Conférence de presse de Mme Marie Malavoy, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, et de Mme Nicole Léger, ministre de la Famille
Projet du gouvernement d'implanter graduellement la maternelle quatre ans à temps plein dans les milieux défavorisés
Version finale
Thursday, March 14, 2013, 11 h 15
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Onze heures trente-six minutes)
Mme Malavoy: Je vous remercie. Je suis très heureuse d'être devant vous, accompagnée de ma collègue Nicole Léger, parce que, vous savez, je pense que le projet de loi qui va me permettre d'implanter des maternelles quatre ans à temps plein dans les milieux défavorisés vient d'être déposé. Donc, c'est mon introduction.
Bien entendu, je le dis tout de suite, il faut que ce projet de loi soit adopté pour que je puisse faire tout ce dont je vais vous parler maintenant, mais c'était quand même une étape importante aujourd'hui. Je vais essayer de vous dire brièvement ce qui nous guide dans cette démarche. Je vais essayer de vous expliquer en quoi cela consiste, et ma collègue prendra la parole également, en cours de route, pour vous donner son point de vue de ministre responsable des services de garde.
Qu'est-ce qui nous guide? La première chose qui nous guide, c'est la lutte contre le décrochage scolaire. Bien des gens nous disent, depuis fort longtemps, qu'il faut travailler en amont, que, bien sûr, on peut avoir des mesures, tout au long du parcours scolaire, pour aider les jeunes en difficulté d'apprentissage ou qui quittent l'école, mais, si on peut travailler en amont, c'est encore mieux. C'est d'abord ça qui nous guide. Et donc on se base sur un certain nombre de données. Je vais vous en donner trois, mais je ne veux vous donner trop de statistiques, simplement trois points de repère.
Premier point de repère, ce sont les données globales. Vous savez qu'au Québec il y a environ 36 % de jeunes qui ne terminent pas leur parcours scolaire, c'est-à-dire primaire, secondaire, dans les délais requis. Il y en a un certain nombre qu'on raccroche après, avant qu'ils aient 20 ans, mais, dans les délais requis, il y en a environ 36 %. Donc, on a du travail à faire.
Autre donnée, celle-là que j'ai toujours trouvée assez troublante, et qui vient d'une enquête faite par l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal en 2008, et qui concluait que, sur l'île de Montréal, 35 % des petits enfants qui arrivent en maternelle cinq ans, donc la maternelle la plus communément utilisée même si elle n'est pas obligatoire, 35 % de ces petits enfants arrivent avec des difficultés, sont vulnérables et ont des problèmes tels qu'on peut prédire qu'ils auront des échecs. Certains d'entre eux n'en auront peut-être pas, mais, sur l'ensemble, c'est donc plus du tiers sur l'île de Montréal, des petits enfants, qui sont vulnérables. C'est une donnée très troublante. Ils arrivent à cinq ans avec déjà des difficultés ou des retards, et, si ça les suit, vous comprenez bien, tout au long de leur parcours, on peut parfaitement comprendre que, rendu à un moment donné, ils aient envie de décrocher ou ils soient face à l'échec.
Plus récemment, l'automne dernier, le Conseil supérieur de l'éducation a émis un avis qui nous a conforté dans notre idée d'aller du côté des maternelles plein temps pour des milieux défavorisés. Le Conseil supérieur de l'éducation concluait que les enfants de quatre ans, pour 27 % d'entre eux, ne reçoivent pas de services... j'emploie les mots du conseil, il parle de services d'éducation ou d'accueil. En gros, cela veut dire qu'ils ne sont ni dans des services de garde ni dans des maternelles à demi-temps qui existent actuellement dans certains milieux pour les enfants de quatre ans.
Donc, il y a plus du quart des petits enfants de quatre ans - on peut le dire autrement, comme ça - qui passent directement de la maison à l'école en maternelle cinq ans. Et pour plusieurs d'entre eux, il y a des difficultés dans ce passage, et c'est eux que l'on vise. C'est ce 27 % d'enfants de quatre ans qui actuellement ne sont pas dans notre réseau régulier de services de garde ou ne sont pas dans des maternelles à demi-temps.
On veut donc une nouvelle porte d'entrée. On veut donc une nouvelle porte d'entrée pour les enfants du Québec. On veut ajouter un service. C'est essentiellement ça qu'on fait. On veut ajouter un service parce qu'on veut qu'ils aient une intervention précoce qui leur permette de partir du bon pied. On sait que si on intervient de façon précoce, on va leur permettre d'améliorer leurs habiletés cognitives, linguistiques, sociales. On va leur apprendre des choses qui vont faire qu'arrivés en maternelle et surtout en première année, ils seront mieux disposés pour réussir.
J'insiste, et ma collègue le dira également de son côté, c'est un service que nous ajoutons. Le gouvernement du Québec a fait le choix, depuis de nombreuses années, d'offrir des services de garde de qualité à tous les enfants du Québec et cela demeure. Je dirais, cela demeure le courant principal.
