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Point de presse de M. Stéphane Bédard, chef de l'opposition officielle et Mme Agnès Maltais, leader parlementaire de l'opposition officielle

Version finale

Wednesday, February 4, 2015, 15 h

Hall du 1er étage, hôtel du Parlement

(Quinze heures une minute)

M. Bédard : Merci Antonine. Alors, merci à vous. On est heureux d'être réunis ici pour préparer la session, et c'est pour ça que je suis accompagné d'Agnès, notre leader, et évidemment Sylvain, Sylvain Rochon, qui va être notre candidat dans le magnifique compté de Richelieu et qui incarne assez bien le désarroi qui est vécu dans les régions actuellement suite à l'austérité que je qualifierais de destructrice pour les régions du Québec.

Ce qu'on constate, c'est qu'il y a un désarroi partout dans les régions, des coupures du gouvernement dans les services à la population, dans le développement économique. Et là on pourrait faire une litanie : que ce soit au niveau de 70 millions qu'on a enlevés au niveau du développement local, de l'abolition des structures des seules… parce qu'on les garde à Québec et à Montréal, mais, dans les régions, évidemment, les seules structures qu'on a, ce sont justement les CLD, les centres locaux de développement; les CRE, qui étaient des lieux de concertation, on les enlève, on les détruit; le pacte fiscal, qui, vous savez, a retiré 300 millions, qui a un effet très négatif dans les régions particulièrement parce qu'ils n'ont pas la contrepartie des régimes de retraite; l'abolition, que vous avez vue, gênante, au fonds de soutien aux territoires dévitalisés, rien de moins, 55 millions de moins dans les villages qui ont besoin de l'aide gouvernementale.

Et j'ai vu le ministre des Affaires municipales — je ne sais pas s'il doit bien porter le titre, on lui a enlevé le terme «région» et maintenant on comprend pourquoi, c'était à dessein — qui a pris le soin, évidemment, de dénoncer les propos du Conseil du patronat, mais qui a, par la suite, tout de suite annoncé une baisse des budgets importante, dont ce 50 millions qui s'ajoute, souvenez-vous, à… on a enlevé la subvention à Solidarité rurale. Je pense que le Parti libéral n'aime pas la solidarité, et c'est très clair.

À ça, on doit ajouter 20 % de coupes des crédits d'impôt pour les régions ressources, la baisse… la diminution importante des budgets des carrefours jeunesse-emploi, principalement dans les régions du Québec, la réorganisation de la santé qui va faire des grands perdants, les patients, mais aussi les régions, et qui va amener une concentration des fonctionnaires ici, à Québec, comme si les régions avaient besoin de ça. À ça s'ajoute aussi l'arrêt des programmes de subvention de la SHQ, RénoVillage, et le programme de rénovation d'urgence, les programmes de rénovation au Québec, qui va avoir, encore là, un impact dans les régions, dans les localités, le pouvoir local est attaqué. À ça, j'ajoute les baisses de services des transports en commun interurbains, la coupure de 130 millions dans La Financière agricole, qui va, encore là, se répercuter dans les régions du Québec. Et on attend la suite, mais il y a beaucoup d'inquiétude dans les milieux agricoles aussi.

On a vu la fermeture, au début, des bureaux de l'immigration, du ministère de l'Immigration dans cette région, la fusion des directions de ministères seulement dans les régions. C'est une aberration économique, c'est une aberration sur le développement du territoire. Et, pour nous, ça va être une occasion, avec les gens de Richelieu, de parler de cela, de parler de l'importance d'être solidaires, de croire à l'égalité des chances. Parce que cette égalité des chances, elle peut se manifester de différentes façons, mais c'est, entre autres, dans l'investissement qu'on doit avoir dans les régions du Québec. Qu'on naisse à Sorel-Tracy ou qu'on naisse à Saint-Félicien ou dans un territoire, dans un village qu'on considère dévitalisé, on doit avoir la même chance de réussite, et ce n'est pas en diminuant les services à la population, en coupant dans l'aide aux devoirs, en coupant dans ce que les gens ont besoin qu'on va faire une société plus égale, une société qui aspire à l'égalité des chances.

