Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Thursday, May 30, 2019
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Vol. 45 N° 16
Clause-by-clause consideration of Bill 2, An Act to tighten the regulation of cannabis
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
Je demande à toutes les personnes, dans la salle, de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 2, Loi resserrant
l'encadrement du cannabis.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par M. Bélanger
(Orford) ; M. Thouin (Rousseau) est remplacé par Mme Blais
(Abitibi-Ouest) ; Mme David (Marguerite-Bourgeoys) est remplacée par Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce) ; M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve) ; et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est
remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Mme la secrétaire. Lors de l'ajournement
de nos travaux hier, nous en étions à l'étude de l'article 1 du projet de
loi. Le député de Viau avait proposé un sous-amendement à l'amendement proposé
par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Au moment d'ajourner, le député de
Pontiac avait la parole. M. le député je vous cède la parole, mais avant tout,
je veux simplement mentionner que nous avons... vous aviez demandé la
transmission d'une fiche... je vous dirais, d'une note d'information d'une
fiche signalétique sur le produit Terra, de la compagnie Hexo, et je signifie
que ce document-là est maintenant disponible pour les membres de la commission.
M. Fortin :
...juste une petite seconde pour... juste consulter...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Avant de vous céder la parole de façon officielle,
oui je vous permets.
(Consultation)
Le
Président (M. Provençal)
: Je vais donc
céder la parole au député de Pontiac, compte tenu qu'il était la dernière
personne à être intervenue hier. M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Oui. M. le Président, hier...en
fait je remercie le ministre pour avoir déposé le document en question, qu'on
lui avait demandé de déposer, lors d'une question de règlement. Cependant,
avant qu'on se quitte hier, la dernière chose sur laquelle on s'était laissés,
c'était, disons, la différence entre les propos du ministre par rapport aux
effets psychoactifs d'un produit à base de CBD et ce que l'INSPQ en disait.
Bien, l'INSPQ citait une étude comme quoi il n'y avait pas d'effet... il n'y
avait pas plusieurs effets différents sur le CBD, et on avait demandé au
ministre...
12 h (version non révisée)
M. Fortin :
...disons, la différence entre les propos du ministre par rapport aux effets
psychoactifs d'un produit à base de CBD et ce que l'INSPQ en disait, là.
L'INSPQ citait une étude comme quoi il n'y avait pas d'effets de... il n'y avait
pas plusieurs effets différents pour le CBD, et on avait demandé au ministre de
faire le dépôt de cette étude-là. C'est ce sur quoi on s'est laissés hier, si
vous vous souvenez, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
les études seront déposées quand elles seront disponibles.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, ce que je comprends, c'est que présentement les
études ne sont pas mises à la disposition des gens.
M. Carmant : Exactement, mais
on travaille dessus.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va.
M. Fortin :
J'ai de la misère à saisir, M. le Président. Si je comprends bien, là, c'est
une étude qui était citée sur le site de l'Institut national de santé publique,
qui nous disait très clairement, là, qu'il y avait plusieurs effets au CBD, mais
que c'était... mais que les effets psychoactifs auxquels faisait référence le ministre
n'étaient pas là. Mais c'était une étude qu'il semblait citer, là, et qui
semblait plutôt simple à trouver. J'ai de la misère à comprendre pourquoi on
n'a pas cette étude-là. C'est le ministre, tu sais, c'est le ministre, M. le
Président, qui est responsable entre autres, là, de l'Institut national de la
santé publique, ce n'est pas les députés de l'opposition. Alors, je me demande
pourquoi on n'a pas cette étude-là.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Comme j'ai déjà
répondu, ce sera disponible quand on l'aura.
Le Président (M. Provençal)
: O.K.
M. Fortin :
Bien, M. le Président, c'est une étude qui est au coeur de ce qu'on est en
train de débattre comme commission parlementaire. Alors, je ne sais pas s'il y
a un député autour de la table qui a cette étude-là, qui pourrait déposer cette
étude-là, parce que le ministre, qui devrait naturellement faire un appel et
être capable de mettre la main là-dessus, là, de toute évidence, ne la rend pas
disponible pour l'instant. Je me demande s'il y a quelqu'un d'autre qui peut
nous éclairer autour de la table.
Le Président (M. Provençal)
: Je reconnais le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. M. le
Président, on parle bien de l'étude de Santé Canada 2013, Le cannabis,
marijuana, et les cannabinoïdes, plante séchée aux fins d'administration par
ingestion ou par d'autres moyens, agent psychoactif?
M. Fortin :
Exact.
M. Gaudreault : Bon, bien,
elle est ici, là.
M. Fortin :
Le député peut la faire parvenir?
M. Gaudreault : Je peux bien
déposer l'ordinateur, mais mon recherchiste va le perdre. Mais on l'a ici, là,
je veux dire.
Le Président (M. Provençal)
: Je vais suspendre quelques instants, parce qu'il semble y
avoir une confusion pour le ministre. Alors, je vais... on suspend.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
(Reprise à 12 h 8)
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Pour les fins de l'enregistrement, je vais demander
au député de Jonquière de respécifier le document qui a été transmis à la
secrétaire de la commission afin de bien identifier ledit document.
M. Gaudreault : Le document Renseignements
destinés aux professionnels de la santé. Sous-titre : le
cannabis, marijuana et les cannabinoïdes : plante séchée ou fraîche et
huiles destinées à l'administration par ingestion ou par d'autres
moyens. C'est un document du gouvernement du Canada. La version que j'ai
envoyée est celle d'octobre 2018.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. Je vais
redonner la parole au député de Pontiac, parce que c'est vous qui en avez fait référence.
M. Fortin :
Oui. Merci, M. le Président. En fait, puisqu'on prend connaissance, là, de
l'étude, là, je vais peut-être y revenir un peu plus tard, mais, en même temps,
il faut savoir que c'est l'étude qui est citée par l'INSPQ pour dire qu'il n'y
a pas d'effet psychoactif au CBD.
Mais, M. le Président, parce qu'on parle
du 0 %, là, on parle d'un produit qui est à 0 % de THC... Et on a eu
des échanges, le ministre et moi, là, sur est-ce qu'il y a des produits
0 %. Quand on dit qu'il y en a, le ministre nous dit : Bien, je ne
peux pas me prononcer sur une question hypothétique. Ce qu'on lui dit, c'est
que ce n'est probablement pas une question hypothétique, mais une question qui
s'en vient, à savoir la rapidité avec laquelle l'industrie innove. Mais aussi
ce que le ministre nous dit, c'est que, dès qu'il y a un produit qui est à base
de CBD, il y a des effets secondaires, il y a des effets secondaires et il y a
des effets psychoactifs, c'est ce qu'il nous a dit au fil du temps...
M. Fortin :
...pas une question hypothétique, mais une question qui s'en vient, à savoir la
rapidité avec laquelle l'industrie innove. Mais aussi ce que le ministre nous
dit, c'est que, dès qu'il y a un produit qui est à base de CBD, il y a des
effets secondaires. Il y a des effets secondaires et il y a des effets
psychoactifs. C'est ce qu'il nous a dit au fil du temps. Alors là, on a l'INSPQ
qui nous dit : Il n'y a pas d'effet psychoactif. Très clairement, hein? Une
publication de l'Institut national de santé publique du Québec qui dit : Il
n'y a pas d'effet psychoactif du CBD. Et, aujourd'hui, ce qu'on a pu retrouver
en fait... Aujourd'hui? Hier, je crois, on a pu... ce qu'on a pu retrouver
suite à des échanges, c'est une publication du Centre universitaire de santé
McGill qui date du 25 octobre 2018, qui parle de soulager la douleur avec
du cannabis sans danger et sans «high». Ça, c'est le titre de...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Pontiac, je vais être
obligé de vous demander de conclure ou de céder la parole à un de vos collègues,
compte tenu que votre temps est écoulé.
M. Fortin :Bien sûr. Et je suis certain... Je suis certain qu'ils pourront
effectivement, là, faire référence à l'étude de... l'étude que j'ai entre les
mains et que ce sera très intéressant pour le ministre. Mais effectivement, là,
je comprends que mon temps de parole est écoulé et qu'il y aura certainement
d'autres intervenants sur la question.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
M. Fortin :
Ah! Peut-être, M. le Président, vu que j'ai cité l'étude, peut-être qu'on peut
la déposer et en faire des copies pour tout le monde, puisque je l'ai cité
avant de terminer mon intervention.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va faire un... On fait une pause pour permettre
les photocopies et la distribution du document.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
(Reprise à 12 h 18)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos échanges. J'accepte le dépôt d'un
document, Soulager la douleur avec du cannabis sans danger et sans «high»,
document daté du 25 octobre 2018. Alors, l'ensemble des membres de la commission
viennent de recevoir ce document-là, et ce que je perçois, c'est que les
discussions vont être initiées à partir de ce document-là. Alors, compte tenu
que le député de Pontiac n'a plus de temps en lien avec le sous-amendement, je
lui demande... je comprends que c'est la députée de Notre-Dame-de-Grâce qui
prend le relais.