Mais puisqu'il y a plus du quart des enfants de quatre ans qui, pour des raisons de choix des parents, n'y vont pas, c'est pour eux qu'on ajoute... qu'on ouvre une nouvelle porte, qu'on ajoute quelque chose parce qu'on veut essayer de couvrir le plus possible de territoire. Le Conseil supérieur de l'éducation nous demandait de viser 90 %, dans les prochaines années, d'enfants qui auraient donc soit accès aux services de garde ou à des services à l'intérieur de l'école.
En quoi consiste ce projet, brièvement, et qu'est-ce que, plus précisément, j'annonce aujourd'hui? Alors, je vais vous indiquer d'abord qu'à terme, les enfants que nous visons - ma collègue en vise d'autres - les enfants que nous visons pour les maternelles plein temps en milieu défavorisé, à terme - ce n'est pas en septembre prochain, c'est dans quelques années - ça peut représenter 8 000 enfants. C'est à peu près ça, le nombre d'enfants au Québec qui pourraient être visés, une fois déployée cette offre d'un nouveau service.
Donc, je précise également que, de façon concrète, ce que je demande aujourd'hui aux commissions scolaires, c'est d'identifier une classe pour des enfants, dans un nombre de 18 - ça va être l'ordre de grandeur de la classe, 18 enfants - sur leur territoire. Et je précise un chose très claire, un... sur leur territoire, ils devront choisir des écoles qui sont dans ce qu'on appelle communément l'indice de défavorsation 9 et 10.
Je vous précise ça. Les écoles sont classées au Québec selon le, je dirais, le revenu des parents et de même que la scolarisation de la mère. Il y a un indice qui mesure cela et qui classe les écoles. Quand on est dans un indice de défavorisation 9 et 10, ça veut dire qu'on est en milieu très nettement défavorisé. Je réserve donc... ces écoles-là, je leur réserve l'implantation d'une maternelle à plein temps et je demande aux commissions scolaires de m'identifier quelle est l'école qui va bénéficier de ce service-là puisqu'on commencerait en septembre 2013.
J'ajoute que c'est une base volontaire. Bien entendu, il ne s'agit pas d'aller chercher les enfants. Vous savez d'ailleurs que la maternelle cinq ans, elle est volontaire aussi. Par contre, il se trouve que 98 %, je pense, des enfants y sont, mais, à plus forte raison, la maternelle quatre ans, dans les milieux défavorisés, elle sera sur base volontaire, mais nous croyons que des parents qui, à ce moment-ci, hésitent à envoyer leurs enfants dans des service de garde parce qu'ils les gardent eux-mêmes seront enclins à leur ouvrir les portes de l'école s'ils pensent que, pour leur enfant, ça peut être bon.
En termes de financement, ce que nous allons mettre, parce que c'est bien sûr le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport qui va financer cette nouvelle mesure, on ne demande pas aux commissions scolaires de le faire à même leurs crédits actuels, ce que nous allons donc injecter pour l'année prochaine, 2013-2014, c'est 8,1 millions de dollars, ce que ça va nous coûter. On a fait un calcul par élève, et ça nous donne environ cette enveloppe-là.
J'ajoute également que c'est une implantation progressive. On aura donc une classe par commission scolaire à partir de septembre prochain. Ça veut dire 69 commissions scolaires qui ont des écoles qui ont un indice de défavorisation 9 et 10, donc il pourrait y avoir 69 classes de maternelle plein temps dans ces milieux défavorisés. Et, si les choses se déroulent bien, cela pourra, par exemple, doubler l'année d'après, notre bassin potentiel d'ici plusieurs années étant 8 000 enfants. Mais, pour le moment, on va commencer l'an prochain à environ 1 200, et on pourra continuer de se déployer si les choses vont bien.
Je vous dis donc «si les choses vont bien». Ce que je pourrais, avant de passer la parole à ma collègue, vous indiquer, c'est qu'on a mis sur pied un comité de travail. On a mis, autour de la table, des gens à qui on a confié le soin, bien entendu, de nous éclairer pour l'implantation de ces maternelles quatre ans. Donc, on a une vaste équipe autour de la table et on a précisément trois comités de travail.
On a une première équipe qui voit au programme. Je précise qu'il ne s'agit pas d'un programme scolaire. C'est une maternelle pour des enfants de quatre ans, donc c'est un programme éducatif, mais ce n'est pas de la scolarisation, donc quel est le programme qu'on va leur offrir. On a une autre équipe qui s'intéresse à l'implantation, au soutien offert aux enseignants, au suivi du déploiement. Moi, je veux qu'on suive de très près ce que ça va donner en 2013-2014 et qu'on voit ensuite si on continue à l'implanter à un peu plus grande échelle l'année suivante. Et puis on a également une équipe de travail qui va être en interface très grande avec les services de garde pour se préoccuper de la complémentarité. Donc, vous voyez, on met quelque chose en place dans une échelle modeste pour commencer, bien encadré, en concertation avec les services de garde.
Et, sur ce, je vais inviter ma collègue à vous donner son point de vue sur la question et à compléter.
Mme Léger: Alors, bonjour. Comme le mentionnait la première ministre lors de son discours inaugural, l'éducation et la lutte au décrochage scolaire commencent dès la petite enfance. C'est pour cette raison que les services de garde québécois ont une vocation éducative, et c'est aussi pourquoi notre gouvernement a annoncé qu'il envisageait 15 000 places additionnelles en service de garde et implanter la maternelle à quatre ans à temps plein, de façon progressive, dans les milieux défavorisés.
