Conférence de presse de M. Joseph Facal député de Fabre et président du Conseil du trésor
Ses intentions quant aux prochaines élections générales
Version finale
Tuesday, February 4, 2003, 11 h 14
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Onze heures quatorze minutes)
M. Facal: Bonjour à tous et à toutes. Je vous remercie de vous être déplacés si nombreux.
J'ai pris la décision de quitter la vie politique à la fin du présent mandat. Je ne serai donc pas candidat aux prochaines élections générales. La seule, unique raison de ma décision, c'est le désir d'établir un meilleur équilibre entre ma vie familiale et ma vie professionnelle. Je souhaite tout simplement passer plus de temps avec mes enfants et avec mon épouse.
Vous savez tous à quel point la vie moderne peut être exténuante pour les couples qui ont de très jeunes enfants et dont les deux conjoints ont des carrières professionnelles exigeantes. Eh bien, la chose est encore plus vraie quand l'un des deux est en politique.
Je sais bien que je ne suis pas le premier à invoquer des raisons familiales, mais je vous prie de voir les faits dans mon cas. J'ai un garçon qui a quatre ans et demi, j'ai une petite fille qui a 20 mois et puis j'ai une conjointe qui a des aspirations professionnelles aussi légitimes que les miennes et qui, depuis des années, fait tous les sacrifices. Je suis aussi, je ne vous le cacherai pas, un peu fatigué de vivre dans les valises, de passer une partie de la semaine et une bonne partie de l'année loin de chez moi. Si ne me m'abuse, je suis le seul membre du Conseil des ministres qui a des enfants qui ne sont pas encore d'âge scolaire. Ceux et celles d'entre vous qui avez ou qui avez eu de jeunes enfants savent à quel point leur arrivée bouleverse tout, change notre façon de voir les choses puis rend nécessaires des ajustements.
Maintenant, comprenez-moi bien, là, il est tout à fait possible d'être à la fois ministre, député, père de jeunes enfants, mari, mais il est certain que l'un ou l'autre de ces rôles en souffre si vous choisissez d'exercer les autres rôles aussi pleinement que je crois qu'ils doivent être exercés. Et ça, ce sont les dilemmes que vivent toutes les jeunes familles d'aujourd'hui, mais ils sont particulièrement aigus quand l'un des deux conjoints fait quelque chose d'aussi accaparant que de la politique. Et puis je ne veux pas, un jour, quand il sera trop tard, avoir le regret de ne pas avoir vu grandir mes enfants.
Je me doute bien que certains cyniques vont vouloir mettre en doute mes motifs et vont vouloir m'en prêter d'autres. Alors, pour la première et sans doute pour la dernière fois, je vais publiquement demander quelque chose: qu'on me croie sur parole. Ma décision ne repose sur aucune autre raison que celle que je vous expose. Il n'y a pas que la politique dans la vie.
À ce sujet, je vous prie d'ailleurs de noter que ma décision survient au moment où le Parti québécois est en pleine remontée, plutôt que l'inverse, et très peu de temps aussi après que le premier ministre ait fait un très bon accueil à une première version des travaux que je lui ai présentés sur la révision de la taille et du rôle de l'État, travaux qui vont d'ailleurs se poursuivre tout à fait normalement.
J'ajoute que mes convictions les plus fondamentales demeurent intactes, et même qu'elles se renforcent de jour en jour. Je pense que la souveraineté est l'unique façon – l'unique façon – de stopper une marginalisation du Québec au sein du Canada, qui va aller en s'accentuant parce qu'elle est inscrite dans la nature même de l'évolution en cours du système politique canadien. Je continue à penser que le Parti québécois demeure le meilleur véhicule pour offrir à nos concitoyens le meilleur gouvernement possible. Alors, je resterai donc un militant péquiste convaincu, engagé, et je vais d'ailleurs continuer à participer aux travaux du groupe qui prépare la plate-forme électorale du parti.Je reviendrai sans doute un jour à la politique active, quand mes enfants seront plus grands. J'ai presque envie de vous dire que je suis un bel exemple de l'extrême pertinence pour le Parti québécois d'axer sa prochaine campagne électorale sur la conciliation famille-travail. Pour ceux aussi qui se poseraient la question, je n'ai rien de précis qui m'attend sur le plan professionnel. Il y a plusieurs avenues qui me tentent; je verrai ça en temps et lieu.
