(Quatorze heures vingt-huit minutes)
M. Couillard : Alors, bonjour
à tous. Merci d'être ici. Je vais saluer, bien sûr, ma consoeur Mme Charbonneau,
Mme Simard, mes collègues du Conseil des ministres,
M. Kelley, participant particulièrement à cette annonce étant donné la
question des Premières Nations, mais surtout également saluer mes collègues des
oppositions : M. Rochon, de l'opposition officielle;
Mme Lavallée, deuxième groupe d'opposition; et Mme Massé de Québec
solidaire. Il s'agit de ces rares moments, Mmes et MM. les
journalistes, que vous voyez des gens de diverses formations politiques
représentées ici s'unir autour d'un thème qui touche tout le monde, qui touche
tous les Québécois et toutes les familles en particulier. Je voudrais également
saluer tous les partenaires du milieu qui sont derrière moi également dans
cette salle.
On est très heureux, je suis très heureux
d'être avec vous aujourd'hui pour cette annonce importante pour le Québec
d'aujourd'hui, bien sûr, mais surtout et également pour le Québec de demain. Ça
témoigne de notre détermination à bâtir ensemble une société plus juste et
équitable, une société où l'intimidation n'a pas sa place. Je tiens à remercier
encore une fois tous les partenaires ainsi que les partis d'opposition qui ont
collaboré à ce travail depuis la tenue du forum sur l'intimidation jusqu'à la
construction du plan d'action qui est annoncé aujourd'hui, car l'intimidation,
c'est une atteinte à la dignité humaine. Elle fragilise notamment l'exercice du
droit à la protection, à l'épanouissement et à l'égalité. L'intimidation est un
sujet qui nous touche toutes et tous, qu'on soit à l'école, dans notre milieu
de travail, dans notre vie quotidienne, sur Internet. Personne n'est à l'abri
de l'intimidation, et ses effets néfastes ne doivent pas rester ignorés.
Je l'ai souvent mentionné, comme père de
famille, comme citoyen, je trouve, nous trouvons... je suis sûr que tout geste
d'intimidation est inacceptable peu importe la forme qu'il peut prendre ou le
contexte dans lequel la situation se déroule, c'est-à-dire en face-à-face ou
même dans le cyberespace. Nous sommes tous interpellés, rappelons-le, parce que
nous en sommes parfois témoins, parce que celles et ceux que nous aimons en
sont parfois la cible et parfois l'auteur, parce que chaque personne qui en est
victime est une victime de trop. Elle nous touche parce que personne ne mérite
d'être humilié, diminué ou exclu.
C'est pourquoi nous avons choisi de
conjuguer nos efforts afin d'être tous ensemble contre l'intimidation. C'est
pourquoi nous avons nommé, pour la première fois dans l'histoire du Québec, une
ministre qui a cette responsabilité particulière et spécifique de la lutte
contre l'intimidation. C'est pourquoi nous avions pris l'engagement de tenir un
forum qui a eu lieu en octobre 2014. Il y a eu plus de 200 représentants des
différents secteurs de la société, et, un an plus tard, je suis très fier de
présenter le résultat de ce forum, les suites du forum, le plan d'action
concerté pour prévenir et contrer l'intimidation Ensemble contre
l'intimidation, une responsabilité partagée.
Ce plan d'action concrétise l'engagement du
gouvernement du Québec, bien sûr, mais au-delà de la société du Québec, de
prévenir et de contrer l'intimidation à tous les âges et dans tous les milieux,
y compris les milieux du cyberespace encore une fois. Déjà, dans le budget 2015‑2016,
nous avions réservé la somme de 4,4 millions de dollars pour la mise en
oeuvre du plan d'action. À ce montant doit s'ajouter la participation des 16 ministères
et organismes qui contribuent au plan d'action, qui investissent ensemble
environ 22,5 millions de dollars à même leur budget régulier pour
participer à cet effort. Donc, c'est un effort collectif, collectif du
gouvernement, mais, à travers le gouvernement, collectif des citoyens du
Québec. C'est un investissement total de 26,9 millions de dollars pour
trois ans.
Le plan d'action comprend 53 orientations
qui se déclinent en cinq mesures : un, des milieux de vie inclusifs, des
rapports égalitaires et des comportements empreints de civisme parce qu'il faut
agir en amont des gestes d'intimidation par la promotion d'un comportement qui
favorise l'interaction sociale et surtout le mieux-vivre ensemble;
Deuxièmement, une population sensibilisée
et engagée parce que... pour que nos concitoyennes et nos concitoyens sachent
comment agir devant les gestes d'intimidation et que les témoins soient
conscients qu'ils ou qu'elles peuvent faire une différence;
Troisièmement, des intervenantes et
intervenants formés et outillés parce que, peu importe le domaine dans lequel
les personnes oeuvrent, elles doivent pouvoir reconnaître les gestes d'intimidation
et réagir adéquatement;
Quatrièmement, des personnes victimes, des
témoins, des auteurs même mieux soutenus et mieux outillés pour réduire les
conséquences de l'intimidation chez les personnes victimes et leur entourage,
pour inciter les témoins à agir et pour enseigner les comportements de
remplacement aux auteurs de gestes d'intimidation;
Cinquièmement, comme ça devrait souvent
être le cas dans les politiques publiques, des interventions appuyées sur des
données probantes parce que la recherche nous permettra de déployer les actions
les plus pertinentes et celles qui auront les meilleures retombées.
Parmi les mesures déployées, j'aimerais
attirer votre attention sur les mesures suivantes. D'abord, le prix Ensemble
contre l'intimidation que j'ai eu l'honneur de décerner pour une première fois
le 1er octobre dernier à M. Mathieu Savoie et une organisation, Interface,
dont une représentante est avec nous aujourd'hui, de même qu'une personne
également qui a été titulaire ou finaliste, je crois, du prix également lors de
cette belle journée.