• (12 h 20) •
Mme Weil
: Oui. Dans un
premier temps, M. le Président, alors, je prends connaissance moi aussi, donc,
je vois que c'est tout à fait par rapport à la discussion, les discussions
qu'on a eues hier quant au CBD surtout, et donner accès au CBD à des personnes
âgées de 18, 19, 20 ans, en tant que jeunes adultes. Alors, on a ici... c'est
un article de journaux, là, et le titre, je le lis : Soulager la
douleur avec du cannabis sans douleur et sans «high». Donc, pour nous
remettre un peu dans le bain, le sous-titre, c'est : Les chercheurs
canadiens identifient le mécanisme d'action du cannabidiol pour le soulagement
de la douleur sans effets secondaires. Alors, on parle de sans effet d'euphorie
typique au produit THC, mais que ça semble, selon ces études, soulager des
problèmes de douleur de dos. Et on nomme la docteure Gabriella Gobbi, et je
pense que le ministre a peut-être vu son nom : elle dit que le cannabis
indica et cannabis sativa sont les deux principales variétés de cannabis à
l'origine des principes pharmacologiques connus comme étant, bon, le THC, le
CBD. L'équipe de la docteure Gobbi a démontré que le CBD n'agit pas sur les
récepteurs...
Mme Weil
: ...elle dit
que : Le cannabis indica et le cannabis sativa sont les deux principales
variétés de cannabis à l'origine des principes pharmacologiques connus comme
étant, bon, le THC, le CBD. L'équipe du Dre Gobbi a démontré que le CBD n'agit
pas sur les récepteurs cannabinoïdes de type 1, CD1, comme le THC, mais par
l'intermédiaire du mécanisme qui lie les récepteurs spécifiques impliqués dans
l'anxiété et dans la douleur. Les chercheurs ont également pu extrapoler le
dosage exact de CBD démontrant des propriétés analgésiques et anxiolytiques
sans comporter le risque de dépendance et sans entraîner l'état d'euphorie habituellement
produit par le THC.
Si on rajoute, donc on pourra peut-être
lire le reste, mais si on rajoute ça avec le document de la...
(consultation)
Mme Weil
: ...mais,
bon, qui dit que le CBD ne possède pas de propriétés psychoactives. Alors,
c'était le début de la... conversation quand on a trouvé cette déclaration-là.
Donc, voilà, l'Institut, bon, McGill, le
Centre universitaire de santé McGill, on a aussi donc un organisme public qui
sont vraiment dans le giron du gouvernement au Québec, le ministère de la Santé
et des Services sociaux, qui, donc deux documents, dans un cas, c'est une
recherche. C'est tout à fait normal que le Centre universitaire de santé McGill
publie des recherches. Ça, c'est tout à fait dans leur droit de le faire. Et on
a l'institut aussi, l'INSPQ qui, c'est plus formel, hein, quand c'est la santé
publique qui publie des documents. On prend ça pour acquis, pour la vérité.
Alors, je pense que l'idée, ici, c'est qu'on a quand même de plus en plus des
documents qui sortent, qui disent que le CBD a des propriétés intéressantes
pour des gens qui ont certaines douleurs.
Je n'ai pas vu où c'est permis d'en faire
des prescriptions, par exemple, et je pense que c'est le ministre qui serait
plus l'expert pour le dire. Mais c'est déjà dans l'espace public. Et au point
où évidemment la SQDC fournit le CBD dans son état le plus pur, j'imagine.
Donc, je ne sais pas, il semblerait... bon, sans effet, disons, dommageable,
hein? Si on prend évidemment la recherche et la science connues par le ministre.
Je pense qu'on peut prendre ça pour acquis parce que c'est une institution
publique qui relève du gouvernement du Québec qui en fait la promotion puis on
peut l'acheter. Bien, promotion dans le sens que c'est disponible.
On revient à nos 18, 19, 20 ans. Moi,
je reviens toujours à ça parce que c'est une approche plus pour justifier une
discrimination. On peut discriminer. On ne peut pas dire qu'on ne peut pas
discriminer, hein, dans la loi. Mais il faut avoir des raisons de discriminer.
Il faut avoir des bonnes raisons. Il faut que ce soit pour le bien, plus de
bien que de mal. On revient toujours à ça, ce test-là. On n'est pas dans...
bon, microgramme qui pourrait peut-être éventuellement si la science le
prouve... on a actuellement dans l'espace public des gens qui peuvent se le
procurer et qui l'utilisent actuellement. Ce n'est peut-être pas approuvé comme
une drogue. Je pense que non. C'est ce que le ministre nous disait hier. Mais
on est dans cette zone où l'État par ses différentes instances est en train de
confirmer que le CDB a des propriétés intéressantes pour les gens. Et on a la
SQDC qui le vend. Et donc, il y a comme un genre d'étampe d'approbation
quand... bien, je pense que les gens qui rentrent là-dedans. Donc, il faut
revenir à ces 18, 19, 20 ans. Et je pense que c'est le ministre qui a
répété l'expression, je pense que c'est l'expression de la santé publique, ces
approches de gradation. Je pense que c'est l'expression qu'on utilise et le
ministre, il dit : Je ne suis pas pour ça. Au sens de permettre à un
certain un certain montant, par exemple, j'avais donné des exemples dans
d'autres pays où certains pourcentages d'alcool quand est-ce qu'on peut vendre
l'alcool avec un certain pourcentage à des gens d'un certain âge. Et c'est
l'approche de gradation et à l'origine de tout ce débat, c'était cette
recommandation et de nos amendements, c'était cette approche. Comment peut-on
faire en sorte d'apprivoiser si on a une inquiétude par rapport au
développement du cerveau de ce jeune de 18, 19, 20 ans? Comment peut-on...
Mme Weil
: ...et
c'était... À l'origine de tout ce débat, c'était cette recommandation — et
de nos amendements — c'était cette approche. Comment peut-on faire en
sorte d'apprivoiser, si on a une inquiétude par rapport au développement du
cerveau de ce jeune de 18, 19, 20 ans? Comment peut-on prendre une
approche sans le déresponsabiliser, tout en considérant et le traitant quand
même comme un adulte, parce que c'est un adulte et que, dans les faits, ce
serait très inapplicable, je crois. Donc, il est avec son ami de 21 ans,
qui peut rentrer se procurer... C'est deux joueurs de hockey, ils sont sur la
même équipe, tous les deux ont des problèmes de genoux, d'articulations, parce
que c'est «rough», c'est Junior AA, disons, hein? Non, déjà, ils sont trop
vieux pour Junior AA. Alors donc, peut-être que lui, il a, je ne sais pas, 18 ans,
Junior AA? En tout cas, donc, on peut imaginer le genre de personnes, parce que
j'ai lu ça, que les joueurs de hockey... Et puis il y en a eu, dans la famille,
des joueurs de hockey. Alors, je sais, les douleurs qu'ils peuvent avoir de
temps en temps. On espère que c'est juste passager, mais, bon, ils en ont, et
ils ne cherchent pas la drogue, ils cherchent des soulagements. Donc, tout ça
pour dire qu'ils sont ensemble, c'est des amis, peut-être c'est des gens qui
jouent ensemble, c'est une équipe, bon, la fin de semaine, dans une ligue
quelconque. Et c'est ça... Bon, ce n'est pas de la consommation de proximité.
Au contraire, c'est les bienfaits d'un produit que son ami a trouvé, qui
fonctionne bien pour lui, qui dit : Bien, écoute, toi, tu devrais l'essayer.
Oui, mais je ne peux pas rentrer ici, je ne peux pas rentrer ici, on me traite
comme un mineur.
