(Onze heures deux minutes)
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
Je vais d’abord confirmer que l’UPAC a visité la permanence du Parti libéral du
Québec, comme il a été annoncé hier aux nouvelles. Bien sûr, je ne ferai… nous
ne ferons aucun commentaire sur l’enquête policière en cours. Elle doit suivre
son cours, et, de toute façon, cette enquête sera rendue publique de toute
façon, d’une façon ou d’une autre, soit par divulgation, par mécanisme légal,
des motifs de la perquisition, soit lorsque des accusations, le cas échéant,
seront portées. L’enquête fera la lumière, je veux qu’elle fasse la lumière. Je
ne veux aucun compromis, je veux la vérité. Je veux que, si des personnes ont
agi illégalement, qu’elles en répondent et je veux réaffirmer que personne
n’est au-dessus des lois chez nous.
Je suis revenu en
politique dans un environnement transformé. Avant l’élection de septembre, rappelons
quelques gestes posés : la création de cette unité, de l’UPAC, dont on
disait à l’époque, souvenez-vous, qu’elle était une coquille vide, apparemment
non; la commission Charbonneau, la loi anti-prête-noms. Après l’élection, de
façon unanime, à l’Assemblée nationale, nous avons changé le mode de
financement des partis politiques pour le mieux, avec la limite de 100 $.
Au parti, j’ai lancé, dès
mon accession à la direction des travaux qui portent notamment sur la réforme
de la gouvernance du parti, la création d'un code d’éthique. Il faut savoir que
les partis politiques du Québec n'ont pas de code d’éthique. Nous allons en
avoir un, mais nous n’aurons pas seulement un code d’éthique, un document, nous
aurons une gouvernance éthique. Ce n'est pas tout de publier un code d’éthique,
il faut indiquer aux gens ce qu'il veut dire, comment on veut qu'ils ou
qu'elles se comportent pour utiliser ce code d’éthique. Robert Poëti dirige
d’ailleurs les travaux de ce groupe. Sur le financement, Robert Dutil aide nos
collègues députés — et c'est une bonne chose — à aller vers
le nouveau mode de financement populaire, qui est excellent, encore une fois
que je salue de façon très positive.
À ce sujet, je voudrais dire un mot
concernant la lettre du député de Robert-Baldwin qui a été relevée dans les
médias au cours des dernières heures. Je veux être très clair. J’entendais le
journaliste de Radio-Canada — ou de RDI, là, c'est la même
chose — dire hier que la lettre était malhabile. Elle n'est pas
malhabile, elle est inacceptable et inappropriée. Je ne veux pas de tel lien,
je n’accepterais pas de tel lien entre des décisions de subvention et des
autorisations quelconques et le financement. S’il y a une piastre qui rentre
dans le parti de même, je ne veux pas la piastre, je ne veux pas cet argent-là.
Bon, ça ne doit pas se reproduire, cela ne se reproduira pas. On a plus de
50 000 membres, maintenant, au parti, des milliers de contributeurs qui
nous soutiennent sur la base de nos idées, comme, par exemple, au cours des
derniers jours, sur la base des défenses des libertés. C'est comme ça que le
financement se fait, c'est comme ça qu'il va se faire et ça s’arrête là. Merci
beaucoup.
Le Modérateur
: On va
prendre des questions. Je vous rappelle, juste pour l’identification, là, de
dire le nom, média.
M. Couillard (Philippe): Même si je
vous connais un peu, ça vaut la peine.
Le Modérateur
: On va
commencer au micro de gauche, M. Couillard.
M. Couillard (Philippe): Pardon,
oui.
Mme Prince (Véronique)
:
Véronique Prince, à TVA. Puisqu’en arrivant comme nouveau chef vous avez promis
plus de transparence, plus d’éthique, pourquoi, à ce moment-là, ne pas avoir
averti vos députés de cette perquisition-là, de la visite de l’UPAC? Pourquoi
aussi ne pas avoir averti le public en juillet et qu'on l’apprenne de cette
façon-là?
M. Couillard (Philippe): O.K.
D’abord, on a eu une discussion prolongée sur cette question-là. C'est le genre
de situation où on peut avoir des arguments d'un côté ou de l’autre. D’abord, je
voudrais dire que le comité restreint, le comité directeur de l’exécutif du
parti a été informé immédiatement, et il y a un député sur le comité exécutif,
c'est Robert Dutil. Alors, il y a… les instances du parti ont été informées.
