(Treize heures vingt-neuf minutes)
M.
Bachand : Alors,
merci. Merci à tous d’être là aujourd’hui. Il y a près de huit ans, en octobre
2005, j’ai accepté l’invitation du premier ministre Jean Charest à me joindre à
l’équipe libérale et solliciter la confiance des électeurs d’Outremont. Ils
m’ont fait confiance à quatre reprises, et je les en remercie profondément. Au
cours des 25 années précédentes, j’avais oeuvré dans le secteur privé, avec des
responsabilités importantes, chez Metro, Culinar, au Fonds de solidarité des travailleurs
de la FTQ et à Secor, tout en m’impliquant activement dans la vie culturelle et
communautaire de Montréal et du Québec. Mais le désir et le devoir de servir
dans la vie publique à un moment donné de ma vie avaient toujours été une
valeur importante pour moi. C’est avec passion, énergie, détermination que j’ai
participé au gouvernement du Québec et dirigé les ministères du Développement
économique, de l’Innovation et de l’Exportation, du Tourisme, du Revenu et des
Finances, parfois les deux en même temps, et ces postes m’ont permis de
contribuer au développement du Québec.
Vous me permettrez de souligner quelques
réalisations, comme la convention de continuité d’Alcan, la Stratégie de
recherche et d’innovation, les stratégies sectorielles ciblées pour les
secteurs moteurs de notre économie, le programme Renfort pendant la crise
financière, la victoire en Cour suprême relativement à la juridiction du Québec
en valeurs mobilières, l’entente de 2,2 milliards avec le gouvernement du Canada
pour la compensation de l’harmonisation des taxes de vente.
En tant que ministre des
Finances, depuis avril 2009, j’ai déposé trois budgets visant à ramener le Québec
à l’équilibre budgétaire tout en soutenant le développement économique et
soutenant notre solidarité sociale, mais visant aussi le renouvellement de nos infrastructures
tout en contrôlant notre dette et visant une lutte accrue à l’évasion fiscale.
Au cœur de mon action, cette volonté inébranlable de laisser à la prochaine
génération un Québec maître de son destin parce que maître de ses finances
publiques.
Et, tous les ans, les résultats ont été au rendez-vous
et toujours vers des écarts favorables par rapport aux prévisions. Nous avons
relevé de grands défis avec succès et mieux que la plupart de nos voisins. Il
me restait, à mon avis, deux ans de continuité pour terminer cette mission :
le budget 2013‑2014 pour revenir à l’équilibre budgétaire et celui de 2014‑2015,
en mars 2014, pour dégager les premiers surplus destinés spécifiquement au
contrôle de la dette. La volonté de poursuivre cette mission et l’appui à mon premier
ministre ont été les principales raisons pour lesquelles je me suis présenté à
l’élection à l’été 2012. Les électeurs québécois ont décidé d’une autre suite
des choses.
La course au leadership du Parti libéral a
duré plus de six mois. Elle fut aussi exigeante que passionnante, et j’aurais
regretté toute ma vie de ne pas y avoir participé. Ça a été un privilège, et je
tiens à remercier tous ceux qui m’ont appuyé : collègues, militants,
collaborateurs, amis et ma famille. La majorité des délégués a choisi le
nouveau chef, Philippe Couillard, qui fera un excellent premier ministre du Québec.
Mais une telle course,
vous pouvez vous en douter, change à tout jamais, pour celui qui la mène, sa
relation avec la vie politique. Je n’ai pas quitté en avril dernier par sens du
devoir sur deux dimensions. La première, le devoir d’assurer l’unité du parti
en demeurant impliqué à fond dans la vie parlementaire, celle du caucus et du
parti, et je pense que par mon attitude et mes actions, dans les semaines qui
ont suivi, avoir largement contribué à assurer l’unité au sein de notre parti.
La seconde aussi, pour moi, contribuer à mener à terme plusieurs éléments
relatifs aux finances publiques, à la fois ceux contenus dans la première des
deux lois de mise en œuvre du budget Marceau, la loi 25 qui contenait des
larges éléments de mon budget de mars 2012, mais aussi ceux concernant l’enjeu
crucial des retraites, que le gouvernement libéral avait lancée avec le comité
D’Amours et la Loi sur les régimes volontaires d’épargne-retraite.
Et puis sont venues les vacances, les
vacances de cet été qui m’ont permis de redécouvrir la vie et de redécouvrir
l’existence de la vie en dehors de la politique. À 65 ans, j’ai encore beaucoup,
beaucoup d’énergie, mais je sens désormais le besoin de consacrer plus de temps
à Micheline, mon épouse depuis 38 ans, à mes enfants, à mon frère, à ma
nouvelle petite-fille Raphaëlle et à mes amis. Et je les remercie pour l’amour,
l’affection, l’appui qu’ils m’ont donnés au cours de ces huit dernières années.
Ils m’aiment depuis plus que huit ans, mais au cours des huit dernières années particulièrement
parce que c’est une vie difficile, la politique.
