Point de presse de Mme Marie Malavoy, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport
Version finale
Thursday, March 7, 2013, 10 h
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
Mme Malavoy: Bonjour. Merci d'être ici, parce que je vous parle d'un des dossiers sur lesquels j'ai travaillé ces derniers mois. Et donc je vous fais part de nos orientations concernant l'apprentissage de l'anglais.
D'abord, je suis partie du fait que l'ancien gouvernement avait décrété, de façon assez autoritaire, que toutes les écoles primaires du Québec devaient avoir de l'anglais intensif en sixième année. Et ils avaient fixé comme cible... l'atteinte de cet objectif en 2115-2116, et cela nous a semblé relativement précipité, et surtout ça a fait émerger un certain nombre de problèmes. C'est de là que je suis partie. Alors, je vais partir des difficultés qui ont émergé et je vais vous expliquer ensuite, en quelques points, quelle est la position que je propose.
Les difficultés qui ont émergé, d'abord, c'est que les gens dans les écoles ont dit: Écoutez, c'est une cible irréaliste de penser qu'en 2015-2016 100 % des élèves au Québec en sixième année puissent avoir de l'anglais intensif. C'est irréaliste, on n'y arrivera pas.
Autre chose qui a émergé comme difficulté, c'est l'organisation de ça. Vous comprenez bien que l'anglais intensif suppose un organisation des matières qui n'est pas si simple, et de dire, là encore, à tout le monde: Vous devez y arriver dans un laps de temps très rapproché, c'est quelque chose qui est apparu comme très difficile à mettre en place.
Également, autre point, là, d'un point de vue peut-être plus pédagogique, l'absence d'orientation quant à la réussite des élèves dans les matières de base. C'est bien beau faire de l'anglais intensif, mais qu'en est-il de l'impact sur l'apprentissage des matières de base? Qu'en est-il également - autre difficulté - de l'apprentissage des élèves qui ont des difficultés, pour les élèves qui sont issus de l'immigration et qui doivent donc commencer par apprendre et bien maîtriser le français? Qu'en est-il de la tâche des enseignants de sixième année? Comment s'organise la tâche en alternance entre ceux qui enseignent l'anglais et les professeurs titulaires? Qu'en est-il de l'organisation matérielle de tout ça?
Vous voyez qu'il y avait beaucoup de difficultés auxquelles le gouvernement précédent n'avait pas répondu. Et donc, partant de là, je vais vous dire, en cinq points qui ont tous leur importance, ce que je veux vous communiquer concernant les orientations en matière d'enseignement de l'anglais.
Première orientation, c'est de dire que je lève l'obligation qui est faite à toutes les écoles du Québec d'implanter l'anglais intensif en sixième année d'ici 2015-2016. Je lève cette obligation. Je pense qu'elle est irréaliste et qu'elle n'est pas souhaitable, et, comme je disais tout à l'heure, qu'on n'a pas répondu aux différentes difficultés que j'ai soulevées.
Cela dit, je réitère que le gouvernement du Parti québécois souhaite que les enfants du Québec apprennent la langue anglaise. Dans notre programme, d'ailleurs, c'est dit noir sur blanc qu'on souhaite favoriser l'apprentissage de l'anglais en recourant à la pédagogie qui soit la plus efficace, et en même temps on assiste au moment où l'acquisition du français est confirmée. Donc, nous souhaitons que les élèves du Québec, et cela répond aux demandes de bien des parents, qu'on trouve tout à fait légitimes... on souhaite que les enfants, que les élèves du Québec apprennent l'anglais, qu'ils soient capables de le parler de façon fonctionnelle, c'est-à-dire avec aisance, qu'ils soient capables de se faire comprendre de la part d'un locuteur anglophone, de le comprendre, donc qu'ils soient capables, dans la vie courante, de parler anglais correctement. On est absolument en accord avec cette orientation-là.
