(Neuf heures trente minutes)
Mme
Gaudreault
:
Merci beaucoup. Merci à vous d’avoir accepté notre invitation ce matin. Nous
allons discuter de cet avis du Conseil du statut de la femme qui va être dévoilé à 10 heures ce matin. On a pris
connaissance des principales recommandations dans les quelques médias qui en
ont dévoilé ce matin.
On se souviendra que c’est Christine
St-Pierre, alors qu’elle était ministre de la
Condition féminine, qui avait demandé cet avis au Conseil du statut de la
femme. On se souviendra du fameux drame de la famille
Shafia, et c’est ce qui avait aussi sollicité l’appui de cet avis, là,
de la part du Conseil du statut de la femme.
Alors, on le sait bien, les crimes
d’honneur, le mariage forcé, toutes ces formes de violence découlent de la
présence de l’intégrisme et de l’extrémisme au Québec. Et c’est pour ça que le
Conseil du statut de la femme émet ces recommandations,
en confirmant que nos institutions, les institutions québécoises, ne sont pas
nécessairement bien outillées pour prévenir les crimes d’honneur, pour prévenir
ces formes de violence. Et nous avons un devoir d’assurer la protection et la
prévention de la montée de ces crimes. On fait un lien aussi avec la charte des
valeurs, qui occupe l’actualité en ce moment, et nous sommes convaincus qu’elle
rate sa cible. Elle ne répond pas du tout aux réels enjeux, aux réelles
préoccupations des Québécois.
Alors, comme le disait notre chef ce
week-end, et je vais le citer : «Les
véritables adversaires de notre société, ce ne sont pas les crucifix ou
l’étoffe dont se revêtissent les Québécois, ce sont
deux mots en «isme» qui inquiètent les Québécois : intégrisme et
extrémisme. Et cette charte, la charte des valeurs, n’apporte aucune solution
pour faire face à ces véritables adversaires. L’exclusion est le contraire de
la solution.»
Alors, je vous dis aussi, je vous rappelle
que notre chef vous a informés qu’il y aura un comité qui va être en fonction
dès la fin de la semaine. Des membres de l’aile parlementaire libérale vont se
rencontrer et identifier de réelles mesures qui devraient répondre aux vrais
enjeux des Québécois en ce qui concerne les valeurs et les différents volets
proposés dans cette charte du Parti québécois. Alors, je pense que...
M. Bovet (Sébastien)
:
Le ministre Drainville a réagi en disant que
ça renforce plutôt la conviction du gouvernement qu’il faut réaffirmer des
principes fondamentaux comme l’égalité entre les hommes et les femmes. N’est-ce
pas un exemple qu’il y a des inégalités dans certaines cultures, communautés
culturelles, et qu’il faut en effet combattre ce concept patriarcal d’honneur?
Mme
Gaudreault
:
Nous ne croyons pas que de demander à une personne de retirer son voile pour
donner le permis de conduire à quelqu’un ou vacciner un enfant va faire une
différence par rapport au sujet qui nous préoccupe aujourd’hui : la montée
de l’extrémisme et de l’intégrisme. Je vous rappelle qu’il y a quelques années,
après le drame de 2009 de la famille Shafia, la ministre de l’époque avait instauré un registre provincial;il y avait aussi un interprète qui était disponible pour les directions à la protection de la
jeunesse; il y avait aussi l’utilisation d’experts en matière ethnoculturelle; il fallait aussi
bien identifier les motifs des appels des personnes qui demandaient de l’aide,
et tout ça. Ça, ce sont vraiment des mesures concrètes qui mènent à protéger
les femmes et les filles et qui vont contrer la montée de ce type de violence et de crime.
Pour moi, retirer le crucifix à l’Assemblée
nationale et aussi demander aux fonctionnaires de l’État de retirer les signes
ostentatoires n’ont aucun lien avec la protection des femmes et des filles au Québec.
M. Ouellet (Martin)
:
Vous proposez quoi…
Mme
Gaudreault
:
Oui. Et nous, vous savez, il y a trois mesures
de cette charte auxquelles on adhère pleinement, c’est la neutralité de l’État,
l’égalité entre les hommes et les femmes et offrir et donner les services à
visage découvert. Mais, pour ce qui est de ce
bannissement du port des signes ostentatoires dans l’administration publique,
cela rate sa cible.Et, pour nous, c’est une autre belle démonstration, avec l’avis du Conseil du statut de la femme, que nous devons
réagir aux vrais enjeux et vraiment s’attaquer à protéger les femmes plutôt que
de les ostraciser comme on le fait en ce moment.