Alors, je reviens à ça, parce que je pense
que le ministre doit être sensible à ces arguments. C'est sûr que le
gouvernement du Québec est sensible à ces arguments, c'est sûr, c'est sûr que
le ministère de la Justice serait sensible à ces arguments, c'est sûr que le
ministère de la Santé serait sensible à ces arguments, c'est sûr que tous ceux
qui ont un background en santé publique. Parce que, là, on est tellement à la
marge, on met beaucoup d'eau dans notre vin, c'est... je ne veux pas dire «dans
notre cannabis», évidemment, parce qu'on... Je pense qu'on a tous établi qu'on
n'est pas des consommateurs, nous-mêmes, mais on met beaucoup d'eau dans notre vin,
dans le sens qu'on veut amener le ministre à regarder toute cette question avec
les deux, comment dire, expertises, l'expertise médicale, l'expertise juridique
et de législation, qui sont vraiment très fondamentales dans les obligations
d'un gouvernement quand il légifère. Et quand un gouvernement présente un
projet de loi, c'est bien important de regarder ces choses-là, parce qu'il y a
deux... il y a plusieurs problèmes. Si le gouvernement n'est pas soucieux à ça,
on a un problème d'applicabilité. Et ça, c'est le premier problème de la
criminalisation du cannabis. Ça fait longtemps que les policiers ont un peu
abandonné ce champ-là, parce que c'était inapplicable, donc ce qui faisait
aussi... Donc, deuxième problème, c'est qu'on amène les gens vers un produit
beaucoup plus dangereux, illégal, sur le marché noir. Donc, c'est tous ces
facteurs qui font que c'est pour ça qu'on a eu les recommandations qu'on a eues
par certains, tous ceux de la santé publique et d'autres, parce qu'il faut
avoir ce souci-là, c'est un équilibre de toutes ces obligations qu'ont les
forces de l'ordre, les forces de la justice et, oui, les forces de la santé
aussi. Ils sont là, ils sont présents, importants, ils ont un rôle... Et on est
très sensibles aux arguments du ministre, on ne doute pas de ça, mais l'idée,
c'est qu'il faut mettre tout ça ensemble pour trouver cet équilibre. Alors,
nous, on le propose, c'est vraiment l'argument principal, c'est... on n'est pas
en train de vouloir... Mais ce serait bien intéressant pour nous tous d'avoir
l'opinion du ministre par rapport à tout ce qu'on lui fournit, mais l'important
de ce qu'on trouve et qu'on met de l'avant, c'est que : Ah bon! dans
l'espace public, voilà ce qui est dit, voilà ce qui est fait, voilà ce qui
devient les us et coutumes, rapidement. Et parce que, d'ailleurs, ça va être
une révolution, ce domaine-là, une révolution, on le voit déjà. Les gens y vont
à petits pas, mais peut-être à grands pas parfois, parce que j'entends des
gens.
• (12 h 30) •
J'avais, donc, un invité, chez moi, en fin
de semaine, qui avait des douleurs de dos — moi, je n'ai pas porté
attention du tout au débat sur le CBD, etc., et je suis très conservatrice en
toute matière, dans le sens que je n'ai pas exploré tout ça — mais c'est
quelqu'un qui a un background en biochimie, beaucoup d'expérience dans tout ce
domaine, et qui consulte des médecins, parce que c'est très grave, sa
situation. Je n'ai pas posé la question : Est-ce que c'est les médecins
qui ont recommandé? Mais tout ce que je sais, c'est qu'ils utilisent le CBD
pour un problème grave de dos, ça fournit un soulagement. Alors, c'est drôle,
quand on a trouvé tout ça, bien là c'est en lisant cet article-là que ça me
fait penser : Bien oui. Alors, c'est déjà dans l'usage, c'est déjà dans
l'usage...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Weil
: ...pas posé
la question : Est-ce que c'est les médecins qui ont recommandé? Mais tout
ce que je sais, c'est qu'ils utilisent le CBD pour un problème grave de dos, ça
fournit un soulagement. Alors, c'est drôle, quand on a trouvé tout ça, bien là
c'est en lisant cet article-là que ça me fait penser : Bien oui. Alors,
c'est déjà dans l'usage, c'est déjà dans l'usage. Donc, je pense qu'il y a deux
enjeux, un, qui n'est pas notre enjeu actuellement, je ne pense pas, à moins
que lorsqu'on arrivera sur des dispositions qui touchent, peut-être que oui,
les clientèles qu'on veut rejoindre, la promotion, la prévention, toutes ces
mesures qui sont dans le projet de loi n° 157, est-ce
qu'il y a lieu, à la lumière de ce qu'on est en train de dévoiler, on pourrait
vouloir revoir ces choses-là, je pense peut-être que oui. Mais là, on n'est pas
rendu là, on est rendu sur le sous-amendement qui dit : C'est très
raisonnable. Certains diraient qu'on est très conservateur même à proposer ça
dans le sens que... est-ce que... bon, on est très conservateur. Mais on amène
au moins cette notion de progressive... une approche progressive, mais qui
traite quand même ces jeunes adultes comme des adultes parce qu'ils sont des
adultes.
Alors, je ne sais pas si le ministre...
parce que j'ai tendance à parler puis sans poser de questions, je ne sais pas,
j'aimerais quand même... je ne sais pas si on réussit à faire un peu, en
anglais, «a dent», dans sa carapace pour voir s'il comprend quand on parle de
cet équilibre quand on fait de la législation dans le sens qu'il faut être
conscient qu'on peut faire plus de mal que de bien, le marché noir, c'est peut-être
le plus évident, si on s'en tient... Et c'est pour ça que c'est parfois
difficile quand on est en législation parce qu'il faut... et surtout pour un
médecin qui a toute cette expérience et connaissance, c'est très difficile de
mettre de l'eau dans son vin. Parce qu'il a une inquiétude, il a une inquiétude
que même juste le mot, le produit cannabis... c'est ça que je comprends que le ministre
veut éviter, et que, dans la tête du ministre, ce que je comprends, c'est qu'on
vient banaliser... CBD, THC, ce n'est même pas dans la discussion, c'est le
cannabis. Et que la loi... et peut-être même dans les débats que j'ai vus à
Ottawa, je ne pense qu'on est allé aussi loin qu'on est en train d'aller maintenant.
Et je pense que le Québec, étant toujours précurseur à peu près... dans beaucoup,
beaucoup, beaucoup de choses, je pense qu'il y a lieu d'y réfléchir, hein,
c'est peut-être l'occasion de le faire, là. Je laisse le ministre me répondre,
parce que, comme je dis, j'ai tendance à parler sans poser de questions.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre, je pense que Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce
aimerait avoir une opinion.
M. Carmant : Bien sûr. Merci, Mme
la députée. Je vais faire comme le député de Marquette, je vais y aller avec
mes réponses en rafale si je veux avoir un peu de parole.
Alors, premièrement, moi, je pense que la
législature précédente, ma prédécesseure, Mme Charlebois, a quand même été
précautionneuse parce qu'elle n'a pas voulu séparer le CBD du THC. Et je pense
que c'était une mesure de précaution parce qu'au Canada, il n'y a pas de...
jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de produit pur.
Deuxièmement, ici, on parle beaucoup de
CBD médicinal, là, mais je le répète, puis ça ressemble un petit peu à la
commission précédente, là, nous, on est ici pour légiférer sur le p. l. 2
qui est le cannabis récréatif. Donc, j'aimerais ne pas avoir à répéter toujours
les choses sur le cannabis médical.
Troisièmement, on va revenir à l'article,
là, que vous avez noté. Mme Gobbi, à la fin de l'article dit : «Il y
a des données illimitées qui suggèrent que le CBD soulage la douleur chez les
humains mais il faut faire davantage d'études cliniques plus larges.», conclut
la Dre Gobbi qui a récemment obtenu une subvention pour étudier les effets
pharmacologiques du CBD. Alors, Mme Gobbi, je ne sais pas si vous vous
souvenez, mais elle est venue nous voir en réunion. Alors, voici la réponse
qu'elle a donnée à M. Fortin... à M. le député de Pontiac, excuse-moi.
M. Fortin :
Je ne prends pas offense, c'est mon nom.
M. Carmant : Merci. Alors,
selon... M. le député de Pontiac demandait : Selon vous, comme médecin,
comme chercheur, est-ce qu'il y a une raison, sur le développement du cerveau,
pour laquelle une personne de 18 à 21 ans n'aurait pas accès à un produit
uniquement avec un taux unique de CDB avec un pourcentage de THC de zéro? Bon,
c'est impossible, mais c'est la même question qu'il m'a posée. Dre Gobbi de
répondre, avec un petit accent : Alors, cette histoire de CBD, c'est une
fantaisie. Maintenant je fais de la recherche sur le CBD pour mes patients,
pur, on n'arrive pas à le trouver au Canada, on n'arrive pas alors. Mais ne
parlons pas trop de fantaisie parce que le CBD pur, c'est presque impossible à
trouver. Le CBD, c'est aussi un médicament approuvé récemment il y a six mois
par la FDA, l'organisme approbateur aux États-Unis. Comme tous les médicaments
du monde, il y a des effets bénéfiques mais aussi des effets secondaires. Parmi
les effets secondaires, la FDA a mis suicide et dépression chez l'enfant. Donc,
ce n'est pas «realistic» aujourd'hui de parler de CBD au 100 %, parce que
ce n'est pas disponible. Il y a aussi cette...