Une fois que j'ai dit: On lève l'obligation d'atteindre l'objectif pour tout le monde en même temps, deuxième élément que je veux clarifier, c'est qu'au lieu que ce soit le ministère du Québec qui dise à toutes les écoles: Faites la même chose en même temps, je confie au conseil d'établissement, qui est celui qui fait les choix en matière pédagogique... Il y a un programme bien sûr... il y a un régime pédagogique qui est défini par le ministère, mais, au-delà de ça, il y a des choix qui se font dans chaque école, et le conseil d'établissement, donc, verra à déterminer s'il veut implanter l'anglais intensif à ce moment-ci. S'il souhaite éventuellement utiliser d'autres méthodes, il n'y a pas d'obligation de moyens et il n'y a pas d'obligation, surtout, de calendrier.
Et je pense que ça va faire baisser la pression beaucoup. Actuellement, il y a beaucoup de pression sur les écoles, qui se voyaient presque dans l'impossibilité d'atteindre cet objectif, et donc ça va faire baisser la pression. On confie au conseil d'établissement, où se retrouvent des enseignants, des parents, à l'occasion des gens du milieu, des gens des différents personnels qui font fonctionner l'école... Ces gens-là vont être en mesure, croyons-nous, de prendre la meilleure décision.
Troisièmement, le ministère, bien sûr, puisqu'il dit: On ne vous donne pas d'objectif, mais, si vous faites déjà de l'anglais intensif et que ça fonctionne... Puis si vous voulez en faire, il n'y a pas d'interdiction, bien entendu. S'il n'y en a pas dans un sens, il n'y en a pas dans l'autre non plus. On n'arrête pas ce qui se fait. Mais, pour les gens qui utilisent cette méthode, on va fournir des guides - c'est notre travail - pour les enseignants titulaires des classes, ceux qui doivent enseigner les matières de façon plus concentrée, et pour, bien sûr, les titulaires de l'anglais... pas les titulaires mais les enseignants de l'anglais, langue seconde. On va également leur fournir des guides et on va donner des outils pour mieux savoir comment, par exemple, on fonctionne avec des élèves issus de l'immigration ou des élèves en difficulté, tenant compte d'ailleurs de la très, très grande variété de situations sur le territoire du Québec. C'est peut-être une chose à avoir à l'esprit. Entre les préoccupations des gens sur l'île de Montréal, l'organisation des écoles, les ressources qui sont disponibles et l'organisation d'une école, par exemple, multiniveaux dans des régions plus éloignés, il y a vraiment tout un monde en termes d'organisation, et je pense qu'il faut introduire, donc, de la souplesse. C'est ce que nous faisons aujourd'hui. Ça, c'était mon troisièmement, donc, le rôle du ministère de l'Éducation.
Quatrièmement, et c'est un point important, j'ai demandé à l'ENAP, qui est l'École nationale d'administration publique, de faire un bilan de ce qui se fait. Parce que le problème, c'est que moi, j'arrive au moment où des choses ont été implantées, mais il n'y a pas d'analyses d'impact, il n'y a pas de bilan de ce qui a été fait. J'ai choisi l'ENAP parce que c'est son métier de faire de l'évaluation de projets. C'est un organisme qui est au-dessus de tout soupçon quant à ses orientations. Ce n'est pas des gens qui penchent d'un côté ou de l'autre, ce sont des gens qui ne sont pas soumis non plus à des pressions.
Alors, je confie à l'ENAP le soin de faire deux choses: de faire, d'abord, le bilan de l'anglais intensif qui a été introduit par le gouvernement précédent - je veux savoir ce que ça donne - et je leur demande également, qui est une préoccupation qui est importante pour nous même si aujourd'hui je n'irai pas très loin en ce sens... mais je veux que l'ENAP fasse également le bilan de l'introduction de l'anglais en première et deuxième année. Le Parti québécois a toujours été, je dirais, critique, par rapport à l'introduction de la langue seconde au tout début du primaire, et, avant de décider si on fait quelque chose ou pas, je vais demander à l'ENAP de nous faire un bilan de ce que cela donne, des difficultés, des avantages afin qu'ils puissent nous éclairer.