Comme la police, vous avez vu, ils ont fait en général des annonces publiques
et ils l’ont fait de façon très visible, en général, leur perquisition. Ça n'a
pas été le cas cette fois. Vous leur demanderez pourquoi, si, le cas échéant,
vous avez à leur demander. Étant donné cet aspect-là, étant donné qu'on ne
voulait pas… qu'on a jugé qu'on ne voulait pas nuire aux enquêtes, on s'est dit
que, de toute façon, la chose allait être rendue publique. Là, ça a été par un
reportage médiatique. Mais je rappelle que, de toute façon, il y a un mécanisme
légal qui fait en sorte qu’après un certain délai c'est rendu public et que,
bien sûr, s’il y a des accusations, elles seront hautement publicisées.
Alors, c'est le raisonnement qu'on a suivi
à l’époque. Évidemment, les arguments étaient dans un sens ou dans l’autre, à
l’époque.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
Journaliste
: Bonjour,
M. Couillard. Dans cette enquête, des députés seraient ciblés. Est-ce que vous
êtes au courant de ça et est-ce que vous pouvez nous dire qui est ciblé?
M. Couillard (Philippe): Alors,
j'ai demandé, dès que j'ai entendu le reportage et que... en fait, que j’ai lu,
parce que c’était dans l’article de La Presse, je crois, qu'on
mentionne ça. Dès que j’ai lu cet extrait, j'ai demandé immédiatement que des vérifications
soient faites. Je peux vous dire qu’au moment où nous nous parlons la
quasi-totalité... je ne peux pas affirmer que la totalité des députés a été
contactée, mais pas une seule ou un seul des députés contactés n’a été
rencontré. Alors, ça, je peux le dire de façon très claire. Il n’y a pas eu
d’interview de l’UPAC auprès des députés du caucus libéral.
Journaliste
: Mais
est-ce que vous savez si certains députés sont dans la mire de l’UPAC ou sont
soupçonnés de quoi que ce soit?
M. Couillard (Philippe): Bien
non... Non seulement je ne le sais pas, mais je ne veux pas le savoir. Je ne
veux pas me mêler des enquêtes policières. Ce que j'ai fait seulement, c'est
que j'ai demandé à l’équipe parlementaire ici de vérifier auprès de chaque
député individuellement, compte tenu de l’article, si, oui ou non, ils avaient
été interviewés par les forces policières. La réponse, à date, c'est non. Il en
reste juste quelques-uns, parce qu’ils sont en déplacement, là. S’il y a des
ajustements à ça, on vous le fera savoir, mais, actuellement, aucun député n’a
été rencontré.
Le Modérateur
: On va
aller au micro de gauche. Peut-être juste vous identifier avant.
M. Chouinard (Tommy)
:
Oui. Tommy Chouinard, La Presse. Bonjour. Donc, est-ce que vous
savez si d’anciens élus du Parti libéral, qui étaient là jusqu’à tout récemment
et avec qui vous avez siégé, auraient pu être rencontrés?
M. Couillard (Philippe): Je ne le
sais pas et je ne veux pas le savoir.
M. Chouinard (Tommy)
:
Pourquoi?
M. Couillard (Philippe): Je ne
veux pas me mêler d’enquêtes policières. Si des personnes ont été rencontrées,
est-ce que ça veut dire nécessairement qu’elles sont coupables? Non. Alors, que
la police fasse son travail, que la commission Charbonneau fasse son travail. Si
des accusations sont portées, elles le seront. Si des personnes sont appelées à
témoigner, elles le feront publiquement également. Moi, je me concentre sur
aujourd’hui, ce que je fais aujourd’hui au parti. Le passé est fait, il faudra
l’assumer. Les gens qui ont agi, s’ils ont agi illégalement, l’assumeront. Mais
je ne tiens pas, moi, à m’immiscer dans les enquêtes policières de quelque
façon que ce soit.
M. Chouinard (Tommy)
:
Il y a un député de votre parti qui a dit que c’était une erreur de ne pas
avoir informé les députés dès le moment où les perquisitions ont été faites.
