(Dix heures trente minutes)
M.
Deltell
:
Alors, messieurs, mesdames, bonjour et bienvenue à notre point de presse. Il y
avoir une interpellation cet après-midi, à 16 heures, à l'Assemblée
nationale concernant les hausses des tarifs d'électricité et l'impact que ça a
sur le porte-monnaie des contribuables, et nous tenions à faire ce point de
presse ce matin pour bien amorcer la journée et la semaine.
Alors, écoutez, plus que jamais, les
mauvaises décisions politiques du Parti libéral du Québec coûtent une fortune
aux contribuables québécois. Il est temps que ça arrête, il est temps que ça
cesse. Parmi ces mauvaises décisions politiques, il y a évidemment la gestion
de nos ressources naturelles, et du potentiel hydroélectrique, et de la production
d'électricité du Québec. On sait que depuis des années — c'est né
sous le Parti québécois, ça a été entériné par le Parti libéral, et maintenu
sous Mme Marois, et poursuivi avec M. Couillard — la décision de
maintenir les éoliennes telles qu'elles sont, avec les pertes qu'elles
encourent, conduit directement à une catastrophe financière, et ce sont les
contribuables qui en font les frais. Assez, c'est assez.
Aujourd'hui, Le Journal de Québec, Le
Journal de Montréal font une nomenclature de toute la production à perte
d'Hydro-Québec. Cette nomenclature conduit à une facture de 800 millions
de dollars. C'est tout à fait inacceptable. Alors que le gouvernement du Québec
n'a de cesse d'aller chercher de l'argent dans les poches des contribuables
avec les taxes scolaires, avec les tarifs d'électricité, avec aussi les taxes
scolaires, les taxes sur la… les taxes municipales et également les frais de
garde, bien, ça a conduit à des hausses dramatiques pour le porte-monnaie, et,
pendant ce temps-là, on poursuit à poursuivre la production à 800 millions
de dollars de perte. C'est tout à fait inacceptable, et il faut que ça cesse.
Rappelons donc que tout ça… alors que tout
ça aurait pu être évité. Le 10 février dernier, le premier ministre Couillard,
à l'époque qui était chef du Parti libéral du Québec, avait dit : «Les
contribuables ont assez payé, là, on veut limiter la hausse des tarifs
d'électricité à l'inflation.» Malheureusement, ce n'est pas ça du tout qui
s'est passé, puisque quelques mois plus tard, il était élu, et, le 1er avril,
tous les Québécois avaient une hausse de 3,9 % d'électricité, et on sait
que l'année prochaine on se dirige vers une hausse de 4,1 % pour l'an
prochain.
Cet été, Thierry Vandal avait affirmé,
dans une entrevue, qu'il était otage des décisions du gouvernement. Il avait
dit : «…on était tenu, par des décisions gouvernementales, d'acheter
l'énergie éolienne dont on n'a pas besoin.» Dans cette même entrevue à TVA, il
avait dit aussi : «Il n'y a pas de logique économique à produire de l'éolien
au Québec». Malgré cela, le gouvernement poursuivait sa mauvaise gestion des
fonds publics en poursuivant l'expérience éolienne.
Maintenant, le gouvernement a voulu jouer du
muscle un peu en adoptant, cet automne, un décret de préoccupation. Maintenant,
«décret de préoccupation», ça ne veut strictement rien dire. Pourquoi? Parce
que la régie a conclu, elle, dans une décision qu'elle a rendue le 8 octobre
dernier, au paragraphe 282, et je cite : «…la régie n'a tout simplement
pas de discrétion pour refuser de tenir compte d'un bloc déterminé par [le] règlement
du gouvernement.» En termes clairs, ça veut dire que le gouvernement a beau
dire ce qu'il veut, s'il décide de poursuivre des mauvaises décisions comme les
éoliennes, eh bien, les tarifs vont augmenter. Donc, c'est pour ça que le gouvernement,
malheureusement, n'a pas le courage de prendre la décision la plus responsable
qui soit, c'est-à-dire de mettre un terme à l'aventure éolienne, qui coûte une
fortune aux Québécois.
Je vous rappelle qu'au moment où on se
parle on est en plein processus d'appel d'offres et d'évaluation de cet appel
d'offres de 450 kilowattheures. Cet appel d'offres a été fermé le 5
novembre dernier. Et vous savez combien de soumissions ont été déposées? 54. Pourquoi?
Parce qu'évidemment c'est très rentable pour les producteurs, mais peu rentable
pour les contribuables. C'est le contribuable qui, en bout de ligne, doit
payer, alors que le producteur, lui, est garanti d'un revenu certain, mais
c'est le contribuable qui, lui, paie pour ce revenu.
