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Conférence de presse de M. Bernard Landry, chef de l'opposition officielle,et de M. François Legault, député de Rousseau

Attentes face au budget 2005-2006 du gouvernement Charest

Version finale

Tuesday, April 19, 2005, 11 h 36

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trente-six minutes)

M. Landry: Bien, je vous remercie d'être là pour participer à une séance de préparation budgétaire qui peut vous être utile comme elle peut nous être utile, à nous, pour essayer de voir un peu ce qui nous attend dans la mesure où c'est faisable. Ça ne vous surprendra pas si nous vous disons que nous avons quelques craintes. En effet, à l'aube de ce troisième budget, on fait face à un gouvernement dont la crédibilité en matière de finances a été lourdement amochée.
D'abord, depuis 1941, on n'avait jamais vu des crédits être communiqués à l'Assemblée nationale, donc à la population, avant que ne débute l'année financière. Deuxièmement, le remplacement d'Yves Séguin marque un changement de ton, de style. Il n'y a pas eu de consultation prébudgétaire véritable, sauf quelques rencontres à porte close. Entre-temps, le gouvernement a baissé le ton par rapport à Ottawa. Le nouveau ministre a un langage plutôt mou. On ne l'a pas vu s'insurger pour l'injustice qui a été commise quand Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse ont reçu ce qui serait l'équivalent d'une quarantaine de milliards pour Québec.
Alors, Ottawa a poussé un soupir de soulagement quand Michel Audet est arrivé, et je les comprends. À leur place, j'aurais fait la même chose. Il ne faut pas oublier que Séguin les avait traités de vampires, ce qui revenait à peu près aux expressions que j'emploie moi-même. Moi, je disais qu'ils nous étranglent. Séguin disait: Ils nous vampirisent. L'image de Séguin est plus sanglante, mais le résultat ultime est le même.
En 2005-2006, ayant à faire mentir une tradition d'erreurs, jeudi prochain, les Québécois et les Québécoises s'attendent à ce que les promesses libérales soient respectées. Mais si on regarde le passé, ils risquent d'être amèrement déçus. Il faut se reporter à la campagne de 2003 pour comprendre l'approche des libéraux en matière de finances publiques. C'est là que le drame s'est joué. Ils ont dit n'importe quoi pour gagner les élections. Et, à cette époque-là, François Legault comme moi-même et comme tous nos collègues, ont a dit: Le cadre financier ne tient pas la route. Vous rappelez-vous de ça? Et, dans les assemblées, les électeurs nous demandaient ou dans les entrevues de télé et radio: Est-ce que vous allez baisser les impôts? Réponse: Nous ne baisserons pas les impôts au détriment des services publics. Ça aurait été facile pour nous de dire en pleine campagne électorale - le monde aime ça les impôts: Oui, oui, on va baisser les impôts. Non.
Eux, ils ont pris cette liberté et ils ont trompé le peuple. Déjà, c'est le troisième budget. Ils nous avaient promis 1 milliard de baisse d'impôts par année pour tout le monde. En plus, ils ont fait des promesses de près de 3 milliards de dollars par année: milliards baisses d'impôts, 1,5 milliard pour la santé, 428 millions pour l'éducation. Rien de cela n'a été tenu. Et, en plus, ils ont fait des hausses, ils ont été rechercher plus de 1 milliard de diverses manières: électricité, frais de garde - très odieux frais de garde - je ne veux pas m'appesantir sur chacune de leurs mesures, mais celle-là est une de celles qui me dépriment le plus parce qu'on se rend compte qu'il y a des enfants qui ne vont plus à la garderie à cause de ça; vous le savez, les dirigeants des garderies sont catastrophés - transport en commun, prime d'assurance médicaments, ce qu'ils ont fait aux étudiants, ce qu'ils ont fait aux étudiants et qu'ils n'ont pas réparé vraiment en termes financiers.
Ils ont été négligents quant au développement économique aussi, ils ont coupé 800 millions, ce qui nous amène à une inquiétude économique, que j'ai déjà mentionnée à quelques reprises. Cette année, le Québec aura 15 % des investissements productifs au Canada: usine, machinerie, etc. C'est la plus petite part jamais enregistrée. C'est un chiffre, on peut dire, et puis il n'y a pas eu encore d'effondrement économique. Non, mais: Bonjour les dégâts, parce que si on arrête d'investir, c'est dans deux ou trois ans qu'on va voir les résultats. Remarquez qu'on les voit déjà un peu, les résultats, puisqu'en deux ans de régime libéral ils n'ont pas créé ce que nous avions créé en 2002 comme emplois. Alors donc: Caveat, attention à ce qui s'en vient dans le budget.
Vous vous souvenez que, se servant du Vérificateur général, de l'ancien vérificateur, et faisant un usage indu du rapport Breton, ils avaient dit qu'il y avait un déficit de 4 milliards - vous vous rappelez de ça? - et, trois mois après, ils présentent un budget équilibré. Comment est-ce qu'ils ont fait pour trouver 4 milliards en trois mois? Alors, on va voir, là, si M. Audet est un acrobate aussi puissant qu'ont pu l'être les libéraux avec ce qu'ils ont essayé de faire avec le rapport Breton. Voilà ce qu'on a à vous dire. François, tu as quelque chose d'encore plus serré et technique.

