(Quinze heures une minute)
M.
Bédard
:
Merci Antonine. Alors, merci à vous. On est heureux d'être réunis ici pour
préparer la session, et c'est pour ça que je suis accompagné d'Agnès, notre
leader, et évidemment Sylvain, Sylvain Rochon, qui va être notre candidat dans
le magnifique compté de Richelieu et qui incarne assez bien le désarroi qui est
vécu dans les régions actuellement suite à l'austérité que je qualifierais de
destructrice pour les régions du Québec.
Ce qu'on constate, c'est qu'il y a un
désarroi partout dans les régions, des coupures du gouvernement dans les
services à la population, dans le développement économique. Et là on pourrait
faire une litanie : que ce soit au niveau de 70 millions qu'on a
enlevés au niveau du développement local, de l'abolition des structures des
seules… parce qu'on les garde à Québec et à Montréal, mais, dans les régions,
évidemment, les seules structures qu'on a, ce sont justement les CLD, les centres
locaux de développement; les CRE, qui étaient des lieux de concertation, on les
enlève, on les détruit; le pacte fiscal, qui, vous savez, a retiré
300 millions, qui a un effet très négatif dans les régions
particulièrement parce qu'ils n'ont pas la contrepartie des régimes de
retraite; l'abolition, que vous avez vue, gênante, au fonds de soutien aux
territoires dévitalisés, rien de moins, 55 millions de moins dans les
villages qui ont besoin de l'aide gouvernementale.
Et j'ai vu le ministre des Affaires
municipales — je ne sais pas s'il doit bien porter le titre, on lui a
enlevé le terme «région» et maintenant on comprend pourquoi, c'était à
dessein — qui a pris le soin, évidemment, de dénoncer les propos du
Conseil du patronat, mais qui a, par la suite, tout de suite annoncé une baisse
des budgets importante, dont ce 50 millions qui s'ajoute, souvenez-vous,
à… on a enlevé la subvention à Solidarité rurale. Je pense que le Parti libéral
n'aime pas la solidarité, et c'est très clair.
À ça, on doit ajouter 20 % de coupes
des crédits d'impôt pour les régions ressources, la baisse… la diminution
importante des budgets des carrefours jeunesse-emploi, principalement dans les
régions du Québec, la réorganisation de la santé qui va faire des grands perdants,
les patients, mais aussi les régions, et qui va amener une concentration des
fonctionnaires ici, à Québec, comme si les régions avaient besoin de ça. À ça
s'ajoute aussi l'arrêt des programmes de subvention de la SHQ, RénoVillage, et
le programme de rénovation d'urgence, les programmes de rénovation au Québec,
qui va avoir, encore là, un impact dans les régions, dans les localités, le
pouvoir local est attaqué. À ça, j'ajoute les baisses de services des
transports en commun interurbains, la coupure de 130 millions dans
La Financière agricole, qui va, encore là, se répercuter dans les régions
du Québec. Et on attend la suite, mais il y a beaucoup d'inquiétude dans les
milieux agricoles aussi.
On a vu la fermeture, au début, des bureaux
de l'immigration, du ministère de l'Immigration dans cette région, la fusion
des directions de ministères seulement dans les régions. C'est une aberration
économique, c'est une aberration sur le développement du territoire. Et, pour
nous, ça va être une occasion, avec les gens de Richelieu, de parler de cela,
de parler de l'importance d'être solidaires, de croire à l'égalité des chances.
Parce que cette égalité des chances, elle peut se manifester de différentes
façons, mais c'est, entre autres, dans l'investissement qu'on doit avoir dans
les régions du Québec. Qu'on naisse à Sorel-Tracy ou qu'on naisse à
Saint-Félicien ou dans un territoire, dans un village qu'on considère
dévitalisé, on doit avoir la même chance de réussite, et ce n'est pas en
diminuant les services à la population, en coupant dans l'aide aux devoirs, en
coupant dans ce que les gens ont besoin qu'on va faire une société plus égale,
une société qui aspire à l'égalité des chances.