Et puis, vous me permettrez en terminant de remercier chaleureusement, et non sans émotion, pour la qualité des relations que nous avons su maintenir au fil des neuf dernières années, mes concitoyens du comté de Fabre, à Laval; tous les militants du Parti québécois de ma circonscription; tous ceux et celles qui ont oeuvré avec moi dans les divers cabinets ministériels et au bureau de comté; tous les fonctionnaires qui travaillent dans les ministères que j'ai eu l'honneur de diriger; mes collègues parlementaires de toutes les formations politiques; les premiers ministres, bien sûr, sous lesquels j'ai eu l'immense privilège de servir; et, en dernier lieu, je veux vous remercier vous aussi, les représentants des médias écrits, électroniques, avec lesquels moi, en tout cas, je peux dire, que j'ai toujours entretenu des rapports absolument cordiaux. Je vous remercie beaucoup.
M. Boivin (Mathieu): Alors, comme d'habitude, une période de questions en français, suivie des questions en anglais. Pascale Breton.
Mme Breton (Pascale): M. Facal, j'aimerais savoir pourquoi vous décidez d'annoncer cette décision-là aujourd'hui alors que, bon, c'est déjà une grosse journée: M. Landry est à Ottawa pour la Conférence des premiers ministres et M. Chrétien. Pourquoi aujourd'hui?
M. Facal: J'en ai parlé à M. Landry jeudi dernier, et nous avions convenu de déterminer ensemble, avec les gens de son cabinet, le meilleur moment pour l'annoncer. Et c'est en toute connaissance de cause que, de part et d'autre, nous avons convenu qu'aujourd'hui serait une journée aussi bonne qu'une autre.
Mme Langlois (Sophie): Devons-nous donc comprendre de cela que M. Landry ne veut pas avoir l'attention des médias aujourd'hui alors qu'il est à Ottawa?
M. Facal: Madame, je vous laisse libre de faire toutes les spéculations que vous voulez. Je note que vous ne me demandez généralement pas l'autorisation pour spéculer. Alors, spéculez.
M. Boivin (Mathieu): Tommy.
M. Chouinard (Tommy): M. Landry semble miser davantage sur la social-démocratie en vue des prochaines élections. Est-ce que vous y avez vu, vous, une rebuffade par rapport, peut-être, à votre, je ne sais pas, tendance réformiste au sein du Parti québécois?
M. Facal: Pas du tout. Pas du tout, parce que l'étiquette «social-démocrate» est une étiquette à laquelle je m'associe et que je revendique pour moi. Je pense simplement qu'il faut moderniser la social-démocratie. Je demeure profondément social-démocrate. Et vous avez vu les évolutions de part et d'autre au fil des mois. Quand un de vos collègues de La Presse a révélé que des fonctionnaires du Conseil du trésor, que j'avais mandatés, travaillaient depuis quelques mois à l'allégement des structures gouvernementales, j'ai été obligé de confirmer que c'était vrai. Et quand j'ai montré à M. Landry une première version des directions de nos travaux, vous avez vu qu'il s'en est dit absolument ravi. Donc, moi, j'ai bon espoir que ce que je vais rendre public, comme prévu, occupera une bonne place dans la plate-forme électorale du parti. Je pense que le Parti québécois est, des trois partis en liste, le mieux placé pour moderniser la social-démocratie.
M. Boivin (Mathieu): Gérard Deltell.
M. Deltell (Gérard): M. Facal, j'aimerais vous entendre davantage parler de conciliation entre travail-famille. On sait que le premier ministre a insisté beaucoup, en fin de semaine, sur cette réalité-là. Et là voilà qu'aujourd'hui, vous, pour des raisons familiales, vous quittez la vie politique. Quel curieux message vous envoyez à la population: Si vous voulez faire de la politique, oubliez la famille. Si vous avez une famille, oubliez de faire de la politique.
M. Facal: Bien, je pense que le message que j'envoie, c'est d'abord celui de l'extrême pertinence de faire de la conciliation famille-travail un enjeu majeur de discussion, pas seulement pendant une campagne électorale, mais plus largement dans notre société. C'est ça, la nouvelle réalité des familles d'aujourd'hui.