M. Carmant : ...l'organisme
approbateur aux États-Unis. Comme tous les médicaments du monde, il y a des
effets bénéfiques, mais aussi des effets secondaires. Parmi les effets
secondaires, la FDA a mis suicide et dépression chez l'enfant. Donc, ce n'est
pas «realistic» aujourd'hui de parler de CBD au 100 %, parce que ce n'est
pas disponible. Il y a aussi cette idée de la protection, que le CBD protège de
l'épilepsie. C'est encore une hypothèse, elle n'a pas été encore
scientifiquement prouvée, surtout chez les humains, et donc il faut faire
attention. Donc, même Dre Gobbi, là, qui disait ça avec les premiers essais,
elle dit qu'il y a des effets secondaires au CBD. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment
être précautionneux et faire attention à nos jeunes, jeunes adolescents, jeunes
adultes, on maintient notre ligne.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. À ce moment-ci, est-ce qu'il y a
des interventions? Oui, alors je reconnais le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président. Donc, je pense qu'hier, lors d'une de mes interventions, je vous
avais fait la remarque, avec sourire en coin, que j'allais probablement me
coucher en pensant au CBD, parce que rarement dans ma vie j'en ai entendu
autant parler, de CBD, et puis je me suis réveillé ce matin en pensant au CBD
encore, donc. Et j'en apprends chaque jour, et donc...
Ce que j'aimerais peut-être rappeler,
avant de rentrer dans le vif du sujet... je pense que l'objectif principal, je
le rappelle, que poursuit, je crois, le ministre, et il l'a dit de manière très
éloquente et puis très claire, c'est prévention, notamment au niveau de la
santé mentale, donc. Et je crois que, pour moi, comme élu, donc comme député
autour de cette table, membre de cette commission, je crois que, oui, il faille
poursuivre cet objectif-là, mais aussi, plus largement, un objectif... il doit
y avoir un objectif de santé publique aussi et aussi un objectif de sécurité
publique qui doit être poursuivi aussi. Et les trois, ces trois objectifs-là
peuvent être poursuivis, et il n'y a pas de paradoxe, il n'y a pas de
contradiction. Et je crois que le sous-amendement que j'ai proposé tout à
l'heure, donc, va dans ce sens.
Mais avant de rentrer dans le cas du sous-amendement,
donc, suite au document qui nous a été déposé tout à l'heure, donc, l'article,
j'aurais peut-être une ou deux questions à poser à M. le ministre, donc, M. le
Président. Je vais lire un extrait de l'article, et suivra ma question, M. le
Président. Donc, dans l'article, il y a... au premier paragraphe, donc,
deuxième phrase : «En effet, ils ont identifié la dose efficace de
cannabidiol, CBD, extrait de la plante de cannabis à utiliser pour soulager la
douleur de façon sécuritaire et sans provoquer l'état d'euphorie, le «high»
typique produit par le THC.» Donc, la question que je pose à M. le
ministre : Est-ce que... M. le ministre, est-ce que vous êtes d'accord, effectivement,
il y a une dose efficace, donc, qui a été trouvée, est-ce que cette dose-là...
donc je fais appel à votre expertise, d'ailleurs, donc, est-ce que cette
dose-là... est-ce que c'est une dose que vous connaissez?
M. Carmant : M. le Président,
c'est encore une fois une question en rapport avec le cannabis médical. Je n'ai
plus rien à ajouter sur ce sujet.
Le Président (M. Provençal)
: Madame...
M. Ciccone :
...
Le Président (M. Provençal)
: Ah! c'est parce que Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce
avait levé la main pour poser sa question, mais si elle veut vous céder la
parole... Alors, je vais céder la parole au député de Marquette.
• (12 h 40) •
M. Ciccone :
Merci, M. le Président. Mais c'est juste important, parce que souvent le ministre
fait référence... parle du THC et non du CBD. Moi, j'ai le document qui nous a
été présenté, là, c'est la Loi resserrant l'encadrement du cannabis. Jusqu'à
preuve du contraire, le cannabis a deux produits, là. Jusqu'à preuve du contraire,
le cannabis a deux produits. Puis je peux même lire les notes... Je vais
prendre du temps pour lire les notes explicatives. «Ce projet de loi vise à
resserrer l'encadrement du cannabis. Pour ce faire, il hausse d'abord à 21 ans
l'âge minimal requis pour acheter du cannabis, en posséder et accéder à un
point de vente de cannabis. Le projet de loi resserre ensuite les règles
applicables en matière de possession de cannabis en prévoyant qu'il est
interdit d'en posséder sur les terrains et dans les locaux...», blablabla, je
peux continuer, là : «En matière d'usage de cannabis, le projet de loi
ajoute aux interdictions de fumer déjà prévues par la Loi encadrant le cannabis
l'interdiction de fumer du cannabis sur les voies publiques.» Si, là, on fait
la différence, si on parle de THC et de cannabis dans les notes explicatives,
là, qu'on me le pointe, parce qu'un je ne l'ai peut-être pas vu, là. «Les lois
modifiées par cette loi : Loi encadrant le cannabis (chapitre C-5.3); Code
de la sécurité routière (chapitre C-24.2); Loi sur la confiscation, l'administration
et l'affectation des produits et instruments d'activité illégale (chapitre
C-52.2); la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, L-6.2.» Alors, si je
n'ai pas...
M. Ciccone :
...sécurité routière (chapitre C-24.2), Loi sur la confiscation, l'administration
et l'affectation des produits et instruments d'activités illégales
(chapitre C-52.2), la Loi concernant la lutte contre le tabagisme (L-6.2).
Alors, ici, je n'ai pas vu où on fait la
différence, parce que souvent le ministre revient tout le temps, il dit :
Bien là, on parle de THC et non de CBD. J'aimerais qu'on me le pointe, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Je crois que
le député de Marquette n'a pas bien compris, j'ai dit qu'on parle de cannabis
récréatif, et non par de cannabis médical.
M. Ciccone :
... je comprends, là, mais le... mais où ici on parle de récréatif et de
médical? J'aimerais juste le voir, là...
M. Carmant : D'accord...
Le Président (M. Provençal)
: Je vais laisser la parole à M. le ministre pour qu'il
puisse vous expliquer. M. le ministre.
M. Carmant : Alors, la
loi qui a été votée sous la précédente législature ne s'applique pas au
cannabis dont la production et la possession pour des fins médicales sont
régies en vertu de la réglementation fédérale ni au chanvre industriel dont la production,
l'importation, l'exportation, la vente et la fourniture sont régies par une
telle réglementation. C'est aussi simple que ça, c'est le projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Et là je reconnais la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Justement,
justement, la loi parle de personnel, d'une part, non de... mais à moins que je
me trompe. Est-ce qu'on parle de récréatif dans le projet de loi n° 157?
Moi, j'ai vu «à des fins personnelles» et j'ai vu, en effet, «à des fins
médicales régies en vertu de la réglementation fédérale». On ne parle pas de quelqu'un
qui rentre dans la SQDC qui s'achète un produit pour soulager une douleur. Il
faut faire la distinction parce que le ministre nous met en opposition par
rapport à quelque chose dont on ne parle pas. On ne parle pas d'une
prescription médicale. Le projet de loi n° 157 parle
de ça parce qu'on parle de la réglementation fédérale. Nous, on parle d'un
usage personnel qui est permis en vertu de notre réglementation parce qu'il est
vendu à la SQDC, mais ce n'est pas une prescription d'un médecin, là.
Donc, ça ne marche pas comme réponse parce
qu'on revient, là, on parle toujours de cet adulte qui rentre, là, pour
l'acheter. Donc, il faut enlever ça. Vraiment, le ministre doit arrêter de
mettre en contradiction ces deux choses là parce qu'on... c'est personnel. Quand
la personne va acheter ce produit CBD, c'est pour un usage personnel, et on est
tout à fait dans la loi, dans le sens que, dans le... certainement dans l'usage
qui est permis par la loi, qui est légal parce qu'on peut l'acheter, et c'est
personnel. Donc, soit c'est comme un genre de trou ou zone grise dans la loi
parce que plus ça avance... et ça va vite, les recherches, juste le fait qu'on
trouve des articles sur l'usage du CBD, ça veut dire que...
Donc, quoi qu'il en soit, actuellement,
les Québécois peuvent rentrer dans la SQDC pour acheter ce produit-là. Est-ce
que le ministre est... non, mais... le ministre est d'accord. Actuellement, un
jeune de 18 ans peut rentrer acheter... Actuellement, la loi n'est pas
adoptée, il peut rentrer acheter ce produit-là pour un usage personnel, qu'il
l'utilise pour des douleurs au dos... Est-ce que c'est le cas?
M. Carmant : M. le
Président, actuellement il peut aller acheter le produit s'il demande conseil
aux employés. Ils leur diront que ce n'est... qu'ils ne peuvent pas donner de
cannabis pour des causes médicales.