Ma collègue vient à l'instant d'expliquer l'importance d'agir dans ces milieux et pour ces enfants en particulier. En augmentant son offre de service éducatif, que ce soit avec l'ajout de places en service de garde ou en créant des classes de maternelle quatre ans, le gouvernement facilite l'accès à un milieu stimulant et à un encadrement professionnel à des enfants susceptibles d'en avoir besoin, et ce, afin de bien les préparer à leur entrée à la petite école.
Ces services, nous les mettrons en oeuvre en complémentarité. En effet, l'objectif recherché n'est pas de déplacer des enfants d'un service à un autre, mais plutôt, comme je le mentionnais, d'offrir l'un et l'autre de ces services à un plus grand nombre pour s'assurer de leur complémentarité, le ministère de la Famille et le ministère de l'Éducation en collaboration, pour maximiser la participation des enfants de quatre ans de milieux défavorisés à l'un ou l'autre des services et à mesure qu'augmentera le nombre de places qui leur seront respectivement accordées.
À cet égard, nous pouvons déjà compter sur l'apport d'organismes régionaux déjà à l'oeuvre, tels que les comités consultatifs régionaux au ministère de la Famille, où siège un représentant des commissions scolaires du territoire concerné, entre autres, et ces comités seront invités à exprimer leur avis aux commissions scolaires au moment d'identifier les territoires prioritaires pour ajouter des nouveaux services éducatifs.
Alors, j'assure donc à ma collègue aujourd'hui mon soutien à l'entière collaboration de mon ministère afin de mettre en place avec succès la maternelle quatre ans. Gardons toujours à l'esprit qu'ensemble on travaille avant tout pour le bien-être des enfants, la lutte au décrochage scolaire et à donner aux parents davantage de ressources.
Mme Malavoy: Permettez-moi un petit mot de conclusion. C'était là un engagement électoral important. Je suis heureuse qu'on puisse vous annoncer qu'on le tient. Mais, au-delà de ça, depuis que j'assume mes fonctions, j'ai toujours à l'esprit que les enfants ont le goût d'apprendre, qu'ils naissent avec un instinct de curiosité et que notre travail à nous, c'est de les accompagner pour qu'effectivement ce goût d'apprendre se déploie et pour qu'ils réussissent. Et je pense qu'en offrant, dans des milieux défavorisés, à des enfants de quatre ans, une maternelle à plein temps, c'est exactement ce à quoi cela devrait servir. C'est ce qu'on vise. On sait que ces enfants ont du talent, on veut simplement s'assurer qu'ils puissent le déployer. Merci.
La Modératrice: Alors, on commence avec la période des questions. On va commencer avec Alain de TVA. Non?
M. Laforest (Alain): Oui, oui, oui. Excusez. Mme Malavoy, une des préoccupations de ceux qui vont avoir à mettre en place, entre autres, ces fameux services, c'est... ils vous demandent si vous avez prévu de mettre en place des moyens pour aider les parents, lorsque ces enfants-là vont aller à la maternelle, pour les réinsérer, là. Les programmes de formation professionnelle, vous les supportez. Je présume que vous savez de quoi je parle, ils vous en ont parlé, là. Est-ce que vous avez prévu des mesures pour supporter les parents pour la réinsertion en emploi puis créer un milieu plus favorable d'apprentissage à la maison?
Mme Malavoy: Je vais peut-être commencer par ajouter quelque chose que je n'avais pas mis dans le texte principal, mais il existe actuellement des projets pilotes. Il y en a sept projets pilotes de maternelle plein temps dans des milieux défavorisés. Dans ces projets-là, un ingrédient important, c'est d'inclure les parents dans la démarche. Donc, dans notre préoccupation, il y a un lien de proximité grand avec les parents.
Cela dit, ma responsabilité à moi, comme ministre de l'Éducation, c'est de m'assurer que ces enfants de quatre ans aient de bons services éducatifs à l'intérieur de l'école, en collaboration avec les parents. Ma responsabilité immédiate n'est pas de m'assurer, par exemple, qu'un parent retourne sur le marché du travail. Mais je conçois bien qu'il pourrait s'ajouter des enjeux comme ceux-là et qu'en concertation avec, par exemple, ma collègue de l'Emploi, on regarde ce que l'on peut faire. Mais l'argent que je mets, le 8,1 millions que je mets aujourd'hui, je le mets dans le cadre du projet de maternelle quatre ans. Je ne le mets pas, par exemple, pour réinsérer des parents en emploi. Cela dit, il n'y a aucune contradiction, et ça pourrait effectivement, à un moment donné, accompagner les choses. Mais, dans l'immédiat, mon projet est plus rattaché à ma fonction de ministre immédiatement.
M. Laforest (Alain): Oui, je vous comprends, mais vous savez très bien qu'on parle de milieu de vie, et, si vous sortez l'enfant du milieu de vie pour le stimuler et qu'il retourne dans un milieu où il n'est pas stimulé, est-ce qu'on ne fait pas chou blanc? C'est un peu ce que les... ce qu'on questionne de votre projet, là.