Deuxièmement, une campagne de
sensibilisation qui portera une attention particulière au rôle des témoins; des
actions variées favorisant l'esprit sportif et les valeurs positives du sport
en choisissant, par exemple, un ambassadeur ou une ambassadrice de l'esprit
sportif; une stratégie pour la sensibilisation et l'information de la
population sur l'intimidation articulée notamment autour du site Web sur le
site intimidation.gouv.qc.ca; une formation sur le Web adaptée aux besoins des
divers intervenants; un soutien financier pour des projets dans différents
milieux qui oeuvrent auprès des jeunes, des familles et des aînés visant à
prévenir et contrer l'intimidation; et, bien sûr, le soutien à différentes
initiatives permettant de bonifier l'action dans les écoles par des formations
régionales, du soutien et de l'accompagnement des commissions scolaires et des
écoles.
Le plan comporte également des mesures
spécifiques autochtones, qui ont bénéficié également d'une consultation
spécifique à leurs besoins, et leurs réalités sont spécifiques :
l'enrichissement du site Web du Secrétariat aux affaires autochtones,
la bonification des outils de communication existants afin d'informer les
Premières Nations et les Inuits des différentes initiatives; le soutien des
initiatives visant l'adaptation aux réalités des Premières Nations et des
Inuits selon les besoins d'outils de prévention, d'intervention, de soutien en
matière d'intimidation; le soutien offert aux écoles en milieu autochtone afin
de mettre en oeuvre des projets pour favoriser un climat scolaire positif et
bienveillant; le partage des connaissances et des expériences du ministère de
l'Éducation avec les commissions scolaires crie et Kativik,
les organisations autochtones qui offrent des services, bien sûr, en éducation.
À travers ces actions, notre objectif à
tous et à toutes est de bâtir une société respectueuse et sécuritaire, une
société qui prend soin des personnes en situation de vulnérabilité, une société
pour tous les âges, ouverte à la différence et riche de sa diversité. On veut
susciter la mobilisation, encourager une variété d'initiatives pour que de plus
en plus de Québécoises et de Québécois, jeunes et moins jeunes, agissent pour
favoriser la création et le maintien d'environnements sains et sécuritaires où,
bien sûr, l'intimidation n'a pas sa place.
Voilà le Québec que nous voulons
construire ensemble. On fera en sorte que toutes et tous puissent y vivre et
s'épanouir dans la dignité. J'invite chacun et chacune d'entre nous à
participer à ce grand projet pour notre société du Québec. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. le premier ministre. J'inviterais maintenant la ministre responsable des
Aînés et ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, Mme Francine
Charbonneau, à prendre la parole.
Mme
Charbonneau
:
Merci. M. le premier ministre, très chers collègues, il y a des jours où ce mot
prend tout son sens. Si jamais il est à l'arrière, puisque je n'ai pas eu
l'opportunité, mais je l'ai invité, j'aimerais saluer tout particulièrement
Mathieu Traversy qui a participé aux travaux avec nous et qui dernièrement a
changé de rôle, mais je ne peux que souligner l'engagement qu'il a eu à ce
moment-ci.
Chers partenaires — je ne vais
pas me retourner pour vous saluer, mais sachez que vous l'êtes bien
sincèrement — mesdames et messieurs des médias, gens du personnel du
ministère de la Famille, qui avez été dévoués d'une façon
exceptionnelle, et gens du cabinet, comme vous le savez, l'intimidation est un
phénomène qui peut être présent dans tous les milieux de vie : dans le
milieu scolaire, au travail, en milieu d'hébergement, dans notre voisinage,
dans les milieux sportifs, chez les aînés, et j'en passe. Le comportement
d'intimidation s'étend également au cyberespace, à nos relations sociales qui
s'y prolongent de cette façon désormais. Ainsi, le phénomène de l'intimidation
met en interaction trois individus : la personne ciblée, celle qui
intimide et, enfin, celle qui peut apporter son aide, soit un témoin, un
intervenant, même un proche. Comme l'intimidation concerne tout le monde, c'est
collectivement que nous avons cherché des solutions.
D'une part, le présent plan s'inspire de
nombreuses consultations : le forum de la lutte sur l'intimidation, les consultations
ciblées auprès des jeunes et auprès des personnes aînées, la journée de
réflexion avec les représentants d'organismes autochtones, la consultation en
ligne — plus de 65 mémoires reçus, les rencontres avec des chercheurs
et des partenaires ainsi que les travaux du comité d'experts sur la
cyberintimidation. La généreuse contribution d'organismes, de spécialistes, de
citoyennes et de citoyens aura permis de faire de ce plan d'action un projet véritablement
concerté.
D'autre part, nous sommes fiers d'avoir
élaboré ce plan dans un esprit non partisan. En effet, l'opposition officielle,
les deux groupes de l'opposition et Québec solidaire ont été consultés
à toutes les étapes de la démarche. Je tiens à les remercier chaleureusement
pour leur précieuse collaboration depuis le premier jour des travaux. C'est
excessivement précieux, je vous le dis.
Par ailleurs, ce plan d'action concerté a
été rédigé par un comité de travail interministériel regroupant 16 ministères
et organismes gouvernementaux. Cette composition reflète toute l'importance que
notre gouvernement accorde à ce dossier. Forts de nos échanges, nous avons
élaboré un plan d'action qui s'appuie sur cinq orientations et autant de
principes que voici.