Ajoutez à cela que la politique, c'est quelque chose de particulièrement exigeant. Ça ne me tente plus de faire mes valises le lundi soir, de dire au revoir aux enfants le mardi matin ou même, généralement de partir assez tôt et assez silencieusement pour ne pas les réveiller, de rentrer le jeudi alors que, souvent ils sont déjà couchés, et de faire ça à l'année longue, sans compter les sessions parlementaires qui, finalement, occupent quelque chose comme cinq mois du calendrier, avec les deux mois de session intensive, à la fin du printemps et à la fin de l'automne, c'est quelque chose de très exigeant. Et, après neuf ans, j'avais le goût de me recentrer davantage sur ma vie familiale. Il n'y a aucune autre raison à ma décision. Mes convictions demeurent absolument entières.
M. Deltell (Gérard): ...l'exemple qu'on ne peut pas concilier la vie politique avec la vie familiale?
M. Facal: Je ne m'aventurerai pas à prétendre que je suis l'incarnation d'une réalité valable pour tous. Si d'autres y réussissent, tant mieux pour eux.
Notez d'ailleurs ce que j'ai dit tout à l'heure: on peut très bien être à la fois ministre et père de jeunes enfants. C'est possible. Mais vous ne pouvez pas consacrer également aux deux rôles aussi pleinement que je souhaiterais.
Si je suis à la maison avec mes enfants aussi souvent que je voudrais, c'est le travail de ministre qui va en souffrir parce que c'est un travail très exigeant. Et si je me donne à ma tâche de ministre aussi intensément qu'elle l'exige et que le méritent les électeurs, là, nécessairement, c'est ma présence à la maison qui n'est pas au niveau que je souhaiterais.
Alors, étant donné qu'après neuf ans, j'en suis venu à la conclusion qu'il était temps pour moi d'essayer autre chose, je vais rester un militant de la souveraineté.
Et puis, vous savez, je n'ai pas la prétention de me croire irremplaçable. Écoutez, le Parti québécois a survécu aux départs de René Lévesque et de Lucien Bouchard. Alors, je n'ai aucune espèce de doute qu'il y a de la relève au Parti québécois. Puis je vais rester un militant bénévole dans mon comté.
M. Boivin (Mathieu): Gilbert Lacasse.
M. Lacasse (Gilbert): L'allégement des structures gouvernementales, c'est une chose. Mais le cri d'alarme que vous aviez lancé en juin et à nouveau en septembre portait également sur les dépenses des programmes du gouvernement qui vous semblaient... qui ne semblaient pas correspondre à nos moyens comme société.
Est-ce que vous quittez rassuré ou si vous croyez toujours qu'on est engagé dans des programmes de dépenses beaucoup trop généreux par rapport à nos moyens et à l'hypothèque qu'on ne veut pas laisser à nos enfants?
M. Facal: D'abord, pour ce qui est de l'année 2002-2003, nous terminerons l'année sans déficit. Donc, le cap est maintenu sur une gestion des finances publiques rigoureuses.Pour ce qui est de l'avenir, il n'est évidemment pas écrit d'avance, mais j'ai le sentiment que les Québécois, même s'ils ont trouvé ça difficile, ne regrettent pas d'avoir fait les efforts qui ont permis d'assainir les finances publiques et ne souhaiteraient pas retomber en déficit. Il faudra donc que tous les gouvernements de l'avenir se gouvernent en conséquence.
M. Lavoie (Gilbert): D'accord. Mais, comme président du Conseil du trésor, vous voyez les tendances en termes d'évolution des tendances publiques. Vous voyez l'assurance médicaments, vous voyez les garderies, vous voyez le service de la dette qui est toujours très élevé, la hausse des coûts de la santé. Est-ce que vous croyez toujours qu'il y a un virage à prendre important au Québec?
M. Facal: Ah! C'est clair que fondamentalement les Québécois nous disent: On veut plus de dépenses en santé, on veut plus de dépenses en éducation, on veut plus de dépenses en famille et en même temps on voudrait payer moins d'impôts.
Vous comprenez que là on est en pleine contradiction et, dans un contexte où à l'avenir la population va vieillir, la natalité risque de n'être pas suffisamment au rendez-vous pour assurer le renouvellement démographique requis. Vous allez nécessairement avoir une pression fiscale de plus en plus forte sur les travailleurs, qui vont devoir financer des services publics que nous sommes 100 % des contribuables, des citoyens plutôt, à consommer.