Mme Malavoy: Oui. Bien, d'abord, je suis très prudente quant au jugement des milieux. Je pense que les enfants qui sont de milieu défavorisé, qui sont gardés chez eux, peuvent être dans un milieu où, au plan affectif, ils reçoivent beaucoup d'amour. Mais effectivement, dans certains cas, ils ont besoin d'avoir une stimulation, par exemple, au plan social, cognitif, que leur procure soit le service de garde, quand ils y vont, ou que leur procureront ces maternelles quatre ans.
Pour le reste, il peut y avoir un travail complémentaire qui s'exerce, mais, comme je vous dis, ce que j'annonce aujourd'hui, c'est vraiment le projet à l'intérieur de l'école. Et il pourrait y avoir, en concertation avec d'autres, d'autres types de projet pour viser les parents. Moi, je vise les parents mais en lien avec la réussite de leur élève. Ils vont être associés, comme c'est le cas par exemple, il y a un projet actuellement à l'école Saint-Zotique, une maternelle quatre ans; dans la démarche pédagogique qui est visée, les parents sont inclus. Et ça a certainement un effet bénéfique sur, je dirais, la vie même des parents. Mais je n'en fais pas un objectif pointu dans lequel j'aurais, par exemple, des sommes à investir.
M. Laforest (Alain): Une petite dernière. Est-ce qu'il y a suffisamment de locaux?
Mme Malavoy: Alors, vous comprenez qu'on y va de façon très progressive, précisément parce que les commissions scolaires sont invitées à faire leur choix en tenant compte des locaux disponibles. Je n'ai pas d'argent pour ajouter des locaux, je ne veux pas construire... à ce moment-ci, là, je ne construis pas des classes pour des maternelles quatre ans. Donc, les commissions scolaires, sur leur territoire, auront à faire l'exercice en ciblant les écoles qui ont des indices de défavorisation 9 et 10, mais aussi en s'assurant, bien entendu, d'avoir des locaux disponibles.
La Modératrice: Alors, Régys Caron, du Journal de Québec.
M. Caron (Régys): Bonjour, Mmes les ministres. Mme Malavoy, vous aurez besoin, donc, de 69 enseignants en septembre pour ces groupes-là. Quelle sera leur formation? Est-ce qu'elle sera spécifique à ces clientèles-là?
Mme Malavoy: En fait, la formation existe déjà, parce que, dans les universités, il y a des enseignants formés pour le préscolaire. Les enseignants qui, actuellement, accompagnent les petits enfants de cinq ans en maternelle ont une formation qui peut s'adapter à des enfants de quatre ans. On enverra un signal pour que cette, je dirais, préoccupation d'enfant de quatre ans soit bien à l'esprit des gens qui, à la formation des maîtres, accompagnent les futurs enseignants, mais on sait que leur formation de base convient pour ce genre de travail.
M. Caron (Régys): Est-ce qu'ils sont disponibles? Est-ce qu'il y en a assez sur...
Mme Malavoy: Oui. C'est-à-dire que c'est aussi une des données que nous avons regardées, bien entendu, la question des locaux, des questions pragmatiques comme celle des locaux, mais, bien entendu, la disponibilité d'enseignants. Il en faut environ 70, et nous avons des informations telles qu'il y aura, effectivement, disponibilité d'enseignants pour ces 70 premières maternelles quatre ans.
La Modératrice: Excusez-moi, votre nom m'échappe, là...
Mme Dion-Viens (Daphnée): Daphnée Dion-Viens, du Soleil. Le réseau des CPE considère que la place d'un enfant de quatre ans, c'est dans un CPE ou dans une garderie, parce que les groupes sont plus petits, parce qu'il y a moins d'enfants dans ces milieux-là, entre autres. Et eux disent: Bien, si c'est l'argent qui est le frein, si ces familles-là n'ont pas le 7 $ ou parfois plus, dans le réseau privé, pour envoyer leurs enfants dans le réseau de garde, bien, on devrait peut-être considérer d'offrir des places gratuites ou on devrait peut-être regarder comment élargir l'accès dans les réseaux de services de garde.
Est-ce que vous avez regardé cette hypothèse-là puis qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Malavoy: Bien, veux-tu répondre ou... Bien, moi, je vais commencer par dire que, d'abord, soyons très clairs: Il existe, dans les services de garde, des places pour des enfants issus de milieux défavorisés qui sont gratuites. Et, nonobstant cela, il y a 27 % des enfants de quatre ans qui ne vont pas dans ces services ou qui ne vont pas à des maternelles demi-temps, parce qu'il y en a quelques unes qui existent. Donc, ce n'est pas une question de coûts.
Mme Léger: Est-ce que je peux compléter en disant que, dans nos centres à la petite enfance, on sait que c'est une réussite, on sait que ça fonctionne. On a actuellement, sur les enfants de quatre ans, 10 000 enfants qui sont de milieux défavorisés qui sont dans notre réseau présentement. Là, aujourd'hui, la question est particulièrement les enfants qui ne viennent pas en centre à la petite enfance. Alors, il y a un nombre d'enfants - on parle de 8 000 enfants - qui ne fréquentent pas nos centres à la petite enfance, et une des questions, c'est cette lutte-là au décrochage scolaire pour la suite des choses et comment aller chercher ces enfants-là.