M. Ouellet (Martin)
:
Vous le faites comment, madame?
Mme
Gaudreault
:
Bien, justement, on va mettre en place un
comité...
M. Ouellet (Martin)
:
C’est ça qui va régler le dossier?
Mme
Gaudreault
:
Non, absolument pas, mais on va certainement arrêter de faire de la
désinformation comme on le fait en ce moment puis avec cette charte qui ne
règle rien. Les 125 parlementaires de l’Assemblée nationale reçoivent certainement
les mêmes commentaires que moi dans ma circonscription. Les gens, là, le port
du voile, ça, c’est quelque chose, mais ils ont peur de l’intégrisme, ils ont
peur de l’extrémisme, ils ont peur de la violence, et,
pour eux, cette charte ne répond pas à ces enjeux.
M. Bovet (Sébastien)
: Qu’est-ce
que vous pensez du timing du dépôt de l’avis, à quelques jours du dépôt du projet
de loi de la charte des valeurs québécoises? Est-ce que le conseil est dorénavant
téléguidé par le gouvernement?
Mme
Gaudreault
:
Non. Ça, je dois vous dire que j’avais été informée que cet avis serait déposé
en octobre depuis un bon moment.
M. Bovet (Sébastien)
:
Mais ça se produit quand même dans... Le gouvernement
a l’air de le prendre comme un renforcement de sa charte des valeurs québécoises.
Mme
Gaudreault
:
Pour moi, c’est totalement le contraire. Ça démontre que, justement, la charte ne répond
pas aux vrais enjeux, ne s’attaque pas aux vraies cibles, qui sont l’intégrisme et l’extrémisme.
Le Modérateur
: En
anglais.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Can I… What do you think the charter of values would have done to help the Shafia family if any? What kind of effect would
that have had?
Le Modérateur
:…parler dans le micro, madame, s’il vous plaît.
Mme
Gaudreault
:Oui, je vais me
reculer.
Mme Vallée
:The charter would not
have done anything. It’s not by asking someone to take away their veil that you
are going to change what happened in a house,
in a household. The Shafia situation, which is a situation that is very, very sad and
dramatic, would have not been any different if
the charter would have been in place. What we need to do… and some acts have already been made,
we’ve already asked. When Mme Vien was Minister in charge of Youth
Protection, she had already put together some steps to help the people working
with youths, with kids, to be better… to have
better reflexes when they’re brought in a case where a young girl, for example,
would talk to her teacher and say that she’s not comfortable with what she’s
living at home. So, the charter does not
attack, does not address these issues.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Does it say anything to
you the fact that the mother of the Shafia family did not wear a veil?
Mme Vallée
: Not necessarily. I think, actually, the honor crimes or everything that comes with it
is more of a philosophical thinking and it’s… and we need to address it.And what we’ve
seen this morning in the papers with regards to the recommendation of the Conseil du statut de la femme is addressing these issues, these social issues. It’s by having
people dealing with kids, dealing with families that have the tools to address
these issues, this is how we’re going to be able to try to avoid situations
such as the Shafia case.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Because one of the things that report says is that youth protection
needs to have a better understanding of the culture that they’re dealing with.
What do you think about this as a possible solution that the…
Mme Vallée
: I think we all need to have a better understanding of the others’
culture and then it will enable us to act and to bring positiveness instead of
pushing them aside and pushing other cultures aside because of their
difference. If we understand them better, we’ll be able to help them better
when they face situations such as this one.
M. Harrold (Max) : I believe one of the things that the
report also says is that they’re worried about an influx or more young
Muslim men coming with immigration and perhaps some of them being
fundamentalists or extremists. Do you think that if
the charter… if a charter was passed that we affirm the gender equality
in Québec, that that would
somehow send a symbol, a message?
Mme Vallée
: Well, gender equality is already in the charte québécoise. It’s there. I think we need to address issues by… When people come to Québec, we need to let them know that the crimes of honor or situations as this one are not acceptable.
It’s a criminal offense. And this needs to be addressed clearly. We don’t have
to be shy. Let’s talk about the real things. Yesterday, we were talking about
the terms in another piece of legislation; let’s start to talk
about the real things now. But the charter of values such as the one presented
by Mr. Drainville is definitely not going
to address these issues. Merci.
(Fin à 9 h 40)