(Douze heures quarante-six minutes)
M. Legault
: Bien,
bonjour tout le monde. D'abord, écoutez, si vous avez écouté la période de
questions ce matin, les réponses de Philippe Couillard à mes questions étaient
très inquiétantes. J'ai demandé carrément à Philippe Couillard s'il pouvait
s'engager à ne pas augmenter les impôts, les taxes et les tarifs. Sa réponse,
c'est qu'il s'engageait à ne pas augmenter les impôts et les taxes, mais qu'il
ne s'engageait pas à ne pas augmenter les tarifs au-delà de l'inflation. Ça
voudrait dire qu'on pourrait se retrouver avec des augmentations de 5 %,
10 %, 15 % dans plusieurs tarifs pour, finalement, financer le retour
à l'équilibre budgétaire.
C'est très inquiétant parce qu'actuellement
le fardeau fiscal des Québécois est à son maximum, les Québécois sont plus
taxés qu'ailleurs, puis honnêtement, là, qu'on appelle ça une taxe ou qu'on
appelle ça un tarif, c'est toujours la même poche qui paie. Donc, actuellement,
non seulement on va nuire aux familles de la classe moyenne en augmentant les
tarifs, mais, en plus, on va nuire à l'économie parce que la consommation,
c'est 60 % de l'économie.
Ce que je n'ai pas aimé aussi de la
réponse de Philippe Couillard, c'est l'exemple des tarifs d'électricité. Les
tarifs d'électricité augmentent cette année de 4,3 %; l'année prochaine,
de 3,9 %. C'est beaucoup plus que l'inflation. Pourquoi? Entre autres pour
financier des décisions gouvernementales comme les investissements à perte dans
l'éolien. C'est le consommateur à qui on demande de financer ces mauvaises
décisions du gouvernement. Puis ce n'est pas vrai, là, que M. Couillard
peut se cacher derrière les commissions scolaires, derrière la Régie de
l'énergie, pour sous-contracter des augmentations de taxes et de tarifs aux
Québécois. Les Québécois, actuellement, là, sont complètement égorgés, et il faut
arrêter ces augmentations de tarifs.
Puis moi, je trouve ça très inquiétant que
M. Couillard ouvre la porte à toutes sortes de tarifs. Est-ce que ça va
être un péage? Est-ce que ça va être les garderies? Quelles vont être les
nouvelles dans les prochaines semaines? Puis on le sait, en économie, c'est
important, la confiance. Actuellement, il y a de l'incertitude. Les Québécois
se disent : J'ai eu une augmentation de taxe scolaire il y a un mois ou
deux, j'ai eu une augmentation des tarifs d'électricité au mois d'avril,
qu'est-ce qui m'attend demain? Et, pendant ce temps-là, ils ne consomment pas,
et l'économie tourne au ralenti. Les revenus du gouvernement n'entrent pas
parce qu'il n'y a pas de taxe de vente, entre autres, qui est payée par les
consommateurs, donc on se tire dans le pied en faisant une approche comme ça.
Donc, moi, là, avec toute l'énergie que je
suis capable de mettre, je vais, au cours des prochains jours, des prochaines
semaines, tout faire pour convaincre Philippe Couillard d'arrêter d'augmenter
les tarifs, mais, de toute évidence, le gouvernement Couillard semble avoir
choisi, plutôt que ça soit la méthode responsable de réduire les dépenses,
bien, c'est encore piger dans les poches des contribuables. C'est une très
mauvaise décision puis, en plus, c'est en pleine contravention avec ce qui
avait été promis durant la campagne électorale. M. Couillard avait dit
clairement, par exemple, sur les tarifs d'électricité, durant la campagne
électorale, que ça n'excéderait pas l'inflation. Donc, il renie ses promesses
puis il pige dans les poches des contribuables, il nuit à l'économie. C'est
très… un cocktail, là, explosif pour les prochains mois.
M. Gagnon (Marc-André) :
M. Legault, comment réussir à trouver des milliards de dollars sans toucher
le service à la population ou encore sans aller piger dans les poches des
contribuables?
M. Legault
: Bien, je
vous rappelle… d'abord, je vous demande d'aller relire notre document qu'on a
déposé avant la campagne électorale, Cap sur les familles. On a
identifié pour 2 milliards de réductions de dépenses. Ce n'est quand même
pas rien, là, 2 milliards. Puis entre autres… bien là, je suis content
qu'on commence à en parler, mais, par exemple, abolir les agences de santé,
abolir les commissions scolaires, réduire le nombre de cadres dans le réseau,
geler le nombre d'employés totaux dans les réseaux puis dans les ministères.