M. Legault: Bon, je vous ai préparé un petit document, là, où vous avez quelques tableaux, que je voudrais peut-être rapidement passer avec vous. D'abord, si on fait un petit résumé des deux derniers budgets, là, donc les deux budgets Séguin, on voit que, pour l'année 2003-2004, le premier tableau, les engagements électoraux en santé, éducation et en baisses d'impôts, les libéraux avaient promis 3,5 milliards, 3 536 000 000 d'améliorations. Ils ont livré seulement 1,5 milliard, donc à court de 2 milliards, là, donc même pas la moitié des promesses qui ont été livrées dans le premier budget 2003-2004. Le deuxième tableau, pour 2004-2005, l'année dernière, il y avait des engagements électoraux pour 3 165 000 000 $, et finalement on a eu dans le budget 1 598 000 000 $, donc encore là la moitié des engagements seulement qui ont été tenus.
Maintenant, quand on regarde le budget qui s'en vient, cette semaine, pour l'année 2005-2006, on voit que, dans le cadre financier du Parti libéral, on prévoyait des augmentations de revenus de 2,6 millions. Or, après avoir consulté un certain nombre d'économistes et d'avoir examiné la réalité, si on regarde les transferts du gouvernement fédéral, je pense que le mieux qu'on peut s'attendre, c'est une augmentation des revenus d'environ 1 milliard. Donc, ça veut dire que, pour l'année 2005-2006, le gouvernement libéral va être à court de 1,6 milliard. Ce que ça veut dire, là, si vous regardez à l'endos de la feuille, là - il y a des informations à l'endos - c'est que le gouvernement libéral ne pourra même pas couvrir les coûts de système, c'est-à-dire les coûts nécessaires pour garder le niveau actuel des services. Il faut comprendre, là, les coûts de système, c'est l'inflation, c'est un peu plus dans le domaine de la santé parce qu'il y a l'impact du vieillissement de la population, des nouveaux médicaments, des nouvelles technologies, là, tout le monde est d'accord avec ça. Donc, on voit, là, qu'on a besoin de 1 762 000 000 $ seulement pour couvrir l'inflation, c'est-à-dire seulement pour maintenir les services au niveau où ils sont.
Donc, étant donné qu'on prévoit une augmentation des revenus de seulement 1 milliard, ça veut dire qu'il y aurait un manque à gagner d'environ 700 à 800 millions de dollars pour couvrir les coûts de système, ça veut dire aucune marge de manoeuvre pour améliorer les services. Parce que, quand on parle d'améliorer les services en santé, en éducation, ça veut dire qu'il faut investir davantage que les coûts de système, parce que le premier montant pour les coûts de système ne vient que maintenir le système. Donc, quand on a entendu Jean Charest à plusieurs reprises, en fin de semaine dernière, dire qu'ils avaient investi au cours des deux dernières années 2,2 milliards en santé et 700 millions en éducation, ça couvre les coûts de système seulement, donc aucune amélioration, aucun service additionnel. Donc, évidemment là je ne vous parle pas de la promesse de baisse d'impôts. S'il y avait une baisse d'impôts, ça s'additionnerait au manque à gagner.
Donc, je résumerais en disant que les deux premiers budgets Séguin n'ont pas respecté les promesses des libéraux en santé, en éducation et en baisse d'impôts, et le premier budget Audet risque d'être encore pire. La croissance attendue des revenus ne permet aucun investissement en santé et en éducation, la croissance attendue des revenus, pour 2005-2006, ne couvre même pas les coûts de système, c'est-à-dire les coûts nécessaires pour maintenir les services au niveau actuel.
Peut-être une dernière remarque: les transfert fédéraux, comme vous allez le voir, là, selon les ententes qui ont été conclues à l'automne dernier, vont augmenter de seulement 200 millions. Pourtant, on a vu, au cours des dernières semaines, que le gouvernement libéral fédéral était à 13,4 milliards de surplus après 10 mois. Donc, on voit la marge: d'un côté, plus de 13 milliards, de l'autre côté, on augmente les transferts de seulement 200 millions, ce qui finalement nous amène au fait que le déséquilibre fiscal, c'est-à-dire le fait qu'il y ait trop d'impôt de payé à Ottawa puis pas assez à Québec, est maintenant autour de 2,7 milliards, alors qu'il était de 2 milliards. Donc, cet argent-là, là, ce n'est pas juste un beau principe, le déséquilibre fiscal, c'est de l'argent qu'on aurait besoin à très court terme et de façon urgente pour donner des services aux enfants qui ont des difficultés, aux malades qui attendent pour des services. Donc, de ce côté-là, je pense qu'on voit la gravité de la situation.
Donc, je conclurais en disant que le gouvernement libéral a été élu clairement sous de fausses représentations, c'est un gouvernement provincial qui est de plus en plus impuissant, un gouvernement qui a reçu le prix citron pour sa gestion. Ce n'est pas un changement de ministre des Finances qui va régler le problème, peu importe qui presse le citron, le citron va rester un citron.

