(Neuf heures dix-huit minutes)
La Modératrice
:
Bonjour et bienvenue à ce point de presse sur le dépôt d'une pétition en faveur
de la consigne des bouteilles de vin vendues à la SAQ. Alors, tout d'abord,
prendra la parole la députée de Richmond et whip adjointe du gouvernement, Mme
Karine Vallières.
Mme
Vallières
:
Merci beaucoup. Salutations, tout le monde. Merci de votre présence.
Je suis vraiment très fière, très honorée
de recevoir les gens de Racine ici, à l'Assemblée nationale, aujourd'hui, fière
du chemin parcouru depuis 2012, alors que je prenais connaissance, alors de ma
première campagne électorale, du projet et de la naissance d'Opération
Verre-Vert, appui que je dirais depuis… je n'hésiterais pas à mentionner :
appui indéfectible que j'ai pu offrir à l'organisme dans le cadre de mes
fonctions parlementaires par la suite en tant que députée du comté. Appui
indéfectible, que ce soit les 500 caisses pleines de vides, que ce soit encore
les bouteilles à la mer lancées aux 125 parlementaires à l'Assemblée nationale
ou encore aujourd'hui le dépôt de pétition, c'est avec fierté que j'appuie
l'Opération Verre-Vert.
Vous savez, je laisserai l'organisme en
parler un peu plus en détail, mais, à la SAQ seulement, c'est 200 millions
de bouteilles vendues par année. C'est énorme. Alors, que ce soit via la
collecte sélective, que ce soit via la modernisation du système de consigne, on
a un devoir collectif, et c'est assurément d'accroître nos performances
environnementales.
L'objectif, pour moi, c'est bien sûr de
conserver cette synergie, la complémentarité des deux systèmes. On ne remet pas
ça en cause. Mais l'objectif aussi et notre objectif commun doit être
d'améliorer la qualité des matières qui sortent de nos centres de tri.
Et je parlais de fierté au tout départ, je
suis aussi très fière de la mise sur pied, par le ministre du Développement
durable, mon collègue David Heurtel, des travaux du comité-conseil sur les
matières résiduelles, et il y a une portion qui s'adresse spécifiquement à la
modernisation du système de consigne.
Ce que je veux dire, c'est que, notre
gouvernement l'a indiqué, au final des questions que nous nous posons
actuellement, la consigne fait assurément partie de la solution, et, bref, je
suis et je crois fermement à la complémentarité des systèmes et à la synergie.
C'est un dossier qui est certes complexe quand on se met à l'analyser, mais
qui, selon moi, n'est pas insoluble. Et nous avons, à travers Opération
Verre-Vert, une belle expertise et un bel exemple de solidarité et d'appui au
niveau social également qui émergent de ce projet-là.
Alors, compte tenu que ce sont... un dossier
qui a émané, à la base, du comté de Richmond, j'aimerais tout particulièrement
remercier les bénévoles qui ont mis énormément de temps et d'ardeur, et de
recherche, et d'huile de bras, et vraiment de tout pour mener à bien jusqu'à maintenant
la pétition dont ils vont vous parler tout à l'heure. Je veux remercier également
non seulement pour ce qu'ils ont fait, mais pour la sensibilisation qui se
bâtit à l'échelle nationale aussi, sensibilisation, ce n'est pas peu dire, qui
les mène aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Alors, c'est une des raisons pour
lesquelles vous me rendez vraiment très fière d'être votre députée et de vous
représenter. Et, sur ce, je les laisserai pouvoir vous confier davantage ce
pourquoi ils sont ici aujourd'hui. Merci.
La Modératrice
: Merci,
Mme Vallières. J'invite maintenant la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques à
prendre la parole, Manon Massé.