Je termine en vous disant mon cinquième point, qui est aussi important. Bien entendu, on parle de l'apprentissage de l'anglais, mais il y a aussi, dans nos orientations de gouvernement, l'amélioration de la qualité de la langue française. Et, tout en proposant ces orientations concernant l'anglais, nous sommes en train de préparer des mesures qui vont permettre le renforcement de l'apprentissage du français. Il y a des travaux qui se font au ministère en ce moment et qui vont être, donc, terminés dans les prochains moins de sorte que les écoles puissent les utiliser. Parce que, l'apprentissage d'une langue seconde, nous pensons que c'est une richesse dans la société d'aujourd'hui, mais la maîtrise de sa langue maternelle est bien évidemment prioritaire, surtout quand on est des francophones en Amérique du Nord. Donc, cet objectif-là, je tiens à le réitérer dès maintenant.
Voilà donc, en cinq points, les orientations que je partage avec vous aujourd'hui. Et vous avez sûrement des questions à me poser.
M. Caron (Régys): Mme Malavoy, les parents vont sûrement être nombreux à persister dans cette orientation, là, d'opter pour l'anglais intensif. Aurez-vous assez d'enseignants pour répondre à cette demande-là?
Mme Malavoy: Actuellement... Je vais vous donner les données actuelles parce que, même avec... Oui. D'abord, je vais répondre: Oui, il y a assez d'enseignants. Mais entre autres parce que, dans les faits - c'est peut-être une donnée qui est intéressante pour vous - en 2011-2012, il y avait un peu plus de 9 % d'écoles qui avaient implanté l'anglais intensif. Et là c'était pourtant un geste autoritaire du gouvernement précédent. Donc, même si ça avait été décrété, il n'y a qu'un peu plus de 9 % d'écoles qui avaient réussi à implanter l'anglais intensif, et, en 2012-2013, donc cette année, c'est un peu plus de 12 %. Alors, vous voyez bien que déjà ça reflète une réalité. Alors, c'est pour ça que vous dis: Oui, il y aura assez d'enseignants. Parce que, même avec l'obligation, et il y a beaucoup d'écoles qui n'ont pas été en mesure, soit parce qu'ils trouvaient ça trop difficile à implanter, qu'ils ne trouvaient pas les ressources, je ne sais pas... Il y a des ressources, mais, eux, il faut qu'ils aient les ressources dans tout le Québec. Vous comprenez? C'est plus facile de trouver un enseignant de langue seconde anglaise à Montréal que dans certaines régions plus éloignées, où les écoles sont éloignées les unes des autres. Donc, je ne crois pas qu'il y ait d'inquiétudes à avoir quant à la possibilité de trouver des enseignants.
M. Caron (Régys): Pour les endroits où il y aura anglais intensif, avez-vous... est-ce qu'il y a des craintes quant à l'impact sur les autres matières, des craintes qui ont déjà été évoquées, là, depuis l'introduction de cette mesure-là?
Mme Malavoy: Bien, c'est pour ça que moi, je mets un frein, hein? Lever une obligation, c'est vraiment mettre un frein important, O.K.? Si je vous disais aujourd'hui: Je persiste en disant: Toutes les écoles, d'ici 2015, doivent avoir implanté l'anglais, je pense que je prendrais une décision qui est... ou je maintiendrais une décision qui risque d'avoir un impact négatif sur les autres matières.
Mais c'est également pour ça... Je mets un frein, mais c'est pour ça aussi que je demande à l'ENAP de faire une évaluation. Parce que, si vous parlez avec des gens, il y a des gens qui vont vous dire: Ça marche bien. Mon enfant, il suit bien. Il y a des directeurs d'école qui vont vous dire qu'ils ont des expériences heureuses. Mais moi, je veux voir l'impact global. Et donc je ne suis pas, à ce moment-ci, totalement satisfaite de ce que j'entends. J'ai besoin d'un véritable bilan articulé et scientifique.
M. Séguin (Rhéal): Si l'ENAP conclut qu'on devrait aller de l'avant avec le programme d'anglais intensif à compter de la sixième année, est-ce que vous allez le réintroduire?
Mme Malavoy: Bien, je vous reparlerai avec les conclusions de l'ENAP. Je ne peux pas préjuger, hein? Ce que je fais...
Journaliste: ...
Mme Malavoy: Je veux juste terminer. Ce que je fais actuellement, c'est que je dis: Écoutez, nous manquons de données pour savoir ce que ça donne. C'est un dossier qui est délicat. Il faut agir avec prudence, ce que je fais. Mais en même temps je ne vais pas présumer des conclusions. Je confie ça à l'ENAP avec confiance parce que c'est leur métier et, quand j'aurai leurs conclusions, je les analyserai puis je vous ferai part de la suite des choses.