Alors, c'est sûr que les services de garde sont mis à contribution parce qu'on a cette réflexion-là, et la maternelle quatre ans vient donner une de ces ressources-là en complémentarité avec les services de garde. Ça fait que c'est ça, le but, aujourd'hui, de le faire en complémentarité et de voir, au fil des années, ma collègue vous l'a dit, au fil des années, de voir comment on peut encore davantage resserrer les choses pour s'assurer qu'on répond à ces enfants-là qui ne fréquentent pas les centres à la petite enfance.
Mme Dion-Viens (Daphnée): Êtes-vous capables d'expliquer alors pourquoi il y a 27 % des enfants de quatre ans qui ne sont ni dans les services de garde, ni dans les écoles?
Mme Malavoy: On a des éléments de réponse, mais c'est plus, je dirais, d'ordre culturel au sens large. Il y a des milieux dans lesquels... particulièrement quand un parent ne travaille pas à l'extérieur de la maison, où on considère qu'on garde ses enfants soi-même. Et donc c'est un, je dirais, c'est un modèle qui existe et qui, en soi, là, peut être tout à fait justifié. Il reste que, pour un certain nombre d'enfants... Je réfère à une statistique que je vous ai donnée d'entrée de jeu. Quand on dit que, sur l'île de Montréal, 35 % des petits enfants arrivent à cinq ans avec déjà une vulnérabilité évidente, bien, on se dit: Il faut faire quelque chose. Et les mêmes parents qui gardent leurs enfants quand ils sont petits, semble-t-il, parce que les projets pilotes le confirment, semble-t-il, voient d'un bon oeil de les envoyer à l'école.
La Modératrice: David Gentile, Radio-Canada.
M. Gentile (Davide): Mme Malavoy, qu'est-ce qui arrive si vous ciblez une école dans un quartier qui est statistiquement défavorisé, mais qui, comme c'est le cas dans votre comté d'ailleurs, regroupe des familles de milieux plutôt aisés? Qu'est-ce que font ces parents-là? Est-ce qu'ils vont être exclus de ces programmes-là de maternelle ou est-ce qu'ils vont pouvoir y aller quand même?
Mme Malavoy: Alors, nous, on demande à la commission scolaire un exercice, je dirais, au départ, simple parce qu'ils ont la classification de toutes leurs écoles. On leur dit: Vous prenez des écoles qui sont classées 9 ou 10. Quand elles sont classées 9 ou 10, les écoles, c'est généralement qu'il y a une très, très grande majorité de gens de milieux défavorisés. À l'intérieur de ça, vous faites le choix de 18 enfants qui, en septembre prochain, vont avoir accès à la maternelle quatre ans à plein temps. Et donc, on suppose que, les commissions scolaires, connaissant les enfants... et on va d'ailleurs les aider. On va leur donner, entre autres, nous, des informations très précises selon le code postal, qui indiquent le type de milieu. Donc, les commissions scolaires vont, on est sûrs, composer les groupes avec des enfants véritablement défavorisés.
La Modératrice: Martin Ouellet, La Presse canadienne.
M. Ouellet (Martin): Oui. Moi, j'ai une question - bonjour, mesdames - j'ai une question très technique, là. C'est 70 classes qui vont être financées, là, pour les quatre ans. Et ça, bien, c'est dans... ça se déploie sur combien de régions, combien de commissions scolaires? Est-ce que c'est possible de le savoir?
Mme Malavoy: Bien, en fait, je fais un calcul vraiment très simple. Il y a 70 commissions scolaires qui ont des écoles qui ont cet indice de défavorisation 9 et 10, et donc, à chacune, je dis: Vous avez droit à une classe. Moi, je peux vous financer une classe en septembre prochain. Je vous dis tout de suite que certaines commissions scolaires - parce que, cette idée-là, elle a circulé un peu - certaines commissions scolaires déjà vont me dire: Est-ce qu'on pourrait en avoir plus? On serait capables d'en mettre sur pied plus qu'une. Moi, j'en finance une, c'est ça que je peux faire à ce moment-ci. Puis, si ça fonctionne bien, on déploiera, l'année suivante, encore un certain nombre de classes.
M. Ouellet (Martin): O.K. Et justement, si ça se déroule bien, qu'est-ce qui pourrait faire déraper la chose? C'est l'argent? Qu'est-ce qui pourrait vous empêcher de remplir votre promesse?
Mme Malavoy: Bien, disons que c'est... je pense que c'est une question de prudence de base de voir l'effet que cela a. D'abord, il faut valider qu'on répond à un besoin. Alors, moi, je vous dis aujourd'hui, les données que j'ai me laissent croire que, oui, dans les milieux qui n'envoient pas leurs enfants en services de garde, il y aura un intérêt pour ça. Mais il faut encore que je le... que j'en sois assurée. Bon.