La prévention de l'intimidation et de sa
diminution sont une responsabilité partagée. Tous doivent adopter des
comportements respectueux et agir dès les premiers signes qu'ils peuvent voir.
Deuxièmement, une approche inclusive. Le plan
d'action rejoint l'ensemble de la population. Les actions mises de l'avant dans
le plan d'action ont donc été élaborées de manière à ce qu'elles aient une
portée transversale et puissent répondre, à travers la réalité, aux situations.
Troisièmement, une approche positive et
éducative. Au Québec, l'intervention auprès des jeunes mise notamment sur une
approche préventive, sur le comportement de remplacement, sur une justice
réparatrice. Nous avons poursuivi dans cette veine en axant nos interventions
sur la promotion des comportements à adopter.
Quatrièmement, une approche
multifactorielle et interdisciplinaire. Afin de prendre en compte les situations
dans leur ensemble et de miser sur la complémentarité des interventions.
Finalement, des interventions
complémentaires aux actions existantes. Le plan s'inscrit en amont et en appui
à une multitude d'actions qui sont déjà menées sur le terrain par le gouvernement
et ses différents partenaires. Il faut souligner ici le travail colossal qui se
fait déjà dans le milieu scolaire depuis plusieurs années.
De plus, l'intimidation est aussi souvent
intimement liée à d'autres phénomènes sur lesquels le gouvernement et ses
partenaires interviennent déjà et continueront d'agir, par exemple, la violence
conjugale, l'homophobie, le racisme pour n'en nommer que quelques-uns.
Voici des exemples de mesures que l'on
trouve dans ce plan : une trousse d'information pour soutenir les
médias — eh oui, on a pensé à vous aussi — inspirée de la
trousse réalisée par l'institution nationale de la santé du Québec pour les
agressions sexuelles et la violence conjugale; le déploiement du projet
Excellence en arbitrage pour améliorer les connaissances relatives aux
règles du jeu chez les parents et promouvoir et reconnaître le rôle des
arbitres; un apport accru des municipalités et des conseils de bande qui seront
invités à sensibiliser les membres de leur communauté autochtone à l'importance
de prévenir et contrer l'intimidation; des initiatives de formation ciblées,
par exemple sur les relations saines et positives en milieu scolaire et sur la
médiation sociale pour travailleurs de rue; un jeu-questionnaire pour les aînés
sur un site Internet pour s'assurer qu'on peut les sensibiliser aux pièges qui
leurs sont réservés; une augmentation des travailleurs dans le milieu, qui
interviendront auprès des personnes aînées.
En ce qui concerne la petite enfance, il
va de soi qu'à cet âge il ne saurait être question d'intimidation, les
tout-petits étant encore en apprentissage dans leurs relations
interpersonnelles. Il est néanmoins possible d'intervenir auprès d'eux de
manière préventive en leur apprenant à interagir adéquatement avec les uns et
les autres et à valoriser les différences. C'est ce que visent deux mesures du
plan d'action, soit l'enrichissement du programme éducatif du
Québec Accueillir la petite enfance, qui sera notamment complété
dans un cadre de référence sur le développement social et affectif des jeunes
enfants ainsi que la poursuite de la campagne sociétale Naître et
grandir, menée par la Fondation Lucie-et-André-Chagnon, qui
contribuera au plan d'action en mettant l'accent sur le développement des
habiletés sociales des tout-petits.
Ce projet est ambitieux et n'en est qu'à
ses débuts. Nous souhaitons que ces mesures fassent boule de neige et qu'elles inspireront
des personnes de tous âges, les organisations et les milieux de vie pour en
agir. Je convie donc chacune et chacun à prendre part à cette démarche
collective pour continuer à bâtir un Québec plus sécuritaire, plus inclusif et
sans intimidation. C'est en agissant ensemble que nous pourrons ensemble
prévenir et contrer l'intimidation. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. J'inviterais maintenant la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, Mme Caroline
Simard, à prendre la parole.
Mme Simard : M. le premier
ministre, Mme la ministre de la Famille, ministre responsable des
Aînés et ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, autres
collègues députés et ministres derrière moi, distingués invités, partenaires
médias et représentants de la communauté, bonjour. C'est un grand honneur pour
moi d'être ici aujourd'hui parmi vous à titre d'adjointe parlementaire du
premier ministre pour les volets jeunesse, petite enfance et lutte contre
l'intimidation. Je suis très heureuse d'être associée aux travaux qui ont été
menés à la réalisation de ce plan d'action concerté visant à prévenir et à
contrer l'intimidation.
Puisque l'intimidation peut survenir à
tous les âges et dans tous les milieux, j'aimerais souligner le caractère
inclusif du plan d'action que lance notre gouvernement. Ce plan déploie un
ensemble de mesures qui auront des retombées dans les différents milieux de vie
et chez différents groupes, notamment la petite enfance et les jeunes, tel
qu'annoncé par la ministre précédemment. Les jeunes d'âge scolaire, quant à
eux, bénéficient, depuis plusieurs années, des actions du réseau de l'éducation
pour prévenir et réduire la violence et l'intimidation dans les milieux
scolaires.
Avec ce plan concerté, de nouvelles
initiatives s'ajoutent dans le réseau de l'éducation, par exemple : la
sensibilisation des protecteurs de l'école au phénomène de l'intimidation, la
prévention de l'intimidation dans les milieux collégial et universitaire, une
collaboration accrue entre les milieux scolaire et policier, des formations régionales
par les intervenants.
De plus, les jeunes pourront profiter des
nouvelles initiatives mises de l'avant dans d'autres sphères de leur vie, comme
le secteur des sports, où de nouveaux efforts sont consentis pour promouvoir
l'esprit sportif, notamment par l'intégration d'activités de sensibilisation à
l'esprit sportif au cours d'éducation physique, par une meilleure
sensibilisation aux règles du jeu dans les différents sports et une
reconnaissance accrue du travail des arbitres.