Les dernières victimes du gouvernement actuel de l'austérité, c'est, évidemment, les familles, qui ont subi, coup pour coup, toutes les mesures gouvernementales d'augmentation de taxes, de frais de garderie. Ça va avoir des impacts évidemment sur ces familles, malheureusement. Le gouvernement a fait le choix de tuer ce qui est le plus important dans une société : renouvellement de la population, les familles du Québec. Donc, c'est sûr qu'on va s'opposer à ça dans un contexte où on est les seuls.

On a décidé, entre nous, d'aller plus loin. Ce désarroi-là des régions, il faut y apporter une écoute attentive parce que le gouvernement n'écoute pas. Vous le voyez, d'ailleurs, on nous appelle en bâillon pas plus tard que vendredi, avec une arrogance totale, un mépris, même, démocratique, parce qu'on a une instance démocratique en fin de semaine. Évidemment, on a essayé d'interférer dans notre réunion d'en fin de semaine. Alors, ce qu'on va faire pour entendre une voix… je vois le mouvement Touche pas à ma région!, qui est formidable. J'invite la population à aller écouter les témoignages de ces gens, mais, en même temps, au Parti québécois, on a décidé… il y a certaines régions où on n'a pas de porte-parole, donc, on va nommer un porte-parole dans les régions, où il n'y a pas de député du Parti québécois, qui va être directement lié aux intervenants du milieu, parce que la CAQ ne peut pas répondre à ces besoins, ils sont d'accord avec le gouvernement à tous points de vue. On parle de la PLAQ, on a entièrement raison, on n'est pas capables de voir la différence entre le Parti libéral et la CAQ.

En même temps, notre président de caucus… avec notre responsable des régions, Gaétan, Gaétan Lelièvre, il y aura une tournée dans les différentes régions du Québec pour entendre les gens, pour parler de développement régional, pour parler de dynamisme dans les milieux locaux, dans les régions ressources, mais dans toutes les localités du Québec. Donc, ce sera le mandat face à un gouvernement qui refuse d'entendre ces voix-là qui s'élèvent. Merci.

La Modératrice : Donc, pour la période de questions, les questions au micro, s'il vous plaît, une question, une sous-question. On va commencer par le micro de droite, Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. Vous en avez parlé brièvement, le bâillon, comment vous le qualifiez?

M. Bédard : Méprisant, puis il n'y a aucune urgence objective. Ce n'est que le bulldozer, M. Barrette, là, qui, dès… après deux semaines de commission parlementaire, souhaitait le bâillon. C'est ce qu'il voulait. Aucune volonté d'arriver à des ententes qui tiendraient compte de la réalité locale et régionale, donc, et le gouvernement a décidé, littéralement, de passer le bulldozer sur quelque chose qui n'a pas… Il n'y a pas d'urgence objective, là-dedans, là. Ce n'est que de l'impatience de M. Barrette. Vous savez, contrôler un ministre, j'ai déjà fait ça dans ma vie, là.

M. Laforest (Alain) : Concernant la réforme de l'éducation mise en place par Mme Marois, il y a une étude qui dit que c'est une échec… ça a été un échec total, là. Comment vous répondez aux gens qui qualifient cette réforme mise en place par le Parti québécois comme étant un échec?

M. Bédard : Un échec, oui. Non, bien, j'ai souri un peu avec «une échec», tout simplement, M. Laforest. Je vous le permets, je me disais, bon, peut-être que vous êtes un enfant de la réforme…

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Laforest (Alain) : Je me suis bien répété. J'ai dit… Je me suis répété, «un».