M. DeSouza (Mike): Questions en français. Gérard Deltell.

M. Deltell (Gérard): ...presser le citron, on demeure encore les citoyens en Amérique du Nord, M. Landry, les plus taxés. Est-ce que selon vous M. Audet devrait aller de l'avant avec sa promesse de baisser les impôts ou au contraire laisser les impôts tels qu'ils sont et investir dans les programmes?

M. Landry: D'abord, il faut être prudent avec cette expression «plus taxés». C'est la société la plus solidaire en Amérique du Nord, c'est vrai. C'est pour ça qu'il y a des gens qui habitent à l'ouest de la rivière Outaouais qui décident de déménager à Gatineau, pour venir faire partie de la société la plus solidaire. Parce qu'ils savent bien que les garderies, au Québec, ça coûte tant par jour et que, dans la journée, en Ontario, ils paient ce qu'on paie dans une semaine et ainsi de suite, assurance médicaments, etc. Et les Québécois ne veulent pas diminuer leurs services et leur niveau de solidarité de leur société qui est un sujet de fierté exceptionnel. Alors, si on peut baisser les impôts sans toucher à la solidarité, bravo! Ça a toujours été notre doctrine. Moi, j'ai eu le plaisir de baisser les impôts de 11 milliards de dollars pendant que j'étais ministre des Finances et j'y ai éprouvé le plus grand plaisir. Mais, en même temps, on a créé des garderies, en même temps, on a créé le système d'assurance médicaments et ainsi de suite. C'est ça, notre réponse, et elle a toujours été claire. Durant la campagne électorale: Allez-vous baisser les impôts? Nous ne baisserons pas les impôts si c'est pour diminuer les services.

M. DeSouza (Mike): Rémi Nadeau.

M. Nadeau (Rémi): Bien, moi, c'est pour un sujet connexe, là. Je ne sais pas s'il y a d'autres...

M. Landry: Peut-être mieux de faire l'essentiel avant le connexe.

M. DeSouza (Mike): O.K. On va revenir à Christian Latreille et ensuite...

M. Latreille (Christian): Concernant le déséquilibre fiscal, avez-vous l'impression qu'avec l'arrivée de M. Audet, là, le gouvernement libéral a complètement baissé les bras, ou est-ce qu'on a encore l'intention, selon vous, là, de mener une bataille comme celle que M. Séguin avait commencée au moment où il était ministre des Finances?