L'école secondaire est un terreau encore
fertile pour l'intimidation à caractère homophobe ou transphobe. J'espère que
les mesures déployées viseront à susciter davantage de respect et d'ouverture
et trouveront rapidement un écho auprès des jeunes. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. J'inviterais maintenant le député de Richelieu, M. Sylvain
Rochon.
M. Rochon : Merci. M. le
premier ministre, Mme la ministre, collègues députés et ministres, mesdames
messieurs, gens des médias, il y a heureusement, heureusement des combats, des
causes, des idéaux pour lesquels nous sommes unis, pour lesquels nous sommes
résolument unis. Je me réjouis bien sincèrement de nous voir toutes et tous
réunis cet après-midi autour de ce plan pour lutter contre l'intimidation, plan
sans doute imparfait — parce qu'il n'y a rien de parfait, là — plan
sans doute incomplet, mais fruit d'un réel désir de faire les choses ensemble,
d'une réelle volonté de faire les choses ensemble avec celles et ceux que ce
phénomène touche, interpelle, mobilise.
L'intimidation, elle a déjà brisé trop
d'enfances, elle a déjà anéanti trop d'adolescences. S'attaquer à
l'intimidation, ce n'est pas une mince tâche, évidemment. C'est un phénomène
subtil, l'intimidation, subjectif, qui sévit souvent derrière des portes
closes.
Au cours du forum sur l'intimidation, les
intervenants et les spécialistes nous ont dit que c'est avec la
sensibilisation, avec l'éducation, avec la pédagogie pas avec la répression que
nous viendrons le mieux à bout de l'intimidation. Ce plan d'action, il est,
croyons-nous, la preuve que nous les avons écoutés.
Alors, maintenant que l'Assemblée
nationale, que les ministères concernés se mobilisent pour lutter contre
l'intimidation, le succès de ce plan, le succès de ce plan, il va dépendre des
efforts consentis par l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Ce sera aux
enseignants, aux enseignantes, aux travailleurs sociaux, aux travailleuses
sociales, aux parents, aux capitaines d'équipes de hockey, aux infirmiers, aux
infirmières, aux leaders naturels, aux politiciennes, aux politiciens de
s'attaquer au phénomène, de le dénoncer, de le repousser. Alors, c'est à nous
tous et nous toutes qu'il appartient de lutter contre l'intimidation dans notre
milieu de travail, dans notre milieu de vie et sur les réseaux sociaux. C'est
notre devoir pour un Québec meilleur. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. J'inviterais maintenant la députée de Repentigny, Mme Lise
Lavallée, à prendre la parole.
Mme Lavallée : M. le premier
ministre, Mme la ministre, collègues et ministres députés, membres des médias,
bonjour à toutes et à tous. Il me fait plaisir, au nom de ma formation
politique, la Coalition avenir Québec, de me joindre à vous aujourd'hui
afin de présenter le plan d'action de la lutte à l'intimidation au Québec.
Il y a maintenant un peu plus d'un an que
le gouvernement et les partis d'opposition décidaient de travailler en
concertation, sans partisanerie, pour s'attaquer au problème de l'intimidation.
Lors du forum sur la question tenu en octobre 2014, la Coalition avenir
Québec fut proactive et avait déposé un mémoire et émis une série de
recommandations pour contribuer efficacement à enrayer ce fléau dans notre société.
Nous sommes heureux de constater que
certaines des idées de la CAQ ont été retenues par le gouvernement, soit
l'intervention auprès des enfants dès leur passage dans les services de garde,
la formation universitaire des enseignants afin qu'ils puissent être en mesure
de prévenir et réduire la violence et l'intimidation dont ils auront à faire
face, soutenir des projets visant à prévenir l'intimidation dès le jeune âge
jusqu'aux aînés, qui, trop souvent, subissent plusieurs formes d'intimidation
alors qu'ils se retrouvent parfois en situation de vulnérabilité, et enfin
s'assurer d'un arrimage des actions avec le milieu policier.
Le plan qui est présenté aujourd'hui
constitue un premier pas dans la bonne direction. Nous saluons cette première
initiative et souhaitons que ce ne soit que le début, car la question de la
lutte à l'intimidation est trop importante. Nous allons demeurer vigilants dans
son application et nous serons proactifs pour s'assurer que le plan puisse
avoir des résultats concrets sur le terrain. Nous avons le devoir de surveiller
son efficacité, nous avons le devoir de réussir ensemble, ceci en va du
développement harmonieux de la société québécoise. Aujourd'hui, nous avons tous
le devoir de lutter contre l'intimidation — élèves, parents,
grands-parents, enseignants, directeurs d'école ou personnes en
autorité — c'est, maintenant et pour toujours, l'affaire de tous.
J'aimerais conclure en soulignant que
cette harmonie dont les députés de toutes les formations politiques ont fait
preuve au cours de la dernière année, nous la souhaitons à nouveau. M. le
premier ministre a indiqué, dans son discours inaugural, son intention
d'étudier, voire même adopter les propositions de l'opposition. Et j'aimerais
profiter de ce moment pour souligner que, oui, c'est possible de travailler en
ce sens à l'Assemblée nationale — le point de presse d'aujourd'hui en
est la preuve — et nous sommes impatients de voir de futures
collaborations se concrétiser.
Le Modérateur
: Merci.
J'inviterais enfin la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme Manon
Massé.