Aujourd’hui, est-ce que vous regrettez de ne pas avoir été plus transparent?
M. Couillard (Philippe): Non. J’essaie
de ne pas regretter ce que je fais à mesure, parce qu’on apprend, d’après
l’éclairage qu'on a, à ce moment-là, puis les arguments qu'on a de part et
d'autre. Je répéterais ce que j’ai dit tantôt à votre collègue, c'est qu'on a
eu une discussion assez poussée là-dessus, que, pour plusieurs raisons, entre
autres le fait que la police elle-même n’avait pas donné de caractère public à
cette opération-là et également qu'on ne veut pas nuire aux enquêtes
policières, qu'on a quand même informé le comité directeur de l’exécutif du
Parti libéral du Québec sur lequel siège un député. On s'est dit que, de toute
façon, la chose viendrait publique puis qu'on en rendrait compte à ce
moment-là.
Maintenant...
Le Modérateur
: On va
passer au micro...
M. Chouinard (Tommy)
:
...selon vous, de votre part?
M. Couillard (Philippe): Écoutez,
c'est difficile pour moi de l’apprécier. Je n’essaie pas de me... je veux juste
vous présenter les arguments qu'on a suivis. C'est le genre de décision... en
anglais, on dit : «Damned if you do, damned if you don’t». Il y a des
arguments des deux côtés, et je pense qu'on était quand même dans une posture
logique. Puis, de toute façon, j’étais préparé qu’un jour ou l’autre la chose
devienne obligatoirement publique.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
M. Lavallée (Hugo)
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada. M. Couillard, vous semblez nous dire que, bon, la situation
est sous contrôle, l'UPAC fait son travail. Vous parlez d’ailleurs d’une visite
de l'UPAC, mais, sauf votre respect, ce n'est pas une visite de courtoisie, là,
c'est une perquisition.
M. Couillard (Philippe): Bien,
j’ai utilisé le mot «perquisition» par la suite.
M. Lavallée (Hugo)
: Est-ce
qu’il n’y a pas, à l’usage même du type de discours que vous tenez aujourd’hui,
une forme de déni de la gravité de ce geste-là?
M. Couillard (Philippe): Non.
Absolument pas.
M. Lavallée (Hugo)
: Ce
n'est quand même pas banal, là, une perquisition dans les locaux du...
M. Couillard (Philippe):
Absolument. Si je suis devant vous, c'est parce qu’au contraire je dis que ce
n'est pas banal. Et je répète encore une fois ce que j’ai dit tantôt :
aucun compromis. On veut la vérité. Je veux la vérité et que, si des personnes
ont agi illégalement, qu’elles aient à en répondre. Je ne banalise absolument
pas cet événement-là. Je ne serais pas ici si je le banalisais.
Alors, je veux transmettre le message que
ce n'est pas acceptable. En passant, pas plus dans notre parti que les
autres formations politiques, pas plus au niveau provincial qu’au niveau
municipal ce n'est acceptable, et c'est le message que je veux transmettre haut
et fort.
M. Lavallée (Hugo)
: Et
donc, depuis que vous êtes chef du Parti libéral, il y a eu toutes ces
questions sur la façon dont vous aviez quitté la politique à l’époque, les
tractations avec la firme privée vers laquelle vous êtes allé, l’arrestation du
Dr Porter, maintenant cette perquisition-là. Est-ce que ça ne fait pas beaucoup
de questions toujours qui reviennent un peu au même thème, celui de l’intégrité
du Parti libéral et de votre intégrité? Est-ce que ce n'est pas un peu
troublant, cette accumulation de doutes et de questions sur ces deux thèmes là?
M. Couillard (Philippe): Bien, je
pense que, quand on fait des liens comme vous le faites dans votre question, peut-être.
Mais vous citez des éléments totalement dissociés les uns des autres puis vous
en faites un continuum.
Actuellement, ce que je vous dis, c'est
qu’au jour d’aujourd’hui, depuis que je suis devenu chef du Parti libéral du
Québec, on a accompli des changements déjà très importants, qui vont se
poursuivre. Ces changements avaient commencé auparavant, en passant, et de
faire de tels liens, là, à mon avis, ce n'est pas acceptable. C'est toujours la
question de l’association, puis des hypothèses, puis des rumeurs. Moi, je
n’embarque pas là-dedans.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Jessica Nadeau, Le Devoir.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Bonjour. Les mandats de l’opération ont été mis sous scellés et certains médias
demandent à ce qu’ils soient relevés. Est-ce que vous seriez d’accord à ce
qu’on rende public le mandat de l’opération dès maintenant?