Je vous annonce donc que je quitterai mes
fonctions de député d’Outremont avant la reprise des travaux parlementaires. Ça
me semble être la fenêtre idéale pour permettre au nouveau chef de continuer à
consolider et bâtir la nouvelle équipe libérale. Je tiens à remercier Jean
Charest, à remercier mes collègues libéraux, à remercier tous les députés de l’Assemblée
nationale que j’ai eu le privilège de côtoyer. Merci à tous les collaborateurs
qui ont directement participé à mes équipes de cabinet ministériel et de comté
et sans lesquels je n’aurais pas pu performer de la même façon. Merci aux
militants et bénévoles qui m’ont accompagné. Merci aux journalistes sans qui le
public ne serait pas si bien informé et merci pour la relation directe et
franche, mais respectueuse que nous avons su établir. Et un merci particulier à
la formidable équipe de la fonction publique, les sous-ministres, les cadres,
les fonctionnaires, les dirigeants des sociétés d’État et d’organismes, dont
les idées, la compétence et le dévouement sans faille permettent au Québec de
se développer. Ils ont toute mon admiration et toute ma reconnaissance.
Le Québec est une formidable et belle société.
J’espère avoir pu contribuer à son développement et à son bonheur. Ce sera, bien
sûr, à vous de juger de la qualité de ma contribution et de ma participation à
la vie publique. Merci de votre attention.
Le Modérateur : Merci, M. Bachand. On va passer à la
période de questions. Je vais vous demander de… Vous
avez un micro à droite et à gauche. Je vais vous
demander de vous limiter à deux questions, s’il vous plaît. On va
commencer en français. Véronique Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique) : M.
Bachand, vous avez parlé de votre défaite à la course à la direction du Parti
libéral. Est-ce que ça a été vraiment l’élément déclencheur de cette réflexion-là
aujourd’hui? Il semble que ça a été très amer pour vous, ça a été une défaite
crève-cœur. Est-ce que par la suite vous vous êtes dit : La politique, c’est
terminé?
M.
Bachand : Non. Je
suis très serein devant ce qui a été, comme je vous dis… puis j’essayais de
vous raconter un peu une histoire, pourquoi je me suis représenté à la dernière
élection, hein, pour continuer, finalement, l’œuvre de finances publiques, puis
ça prenait deux budgets, je pense, pour faire ça. Mon instinct, c’est que, si
on était élus, on serait élus avec un gouvernement minoritaire.
Deuxièmement, la course
au leadership, ça a été une expérience formidable, la course au leadership.
Combien de fois dans la vie vous avez une chance de participer à une finale de
100 mètres aux Jeux olympiques? Bien, moi, j’ai eu la chance de participer
à une course pour être leader du Parti libéral du Québec puis futur premier
ministre du Québec, puis c’est un privilège. Je n’ai pas gagné, c’est le choix
des militants, ça fait partie aussi d’une course, par définition.
Puis le troisième élément, bien, c’est ma
vie, puis ma vie… puis cet été, je dirais, l’élément déclencheur, c’est aussi
la première fois en six ans que j’ai des vraies vacances, puis que tu
redécouvres… parce que la vie politique est passionnante, mais elle est dure,
et que tu redécouvres la famille, les amis.
Mme Prince (Véronique) : Puis
vous nous avez parlé, bon, de vos accomplissements, votre curriculum vitae,
vous avez remercié aussi les gens. Mais j’aimerais savoir, ce matin, lorsque
vous vous êtes levé, comment Raymond Bachand s’est senti. Libéré? Triste? Comment
on décrit ce moment-là?
M.
Bachand : Les deux.
C’est toujours une émotion, de quitter, parce que c’est huit ans de ma vie et c’est
une passion pour moi depuis fort jeune, la politique. Alors, je quitte la vie
active, mais, par ailleurs, très serein et très heureux parce que je sais
aussi… Puis, vous savez, à l’âge que j’ai, je suis plein d’énergie, mais je
n’ai pas 50 ans non plus. Il me reste une tranche, je vous dirais, de vie
active importante. Il est temps que je prenne cette décision-là.
Le Modérateur : Louis Gagné,
QMI.
M.
Gagné (Louis) : Bonjour, M. Bachand. Moi, je voulais savoir, vous
avez dit que la course à la direction du Parti libéral avait changé votre
perception de la vie politique, est-ce que ça a changé votre perception à
l’égard de vos collègues? Est-ce que l’ambiance était difficile après… De
devoir affronter des députés qui ne vous avaient pas nécessairement appuyé, est-ce
que c’était quelque chose qui était éprouvant pour vous?
M.
Bachand : Non. Les collègues
ont été exceptionnels. Vous savez, quand Pierre Moreau puis moi, on était au
caucus tous les deux puis on parlait aux collègues, on leur disait :
Regardez, là… parce qu’ils étaient bien nerveux, bien angoissés l’automne dernier
puis au début de l’hiver. On a dit : On sait que vous avez un choix à
faire. Alors, les gens ont fait des choix partagés. C’est clair, tu souhaites
que tout le monde soit de ton bord, mais tu sais que ça ne sera pas le cas.
Mais c’est clair, dépendant d’où tu es dans ta carrière et de l’âge que tu as,
à 65 ans, pour ceux qui… Ça fait deux fois
que je parle de mon âge, je vais arrêter, mon père est mort à 92 ans, mais
qu’effectivement ça change aussi la perception par rapport à ce que vous devez
faire dans la vie. Parce qu’au fond ça te réinterroge, c’est des étapes qui te
font te réinterroger : O.K. Qu’est-ce que je fais avec le reste de ma
carrière active?