Donc, nécessairement il faudra tôt ou tard ouvrir ce débat. Je pense d'ailleurs que ce débat est engagé. Au cours de la prochaine campagne électorale, vous allez voir les partis avec des positions assez campées et fondamentalement il va falloir que les Québécois regardent la réalité en face.
C'est d'ailleurs un débat, notez bien, qui n'est pas propre au Québec. Dans toutes les sociétés occidentales, on fait ce débat. La différence évidemment – et je souhaiterais que cela soit peut-être mieux compris que ce ne fut le cas au mois de juin. M. Dumont propose un virage profond vers la droite. Moi, ce que je dis, c'est qu'il faut moderniser la social-démocratie. Moi, je pense qu'il y a des choses qu'il faut garder, des choses qu'il faut changer. Je ne suis pas favorable à un démantèlement pur et simple.
Cela dit, vous conviendrez avec moi, M. Lavoie, que, aujourd'hui, je voulais essentiellement vous annoncer une décision personnelle et que nous aurons d'autres lieux puis d'autres occasions pour philosopher sur l'avenir de la société québécoise. J'ai l'intention de rester un acteur public qui va participer aux débats publics.
M. Boivin (Mathieu): Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): Ça ne se prend pas du jour au lendemain, une décision comme celle-là. Vous avez dû en discuter avec votre épouse, tout ça, et vous avez peut-être dû en discuter pendant une période où le Parti québécois n'allait pas nécessairement dans les sondages. Est-ce que vous avez craint finalement ou est-ce que ça a alimenté votre réflexion, ce spectre de ne pas être finalement réélu, de toute façon, dans Fabre?
M. Facal: Non, ça n'a absolument pas traversé mon esprit. C'est-à-dire que je voyais bien, je voyais bien les fluctuations de la conjoncture politique, mais, au bout du compte, je vous assure, et je vous prie simplement de me croire, que ma décision est absolument indépendante de la conjoncture politique. À preuve, j'annonce ma décision au moment où le Parti québécois est en pleine remontée plutôt que l'inverse. Il y a quelques mois, les gens prédisaient la disparition du Parti québécois. Aujourd'hui, les gérants d'estrade sont un petit peu plus prudents.
Alors, je vous assure que, qu'on soit à 20 %, 35 % ou 50 %, ma décision aurait été la même. C'est l'aboutissement d'un processus qui s'est quand même échelonné sur plusieurs mois, et j'ai finalisé ma décision pendant les vacances que j'ai prises dans le Sud pendant la période des fêtes. M. Trudeau, jadis, avait pris une marche dans la neige, mais, moi, j'ai pris une marche dans le sable.
M. Plouffe (Robert): Pas question pour vous de revenir avec une autre formation que le Parti québécois? Vous dites que vous ne fermez pas la porte à un retour éventuel en politique, un retour avec l'ADQ? Parce qu'on vous a prêté, à un moment donné, plus de vision vers la droite que vers...
M. Facal: Ah! M. Plouffe. Alors là, vraiment, vous êtes, comme on dit, totalement dans le champ. Je n'ai qu'une famille politique, et c'est le Parti québécois. J'ai bien l'intention d'y rester et de m'y faire entendre. Et, à aucun moment, à aucun moment, je n'ai été traversé par le début du soupçon de la queue d'une idée d'aller dans une autre famille politique.
Vous vous rappellerez aussi, vous qui avez suivi les débats en Chambre, qu'à deux ou trois reprises M. Dumont m'a questionné et que ça m'a donné, à la période des questions, l'occasion de dire ce que je pensais du programme de l'ADQ, que j'avais assimilé à un bricolage idéologique, ce qui ne dispense pas ceux qui se disent progressistes au Québec de bien voir qu'on est au XXIe siècle maintenant, qu'on n'est plus en 1980.
M. Boivin (Mathieu): Martin.
M. Ouellet (Martin): M. Facal, au mois de juin dernier, vous pressiez le PQ de prendre ses distances des groupes de pression, des groupes d'intérêt, des syndicats et de se rebrancher sur la classe moyenne, de revoir son programme. Est-ce que le PQ, selon vous, a compris le message ou on nage encore en 1978, là?