M. Couillard (Philippe): Alors, je
vais être bien clair, là, ce n'est pas nous qui avons demandé que ces mandats
soient sous scellés. C'est une décision de la police et, je suppose, en collaboration
avec les procureurs. Alors, ce n'est certainement pas moi qui vais commenter
ça, là. La question doit leur être adressée. Mais je pense que Radio-Canada a
déposé une action en justice qui va être entendue devant le tribunal. La
réponse va être apportée à ce moment-là.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Mais est-ce que vous pourriez, vous, vous opposer à ça?
M. Couillard (Philippe): Dans un
sens ou dans l’autre...
Mme Nadeau (Jessica)
: Est-ce
que vous êtes d’accord avec cette idée-là? Est-ce que vous aimeriez que ça
devienne plus transparent?
M. Couillard (Philippe): Qu’elle
le soit ou pas, ça ne cause pas de différence chez moi. Ce qui est important,
c'est que les forces policières décident si, oui ou non, le fait de le rendre
public peut nuire à leur enquête. C'est ça, d’après moi, qui est dans leur
réflexion. Et vous devriez leur poser à eux ou à elles la question :
Pourquoi y a-t-il des scellés, etc.? Puis c'est à eux de répondre, certainement
pas à moi.
Mme Nadeau (Jessica)
:
Mais est-ce que ça vous a surpris quand même, cette perquisition-là cet été?
M. Couillard (Philippe): Bien sûr.
Ce n'est pas un événement qui arrive... Je le disais tantôt, c'est un événement
qui sort de l’ordinaire, pour dire le moins, là. Mais, d’un autre côté, je le
vois également comme l’occasion de faire la lumière, puis je veux que la
lumière soit faite, puis je veux que les personnes qui soient potentiellement
accusées aient à répondre de leurs actes. Alors, il faut que ça passe par là.
Je répète, là, et je ne
tente pas de dévier le sujet sur d’autres formations politiques ou d’autres
niveaux de gouvernement, ce n’est pas du tout ça que je vous dis, mais je vous
dis que les mêmes préoccupations existent et doivent exister dans toutes les formations
politiques et à tous les niveaux de gouvernement. On a entrepris des
changements fondamentaux au Québec et dans notre parti, qui ont commencé avant
mon arrivée et qui se sont poursuivis après mon arrivée. Pour moi, c’est ce qui
compte, ce qu’on fait aujourd’hui pour nos plus de 50 000 membres, pour
nos milliers de bénévoles qui sont là pour s’engager pour des idées avec nous.
Mme Nadeau (Jessica) : Mais
vous parlez d’accusations… Vous avez dit : Ça va devenir public le jour où
il aura des accusations…
M. Couillard (Philippe): Bien, s’il
y en a. S’il y en a.
Mme Nadeau (Jessica) : Est-ce
que vous pensez qu’il pourrait y avoir des accusations qui vont sortir de ça?
M. Couillard (Philippe): Comment
voulez-vous que je le sache? Je n’ai aucune idée. Ce sera l’enquête qui va le
déterminer.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
M. Boivin (Simon)
: Bonjour,
M. Couillard. Simon Boivin du Soleil. Qu’est-ce qui a été
perquisitionné, M. Couillard, dans les locaux?
M. Couillard (Philippe): Bien, je
n’étais pas présent, là…
M. Boivin (Simon)
:
Mais vous avez sûrement demandé…
M. Couillard (Philippe): …mais on
me dit qu’il y a des documents qui ont été saisis à ce moment-là, dont certains
ont été retournés. Je n’ai pas de détail puis, honnêtement, je n’ai pas demandé
beaucoup de détails non plus.
M. Boivin (Simon)
:
Vous n’avez pas demandé quant à savoir quelle boîte de documents a été
perquisitionnée…
M. Couillard (Philippe): Non, parce
qu’il y a tellement de boîtes. Il y a tellement de boîtes que c’est difficile,
même pour moi, de savoir ce qu’il y a là-dedans. Mais, encore une fois, ce sont
des questions à adresser aux forces policières.