Les dernières victimes du gouvernement
actuel de l'austérité, c'est, évidemment, les familles, qui ont subi, coup pour
coup, toutes les mesures gouvernementales d'augmentation de taxes, de frais de
garderie. Ça va avoir des impacts évidemment sur ces familles, malheureusement.
Le gouvernement a fait le choix de tuer ce qui est le plus important dans une
société : renouvellement de la population, les familles du Québec. Donc,
c'est sûr qu'on va s'opposer à ça dans un contexte où on est les seuls.
On a décidé, entre nous, d'aller plus
loin. Ce désarroi-là des régions, il faut y apporter une écoute attentive parce
que le gouvernement n'écoute pas. Vous le voyez, d'ailleurs, on nous appelle en
bâillon pas plus tard que vendredi, avec une arrogance totale, un mépris, même,
démocratique, parce qu'on a une instance démocratique en fin de semaine. Évidemment,
on a essayé d'interférer dans notre réunion d'en fin de semaine. Alors, ce
qu'on va faire pour entendre une voix… je vois le mouvement Touche pas à ma
région!, qui est formidable. J'invite la population à aller écouter les
témoignages de ces gens, mais, en même temps, au Parti québécois, on a décidé…
il y a certaines régions où on n'a pas de porte-parole, donc, on va nommer un
porte-parole dans les régions, où il n'y a pas de député du Parti québécois,
qui va être directement lié aux intervenants du milieu, parce que la CAQ ne
peut pas répondre à ces besoins, ils sont d'accord avec le gouvernement à tous
points de vue. On parle de la PLAQ, on a entièrement raison, on n'est pas
capables de voir la différence entre le Parti libéral et la CAQ.
En même temps, notre président de caucus…
avec notre responsable des régions, Gaétan, Gaétan Lelièvre, il y aura une
tournée dans les différentes régions du Québec pour entendre les gens, pour
parler de développement régional, pour parler de dynamisme dans les milieux
locaux, dans les régions ressources, mais dans toutes les localités du Québec.
Donc, ce sera le mandat face à un gouvernement qui refuse d'entendre ces
voix-là qui s'élèvent. Merci.
La Modératrice
: Donc,
pour la période de questions, les questions au micro, s'il vous plaît, une
question, une sous-question. On va commencer par le micro de droite, Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain)
:
Bonjour. Vous en avez parlé brièvement, le bâillon, comment vous le qualifiez?
M.
Bédard
:
Méprisant, puis il n'y a aucune urgence objective. Ce n'est que le bulldozer, M. Barrette,
là, qui, dès… après deux semaines de commission parlementaire, souhaitait le
bâillon. C'est ce qu'il voulait. Aucune volonté d'arriver à des ententes qui
tiendraient compte de la réalité locale et régionale, donc, et le gouvernement
a décidé, littéralement, de passer le bulldozer sur quelque chose qui n'a pas…
Il n'y a pas d'urgence objective, là-dedans, là. Ce n'est que de l'impatience
de M. Barrette. Vous savez, contrôler un ministre, j'ai déjà fait ça dans
ma vie, là.
M. Laforest (Alain)
:
Concernant la réforme de l'éducation mise en place par Mme Marois, il y a
une étude qui dit que c'est une échec… ça a été un échec total, là. Comment
vous répondez aux gens qui qualifient cette réforme mise en place par le Parti
québécois comme étant un échec?
M.
Bédard
: Un
échec, oui. Non, bien, j'ai souri un peu avec «une échec», tout simplement,
M. Laforest. Je vous le permets, je me disais, bon, peut-être que vous
êtes un enfant de la réforme…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Laforest (Alain)
:
Je me suis bien répété. J'ai dit… Je me suis répété, «un».
M.
Bédard
: Écoutez,
ce que les enfants du Québec, ce qu'ils n'ont pas besoin, c'est d'une autre
réforme, là. Moi, quand je vois qu'on coupe dans l'aide aux devoirs, on coupe
dans les services aux jeunes, actuellement, ce qu'on a besoin plutôt, c'est un ministre
qui s'occupe des jeunes, de l'éducation, de leur réussite plutôt qu'un débat de
structure. Là, on a des débats de structure dans l'éducation, on a un débat de
structure dans la santé, les patients ne sont pas là et les enfants ne sont pas
au coeur des préoccupations. D'ailleurs, on nous annonce même, M. Laforest,
que l'école, la nouvelle, sera prête en 2025, la nouvelle vision du gouvernement.