M. Gagné
(Louis) : Et là vous avez dit à plusieurs reprises que vous resteriez jusqu’aux
prochaines élections…
M.
Bachand :
Non, non. Je reste jusqu’à… je vais partir avant la reprise des travaux
parlementaires.
M. Gagné (Louis) :
Oui, c’est ça, mais auparavant vous aviez dit que vous compléteriez votre
mandat. Comme vous partez avant la fin, allez-vous renoncer à votre allocation
de transition, ce qu’on appelle la prime de départ, qui est permise, là, aux
députés, même s’ils quittent de façon volontaire?
M.
Bachand :
Non. Écoutez, cette allocation de transition là est une allocation, premièrement,
que… il faut que les gens soient honnêtes, tous les députés la touchent, hein,
tous les députés la touchent au moment où ils quittent. Ça fait partie… quand
on décide d’aller dans la vie politique, surtout d’où je venais, il y a des
conditions financières. Ça fait partie des conditions financières, puis moi, je
vous dirais que c’est un peu comme un salaire différé. Dans mon cas, là, huit
ans, c’est comme 12,5 % par année qui est mis de côté pour le moment où
vous allez quitter. Comparez la rémunération des députés du Québec avec celle
d’Ottawa.
Maintenant, il y a un comité de sages qui a été mis sur pied, qui va
réévaluer la question de l’ensemble de la rémunération des députés, puis, s’il
recommande de toucher à l’allocation de transition pour l’avenir, je présume
qu’ils vont aussi changer les conditions de travail. Ça fait partie des… Je
suis sûr que vous ne suggéreriez pas qu’il y ait des choses rétroactives qui
existent. Et je vous soulignerais que, dans mon cas, ayant été ministre, il y a
des restrictions importantes sur ce que j’ai le droit de faire pendant les
12 prochains mois. Au fond, c’est deux ans. Il me reste 13 mois,
depuis que j’ai été… je ne suis plus ministre des Finances, et ça fait des
restrictions importantes dans les choix qui me sont offerts dans la société.
M. Gagné
(Louis) : Même si vous auriez droit de toucher une allocation
de retraite en même temps?
M.
Bachand : Oui, mais
ça, je pense que la partie… pour les années que j’ai été ici, parce que c’est
pour quelques années que j’ai été ici, ça fait partie de notre rémunération.
Changer les règles du jeu pour l’avenir, c’est parfait, mais je n’ai pas
l’intention de renoncer à ça.
Le Modérateur : Martin
Ouellet, Presse canadienne.
M. Ouellet (Martin) : Oui, un
petit peu sur le même thème. Vous avez quand même une pension que vous allez
accumuler avec votre allocation de transition. Trouvez-vous qu’au point de vue,
par exemple, de l’image, au point de vue de… beaucoup de gens s’interrogent sur
la pertinence de ces allocations-là, surtout lorsqu’elles sont cumulées avec
des pensions. Est-ce que vous êtes à l’aise avec ça?
M.
Bachand : Moi, je
suis très à l’aise, oui, avec les choix que j’ai faits. Je n’ai jamais… Vous ne
m’avez jamais entendu parler de la rémunération des députés pendant huit ans,
considérablement moindre que ce que j’avais avant. Mais ça, c’est un choix que
j’ai fait, je l’assume. Mais, dans ces caractéristiques et les conditions qui
m’étaient offertes, il y avait cette allocation de transition, puis, pour le
nombre d’années que j’étais là, quelques années pour le fonds de retraite. Alors,
rétroactivement, qu’il y ait un débat aujourd’hui, c’est une chose. Tous les
chefs du Parti québécois ont touché, tous ont touché cette allocation de
transition en cours de mandat, parce que je pense… François Legault aussi,
Nicole Léger. Ça fait partie, depuis 30 ans, des conditions de travail des
députés. Changeons les conditions de travail des députés pour l’avenir si vous
voulez bien, mais pas rétroactivement.
M. Ouellet (Martin) : Une
autre question. Quelle est la suite des choses pour vous? Vous dites que votre
carrière n’est pas finie, il vous reste encore de belles années, vous êtes en
pleine forme. Est-ce qu’il y a quelque chose, là, qui s’annonce pour vous, là,
dans les prochaines semaines ou vous quittez pour un emploi? Qu’est-ce qui se
passe, là?
M.
Bachand : Merci de
la question. Non, je n’ai rien. Je n’ai pas d’offre, je n’ai absolument rien
devant moi immédiatement. J’espère faire une carrière, probablement dans le
conseil, certains conseils d’administration — saison
des conseils d’administration, en passant, qui est plus en mars, mais les
décisions se prennent à l’automne — conseil
auprès d’entreprises du Québec. J’ai passé ma vie, moi, chez Metro Richelieu,
au Fonds de solidarité, chez Secor, à conseiller des entreprises. Peut-être que
je serai assis dans… soit chez nous, soit dans une société d’avocats, de
comptables, je ne sais pas, pour conseiller les entreprises, les organisations
du Québec, mais c’est des choses auxquelles je vais… mais je n’ai pas, devant
moi, aucune offre.