M. Boivin (Simon)
: Si
d’aventure, il est démontré que des sommes ont été frauduleusement ou, de
manière inacceptable, envoyées ou enterrées dans les coffres de votre parti, est-ce
que vous allez les rembourser?
M. Couillard (Philippe): On a toujours
dit qu’on assumerait nos responsabilités pleinement avec toutes les… autorités,
pardon, que ce soit le DGE ou les tribunaux, parce que là il s’agit
potentiellement d’accusations autres que celles liées au DGE. On ne sait pas
qu’est-ce qu’il y a autour de cette opération policière, donc on en assumera
toutes les conséquences puis, bien sûr, on va collaborer pleinement.
Ce que je vous dis,
c’est que le passé est là. On ne le refera pas, on va l’assumer, puis on va le
montrer, puis on va s’assurer que les gens aient à répondre de leurs actes. Mais
ce qui compte également, c’est le présent et l’avenir du parti dont je suis
responsable, et je peux vous dire qu’il y a un changement important en cours.
M. Boivin (Simon)
: …le
remboursement fait partie de prendre ses responsabilités?
M. Couillard (Philippe): Ça peut
faire partie de prendre ses responsabilités. On verra l’issue, on ne sait pas
l’issue de tout ça encore. Alors, attendons de voir l’issue qui suit cette
perquisition pour aller plus loin.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
M. Lacroix (Louis)
:
Bonjour, M. Couillard. Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles. M. Couillard, quand il
y a une perquisition, je ne sais pas, moi, je n’en ai jamais eu à la maison…
M. Couillard (Philippe): Moi non
plus.
M. Lacroix (Louis)
:
…mais, quand il y a une perquisition, généralement, ils doivent remettre un document
à la personne qui est perquisitionnée.
M. Couillard (Philippe): Moi, je
n’ai pas de document...
M. Lacroix (Louis)
:
Non, mais le parti doit en avoir un, j’imagine.
M. Couillard (Philippe): Il est
possible que quelqu’un qui était là ait eu… on lui ait présenté un document.
Selon mes informations, le document n’a pas été laissé là. Je ne peux pas vous
dire plus que ça, là.
M. Lacroix (Louis)
: Si
vous aviez le document, là, en main au Parti libéral, est-ce que vous
accepteriez de le rendre public?
M. Couillard (Philippe): Bien, il
serait probablement sous scellé. La question, elle revient à celle de tantôt. Si
les forces policières ont décidé de mettre sous scellé ce document, c’est pour
des bonnes raisons, liées à leur enquête. Alors, on ne commencera pas à
détricoter ça. C’est à eux et à elles, les forces policières, de dire quelle
est leur politique par rapport au scellé. C’est à eux que vous devez adresser
cette question.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais ma question, c’est : S’ils donnent un document, là, au Parti libéral…
M. Couillard (Philippe): Bien là,
vous êtes dans une hypothèse…
M. Lacroix (Louis)
:
…vous pouvez en faire ce que vous voulez, là.
M. Couillard (Philippe): Vous êtes
dans une hypothèse, on n’en a pas de document.
M. Lacroix (Louis)
:
Vous êtes sûr et certain que vous n’avez pas le document?
M. Couillard (Philippe): On n’en a
pas, de document. Donc, parlez à ceux qui l’ont émis, ceux qui ont mis les
scellés, puis ils vont vous répondre.
M. Lacroix (Louis)
: Vous
avez dit qu’aucun de vos députés n’avait été rencontré par des policiers. Est-ce
que vous l’avez été?
M. Couillard (Philippe): Non. Non.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
M. Dutrisac (Robert)
:
Bonjour, M. Couillard. Robert Dutrisac du Devoir.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
M. Dutrisac (Robert)
:
Vous ne voulez pas qualifier d’erreur cette décision que vous avez prise, ça
pouvait aller dans un sens ou dans l’autre. Est-ce que, selon vous, elle
serait... cette décision-là serait conforme à une future gouvernance éthique du
Parti libéral dont vous avez parlé?
M. Couillard (Philippe): Écoutez,
cette culture-là, elle est absolue, puis il n’y a pas de compromis dedans, je
veux le réaffirmer.