M. Bédard : Écoutez, ce que les enfants du Québec, ce qu'ils n'ont pas besoin, c'est d'une autre réforme, là. Moi, quand je vois qu'on coupe dans l'aide aux devoirs, on coupe dans les services aux jeunes, actuellement, ce qu'on a besoin plutôt, c'est un ministre qui s'occupe des jeunes, de l'éducation, de leur réussite plutôt qu'un débat de structure. Là, on a des débats de structure dans l'éducation, on a un débat de structure dans la santé, les patients ne sont pas là et les enfants ne sont pas au coeur des préoccupations. D'ailleurs, on nous annonce même, M. Laforest, que l'école, la nouvelle, sera prête en 2025, la nouvelle vision du gouvernement. Imaginez-vous! On va avoir le temps de passer une génération au complet avant que le gouvernement se… bien, ils vont commencer, 2020‑2025, imaginez-vous! Alors… Non, ce qu'on n'a surtout pas besoin au Québec, c'est d'une autre réforme. S'il y a des ajustements, qu'on les fasse, mais c'est surtout, actuellement… Moi, ma crainte, c'est la coupe qu'on fait, récurrente, sur ceux qui sont en besoin. L'aide aux devoirs est un bel exemple, et la réalité sur le terrain, c'est que les jeunes ont moins de services puis les parents ont moins d'aide pour accompagner leurs enfants.

La Modératrice : Micro de gauche, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour. Est-ce que le gouvernement libéral devrait acquiescer à la demande de la commission Charbonneau de prolonger de sept mois son mandat? Il y a différents scénarios qui ont été évoqués au cours des derniers jours, on serait peut-être prêts à leur donner deux mois supplémentaires. Le dépôt pourrait coïncider avec la relâche parlementaire de l'été. Il n'y a pas de décision qui a été prise aujourd'hui. Qu'est-ce que vous pensez de tout ça?

M. Bédard : Écoutez, si la commission a fait cette demande, c'est qu'elle a des justificatifs. Ce qu'on souhaite, nous, c'est avoir un rapport qui va être costaud, qui va tenir compte de la réalité à laquelle on a fait face, et, je vous dirais, de précipiter la commission dans un rapport plus rapide, je pense que c'est aller à l'encontre de ce que tous souhaitent au Québec, c'est avoir des résultats concrets de cette commission dans le rapport. Donc, moi, ce que je vois, c'est la tergiversation du gouvernement actuellement, là. Il n'y a personne qui a intérêt à laisser flotter cette demande-là, là. Donc, j'espère que le gouvernement va entendre la commission. Je leur ai demandé d'être transparents, donc de donner les motifs qui justifient cette demande de la commission et par la suite d'y donner suite favorablement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais c'est quasiment automatique : ils font une demande, on doit y donner suite.

M. Bédard : Bien, ce qu'on veut surtout, c'est un bon rapport. Et ils ont des justifications, c'est de les faire connaître dans le contexte actuel et d'arrêter, là, cette surenchère de, bon : Est-ce qu'on doit leur donner ou pas? Il y a des motifs juridiques. Et, vous savez, s'il y a un principe qu'on connaît bien en droit, là, c'est l'indépendance judiciaire, il s'applique au travail d'une commission d'enquête. Je pense qu'on doit le respect à cette commission. Peu importent les réticences que certains peuvent avoir, il y a un bout du travail qui est très important, c'est celui des recommandations, et je souhaite que le travail soit bien fait.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous estimez que... Bien, en fait, il y a un rapport qui estime que la réforme de l'éducation n'a pas porté de fruits. Vous, vous parlez d'ajustements aujourd'hui. On ne doit pas accabler le réseau d'une autre réforme?

M. Bédard : Ah non! Là, les... Moi, là, on... Ce n'est pas vrai qu'on va faire une autre réforme, là. Vous savez, là, de Socrate, Charlemagne, s'il y a une chose qu'on connaît bien, c'est enseigner, O.K.? Là, il vient... À un moment donné, de se relancer dans un débat où on va refaire l'ensemble du cursus ou... ce n'est pas ça qu'on a besoin. Les parents, ils ont besoin de soutien dans l'aide aux devoirs, dans le suivi des jeunes qui sont en difficulté. C'est ça qu'on a besoin actuellement, ce n'est pas de remplir un étage du ministère de l'Éducation sur une nouvelle réflexion, O.K.? Donc, c'est clair.