Ensuite, le député de Viau m'a demandé la
dose. Donc, la dose, c'est une prescription, à ce que je sache. Bien
honnêtement, je ne pense pas que quelqu'un va s'acheter quelque chose avec une dose.
Puis, si... on peut demander à la juriste de répondre à la question si vous
pensez que je me trompe.
Mme Weil
: Mais je
vais peut-être... Je ne dis pas que la personne demande : Est-ce que ça a
des propriétés médicales? Cette personne va là pour acheter ce produit. Tout
adulte qui rentre peut se procurer tous les produits qui sont là, n'est-ce pas?
C'est bien ça? Donc... mais un... la loi n'est pas... Votre loi n'est pas
encore adoptée, donc, actuellement, la loi, c'est qu'un jeune de... bien, un
adulte de 18 ans peut rentrer... ou de 19, de 20 ans, peut rentrer
s'acheter ce produit-là. Puis il n'y a pas de... en tout cas, je ne sais pas...
Là, ce serait important, peut-être, qu'on comprenne. Est-ce qu'il y a des
consignes qui sont données dépendant des produits lorsque la personne achète...
quel que soi le produit, est-ce qu'ils sont obligés de donner certaines
consignes quand on rentre pour acheter un produit...
Mme Weil
: ...puis il
n'y a pas de... En tout cas, je ne sais pas. Là, ce serait important peut-être
qu'on comprenne. Est-ce qu'il y a des consignes qui sont données, dépendant des
produits, lorsque la personne achète, quel que soit le produit? Est-ce qu'ils
sont obligés de donner certaines consignes quand on rentre pour acheter un
produit?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre.
M. Carmant : La consigne est
claire : il n'y a pas de conseils médicaux qui sont donnés aux magasins de
la SQDC, le but est récréatif.
Mme Weil
: Mais — non,
ce n'est pas ma question — je n'ai pas vu l'expression «récréatif»
sur le site. Peut-être... Est-ce que le mot «récréatif» se trouve sur le site
de la SQDC? Je ne l'ai pas vu. Je ne l'ai pas vu dans la loi. Est-ce que ce mot
existe dans la loi?
Le Président (M. Provençal)
: Avec consentement, je cède la parole à Mme Lavoie,
juriste.
Mme Lavoie (Christine) : Oui.
En fait, dans la loi, l'article que vous a lu le ministre tout à l'heure, c'est
l'article 3 de la loi actuelle, là, qui dit clairement que la présente loi ne
s'applique pas au cannabis dont la production et la possession pour des fins
médicales sont régies par le fédéral...
Mme Weil
: C'est ça.
Mme Lavoie (Christine) :
...c'est-à-dire que tout cannabis dont on parle dans la Loi encadrant le
cannabis, c'est du cannabis récréatif, ce n'est pas du cannabis médical.
Mme Weil
: Mais vous
dites «récréatif». Où est le mot «récréatif» dans la loi?
Mme Lavoie (Christine) : On
n'a pas besoin de mettre le mot, parce qu'on a exclu que ça soit du cannabis
médical.
Mme Weil
: Vous
utilisez le mot «personnel» dans la loi dont...
Mme Lavoie (Christine) : Oui,
on utilise le mot «personnel» à...
Mme Weil
: Moi, je suis
en train de parler «à des fins personnelles». Il faut utiliser la terminologie
qui est dans la loi actuellement, parce que c'est la même terminologie qu'on
utilise dans le projet de loi qui est présenté par le ministre. Donc, oubliez
«à des fins médicales». Ma question n'est pas là, ma question est : On
rentre là. Il veut se procurer... Un jeune adulte, mais, bon, n'importe qui
rentre là pour acheter ce produit, CBD, il a entendu parler de ça. On ne sait
pas ses motifs. Ce n'est pas pertinent à ma question, son usage. Il l'achète.
Donc, actuellement, il l'achète, et d'après... J'ai posé la question :
Est-ce qu'il y a des consignes qui sont données envers certains produits quand
on veut acheter? Un adulte de 20 ans, de 25, de 50 ans, quand on rentre là,
est-ce qu'on est accompagné, est-ce que... ou toute l'information se trouve
dans l'emballage? Est-ce qu'il y a une obligation d'informer sur certains
produits ou non ou est-ce que c'est passif, c'est-à-dire : si on demande
une information, il fournit l'information, ou est-ce que c'est proactif?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, voulez-vous qu'on cède la parole à...
M. Carmant : Non.
Le Président (M. Provençal)
: Non? Vous êtes en mesure?
M. Carmant : On parle de vente
de cannabis. Moi, je n'ai pas de... pas besoin de commenter ça. Moi, je parle
du projet de loi n° 2 sur son...
Mme Weil
: Oui, mais ça
touche sur l'amendement, dans le sens que, nous, on parle d'usage personnel. On
est comme le ministre, on parle d'usage personnel.
M. Carmant : Oui. Alors, ce
qui est fait à la... c'est qu'il y a un dépliant qui est remis. C'est ce qui a
été proposé par l'ancienne législature.
Mme Weil
: D'accord.
Donc, par rapport au produit CBD, il y aurait un genre de pamphlet qui explique
le produit?
M. Carmant : Oui, qui décrit
les produits du cannabis.
Mme Weil
: Donc, dans
ce document qui explique le produit, est-ce qu'on explique que c'est du CBD et
qu'il n'y a pas de THC? Bon. Ils le mettent, ils mettent le pourcentage :
0,1 %.
M. Carmant : Alors, ça
explique que le cannabis est composé de plus de 500 substances différentes,
dont le THC et le CBD.
Mme Weil
: Mais, quand
on achète le produit CBD, qui s'appelle Terra, on lui explique le contenu de ce
produit. Non?
M. Carmant : Je ne suis pas au
courant, M. le Président.
Mme Weil
: Mais regardez,
c'est important, parce que le consommateur doit savoir. Si le consommateur ne
veut pas de THC, mais il veut du CBD, j'imagine que le produit doit... Est-ce
que vous pouvez demander à quelqu'un qui connaît le...
M. Carmant : Tous ceux qui m'accompagnent
sont partis du ministère de la Santé, là, je n'ai personne du ministère des
Finances avec moi.
Mme Weil
: Mais tout a
commencé avec la Santé, dans le sens que c'est la protection du public, et on
le voit dans le mandat sur le site Web de la SQDC, ils ont un mandat de
promotion de la santé et de précaution, de prévention, de protection.
• (12 h 50) •
M. Carmant : Je vais lire ce
qui nous a été transmis dans le document que... d'aujourd'hui, là :
«Soulignons qu'en tout temps, les consignes en succursale recommandent la
prudence aux clients. En aucun temps ils ne garantissent qu'un produit est sans
risque et qu'il est complètement exempt de THC ou substance psychoactive.»
Mme Weil
: Donc,
essentiellement, le consommateur doit aviser en rentrant puis en achetant les
produits, le consommateur doit avoir une bonne compréhension de la différence
entre les produits. Mais, si le consommateur veut savoir, il pose la question,
c'est quoi...
Mme Weil
: ...donc,
essentiellement, le consommateur doit être avisé en rentrant puis en achetant
les produits. Le consommateur doit avoir une bonne compréhension de la différence
entre les produits. Mais, si le consommateur veut savoir, il pose la
question : C'est quoi, le CBD? J'ai entendu parler de ça. Eux, ils peuvent
répondre à ces questions, j'imagine.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Je ne sais pas
quoi répondre, M. le Président. Oui, j'imagine. Je ne sais pas. Je ne suis pas
dans le processus de...
Mme Weil
: ...
Le Président (M. Provençal)
: ...Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je ne pourrai
pas vous recéder la parole compte tenu que votre temps est écoulé.
M. Carmant : ...sur le
cannabis récréatif. Je... La méthode de vente, je... c'est un petit peu loin de
mon sujet.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. Je vais reconnaître le député de Viau. Alors, à
vous.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Donc, oui, c'est... Et c'est là, je crois, que c'est un projet de
loi... Ce projet de loi là, il est beaucoup trop important, et, lorsqu'on
mesure les conséquences potentielles que ce projet de loi a sur des jeunes,
donc, à bien des égards... Et c'est pour cette raison que tantôt, en ouverture
d'intervention, je parlais d'objectif santé mentale, oui. Objectif de santé
publique aussi, aussi. Objectif de sécurité publique aussi. Donc... Et je crois
qu'on a cette responsabilité-là de pouvoir répondre à toutes les questions.