Imaginez-vous! On va avoir le temps de passer une génération au complet avant
que le gouvernement se… bien, ils vont commencer, 2020‑2025, imaginez-vous!
Alors… Non, ce qu'on n'a surtout pas besoin au Québec, c'est d'une autre
réforme. S'il y a des ajustements, qu'on les fasse, mais c'est surtout, actuellement…
Moi, ma crainte, c'est la coupe qu'on fait, récurrente, sur ceux qui sont en
besoin. L'aide aux devoirs est un bel exemple, et la réalité sur le terrain,
c'est que les jeunes ont moins de services puis les parents ont moins d'aide
pour accompagner leurs enfants.
La Modératrice
: Micro
de gauche, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Est-ce que le gouvernement libéral devrait acquiescer à la
demande de la commission Charbonneau de prolonger de sept mois son mandat? Il y
a différents scénarios qui ont été évoqués au cours des derniers jours, on
serait peut-être prêts à leur donner deux mois supplémentaires. Le dépôt
pourrait coïncider avec la relâche parlementaire de l'été. Il n'y a pas de
décision qui a été prise aujourd'hui. Qu'est-ce que vous pensez de tout ça?
M.
Bédard
:
Écoutez, si la commission a fait cette demande, c'est qu'elle a des
justificatifs. Ce qu'on souhaite, nous, c'est avoir un rapport qui va être
costaud, qui va tenir compte de la réalité à laquelle on a fait face, et, je
vous dirais, de précipiter la commission dans un rapport plus rapide, je pense
que c'est aller à l'encontre de ce que tous souhaitent au Québec, c'est avoir
des résultats concrets de cette commission dans le rapport. Donc, moi, ce que
je vois, c'est la tergiversation du gouvernement actuellement, là. Il n'y a
personne qui a intérêt à laisser flotter cette demande-là, là. Donc, j'espère
que le gouvernement va entendre la commission. Je leur ai demandé d'être
transparents, donc de donner les motifs qui justifient cette demande de la
commission et par la suite d'y donner suite favorablement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais c'est quasiment automatique : ils font une demande, on doit y donner
suite.
M.
Bédard
:
Bien, ce qu'on veut surtout, c'est un bon rapport. Et ils ont des justifications,
c'est de les faire connaître dans le contexte actuel et d'arrêter, là, cette
surenchère de, bon : Est-ce qu'on doit leur donner ou pas? Il y a des
motifs juridiques. Et, vous savez, s'il y a un principe qu'on connaît bien en
droit, là, c'est l'indépendance judiciaire, il s'applique au travail d'une
commission d'enquête. Je pense qu'on doit le respect à cette commission. Peu
importent les réticences que certains peuvent avoir, il y a un bout du travail
qui est très important, c'est celui des recommandations, et je souhaite que le
travail soit bien fait.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous estimez que... Bien, en fait, il y a un rapport qui estime que la réforme
de l'éducation n'a pas porté de fruits. Vous, vous parlez d'ajustements aujourd'hui.
On ne doit pas accabler le réseau d'une autre réforme?
M.
Bédard
: Ah
non! Là, les... Moi, là, on... Ce n'est pas vrai qu'on va faire une autre
réforme, là. Vous savez, là, de Socrate, Charlemagne, s'il y a une chose qu'on
connaît bien, c'est enseigner, O.K.? Là, il vient... À un moment donné, de se
relancer dans un débat où on va refaire l'ensemble du cursus ou... ce n'est pas
ça qu'on a besoin. Les parents, ils ont besoin de soutien dans l'aide aux
devoirs, dans le suivi des jeunes qui sont en difficulté. C'est ça qu'on a
besoin actuellement, ce n'est pas de remplir un étage du ministère de
l'Éducation sur une nouvelle réflexion, O.K.? Donc, c'est clair.