Le Modérateur : Tommy
Chouinard, La Presse.
M. Chouinard (Tommy) : Bonjour, M. Bachand. Vous l’avez dit, vous avez
encore quand même des belles années devant vous, de vie active. Ma question, c’est :
Compte tenu que le Parti libéral est actuellement en tête dans les sondages
puis, si des élections avaient eu lieu, par exemple, à la mi-août, on avait un
sondage, il serait porté au pouvoir, qu’est-ce qui fait en sorte que, dans le
contexte d’un gouvernement minoritaire, où des élections peuvent avoir lieu
d’ici quelques mois, vous décidez de ne pas livrer cette bataille-là, alors que
vous pourriez retourner au sein d’un gouvernement?
M.
Bachand : C’est une
bonne question, Tommy, mais ça fait huit ans que je fais ce métier-là. Moi, je
ne suis pas un politicien de carrière. J’ai été dans le secteur privé et, comme
je vous dis, ça fait huit ans que je fais ce métier-là, et je sens le besoin de
changer. C’est un métier passionnant, mais c’est un métier 80 heures par
semaine, sept jours-semaine, qui ne laisse aucun répit, aucun temps pour un
grand-papa de s’occuper de sa petite-fille, aucun temps pour à peu près rien
d’autre. J’ai aimé ça, je l’ai choisi, mais je n’envisageais pas, dans ma
réflexion de cet été, puis maintenant j’en arrive à la conclusion de ma
réflexion, de faire ça pour un autre quatre ans comme métier. Et, tant qu’à
faire ça, bien, quand tu prends cette décision-là, bien, ça veut dire que tu as
décidé tout de suite aussi.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
qu’il y a des divergences d’opinions, par exemple sur la vision économique que
doit, donc, porter le Parti libéral du Québec, avec M. Couillard? Est-ce que… Par
exemple, on sent la tangente augmentons les taxes à la consommation, mais
réduisons la part qu’on va chercher dans l’impôt sur le revenu. Est-ce qu’il y
a des différences philosophiques, comme on l’a vu d’ailleurs pendant la course
à la direction, qui font en sorte que vous amenez… vous arrivez à la conclusion
qu’il vaut peut-être mieux quitter en ce moment?
M.
Bachand : Non.
Depuis la course au leadership, j’ai eu plusieurs rencontres avec Philippe. On
s’est vus, on a une bonne relation. D’ailleurs, il m’a demandé de présider
samedi matin, c’est moi qui présidais la grande séance d’ouverture du Forum des
idées. D’ailleurs, cette idée qui a été exprimée, c’est une idée avec laquelle
on a déjà commencé… parce que je vous rappelle que, le gouvernement libéral, on
a augmenté la taxe de vente pour prendre l’espace que M. Harper nous laissait,
baisser les impôts. Alors, c’est une tendance européenne et mondiale un peu. C’est
compliqué, ça mérite réflexion, c’est une belle idée de la fin de semaine, mais
ce n’est pas… il n’y a pas de divergence entre Philippe et moi.
Le Modérateur :Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Bachand. Au-delà de la question
de la prime, il y a aussi la question de l’élection complémentaire que votre
démission va entraîner nécessairement, avec les coûts de 600 000 $ à 700 000 $ que ça implique. Est-ce
qu’il n’y a pas… de toutes les raisons que vous donnez pour votre démission aujourd’hui,
il n’y en a, il me semble, aucune que vous ne connaissiez pas préalablement à
la sollicitation du mandat que vous avez obtenu. Est-ce que vous n’avez pas quand
même un léger malaise à quitter en plein cours de mandat?
M.
Bachand :
On est 125, on a une seule vie. Moi, je n’ai… par rapport à mes électeurs d’Outremont,
là, quatre élections que j’ai faites, j’ai rempli… puis, dans mon bilan, je
n’ai pas mis volontairement des éléments du comté, mais il y en a de nombreux. Je
pense, j’ai rempli ce que j’ai à dire. Non, je n’ai pas de malaise.
Je vous ai bien expliqué, bien simplement, là, pourquoi je m’étais
représenté, parce qu’il y avait une tâche à continuer. Je pense, les électeurs
du Québec ont décidé autrement. Il y a eu une course au leadership, les
militants ont décidé autrement. Dans notre vie, on a aussi le droit de faire
des choix en tenant compte de tout ça. Puis il n’y aura peut-être pas de
partielles avant les élections générales, parce que moi, je vais quitter avant
la reprise de la session, je ne pense pas qu’il y ait des partielles en
octobre, pendant les élections municipales. C’est la première ministre, elle
décidera bien ce qu’elle voudra, ce qui mènerait en décembre, possiblement, ou
sinon la mi-mars, bien, le budget aura eu lieu.
Alors, ce n’est pas… à un moment donné, il y a des considérations aussi,
on est des êtres humains avec notre vie, notre carrière, et on a des choix à
faire. Puis il y en a qui seront… J’ai appris une chose dans la vie politique. Quand
tu es dans la vie professionnelle, communautaire, tu t’impliques dans tout,
90 % des gens t’appuient, t’applaudissent même quand ils ne seront pas d’accord
avec ce que tu fais. Quand tu rentres en politique, jour un, 60 % des gens
sont contre toi. Si tu en as 40 % pour toi, c’est bon. Alors, je ne
m’attends pas à avoir l’unanimité derrière ma décision. J’espère qu’il y en a quelques-uns,
dans les Québécois qui écoutent, qui diront : Merci pour ces huit ans.