S'il y a des ajustements à faire, qu'on les fasse, mais qu'on arrête des débats de structures. Là, actuellement, comment voulez-vous qu'on parle d'éducation quand les commissions scolaires... On a un ministre qui est sur le coin d'une table, qui refait ses dessins à peu près à tous les jours sur quelle va être la configuration, des localités qui ne se retrouvent plus, des pouvoirs locaux qui sont centralisés dans d'autres endroits sans que personne ne les demande. Je pense que la coupe est pleine, actuellement, là.

La Modératrice : Pascal Poinlane, Radio-Canada.

M. Poinlane (Pascal) : Concernant le bâillon sur le projet de loi n° 10, M. Barrette estime que la CAQ et Québec solidaire sont prêts à faire des compromis, ils proposent des amendements, et que c'est vraiment le Parti québécois, le problème, et que c'est à cause de vous qu'on doit absolument y aller d'un bâillon vendredi. Quelle est votre réponse?

M. Bédard : Bien, la réponse, c'est simple : La CAQ n'a aucune proposition à faire, la CAQ est en accord avec le gouvernement. D'ailleurs, s'ils étaient... si on n'était pas dans l'opposition, le projet de loi serait déjà adopté. Ça, c'est la réalité. Même, le ministre n'aurait même pas eu le temps de déposer ses 125 amendements. Imaginez-vous! Alors, ça démontre... Et QS n'est pas l'opposition, ils se contentent principalement de nous attaquer. On est la cible, effectivement, de tout le monde. Nous, on pense que la vision du développement de la santé, il doit se faire autour du patient. Puis cette façon de faire… cette conception, moi, j'y crois. Puis c'est drôle, les gens… les infirmières y croient, le personnel médical y croit, les gens des régions y croient. Donc, moi, quand je représente les gens de nos régions, de nos localités, bien, je me dis : Je suis à la bonne place. Et j'invite les autres députés, qu'ils soient au gouvernement, à la CAQ, à Québec solidaire, d'aller entendre les gens des régions, des localités, qui sont très inquiets de cette… des propositions du Dr Barrette.

M. Poinlane (Pascal) : Visiblement, M. Barrette est pressé, mais il dit : Vous pouvez lui soumettre des amendements jusqu'à vendredi. Alors, est-ce que vous allez soumettre des amendements au projet de loi n° 10?

M. Bédard : On voit tout le sérieux qu'il a. Écoutez, il voulait… Souvenez-vous, après deux semaines d'auditions au mois de décembre, il avait déjà appelé le bâillon. Il était déjà trop pressé, le bulldozer était en marche, alors ils n'ont pas été capables de le retenir. Il a forcé le Conseil des ministres à aller dans sa propre vision personnelle et centralisée, lui, au coeur du système de santé. Alors, nous, on avait encore d'autres amendements de façon constructive. Je pense que personne ne doute du sérieux de Mme Lamarre, elle l'a démontré hier à quel point c'est vrai que ça peut être choquant pour un ministre qui n'a pas contact avec la réalité concrète, là, des soins d'entendre des propos qui répercutent cette réalité-là. Mais c'est notre devoir, et on est capables de trouver des solutions, on l'a fait. Regardez dans le cadre du projet de loi n° 3, on n'était pas d'accord sur l'ensemble. On a été capables de convaincre le gouvernement sur certains aspects, de respecter, par exemple, les retraités. M. Barrette : totalement fermé. Et vous regarderez en commission parlementaire, en termes de rhétorique, il n'est pas battable. Par contre, pour parler du patient, là, c'est le dernier.

M. Poinlane (Pascal) : Mais allez-vous, oui ou non, lui proposer des amendements?

M. Bédard : Bien, on en a plein, d'amendements qu'on lui a déposés. Alors, dans quel cadre? On va créer un nouveau forum. Commission parlementaire, vous savez, c'est trop embêtant, on va créer un autre forum. Vous voyez à quel point ça vient complètement ridicule? Il n'y a pas d'urgence objective, là, vendredi. La seule, c'est qu'on a notre conseil national le lendemain, le dimanche, le conseil national d'orientation. Ça, c'est une bonne raison, hein, de tenir un bâillon. Alors, voilà. Voilà la seule raison objective qu'on a : manque de fair-play.