M. Facal: Je crois que le Parti québécois a compris le message et je pense que vous allez le voir notamment dans la plate-forme électorale du parti. Vous allez voir que le parti reste fidèle à un certain nombre de valeurs fondamentales qui, elles, ne doivent pas souscrire aux effets de mode mais qu'en même temps le Parti québécois prend acte du fait que la société change, que ce que vous appelez et que j'appelle la classe moyenne a des attentes notamment la conciliation famille-travail.
M. Boivin (Mathieu): Rhéal Séguin.
M. Séguin (Rhéal): Est-ce que vous demeurez...
Mme Langlois (Sophie): Est-ce que tu poses ta question en français, Rhéal?
M. Séguin (Rhéal): Oui, oui, c'est...
Mme Langlois (Sophie): O.K. vas-y.
M. Séguin (Rhéal): Est-ce que vous demeurez comme président du Conseil du trésor ou est-ce que vous démissionnez également comme ministre? Est-ce que M. Landry vous a parlé de votre rôle d'ici la fin du mandat?
M. Facal: Ah non, mes chers amis, je veux qu'il ne subsiste aucune espèce de confusion: moi, je reste jusqu'au déclenchement des élections.
M. Séguin (Rhéal): Comme ministre?
M. Facal: Oui, à moins que le premier ministre ne décide de procéder à un remaniement, ce dont il ne m'a pas informé, ni moi ni, je crois, aucun de mes collègues, à moins que vous ayez évidemment des primeurs que je vous prierais de partager avec nous. Moi, j'ai fait état de mon désir de continuer dans mes fonctions jusqu'à la fin du présent mandat et je crois que ça ne cause aucun problème à personne. J'ai d'ailleurs beaucoup de pain sur la planche. Dans quelques jours, on doit rendre public le plan sur la diversité dans la fonction publique. Vous savez que, à de nombreuses reprises, j'ai dit qu'il n'y avait pas, dans la fonction publique, suffisamment de Québécois issus de l'immigration, suffisamment d'anglophones, suffisamment de gens issus des communautés autochtones. Nous allons rendre public un plan pour attaquer de front cette question. Je vais aussi, comme je vous l'avais dit, rendre public un plan d'allégement des structures de l'État. Les travaux sur l'équité salariale se poursuivent. Les négociations aussi avec les centrales syndicales sont enclenchées. Tout ça se poursuit.
M. Séguin (Rhéal): Si, également, que vous allez un jour revenir à la politique active, est-ce que le jour où vous allez revenir, le Québec sera souverain?
M. Facal: Bien, j'espère que le Québec sera souverain le plus rapidement possible. Et, à cet égard, moi, je reste absolument confiant, absolument confiant que la souveraineté est atteignable beaucoup plus rapidement que ne le pensent les sceptiques, et surtout, surtout, je crois que la souveraineté du Québec qui, rappelez-vous, jadis était présentée comme une option parmi d'autres à côté d'autres possibilités comme le renouvellement du fédéralisme, aujourd'hui, la souveraineté, c'est une nécessité, c'est la dernière avenue collective qui n'a pas encore été tentée. Tout le reste a échoué.
Il n'y a personne au Québec qui véhicule un projet crédible de renouvellement du fédéralisme. Quant à l'Action démocratique, après avoir fait illusion un certain temps, a tenu, par la voix de M. Bourque, des propos qui feront que certainement M. Brien qui se prétend toujours souverainiste devrait, lui, se poser de sérieuses questions sur le choix qu'il a fait, alors moi, je reste un péquiste, un souverainiste convaincu que c'est possible et tout à fait déterminé à faire ce que je peux, modestement, pour que ce jour-là arrive le plus rapidement possible, parce que – et vous parliez de mes enfants – rien ne me ferait plus de peine que de voir, dans plusieurs années, mes enfants parvenus à l'âge que j'ai aujourd'hui et radotant encore cette question-là.
Mme Langlois (Sophie): M. Facal, vous dites que votre réflexion a duré plusieurs mois. Alors, dans les faits, vous êtes père depuis quatre ans et demi; donc, votre déchirement de père politicien n'est pas nouveau. Alors, qu'est-ce qui vous a décidé maintenant que c'était assez?
M. Facal: Eh bien, c'est parce que, quand on entre en politique, on n'y entre pas, comme en religion, pour la vie. La politique, à moins d'être très, très, très prétentieux et de se croire éternel, la politique, ça se fait un mandat à la fois, et c'est quand vous arrivez à la fin d'un mandat que vous devez vous poser la question si vous en sollicitez un nouveau.