M. Boivin (Simon) : Puis ces
huit ans là n’ont pas nécessairement été non plus faciles dans le contexte politique,
les allégations, l’industrie de la construction. En Chambre, ce n’était pas toujours
facile. Est-ce que vous avez été déçu, en somme, par la politique?
M.
Bachand : Non. Je
n’ai pas été surpris. C’est un… c’est rare que, dans la vie, tu as une chance
d’influencer l’avenir de ton peuple en mettant tes compétences… avec les plus
et les moins, là, puis on a des différences idéologiques, mais au meilleur de
mes talents, de ma connaissance. C’est un grand privilège, je suis heureux
d’avoir été… La vie politique a changé dans les trois dernières années, je
pense, oui, et ce que je souhaite aux Québécois, c’est… On a une société
fantastique, formidable, vous allez avoir le respect des opinions, les uns des
autres. Je reprenais le discours que j’ai fait quand je suis entré, qu’il faut
avoir le sens du débat, mais on pourrait le faire avec parfois plus de respect
que ce qui existe depuis deux, trois, quatre ans, depuis… Puis ce qu’on lit… évidemment,
tout le monde a accès maintenant à une tribune publique. Là, je ne parle pas de
vous, les journalistes, vous êtes toujours très respectueux, mais je parle de tout
ce qu’on entend. Il y a un changement nord-américain et mondial, d’ailleurs, par
rapport à la vie publique.
Le Modérateur : Michel Pépin, Radio-Canada.
M.
Bachand : Bonjour,
Michel.
M. Pépin (Michel) : Bonjour,
M. Bachand. Je veux revenir sur certains événements qui ont pimenté votre
carrière. Un assez important, la question des universités, hein, ça ne s’est
pas réglé comme vous le souhaitiez, comme vous souhaitiez influencer la société
québécoise. Donc, ça a pris un tout autre… Bon, on est revenus à une sorte…
bon, pas le statu quo, là, mais une indexation assez proche du statu quo.
M.
Bachand : Le statu
quo, oui, oui, oui.
M. Pépin (Michel) : L’impact
de… Maintenant, là, après plusieurs mois, là, comment vous voyez ça, l’impact
de tout ce qui s’est passé, du résultat après quelques mois?
M.
Bachand : Bien, dans
mes mémoires, je vous livrerai une réflexion profonde sur tout ce que j’ai fait
depuis huit ans. Ça a été une période… Moi, je pense qu’il faut qu’on finance
nos universités. C’est un volet important de l’avenir du Québec, puis d’autre
part… mais dans tous les secteurs de la société, je pense que, dans ce débat,
cette société qu’on veut protéger, le niveau d’impôt a atteint ses limites. On
ne peut pas mettre d’autres choses sur la carte de crédit pour la prochaine génération.
Donc il faut faire des choix puis, quand on veut en ajouter, il faudrait dire :
Bien, on va en avoir un peu moins sur d’autres choses. Ce sens-là et ce sens du
partage que quelqu’un qui veut un service — puis
là je parle de tous les domaines, je parle de transport en commun, je parle de
partout — accepte de payer ce que j’ai
longtemps appelé sa juste part, c’est un débat qui sera continu dans notre société.
Bien sûr que j’ai déjà fait mon… Dans la crise étudiante, j’aurais… je
pense qu’on aurait dû… je ne sais pas, moi, je pense qu’on aurait dû négocier
sur la place publique. On aurait dû négocier dans une salle où tous les médias
sont là et discuter publiquement. L’information aurait été plus transparente.
Je l’ai dit pendant la course au leadership, d’ailleurs. Ça n’aurait peut-être
rien changé, peut-être que ça aurait changé des perceptions aussi. Mais ça, on
apprend de générations en générations.
Le Modérateur :
…
M. Pépin
(Michel) : Oui, je m’excuse, je vais poursuivre. Et là vous invitez à
regarder l’avenir que vous influencerez probablement moins, en principe, et notamment
sur le choix en matière de finances publiques. On a beaucoup entendu, entre
autres en fin de semaine, là, où vous étiez, et où j’étais également… bon, les risques
de l’austérité, et même on entend ça un peu au gouvernement, on veut que la
priorité soit l’emploi, l’effet de l’austérité sur l’emploi, qu’est-ce qu’on va
faire avec les surplus. Là, ce qui est prévu — et c’était pas mal la
même chose avec vous, hein — tout surplus devait aller à la dette. Et
même M. Couillard, là, en fin de semaine, a commencé à dire : On a entendu
des choses qui ne nous invitaient pas à aller dans ce sens-là. Il dit : Ça
mérite réflexion.
Vous, comment
vous voyez ça, là, cette question de l’austérité et l’importance de la
croissance et l’utilisation des surplus? Je sais que c’est un «up», mais…
M.