Maintenant, je vous expliquais tantôt les
circonstances qui ont entouré ces discussions-là. C’est des décisions que
j’assume comme chef du parti mais qui se sont prises avec une discussion assez
prolongée, où plusieurs éléments ont été pris en considération, notamment le
fait… je répète encore une fois que les forces policières ont décidé de ne
faire aucune publicité ou de ne donner aucun caractère public à leurs
opérations; deuxièmement, qu’on on ne veut pas nuire aux enquêtes policières;
troisièmement, que l’exécutif ou le comité directeur de l’exécutif du parti a
été mis au courant, sur lequel il y a un député.
M. Dutrisac (Robert)
: Pierre
Arcand a parlé de stratégie électorale pour justifier la décision. Est-ce qu’il
a été question...
M. Couillard (Philippe): Quelle décision?
M. Dutrisac (Robert)
:
Votre décision de ne pas rendre public, parce que ça nuirait aux...
M. Couillard (Philippe): Non. Non,
non, parce que, de toute façon — autre élément que je
répète — cette question-là allait être rendue publique d’une façon ou
de l’autre, soit par l’expiration du scellé et la publication des documents,
soit par le fait qu’on porte des accusations qui, de toute évidence, seront
publiques. Alors, non, c’est abusif de dire ça.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
M. Lavallée (Jean-Luc)
:
Bonjour, M. Couillard. Jean-Luc Lavallée, LeJournal de Québec.
Que pensez-vous du timing de cette nouvelle-là? Dans le fond, croyez-vous qu’il
s’agit d’une fuite qui arrange le gouvernement pour un peu bousiller votre
rentrée parlementaire?
M. Couillard (Philippe): Je
n’irais pas là. Je pense que ce qui est important pour les citoyens, là, autour
de ça, ce n'est pas les calculs politiques que l’un ou l’autre peut en faire,
mais les faits puis ce qu’on dit sur les faits. Alors, moi, je ne commencerai
pas à faire de tels liens. Je vous laisse à vous le loisir de les analyser en
termes de chronologie, là, mais moi, je ne veux pas faire ce genre de lien là.
M. Lavallée (Jean-Luc)
:
Mais êtes-vous déçu que les projecteurs soient braqués sur votre formation politique
aujourd’hui, en cette journée de rentrée parlementaire?
M. Couillard (Philippe): C’est une
journée qui est moins agréable que d’autres, mais, comme chef du parti, c’est
mon devoir de l’assumer puis d’être devant vous pour en répondre. Ça fait
partie de ce que je dois faire.
Journaliste
: How can
you believe that...
Le Modérateur
: On va
juste... Juste un instant. Est-ce que vous avez une question en français pour
terminer?
Le Modérateur
: Une
dernière question en français, à la gauche.
M. Robitaille (Antoine)
:
Oui, Antoine Robitaille, Le Devoir.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
M. Robitaille (Antoine)
:
Sur le plan de la transparence, est-ce que ce n'est pas un faux pas malgré
tout? Vous avez promis la transparence...
M. Couillard (Philippe): Et puis
je l’assume. Il y a beaucoup de choses qui... maintenant ouvertes, qui vont
être ouvertes à notre parti, notamment le code d’éthique. Le financement se
fait, comme vous le savez, de façon totalement différente, comme pour les
autres partis politiques. Je vous ai expliqué tantôt les différents
considérants qu’on avait étudiés. C’est une décision qu’aujourd’hui j’assume,
là, mais qui a été prise de concert avec beaucoup de collaborateurs au parti,
où beaucoup de choses ont été soupesées, notamment le fait que, de toute façon,
cette chose-là allait être rendue publique.
On était également en
plein milieu de la crise de Mégantic. Est-ce qu’on aurait dit, à ce
moment-là : Bien là, ils veulent passer ça sous le radar de la crise de…
tu sais, tout est possible, hein? Alors, compte tenu que la police n’avait pas
publicisé l’affaire, on s’est dit que, de toute façon, elle serait rendue
publique, qu’on allait informer notre exécutif et qu’on allait attendre les
événements.
M. Robitaille (Antoine)
:
Donc, si je comprends votre logique, vous allez être transparent quand c'est
évident que les choses vont être rendues publiques?