Et, ce que je... ce que vraiment je
déplore, je déplore que là, maintenant, je... À mesure qu'on avance dans ce
dossier-là, je me rends compte qu'il y a des aspects qu'on aurait dû dès le
départ, dès le départ, élucider. Par exemple, moi, j'aurais aimé, M. le
Président, lors des consultations, qu'on puisse recevoir, par exemple, des
producteurs. En cherchant, en fouillant, donc, je suis tombé... Et permettez
que je partage avec mes collègues. On parle beaucoup de CBD, donc, et c'est de
cela dont il est question. Prenons, par exemple, une entreprise comme Aurora
Cannabis, M. le Président, chef de file mondial de l'industrie du cannabis. Ils
ont neuf installations opérationnelles, dont deux au Québec. À l'heure actuelle,
au Canada, il y a plus de... Ils parlent de nombre d'utilisateurs au Québec et
au Canada. Bon, moi, j'aurais aimé entendre... Et ces personnes-là parlent
aussi... ils nous parlent aussi beaucoup du CBD et des effets du CBD. Ils font
de la recherche chez eux aussi, évidemment, comme producteurs. Bien, on aurait
aimé, j'aurais aimé les entendre, ces personnes aussi. Donc, malheureusement,
il ne nous a pas été possible lors de ces consultations de les entendre, tout
comme aussi j'aurais aimé entendre Hexo. Donc, on a parlé d'Hexo un peu plus
tôt. Donc, notamment, c'est Hexo qui... c'est cette compagnie qui produit le
Terra Fleur dont il est question depuis hier dans cette commission.
Mais revenons, si vous permettez, M. le
Président, à notre sous-amendement. Ce que nous proposons aujourd'hui permettra
donc... Je vais vous lire, M. le Président, si vous permettez, donc, un extrait
de cet élément, je crois, aussi... cet aspect important de la loi, un extrait
de ce... de la loi par rapport à la question, à l'usage du cannabis. Donnez-moi
quelques secondes. Il est, M. le Président, interdit pour un mineur de posséder
l'équivalent de cinq grammes de cannabis séché ou moins, conjugué avec
l'interdiction fédérale pour un mineur de posséder l'équivalent de plus de cinq
grammes de cannabis séché, ce qui équivaut, pour les fins, à une interdiction
complète pour les mineurs d'en posséder, du cannabis. Il est également interdit
à un mineur de donner du cannabis.
Bon, ce que nous proposons dans ce... Ce
que je ne comprends pas, bien, en fait, c'est : Comment se fait-il
qu'aujourd'hui... Nous, ce que nous voulons, nous voulons que les majeurs, donc
ceux qui ont 18 ans, donc, et plus, peuvent posséder une certaine quantité avec
le pourcentage. Pourquoi est-ce que... La question que j'ai le goût de poser au
ministre : Pourquoi est-ce qu'ils seraient... les majeurs, les jeunes
adultes n'auraient pas les mêmes droits finalement que les mineurs par rapport
à la loi fédérale?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
je le répète : Nous, on a une approche précautionneuse. On a des
inquiétudes face à la santé de nos enfants et...
M. Benjamin : ...ils
seraient... les majeurs, les jeunes adultes n'auraient pas les mêmes droits,
finalement, que les mineurs par rapport à la loi fédérale.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
je le répète : Nous, on a une approche précautionneuse, on a des
inquiétudes face à la santé de nos enfants, et des adolescents, et de nos
jeunes adultes. Encore une fois, on en parle, de CBD, mais on parle de risque
de suicide et de dépression. Pour nous, cette gradation n'est pas acceptable.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député.
M. Benjamin : M. le Président,
je reprends encore la base de mon argumentaire dès le début de cette commission,
à savoir qu'il faut poursuivre un objectif, donc, de s'assurer que les jeunes Québécoises
et les jeunes Québécois... donc qu'on puisse mieux encadrer pour éviter...
réduire les méfaits. Or, aujourd'hui, j'aimerais demander au ministre
comment... Au niveau de l'application, donc, si on va au niveau de
l'application, lorsqu'on regarde, par exemple... Et déjà il y a des groupes qui
nous préviennent de ce qui pourrait arriver, je regarde... je vais donner un exemple,
M. le Président. Dans l'application de la loi, dans l'application des lois, les
cours de justice ont développé des réflexes qui ont permis et qui permettent de
répondre mieux aux besoins de l'ensemble de la société. Je vais me référer au
dernier rapport annuel de cours municipales du Québec — je pourrai en
faire le dépôt si M. le ministre le souhaite ou, du moins, si un membre de la
commission souhaite que j'en fasse dépôt, de ce rapport — et au cours
de la dernière année... Je vais faire appel à deux cours, la cour municipale de
Montréal, la cour municipale de Québec. Je vais m'attarder un peu à la cour
municipale de Montréal, qui a développé des mesures très intéressantes pour
permettre un peu d'éviter la surjudiciarisation de deux clientèles, soit les personnes
vivant avec des problématiques de santé mentale ou des jeunes itinérants.
Prenons le premier programme, un programme d'accompagnement pour les personnes
en situation d'itinérance, car il a été démontré... les statistiques, j'en ai
parlé abondamment autour de cette table, les statistiques démontrent que, dans
le cas des jeunes itninérants, il y a une surreprésentation...
M. Lévesque (Chapleau) : M. le
Président... un point de règlement, là, je ne pense pas qu'on est sur la
pertinence, là, actuellement, on n'est pas sur un sous-amendement. On traite
d'itinérance, alors qu'on devrait traiter de CBD. Je soulève ce point, là.
M. Ciccone :
...les cours de justice, M. le Président.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
:Cependant, je dois dire que le sous-amendement
est en lien, particulièrement avec le deuxième paragraphe, où on parle de plus
de 10 grammes... par les mots «plus de cinq grammes». Alors, compte
tenu qu'on parle de cours de justice et on fait référence aux poursuites
criminelles qu'il peut y avoir sur les doses, dépendamment de ce qu'on est
pris, je dois permettre au député de Viau de continuer. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, M. le
Président, j'apprécie votre sagesse et aussi votre compréhension aussi des
enjeux inhérents à ce projet de loi. Et moi, autour de cette table, donc, je ne
cesse de marteler les enjeux inhérents à côté, j'ai bien dit à côté des enjeux
reliés à la santé mentale. Il y a aussi des enjeux aussi reliés à la
judiciarisation ou reliés à la stigmatisation, et plein d'autres enjeux. Donc,
merci de me permettre d'attirer l'attention de mes collègues sur ce qui se
fait. Parce que, vous voyez, souvent, lorsqu'il y a des lois, notre responsabilité,
comme législateurs, c'est de... Il y a des lois qui sont là pour prévenir, il y
a des lois qui sont là pour corriger. Mais nous avons l'opportunité, comme législateurs,
de présenter une loi qui ne soit pas une loi où ce sera aux cours de justice de
venir corriger les méfaits de cette loi, ou du moins les extrapolations de
cette loi, donc, une fois adoptée. Et c'est pour cette raison que je pense que
c'est important de vous parler de ce qui se fait, par exemple, dans une cour
comme la cour municipale de Montréal, où ils ont mis en place, par exemple, un programme
d'accompagnement pour les personnes en situation d'itinérance. Pourquoi? Parce
qu'il a été démontré qu'il y a des lois, il y a des règlements municipaux qui
sont utilisés à des fins de stigmatisation, à des fins de profilage social.
Alors, il y a donc une surreprésentation de ces personnes-là...
• (13 heures) •
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de...
13 h (version non révisée)
M. Benjamin : ...pour les
personnes en situation d'itinérance. Pourquoi? Parce qu'il a été démontré qu'il
y a des lois, il y a des règlements municipaux qui sont utilisés à des fins de
stigmatisation, à des fins de profilage social. Alors, il y a donc une
surreprésentation de ces personnes-là...
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Viau, compte tenu de l'heure, je vous
remercie de votre collaboration. Je vous demande de garder votre envolée pour
la suite de nos travaux à 15 heures, s'il vous plaît. Je vous remercie puis je
m'excuse de vous interrompre.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 3)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux, la Commission de la santé et
des services sociaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
Je vous rappelle que la commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 2, Loi
resserrant l'encadrement du cannabis.
Lors de la suspension de nos travaux ce
midi, nous en étions à poursuivre l'étude du sous-amendement proposé par M. le
député de Viau. Il n'est pas là, alors je cède la parole au député de Marquette.
M. Ciccone :
Oui, merci.
Des voix
: ...
M. Ciccone :Merci beaucoup, oui. Est-ce que je peux savoir combien de temps
qu'il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Ça va me faire plaisir de vous le
mentionner.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Avec la précision, 18 min 5 s.