Mme Prince (Véronique): Le fait de lever les exigences comme ça, à quelque part, est-ce que, pour vous, ça vous permet d'économiser des coûts? Il y a probablement des coûts qui avaient été mis en place pour ce programme-là. Et, en mettant un frein, est-ce que vous allez rechercher de l'argent à l'État?
Mme Malavoy: Il y a de l'argent qui avait été mis de côté, effectivement. Je crois que c'est 6,5 millions de dollars qui avaient été mis de côté pour, donc, permettre aux écoles d'engager du personnel.
Mais honnêtement ce n'est pas un enjeu financier. Moi, j'ai un budget de 10,2 milliards de dollars, là, dans mon ministère. Ce n'est pas un enjeu financier. C'est vraiment un enjeu, je dirais, pédagogique. On veut savoir ce que ça donne avant de dire: Tout le monde doit faire la même chose.
Et il y a en plus... Ça me permet de préciser un aspect. Je vous ai dit tout à l'heure que je confiais aux conseils d'établissement le choix de prendre la décision. Est-ce qu'ils veulent aller de ce côté-là ou certains vont dire: Écoutez, on va attendre de voir ce que l'ENAP va dire? D'autres vont dire: Écoutez, on aimerait peut-être ça, mais on n'a pas les moyens actuellement dans notre organisation scolaire. Et, pour moi, c'est une approche que je vais favoriser concernant les établissements. Je pense qu'il faut leur donner des responsabilités. Ce n'est pas à moi, de Québec, de décider que, sur tout le territoire, c'est du mur-à-mur. Et je voudrais, à chaque fois que ça va être possible pour moi, redonner aux conseils d'établissement des responsabilités qu'ils ont, que la loi leur donne et qui vont être bien mieux adaptées à la réalité de leur terrain.
M. Lavallée (Hugo): Donc, vous levez l'obligation de cet anglais intensif là. Mais est-ce que, par ailleurs, vous prenez d'autres mesures ou vous envisagez en prendre pour favoriser l'apprentissage de l'anglais peut-être de d'autres manières ou à d'autres moments du parcours scolaire?
Mme Malavoy: C'est-à-dire que je laisse ça aux conseils d'établissement. Il y a, par exemple, bon, l'anglais intensif en sixième année, qui est le modèle dont on a plus parlé. Le Parti québécois n'est pas contre l'idée en principe, là. On ne dit pas: Ce n'est pas bon, là. On pense que ça peut être une approche. Il y a d'autres écoles où on le fait, par exemple, non pas dans le modèle qui est le plus utilisé, qui est cinq mois, les matières de base en français; cinq mois, l'apprentissage de l'anglais, langue seconde, mais quelquefois on a d'autres modèles: une semaine, une semaine; une demi-journée, une demi-journée. On peut les laisser libres et de choisir également le moment. Il y en a qui expérimentent est-ce qu'on peut l'introduire en partie en cinquième année ou... Il n'y aura pas d'obligation de modèle, et on leur dit simplement: L'anglais intensif, on ne le décourage pas, au sens où on ne dit pas: On a des analyses pour vous dissuader, mais en même temps choisissez les moyens qui vous semblent les plus appropriés dans votre milieu.
Le Modérateur: M. Gentile.
M. Gentile (Davide): Mme Malavoy, avez vous l'impression que ça peut créer un système à deux vitesses? Parce qu'il y a des comités de parents qui sont plus déterminés là-dessus, il y a des écoles où la clientèle est plus favorisée au plan financier et même au plan académique. Vous n'avez pas l'impression qu'il y aura des quartiers où l'apprentissage de l'anglais va finalement se développer beaucoup plus vite que dans d'autres régions?
Mme Malavoy: Bien, je pense que c'est une approche qui, d'abord, est prudente parce qu'on n'a pas encore vraiment une analyse d'impact de ce que ça donne. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'anglais, langue seconde. Donc, la première obligation qu'on a, c'est que les matières de base soient réussies. Ça, il faut s'assurer que ce soit vrai pour tout le monde.