M. Landry: Bien, toutes nos sources d'Ottawa sont à l'effet qu'il y a un grand soulagement à Ottawa de voir que Séguin n'est plus là, parce que, Audet, il avait déjà baissé les bras avant d'être ministre. Quand il était à la Chambre de commerce, il n'admettait pas véritablement le déséquilibre fiscal alors que le Québec entier - vous vous souvenez des sommets qu'on avait tenus - l'admettait. Donc, il était prédestiné à faire un mauvais combattant, et c'est ce qui est arrivé. Le ministre des Finances d'Ottawa est venu en plein en face du ministre des Finances du Québec, puisqu'il était au Château Frontenac, puis le ministre des Finances est en face, puis il a été nier le déséquilibre fiscal. Alors, ça n'augure rien de bon pour la bataille.

M. Latreille (Christian): Diriez-vous que M. Audet incarne une faiblesse, incarne un ministre des Finances faible?

M. Legault: Moi, j'ajouterais juste une chose sur le déséquilibre fiscal qui m'a frappé. C'est que, contrairement à M. Séguin, M. Audet a toujours refusé de chiffrer le déséquilibre fiscal. Vous savez, quand on va négocier, si on n'a pas en tête un objectif chiffré, c'est très difficile d'obtenir des résultats. Vous voyez, l'Ontario, actuellement, réclame 5 milliards; Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse ont réclamé des montants et ont obtenu des montants. Moi, je me dis que, si le Québec, là - puis on l'a vu même avec une résolution ici à l'Assemblée nationale - si le gouvernement libéral continue de refuser de chiffrer ses demandes, c'est très difficile de penser qu'ils vont obtenir quelque chose.

M. Deschênes (Alexis): M. Legault, si on se fie à votre analyse, donc, l'ensemble du système public québécois va se dégrader parce qu'on n'aura pas assez d'argent pour couvrir les coûts de système. Un coup qu'on a dit ça, qu'est-ce que vous proposez? Qu'est-ce qu'on devrait faire? Hausser les impôts?

M. Legault: Bien, vous le savez, c'est que ce qu'on...

M. Landry: Bien, vous savez ce qu'on veut faire.

M. Legault: Ce qu'on propose, nous, c'est de récupérer 100 % de nos revenus. On sait qu'il y a des marges de manoeuvre à Ottawa importantes qui pourraient nous permettre non seulement de couvrir les coûts de système, mais d'apporter des améliorations à nos réseaux de l'éducation et de la santé. Donc, de ce côté-là, on a un problème structurel. Je pense qu'il y a des mauvaises décisions de gestion, je pense qu'on a un gouvernement qui gouverne mal, mais on a un gouvernement, aussi, provincial qui est de plus en plus ingouvernable.

M. Deschênes (Alexis): Entretemps, on fait quoi, là, avant qu'on règle le déséquilibre fiscal?

M. Legault: Bien, la première chose qu'il faudrait faire d'abord, c'est, comme le disait M. Landry, c'est de passer les services avant les baisses d'impôts. Ça, c'est la première chose, là. Je veux dire, on ne peut pas mathématiquement se permettre de réduire nos revenus au moment... Puis c'est incohérent aussi, quand on se dit qu'il y a un déséquilibre fiscal, c'est-à-dire que les Québécois envoient trop d'impôt à Ottawa, pas assez à Québec, puis là, on baisse les impôts à Québec. Il y a un problème de cohérence. La première priorité devrait être mise sur les services. Mais il faut admettre, je pense, qu'il y a un problème structurel quand même de finances ici, à la province.