La Modératrice : Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Bédard : Beau gilet!

M. Robillard (Alexandre) : Merci. Dans le… Vous m'avez déconcentré, là.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Bédard : C'est une des techniques.

M. Robillard (Alexandre) : Ah oui? Câline!

M. Bédard : On peut en avoir… 38.

M. Robillard (Alexandre) : Bon, bien, c'est fini! Non, mais je voulais simplement vous demander, M. Bédard, dans quelques jours, justement, ça va être le conseil national, il va être question beaucoup, si j'ai bien compris, de sociale démocratie.

Je voulais savoir, qu'est-ce que c'est, la… quelle est la place, dans la vision de la sociale démocratie au Parti québécois, d'une modernisation des dispositions antibriseurs de grève?

M. Bédard : Nous, ce qu'on favorise, c'est l'égalité des chances. On croit à ça puis on croit que la meilleure façon d'y arriver, c'est par le... Le gouvernement est le principal outil pour favoriser l'égalité des chances, donc… et on va le démontrer en fin de semaine à différents niveaux. Donc… Est-ce que le débat… strictement sur les lois antibriseurs de grève? Vous savez, ce n'est pas… c'est un conseil national d'orientation, ce n'est pas un… Il y aura, par la suite, un congrès sur lequel il y aura des orientations plus précises. Évidemment, on est plus larges en fin de semaine.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, selon vous, est-ce qu'il y a toujours une place au Parti québécois pour un projet de modernisation des dispositions antibriseurs de grève?

M. Bédard : Sincèrement, je crois qu'il est toujours d'actualité de s'intéresser aux relations de travail, globalement, et que les modifications, dans la société, le Code du travail doit les représenter. Si cet exercice de réouverture du Code du travail, un jour, il pourrait être fait, bien, il sera fait dans… évidemment, il y aura des propositions dans le cadre d'un congrès, et par la suite on va montrer nos couleurs. Mais on ne peut enfermer les relations de travail ad vitam aeternam, donc c'est un corpus qui évolue dans le temps.

M. Robillard (Alexandre) : Mais ouvrir le Code du…

M. Bédard : Et on doit s'assurer qu'il représente la réalité des travailleurs comme celle des entreprises.

M. Robillard (Alexandre) : Puis ouvrir le Code du travail…

La Modératrice : Martin Croteau, La Presse. Merci.

M. Bédard : On m'a intimé l'ordre aujourd'hui de ne répondre qu'à deux questions, et vous savez, Antonine, comment elle est dure, hein?

M. Robillard (Alexandre) : Quand même, on est entre amis…

M. Bédard : Ça n'a rien à voir avec votre gilet, je vous le dis, là, tu sais. Ha, ha, ha!

M. Robillard (Alexandre) : Mon look… Non, mais je voulais juste savoir, est-ce qu'il y a un… Non, ça y est, là, j'ai vraiment perdu ma question.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Robillard (Alexandre) : Vous avez bien manoeuvré, hein, vous avez bien manoeuvré.

La Modératrice : Martin Croteau.

M. Robillard (Alexandre) : Merci, Antonine, pour cette… comment dire, cette gestion serrée des questions.

M. Bédard : Antonine est dure, mais elle est juste.

M. Robillard (Alexandre) : Non, mais, en même temps, c'est… deux questions, c'est quand même un peu… c'est très, très peu.

La Modératrice : Non, non, ça va très bien. Martin Croteau, La Presse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour. La CAQ a proposé aujourd'hui des propositions pour faire face à l'intégrisme. Le parti propose, entre autres, de restreindre les droits de certains individus qui font des enseignements qui iraient à l'encontre des valeurs québécoises. Comment réagissez-vous à ces propositions? Qu'en pensez-vous?