S'il y a des ajustements à faire, qu'on
les fasse, mais qu'on arrête des débats de structures. Là, actuellement,
comment voulez-vous qu'on parle d'éducation quand les commissions scolaires...
On a un ministre qui est sur le coin d'une table, qui refait ses dessins à peu
près à tous les jours sur quelle va être la configuration, des localités qui ne
se retrouvent plus, des pouvoirs locaux qui sont centralisés dans d'autres
endroits sans que personne ne les demande. Je pense que la coupe est pleine, actuellement,
là.
La Modératrice
: Pascal
Poinlane, Radio-Canada.
M. Poinlane (Pascal)
:
Concernant le bâillon sur le projet de loi n° 10, M. Barrette estime
que la CAQ et Québec solidaire sont prêts à faire des compromis, ils proposent
des amendements, et que c'est vraiment le Parti québécois, le problème, et que
c'est à cause de vous qu'on doit absolument y aller d'un bâillon vendredi.
Quelle est votre réponse?
M.
Bédard
: Bien,
la réponse, c'est simple : La CAQ n'a aucune proposition à faire, la CAQ
est en accord avec le gouvernement. D'ailleurs, s'ils étaient... si on n'était
pas dans l'opposition, le projet de loi serait déjà adopté. Ça, c'est la
réalité. Même, le ministre n'aurait même pas eu le temps de déposer ses 125 amendements.
Imaginez-vous! Alors, ça démontre... Et QS n'est pas l'opposition, ils se
contentent principalement de nous attaquer. On est la cible, effectivement, de tout
le monde. Nous, on pense que la vision du développement de la santé, il doit se
faire autour du patient. Puis cette façon de faire… cette conception, moi, j'y
crois. Puis c'est drôle, les gens… les infirmières y croient, le personnel
médical y croit, les gens des régions y croient. Donc, moi, quand je représente
les gens de nos régions, de nos localités, bien, je me dis : Je suis à la
bonne place. Et j'invite les autres députés, qu'ils soient au gouvernement, à
la CAQ, à Québec solidaire, d'aller entendre les gens des régions, des
localités, qui sont très inquiets de cette… des propositions du Dr Barrette.
M. Poinlane (Pascal)
: Visiblement,
M. Barrette est pressé, mais il dit : Vous pouvez lui soumettre des
amendements jusqu'à vendredi. Alors, est-ce que vous allez soumettre des
amendements au projet de loi n° 10?
M.
Bédard
: On
voit tout le sérieux qu'il a. Écoutez, il voulait… Souvenez-vous, après deux
semaines d'auditions au mois de décembre, il avait déjà appelé le bâillon. Il
était déjà trop pressé, le bulldozer était en marche, alors ils n'ont pas été
capables de le retenir. Il a forcé le Conseil des ministres à aller dans sa
propre vision personnelle et centralisée, lui, au coeur du système de santé.
Alors, nous, on avait encore d'autres amendements de façon constructive. Je
pense que personne ne doute du sérieux de Mme Lamarre, elle l'a démontré
hier à quel point c'est vrai que ça peut être choquant pour un ministre qui n'a
pas contact avec la réalité concrète, là, des soins d'entendre des propos qui
répercutent cette réalité-là. Mais c'est notre devoir, et on est capables de
trouver des solutions, on l'a fait. Regardez dans le cadre du projet de loi
n° 3, on n'était pas d'accord sur l'ensemble. On a été capables de
convaincre le gouvernement sur certains aspects, de respecter, par exemple, les
retraités. M. Barrette : totalement fermé. Et vous regarderez en
commission parlementaire, en termes de rhétorique, il n'est pas battable. Par
contre, pour parler du patient, là, c'est le dernier.
M. Poinlane (Pascal)
: Mais
allez-vous, oui ou non, lui proposer des amendements?
M.
Bédard
: Bien,
on en a plein, d'amendements qu'on lui a déposés. Alors, dans quel cadre? On va
créer un nouveau forum. Commission parlementaire, vous savez, c'est trop
embêtant, on va créer un autre forum. Vous voyez à quel point ça vient complètement
ridicule? Il n'y a pas d'urgence objective, là, vendredi. La seule, c'est qu'on
a notre conseil national le lendemain, le dimanche, le conseil national
d'orientation. Ça, c'est une bonne raison, hein, de tenir un bâillon. Alors,
voilà. Voilà la seule raison objective qu'on a : manque de fair-play.
