(Treize heures vingt-neuf minutes)
M. Dufour
: Alors,
bonjour à tous. Alors, on est ici pour faire le point sur la mobilisation qui
s'ensuit par rapport à notre filière bois sur le territoire de la Côte-Nord.
Alors, peut-être, pour commencer, faire les présentations d'usage :
Sylvain Roy, qui est député de Bonaventure; la députée de Duplessis, Mme
Lorraine Richard; la présidente de la conférence régionale des élus et mairesse
de Forestville, Mme Micheline Anctil; M. Francis Bouchard, qui est le maire de
Bergeronnes; Claude Martel, qui est le maire de Baie-Comeau; Donald Perron, qui
est le maire de Longue-Rive; bien sûr, Yanick Charest, qui est directeur des
affaires publiques à la conférence régionale des élus; M. Pierre Richard et M.
Sylvain Bélanger, des représentants des syndicats de Résolu, Unifor; et bien
sûr le maire de Sept-Îles, qui s'est joint à nous, M. Réjean Porlier.
Alors, peut-être faire suite à la mobilisation
qu'il y a eu hier sur la Côte-Nord, vous dire que ce n'est pas la première fois
qu'on vit des coupures au niveau de la filière bois sur la Côte-Nord. À prime
abord, la papetière Résolu avait déjà coupé ou fermé une machine, voilà un an
et demi, en 2012. Au mois d'octobre, ils ont annoncé qu'ils fermaient deux
autres machines de manière ou de façon indéterminée, sans date de réouverture.
Alors, il y a une première machine qui a été
fermée hier, le 1er décembre. Il y a une seconde machine qui va être fermée le
12 de décembre. On a déjà rencontré le ministre à cet effet, sur les retombées
économiques puis les pertes d'emploi que ça va occasionner sur la Côte-Nord.
Signaler que la Manicouagan et la Côte-Nord vont écoper au complet parce que la
papetière à Baie-Comeau, c'est le poumon de l'industrie forestière, c'est le
poumon de la filière bois sur la Côte-Nord.
Bien sûr, on avait déjà rencontré le
ministre pour qu'on ait de l'aide. Je pense qu'il y a des pourparlers qui se
font, au moment où on se parle, avec l'industrie et le ministère des Ressources
naturelles. Bien sûr, il est minuit moins une, mais, à l'heure où on se parle,
il y a déjà une machine de fermée. Depuis hier, il est minuit une. Alors, on
aimerait bien ça avoir des résultats des pourparlers qu'il y a entre
l'industrie et le ministère des Ressources naturelles au moment où on se parle.
On entendait parler d'un soi-disant projet pilote sur la Côte-Nord. On est aux
prises, puis c'est important de le souligner, avec le phénomène de la tordeuse
de bourgeons d'épinette. Au niveau de la récupération des bois, on aimerait qu'il
y ait un plan d'action pour aller récupérer ce bois-là, qui n'est pas éternel
en soi. On parle de plusieurs millions de milles mètres cubes de bois, on en
aurait peut-être pour une possibilité de 15 ans à aller chercher. Alors, ça
serait une aide qui pourrait nous être apportée pour faire en sorte qu'on soit
capables de consolider notre filière bois.
Alors, comme je vous disais précédemment,
c'est sur toute la Côte-Nord, c'est Boisaco, c'est Forestville, c'est
Baie-Comeau, c'est Port-Cartier, c'est Sept-Îles, c'est toute la Côte-Nord qui
va écoper au complet. Alors, bien sûr, les pourparlers sont en cours au moment
où on se parle. On a des informations comme de quoi qu'il y aurait possibilité
de rencontre cet après-midi. Alors, le «setup» qu'on est en train de faire
aujourd'hui, c'est de démontrer la continuité de la mobilisation, puis qu'on
tient à nos emplois, puis que la Côte-Nord, au niveau économique, on a besoin
d'aide du gouvernement, on a besoin qu'il y ait des solutions qui soient mises
sur la table. Alors, peut-être que le porte-parole au niveau de la forêt peut
vous entretenir quelques instants.
M. Roy
: Merci, M. le
député de René-Lévesque. Écoutez, j'aimerais faire un peu une rétrospective des
problématiques que vit l'industrie forestière depuis de nombreuses années, vous
rappeler que, de 2003 à 2012, c'est tout près de 20 000 emplois qui ont
été perdus, puis il y a eu à peu près 300 fermetures d'entreprise. Donc, c'est
des régions qui perdent des emplois, ce sont des gens qui perdent leur emploi,
donc c'est très grave.
En novembre 2013, Rendez-vous national de
la forêt où il y a eu le retour de l'espoir puis il y a eu un bilan extrêmement
positif. L'Union des municipalités du Québec a salué l'événement, bon,
l'Association forestière Abitibi-Témiscamingue et d'autres organisations.
Aujourd'hui, retour de l'incertitude.