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Alors, je suis aussi très, très fière d'être là aujourd'hui. Bonjour aux
gens de l'Opération Verre-Vert des Ami-e-s de la Terre, fière d'être là parce qu'à
la demande de ce groupe de citoyens qui avaient une vision d'un monde, d'un
Québec, en fait, qui s'assume comme leader international au niveau du
développement durable et du recyclage des matières premières, j'ai été
interpellée, donc, l'automne dernier, pour marrainer une pétition que nous
déposerons ce matin à l'Assemblée nationale, pétition qui dit clairement que
les Québécois et Québécoises sont prêts à passer dans un mode où la consigne ne
soit plus réservée qu'à quelques contenants, mais qu'on y ajoute la question
des bouteilles de vin, considérant de la quantité qui émane de notre société
d'État, c'est-à-dire plus de 200 millions par année. Il y a quelque chose
à faire là, et je pense que ces citoyens et citoyennes là sont venus sonner la
cloche, sont venus sonner l'alarme, et je suis très fière, aujourd'hui, de
pouvoir, en collaboration avec des collègues, déposer à l'Assemblée nationale
près de 15 500 signataires qui viennent dire qu'ils sont prêts à passer à
un autre mode, qu'ils sont prêts à faire en sorte que le verre puisse être quelque
chose qu'on honore, je dirais, en le recyclant de façon éternelle puisqu'il est
recyclable éternellement, le verre.
On peut se poser la question et, à Québec
solidaire, on l'a déjà fait. Est-ce que ce modèle-là est un modèle archaïque? Est-ce
que c'est un modèle, au contraire, d'avant-garde. Nous, on pense
qu'effectivement le modèle de consigne ou de collecte sélective sont deux
modèles qui se complètent. Et je pense que le jour où le Québec le complétera,
ce modèle-là, premièrement en y incluant les bouteilles de vin — on
pourra voir pour plus tard — qu'on va devenir beaucoup plus
performants et surtout on va être en mesure de porter la tête haute partout à
travers le monde et, je dirais, de rejoindre la réputation qui est la nôtre,
que nous avons peut-être un peu perdue à travers les années.
La consigne du verre, c'est une
opportunité pour le Québec de reprendre, donc, ses lettres de noblesse en
matière de leader environnemental, développement durable. C'est bien sûr
protéger l'environnement, c'est bien sûr une autre façon de voir l'économie, et
c'est extrêmement créateur d'emplois, ça peut nous permettre de développer de
la petite entreprise partout sur le territoire québécois, et, dans ce sens-là,
je considère que le Québec ne peut pas se passer de ces emplois-là, surtout à
une époque où on est beaucoup à la recherche d'emploi.
Environnementalement parlant, bien sûr,
une matière première qui est récupérée déjà agit de façon positive dans... par
exemple, dans le cas du verre, au niveau des gaz à effet de serre. On peut
contribuer là, encore là, à faire une pression à la baisse avec les gaz à effet
de serre. Bref, je vais laisser nos spécialistes vous en parler.
Ce que je voulais surtout nous rappeler, c'est
l'importance du rôle des citoyens et citoyennes lorsqu'ils voient que leur gouvernement
ou leurs élus ne vont pas un sens qu'ils le désirent, l'importance de se
regrouper, de se rassembler, de faire... Parce que l'Opération Verre-Vert a
fait leurs devoirs, ils ont étudié. D'ailleurs, on attend toujours une étude du
CREATE, mais eux autres ont fait leurs devoirs. Ils sont allés à la recherche
de solutions qui vont dans le sens des valeurs du peuple québécois.
Et je pense que c'est avec une très grande
fierté que je vais aujourd'hui déposer les signatures... en fait, les pétitions
et les 15 000 signatures.
La Modératrice
: Merci,
Mme Massé. C'est maintenant au tour de la porte-parole du comité de l'Opération
Verre-Vert Québec et responsable du dossier Zéro déchet chez Les Ami-e-s de la
Terre de Québec, Mme Estelle Richard
Mme Richard (Estelle) : Merci.
Bonjour, tout le monde. Bien, je tiens à remercier d'abord Mme Massé et Mme
Vallières, qui sont avec nous aujourd'hui. C'est vraiment un beau signe du
soutien de notre gouvernement et de Québec solidaire, là, d'être avec nous
aujourd'hui. Merci beaucoup, mesdames.