M. Landry: Il y a une autre chose qu'un gouvernement provincial peut faire, et nous l'avons fait, c'est stimuler l'économie au maximum. En 2002, il s'est créé 127 000 emplois, hein. Ça veut dire 127 000 personnes qui paient des impôts et des taxes. Le Québec a atteint des niveaux records de recherche et développement de haute technologie. On s'est battu avec nos moyens provinciaux et c'est ça qui nous a permis de survivre au déficit zéro. Mais, eux, c'est des libéraux même pas néo, paléo et ils croient que l'économie de marché va régler ça. Ce n'est pas vrai.
Dans les années où on était au pouvoir, seule l'Irlande nous a battus pour la croissance du PNB, et on a baptisé l'Irlande «The Celtic Tiger». Imaginez-vous si on avait été indépendant. On aurait passé le «Celtic Tiger». Je ne sais pas comment ils nous auraient appelés.

M. Hébert (Michel): Ça nous rapporterait combien exactement la récupération de 100 % de nos...

M. Landry: Là, vous anticipez. On vous voit venir.

M. Hébert (Michel): Non, non, non, mais ça fait des mois que M. Legault travaille là-dessus...

M. Landry: Ça s'en vient.

M. Hébert (Michel): ...vous devez avoir un chiffre en tête. Ça rapporterait combien, la récupération de ce qu'on paie à Ottawa?

M. Legault: J'ai un chiffre très précis en tête, là, mais ce n'est pas aujourd'hui qu'on va le dévoiler, là, mais on est en train de mettre les dernières touches au document. Mais je peux déjà vous dire, et puis déjà, à l'intérieur du fédéralisme actuel, on voit qu'il y a un déséquilibre fiscal de 2,7 milliards, sauf qu'il y a des avantages additionnels à avoir 100 % de ses revenus parce qu'on peut éliminer en plus des chevauchements, on peut faire des choix budgétaires différents, donc des marges de manoeuvre substantielles qu'on peut obtenir dans un Québec souverain.

M. Hébert (Michel): Est-ce que ça permettrait de baisser les impôts?

M. Legault: Bien, ce sera un choix qui sera à faire. Nous, on fait le choix d'abord de bien investir dans les services, mais ce sera un débat à avoir éventuellement.

M. Landry: C'est la démocratie québécoise qui décidera.

M. Hébert (Michel): Vous accusez souvent le gouvernement libéral d'être dogmatique vis-à-vis la baisse des impôts, mais vous ne l'êtes pas à l'inverse? Je me rappelle, je pense que c'était en 1997, il y a eu une commission parlementaire, parce que c'était la première fois, depuis des années et des années, que le gouvernement avait un surplus budgétaire. Vous avez fait une commission parlementaire et tout le monde, et les mêmes qu'on voit encore aujourd'hui protester contre le gouvernement libéral, tout le monde vous disait: Il ne faut pas baisser les impôts. Il faut en donner plus à l'État. Tu sais, c'est toujours la même orientation. On dirait que l'équité...

M. Landry: Comme je vous ai dit précédemment, nous avons baissé les impôts, quand nous étions au pouvoir, de 11 milliards de dollars. Et c'est vraiment très plaisant de se lever à l'Assemblée, comme ministre des Finances, puis dire: À partir de ce soir, etc. On l'a dit pour 11 milliards, puis on a arrêté de le faire quand on a pensé que ce n'était plus compatible avec le non-endettement, le déficit zéro et le maintien des services. Ce n'est pas doctrinaire, ça: c'est éminemment pratique. J'ai entendu une accusation, moi, qui me faisait sourire. Des gens qui se prétendent plus à gauche qui nous disaient: Le déficit zéro, c'est à droite. Mais non. Le déficit zéro, ce n'est pas à droite. Ce qui est à droite, c'est dire: Je dépense tout de suite puis les générations futures paieront à ma place. Un homme de gauche ne peut pas faire ça.

M. Legault: Peut-être juste une remarque aussi, c'est que, quand on regarde la façon dont est structurée la répartition des compétences entre Québec et Ottawa, on voit qu'à Ottawa les revenus augmentent plus rapidement que les dépenses; quand on regarde ici, à Québec - puis c'est la même chose dans les autres provinces aussi - c'est qu'à cause entre autres des dépenses de la santé les dépenses augmentent plus vite que les revenus, ne serait-ce que seulement pour couvrir les coûts de système. Donc, seulement maintenir les services qu'on offre actuellement à la population, on n'a pas assez de revenus. Donc, on voit que le déséquilibre fiscal, là, il est bien réel.