Résolu, Tembec, Uniboard ce matin, dans la Vallée-de-la-Matapédia, qui voient
potentiellement qu'ils vont avoir des problèmes d'approvisionnement. Donc, ces
entreprises-là émettent des signaux de détresse pour avoir de l'aide, mais ce n'est
pas juste des entreprises, c'est des emplois dans les régions, et actuellement
on est aux prises avec un gouvernement qui a une tendance urbanocentriste, qui
abandonne les régions, et ça, il va falloir que ça suffisse. Il va falloir que
les gens se lèvent et fassent en sorte de revendiquer des emplois.
Là, écoutez, la Gaspésie vit actuellement
énormément de problématiques, mais c'est toutes les régions du Québec aussi. On
a un constat. On sait qu'il y a des solutions, hein? On parle de manque de
ressources, prix de la ressource et planification des travaux dans un contexte
où les ressources sont disponibles et qu'il y a une embellie dans le marché
américain. Donc, il y a une contradiction inhérente à l'approche libérale. Et
donc, écoutez, nous, ce qu'on considère actuellement, c'est que le gouvernement
est déconnecté de la réalité des régions, et qu'il a un comportement obsessif par
rapport aux coupures, et que ça nuit à l'ensemble de l'environnement économique
au Québec. Merci beaucoup.
M. Dufour
: Alors, la
présidente de la conférence régionale des élus et mairesse de Forestville, Mme
Micheline Anctil.
Mme Anctil (Micheline) : Merci
beaucoup. Alors, les manifestations qui ont eu lieu hier dans plusieurs villes
de la Côte-Nord étaient à l'effet d'appuyer l'ensemble de l'industrie
forestière et, bien sûr, les travailleurs. Nous portons aujourd'hui la détresse
de notre région puisque la situation de l'ensemble de la filière industrielle forestière
est jugée dramatique.
Pour illustrer, depuis 10 ans, donc depuis
2004, la région a connu des fermetures très, très particulières au niveau des
usines. On est passé de 10 usines de sciage du résineux à quatre aujourd'hui.
Les machines à papier, aujourd'hui, on parle d'une, et puis, le 12 décembre, ce
sera probablement zéro. La même chose au niveau du feuillu. Il y avait deux
usines de feuillu, aujourd'hui il en reste juste une. Alors, pour la Côte-Nord,
c'est 1 700 emplois. C'est une industrie qui se chiffre à 290 millions,
et la Côte-Nord dit aujourd'hui : Nous n'avons pas les moyens de perdre
ces emplois-là, ni pour la Côte-Nord, ni pour l'ensemble du Québec.
Trois choses sont demandées, d'ailleurs
depuis plusieurs mois : récupérer le bois de la tordeuse de bourgeons
d'épinette pour qu'il soit utilisable le plus rapidement possible et compenser
les coûts de cette récolte, les coûts supplémentaires de la récolte; payer le
bois à un prix équivalent à celui du Québec. Les usines de la Côte-Nord
affirment que le bois au mètre cube, rendu à l'usine, leur coûte de 10 $ à
15 $ de plus du mètre cube qu'ailleurs au Québec. Et, bien sûr, nous
assurer, assurer aux industriels un approvisionnement suffisant et prévisible,
donc il est question de la planification forestière pour l'ensemble de nos
usines.
Alors, depuis plusieurs mois, ces demandes
sont adressées au gouvernement du Québec, et aujourd'hui, au nom des
travailleurs et au nom des industriels, nous demandons au ministre des
réponses. Les Nord-Côtiers ont le droit d'avoir des réponses à ces questions,
et il y a des pistes de solution, même, qui sont sur la table. Alors, nous
sommes là pour réclamer l'heure juste de la part du gouvernement du Québec.
M. Dufour
: Merci
beaucoup, Micheline. Peut-être un représentant des travailleurs de la papetière,
M. Pierre Richard.
M. Richard (Pierre) : Merci
beaucoup. Le 3 octobre dernier, l'employeur Résolu annonçait la coupure… la
fermeture de deux machines, qui licenciait une centaine de travailleurs. Hier,
le couperet est tombé pour 20 d'entre eux. Depuis l'annonce, on nous projette
dans le temps, on nous fait miroiter des ententes qui sont à venir. Jusqu'à
date, on n'a rien. Le couperet devrait tomber dans 15 jours, le 12
décembre, sur une dizaine d'autres. Les 70 autres devraient avoir un
licenciement dans quatre à six semaines.
Pour les jeunes travailleurs qui sont
touchés, c'est le supplice de la goutte. On leur fait miroiter toujours une
possible entente qu'on attend puis qu'on ne voit pas venir. Il faut que le gouvernement
nous annonce des pistes de solution, des solutions au plus vite. On est dans la
pire période de l'année pour ces jeunes familles là. Avant que nos jeunes
quittent la région puis qu'on ne soit plus capable de les remplacer… Merci.
M. Dufour
: Oui. Ça va?
Bon, bien, parfait. Écoute, ça n'arrête pas de bien aller.
Mme Richard : Merci beaucoup,
messieurs.
(Fin à 13 h 37)