Comme elles l'ont dit, pour nous, la
consigne, c'est évident, les Québécois sont prêts à ça. Le
15 000 signatures qu'on a recueilli le démontre ainsi qu'un tout
nouveau sondage qui est sorti en début de semaine, qui démontre que 89 %
des Québécois rapporteraient leurs bouteilles si un système de consigne qui
était étendu aux bouteilles de la SAQ était mis sur place. Donc, c'est énorme.
Les Québécois tiennent à leur système de consigne et sont prêts même à en faire
plus. L'acceptabilité sociale, pour nous, est vraiment au rendez-vous, et de
voir M. Heurtel qui fait des efforts pour moderniser ce système de consigne là
encourage beaucoup le groupe de l'Opération Verre-Vert. Que ce soit dans la
région de l'Estrie, à Québec, à Montréal, à Drummondville, vraiment, ça nous
enthousiasme et ça nous donne envie de continuer en ce sens.
Pourquoi trier le verre à la source? En ce
moment, malheureusement, notre bac pêle-mêle ne permet pas de garder la qualité
du verre car le verre se brise, se mélange aux autres matières que sont le
papier, le carton, le métal et perd de sa valeur tout en contaminant les autres
matières qui se trouvent dans le bac. Donc, pour nous, il semble évident que
d'investir dans des infrastructures très chères, très coûteuses dans les
centres de tri pour être capable de retirer ce verre-là n'a pas de sens. Il
faut plutôt retirer le verre à la source, et la consigne, selon nous, à cause
de l'acceptabilité sociale, à cause des bienfaits économiques aussi, c'est la
solution. La consigne sur les bouteilles de la SAQ pour commencer, puis ensuite
on verra par la suite ce qu'il est possible de faire.
La contamination croisée des matières fait
en sorte que toutes ces matières-là perdent de leur valeur. En ce moment, pour
la plupart des centres de tri, ça leur coûte quelque chose de se débarrasser du
verre. Ça leur coûte environ 30 $ la tonne de se défaire du verre, alors
que du verre bien trié à la source vaut environ 80 $ la tonne sur les
marchés. Donc, à Québec, par exemple, c'est la ville qui doit écoper de ces
pertes-là. Donc, c'est vraiment pour nous, les contribuables, une dépense aussi
supplémentaire, sans compter que l'équipement des centres de tri se brise à
cause de la contamination du verre, de la présence du verre. Donc, c'est
vraiment un coût collectif en ce moment qu'il faut que nous épongions.
Le verre, comme Manon Massé l'a dit un peu
plus tôt, c'est une des rares matières qui, lorsqu'elle est bien triée, se
recycle indéfiniment. Donc, pourquoi ne pas faire un effort collectif? Allons
vers la consigne, allons vers le recyclage du verre qui est une matière qui
vaut beaucoup sur le marché et pour laquelle les Québécois sont prêts à faire
un effort. Merci.
La Modératrice
: Merci,
Mme Richard. Et nous entendrons finalement le porte-parole du comité initiateur
de l'Opération Verre-Vert Racine, M. Jean-Claude Thibault.
M. Thibault (Jean-Claude) :
Merci beaucoup. Alors, je continue l'argumentaire de notre amie Estelle.
D'abord, je veux remercier tous les citoyens de Racine qui nous ont soutenus
dès le départ dans cette opération, il y a maintenant 16 mois. Et
aujourd'hui on est au Parlement pour pouvoir sensibiliser nos parlementaires à
la problématique qui est reliée à la façon qu'on récupère actuellement le
verre. On se demande pourquoi on a demandé à la SAQ d'abord d'intervenir par
rapport au produit, au… de fait, c'est 230 millions de contenants de verre
qu'ils mettent sur le marché chaque année. Alors, d'une part, c'est une société
d'État qui, à nos yeux, devrait donner l'exemple en développement durable, donc
dans un bon système de recyclage, et le système actuel, malheureusement, fait
qu'on perd ce verre-là. Ça a été bien expliqué tantôt.
Nous, on voudrait qu'ils deviennent les
leaders, et, à partir de là, le premier mouvement à faire pour moderniser notre
système de récupération, c'est vraiment, et c'est très facile, d'inviter les
consommateurs qui vont chercher du vin de rapporter leurs bouteilles
consignées. Le système nous semble très simple.