M. DeSouza (Mike): O.K. Juste une dernière sur le même sujet, Christian.

M. Latreille (Christian): Souveraineté ou pas, là, les dépenses... la croissance des dépenses en santé et des services, elle, va toujours être là, au Québec. Est-ce que le débat justement sur le financement de la santé un jour il y a quelqu'un qui va devoir le faire et est-ce que vous avez l'intention de le faire si jamais, un jour, vous retrouvez le pouvoir?

M. Landry: Bien, je dirais que François Legault lui-même incarne des réformes profondes en matière de santé. Toute la médecine familiale par exemple, les groupes de médecine familiale qui ont été interrompus dans leur création nous conduisaient vers des améliorations spectaculaires. Tout ce qui...

M. Latreille (Christian): ...M. Landry, la santé?

M. Landry: Je ne pense pas. Il ne faut pas être défaitiste. Si on mettait beaucoup plus dans la prévention, par exemple, on irait rechercher une partie. Moi, je ne suis pas défaitiste. Je pense qu'on a les moyens de notre système de santé, à condition d'être prudent dans sa gestion et d'essayer d'augmenter les hausses des coûts par les facteurs lourds, c'est-à-dire la maladie elle-même et l'attaque contre la maladie, ça peut être le curatif, mais ça peut être le préventif aussi.

M. Legault: Rappelez-vous, M. Latreille, le rapport Séguin, le rapport de la Commission sur le déséquilibre fiscal. On pouvait voir que, sur 15 ans, les provinces accumuleraient des déficits à cause justement de cette augmentation exceptionnelle des coûts de la santé à chaque année. Sauf que rappelez-vous aussi que les surplus prévisibles à Ottawa étaient supérieurs à l'addition des déficits de toutes les provinces sur une période de 15 ans. Ça veut dire que le problème n'est pas un problème qu'il manque de revenus, c'est que les revenus ne sont pas au bon endroit.

M. Landry: ...il y a un économiste canadien de renom qui avait dit, je le dis de façon formelle, que le Canada a les moyens de son système de santé, et je crois qu'il avait raison. Cela dit, être dans l'opposition, ça sert à ça aussi. On a une réflexion en marche pour ce qui peut être fait en matière de santé.

M. Hébert (Michel): Quand allez-vous le déposer, votre budget?

M. Landry: On discute du moment le plus opportun. Il y a une dimension pédagogique. C'est très important, là, puisqu'on s'en va vers un référendum sur la souveraineté et que les vents sont éminemment favorables et que la jeunesse est enthousiaste. Quand on va mettre le document sur la table, ça va être un document majeur. Donc, il faut choisir l'opportunité et puis il faut qu'il soit parfait, et il est presque parfait, puis l'opportunité, elle s'en vient.

M. Hébert (Michel): Avant ou après votre vote de confiance?

M. Landry: Ce n'est pas lié du tout, c'est lié à l'intérêt du Québec. C'est lié à l'intérêt du Québec.

M. Nadeau (Rémi): ...question connexe en fait, c'était sur la présentation du budget du Québec souverain. Parce qu'au dernier conseil national, M. Legault nous avait dit: Je l'ai fait contrevérifier par les experts. Si M. Landry veut, c'est dans les prochaines semaines que ça va être déposé. Donc, je me demande qu'est-ce qui fait, là, qu'il y a un retard ou que ça a traîné là.

M. Landry: On aurait pu le faire, mais on a encore quelques bons experts - on en a parlé justement encore avec François ce matin - à consulter.

M. Nadeau (Rémi): Le document est prêt mais vous continuez de le faire analyser?

M. Landry: Et c'est vital, là.

M. Nadeau (Rémi): C'est la méthodologie qui fait défaut?

M. Landry: Non, ce n'est pas la méthodologie, c'est les chiffres. La méthodologie, elle est arrêtée puis elle est connue. Mais on a des sources qu'on n'avait pas avant. Le Bloc québécois, il a les yeux sur tous les chiffres d'Ottawa, là, dans le moindre détail des ministères, et ça, c'est une dimension nouvelle et intéressante.