Et rappelons aussi que cet appel d'offres
fait en sorte que ça va nous coûter 140 millions de dollars par année
pendant 20 ans. Et ça, ce n'est pas nous qui l'affirmons. Nous, on reprend tout
simplement une étude qui a été faite il y a un an, qui a été commandée par le
Parti québécois, Maîtriser notre avenir énergétique, et qui conclut que
cet appel d'offres va coûter 140 millions de dollars par année pendant 20
ans et que chaque emploi de l'éolien, au revenu moyen de 48 000 $, coûte
aux contribuables 200 000 $. Donc, c'est tout à fait inutile, mais le
gouvernement perpétue ça. Et ça, c'est sans rappeler le fait qu'il y a
actuellement un recours collectif concernant le parc d'Éoliennes de l'Érable,
où il y a une cinquantaine d'éoliennes qui sont actuellement en construction, il
y a 500 personnes qui sont directement touchées par ce recours collectif, également
la pétition que j'ai déposée le 7 octobre dernier, de plus de 600 personnes,
pour le projet Pierre-De Saurel, dans la région de Yamaska.
Donc, pour nous, c'est clair qu'il faut
mettre un terme à l'aventure de l'éolien. C'est une belle idée, c'est un beau
projet, mais ce n'est pas rentable. Ça fait plus de 10 ans qu'au Québec on
essaie de voir si ça fonctionne ou pas, et force est d'admettre que ça ne
fonctionne pas, que ce n'est pas rentable. C'est né sous le Parti québécois, ça
a été poursuivi par le Parti libéral. Il est temps que les dirigeants actuels
prennent la seule et unique position et décision responsable, c'est-à-dire :
C'est assez!
Comment, d'un côté, le gouvernement
libéral peut aller chercher de l'argent dans les poches du monde avec les taxes
scolaires, les taxes municipales puis les frais de garde et, d'un autre côté,
continuer à produire à perte pour 800 millions de dollars en production
d'électricité? C'est tout à fait inacceptable, parce que ce sont les
contribuables qui paient, et les contribuables en ont assez de payer dans le
vide.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Deltell, n'avez-vous pas l'impression que les clients d'Hydro-Québec, les
citoyens du Québec, dans le fond, paient la note pour des surplus d'électricité
qui sont, en bout de ligne, inutiles?
M.
Deltell
: C'est
tout à fait le cas et c'est pour ça qu'il faut avoir du courage de dire :
Assez, c'est assez! On peut comprendre qu'au départ on pouvait espérer que
l'éolien allait profiter, que l'éolien, ça allait être beau, que ça allait être
intéressant. Moi le premier, j'y ai cru, à l'éolien. J'ai dit : Donnons la
chance à l'éolien. Mais, après 10 ans, ça ne marche pas. Après 10 ans, on se
rend compte que ça coûte trois fois plus cher que l'hydroélectricité.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on
perpétue le mauvais modèle d'affaires, puis qu'on continue à creuser le trou,
puis on continue à payer dans le vide ou, au contraire, on a le courage de dire :
C'est assez, l'éolien. Nous, on dit : Il faut agir immédiatement, et c'est
assez.
Vous savez, quand le gouvernement a adopté
son décret de préoccupation, le seul décret qu'il aurait dû adopter, c'est de
dire : On finit l'aventure éolienne qui nous coûte trop cher.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce qu'il n'y a pas un danger aussi de perte d'emploi, parce que l'éolien,
ça fait vivre des régions actuellement, là. La construction… Donc, si on met la
clé sous la porte, le bilan de la création d'emplois va encore en souffrir.
M.
Deltell
:
Bien, il va falloir réorienter ces entreprises-là. Vous savez, si on fait la
grande histoire, écoutez, à l'époque, on pouvait bâtir des magnifiques bateaux
à voiles, puis c'était superbe, puis, à un moment donné, on a changé pour faire
autre chose.
Alors, oui, c'est vrai que, peu importe ce
qu'on fait, à un moment donné, on prend des décisions qui ne sont peut-être pas
agréables. À l'époque, il y a 150 ans, vous aviez un maréchal-ferrant par
village, à cette heure, il n'y en a plus, tu sais. Alors, il faut agir avec la
réalité du temps, et aujourd'hui ce qu'on constate, c'est que l'éolien, ça ne
fonctionne pas. L'éolien, ça nous coûte trop cher, et, si vous voulez parler…
M. Laforest (Alain)
: Mais
moi, je vous parle des emplois, M. Deltell.
M.
Deltell
:
Oui, bien, justement, parlons de ces emplois-là. Ces emplois-là sont payés, en
moyenne, 48 000 $ par année. Ils nous coûtent, comme contribuables,
200 000 $ par année. Où est la rentabilité, là-dedans? Elle n'existe
pas. Alors, si c'est pour perpétuer des emplois qui, malheureusement, ne sont
pas rentables, c'est tout le monde qui paie.
Alors, voyons d'autres choses, faisons
autre chose. L'aventure de l'éolien nous a démontré que ce n'est pas rentable,
et ces emplois-là nous coûtent quatre fois plus cher que le salaire qu'ils
rapportent. Il n'y a aucune logique économique derrière ça.