Ensuite, évidemment, il y a des milieux qui ont plus de ressources à leur disposition. Pensons, par exemple, à l'île de Montréal par rapport à... Je vous dis, j'ai visité, moi, des écoles où il y a plusieurs classes en même temps. Ils ont moins de ressources. Mais l'important, c'est que chacun y aille à son rythme et ne se sente ni obligé d'aller dans un sens parce qu'ils n'y arrivent pas ni interdit non plus d'aller dans un sens.
M. Gentile (Davide): Mais ça peut, dans les faits, créer une disparité. Vous dites qu'il y a des gens qui ont les moyens d'aller de l'avant, ils ont une clientèle qui est ouverte à ça. Il y a d'autres lieux où ça ne se fera pas. Donc, ces élèves-là ne prennent-ils pas un retard sur cinq, six, sept ans?
Mme Malavoy: L'objectif que nous visons, c'est qu'à la fin du secondaire les élèves du Québec puissent parler anglais avec aisance et se faire comprendre. Ça, c'est un objectif, je dirais, global. Alors, d'ici-là, il peut y avoir toutes sortes de moyens.
Je vous rappelle qu'il y a un examen qui sanctionne l'anglais au secondaire. Il y a des gens qui choisissent un programme régulier, et d'autres, un programme enrichi. Donc, il y a un examen. Dans nos... je dirais, dans nos obligations, il faut être capable de performer en anglais.
Ce que plusieurs personnes ont dit depuis, c'est qu'on trouve que les élèves ne parlent pas suffisamment bien. On aimerait leur donner accès à de meilleurs moyens. Alors, on va le faire et on va essayer de favoriser que, partout où on souhaite le faire, on en ait les moyens. Nous, on va financer tous les projets où on voudra aller de l'avant, mais en même temps on pense que de prendre un petit moment de réflexion avec le projet de l'ENAP est probablement quelque chose de judicieux qui va nous éclairer pour la suite.
Journaliste: Justement, Mme Malavoy, sur l'objectif à la fin du secondaire, qu'est-ce que ça implique concrètement? Parce que, présentement, corrigez-moi si je me trompe, mais il n'y a pas nécessairement d'examen oral en secondaire V. Est-ce que ça pourrait justement se traduire par un examen oral à la fin du secondaire pour vérifier, là, si les élèves parlent bien anglais?
Mme Malavoy: Bien, à ce moment-ci, moi, je ne peux pas conclure. Je veux voir avec l'ENAP ce que ça donne, ce qu'on fait, O.K., et je veux voir quelle décision on prendre après. Est-ce qu'on encourage ça? Est-ce qu'on fait d'autres aménagements? Est-ce qu'on doit toucher à notre modèle d'examen en secondaire V? À ce moment-ci, ce serait vraiment trop tôt pour le dire.
Mais l'objectif, dans le fond, pour moi aujourd'hui, c'est de dire: Écoutez, je lève une obligation puis je donne aux conseils d'établissement la responsabilité de faire un choix. Mais en même temps je ne reste pas les bras croisés en me disant: On verra ce que ça donne dans cinq ans, 10 ans. Non, je veux suivre ça de très près en confiant ça à l'ENAP.
Journaliste: Parce qu'en même temps les écoles secondaires vont se retrouver avec des élèves qui ont fait l'anglais intensif, qui sont relativement bons, et d'autres qui ne l'auront pas fait puis qui vont avoir des lacunes, là. Ça risque d'être très différent.
Mme Malavoy: Il y a déjà un parcours de programme régulier puis de programme enrichi, O.K., en cinquième. Donc, ça existe déjà.
La réalité, vous la connaissez aussi bien que moi. Il y a - et d'ailleurs c'est une des difficultés - des milieux, à Montréal par exemple, où des élèves, déjà, maîtrisent très bien l'anglais. Alors, est-ce qu'on va les obliger à avoir de l'anglais intensif? Moi, je dis: Peut-être que l'école choisira autre chose pour ces élèves-là. L'important, c'est de ne pas... L'important, c'est de tenir compte de la réalité de chaque école. S'il y a des ajustements à faire plus tard dans nos programmes, on les fera en temps et lieux, mais actuellement je ne dispose pas de données pour changer quoi que ce soit.