Mme Barton (Rosemary): C'est dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois?

M. Landry: Écoutez, là, c'est vital pour l'avenir du Québec. On va le faire au moment où c'est le mieux sur le plan de la pédagogie. Là, c'est Audet, c'est ça, on parle du budget d'Audet, qui s'en vient, là. Et quand Audet aura fait ce qu'il a à faire, nous, on fera ce qu'on a à faire au moment opportun.

Le Modérateur: En anglais.

M. Deltell (Gérard): ...c'est la fin des classes, est-ce que ça va aller en septembre?

M. Landry: Pardon?

M. Deltell (Gérard): Si c'est pédagogique, ça va aller en septembre, le retour des classes parce qu'au mois de juin, il n'y a plus de classe, là.

M. Landry: Il n'y a pas que les professionnels de la pédagogie qui peuvent en faire. Les professionnels de la pédagogie, peut-être qu'ils vont nous aider justement, étant en vacances, à faire connaître à la population ces documents, si on le sort avant.

Le Modérateur: En anglais, John Grant.

M. Grant (John): M. Landry, pardon me for presuming what your answer will be to another question but I assume you don't agree with Premier Charest, the Quebeckers are better off now than they were two years ago. So what would the Government has to do in this week budget to make Quebeckers better off than they were two years ago?

M. Landry: Mr. Charest is about the only one in our population to think that we are better off than two years ago. Let's be frank, his government is a catastrophe, the worst we had as far as our memory goes back. So, we are a little bit anxious about the next budget, because he is saying always: «Stay on course, stay on course» and that course is a crash course with a huge rock in front of him. So, we are not very confident in what can be done with that budget.

M. Grant (John): What should he do? What should he do? What should Audet do...

M. Landry: He could have been honest, first, and not try to say we will decrease the taxes when there was no possibility except if the fiscal disequilibrium had been settled, which is not done, it's the contrary. So, we are not in power, he is in power and he has to live with his commitment, broken at a large scale, in terms of budget 50 % of the commitment are wrong and undone.

M. DeSouza (Mike): Rosemary Barton.

Mme Barton (Rosemary): Mr. Landry, why do you think Quebeckers would prefer to keep services at the level they are at now instead of getting a tax cut?

M. Landry: Because we are leaving in a society of high level of solidarity. It is in our traditions. It's the way we see life in common. We are North Americans, but we are not Americans from United States, we don't have the same type of reasoning, concerning, health care, price of drugs and so on. We have child care at an incredible level compare to the rest of the continent. That is what Québec is, that's why Québec is a nation and a nation is different than the other nations of our continent.

Mme Barton (Rosemary): ...can't Québec also be about tax cut and having more money in your pocket?

M. Landry: I have given the example of people living on the west side of the Ottawa river deciding to have more money in their pockets to go to the east side. So, let's consider the situation as a whole. When you have to pay $40 a day for child care in Ontario, you have less money in your pocket than when you have to pay even $7 a day in Québec. That's our traditions. It's fantastic to decrease the taxes. I had that huge pleasure when I was Minister of Finance, $1 billion in decrease of taxes but without touching to the services, on the contrary, creating a special program to pay for drugs and child care.

M. DeSouza (Mike): Félix Tremblay.

M. Tremblay (Félix): Mr Landry, to say that independence will be the solution to all of the province's financial problems, isn't that a simplistic solution?

M. Landry: You're talking of sovereignty of course, hein, and independence?

M. Tremblay (Félix): Yes.

M. Landry: Independence is not only a material thing. It's related to reasons of the heart and reason of the pocket and that's why a nation wants to be free. No one being free wants, for financial reason or another reason, to stop to be. So, let's consider the phenomenon with dignity as a whole but the reason of the pocket are in coherence with the reason of heart and identity and proudness and it has been proven by studies we have done since years, especially the Séguin report.

M. Tremblay (Félix): So, your remain confident that all the money that's in Ottawa would suffice to, I guess, meet the needs of all Quebeckers?

M. Landry: Of course, instead of sending money to Ottawa, we will keep our money here. Look at it, French people or the British people what is the percentage of a British citizen of his taxes sent to Bruxelles? Less than 2% because England and British, Great Britain knows very well that you're better to manage yourself your taxes but they are good Europeans and they favor free circulation of good, services and capital but a nation must be free.