M. Laforest (Alain)
: C'est
de l'emploi subventionné pour vous?
M.
Deltell
:
Bien, c'est clair. C'est clair parce que c'est même de l'argent qui est quatre
fois pour un. 48 000 $, le salaire moyen; 200 000 $. Et ces
chiffres-là, malheureusement, nous viennent d'une étude qui a été faite il y a
déjà un an, Maîtriser notre avenir énergétique. Ce n'est pas nouveau,
ça. Ça existe, c'est dans les cartons du gouvernement depuis plus d'un an. Je
comprends que ça ne fait pas l'affaire des partisans de l'éolien, cette
étude-là, mais ça a été commandé par le gouvernement du Parti québécois, et je
tiens à le préciser parce que M. Lanoue et M. Mousseau, qui sont les
coprésidents, ont été choisis par le PQ. Alors, ces gens-là étaient vraiment
choisis avec l'optique de dire : Donnez-nous l'heure juste. Mais là, quand
ils ont donné l'heure juste, le gouvernement du PQ n'a pas aimé ça parce que ce
n'était pas l'heure qu'il voulait avoir.
Puis les libéraux, ils sont pires, ils
perpétuent le mauvais modèle d'affaires. Et, pire que ça, c'est que les
libéraux vont continuer à consulter les gens pour voir qu'est-ce qu'ils en
pensent, alors qu'ils ont déjà cette étude-là. Sortez-la de l'étagère, enlevez
la poussière dessus puis lisez-la. C'est écrit noir sur blanc, c'est un mauvais
modèle d'affaires, les éoliennes.
M. Lacroix (Louis)
:
Ils les ont, les chiffres, les libéraux, M. Deltell… que vous espérez, ils
connaissent toutes ces données-là.
Alors, quel est leur intérêt, à votre
avis, de poursuivre dans un investissement aussi mauvais que vous le dites?
M.
Deltell
:
Bien, c'est clair, c'est que, pour eux, ils pensent à des gains politiques, et
c'est ça qui fait en sorte qu'on le paie pour tout le monde. Quand les
dirigeants pensent en fonction de politiques partisanes, ça conduit à des
catastrophes financières pour le contribuable, et les gens en ont assez de
payer. Vous avez vu ces milliers de personnes qui, en fin de semaine, sont
sorties dans la rue concernant les CPE?
Alors, quand, d'un côté, vous avez un gouvernement
qui n'arrête pas de chercher de l'argent dans les poches du monde avec les CPE,
avec les taxes scolaires, avec les taxes municipales, puis, de l'autre côté, il
continue à poursuivre pour 800 millions de dollars en pures pertes de
production d'électricité dont on n'a pas besoin, c'est tout à fait illogique.
Les Québécois sont tannés de payer dans le vide, et c'est ça qui se passe
actuellement avec notre électricité.
M. Laforest (Alain)
:
Vous faites quoi avec les minicentrales?
M.
Deltell
:
Bien, les minicentrales, nous, on ne veut pas aller de l'avant. On ne veut pas
aller de l'avant parce qu'encore une fois c'est des subventions déguisées.
Alors, on comprend l'esprit qui anime ça.
L'esprit, c'est d'aider les communautés locales dans leur développement. Est-ce
que c'est la meilleure façon de faire, de produire de l'électricité alors qu'on
est déjà en surplus? Nous, on pense que non. Si vous voulez aider les
communautés, bien, faites des projets structurants, amenez des entreprises,
permettez de développer le plein potentiel des gens sur place. Mais c'est aux
gens aussi à décider. Et nous, on pense que de vouloir créer artificiellement
un besoin d'électricité alors qu'il n'y en a pas le besoin, alors qu'on est en
surplus, alors qu'on a 4 % de surplus actuellement — ce qui est
immense, ce qui est immense, dans une production globale pour le
Québec — quand on a une production qui est superflue, ce n'est pas le
temps de continuer à rajouter.
Écoutez, c'est ça que je ne comprends pas.
C'est qu'à un moment donné il faut que tu te dises que tu fais des choix
justifiés, tu fais des choix pertinents. Mais, dans le cas présent, le choix
est de la politique partisane pure, et ça suffit. Surtout quand on est en train
de faire de l'austérité, surtout qu'on est en train de couper partout, surtout
qu'on est en train d'aller chercher continuellement, dans la poche du monde,
l'argent, bien, la moindre des choses, c'est de gérer correctement son affaire.
Parce que peu importe que ce soient des CPE, que ce soient des taxes scolaires
ou des taxes municipales, ça vient toujours de la même poche, puis on n'est
jamais capable de gérer ça correctement avec l'électricité.
La Modératrice
:
D'autres questions? Merci beaucoup.
M.
Deltell
: Messieurs
dames…
(Fin à 10 h 41)