Moi, j'ai, avec les électeurs de mon comté, un contrat. Je vais les représenter pendant la durée entière d'un mandat, et j'ai l'intention de m'acquitter de la totalité du contrat que j'ai avec les électeurs de mon comté. J'avais à me poser la question si je voulais quatre autres ou cinq autres années à être loin de la maison, et la réponse, c'est: Non, merci. J'ai déjà donné.
Mme Langlois (Sophie): Est-ce que vous ne mettez pas un peu votre premier ministre et votre parti dans le trouble? Parce que vous étiez un des quelques ministres qui permettaient à votre gouvernement et à votre parti de montrer un certain renouvellement, une certaine jeunesse. Vous êtes un jeune ministre, probablement le plus jeune président du Conseil du trésor, est-ce que vous ne mettez pas un peu votre gouvernement et votre parti dans l'embarras en partant comme ça?
M. Facal: Je ne pense pas que je mette mon parti ou mon gouvernement dans l'embarras. Je crois qu'au Parti québécois, il y a, vous allez le voir, une riche relève. Je n'ai pas la prétention de me considérer irremplaçable. De toute manière, je ne démissionne pas, je termine mon mandat et je suis entièrement solidaire du bilan de ce gouvernement auquel j'ai été très fier, très, très fier d'être associé.
M. Boivin (Mathieu): Mylène.
Mme Moisan (Mylène) : Oui. Est-ce que vous n'avez pas peur d'envoyer l'image de quelqu'un, malgré vous, de quelqu'un qui quitte le navire avant qu'il ne coule, l'image que ça va donner, hors mis le traitement qu'en feront les médias, le message que ça va envoyer? Est-ce que vous avez peur de ça?
M. Facal: Bien, je compte sur vous d'abord pour envoyer un message qui reflétera la réalité de ce que je vous ai dit.
Pour le reste, je ne cesserai pas de militer. Je ne considère pas que je sois irremplaçable. Et, d'ailleurs, l'interprétation que vous évoquez aurait peut-être été possible si j'avais annoncé ma démission au moment où beaucoup d'entre vous prédisiez la disparition du Parti québécois. Mais j'annonce ma décision au moment où le Parti québécois est en pleine remontée, tout à fait indépendamment, donc, de la conjoncture politique.
À la fin de chaque mandat électoral, vous avez un renouvellement du corps politique. Et comme je suis rentré en politique relativement jeune, un des plus jeunes, il est normal, après deux mandats – ce qui est déjà d'ailleurs plus long, je crois, que la durée moyenne des séjours au parlement – après deux mandats, il est normal, il est humain d'avoir peut-être envie de faire autre chose dans la vie.
Je m'étonne que quand des gens dans d'autres sphères de la vie ont envie de relever de nouveaux défis, on ne leur prête pas d'autres motifs que celui-là. Mais quand, en politique, on choisit ou on annonce qu'on a envie de faire autre chose, là on commence tout de suite à questionner votre interprétation. Pourquoi?
M. Boivin (Mathieu): On va passer maintenant aux questions en anglais. Maité, s'il vous plaît.
Mme Ormaechea (Maité): M. Facal, I just wanted to ask you, when you talked to Bernard Landry and you told him about your decision, what did he say to you?
M. Facal: Well, it was a private conversation, so needless to say it will remain private. Let me just say that it was a friendly talk as are all private meetings with such a warm person, and he said that he understood. You know, he's been in politics long enough to know and understand at first hand the toll it takes on you and on the people you love.
Mme Ormaechea (Maité): Did he try to convince you to stay?
M. Facal: I just said it was a private meeting. It would not be private if I kept on talking about it.
M. Séguin (Rhéal): It is a crucial point, whether the leader of the party, the Premier try to convince you to stay.
M. Facal: He did not. He said he understood my reasons because obviously he realized that they were very well thought out.
Mr. Landry is the sort of human being who understands that though you can be totally devoted to a cause, there are other aspects to life than simply politics.
M. Panetta (Alexander): First one, even though your party has definitively made significant gains in the poles in the last several months – please allow me one cynical question – your riding is a difficult one for the Parti québécois, it's a riding that could go either way, I'm just wondering whether the potential loss of a riding would urge you to sort of step back, let the situation play itself out and, you know, just maybe come back to politics one day... M. Facal: Not at all for one basic reason: politics in Laval has always been a dangerous business. I know that in 1994, I knew that back in 1998. So there's nothing new to the fact that elections always close in Laval.
