(Onze heures quarante-huit minutes)
M. Le Bouyonnec
:
Bonjour. Ce matin, on voulait attirer l'attention, là, sur deux éléments qui
sont importants, là, pour cette convocation de la commission parlementaire puis
on verra plus tard, en après-midi, à quel moment exactement elle aura lieu,
mais c'est relatif d'abord à la question que nous avons posée ce matin.
On sait que la transaction avec BLF pose
toutes sortes d'interrogations. Ce qu'on sait maintenant davantage, c'est qu'une
autre transaction a eu lieu et que cette autre transaction là, transaction dite
secondaire, a servi à racheter un actionnaire — on n'a pas pu
déterminer quel était l'actionnaire qui avait été racheté — pour une
somme agglomérée, là, si on prend le fonds puis M. Blanchet, d'environ 80 000 $.
C'est très inusité de la part du fonds, parce que la mission du fonds, c'est
d'investir dans la société pour faire fructifier ces dollars-là en
développement. Donc, un fonds de capital de risque, généralement, de manière
rarissime, va se servir de ses fonds pour racheter un actionnaire.
Ce qui est encore plus inusité, c'est qu'il
pourrait y avoir d'autres raisons pour faire une transaction secondaire, par
exemple… comme, par exemple, baisser le coût moyen de l'action détenue. Mais là
on parle de 40 000 $, donc, par rapport à l'investissement du fonds
de 3 millions, c'est environ 1,5 %, donc on peut écarter d'emblée
cette raison-là qui aurait pu le justifier. Puis on peut aussi écarter d'emblée
une transaction où on tente de soutenir le titre parce qu'à ce moment-là c'est
plusieurs transactions sur une période de temps, et, si jamais c'est des
transactions sur plusieurs actionnaires, bien, le prix de l'action peut varier.
Donc, on a posé une question pour savoir
maintenant, en plus, qui donc a été racheté puis pourquoi… et pourquoi le
fonds, encore une fois, semble violer un peu ses propres règles. D'ailleurs,
parlant du fonds, on va beaucoup insister, dans la réunion de cet après-midi,
pour avoir accès à la documentation du fonds. Rappelons que le fonds, lorsqu'une
décision est prise, il faut qu'il y ait plusieurs lumières vertes qui
s'allument pour que la décision soit favorable, à moins qu'il y ait eu
interférence politique à l'intérieur du fonds. Il faut d'abord que ça fasse du
sens au niveau de l'analyse sectorielle, premier rapport; deuxième rapport, au
niveau de l'analyse financière, le potentiel d'investissement; troisième
rapport, ce qu'on appelle le bilan social, c'est-à-dire qu'est-ce qui va se
passer d'un point de vue social. Donc, toute la mission de transformer les
immeubles en condos, ça ne tient pas beaucoup la route.
Le fonds a beaucoup insisté en parlant de
Cominar. Par contre, un mois et demi après avoir fait son investissement à
3 millions, la mission de l'entreprise change pour vendre des condos.
Alors, on se pose la question : Est-ce que le fonds était au courant que
cette mission-là allait changer? Puis, s'ils l'ont su, pourquoi ils ont quand
même investi? Puis, s'ils ne l'ont pas su, pourquoi ils ne l'ont pas su? Bref,
tout ça pour vous dire qu'il y a une série de questions autour de cette
transaction.
Écoutez, il peut y avoir d'autres
explications que des explications de mégacomplot dans cette histoire-là. Il
pourrait y avoir une explication que, par exemple, M. Blanchet, c'est un peu,
cette transaction, comme vendre un frigidaire à des Esquimaux, qu'il a
tellement été un habile financier. Puis on en voit, des transactions… Prenons
celle, par exemple, de la cimenterie St-Laurent, avec la structure financière
au Québec... s'allonge de 450 millions. Moi, je peux tirer mon chapeau à
l'équipe d'avocats puis de comptables qui est en face, des gens du gouvernement,
là, parce que, finalement, ils sont allés chercher tout ce qu'ils pouvaient
aller chercher sur la table et puis ils n'ont rien laissé pour personne. Alors,
ce n'est pas de leur faute, ils ont exploité le système.
Alors, peut-être qu'il peut y avoir des
explications simples, mais peut-être qu'il y a des explications... et je ne
veux pas du tout supputer sur quelle pourrait être la véritable raison de cette
transaction, mais on veut aller au fond des choses puis on veut savoir exactement
ce qui s'est passé.
Deuxième élément sur lequel je voulais
attirer votre attention, on est satisfaits, évidemment, que les libéraux aient
changé d'idée, là, sur cette question-là lorsqu'ils ont, en fait, réalisé que
la commission Charbonneau, qui enquête sur la construction, n'est pas là pour
déterrer, là, tous les scandales possibles et présumés qu'il y a au Québec. Si,
par exemple, nous avions un scandale dans l'informatique — puis on
pense que peut-être qu'il y en aurait avec tout ce que vous avez vu comme
dépassements — ce n'est pas la commission Charbonneau qui irait
régler ça.