Mme Massé : Merci. M. le
premier ministre, messieurs dames, mes collègues députés et partenaires…
(Interruption)
Mme Massé : Je vais parler par-dessus
la cloche, si ça ne vous dérange pas.
Écoutez, peut-être que certains et
certaines d'entre vous, vous vous demandez : Qu'est-ce que tu fais là,
Manon? L'année passée, il me semble que tu n'y étais pas. Eh bien, c'est aussi
notre façon de travailler à Québec solidaire : notre capacité de
dire les choses, de les nommer, mais, quand le devoir d'État nous appelle, on
est au rendez-vous. Et c'est la collaboration que j'ai assurée durant toute
l'année pour faire en sorte que les préoccupations que j'ai entendues lors du
forum ou lors des forums se retrouvent au sein de ce travail. Et je lève aussi
mon chapeau à l'équipe du ministère qui a travaillé sur le dossier pour
accoucher de ce premier plan de lutte à l'intimidation.
Je voulais vous dire que lutter contre
l'intimidation, c'est profondément prendre conscience que nous avons un rôle à
jouer dans cette culture de la paix dans laquelle nous aspirons tous et toutes.
L'intimidation est une arme qui est utilisée à chaque jour dans nos milieux, et
tous les milieux, pour faire taire des gens, pour faire faire des choses à des
gens, pour faire en sorte que des gens aillent dans le sens que nous croyons
être le bon. Et, en ce sens, je pense que le comité d'experts et l'ensemble des
gens qui ont été consultés ont contribué pour qu'on puisse, comme le disait la
ministre, accoucher de ce premier plan d'action, qui en verra d'autres naître,
je l'espère, plan d'action qui vient compléter des plans d'action qui existent
déjà et qui ont tous aussi leur importance parce que l'intimidation, c'est un
des leviers, un des moyens utilisés pour faire en sorte
d'intimider — excusez-moi le pléonasme — les gens, de faire
en sorte d'atteindre nos objectifs.
Et je pense que la communauté gaie,
lesbienne, trans et bisexuelle va se reconnaître dans ce plan-là et va
continuer à être vigilante, bien sûr, cette communauté, pour s'assurer qu'on ne
sera pas oubliés ou, malheureusement, que les défis qui sont propres à cette
communauté ne sont pas mis de côté.
Je terminerais en vous disant que je suis
très fière de ce résultat, que c'est un premier pas, qu'il reste encore des pas
à faire, et je pense notamment à mes frères et soeurs autochtones qui sont
victimes de racisme et de discrimination depuis des centaines d'années, à cause
de lois canadiennes, québécoises qui ont été mises en place, qui ont fait
qu'aujourd'hui on les considère comme — qu'on le veuille ou
non — des gens de seconde zone, et ça a comme un impact de nous
légitimer d'utiliser parfois des gestes, des paroles qui peuvent avoir des
impacts extrêmement désastreux sur ces personnes.
Alors, c'est un premier pas. Il y en a...
il y en aura d'autres, la ministre et le premier ministre m'en ont assuré, et,
dans ce sens, je serai à leurs côtés pour continuer à faire d'un Québec une
culture de la paix. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Nous procéderons maintenant à la période de questions pour les
représentants des médias, en commençant avec les questions portant
spécifiquement sur le sujet de l'annonce aujourd'hui. Et je préciserais
également que, si vous souhaitez poser des questions à nos partenaires,
certains seront disponibles pour des entrevues individuelles par la suite.
Alors, je vous demanderais de vous
identifier, en commençant par le micro de droite.
M. Couillard : Chicanez-vous
pas, là.
Mme Biron (Martine)
:
J'en ai une sur le sujet.
Le Modérateur
: Martine
Biron.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, tout le monde. Bonjour, les ministres, les députés, M. le premier
ministre. Je regarde quand même assez rapidement, là, vous comprendrez. Je
remarque que ça s'adresse à beaucoup, beaucoup de gens, là. Ça va... Les
personnes qui sont visées : les organismes à but non lucratif, les
Premières Nations, les corps de police, personnes handicapées, milieux
sportifs, athlètes. C'est rejoindre beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens. Je ne
sais pas comment vous avez l'intention d'atteindre autant de gens dans
différents milieux. Qu'est-ce que c'est, votre plan pour y arriver?
M. Couillard : Bon, d'abord,
c'est un problème qui traverse la société, donc c'est tout... et tous les âges,
de tous les milieux, que ce soient les milieux de travail, les milieux de vie,
les milieux familiaux, milieux scolaires, bien sûr, le problème spécifique des
communautés des Premières Nations, donc c'est tout à fait correct que ce soit
le cas, puis il y a des ressources, comme vous l'avez entendu, qui sont
spécifiquement dédiées. Beaucoup de ce travail est un travail de communication,
de sensibilisation soit par les médias sociaux, le Web, soit par les moyens
traditionnels pour agir en amont. Alors, je crois qu'il aurait été incomplet
s'il n'avait pas adressé l'ensemble du problème.
Comme a dit mon collègue tantôt très
justement, on ne prétend pas avoir trouvé les solutions à tous les problèmes
aujourd'hui, mais on va admettre ensemble que c'est un très beau premier pas où
la société nomme d'abord l'enjeu comme un enjeu prioritaire. Et j'ai voulu
personnellement marquer ça en étant présent à toutes les étapes, à partir du
forum jusqu'à l'annonce du plan aujourd'hui. Et je pense que c'est un bon début
et même un très bon début.
Mme Biron (Martine)
:
Est-ce que vous allez investir, bon, une enveloppe? Est-ce que vous allez
passer des lois? Est-ce que vous allez, à travers le processus, d'ici 2018, agir
de façon législative ou par règlement?