La deuxième raison, c'est que c'est une
entreprise… pour nous, c'est aussi une entreprise commerciale, et, comme toute
bonne entreprise commerciale, on les invite à donner un service, qu'on appelle
un service après-vente, de qualité. Or, on l'a signalé tantôt, les Québécois et
les Québécoises sont prêts à 89 % à recycler comme il faut, par la
consignation, les bouteilles de verre et même les bouteilles de plastique dans
le sondage Léger qui vient de sortir avant-hier. Alors, c'est évident que, pour
nous, ça serait un bon service après-vente si la SAQ offrait ça à ses clients.
La deuxième raison a été signalée tantôt.
Vous savez que le papier, le carton, le plastique et les métaux non ferreux
perdent énormément de valeur sur le marché international des matières
recyclées. On parle d'une perte de 50 % à 60 % de sa valeur, à l'heure
actuelle, parce qu'il est contaminé par le verre, alors qu'il faut savoir que,
dès qu'on retire le verre, que l'ensemble du verre est trié à la source et
n'est pas mélangé avec ces produits-là, là on parle du papier, du carton, du
plastique propre, et ça, c'est de l'argent, c'est beaucoup d'argent. Il faut se
donner les moyens d'aller le chercher, et la première chose à faire, c'est
d'aller empêcher le verre d'aller les contaminer, donc de le trier à la source.
Finalement, ça a été bien signalé tantôt,
on sait, par les expériences qui sont faites dans les autres
provinces — je vous rappelle qu'il y a 10 provinces et
territoires au Canada qui déjà consignent leur verre — c'est créateur
d'emplois, mais c'est également… c'est créateur d'emplois, c'est créateur du
retour d'un paquet de petites entreprises de première, deuxième transformation
du verre, qui, dans les 20 dernières années, sont disparues au Québec.
Alors, déjà, c'est un point économiquement très important, mais c'est
également, et on l'a appris, grâce à Manon Massé, entre autres, et grâce à des
groupes communautaires qu'on a à Sherbrooke, que ça peut devenir une source de financement
extrêmement utile à ces gens-là.
Chez nous, et on l'a vu également à un
groupe des gens de la rue de Montréal, ça permet à ces gens-là une
réintégration parce qu'ils ont la chance, avec ces sous-là, de… parce qu'ils
consignent, ils ramassent déjà d'autres pièces consignées qui sont les
cannettes d'aluminium, ça leur permet de manger mieux, d'être mieux hébergés. Alors,
c'est déjà, au niveau social et communautaire, un plus incontournable.
Alors, je terminerais en invitant le grand
patron de la SAQ, qui est maintenant le ministre des Finances, on invite le
ministre Leitão de vraiment soutenir son collègue à l'Environnement pour qu'on
modernise rapidement, mais rapidement, en changeant simplement la question du
verre, de trouver des moyens de le trier à la source, par la consignation dans
le cas de la SAQ et, pour le reste du verre, par différents moyens qui sont exprimés.
Ce n'est pas notre expertise, mais c'est l'expertise à l'Université Laval. On y
a fait allusion tantôt, il y a une étude très sérieuse qui a été commandée il y
a déjà plus d'un an et demi, qui s'appelle le CREATE et qui ont fait une étude
comparative des différents moyens utilisés en Amérique du Nord et un peu en
Europe, je crois, et ce rapport-là, on a très, très hâte qu'il soit disponible.
Il ne l'est pas à l'heure actuelle, et on espère que, dans les semaines qui
viennent, on pourra le voir.
Alors, c'est notre espoir, nous autres. Les
prochaines étapes, c'est de voir le gouvernement, dans les prochaines semaines,
donner un son de cloche à la population pour dire : Écoutez, on est
conscients du problème et on a des pistes de solution dans lesquelles on va
s'engager. Merci beaucoup de votre attention.
La Modératrice
: Merci,
M. Thibault. Merci de votre attention.
(Fin à 9 h 34)