Mme Nadeau (Jessica): Mais l'ENAP va disposer de combien de temps pour faire son étude? Dans combien de temps est-ce qu'on peut s'attendre à avoir des résultats?
Mme Malavoy: L'ENAP va travailler ces prochains mois. On veut avoir quelque chose en septembre prochain, donc pour la rentrée prochaine.
Mme Nadeau (Jessica): Et puis, quand vous avez parlé de moyens financiers, là, juste pour être sûre de comprendre, vous avez dit: Il y avait une enveloppe qui était déjà prévue pour ça. En levant l'obligation, est-ce que vous enlevez complètement cette enveloppe-là...
Mme Malavoy: Non.
Mme Nadeau (Jessica): ...ou vous allez continuer à aider les écoles qui vont choisir d'aller dans cette voie-là?
Mme Malavoy: Oui. On n'enlève pas l'enveloppe. Si des écoles veulent aller dans ce sens, on pense qu'elles vont y aller.
Mais vous voyez, comme, actuellement, avec l'obligation, cette année, il y a un peu de 12 % d'écoles, avec la décision que je prends aujourd'hui de lever l'interdiction, je ne pense pas qu'on se retrouve avec 25 % d'écoles l'an prochain, là. Donc, je...
Mme Nadeau (Jessica): Non, mais vous avez dit tantôt qu'il y avait des écoles qui ne pourraient peut-être pas y aller par manque de moyens.
Mme Malavoy: Ce n'est pas tellement... Oui, mais ce n'est pas...
Mme Nadeau (Jessica): Est-ce que c'est les moyens financiers ou est-ce que vous allez...
Mme Malavoy: Non, c'est plus en termes d'organisation. Ça fait partie des problèmes, d'ailleurs. Il y a des écoles qui nous ont dit: Écoutez, regardez sur notre territoire. Nous, ce n'est pas facile. On ne peut pas avoir, par exemple, un professeur d'anglais, langue seconde à plein temps.
Mme Nadeau (Jessica): Mais ce n'est pas une question d'argent.
Mme Malavoy: Non, ce n'est pas une question d'argent.
M. Chouinard (Tommy): Mme Malavoy, le mandat que vous confiez à l'ENAP, là, c'est par contrat?
Mme Malavoy: Oui.
M. Chouinard (Tommy): C'est un contrat de combien que vous prévoyez?
Mme Malavoy: On est en train de fixer ça, là. C'est le ministère qui est en train de regarder avec l'ENAP. Ça prend un devis, O.K.? Ça prend un devis pour savoir exactement combien de temps ça va coûter, là. Mon sous-ministre, M. Veilleux, qui est...
M. Chouinard (Tommy): Pourquoi les fonctionnaires...
Mme Malavoy: Pardon?
M. Chouinard (Tommy): ...du ministère de l'Éducation sont incapables de faire cette analyse-là?
Mme Malavoy: Ce n'est pas tellement une question de capacité ou pas. Moi, je sens le besoin, et puis c'est vraiment de concert avec le sous-ministre. Et M. Veilleux, qui est ici avec moi, sous-ministre adjoint, est bien associé à la démarche. C'est vraiment la volonté d'avoir une instance qui n'est pas mêlée d'aucune façon à l'implantation de ce cours.
Le même ministère a eu, les dernières années, l'obligation d'implanter l'anglais de façon intensive partout au Québec. Moi, aujourd'hui, je lève cette obligation. Je pense que, si on veut faire un bilan, c'est bien d'avoir une instance qui est à part et dont c'est le métier de faire des évaluations de projet et des bilans.
M. Chouinard (Tommy): ...mais c'est parce que, là, c'est tout de travail... Les réévaluations de programme, là, ça se fait dans tous les ministères. Là, si chaque fois il fallait confier à un tiers prétendument neutre le mandat de faire une réévaluation de programme, là, on... C'est que je me demande dans quelle mesure... Est-ce que le ministère n'est pas en train de sous-traiter ses propres responsabilités, là?