M. Couillard (Philippe): Non, non,
c'est que là vous poussez l’interprétation un peu trop loin, là. De toute
façon, cette chose-là allait être rendue publique, et le fait qu’il y ait eu
cette opération-là ne signifie pas nécessairement qu’il va y avoir des
accusations. On doit le voir avec l’enquête policière en cours. On a également
jugé que le fait de donner, à ce moment-là, une communication à cet effet-là
pourrait perturber l’enquête policière.
Bien sûr, toutes les opinions sont
possibles dans une situation comme ça. Elles ont été présentées, retournées de
part et d’autre, et c'est ce qui a été décidé à ce moment-là, mais aujourd’hui
j’en réponds de façon très ouverte.
M. Robitaille (Antoine)
:
Vous avez fait partie de ce gouvernement-là, du gouvernement Charest, pendant
un bon bout de temps. Vous avez fait du financement, vous avez été invité même
dans d’autres comtés pour… comme appât pour le financement…
M. Couillard (Philippe): Je vais
vous laisser le choix de mots, là.
M. Robitaille (Antoine)
:
Mais est-ce que c'est… est-ce que vous avez vu des choses, à l’époque, qui
vous…
M. Couillard (Philippe): Non. Non.
M. Robitaille (Antoine)
:
Vous dites que ça se fait différemment maintenant. Donc, ça se faisait d’une
autre façon avant?
M. Couillard (Philippe): Bien,
non. Ce qui est différent maintenant, c'est la limite de 100 $, qui, à mon
avis, donne un environnement beaucoup plus sain, là, au financement politique,
en termes de perception, puis je suis très content que ce soit comme ça.
M. Robitaille (Antoine)
:
Mais, à l’époque, vous avez…
M. Couillard (Philippe): Mais,
pour un élu qui faisait ce genre d’activité — puis, en passant, il
n’y a pas que le Parti libéral du Québec qui le faisait, on est d’accord
là-dessus — ça se résumait de la façon suivante : il faut aller
à tel endroit rencontrer les gens dans le cadre d’une activité de financement,
on les salue, on leur serre la main, on fait une allocution et on s’en va.
Alors, les gens qui participent comme élus, là, c'est l’angle par lequel ils
voient la question d’une activité de financement. Je n’ai jamais moi-même été
témoin ou on ne m’a jamais demandé quelque lien que ce soit entre le fait
d’être présent à une activité et un avantage quelconque. Je ne l’aurais pas
accepté de toute façon.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer en anglais, au micro de droite.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Yes.
Angelica Montgomery, CJAD.
M. Couillard
(Philippe): Hello.
Mme Montgomery
(Angelica)
: You’ve talked about how
offering the transparency and the cleanup of your party and yet, at the same
time, you say you don’t want to know whether MNAs are under investigation, you
don’t want to know what documents were ceased, you don’t want to know the nature
of this investigation. How can you take control of the cleanup of this party if
you are staying almost, it seems, well thoroughly ignorant of what these…
M. Couillard
(Philippe): No, I will take control and full responsibility for what I can control. What
we do with the way we manage the party, the way we raise funds, the ethics
code, the code of ethics that we want to have at the party, of course, this is
my responsibility. But I said also earlier that we’ve asked each of our present
members if they had been met by the police until now, and only a few still need
to be talked to, none of them have been met. This is something I wanted to
know. Now, if they have met other people, I prefer to stay completely away from
that, because, if I were to be seen as interfering directly or indirectly with
the inquiry, that would be, I think, very bad.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Why did you not tell
people this rated happened in July?
M. Couillard
(Philippe): Well, we look at the situation from
many aspects. The fact, first, that the police themselves had decided not to
make it public, so they must have had reasons linked to their inquiry not to do
this because you will have noticed that, in other events, it was very public.
The fact also that, at that time, we informed immediately our executive committee
of the party that this was going on and we have one MNA on that committee that
was informed, and this committee itself made the same decision, knowing that
eventually it was going to be public anyway, either by lifting of the
prohibition, non-publication by legal mechanisms or by the fact that
accusations could be presented.
Le Modérateur
: On va passer au micro de gauche.