La Modératrice
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M.
Bédard
: Beau
gilet!
M. Robillard (Alexandre)
:
Merci. Dans le… Vous m'avez déconcentré, là.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M.
Bédard
: C'est
une des techniques.
M. Robillard (Alexandre)
:
Ah oui? Câline!
M.
Bédard
: On
peut en avoir… 38.
M. Robillard (Alexandre)
:
Bon, bien, c'est fini! Non, mais je voulais simplement vous demander, M. Bédard,
dans quelques jours, justement, ça va être le conseil national, il va être question
beaucoup, si j'ai bien compris, de sociale démocratie.
Je voulais savoir, qu'est-ce que c'est,
la… quelle est la place, dans la vision de la sociale démocratie au Parti
québécois, d'une modernisation des dispositions antibriseurs de grève?
M.
Bédard
:
Nous, ce qu'on favorise, c'est l'égalité des chances. On croit à ça puis on
croit que la meilleure façon d'y arriver, c'est par le... Le gouvernement est
le principal outil pour favoriser l'égalité des chances, donc… et on va le
démontrer en fin de semaine à différents niveaux. Donc… Est-ce que le débat…
strictement sur les lois antibriseurs de grève? Vous savez, ce n'est pas… c'est
un conseil national d'orientation, ce n'est pas un… Il y aura, par la suite, un
congrès sur lequel il y aura des orientations plus précises. Évidemment, on est
plus larges en fin de semaine.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais, selon vous, est-ce qu'il y a toujours une place au Parti québécois pour
un projet de modernisation des dispositions antibriseurs de grève?
M.
Bédard
:
Sincèrement, je crois qu'il est toujours d'actualité de s'intéresser aux
relations de travail, globalement, et que les modifications, dans la société,
le Code du travail doit les représenter. Si cet exercice de réouverture du Code
du travail, un jour, il pourrait être fait, bien, il sera fait dans… évidemment,
il y aura des propositions dans le cadre d'un congrès, et par la suite on va
montrer nos couleurs. Mais on ne peut enfermer les relations de travail ad
vitam aeternam, donc c'est un corpus qui évolue dans le temps.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais ouvrir le Code du…
M.
Bédard
: Et on
doit s'assurer qu'il représente la réalité des travailleurs comme celle des
entreprises.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis ouvrir le Code du travail…
La Modératrice
: Martin
Croteau, La Presse. Merci.
M.
Bédard
: On
m'a intimé l'ordre aujourd'hui de ne répondre qu'à deux questions, et vous
savez, Antonine, comment elle est dure, hein?
M. Robillard (Alexandre)
:
Quand même, on est entre amis…
M.
Bédard
: Ça
n'a rien à voir avec votre gilet, je vous le dis, là, tu sais. Ha, ha, ha!
M. Robillard (Alexandre)
:
Mon look… Non, mais je voulais juste savoir, est-ce qu'il y a un… Non, ça y
est, là, j'ai vraiment perdu ma question.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Robillard (Alexandre)
:
Vous avez bien manoeuvré, hein, vous avez bien manoeuvré.
La Modératrice
: Martin
Croteau.
M. Robillard (Alexandre)
:
Merci, Antonine, pour cette… comment dire, cette gestion serrée des questions.
M.
Bédard
:
Antonine est dure, mais elle est juste.
M. Robillard (Alexandre)
:
Non, mais, en même temps, c'est… deux questions, c'est quand même un peu… c'est
très, très peu.
La Modératrice
: Non,
non, ça va très bien. Martin Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin)
:
Bonjour. La CAQ a proposé aujourd'hui des propositions pour faire face à
l'intégrisme. Le parti propose, entre autres, de restreindre les droits de certains
individus qui font des enseignements qui iraient à l'encontre des valeurs
québécoises. Comment réagissez-vous à ces propositions? Qu'en pensez-vous?