M. Couillard : Bien, les lois
et règlements ne sont pas toujours les solutions à tous les problèmes, et je
pense qu'il faut rappeler ça. On a tendance, trop souvent, au Québec, à dire :
Bien, problème égale loi, problème égale règlement. De bonnes politiques, de
bonnes façons d'agir, de communiquer font partie aussi de la situation, de la
solution.
(Interruption)
M. Couillard : C'est Pepper
qui nous visite, je crois, et il devient un participant à l'événement.
Et donc, oui, il y a des pans qui restent
à préciser, par exemple, comme Mme Massé l'a dit, toute la question du
racisme et de la discrimination envers les Premières Nations demeure à
explorer. Il y a de multiples forums qui s'ouvrent actuellement pour ça, et on
va certainement y revenir.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, Alain Laforest.
Mme Biron (Martine)
:
J'ai d'autres questions, mais je pense qu'Alain Laforest va être fâché si je
prends sa place.
Le Modérateur
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le sujet?
Journaliste
: Oui...
sur le sujet aussi, je me disais, 4,4 millions pour 16 ministères et
organismes, est-ce qu'il n'y a pas un danger de saupoudrage, finalement, que
chacun de ces organismes-là va recevoir...
M. Couillard : Bien là,
relisez, là, on parle de 26 millions, là.
Journaliste
: Ah!
excusez-moi, dans le communiqué de presse, j'avais vu 4,4 millions.
M. Couillard :
4 millions, c'est ce qui avait été annoncé au budget l'an dernier pour
commencer le travail et certaines mesures, mais ça s'étend à d'ensembles...
beaucoup plus d'organismes et ministères, ça finit par faire 26 millions.
Merci.
Journaliste
: Parfait,
très bien. Sur un sujet bien à peu près semblable, Mme Maltais, ce matin, a
accusé des députés libéraux d'être intolérants envers des personnes
homosexuelles lorsque le nom Dany Turcotte a été mentionné comme
défenseur des CPE. J'aimerais avoir votre avis sur la question.
M. Couillard : Un seul
commentaire, c'est que moi, je n'ai rien vu ni entendu qui correspond à ça. C'est
tout.
Journaliste
: Est-ce
que vous trouvez que c'est une drôle de coïncidence juste avant un point de
presse sur l'intolérance?
M. Couillard : Je vous laisse
en faire l'analyse. Merci.
M. Laforest (Alain)
:
M. Couillard, bonjour, bonjour à vous tous. Ce matin, M. Legault vous a
demandé, là, d'agir un peu plus promptement contre les mosquées. Vous avez
laissé entendre qu'il pourrait y avoir des ajustements. Est-ce que vous
craignez, justement...
M. Couillard : Je veux
juste... Excusez-moi, M. Laforest. Si mes collègues de l'opposition sont
mal à l'aise, vous êtes corrects d'être ici, ça ne me dérange pas, mais c'est à
vous de le décider si vous voulez. On ne veut pas vous l'imposer. Parce qu'on
espérait concentrer les questions sur le sujet, mais allons-y, allons-y. Donc,
vous parliez de M. Legault et des mosquées.
M. Laforest (Alain)
:
Je trouve que c'est parallèle un peu au sujet. Mais est-ce que vous craignez, justement,
qu'il y ait de l'intimidation à l'endroit de certaines communautés?
M. Couillard : Bien, c'est
déjà le cas, et, chaque fois qu'on éveille la tension entre les communautés — on
l'a vu à l'époque de la charte, on le voit encore actuellement — les
premières personnes à souffrir sont les personnes les plus vulnérables, et
c'est totalement regrettable, et, comme je l'ai dit souvent, on n'est pas la
seule société à faire face à cela.
Maintenant, on nous fait des suggestions
de... pour bonifier, notamment, le projet de loi n° 59. Tant mieux, allons
en commission parlementaire pour en débattre. Mais le repère qui ne changera
pas, c'est le repère de nos lois, et notamment des chartes des droits et
libertés des gens, parce que c'est ce que les barbares ont voulu détruire et
c'est ce qu'on doit préserver. Maintenant, il y a déjà beaucoup de choses, dans
le projet de loi, qui ont été ajoutées, même. On veut avoir un travail
constructif en commission.
M. Laforest (Alain)
: Il
y a 10 jeunes Québécois qui sont partis combattre avec les Kurdes. Vous vous
inquiétez?
M. Couillard : Oui, je suis toujours
inquiet quand je vois ces phénomènes-là, qui, encore une fois, vous le voyez
tragiquement, se déroulent ailleurs aussi. Il faut se poser la question : Qu'est-ce
qui peut amener un jeune qui a passé sa vie, sa jeunesse, sa scolarité chez
nous à devenir la proie soit des mouvements extrémistes ou à penser qu'il va
trouver son salut ou un sens à la vie en allant combattre pour une cause,
franchement, qui nous dépasse par son horreur? Et c'est cette question qu'il
faut poser. Regardez en Europe ce qui arrive, actuellement. On fait face à des
jeunes qui ont grandi, ont été scolarisés en Europe, dans le berceau même des
libertés, de la tolérance et de la civilisation. Alors, je pense qu'il y a un
sérieux problème ici et une sérieuse question à poser, bien sûr les questions
de sécurité passant au premier rang actuellement.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite.
Mme Biron (Martine)
: Rebonjour,
M. le premier ministre. J'ai deux questions. D'abord, sur les négociations dans
le secteur public, vous avez certainement vu la contre-offre présentée par les
syndicats. Le président du Conseil du trésor a dit que les parties étaient à
des années-lumière. Est-ce que vous pensez que vous vous rapprochez... que vous
devrez recourir à une loi spéciale?