Mme Malavoy: Bien alors je vais vous rassurer tout de suite. Vous conviendrez avec moi qu'il s'agit d'un dossier délicat, difficile, sensible, qui soulève à l'occasion des passions d'un côté ou de l'autre. Vous convenez avec moi aussi que je mets fin à une décision qui a été prise par le gouvernement précédent, et donc il ne s'agit pas d'une régulière évaluation de programme comme on fait tout le temps. Le ministère, bien sûr, ne sous-traite pas ses évaluations de programme, mais, dans ce cas-ci, c'est névralgique, l'apprentissage de l'anglais, langue seconde. C'est un...
M. Chouinard (Tommy): Mais est-ce qu'il y a des tiraillements, au ministère de l'Éducation, pour ou contre l'enseignement intensif? Parce que là on dirait que... vous laissez entendre que, dans le fond, c'est un dossier délicat, sensible, comme si saviez qu'au ministère il y avait des guerres de clochers à ce sujet-là.
Mme Malavoy: C'est un dossier qui est délicat dans la société québécoise et c'est un dossier dans lequel le ministère lui-même souhaite qu'on ait un regard extérieur puisque lui a fonctionné avec un ordre de marche, qui était l'obligation, depuis deux ans. Et moi, je dis: On lève cette obligation. Je pense que c'est bien d'avoir un regard extérieur pour ce cas spécifique.
Le Modérateur: Je vais prendre la dernière question en français à la personne qui n'aurait pas posé une question en français. Sinon, je vais passer en anglais.
Mme Plante (Caroline): Bien là, on passe en anglais.
Le Modérateur: En anglais.
Mme Plante (Caroline): Mrs. Malavoy, without the obligation, how many schools do you think will actually take the harder route and implement English?
Mme Malavoy: It's hard to say because actually we have a little more than 12% of schools that implemented the intensive English courses. So, I think, if I decide today we have an obligation, probably not so many schools will do it. But they can do it if they want. I cannot tell you how many of them will do it, but it won't be a very important percentage, I think.
Mme Plante (Caroline): Why are you concerned about teaching English, second language in grade 1 and 2?
Mme Malavoy: Well, I'm concerned because, at the same time, children have to learn their mother tongue and to be able to read, to write, to spell. So, I don't conclude anything today, I just asked ENAP, l'École nationale d'administration publique... I asked them to see what's going on with that approach. Is it good? What's the problems? Do we should maintain it? And, after I have their report, I'll decide what I'm doing after.
Mme Plante (Caroline): But many parents will be upset with your decision today. Many parents like the fact that there is intensive English or that there could be a possibility of intensive English at their schools. So, what do you respond to the parents who may be upset today by this decision?
Mme Malavoy: Well, I give at each... I think you say «governing board»... «Conseil d'établissement», I think it's «governing board». I give them the responsibility of deciding. If the parents, and the teachers, and the school want to have intensive English, they can do it. Some of them already do it, and, if some others want to do it, they can. But I just... my decision today is just saying: Well, there's no obligation for everybody at the same time in 2015 to have exactly the same approach of intensive English.
Mme Montgomery (Angelica): Mrs. Malavoy, how do you respond to this talk about your Cabinet meeting in secret with sovereignist historians to reshape the history?
Mme Malavoy: I'm not talking about history today, I'm talking about English.
M. Séguin (Rhéal): There seems to be a contradiction in what you just in what you just said. You're asking l'ENAP to evaluate the English as a second language program and at the same time you're telling the school's governing boards to decide what to do. If you, yourself, don't know what to do, how do expect each school to decide what to do with each program?
Mme Malavoy: Well, I think it's not a good idea to say: I just stop everything. I want to respect what's going on in the schools actually. Some of the schools decided, because of the decision of the Liberal Government, to implement English. Some schools didn't do it yet but want, probably, to do it next year. I won't say it's impossible. If you want, you can.
Most of the schools probably will wait and see what's going on with the research of ENAP, but I don't want to have an approach saying to schools and to the governing boards of schools: I decide for you what's good for you, and everybody has to do the same thing in one sense or the other.
M. Séguin (Rhéal): Is there not a threat there...
Mme Malavoy: Pardon me?
M. Séguin (Rhéal): Is there not a threat... or a possibility that the schools who will decide to move forward with English as a second language may not be choosing the right program to do it?