Mme Maltais : Écoutez, on pense qu'ils font… ils essaient peut-être de faire un peu de surenchère pour se positionner dans un débat où ils… duquel ils étaient absents, d'ailleurs, dans les derniers jours. Ils sont dans une logique de coercition, c'est-à-dire qu'ils veulent… même, j'ai entendu aujourd'hui parler, en rigolant, de «police des religions». Donc, ils sont dans une logique de coercition; nous, on est dans une logique de prévention. On veut comprendre, on veut analyser, on veut documenter. Le premier geste à faire, avant de vouloir faire quoi que ce soit, c'est savoir qu'est-ce qui se passe sur le territoire. Alors, nous attendons toujours de la CAQ leur opinion sur le projet de loi qu'on va déposer sur l'observatoire de l'intégrisme religieux. Nous n'avons jamais eu l'opinion de la CAQ. Appuieront-ils cela? Nous avons besoin de documenter, d'analyser.

Actuellement, le travail que devrait faire un observatoire, ce sont les médias qui le font. On est obligés d'attendre chacune des choses que vous faites pour réaliser ce qui se passe sur le territoire et réagir au cas par cas. J'espère que la CAQ acceptera de faire ce premier pas, c'est-à-dire un observatoire sur l'intégrisme religieux. Pour le reste, je pense que c'est un peu malvenu comme proposition.

M. Croteau (Martin) : Vous parlez d'une approche de coercition. Croyez-vous qu'elle est applicable, cette approche?

Mme Maltais : Bien oui, écoutez, ils veulent empêcher le prêche dans toutes… dans les églises, dans les mosquées, empêcher le prêche, là. On est dans un autre univers.

L'autre chose que je réalise, c'est qu'ils disent : Il faut qu'on aille vers… il faut qu'on attaque les gens qui vont à l'encontre de nos valeurs, ça nous prend une charte des valeurs. Est-ce qu'ils croient à une charte des valeurs maintenant? On a été assez surpris de leur proposition. On trouve ça un peu improvisé, malvenu. Je pense que, d'abord, le premier geste, on appuie un observatoire, s'il vous plaît, puis après ça on va pouvoir travailler.

La Modératrice : Patrick Bellerose, le Huffington Post.

M. Bellerose (Patrick) : Merci. Bonjour, M. Bédard. En fait, je crois que là où on voulait en venir tantôt, savoir si c'est une priorité de moderniser le Code du travail aujourd'hui. Est-ce que, pour le PQ, c'est une priorité?

M. Bédard : Bien, nous, on va, vous savez, s'assurer que les travailleurs et que notre corpus législatif au niveau des relations de travail soit à jour. C'est toujours une préoccupation. Elle est normale et elle doit s'ajuster. Évidemment, on est dans l'opposition pour les quatre prochaines années, malheureusement. Certains me le disent actuellement, et beaucoup, donc, dans le cadre du congrès, on aura sûrement des propositions constructives à faire sur ces questions.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, au congrès, ça devrait être une priorité. Ça devrait être étudié en congrès par les membres.

M. Bédard : Vous savez, les priorités, je les ai indiquées : familles, régions, égalité des chances. Ça, c'est les priorités. Égalité des chances, moi, j'y crois. Actuellement, ce qu'on voit, c'est un recul de l'égalité des chances. Quand on coupe dans l'aide aux devoirs, quand on coupe dans l'aide des régions, quand on coupe dans les municipalités dévitalisées, on attaque l'égalité des chances. Voilà les priorités du gouvernement…

M. Bellerose (Patrick) : Donc, la révision du Code du travail n'est pas une priorité?

M. Bédard : …voilà les priorités du Parti québécois.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, la révision du Code du travail, ce n'est pas une priorité, finalement?

M. Bédard : Ce que je vous dis : Voici les trois… Et nous allons… ce sujet-là sera sûrement abordé, comme d'autres. Le Parti québécois est… a été dans les gouvernements qui ont été les plus avant-gardistes en matière de relations de travail et de protection des travailleurs, et on a toujours cru qu'il faut protéger la force du nombre, ça, c'est réel, et en même temps permettre aux entreprises de s'épanouir dans un environnement économique compétitif. Donc, on va conserver la même ligne et on ne tombera pas dans une surenchère de baisse des droits des travailleurs, actuellement, comme on entend parfois de la part de la CAQ et peut-être un jour du Parti libéral.