M. Couillard : Il n'est pas
question de ça actuellement. Moi, je travaille pour avoir une entente négociée.
Bon, d'abord, je dirais que le fait que les syndicats veuillent engager une
conversation avec une contre-offre et s'asseoir à la table, en soi, c'est bien,
mais il faut qu'on reste dans les paramètres qui mènent à une entente. Actuellement,
comme M. Coiteux l'a dit, j'ai de la difficulté à voir la voie vers une
entente négociée à partir de ce qui a été déposé. Mais restons-en là pour aujourd'hui,
ayons les conversations autour des tables, et je crois qu'on pourrait probablement
réussir si chacun y met du sien.
Mme Biron (Martine)
: Deuxième
question concerne l'entente transpacifique. Le gouvernement Trudeau a dit... en
fait, le premier ministre a dit qu'il ne se sentait pas lié par l'entente de
compensation de 4,3 milliards aux agriculteurs, en fait, que M. Harper
avait mis sur la table. Est-ce que, pour vous, c'est une bonne nouvelle?
M. Couillard : Bien, ça
dépend de ce que ça veut dire. Si on dit : On veut regarder, comme on s'y
était engagé, d'ailleurs, en campagne, présenter l'entente aux Canadiens pour
avoir un débat, c'est tout à fait légitime de le faire, on en a parlé pendant
la campagne fédérale. Mais cependant soyons bien clairs : pour
nous — pas uniquement pour nous, pour nos collègues de l'Ontario et
également des Maritimes — l'encoche qui est donnée par l'entente
transpacifique, même si elle est, finalement, heureusement, plus réduite que ce
qu'on craignait, doit s'accompagner, d'une part, de mesures de compensation,
d'autre part, de travail sur ce qu'on appelle la réciprocité des normes,
c'est-à-dire que les normes que nos exploitants agricoles ont à respecter les
placent sur un terrain d'égalité avec leurs concurrents, et ça, là-dessus, on
ne baissera pas la garde, non plus sur le contrôle des frontières pour certains
produits dérivés du lait. Alors, je ne décode pas encore qu'on veuille tourner
le dos à une compensation, mais c'est clair que, si l'entente transpacifique
est ratifiée et que l'encoche des quotas d'importation se confirme, il faut
qu'il y ait une compensation, c'est clair.
Mme Biron (Martine)
: Peut-être
qu'elle pourrait être plus élevée, peut-être que le gouvernement...
M. Couillard : Bien, voilà.
Quand on parle de révision, ça peut aller dans toutes les directions, mais je
vais laisser au gouvernement fédéral le soin de préciser ses intentions. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour, M. le premier ministre. Dites-moi si j'ai tort, votre
gouvernement avait pris l'engagement en septembre d'accueillir 3 650
réfugiés syriens au Québec d'ici la fin de l'année, c'est exact?
M. Couillard : Oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce
que vous allez remplir cet engagement-là?
M. Couillard : Fort
probablement, oui, parce qu'on voit que les... déjà les Syriens qui sont
rentrés chez nous sont déjà en grand nombre. Il y a déjà des familles. En
passant, là, la plus belle nouvelle de la journée, là, de la semaine même,
c'est la photo de cette famille de Syriens en première page d'un des
quotidiens, ce matin. Quel rappel à la réalité de qui sont ces gens qui veulent
vivre parmi nous!
Maintenant, sur le premier contingent,
nous, on n'a aucun doute parce qu'on a les moyens financiers, les mécanismes,
le Québec est bien connu quant à sa capacité de faire ça. La question qui reste
à éclaircir, c'est la mise en place du plan fédéral, plus large. On sait que
M. Trudeau a parlé de 25 000 accueils duquel bien sûr le Québec
devrait prendre sa part avec les ressources, bien sûr, qui viendraient du
gouvernement fédéral.
Alors, sur la première tranche, je n'ai
aucun doute. Sur la tranche supplémentaire qui va dépendre de l'annonce du
fédéral, bien, ça dépendra notamment des ressources disponibles et de la façon
dont on peut ensemble travailler. Mais je pense qu'il faut maintenir, encore
une fois, dans notre discours, une fois placées bien comme il faut les
questions de sécurité, notre caractère ouvert, notre caractère accueillant,
notre caractère humain, au Québec, et ça, ça doit passer au-dessus de bien des
choses.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Justement,
pour préserver ce caractère accueillant, ce caractère humain, est-ce que vous
déplorez certains dérapages peut-être comme celui du maire de Québec, M. Labeaume,
qui a dit : Oui, on doit accueillir, bon, tout d'abord des orphelins,
ensuite des familles avec deux enfants, et, bon, les jeunes hommes dans la
vingtaine, un peu frustrés, ceux-là, on n'en veut pas. Qu'est-ce que vous
dites...
M. Couillard : Je ne
commenterai pas ces propos-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Pourquoi?
Vous reprochez beaucoup des amalgames des partis d'opposition. Pourquoi ne pas
reprocher...
M. Couillard : Oui, mais je
veux parler à M. Labeaume. Il va préciser ses propos, certainement. Il
faut savoir que, déjà, dans la politique du Haut-Commissariat des Nations unies
aux réfugiés, il y a un processus d'établissement de priorités qui s'adresse
d'abord et avant tout aux minorités religieuses persécutées, par exemple, ou
aux personnes dans une situation de vulnérabilité particulière. Donc, il y a
déjà, dans le processus de classification et d'attribution de statut de
réfugié, un mécanisme de ce type-là. Mais je n'irai pas plus loin pour
l'instant, ça ne m'apparaît pas nécessaire.
Le Modérateur
: Merci.
On va prendre une dernière question, micro de droite.