Bachand :
Non, c’est simple. L’austérité, là, ce n’est pas une fin en soi, c’est tenant
compte du niveau d’endettement du Québec, tenant compte du niveau de taxation
du Québec. Il faut qu’on revienne à l’équilibre budgétaire. Mais ça n’a jamais
été une religion pour nous. Quand la crise économique est venue, on n’a pas
fait ce que d’autres gouvernements font aujourd’hui dans le monde. Quand la
crise économique est venue, c’est comme je l’ai souvent dit, si tu perds son
emploi, tu vas à la caisse populaire, tu empruntes parce que tu fais vivre ta
famille. C’est ce qu’on a fait avec le programme Renfort, on n’a pas coupé les
dépenses publiques à ce moment-là, on a protégé les services sociaux. Une fois
que l’économie revient, bien là, il faut que tu rembourses ta dette.
Alors, il faut revenir
à l’équilibre budgétaire, mais en protégeant les services publics puis en
soutenant le développement économique. Il faut investir dans nos
infrastructures. On le voit à toutes les semaines au Québec. Ce matin, là, c’est
le boulevard Métropolitain. Mais il faut contrôler la dette, d’où le dégel du
bloc patrimonial d’électricité. Et, oui, les surplus du Québec doivent être mis — parce que, dans la trame budgétaire, il
y a des surplus de quelques milliards — doivent
être mis à la dette. D’ailleurs, Nicolas Marceau et moi avons la même cible de
dette pour le Québec pour l’année 2025. Alors, il y a… Et ça, quand on regarde
le nombre, ça, ça fait partie du legs qu’il faut qu’on laisse à l’autre génération,
à la prochaine génération.
Le Modérateur : Gilbert
Lavoie, Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) : Bonjour,
M. Bachand. Étant de la même cuvée que vous, 1948, j’imagine, je vais me
faire plaisir et vous rappeler que, comme ministre des Finances, vous avez
adopté des mesures nous incitant à demeurer plus longtemps sur le marché du
travail. Vous quittez à ce moment-ci, alors que, comme vous n’avez pas d’emploi
qui vous attend demain matin, vous auriez pu rester avec nous jusqu’au mois
d’octobre, novembre, décembre, là, en préparation du prochain budget et nous
éviter, en même temps, des élections complémentaires. Vous ne trouvez pas que
ça aurait du sens, quelques mois de plus?
M.
Bachand : Ce n’est
pas à un moment donné… tu sais, c’est Pauline Marois, quand elle a dit, là :
Le cœur n’y est plus… c’est à un moment donné aussi dans ma vie, avec les huit
dernières années, avec les élections, la course au leadership et la réflexion
sur qu’est-ce que je veux faire dans ma vie. Il y a une partie personnelle,
j’ai le droit à ma partie personnelle et je regarde justement les prochaines
années.
Ceci étant dit,
l’espace qu’il me reste pour être très actif, utile, siéger à des conseils
d’administration est un espace qui se rétrécit dans le temps, pour moi,
actuellement, oui, qui se rétrécit. Il y a des règles de 70 ans sur les conseils
d’administration, etc. Alors, ça fait partie de la réflexion et, oui… parce que
vous me poseriez la même… si je restais jusqu’en décembre, vous me poseriez la
même question, est-ce… parce qu’au mois de mars il n’y aura peut-être pas
d’élection générale. Peut-être qu’il y en aura, mais il y en aura peut-être
pas, puis on s’en va à l’automne. Donc, à un moment donné, il faut, dans la
vie… Ce n’est jamais facile, cette décision-là. Ce n’est pas facile. Personnellement,
c’est angoissant. On quitte du monde qu’on aime. Je m’en vais dans l’inconnu,
au fond, en un sens. Mais il faut que tu décides dans ta vie : Non, c’est
le temps de prendre ce virage-là.
M. Lavoie (Gilbert) : Dernière
question. Est-ce que vous… À la lumière de votre connaissance du budget, est-ce
que vous croyez qu’on va rater l’objectif du déficit zéro dans le prochain
budget?
M.
Bachand : Ah! Vous
voulez que je fasse un commentaire partisan aujourd’hui.
M. Lavoie (Gilbert) : Essayez
de ne pas être trop partisan, mais, quand même, vous connaissez la situation
budgétaire.
M.
Bachand : Je pense qu’il
y a un problème majeur de revenus au Québec. Les dépenses semblent être sous
contrôle mais brutalement sous contrôle. L’austérité est une religion, mais...
pour eux. Mais les revenus, de leurs propres chiffres, de Nicolas Marceau...
Quand il dit qu’au 31 mars... quand il dit : Au mois de juin, il y a
800 millions de moins de revenus au 31 mars que ce qu’il nous disait
au 15 mars pour l’année dernière… puis on sait que ça se poursuit. On
regarde les ventes au détail au Canada et au Québec, on regarde ça, je pense qu’il
y a un enjeu de revenus important.
Maintenant, c’est pour ça qu’il y a deux
semaines, j’ai dit : Ce sont de nouvelles données, l’emploi, les revenus.
M. Marceau devrait faire une mise à jour, pas à la fin novembre mais devrait le
faire rapidement.
Le Modérateur : Une
avant-dernière en français. Martin Ouellet.
M.