Donc, à un moment donné, la commission
Charbonneau, elle a ses limites, elle en a plein les bras. On espère qu'elle va
venir enquêter, entre autres, sur le transport au ministère des Transports du Québec,
sur Hydro-Québec et ainsi de suite, mais cette transaction-là, Capital BLF, on
pense que c'est à l'extérieur du mandat de la commission Charbonneau, parce que,
d'abord, Capital BLF, ce n'est pas une entreprise de construction — même
s'il y a un petit peu de rénovation de condos, là, ce n'est pas une entreprise
de construction — il n'y a pas de syndicat impliqué. Donc, c'est
simplement à travers une écoute électronique, et vous connaissez la suite, là,
que tout le monde a eu la puce à l'oreille. Mais, pour la commission
Charbonneau, c'est en dehors de son mandat et c'est probablement pour ça qu'il
n'y a pas eu de suite.
Donc, pour nous, ça justifie qu'il faut
qu'il y ait une autre enceinte pour pouvoir poser des questions puis avoir des
réponses, et la meilleure qu'on ait pu trouver évidemment pour aller au fond de
cette histoire-là, c'est une commission parlementaire. On souhaite que cette
commission parlementaire se tienne avant le déclenchement des élections parce
qu'on pense qu'il est important, pour les Québécois, d'avoir des réponses. <Donc...
>Et, en attendant, ce qu'on recommande au gouvernement, c'est de
travailler sur tous les autres projets de loi, là, que l'on connaît...
Journaliste
: ...de
penser qu'il va y avoir une commission parlementaire là-dessus…
M. Le Bouyonnec
:
Bien, écoutez, on la demande pour au plus tard le 18 mars, hein? Ce n'est pas
si loin que ça. Écoutez, je veux dire, je ne connais pas la date des élections,
je veux dire, mais on voudrait, oui, que les Québécois… que cette commission
parlementaire ait eu lieu avant le déclenchement des élections.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
elle pourrait avoir lieu le plus tôt quand, selon vous?
M. Le Bouyonnec
:
C'est une question de technicalité. Je suis désolé, je ne suis pas en mesure de
répondre à cette question-là. Probablement que j'en saurai plus à la rencontre.
On va, nous, tenter de demander qu'elle ait lieu le plus tôt possible. On sait
que ça ne peut pas avoir lieu pendant la relâche, donc, au plus tôt, ce serait immédiatement
après la relâche. On va pousser pour ça.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Les libéraux avaient peur, au début, de vous appuyer parce qu'ils avaient peur
que d'autres personnes soient invitées en commission parlementaire pour
répondre. Dans l'intitulé de la motion, il y a toujours «et autres personnes
jugées importantes». Est-ce que vous avez l'intention de faire comparaître
d'autres personnes?
M. Le Bouyonnec
:
Absolument. Cet après-midi, on va indiquer qu'on veut faire comparaître
certaines personnes, les dirigeants du fonds, évidemment, parce qu'ils ont pris
la décision et ils doivent nous expliquer pourquoi ils l'ont prise. Et aussi on
n'a pas les noms encore, mais, en fait, les gens qui sont… qui ont été les
analystes au dossier. On a des raisons raisonnables de penser que certains
analystes, qui sont des professionnels de l'investissement, ont pu être contre
cet investissement, et donc il y a sûrement des traces documentaires à
l'intérieur du fonds. On aimerait que… avoir accès à cette documentation-là et
avoir accès aussi aux analystes des différents secteurs qui participent à la
prise de décision.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Souhaitez-vous convoquer d'autres personnes dans l'entourage de Mme Marois et
de M. Blanchet, par exemple son fils? Est-ce que vous souhaitez le convoquer également
en commission parlementaire?
M. Le Bouyonnec
:
Pour l'instant, on n'a pas poussé notre réflexion jusque-là. On verra bien, cet
après-midi, si ça devient une option, mais on n'a pas pensé à cette
opportunité.
M. Ouellet (Martin)
:
Savez-vous quel actionnaire a été racheté?
M. Le Bouyonnec
:
Non, non. Honnêtement, si je le savais, on l'aurait… Et d'ailleurs c'est pratiquement…
très dur de le savoir, parce qu'avec le TSXV certains porteurs de titres
peuvent se cacher derrière le courtier. Donc, en bout de course, on aurait qui,
comme courtier, a fait la transaction, mais on n'aurait pas nécessairement qui
a réellement… Alors, ce qu'on se demande : est-ce que c'est un initié, par
exemple, qui a vendu, est-ce que c'est un initié à l'intérieur de la compagnie?
Et, si oui, pourquoi? Donc, ça soulève toutes sortes de questions.
M. Ouellet (Martin)
: C'est
quoi le montant de la transaction?
M. Le Bouyonnec
:
Alors, c'est environ 80 000 $ au total environ, à quelques centaines
de dollars près, et c'est ce qui est drôle, là, à peu près égal pour M.
Blanchet. J'ai les montants ici, c'est à 0,075 $. Donc, le fonds, c'est
558 000 actions, donc, pour un total de 42 000 $, alors que
Claude Blanchet, c'est 504 667 actions pour un total de
37 850 $, le tout combiné, simultané, une seule transaction. On veut
savoir qui a profité de ce rachat. Merci, merci.
(Fin à 11 h 56)