M. Ciccone :
Ah, mon Dieu, formidable! Merci. J'ai 18 min 5 s, questions en
rafale, M. le Président. Donc, je vais... non, j'ai quelques petites précisions
et en même temps quelques petits commentaires. Beaucoup de choses ont été dites
depuis... bien, depuis aujourd'hui, puis je vais demander quelques questions au
ministre, M. le Président, si vous me permettez. On sait qu'on tente de faire
la différence. Ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce, ce matin, elle argumentait
avec Mme la juriste, qui disait que... on parlait beaucoup de cannabis
récréatif, mais, elle, dans le projet de loi, elle disait que c'était
personnel, usage personnel. M. le ministre a utilisé, lui, le mot plus souvent
«récréatif». Cependant, une question pour...
M. Ciccone :
...argumentait avec Mme la juriste, qui disait que... on parlait beaucoup de
cannabis récréatif, mais, elle, dans le projet de loi, elle disait que c'était
personnel, usage personnel. M. le ministre a utilisé, lui, le mot plus souvent
«récréatif». Cependant, une question pour M. le ministre, M. le Président,
est-ce qu'on peut aller à la SQDC puis s'acheter un cannabis pour l'utilisation
à des fins médicinales? Même si ce n'est pas écrit «à des fins médicinales»,
mais est-ce qu'on peut y aller physiquement puis acheter un produit qui est
médicinal puis l'utiliser de façon médicale? Est-ce qu'on peut faire ça? Est-ce
qu'on a la possibilité de faire ça même si on n'a pas de prescription, là?
Parce qu'habituellement, quand c'est médicinal, on passe par un médecin, M. le
ministre nous l'a dit, quand c'est médicinal, c'est avec une prescription. Mais
est-ce qu'on peut s'automédicamenter? Est-ce qu'on peut y aller? Malgré que ce
n'est pas correct, là, ce n'est pas correct, puis on le voit sur le principe, M.
le Président, que ce n'est pas correct de prendre du cannabis à 14, 13,
12 ans, 15 ans, 16 ans, 17 ans, mais on le fait pareil.
Mais c'est une réalité, parce qu'il faut vivre dans la réalité également.
Est-ce qu'il y en a qui font ça? Est-ce qu'ils vont à la SQDC? Est-ce qu'ils se
disent : Bien, là, il a de l'huile, parfait, moi, je vais y aller sur une
base... je vais m'autodonner, à des fins médicales, un produit du cannabis?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
l'automédication, nous n'appuyons pas ça, et, encore une fois, on parle de
cannabis médical ici. Nous, on veut parler du cannabis récréatif dans le projet
de loi n° 2.
M. Ciccone :
Récréatif ou à des fins personnelles? Parce que je pense que c'était clair que
c'était écrit «personnel», là, dans le projet de loi. Et je dis ça, M. le
Président, parce que... et je comprends qu'on ne veut pas s'avancer, mais, en
même temps il faut y aller dans la réalité aussi, puis c'est ce qu'on tente de
dire depuis le début, puis ça fait référence également au sous-amendement,
c'est que la réalité est que les gens, justement, les jeunes, prennent du
cannabis. Puis il faut regarder toutes les avenues.
Quand on dépose un projet de loi, il faut
regarder ce qui peut arriver également dans le futur. Je comprends que M. le
ministre ne veut pas répondre à des questions qui sont hypothétiques, puis, ça,
je comprends ça, mais, en même temps, avant de déposer un projet de loi, puis
avant d'adopter un projet de loi, il faut tourner... il faut regarder dans tous
les angles morts, parce que ça peut arriver, ça pourrait arriver. Puis ça, même
si c'est hypothétique, c'est une réalité. Puis avant d'écrire un projet de loi,
il faut avoir la conscience d'esprit de dire : Oui, mais ça pourrait
arriver, ça, sur tel élément qui pourrait arriver, telle situation qui pourrait
arriver. Alors, il faudrait absolument s'assurer qu'on a ficelé vraiment à 100 %
notre projet de loi, justement pour empêcher et protéger les jeunes et chaque
situation.
Le ministre, M. le Président, comme législateur,
a le devoir... avant de rouvrir une loi, parce que c'est qu'on fait, là, on
rouvre la loi 157, aussi importante puis aussi récente, là, soit dit en
passant, il faut faire le travail en profondeur. Puis c'est vraiment ce qu'on
tente de faire, puis je sais que... parce qu'on a tellement de questions, on a
tellement de... puis on joue à l'avocat du diable, ici, là, c'est ça notre
rôle, vraiment de jouer à l'avocat du diable, de tourner toutes les pierres,
absolument de tourner toutes les pierres pour s'assurer qu'à un moment donné,
l'année prochaine ou dans deux ans, que, justement, on fait ça pour le bien du
ministre. Parce qu'on ne veut pas qu'il se fasse critiquer dans le journal en
voulant dire : Ah! il n'a pas fait ça, il n'a pas pensé à ça. Bien, oui,
mais, c'est ça. Finalement, on le fait pour le bien du ministre également, ça
fait qu'on est des gens de grands coeurs. Aussi, on le fait pour les jeunes.
• (15 h 10) •
Et il y a une chose aussi, sans vouloir
faire la morale à personne, M. le Président, c'est que c'est la job aussi de...
pas juste... ce n'est pas le devoir juste du ministre, là, c'est le devoir de
tous les législateurs qui sont ici dans cette pièce. De notre côté, du côté de
l'opposition, malgré qu'on n'est pas beaucoup aujourd'hui, là, de nous trois,
de nous trois au moins, et de tous les collègues du ministre du gouvernement
caquiste également, moi, je pense... j'espère sincèrement, comme... je ne veux
pas faire la morale à personne, mais j'espère sincèrement que, parfois, il y a
des débats, que, parfois, on va questionner le ministre aussi : T'as-tu
pensé à telle affaire, t'as-tu pensé à telle affaire? Parce que c'est notre
devoir de, non seulement de législateur, mais de citoyen également d'essayer de
s'assurer que... parce que, écoutez, là, c'est un homme archi intelligent, là,
M. le ministre, on s'entend, là, très intelligent, mais, en même temps, des
fois, dans un projet de loi aussi complexe, complexe, là, il y a eu des
centaines d'heures qui ont été prises pour ficeler puis arriver... pondre
quelque chose de quand même assez solide avec le projet de loi n° 157.
Qui, soit dit en passant, d'une très grande honnêteté, a des failles, M. le
Président...
M. Ciccone :
...mais, en même temps, des fois, dans un projet de loi aussi complexe,
complexe, là, il y a eu des centaines d'heures qui ont été prises pour ficeler
puis arriver... pondre quelque chose de quand même assez solide avec le projet
de loi n° 157. Qui, soit dit en passant, d'une très
grande honnêteté, a des failles, M. le Président, n'est pas parfait, là. Il
n'est pas parfait, O.K., ce serait menteur... Là, je me fais donner des yeux...
Il n'est pas parfait. Il n'est pas parfait, parce qu'il faut toujours
l'améliorer. Un projet de loi doit toujours être amélioré. Alors, moi, je me
dis : Parfait. Pourquoi qu'on ne se sert pas justement de ce projet de loi
là pour essayer d'améliorer puis mettre les choses encore plus sévères? Moi, je
suis un gars qui est dans l'extrême, M. le Président, je veux que ça soit, là, vraiment,
là, béton. Je veux que ça soit béton puis qu'on ne soit plus capable de tourner
aucune pierre.
Là-dedans, on oublie les adultes de 18,
19, 20 ans. Ce sont les négligés dans tout ça. Trop de malades se traitent
eux-mêmes, trop de malades se traitent eux-mêmes, puis je dis ça parce que j'ai
lu un article, justement, du Journal de Montréal, qui a été publié le 2
avril dernier : Le cannabis médicinal de plus en plus populaire. Je
dis ça parce que ça devient de plus en plus populaire, les gens... On lit sur
le cannabis, on lit sur le CBD, également, quand on est capable de lire que ça
soulage les douleurs, les inflammations, les nausées, les crises d'angoisse,
l'anxiété, certaines affections mentales, la schizophrénie, les maladies
cardiovasculaires, l'épilepsie, l'arthrose rhumatoïde — ce qui est
mon cas, mais je ne prends pas de CBD, soit dit en passant — le
diabète, et on parle même ici d'alcoolisme, ça, je n'ai pas fait de recherche
là-dessus, on voit que c'est vraiment une tendance, on s'en va là.
Et je veux savoir aussi, M. le Président,
je ne sais pas si le ministre sait, mais, dans la Ligue nationale de hockey...
Ma collègue a parlé de hockey tantôt puis elle m'a allumé, parce qu'il y a...