Bachand : Il est
revenu? C’était... Je pensais qu’il n’avait pas le droit à une troisième. O.K.
M. Ouellet (Martin) : Mais j’ai
changé de micro.
M.
Bachand : Tu as
changé de micro.
M. Ouellet (Martin) : Ça
recommence à zéro dans ce temps-là.
M.
Bachand : Micro de
gauche.
M. Ouellet (Martin) : M.
Bachand, juste bien comprendre, vous partez maintenant, vous dites que c’est le
temps de passer à autre chose. Les prochaines élections, ce n’est pas dans des
années, là, c’est dans quelques mois seulement. Alors, je voudrais juste...
M.
Bachand : Vous
pensez?
M. Ouellet (Martin) : On peut
imaginer, hein? La durée de vie des gouvernements minoritaires n’est pas très
longue généralement. Alors, le coeur n’y était plus? Vous n’avez plus de
motivation pour la chose politique? Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, là, à quelques
mois d’un prochain scrutin, vous décideez de partir?
M.
Bachand : Premièrement,
c’est vous qui... Je ne sais pas si vous avez pris un pool et combien d’argent
vous mettez, que le prochain scrutin est dans quelques mois. On pourrait
participer au pool. Parce que, pour qu’il y ait un scrutin, c’est ou bien
Mme Marois qui le déclenche ou bien la CAQ qui vote pour défaire le gouvernement,
à 20 % dans les sondages. Ça me surprendrait. Alors,
le prochain scrutin... Vous voyez l’espace, d’ailleurs, que François Legault se
donne en disant : Non, non, on s’en va au budget au printemps. Le budget
au printemps, s’il est encore à 19 % dans les sondages... On verra. Comme
il dit souvent : On verra.
Alors, c’est quelque chose qu’on ne peut pas... Je pense que la
conjoncture politique change suffisamment rapidement, que c’est quelque chose
qu’on ne peut pas dire quand aura lieu la prochaine élection. Je ne peux pas
bâtir aussi la prochaine étape de ma vie sur des commentaires journalistiques
sur la date de la prochaine élection, hein? En tout respect, là.
Le Modérateur :
Alain Laforest, TVA.
M.
Bachand :
Bonjour, Alain.
M. Laforest
(Alain) : M. Bachand, M. Legault a dit ce matin que l’équipe économique
de Philippe Couillard s’était affaiblie avec votre départ. Vous en dites quoi?
M.
Bachand :
C’est à la fois un compliment, évidemment, pour moi — je le prends,
je le remercie — mais il y a, dans le caucus... Je vous dirais deux
choses. Il y a, dans le caucus, des gens qui ont des talents assez
exceptionnels au niveau économique, expérience des affaires : Pierre
Arcand, Nicole Ménard, Sam Hamad, André Drolet, Danielle St-Amand, et, du côté économique,
même Lise Thériault avait une entreprise, elle, avant. Puis là j’ai pris des noms,
je ne veux pas en oublier.
Et, deuxièmement, ils
sous-estiment la formidable capacité des libéraux de recruter dans son équipe
économique. Moi, je suis venu, mais il y a eu Monique Jérôme-Forget, il y a eu
Clément Gignac, il y a eu Michel Audet. Alors, dans le courant, puis là je ne
remonte pas 40 ans, au courant de l’histoire, oui, l’équipe libérale de Philippe
Couillard, je suis sûr, saura, non seulement avec l’équipe actuelle, mais
ajouter, pour la prochaine élection générale, des talents économiques importants.
M. Laforest
(Alain) : Avez-vous un regret?
M.
Bachand : Ne pas
avoir passé de temps… assez de temps avec ma famille.
Journaliste : …M. Bachand.
M.
Bachand : Merci
beaucoup.
Le Modérateur : En anglais.
Max Harrold, CTV
M. Harrold
(Max) : How are you doing, Sir? I’d like you to
tell me, if you could, a high point and a low point of your political career,
your eight years here.
M.
Bachand :
I’m trying to think what I’m going to answer for the low point. A high point of
my political career, I would say, is the tremendous privilege I’ve had to be in
a position of influence, most in economic development and in finance, to
participate in structuring this economy, and that’s why I mentioned, for
example, the Alcan Continuity Convention. This is unique in the world how you
protect, basically, that. I would say also what we did during the recession, and
that was taken from my experience and so… from 20 years before. And a $1.5
billion plan which protected tens and tens of thousands of jobs, that was
fascinating. The $2.2 million negotiating
and discussion with Mr. Flaherty and Mr. Harper and finally coming up to an
agreement which was fair but who certainly… that’s also a high point. And I’ll
surprise you but «les heures d’ouverture des magasins d’alimentation» to the
Quebeckers that were blocked every Saturday and Sunday in a line, by hundreds,
in food stores. And that was… I had to do closure on that because François
Legault opposed that, but that’s serving the citizen and that was always my
passion also.
M.
Harrold (Max) : A low point? Was that a low point?
M.
Bachand : No, that’s a high point. Yes, every time I was with the
civil servants and they came with a measure, my question was always: What seems
nice intellectually, what impact does it have for the citizen, or the
entrepreneur, or the trade union over that?