Il faut également qu'on regarde quel est notre programme. On est en train de l'évaluer... On est en train de l'élaborer, pardon, mais il faudra l'évaluer. On veut aussi, à plus long terme, faire un suivi au-delà de la vérification de comment ça va la première année. Nous, en fait, puisqu'on veut lutter contre le décrochage scolaire, on veut faire un suivi très serré et on le fera avec des experts et des chercheurs de ce que, par exemple, les enfants entrés à quatre ans en 2013-2014, ce que ça a comme impact sur eux rendus à l'école, quand il commence à y avoir des évaluations au plan scolaire. On veut suivre la cohorte. On veut voir l'impact que ça a, parce que, notre but, c'est qu'il n'y ait pas de décrochage scolaire. Or, le décrochage scolaire n'arrive pas en deuxième, troisième année. Le décrochage scolaire arrive généralement au secondaire. Mais on veut suivre ces enfants-là.
M. Ouellet (Martin): Et très rapidement, 70 classes, là, est-ce que ça se retrouve... ça se retrouve, j'imagine dans les grandes villes. Les indices, là, 9 et 10, là, c'est...
Mme Malavoy: Il y en a partout.
M. Ouellet (Martin): Il y en a partout. Dans toutes les régions ou...
Mme Malavoy: Oui, dans toutes les régions. Dans toutes les régions, parce qu'il y a, au Québec, 72 commissions scolaires. Il y en a deux qui sont en territoire... enfin, il y en a trois qui sont en territoire autochtone, de cela une qui est en... qui a une école en milieu défavorisé. Mais, pour les autres, elles ont toutes des indices de défavorisation 9 ou 10. Donc, c'est tout le territoire et c'est pour ça que chacune va choisir l'endroit qui est le plus approprié.
La Modératrice: So we'll just pass into English. Oh! Julie... Oui, je vais donner une dernière question à Julie et à Radio-Canada.
Mme Dufresne (Julie): Bonjour, mesdames .J'espère que vous n'avez pas déjà répondu à cette question-là. Je suis désolée, j'étais en ondes, mais...
Une voix: ...
Mme Dufresne (Julie): D'accord. J'aimerais savoir comment vous allez procéder pour choisir précisément quelles classes. Est-ce que les choix sont déjà arrêtés? Et est-ce que vous ne craignez pas que les classes ou les familles ciblées se sentent un peu identifiées comme étant de milieu favorisé?
Mme Malavoy: Défavorisé.
Mme Dufresne (Julie): Oui, défavorisé.
Mme Malavoy: On confie à la commission scolaire le choix de trouver, de choisir les enfants qui vont être dans cette maternelle quatre ans, mais toujours en ciblant que c'est dans des écoles de cet indice de défavorisation, 9 et 10, donc vraiment les écoles les plus défavorisées de leur territoire, et elles vont offrir des places aux parents de ces enfants. Quand il y aura 18 enfants, bien, on considérera que c'est terminé pour l'année 2013-2014.
Ce qu'on pense, c'est que notre approche, c'est vraiment une approche d'offrir quelque chose à ces parents. Et, dans les projets pilotes qui existent, il y en a sept actuellement, ça marche bien. Les parents sont même associés, comme je le disais un peu plus tôt, ils sont associés à la démarche. C'est vu comme étant valorisant pour leur enfant, puis les parents veulent le bien de leur enfant, ils veulent que leur enfant réussisse. Et donc, si on leur offre une année où il peut mieux se préparer ensuite à entrer en maternelle, puis ensuite, bien évidemment, en première année, semble-t-il que la réponse est bonne. Mais c'est la commission scolaire qui va donc remplir les classes, si je peux dire.
Mme Léger: Puis je pourrais compléter aussi en disant que nous avons, au ministère de la Famille, nous avons mis sur pied des comités consultatifs régionaux qui permettent, sur le territoire... connaissent beaucoup leur territoire, ont des outils pour les places additionnelles en service de garde. Ils vont... ils sont mis à contribution. Ça fait partie de la complémentarité qu'on va pouvoir contribuer avec le ministère de l'Éducation. Il y a des... ces comités consultatifs là, il y a une personne qui représente la commission scolaire, des personnes qui représentent d'autres organisations sur le territoire. Donc, ils connaissent bien, bien le milieu, les milieux concernés, donc vont pouvoir donner leurs recommandations aux commissions scolaires.
Mme Dufresne (Julie): Est-ce qu'à terme, vous espérez que des élèves de milieux moins défavorisés puissent en bénéficier aussi?
Mme Malavoy: C'est-à-dire qu'il faut comprendre que, dans les milieux moins défavorisés, la grande majorité de ces enfants vont dans les services de garde et que c'est dans les milieux plus nettement défavorisés que des enfants passent de la maison à la maternelle cinq ans. C'est eux qu'on vise. Mais vous comprenez qu'arriveront en cours de route, probablement, toutes sortes de situations qui nous feront rajuster des choses. Là, on le commence de façon progressive, modeste, mais il y a quand même eu un peu plus de 8 millions de dollars qu'il faut injecter pour ça. Et si, l'année d'après, on peut doubler, parce que ça va bien et la réponse est bonne, on va doubler. Le maximum que l'on aurait à atteindre dans plusieurs années, c'est 8 000 enfants, mais on va y aller étape par étape.
Mme Dufresne (Julie): Ce que je veux dire, c'est qu'une famille qui aurait, par exemple, de bons revenus ne pourrait pas, d'aucune façon... ce n'est pas l'objectif non plus à long terme de faire profiter de ces services-là à des familles à meilleur revenu.
Mme Malavoy: Effectivement, effectivement.