Mme
Maltais
: Écoutez,
on pense qu'ils font… ils essaient peut-être de faire un peu de surenchère pour
se positionner dans un débat où ils… duquel ils étaient absents, d'ailleurs,
dans les derniers jours. Ils sont dans une logique de coercition, c'est-à-dire
qu'ils veulent… même, j'ai entendu aujourd'hui parler, en rigolant, de «police
des religions». Donc, ils sont dans une logique de coercition; nous, on est
dans une logique de prévention. On veut comprendre, on veut analyser, on veut
documenter. Le premier geste à faire, avant de vouloir faire quoi que ce soit,
c'est savoir qu'est-ce qui se passe sur le territoire. Alors, nous attendons
toujours de la CAQ leur opinion sur le projet de loi qu'on va déposer sur
l'observatoire de l'intégrisme religieux. Nous n'avons jamais eu l'opinion de
la CAQ. Appuieront-ils cela? Nous avons besoin de documenter, d'analyser.
Actuellement, le travail que devrait faire
un observatoire, ce sont les médias qui le font. On est obligés d'attendre
chacune des choses que vous faites pour réaliser ce qui se passe sur le
territoire et réagir au cas par cas. J'espère que la CAQ acceptera de faire ce
premier pas, c'est-à-dire un observatoire sur l'intégrisme religieux. Pour le
reste, je pense que c'est un peu malvenu comme proposition.
M. Croteau (Martin)
: Vous
parlez d'une approche de coercition. Croyez-vous qu'elle est applicable, cette
approche?
Mme
Maltais
: Bien
oui, écoutez, ils veulent empêcher le prêche dans toutes… dans les églises,
dans les mosquées, empêcher le prêche, là. On est dans un autre univers.
L'autre chose que je réalise, c'est qu'ils
disent : Il faut qu'on aille vers… il faut qu'on attaque les gens qui vont
à l'encontre de nos valeurs, ça nous prend une charte des valeurs. Est-ce qu'ils
croient à une charte des valeurs maintenant? On a été assez surpris de leur proposition.
On trouve ça un peu improvisé, malvenu. Je pense que, d'abord, le premier
geste, on appuie un observatoire, s'il vous plaît, puis après ça on va pouvoir
travailler.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, le Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) : Merci.
Bonjour, M. Bédard. En fait, je crois que là où on voulait en venir
tantôt, savoir si c'est une priorité de moderniser le Code du travail
aujourd'hui. Est-ce que, pour le PQ, c'est une priorité?
M.
Bédard
:
Bien, nous, on va, vous savez, s'assurer que les travailleurs et que notre
corpus législatif au niveau des relations de travail soit à jour. C'est
toujours une préoccupation. Elle est normale et elle doit s'ajuster.
Évidemment, on est dans l'opposition pour les quatre prochaines années,
malheureusement. Certains me le disent actuellement, et beaucoup, donc, dans le
cadre du congrès, on aura sûrement des propositions constructives à faire sur
ces questions.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, au congrès, ça devrait être une priorité. Ça devrait être étudié en congrès
par les membres.
M.
Bédard
: Vous
savez, les priorités, je les ai indiquées : familles, régions, égalité des
chances. Ça, c'est les priorités. Égalité des chances, moi, j'y crois.
Actuellement, ce qu'on voit, c'est un recul de l'égalité des chances. Quand on
coupe dans l'aide aux devoirs, quand on coupe dans l'aide des régions, quand on
coupe dans les municipalités dévitalisées, on attaque l'égalité des chances.
Voilà les priorités du gouvernement…
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, la révision du Code du travail n'est pas une priorité?
M.
Bédard
: …voilà
les priorités du Parti québécois.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
la révision du Code du travail, ce n'est pas une priorité, finalement?
M.
Bédard
: Ce
que je vous dis : Voici les trois… Et nous allons… ce sujet-là sera
sûrement abordé, comme d'autres. Le Parti québécois est… a été dans les
gouvernements qui ont été les plus avant-gardistes en matière de relations de
travail et de protection des travailleurs, et on a toujours cru qu'il faut
protéger la force du nombre, ça, c'est réel, et en même temps permettre aux
entreprises de s'épanouir dans un environnement économique compétitif. Donc, on
va conserver la même ligne et on ne tombera pas dans une surenchère de baisse
des droits des travailleurs, actuellement, comme on entend parfois de la part
de la CAQ et peut-être un jour du Parti libéral.