Mais tout ça, là, il n'y a rien de fait,
là. Tout ce qu'on a fait jusqu'à présent, là, c'est une loi pour régler un problème
dans les municipalités. Je veux bien, ça, ça ne règle en rien le déficit
de la province de Québec. Puis deuxièmement, bien, on négocie avec les
médecins spécialistes pour pelleter, dans la cour du prochain gouvernement, le
problème, mais on ne règle absolument rien. Ça ne réduit pas d'un sou le
déficit structurel, ça, les négociations avec les deux fédérations de médecins.
Il est temps, là, par exemple, que le Dr Barrette commence à… on a déjà la
moitié de l'année financière de faite, là. On est «overbudget», là. Actuellement,
les dépenses du gouvernement augmentent de 3 %, alors que le budget des
libéraux est à 1,8 %. Donc, on est «offbudget» actuellement, puis il n'y a
aucune mesure d'annoncée pour réduire les dépenses. Il y a juste des ballons
d'essai. C'est tout ce qu'on a, là.
M. Gagnon (Marc-André) : En
marge de l'abolition possible, là, des agences de santé, avez-vous l'impression
que M. Barrette est en train de redevenir un caquiste?
M. Legault
: Bien, je
l'espère. Je sais que c'est ce que prétendent les péquistes, là, que,
finalement, les libéraux s'inspirent du programme caquiste. Mais une chose qui
est claire, c'est que la CAQ avait un programme pour redresser les finances
publiques. Le Parti libéral n'avait pas fait ses devoirs avant la campagne
électorale, est en train d'attendre les deux commissions qui ont été mises en
place pour lui donner des idées, mais là, la seule idée qui semble concrètement
faire du chemin, c'est d'augmenter les tarifs puis les taxes. C'est un mauvais
choix, puis nous, on va s'y opposer. Ce n'était pas ça dans le programme de la
CAQ.
M. Lacroix (Louis)
: M.
Legault, là, il semble qu'il va y avoir des surplus au fédéral, là, importants
d'ailleurs. M. Harper laisse entendre qu'il pourrait réduire, par exemple, les
impôts des Canadiens, là. Est-ce que vous pensez que le gouvernement doit
occuper le champ fiscal que pourrait éventuellement laisser libre le
gouvernement Harper?
M. Legault
: Bien,
actuellement, là, ce n'est pas le temps d'augmenter les impôts au Québec, là,
puis il faut voir que toutes les provinces vont être dans la même situation.
Nous, ce qu'on propose d'abord, c'est qu'on revoie la décision du gouvernement
fédéral de réduire la croissance des transferts en santé de 5 %, 6 %
à 3 %. Puis je suis content de voir, là… On a eu une motion qui a été
votée aujourd'hui… Pas plus tard qu'au mois de juillet Philippe Couillard
disait que, dans sa tête, il n'y en avait plus de déséquilibre fiscal puis il
était d'accord avec ça, les transferts de la santé qui augmentent à 3 %.
Il a fallu qu'il rencontre les autres premiers ministres des autres provinces
pour comprendre qu'il était dans le champ puis que, oui, il y a déséquilibre
fiscal, puis, oui, les transferts en santé doivent augmenter de plus que
3 % pour être capables d'avoir le fédéral qui assume la même part en
pourcentage du budget de la santé. Donc, c'est de ce côté-là, là, qu'il faut
agir, mais ce n'est pas le temps d'augmenter les impôts, les taxes.
Je voyais la proposition du directeur
parlementaire au fédéral sur les péages. Ce n'est pas le temps, c'est toujours
la même poche, là. Si on avait des impôts puis des taxes qui étaient à un plus
bas niveau, on pourrait se poser cette question-là. Mais actuellement, tant
qu'on n'a pas baissé les impôts puis les taxes, on ne peut pas demander aux
Québécois de payer deux fois. Les Québécois paient plus d'impôt parce qu'ils
ont des services comme les services de garderie à tarif réduit. Mais là, si on
leur demande de payer deux fois, bien là, c'est injuste pour les Québécois,
puis ça fait mal à la classe moyenne.
Mme Prince (Véronique)
:
Ça fait plusieurs semaines déjà qu'on nous prépare à la révision des programmes.
La session vient de commencer. Trouvez-vous que c'est un peu mal parti que, déjà,
il y a une loi spéciale qui plane... une menace qui plane au-dessus des
médecins?