Journaliste
: Bonjour,
M. le premier ministre. Tout à l'heure, votre ministre Pierre Moreau nous a dit
qu'il n'était pas en mesure de garantir que le Québec allait atteindre son
objectif d'accueillir 3 650 réfugiés d'ici la fin de l'année. Là, vous
nous dites que ça va fort probablement être le cas.
M. Couillard : On est très
optimistes.
Journaliste
: Pourquoi
n'êtes-vous pas sur la même longueur d'onde que votre ministre, là? Ça fait
deux fois en deux jours que vous...
M. Couillard : Non, on est
sur la même longueur d'onde, on vient d'en parler, lui et moi, avec tous les
collègues. On est très, très, très confiants d'atteindre la cible du premier
contingent. Encore une fois, cette chose-là est en marche, hein? Il y a déjà,
depuis septembre, plusieurs familles qui ont parcouru le processus, il y en a
déjà qui sont chez nous et, régulièrement, il y en a qui arrivent. On me disait
qu'aujourd'hui il y a 90 personnes qui arrivent par les vols commerciaux.
Alors, ça, de ce côté-là, je ne suis pas très inquiet.
La question qui doit être éclaircie
rapidement — et je vois M. Trudeau la semaine
prochaine — c'est cette question du contingent supplémentaire, et de
la part que le Québec va avoir à jouer, et des ressources qui sont nécessaires
pour qu'on le fasse correctement ensemble. Alors, on entend... on veut entendre
où est-ce que ces personnes vont être dirigées d'abord, comment on va
coordonner, par exemple, les vérifications de santé, assumant que celles de
sécurité sont déjà faites, comment est-ce qu'on va les transférer dans les
communautés, et ça, on va pouvoir vous le préciser dès qu'on aura devant nous
le plan du gouvernement fédéral.
Mais je dois vous dire qu'autant en privé
qu'en public il semble très, très ferme, le gouvernement fédéral, dans leur
intention de remplir cet engagement de 25 000 arrivées d'ici le 1er janvier.
Journaliste
: Vous avez
parlé tout à l'heure de l'opposition dans le débat sur les réfugiés. Il y a le
maire de Québec, le maire de Montréal qui ont tous deux remis en question
l'échéancier fixé par Ottawa, il y a cette pétition qui circule et cet homme
qui a été arrêté pour avoir proféré des menaces. Trouvez-vous que le contexte
social est propice à l'accueil et à l'intégration réussie de ces réfugiés
syriens?
M. Couillard : Bon, d'abord,
je veux faire une nette démarcation... je suis certain que ce n'était pas
l'objet de votre question, mais une nette démarcation entre les préoccupations
des maires quant à leur capacité d'agir et les comportements sociaux
inacceptables que vous décrivez, autant cette pétition regrettable que cet
homme qui a été arrêté — tant mieux! — par les forces
policières, là.
Mais je vais rappeler quand même que, s'il
y a eu une bannière du rejet à Québec, il y a aussi eu des bannières d'accueil,
et je pense que le message dominant du Québec et de Québec, ça demeure
l'accueil.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Couillard : Au revoir.
Le Modérateur
: Merci,
ça mettre fin au point de presse.
Journaliste
: S'il vous
plaît, j'aurais une petite question, s'il vous plaît, rapidement. À la suite
des attentats terroristes survenus à Paris, est-ce que ça va vous amener à
revoir et renforcer le plan d'action contre la radicalisation que vous avez
adopté en juin? Et, si oui, de quelle manière?
M. Couillard : Bon, d'abord,
une grande partie des réactions sont du domaine des forces policières, des
forces de l'ordre, des services de renseignement. Ça ne touche pas le plan de
radicalisation, qui, en passant, fonctionne. Vous avez vu récemment que ce
centre de radicalisation à Montréal, qui est financé à la fois par la ville de
Montréal et notre gouvernement, reçoit des appels, est capable d'agir,
d'intervenir auprès des gens. Alors, il y a plusieurs éléments de ce plan
d'action là qui sont... ce que tout le monde doit faire, qui doivent être
faits. La menace en tant que telle ne change pas ça. Ce que la menace fait, c'est
qu'elle change le niveau de sécurité et de préoccupation de précautions
sécuritaires. Mais je crois que le plan d'action, il était bien pensé, la loi
n° 59 va y ajouter, et je crois qu'on doit continuer à travailler dans ce
sens-là, tout faire en même temps, mais d'abord parler de sécurité, bien sûr.
Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Merci.
Journaliste
: ...
Le Modérateur
: Merci.
Ça va être la... Alain, merci.
M. Couillard : ...de la
réponse, parce que vous transmettez l'inquiétude des gens, que je comprends.
Comment pouvons-nous ne pas être inquiets devant des événements comme ceux de
Paris? J'espère que personne au Québec ne pense qu'on n'est pas
potentiellement, nous aussi, des cibles du terrorisme, car nous le sommes.
Peut-être de façon moins aiguë que nos gens... nos amis d'Europe, mais nous le
sommes aussi. Alors, c'est tout à fait correct d'être inquiets. C'est pour ça
que les mécanismes de sécurité et de renseignements, les actions militaires de
toutes sortes sont absolument nécessaires. Mais ça ne doit jamais, jamais,
jamais nous faire dévier de nos principes fondamentaux, qu'on est une société
d'accueil, une société ouverte, une société généreuse, et on le sera encore une
fois, de ne pas perdre de vue nos libertés fondamentales ni ce qui fait notre
force. Et c'est ce que les barbares ont voulu détruire : notre société de
droit, et nos libertés, et nos droits. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, ça met fin au point de presse.
(Fin à 15 h 8)