Please, if you look at the numbers, you'll see that between the 1994 results and the 1998 results, I doubled my majority. And, yes, Fabre is the riding which gives the PQ it's biggest majority in Laval.
More than that, with the demographic profile of the riding, any three-way race, I'm extremely optimistic for the PQ candidate in Fabre. I think we can win.
M. Panetta (Alexander): One more question: you said here in your statement that you'll come back, you'll return «sans doute» to politics one day.
M. Facal: Sans doute.
M. Panetta (Alexander): Sans doute. I'm just wondering, I'll just ask you a point blank: Would that capacity... In what capacity would you see yourself maybe returning? Do you have burning ambitions to potentially lead the Parti québécois one day?
M. Facal: Are you out of your mind? Ha, ha, ha! It absolutely never cross my mind. Never. It takes too much dedication, it takes too much hard work. And in order to want to be the leader of the party, you need to have a fire in the belly that I don't have. I love politics but not enough to give it that amount of time and energy.
Now, as to in what capacity I'd like one day to come back, who knows? But to hook up with Mr. Séguin's question, I hope I can in some way contribute to the fact that, when I come back, if I come back, you know, we have settled the question of sovereignty.
Mme Hanes (Allison): Mr. Facal, you've gone to great lengths today to assure us that you are leaving politics after the end of this mandate for purely personal reasons. But nevertheless, I think, if I'm counting correctly, you're the sixth minister to leave this party in the last year. And how much do you think that plays on public perceptions, in terms of... We're at a time right now where the PQ is rebounding in the poles; how fragile do you think that rebound is and how much of a roll do you think, as sixth minister, and not to mention a young, bright, articulate...
M. Facal: Thanks! Keep on going!
Mme Hanes (Allison): ...Ha, ha, ha! – and capable one, in terms of public perception, how do you think that effects the rebound that we've seen?
M. Facal: Well, I think that the people are perceptive enough to see the vital difference between my case and the other cases to which you have referred. Mr. Brassard, Mr. Chevrette, Mr. Cliche left in the wake of a cabinet shuffle that did not turn out the way they would have want it to turn out. I am not at all in that situation. First of all, I'm not quitting, I'm going until the end of my mandate; two, I have no disagreements with anyone, I'm not mad at anyone, and I really think that the PQ has turned the corner and is on the upswing.
M. Boivin (Mathieu): Dernière question. Brando.
Mme Brando (Jessica): Do you think that it's workable, politics and family? It seems to... We got Mr. Dumont with three young children who seems to be ready to take on a fairly large roll in politics; you're saying: With two young children, it's not feasible to be a minister.
M. Facal: I'm not saying it's not feasible. I'm saying that if I do my ministerial duties to their fullest, as the people expect us to do, then, you're not at home as often as you would like and your children suffer from it and you suffer from not being with them as much as you would like. And if you spent as much time at home, as I'd like to, then, that is hardly compatible with a job which, lets face it, is not a 9 to 5 five days a week job. But it is not up to me to pass judgement as to the way others cope with that situation.
Mme Ormaechea (Maité): Mr. Facal, just one last question in English. Can you tell us again how far has the PQ gone in actually satisfying your demands to relook at the Québec model, to take into account more than it will cost? In English, please.
M. Facal: Well, frankly, you see, the necessity to modernize the Québec model is blocked about by demographic changes, by new values emerging, and so on. So, it is not possibly something which can be transformed and changed overnight or in a five or six months period. It's an ongoing process. As a matter of fact, it's not only the PQ, it's the whole of Québec society, the whole of the Western world which has to deal with these new forces. But, definitely, I was extremely glad and satisfied to hear the Premier, at the end of last year, reacting with a full measure of satisfaction to the first proposals I submitted to him about a modernized, lighter, more efficient Québec stage. But, of course, it's an ongoing process.
Mme Ormaechea (Maité): Did it go far enough to reconcile the dual philosophical position, one is just hold on tight to the Québec model, the other is to really revisit it?
M. Facal: I never really felt that there was as bigger gap as some of you might have thought. The PQ has always been a coalition being able to accommodate different tendencies or sensibilities.
M. Boivin (Mathieu): C'est terminé.
(Fin à 11 h 50)