M. Legault
: Bien,
écoutez, je continue à penser que M. Barrette, que je connais bien, est dans
une situation où il dénonce… Il passe à peu près toutes ses journées avec vous
à dénoncer l'attitude. Il devrait plutôt essayer de trouver des solutions puis
il devrait aussi travailler à réduire le déficit structurel puis à réduire les
dépenses de façon permanente dans le réseau de la santé, pas juste pelleter
dans la cour du prochain gouvernement.
Je remarquais hier, dans les interventions
de M. Barrette, il parlait de son 1,2 milliard puis de combien irait, pas
l'année prochaine, pas dans deux ans, dans cinq ans, dans le prochain
gouvernement. C'est comme si on voulait dire, là : Ça sera au prochain gouvernement — en
espérant que ça soit peut-être la CAQ — qu'est le problème dans cinq
ans. Le problème doit être réglé maintenant.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais ça donne-tu le ton pour le reste de la session que, déjà, avec un groupe,
on en est là, là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, on a une mauvaise approche. Avec les municipalités c'est la même
chose. Les régimes de retraite, on est dans le mur-à-mur. Écoutez, quand c'est
rendu qu'on dit à un groupe qui est capitalisé, que son fonds de pension est
capitalisé à 100 % : Vous allez devoir faire les mêmes efforts que
quelqu'un qui est capitalisé à 75 %, bien, on est-u assez dans le
mur-à-mur?
Je veux dire, plutôt que de choisir de
donner plus d'autonomie puis plus de pouvoirs aux municipalités pour, comme le
suggèrent Pierre Fortin puis Claude Castonguay, rééquilibrer le rapport de
force entre les syndicats dans les municipalités puis les représentants de la
direction des municipalités, bien, ce qu'on fait, c'est un projet de loi qui
est mur à mur. On a hâte de voir, là. On nous dit qu'aujourd'hui ou demain il y
aurait des amendements de déposés, mais j'ai hâte de les voir, là. Mais, si on
reste dans le mur-à-mur, ça va être très difficile, puis il va y avoir un
automne très chaud.
Mme Plante (Caroline)
:
Mr. Legault, do you agree with the PQ that Minister Barrette needs to be
replaced at the negotiating table?
M. Legault
:
I think that right now Mr. Barrette is not working the right way with doctors.
I think that, first, he's insulting a lot the doctors, saying that they are not
in good faith and all the kind of mentions like that. I think that he should be
negotiating with them, not only about putting a part of the burden for the next
government, but also finding ways to improve efficiency in the health care
network right now, in the next year or so. So I think that right now we are not
putting... he's not putting energy at the right place.
Mme Plante (Caroline)
: Do you think that it's even possible? Do you think it's a viable
option to try to find an agreement that wouldn't, you know, spread pay
increases over several years?
M. Legault
: I think we have to spread the increase over a certain number of
years. When we talk about nine years, I think that we're only putting the
problem later. But we also have to tie with that ways to improve efficiency in
our hospitals, in our network, and so far, except for some balloon that we read
in newspapers, we don't know what they are doing with, for example, with
agencies. And, you know, when you cut agencies, you don't only cut the number
of bureaucrats in the agencies, but also in hospitals because there are
thousands of people in hospitals being in charge of writing reports to
agencies. We have to decentralize and give them more power in those hospitals.
So that should be the priority of Mr. Barrette.
Mme Plante (Caroline)
: …go back to my first question, do you think
that Mr. Barrette should be replaced by, say, Mr. Coiteux at the negotiating
table?
M. Legault
:
I think it would be a good idea to have Mr. Coiteux instead of Mr. Barrette
because Mr. Barrette cannot say : Oh! I discovered, few months ago, that
the public finances are in a terrible shape in Québec, I didn't know that few
years ago. Come on! I knew, I think that he knew also. So he's in a kind of
conflict of interest.
M. Gagnon (Marc-André) :
Ryan, just before, I have… Well, I just finish in French, and we'll go back to
you.
Donc, une question
sur le dossier qui a été fait par notre bureau d'enquête. Vous avez peut-être
lu, dans les pages du Journal de Montréal, ce matin, sur Investissement
Québec… Trouvez-vous qu'il se fait trop, là, de gaspillage sur la base de
commandes politiques?
M. Legault
: Je pense
que toute l'organisation puis la gestion d'Investissement Québec doivent être
revues. D'abord, on voit, au niveau des résultats… Investissement Québec est
d'abord là pour aider à créer ou à sauvegarder des emplois. Depuis quatre ans,
le nombre d'emplois sauvegardés et créés par Investissement Québec a diminué de
80 %, donc les résultats ne sont pas là. Maintenant, il faut faire affaire
avec des entrepreneurs qui ont des vrais projets, pas des commandes politiques.