La Modératrice : Geneviève Lajoie, Journal de Québec.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Je renchéris : C'est quoi, la position de l'opposition officielle sur la réforme du Code du travail, sur la loi antibriseurs de grève? C'est quoi, la position de l'opposition officielle?

M. Bédard : Est-ce qu'il y a une réforme… est-ce qu'il y a une loi sur la réforme du Code du travail, actuellement?

Mme Lajoie (Geneviève) : Bien, vous avez des positions sur plusieurs sujets, pourquoi ne pas en avoir une là-dessus?

M. Bédard : Bien oui, mais là, écoutez, en tout respect… Là, je vais rester zen. En tout respect, j'aimerais bien vous dire notre position, je viens de vous la dire, là. Si j'avais un projet de loi devant moi par rapport à des modifications, c'est sûr. Dans notre…

Mme Maltais : Dans notre programme…

M. Bédard : Dans notre programme, il y a des dispositions et elles sont là. Et, dans le congrès, on va sûrement réaborder ces…

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que l'opposition officielle défend encore, là, ce qui est dans le programme du Parti québécois?

M. Bédard : Bien, c'est sûr! Le…

Journaliste : Le projet de loi de M. Leclair, ça…

M. Bédard : Regardez, toutes ces questions de mise à jour du Code du travail, de s'assurer qu'il représente la réalité concrète des travailleurs, c'est sûr que ça sera toujours au coeur de notre attention. Voilà. Mais vous comprendrez que, dans le contexte actuel, face au gouvernement, je ne pense pas que j'aie une réforme du Code du travail à court terme, en tout cas, sûrement pas dans les quatre prochaines années, là, ce n'est pas assez structurel pour eux autres.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être une question pour Mme Maltais. Sur la question de la lutte à l'intégrisme, ce qu'a présenté la CAQ tout à l'heure, je comprends, donc, que vous n'êtes pas d'accord avec eux d'interdire le déni de nos valeurs, là.

Mme Maltais : Non, non, ce n'est pas ça, là. Interdire le déni de nos valeurs… c'est parce que, là, j'essaie de comprendre ce que veut la CAQ. Un, premièrement, ils étaient contre le fait qu'on dépose une charte des valeurs. Aujourd'hui, ils veulent s'appuyer sur les valeurs pour condamner des gens. Alors là, il y a comme un problème.

Deuxièmement, ils sont dans une logique de coercition. Nous, on pense que le problème, c'est le fondamentalisme et l'intégrisme religieux qui mènent à des gestes terroristes, et que, pour ça, le signal qu'on a depuis longtemps au Québec, c'est qu'on a besoin de comprendre, d'analyser, de documenter.

J'ai… avec l'appui du Parti québécois, nous avons dit que nous allions déposer… je vais déposer un projet de loi sur l'observatoire. À peu près tous les commentateurs ont dit : C'est ça qu'il faut faire, c'est le premier geste qu'il faut poser. Alors, moi, je ne veux pas tomber dans une surenchère de sécurité ou de coercition, je veux qu'on comprenne, qu'on analyse, qu'on documente et qu'on cesse de stigmatiser aussi des communautés, parce qu'on ne sait pas ce qui se passe sur le terrain. Je pense que c'est le premier geste, et c'est là-dessus que j'attends une position de la Coalition avenir Québec : sont-ils d'accord pour documenter, analyser, pour un observatoire?

Pour le reste, j'ai vu un peu leur proposition, ça me semble encore, par rapport à la charte des droits, par rapport à la liberté d'expression, un peu peut-être mal ficelé. C'est pour ça que je me réserve.

La Modératrice : Merci à tous.

M. Bédard : Merci tout le monde. Merci beaucoup.

Mme Maltais : Merci.

(Fin à 15 h 23)

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