A low point, I don’t know because I’m an optimist in life
and I always pick up… There were difficult periods, of course. You know, when
you try to do a budget and you have billions of deficits and requests, it’s a
difficult job to do. But that’s more a challenge than a low point. I’ll not write that in my memoirs.
M. Harrold (Max) : But it’s been a tumultuous year, but you knew that, going into the
last election, before Jean Charest quit. What is the rational that you want
people to hear about how you can quit your seat less than one year after
winning it with all… what that entails?
M.
Bachand : That’s what I try to say. First, why did I run last year? I ran
last year because I was in the middle of bringing back Québec. I wanted to do two more budgets. I presumed we would be elected,
but minority Government, two
more budgets, coming back to a balanced budget and then starting building
surpluses, because my budgets were going up to three billions surpluses, to pay
down our debt. So that was my challenge and helping my Premier. The electors
decided otherwise.
And then, there was the
leadership race. The leadership race is a fascinating experience. It’s a
privilege, you know, to have a chance to become the leader of you party and
Premier of the province. The militants choose otherwise, but, if you go through
a leadership race, of course, after these two events, you ask yourself what
are you going to do with the next phase of your life. And then the third even
is I had real vacations this summer for the first time in my life, vacations
without files, vacations with just your family, your wife, your friends, your
kids. And that, probably, was also a turning point at saying : Hey, hey, hey,
Raymond! A friend of mine… and I though I do that… brought a measuring tape at
home and started at one and going up to 75, as these years, let’s say, you
could work and say : Raymond, you know were you are? You are here. What
are going to do with the rest of your life?
Journaliste : The Charbonneau commission last year and in
the spring painted a picture of corruption, you know, in municipal politics. We
know it’s going to start again in the fall, shortly, in September. Was that any
part of your decision, the fact that politicians were painted as less than
honest?
M.
Bachand :
No. In general, when there are major challenges, I stay, you know. I ran in the
last election for the reasons I said and also because of the interest and
things like that. I don’t run away from a fight.
And I think it’s very
important for Quebeckers to regain trust in the public office. We have to
rebuild our society. I am as scandalized as you are from what I hear at the
commission, but it’s not a factor in my decision.
Journaliste :
The question that was also asked in French on your decision to leave now… you
have a lot of personal reasons, but, I mean, there may be an election not too
far in the future. You are an important part of the Liberal Government with all
of you experience. M. Legault says basically you’ve amputated this party now
because of all your financial and your economic experience. What do you answer
to that?
M.
Bachand :
Oh! I thank Mr Legault for his generous comments on my behalf, but there are a
lot of great players on the economic team of the
Liberal Party today, like Pierre Arcand, Nicole Ménard, and Sam Hamad, and
André Drolet… a lot of experience, and Danielle St-Amand, even Lise Thériault comes from the business
world. And this party always has the capacity to renew and get real good
people. I don’t want to say too much because I’m in there, but Monique Jérôme-Forget,
and Michel Audet, and Clément Gignac… so I’m sure Philippe Couillard will be
able to attract some people.
And
also, as for the timing, I think this is the best timing also, before the
session starts again, for Philippe Couillard and for the party to continue his
renewal of the party, and not the day before an election, Raymond Bachand
leaves and then… so I think I’m helping the party now.
Mme Montgomery
(Angelica) : Yes. Why accept the severance
bonus if you’ll also be able to collect a pension?
M.
Bachand : Because the severance bonus is part… you say a severance bonus,
it’s an «allocation de transition», it’s an allocation for the… which is part
of our salary, part of our conditions. In my case, it’s the equivalent of 12.5% every year, you know, that would have been put
aside for the day you leave and the uncertainty of what happens to you when the
day you leave. Now, when you compare our salaries plus that 12.5% — because
I’ve been eight years, it’s not the same percentage depending on the number of
years — with what’s being paid at the Federal Government, at other
levels, there are quantum differences. So that’s part of the conditions.
When I decided to take that job, I never said a word about
the salary, but that was part of the conditions. Surely, you would not want to
suggest to amputate that retroactively. Now there’s a committee of wise people
and totally independent — former Supreme Court justice, former
appeals court justice, secretary of the National Assembly — which are
looking at everything. But I predict that, if they touch that for the future,
they are also going to reorganize the rest. This is part of the conditions and,
you know, it’s kind of a contract, which is… all leaders of the Parti québécois,
all leaders of the Parti québécois have touched that in the past, have left
during the mandate, François Legault did the same thing, a lot of… it happens,
it goes with the liberty of the 125 people that are members of Parliament.
Mme
Montgomery (Angelica) : And your announcement comes right after
Philippe Couillard started talking about tax reform in Québec. I’ve heard
suggestions that you don’t agree with the direction M. Couillard would like to
bring to this province. Is this resignation? Does it have anything to do with
that?
M.
Bachand : Absolutely nothing to do with that. The timing of my
leave was discussed with Philippe, because, of course, I’ve been talking to
him, we have a quite open relationship. He didn’t want me to leave before the «Forum
des idées», he even asked me to preside the opening session before the… notre congrès jeune and before the session, because I
put my limit. It was the timing and then… So, before the caucus, it would
enable him to regroup the forces after that. So it has nothing to do. It’s
just… I would have left maybe… I would have left that early, August maybe. Merci.
Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 7)