Mme Rich (Kristy): ...reflect the Canadian federation of independent business saying if you improve efficiency in the civil service that you should be able to find enough money to give tax cut and that would stimulate economic growth and that's basically the argument of the Premier is seizing. So, why do you not agree?

M. Landry: If it's not doctrinary, I can be in agreement with that but you have to check case by case. Here in Québec, we have an exemplary system of automotive and car accident insurance. Compare that to what the private sector is doing in the rest of Canada. Compare the tariff we have to pay, and so on. Compare New-Brunswick in term of auto insurance and Québec and you will be that a public sector well managed can be equal or superior in efficiency to any private sector. Look at Hydro-Québec compared to what is done in Ontario?

Mme Rich (Kristy): Why do you say when you look at the cost of the system right now that we can't afford a tax cut? Does your argument... You say with the cost the system right now that we can't afford a tax cut? Can you explain why?

M. Landry: At the moment, I think we cannot. If we had gone on the rate of growth and job creation of 2002 maybe. But, it's not the case. The rate of industrial investment decreased to an historical low point, 16 % of the canadian investment, the lowest in history. So, when you have that level, you collect less taxes, and so on.

M. Legault: And also, I would add that we have to realize that we're facing aging population and this has an impact on health care costs we have to support. And right now, I think that all the studies show that we need to increase by at least 5 % the most important budget we have in Québec, which is the budget of health care. So, we can't easily accept that revenues are not growing at 5 % a year. So, there's a real problem. But if we consider that, in Ottawa, we have the opposite situation where revenues grow faster than the expenses, in total, we don't have a problem. But, separately, the way the Federation is structured, we have a major problem.

M. Grant (John): ...go with the numbers you gave us today. How can Michel Audet avoid the deficit?

M. Legault: I think that last year... you saw what Séguin did last year, he started selling some assets, hey, he did that for about half a billion dollar. Will Mr. Audet do that this year? We'll see. There are some speculations about a request that he would make to Hydro-Québec, Loto-Québec, SAQ about growing their profits in order to increase their revenues, but, indirectly, it means that the population would pay more at the end of the day. So, in fact, truly, we can see that they don't have enough money right now to cover the cost of system. But they may find a way to find a solution, but the solution will mean that Quebeckers will pay more, not less.

M. DeSouza (Mike): Mr. Legault, I was wandering if you could explain how - the way Mr. Landry was saying before - the presence of the Bloc in Ottawa has helped giving you access to numbers in Ottawa and preparing to put in your budget, if he could explain exactly what they have...

M. Landry: In their role of opposition, they are scrutinizing everything from the federal Government, including the figures. It's a huge team of 54 people doing their role of members of the opposition in examining by details what the Federal is doing, including in money matter and financial matter. That's why they ask more than 200 questions about sponsorship's scandal.

M. Legault: I think that an important part of the work we're doing right now is to look at how much of each of the programs we have in Ottawa is spent in the Province of Québec. Right now, there is no easy report answering these questions. So, we have to study the programs one by one, and the help of the Bloc québécois is important to give up us giving an answer to each of the programs, because some are easy to see, for example, in agriculture. We know that many programs spent no money in the Province of Québec, so we have answers. In other programs, it's more difficult to find answers. So, with the people in charge of the critics of each budget in Ottawa, we can have some help.

M. DeSouza (Mike): Did I understand also that you said a sovereign Québec would not necessarily lower taxes?

M. Legault: No, I said that we'll have to decide eventually what we do with the margins that we will have. But one thing is clear, it's that when you recuperate 100 % of your revenue, you will have some margins to work with. You can decide to increase your investment in heath care, or in education, or decrease the debt, or decrease income taxes. Then, it's the second step.

Mme Barton (Rosemary): ...Is it only the Parti québécois or is it a joint Year 1 budget? Parti québécois, Bloc québécois...

M. Landry: No. It's the Parti québécois, but in full harmony with our brother party of course. But, it's our responsibility, in Québec, to do that.

(Fin à 12 h 11)

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