Journaliste
: Mr. Couillard, you say you’re willing to fight an election on the
issue of defending fundamental rights, human rights. What about the issue of
ethics and corruption? This is something that is going to come up. This is the
hint of it now that the Charbonneau’s Commission apparently is coming around to provincial parties… How do you… Is
this an issue? How you…
M. Couillard
(Philippe): I will fight an election that issue as
well and I ask people to judge us and me by what has been done since I became
leader of the party. And there’s obvious changes going on now, not only in our
party but other parties, but specifically in our party we have started working
very… a few months ago on a code of ethics, on governance , on the way we raise funds. This has been made and led by our MNAs,
both of them present with me today. So I want to be judged based on that.
Whatever happened before, of course, I cannot change. What I want is truth to
come out and people who have acted illegally to answer for it.
Journaliste
: On Mr. Marsan, you said that his letter was unacceptable. In what
way was it unacceptable and will it be any sanctions against Mr. Marsan?
M. Couillard
(Philippe): Well, we had a conversation, and the
message has been passed and the message has been received. That’s so all…
That’s all I will say. What was not acceptable for me is that in the letter, in
the start of the letter, I believe, there was a link made between subventions
and whatever advantages had been received and the donation to the party, which
I find totally unacceptable. And if one dollar is
raised that way, I don’t want that dollar. That’s something I said also and I
want to say again.
Le Modérateur
:
On passe au micro de droite.
M. Lyons (Shawn)
:
Shawn Lyons of CBC. What do you have to say or how concerned are you about the
timing of these incidents that are happening right as we get ready to launch
into the fall session in the Assembly?
M. Couillard
(Philippe): Well, I will not, as I said earlier in
French, I will not try to interpret that. It’s your job to do it. Obviously,
there’s a coincidence, like you mentioned, but I don’t want to get into this. I
don’t what to say: Well, you know, it maybe some political calculations from
other people. What matters to citizens is the issue here. The issue, of course,
is integrity of the political parties, the way we answer to that event, saying that it is unacceptable, that we will not
tolerate any compromise on that and we want the public to… the persons to
answer for their actions. That is what counts. Whether there is a relationship
or some political calculations on one side or the other, I leave this for you
to analyze.
M. Lyons (Shawn): But of course you know there are a lot of issues to be put on the
table this fall. How concerned are you or how big a challenge is it going to be
for you to keep your message out there when we are… with Charbonneau
continuing, with these kind of stories, we are going to be dealing with these
kinds of issues, these corruption issues or other allegations in the months to
come. How big a challenge is it for you, as the leader of this party, to stay
on track and to convince Quebeckers that things are
clean?
M. Couillard
(Philippe): Well, I show them, and we will keep
showing them what’s going on now in our party, today, what we have changed
since I became leader last March. And today you will see that we will keep
concentrating on the economy. So, if some people felt that we would be less
interested in the economy or jobs because of today’s press conference, they are
wrong. We will continue addressing those fundamental issues day, after day,
after day, as well as liberties, by the way.
M. Perreaux
(Leslie) : …from Globe and Mail.
M. Couillard
(Philippe): Hello.
M. Perreaux
(Leslie) : Can you tell us how revealing the existence of this raid
would’ve compromise an investigation?
M. Couillard
(Philippe): Well, this is something we have judged.
We said: Why doesn’t the police make it public themselves, which usually they
do. So there is some difference of treatment here, obviously. You know, there’s
also the fact that we had at the same time the Mégantic disaster, exactly the
same days. So will it appear that we want to just sweep it under the Mégantic
disaster? The people could have said that at the time, but it’s hypothetical,
of course. And we also knew that it would come public anyway, by two ways, either
by lifting of the non-publication order to legal mechanisms, which has to
happen anyway, or by the fact that accusations would be presented.
M. Perreaux
(Leslie) : You draw a very strong dark line between «l’ancien régime»
and yours, and I’m wondering if I’m to take from that, but you believe you’ve
expunged corrupt elements of the Liberal Party from your ranks.
M. Couillard
(Philippe): Well, I would not make that kind of
judgment, use the word that you use. But I want to say that today, at our party,
none of the persons who were there before, associated to the fundraising or any
similar activities, is present at all. We’ve made a complete change of our
direction at the management of the party.
Le Modérateur
:
Parfait, merci.
M. Couillard (Philippe): Merci.
(Fin à 11h 27)