La Modératrice: Alain de TVA, une petite question?
M. Laforest (Alain): Très rapidement, Mme Malavoy. Je suis sûr que vous avez ce chiffre-là en tête. Le taux de décrochage chez les jeunes au secondaire, garçons et filles, c'est quoi actuellement?
Mme Malavoy: Alors, le taux de décrochage, c'est-à-dire ceux qui quittent avant d'avoir complété dans ce qu'on appelle les temps requis, temps requis...
M. Laforest (Alain): ...vous l'avez dit, 35 %. Mais ceux qui décrochent totalement, là, qui ne termineront jamais leur formation, là. On a toujours dit que les garçons décrochaient davantage, ne se... et s'en allaient sur le marché du travail sans diplôme. Il est à combien actuellement, ce taux-là, selon les derniers chiffres?
Mme Malavoy: Si on calcule les jeunes en bas de 20 ans, donc on intègre ceux qui vont, à un moment donné, après avoir décroché, revenir dans un parcours, c'est environ 24 %.
M. Laforest (Alain): 24 % des jeunes garçons qui décrochent?
Mme Malavoy: Non. Ça, c'est tout... c'est garçons et filles.
M. Laforest (Alain): Garçons et filles. 24 % décrochent ou abandonnent l'école.
Mme Malavoy: C'est-à-dire, vont finalement n'avoir... auront abandonné l'école, mais ils ne seront pas revenus pour se donner une qualification. C'est ça. C'est beaucoup, hein? C'est beaucoup, là, dans une société qui aura besoin de centaines de milliers d'emplois dans quelques années. C'est beaucoup, mais c'est beaucoup au plan de la... je dirais, les besoins de l'économie québécoise, mais c'est d'abord extrêmement malheureux et dramatique pour les personnes que ça concerne, qui se retrouvent finalement très souvent en marge de la société quand ils n'arrivent pas à se situer avec un emploi intéressant et qu'ils n'ont pas de formation.
Mme Montgomery (Angelica): So now I will switch to English questions very briefly, if I could just ask a few questions. I'm wondering whether Bill 101 and its constraints will apply to the Grade 4... this Grade 4 kindergarten.
Mme Malavoy: Yes. So I made some verification, and Bill 101 will apply because Bill 101 applies to the kindergarten as well as the Grade 1st, and 2, and primary level.
Mme Montgomery (Angelica): And you're mentioning that 70 school boards will... that have these disadvantaged schools will have a chance to have one class. There are disadvantaged schools in the English system. Do you know how they will be distributed? How the classes will be distributed in the English system?
Mme Malavoy: Well, in the English system, each board will have to choose one class. So they will have, as in the French system, they will have one class by school board.
Mme Montgomery (Angelica): Alors... Oh! Sorry. Kevin Dougherty, The Gazette.
M. Dougherty (Kevin): I don't quite understand why. I mean, you talk about middle-class kids. Middle-class parents send their kids to the CPE, to the «service de garde», where there are more resources per... and people are trained «pour prématernelle». And why, if you can do this, you know, why do you decide to favor this approach rather than saying: OK. Because what you're going to do, for what I understand, the school board is going to out and recruit children who would benefit from this. Why can't the CPE do the same thing, go out and say, you know: You, kids, might benefit from this? Why this approach instead of CPE?
Mme Malavoy: First of all, I will say that we add something, we add a new service, because what we observe is that the parents, in some disadvantaged areas, don't send their children to the day-care centers. It's their choice. So...
M. Dougherty (Kevin): It's still their choice. It's voluntary, this, though.
Mme Malavoy: It's a voluntary... I don't question the choice. I just observed that and so I could wait and say: Well, maybe one day, they will send their children. But, if they don't do it right now, I think it's a good idea to add a new service, so we can reach more of those children.
M. Dougherty (Kevin): In other countries, as Finland comes to mind, school starts at 7, and they have the best results with South Korea, you know. In math, in science and things like that, they do very well. And what they do before starting school at 7 is they have a sort of an extended preschool, you know. They're not just on their own.
But have you thought of something like that, you know, an approach like that, or is it: We can't do that here?
Mme Malavoy: Well, it's very different in some other countries. We have a day-care system. I think, it's a very good one, and that's the choice we made a few years ago. So we don't want to change the model, we want to keep it, but we just want to add some thing. In some countries, you begin school at three years old, in kindergartens. That's not the choice we made in Québec, but we add something especially for children coming from disadvantaged areas.
La Modératrice: Caroline Plante, Global.
Mme Plante (Caroline): So, Mrs. Malavoy, as a follow-up on my colleague's here question: What makes you say that parents will send their four-year-old to kindergarten when they're not even sending them to free day-care? We're just trying to understand.
Mme Malavoy: Well, we have positive experiences right now showing that some parents who didn't send their children to a day-care center chose to send them to school, probably because they think school is automatically something good for their children, and those parents keeping their children at home think they are able to keep them at home, but they see school as something good for their children. So that's why we think we can offer them that kind of service.
Mme Plante (Caroline): Do you know how many anglophone and/or allophone kids are being targeted?
Mme Malavoy: We'll have one classroom by school board. So it's not so many classes in the English system, because it's just one by school board. But you mean how many disadvantaged children we have, four years old?
