuelle?
M. Péladeau : Bien, la loi,
c'est la loi, hein? Donc, aujourd'hui, à moins que nous la modifiions... pas
nous, là, mais le Parlement fédéral la modifie, bien, ils vivront avec les
impacts politiques qui y sont associés. Mais, pour l'instant, la loi existe et
elle s'applique, et elle s'applique tellement que, comme je le mentionnais tout
à l'heure, elle a donné ouverture à deux décisions judiciaires : la Cour
supérieure du Québec et la Cour d'appel du Québec, un ban unanime.
Alors, il n'y a même pas de dissension ou
de dissidence, là. C'est unanime, Air Canada doit respecter la loi. Et c'est
probablement la raison pour laquelle le ministre des Transports a dit :
Nous allons modifier la loi parce qu'Air Canada est en contravention. Et,
lorsque vous êtes en contravention de la loi, bien, vous avez éventuellement
l'intérêt judiciaire de vous adresser aux tribunaux. Il semble que le
gouvernement du Québec veuille abandonner cet intérêt judiciaire, mais il n'est
pas le seul à pouvoir l'avoir, cet intérêt judiciaire de s'adresser aux tribunaux
pour faire respecter la loi. Et c'est la raison pour laquelle, puisqu'au
gouvernement fédéral, on doit comprendre aisément cette situation, qu'on veut
modifier la loi pour faire en sorte que ce qui était illégal devienne
dorénavant légal.
M. Robillard (Alexandre)
:
Donc, vous êtes contre toute modification à l'article 6.1?
M. Péladeau : Bien sûr.
Le Modérateur
: Merci. Mme Fletcher, Global. In English.
Mme
Fletcher (Raquel) : Yes. This morning, Sébastien
Proulx announced that they've reached an agreement with the CPEs. However, they
are all at the same table now, but they don't seem all to get on the same page.
Do you think the CPEs should have accepted this agreement?
M. Péladeau :
Well, you know what, I would say that when you're basically in the corner to
negotiate, then this is basically what happens right now. So I guess that, you
know, they accepted, you know, what they probably consider the worst best deal
and then therefore they move forward.
But
I would like to add something which is very important for me, for my colleagues and for the party. We consider the CPE of
one of the greatest institution.
And I just mentioned earlier that Premier said yesterday that, you know, joining the two functions was
natural because it's about education. Well, it's the first time you recognize
this. You know, we said 10,
hundreds, thousands of times that, you know, the CPE is part of what we call the continuum of education. And he
just realized this.
I guess that, you know, I am not believing him, but he is
saying something that we said earlier and to fight against what is very
important. I know that… We know, here, in Québec, it's an issue. We want to
make sure that our students will stay in school, and the best way to provide
that security is to find out that, because we're investing early in the process
with «le CPE», then therefore we're giving us much more chances to succeed in
education. And succeeding in education today, in 2016, is the most important
thing to have the best economic positioning throughout the world.
Mme Fletcher (Raquel) :Can you also comment on Uber and the
decision to now licence Uber drivers or to require them to have a licence?
M. Péladeau : As you know, and, you know, we're in the middle of a commission, right now, the commission is,
you know, quite busy. We've
been hearing many people. It's far from going to the end, so, I guess, for the
moment, you know, we will
continue to study, we will continue to work and we will continue to participate
at the commission, and then, therefore, at the end of the day, we will be in a
position to give a final decision. Merci.
(Fin à 12 h 32)