Mais moi, je me pose des questions sur les
compétences des dirigeants d'Investissement Québec — en passant, il
n'y a toujours pas de président chez Investissement Québec — puis sur
la mission d'Investissement Québec, mais on doit être beaucoup plus exigeants sur
les retombées réelles. Puis c'est certain, quand un dossier ne fonctionne pas,
ça ne donne pas d'emploi. Donc, moi, je voudrais qu'on soit capables de se dire :
Bon...
Vous savez, Investissement Québec, là, au
début des années 2000, aidait à créer à peu près 40 000, 50 000
emplois par année. Même il y a eu... je pense, c'était en 2009, c'était
75 000 emplois. On est rendus qu'Investissement Québec aide seulement à
créer 8 000 emplois par année. Bien, on peut-u leur fixer un objectif de
dire : Bon, l'année prochaine, il faut monter ça à 12 000, puis après
il faut monter ça à 16 000, puis après à 25 000? Mais qu'on leur
donne des objectifs et qu'on ait un suivi puis une imputabilité.
Mais actuellement, là, ça semble n'importe
quoi, puis ce qui m'inquiète, c'est que celui qui a procédé à cet échec
d'Investissement Québec depuis quatre ans, c'est lui qui est devenu le ministre
du Développement économique. Pas très, très rassurant.
M. Hicks (Ryan) :
Mr. Legault, do you think that the Government is going to find itself in this
kind of confrontation like the one it's having right now with the doctors? Do
you think this is a sign of things to come, as they try to find $3 billion to
cut from the budget?
M. Legault
:
I think that, first, we have to take the opportunity right now that we have…
all the baby-boomers will retire in the next few years. We should not... we
must not replace these people. Only with that, you'll save many hundreds of
millions of dollars every year. So they should start with that.
Right now, they are
putting... Mr. Barrette is putting a lot of energy trying to postpone a problem
for the next government. He's trying, with the doctors, to say : A part of
the salary increase, I agree with this salary increase, but we'll pay you this
increase in five years from now. Come on! We have to work also in ways of
improving the efficiency, in reducing the number of people working in offices
like in health care agencies, in large hospitals in Montréal. There's a lot of
people in offices in large hospitals in Montréal.
So he should be working
on that, but I don't see that. The only thing we see is balloons in newspapers
about all kinds of things. But, so far, the only measures that were put in
place were about taking more money out of the pocket of taxpayers regarding
Hydro-Québec and school taxes. But that's not the way to do. They have to
reduce expenses on a permanent basis, but stop increasing the burden, the tax
burden of taxpayers because it's not helping the economy and, at the end of the
day, it reduces the revenues of the Government because the people... And the consumption represents 60% of the GNP. So
you cannot have a good, a healthy economy without having a good consumption.
And, right now, people are so scared about what new they'll get tomorrow that
they don't spend.
Le Modérateur
:
Max.
M. Harrold (Max) :
On parental leave, the program, I'm wondering what are your thoughts are on
this. The Conseil du patronat says that trimming the program back could make
companies more competitive.
M. Legault
:
I will not comment on these kinds of balloons. But, again, I'll ask you to go
and read again our report that we tabled before the election, where we
identified clearly where we can cut $2 billion of expenses, and it doesn't
include this program. Do we need more than two? Yes. It looks like we need
three, so. But, let's start with the $2 billion we've already identify,
and there is a lot more money to cut in the bureaucracy than the money that you
can cut in this kind of program.
M. Harrold (Max) :
OK. And M. Bolduc seems to be the new whipping boy again this fall. I'm
wondering if you can sort of place this in context. Do you think it's worth
pounding on him, day after day, months after… He seems to think that it's a
closed deal, and so does the Premier.
M. Legault
:
I think that, when you're asking efforts to everybody, you have to show
example. You cannot only talk and do the opposite of what you say. So I think
that what Mr. Bolduc did is unacceptable. You cannot physically take charge of
1,500 patients and do a good job as an MNA. It's impossible. Mr. Bolduc knows
that, Mr. Couillard knows that and Mr. Barrette knows that. They know that very
well, more than many people, so they should do the only thing that is
acceptable. I think that Mr. Bolduc has to resign. Mr. Couillard has to show
leadership and courage and tell the population : I'll do the cleanup in my
own place before asking you to do the same.
Right now, people, they
see him as asking things that he is not doing himself. So that's the main
problem with Mr. Bolduc. I think that we're trying to help Mr. Couillard in
taking this tough decision. Thank you.
(Fin à 13 h 6)