Mme Plante (Caroline): Anglophone or allophone.
Mme Malavoy: I cannot tell you right now. I can see for that, but I cannot tell you right now.
Mme Plante (Caroline): And do you think... Last one. Do you see it as a problem that these children might be labelled as disadvantaged if they're in a special class, you know, by themselves? Do you fear the label?
Mme Malavoy: Well, we think right now they are labelled when they are in the five-years-old kindergarten or at Grade 1st because they see they cannot perform as the other children. So, in a class where they are very well... they have exactly the kind of program they need, we think they will be in a better position to begin school when it's the time to do it. So we think it's the best thing we can do, because what is really bad is the label you have when you begin to fear yourself as incompetent or unable to succeed.
La Modératrice: Catou McKinnon, CBC.
Mme McKinnon (Catou): I have a factual question, minister Malavoy. That levels 9 and 10 for the schools, what level of education does the mother have, and what kind of family income is it?
Mme Malavoy: Well, what you're saying is exactly the manner we calculate those... I'll tell you exactly, the term «disadvantages community indicator». The two indicators you just talked about, it's, first of all, what kind of scholarization the mother - it's the mother - has and what is the income of the family.
So, with those two indicators, you can classify the children and you know if they come in... a disadvantaged area.
Mme McKinnon (Catou): I understand that. I am wondering what those levels are. What is the level of education of the mother, you know? She is a high school dropout, she hasn't finished Grade 4? And what is the family income?
Mme Malavoy: I don't have the... exactly, but I know it's...
Mme McKinnon (Catou): Maybe we can get that later. I'll move along.
Mme Malavoy: Yes, probably, but it's very low. It's not high school, there is no diploma. It's clear, it's no diploma on the side of the mother.
Mme McKinnon (Catou): Are you going to get the ENAP to study this?
Mme Malavoy: No, we are not asking ENAP for all our projects. I did it for intensive English. But we have, right now, a group implanted, looking after the program, and we'll follow the experience very well. So we don't need that. Maybe, in 10 years from now, we will have to have something to look about at the projects and evaluate it. But we are just going on with a first step next year, so we have what we need to follow it properly.
Mme McKinnon (Catou): Because you talked about taking a prudent approach, and there are seven pilot projects whereas the intensive English has been going on for 20 years and is in 10% of the schools. So why not ask l'ENAP to look at this?
Mme Malavoy: The first step we must make is to implement those kindergartens for four-years-old children. And, you know, I'll have only 70 classes next year, so I don't need to introduce ENAP now. With the minister, with the civil servants in the ministry and with the community, we're able to offer all what we need to see what's going on.
La Modératrice: Max Harrold, CTV.
Mme McKinnon (Catou): Oh! Can I just have one more? Is there a link or any type of funding attached with the Lucie-et-André-Chagnon Foundation for this program?
Mme Malavoy: No, not for the moment. It's really... the fund is only in the budget of the ministry.
La Modératrice: Max Harrold, CTV.
M. Harrold (Max): Hi, there. You say you have no money to build new classrooms. There are a lot of schools in Montréal that are filled, there is no room, they are complaining that there are not enough rooms, English schools, in particular. I don't know if there are in the low-income areas. Are you worried that some schools that would qualify won't just because they don't have the room?
Mme Malavoy: I'm not worrying about that because I'm just offering one class for the moment, and what the school boards told me right now is that they are able to do it. So I think it would not be a problem for next September. Maybe in four, five years, I will see, but I hope, in the next years, I will be able too to have new classrooms and new schools.
M. Harrold (Max): And that's why I want to talk about... In the next... over the span of time, you see 8,000 children possibly in this program. How many classes would that be and, like, over what period of time and it will cost, I think... I heard $20 million. Can you talk about that?
Mme Malavoy: You see, we will have 1,200 children almost, in next September, for one class by school board. So, to have 8,000, you need six more, I think. And the second question was...
M. Harrold (Max): ...the cost, the total cost of the multiyear program?
Mme Malavoy: Well, it will be more millions. It's $8 million for the first year, so 16 for the year after. You can calculate... With $20 million, we'll be able certainly to do not so bad, maybe a little more, but I'll do it with the budget of the Ministry.
M. Harrold (Max): ...you estimate that, right now, there are 8,000 kids who ideally would qualify to be in...
Mme Malavoy: That's an estimation.
La Modératrice: ...last question. Individually or here, it doesn't matter. OK. It sounds like you're saying that these kids would be better off in preschool than at home with their parents.
Mme Malavoy: Well, what we observed is that many children coming from disadvantaged areas, when they reach school, they don't have what they need to succeed, and, in Montreal, it's 35%. So I just observed that and I tried to add a service, because I know that when you are in a disadvantaged area, if your parents did not go to school, probably some abilities you didn't develop them. So I want to help those children to have the same chances as the other ones.
Mme McKinnon (Catou): You think the parents of those children might find that insulting?
Mme Malavoy: I don't think so. I think those parents will be happy if we offer them something. They still won't choose the day-care, but if we offer them something linked to school because they have a good... they think school is a good thing for their child, I think they will accept it and... The few experiences we have let us think it's the case.
La Modératrice: O.K. Merci beaucoup. Merci.
(Fin à 12 h 23)