Point de presse de
Mme Sylvie Roy,
porte-parole
du
deuxième groupe
d'opposition
en matière de famille, et de Mme Michelyne C. St-Laurent,
porte-parole
du
deuxième groupe d'opposition
en matière de justice
Le mardi 3 décembre
2013
(Quinze heures seize minutes)
Mme Roy (Arthabaska)
:
Alors, j'ai ici, avec moi, trois personnes qui ont assisté à la période des questions,
soit Marie-Paule McInnis, Nadine Brillant et Marie-Hélène Guimont. Ce qu'ont en
commun ces trois femmes-là, ce sont trois mères de famille. Leurs enfants ont
été assassinés par leur ex-conjoint et le père des enfants. Elles sont ce que
l'on a appelé le groupe des survivantes. Elles sont trois mères d'un groupe de six
femmes. L'aventure a commencé quand Mme McInnis a écrit un livre qui a été
vendu à plusieurs exemplaires, mais les autres femmes se sont reconnues dans
ses propos et se rejointes. Donc, ces trois mères qui ont perdu leurs enfants
sont les porte-parole d'un mouvement qui est beaucoup plus… de fond. Il y a eu
un colloque l'an passé sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels. J'en
ai rencontré beaucoup de victimes. Je les ai rencontrées aussi à cette
occasion-là.
Ce qu'on demande, là, c'est lorsqu'une
mère voit ses enfants assassinés, ou un père, qu'il n'ait pas à se battre
contre le système pour se faire déclarer comme étant une victime.
Automatiquement, un père ou une mère de famille qui voit son enfant assassiné
doit se voir reconnaître le statut de victime, d'office. Pour ça, il faut
changer quelques mots à la loi. Ce serait facile de le faire. Ma collègue est
en commission parlementaire avec le ministre, puis, avec un peu de bonne
volonté, ce serait très facile d'exécuter les voeux avant les fêtes. Je pense
que ça leur donnerait un peu d'oxygène, la période des fêtes étant une période
difficile pour toutes les personnes endeuillées, mais d'autant plus dans ces
circonstances-là.
Mme
St-Laurent
:
Ce qui est important — je vais continuer — ce qui est
important de retenir, le plus important, c'est, lorsqu'une personne n'a pas été
témoin de la scène de crime, elle n'a droit à aucun dédommagement, elle n'est
pas considérée comme une victime. Et ça, c'est important. Madame, ses deux
enfants ont été tués par son ex-mari. Comme elle n'est pas allée sur la scène
de crime pour voir ses enfants — ils étaient brûlés — elle
a vu des photos uniquement, et on ne l'a jamais reconnue comme une victime.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Elle a même appris que ses enfants étaient décédés par LCN, ça fait que je vous
dis que c'est tout un deuil. Ça fait… en 2012 que ses enfants sont décédés,
elle est travailleur autonome, elle n'a pu avoir que cinq jours de congé depuis
cette date.
M. Bovet (Sébastien)
:
…il y a eu une réforme de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels — j'essaie juste de me rappeler, là — mais ce n'est
pas 6 000 $ par parent d'enfant victime…
Mme Roy (Arthabaska)
:
Bien, il y a eu une réforme, oui, mais on n'a pas modifié la définition de
«victime», ce qu'on demandait lors de cette réforme-là.
M. Bovet (Sébastien)
:
Donc, on n'est pas victime si on ne voit pas le drame.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Ou la commission de l'acte ou la scène de crime. Mais toutes ces questions
juridiques là, vous pouvez les poser à Me Bellemare, c'est déjà les avocats de
ces trois personnes-là.
M. Bovet (Sébastien)
:
…bien que ces dames se qualifient en tant que quoi, en termes monétaires? Je
sais que c'est difficile de parler d'argent dans ces circonstances-là, mais,
en termes monétaires, quelle est la différence entre ces femmes-là et une femme
qui verrait la scène de crime?
Mme Roy (Arthabaska)
: Bien
là, les victimes par ricochet, bien, elles ont droit, mettons, à l'heure
actuelle, seulement à 25 thérapies psychologiques.
M. Bovet (Sébastien)
:
Pas d'argent.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Non.
M. Bovet (Sébastien)
:
Alors que quelqu'un qui verrait son enfant dans les scènes de crime aurait
droit à 6 000 $?
Mme Roy (Arthabaska)
:
Bien, moi, je ne veux pas entrer dans tous ces détails-là, mais il est
indemnisé pour enterrer les enfants, puis il y a des indemnités de remplacement
de revenus puis tout ça. Mais ça, c'est depuis le 1er janvier.
M. Bovet (Sébastien)
:
Est-ce que vous avez été rassurées par la réponse que vous entendu du ministre?
Mme Roy (Arthabaska)
:
Non.
M. Bovet (Sébastien)
:
Pourquoi?
Mme Roy (Arthabaska)
:
Bien, parce qu'il n'a pas dit qu'il voulait le faire, là, d'ici à Noël, là.
C'est quelque chose de simple. S'il voulait le faire, il le ferait.
M. Bovet (Sébastien)
:
...2014 serait l'année qui verrait la réforme.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Oui, l'année 2014, là, moi, c'est loin pour moi, ça fait assez longtemps que je
parle de ça. Ça fait au moins 10 ans que j'en parle, là. L'an prochain,
pour moi, ça veut dire les calendes grecques, avec le Parti québécois.
M. Bovet (Sébastien)
:
…pas un engagement ferme d'un ministre en Chambre?
Mme Roy (Arthabaska)
:
Tant que ça ne sera pas écrit, couché sur papier, pour moi, ce n'est pas fait.
Mme
St-Laurent
:
Ce qui est arrivé, c'est qu'on a fait une réforme, mais la définition de
«victime»… Et d'ailleurs madame vient d'avoir un jugement de l'IVAC. Elle s'en
va plus haut maintenant, en appel, mais son jugement ne la reconnaît pas comme
victime. Ses enfants ont été tués, ont été brûlés, elle n'est pas reconnue
comme victime, elle n'a droit à rien. C'est un travailleur autonome, elle a été
malade, elle a fait un ACV, elle a eu des problèmes de santé extrêmement
importants. On ne la reconnaît pas comme victime, elle n'est pas allée sur la
scène de crime. Ce n'est pas seulement être témoin, c'est d'être allé sur la
scène de crime.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Un ou l'autre.
Mme
St-Laurent
:
Un ou l'autre.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Merci.
(Fin à 15 h 21)