Mme Malavoy: Actually, we have a little more than 12% of schools having intensive English. Probably, it can be a little more next year. Nobody said the approach is a bad approach. We cannot conclude. So, those who actually have English intensive, and think it's a good idea, and it's well implemented in their school, they have good results, I won't say it's not good. But I don't want to oblige all the schools to do the same thing at the same time and I want to have the research of ENAP before going forward.
M. Harrold (Max): Mme Malavoy, you say it's important that French speakers, Francophones, be able to speak English at a certain level by the end of high school. So, when do you think they should start learning English? When is an appropriate time? Is it elementary? Is it high school? And in what region, what area of schooling should they start?
Mme Malavoy: Well, the approach of the Parti québécois is to say: Certainly, at the end of the primary school, so, in grade 6, we have no problem with that.
We have questions about introducing English in first and second... in grade 1st and 2nd. But I don't decide anything for the moment. That decision was made by the Liberal Government six years ago, implementing grade 1 and 2, and I want to see what's the result before I decide anything. But I think it's important to make sure, for us, that our children learn very well their mother tongue. It's not easy to be Francophone in North America, and I want to make sure we will be able to learn well French in our classes.
M. Harrold (Max): I wonder why you won't also talk to us about history today and about the sovereignty aspect of your department, what you're thinking about it.
Mme Malavoy: Because I'm making an announcement. I had five points I wanted to share with you and I'll see you later to talk about English... about history. But it's not the moment today.
Journaliste: At what time?
Mme Malavoy: It will be soon. Soon. Soon.
Mme McKinnon (Catou): Mme Malavoy, I do have some questions. What are the main reasons that you're putting this whole thing on hold?
Mme Malavoy: First of all, because we don't know the impact. We know certain difficulties the schools shared with us, saying: It's impossible to have that course intensive in English in 2015. We don't have always the proper resources. We don't know what to do with the children having learning difficulties. So, we have to answer those questions before saying: Everybody has to do it at the same time. That's the main reason.
Mme McKinnon (Catou): Intensive English has been in Québec for about 20 years. Some of those 10% of the schools who already do it have been doing it for more than a decade. Will the ENAP researchers be going to look at some of the academics who have studied this and be going to schools as well to ask them how it's working?
Mme Malavoy: Well, they can do what they want. I'm sure they will...
Mme McKinnon (Catou): Will you ask them to?
Mme Malavoy: We asked them to see what's the situation. But they can discuss with experts, they can see what's going on in the schools, talking with teachers. They can choose the way they want. They're absolutely free to choose the way they want.
Mme McKinnon (Catou): But why is it such a delicate question? Why is it? You said that it's delicate...
Mme Malavoy: Yes.
Mme McKinnon (Catou): ...and that's why it's going to a third party. Why is it so delicate?
Mme Malavoy: It's delicate because you know that, in Québec, we have a responsibility for making sure that children learn very well French. And so, before introducing a second language, we want to be absolutely sure that it's the proper time, that they can learn French very well. So, we're not sure it's a good idea to introduce English in grade 1st.
Mme Plante (Caroline): But, bottom line...
Le Modérateur: Dernière question.
Mme Plante (Caroline): Yes. Bottom line, Mrs. Malavoy, some students will have access to intensive English while others won't have that same opportunity.
Mme Malavoy: I know. It's the case actually.
Mme Plante (Caroline): It's not fair.
Mme Malavoy: No, actually... Do you say that it's actually unfair? You have just a little more than 12% of schools having intensive English, so most of the schools don't have it. They have regular courses in English and they speak English probably not so bad.
So, I don't think the situation actually is a situation where everybody has access to intensive English and I'm just stopping that. That's not the case. I'm just saying it's impossible to implement that for all the schools of Québec, and we're not sure of the impact it has, on the rest of the program especially.
Mme McKinnon (Catou): But how many requests are there right not for schools to use the intensive? You mentioned it's gone from 9% to 12%. How many more are going forward for next year?
Mme Malavoy: I don't know, I don't have those... I don't know because the decisions are made, actually, by the governing boards for next year. So, I know what's going on in 2012-2013, but, in 2013-2014, I don't know. But I suppose it won't be so many more because there's no obligation. And, even with the obligation, you just saw that not so many schools were able to implement that course.
Le Modérateur: Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 33)