La Modératrice
:
Geneviève Lajoie, Journal de Québec.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bonjour. Je renchéris : C'est quoi, la position de l'opposition officielle
sur la réforme du Code du travail, sur la loi antibriseurs de grève? C'est
quoi, la position de l'opposition officielle?
M.
Bédard
:
Est-ce qu'il y a une réforme… est-ce qu'il y a une loi sur la réforme du Code
du travail, actuellement?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bien, vous avez des positions sur plusieurs sujets, pourquoi ne pas en avoir
une là-dessus?
M.
Bédard
: Bien
oui, mais là, écoutez, en tout respect… Là, je vais rester zen. En tout respect,
j'aimerais bien vous dire notre position, je viens de vous la dire, là. Si
j'avais un projet de loi devant moi par rapport à des modifications, c'est sûr.
Dans notre…
Mme
Maltais
:
Dans notre programme…
M.
Bédard
: Dans
notre programme, il y a des dispositions et elles sont là. Et, dans le congrès,
on va sûrement réaborder ces…
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que l'opposition officielle défend encore, là, ce qui est dans le
programme du Parti québécois?
M.
Bédard
:
Bien, c'est sûr! Le…
Journaliste
: Le projet
de loi de M. Leclair, ça…
M.
Bédard
:
Regardez, toutes ces questions de mise à jour du Code du travail, de s'assurer
qu'il représente la réalité concrète des travailleurs, c'est sûr que ça sera toujours
au coeur de notre attention. Voilà. Mais vous comprendrez que, dans le contexte
actuel, face au gouvernement, je ne pense pas que j'aie une réforme du Code du
travail à court terme, en tout cas, sûrement pas dans les quatre prochaines
années, là, ce n'est pas assez structurel pour eux autres.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Peut-être une question pour Mme Maltais. Sur la question de la lutte à
l'intégrisme, ce qu'a présenté la CAQ tout à l'heure, je comprends, donc, que
vous n'êtes pas d'accord avec eux d'interdire le déni de nos valeurs, là.
Mme
Maltais
:
Non, non, ce n'est pas ça, là. Interdire le déni de nos valeurs… c'est parce
que, là, j'essaie de comprendre ce que veut la CAQ. Un, premièrement, ils
étaient contre le fait qu'on dépose une charte des valeurs. Aujourd'hui, ils
veulent s'appuyer sur les valeurs pour condamner des gens. Alors là, il y a
comme un problème.
Deuxièmement, ils sont dans une logique de
coercition. Nous, on pense que le problème, c'est le fondamentalisme et
l'intégrisme religieux qui mènent à des gestes terroristes, et que, pour ça, le
signal qu'on a depuis longtemps au Québec, c'est qu'on a besoin de comprendre,
d'analyser, de documenter.
J'ai… avec l'appui du Parti québécois,
nous avons dit que nous allions déposer… je vais déposer un projet de loi sur
l'observatoire. À peu près tous les commentateurs ont dit : C'est ça qu'il
faut faire, c'est le premier geste qu'il faut poser. Alors, moi, je ne veux pas
tomber dans une surenchère de sécurité ou de coercition, je veux qu'on
comprenne, qu'on analyse, qu'on documente et qu'on cesse de stigmatiser aussi
des communautés, parce qu'on ne sait pas ce qui se passe sur le terrain. Je
pense que c'est le premier geste, et c'est là-dessus que j'attends une position
de la Coalition avenir Québec : sont-ils d'accord pour documenter,
analyser, pour un observatoire?
Pour le reste, j'ai vu un peu leur
proposition, ça me semble encore, par rapport à la charte des droits, par
rapport à la liberté d'expression, un peu peut-être mal ficelé. C'est pour ça
que je me réserve.
La Modératrice
: Merci
à tous.
M.
Bédard
:
Merci tout le monde. Merci beaucoup.
Mme
Maltais
:
Merci.
(Fin à 15
h 23)