Puis encore aussi on parle d'aspect médical, même si le ministre nous parle,
lui, de l'aspect récréatif, mais l'aspect médicinal est vraiment... va de pair
avec justement la prise de cannabis. Le Dr Charles Taylor, qui est
neurochirurgien à l'Hôpital Toronto Western, au Canadian Concussion Centre, a
débuté une étude, une entente avec les joueurs de la ligue nationale pour
essayer de voir si on n'était pas capable de... puis c'est 100 anciens joueurs
qui ont eu des problèmes de commotion cérébrale... pour essayer de voir si on
n'est pas capable de trouver une façon, si ça pouvait les aider. Sachant que le
ministre, lui, justement, est dans le domaine médical, est un scientifique,
est-ce que... a entendu parler justement de cette étude-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
je ne veux vraiment pas parler de cannabis médical, on est ici pour parler de
cannabis récréatif. Est-ce qu'on... J'ai déjà répondu à ces questions-là, là,
sur le cannabis médical.
M. Ciccone :
On est obligés d'en parler, M. le Président, parce que le cannabis médical fait
partie de la définition de cannabis. Il fait partie de la définition de
cannabis.
M. Carmant : ...
M. Ciccone :
Bien, je veux dire, c'est... usage personnel. Les personnes utilisent le
cannabis pour l'aspect récréatif et l'aspect médical. Les deux. Je veux dire,
moi, je ne comprends pas où on ne s'entend pas, ici, on joue sur des mots,
honnêtement, ou une interprétation quelconque, mais moi, je sais bien que je
connais des personnes qui utilisent le cannabis à des fins médicales et
d'autres à des fins récréatives. C'est pour ça qu'il y a du THC... il y en a un
qui se vend avec du THC, puis l'autre, il se vend avec du CBD. Je veux dire...
Puis si vous dites : C'est selon la loi, bien, selon la loi, c'est usage
personnel. On l'utilise de façon différente, alors moi, je ne vois pas pourquoi
qu'on ne pourrait pas justement aborder... Je dis ça parce que justement, quand
on dit de ne pas laisser de pierre aucunement tournée, on est capable de dire
aussi... on est capable de dire qu'il y a des jeunes qui vont souvent répéter
ce qu'ils vont voir, puis moi, je pense que le ministre l'a amené dans le
passé, il a déjà parlé... que ce soient les gens qui sont autour de toi... va
faire en sorte que tu vas consommer du cannabis, tu vas te laisser entraîner
là-dedans. Là, je comprends que, dans le cas que je vous ai présenté avec
l'étude dans la ligue nationale, les joueurs, bien là, on parle de vedettes, M.
le Président, on parle de vedettes, là, ça, c'est des petits gars...
M. Ciccone :
...de sorte que tu vas consommer du cannabis, tu vas te laisser entraîner
là-dedans. Là, je comprends que dans le cas que je vous ai présenté avec
l'étude dans la Ligue nationale, les joueurs, bien, là, on parle de vedettes, M.
le Président. On parle de vedettes, là. Ça, c'est des petits gars qui regardent
leurs vedettes à la télévision. Là, il y a une étude qui est publique, qui est
enclenchée avec 100 anciennes vedettes, joueurs étoiles de la Ligue
nationale, et là, parce que, là, encore une fois, parce que le ministre va
souvent peut-être me répondre en voulant dire : Oui, mais c'est
hypothétique. On n'a pas les résultats de l'étude encore. C'est vrai, là. C'est
hypothétique. Mais ça pourrait être bon. Ça pourrait arriver. Est-ce que ça va
créer justement peut-être une habitude parce qu'il dit : Aïlle, ça
fonctionne pour eux autres. Alors, est-ce qu'on peut se retrouver dans une
situation, M. le Président, où des jeunes, justement de 18, 19, 20 ans,
des petits joueurs de hockey comme ma collègue en a parlé un peu plus tôt, qui
vont dire : Tabarouette! Moi, j'ai des commotions cérébrales. Je ne sais
pas comment me soigner. On sait que les commotions cérébrales à un moment
donné... quand c'est là, tu ne peux pas guérir ça, là, je veux dire, tu peux le
soulager, ça prend du temps puis on sait que ça revient de plus en plus. Est-ce
qu'à un moment donné, on ne pourrait peut-être pas voir des jeunes
s'automédicamenter également? Même si c'est hypothétique, encore une fois, ça
pourrait arriver.
Alors, moi, je ne vois pas pourquoi que
justement on ne tourne pas toutes ces pierres-là puis on n'essaie pas justement
de bonifier parce que ce qu'on tente de faire nous autres, ce n'est pas de
changer complètement, malgré qu'on n'est pas nécessairement d'accord avec tout
ça, mais on essaie de peut-être rajouter une phrase, rajouter quelques mots. On
essaie juste de mettre peut-être notre empreinte un petit peu sur ce projet de
loi là qui... ce n'est pas des gros changements. Moi, je ne pense pas que
certains... oui, je comprends qu'il y a certains amendements étaient un peu
plus sévères, là. Mais on va être honnête avec ça. Mais en même temps, il y en
a d'autres qui sont plus acceptables et puis ce serait facile d'être capable
d'argumenter, d'avoir un petit peu d'acceptation, on est capable de passer
aussi à un autre article.
Mais en même temps, est-ce que ma question
pour le ministre, est-ce que justement savoir que dans la société, on parle
souvent d'imiter les plus vieux, on parle souvent d'imiter notre entourage. Il
y a souvent aussi l'aspect pression de notre quotidien, pression aussi de
sportifs qui va faire en sorte que justement, c'est toujours dans le cas du
sous-amendement, là, sous-amendement qui a été déposé par mon collègue de Viau,
est-ce qu'il est conscient de la pression justement des jeunes adultes de 18,
19, 20 ans où on pourrait l'encadrer un peu plus justement, ferait en
sorte que, un, on pourrait éviter des problèmes judiciaires aussi à ces
jeunes-là parce que justement on veut imiter, on veut essayer puis on veut
surtout médicamenter parce que des fois on est à bout de ressources, des fois,
on recherche peut-être un rendez-vous puis on n'est pas capable de l'avoir
aussi rapidement qu'on veut. Alors, on va le faire de nous-mêmes. Est-ce qu'on
est conscient de ce côté-là, du côté du ministre, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : La réponse
peut-être en rafale. Donc, encore une fois, là, si des athlètes ont besoin d'un
suivi médical, moi, je ne vois pas pourquoi on ferait la promotion de
l'automédication. Je rappelle les paroles du Dre Gobi : Ça me surprend du
député de Marquette qui a tellement à cœur nos enfants, là. C'est qu'elle a dit
que sous le FDA, sur le médicament, on marque un risque de suicide et de
dépression chez les enfants, là. Ça fait que je ne pense pas que moi, je vais
faire la promotion de l'automédication, ce qu'ils sont en train de faire, là.
M. Ciccone :
Bien, je ne comprends pas pourquoi que le ministre est déçu de moi parce que
depuis le début je dis que ce produit-là, tout ce qui est dérivé de cannabis ne
devrait pas être dans nos rues au Québec, ça ne devrait même pas exister, M. le
Président. Alors, je ne comprends pas pourquoi... c'est la déception du
ministre. Moi, je suis contre ce produit-là. La seule chose, par exemple, puis
je ne dis pas que c'est correct de s'automédicamenter. Je dis que c'est la
réalité.
• (15 h 20) •
M. le ministre a cité justement
Mme Gobi. Mais je vais la citer moi aussi si vous voulez bien, M. le
Président : En effet, elle dit que c'est dommageable pour le cerveau de
consommer et pire jusqu'à 25 ans. Ça, c'est Mme Gobi puis entièrement
d'accord, là, entièrement d'accord avec ça puis on s'entend là-dessus.
Toutefois, elle dit que hausser l'âge à 21 ans ne changerait rien, car les
jeunes de 18 à 21 ans continueraient de s'en procurer sur le marché noir.
C'est quand même Dre Gobi, là. Je veux dire si on veut citer le Dr Gobi, mais
qu'on lise tout ce que Dre Gobi a dit parce qu'elle dit des bonnes choses et
elle dit aussi le contraire de ce que le ministre amène également, là.
Moi, je suis bien prêt à citer des
spécialistes puis des scientifiques, mais il ne faut pas juste prendre ce qui
fait notre affaire dans tout ça. La...
M. Ciccone :
...bien, qu'on lise tout ce que Dre Gobbi a dit parce qu'elle dit des bonnes
choses et elle dit aussi le contraire de ce que le ministre amène également,
là. Moi, je suis bien prêt à assister des spécialistes puis des scientifiques,
mais il ne faut pas juste prendre ce qui fait notre affaire dans tout ça. La
réalité est là, est là. Ils en prennent quand même. Les jeunes... moi, c'est...
je ne veux pas qu'ils s'automédicamentent, mais c'est des effets médicinaux.
Ils vont le prendre... Parce qu'il faut différencier les deux, médical puis
médicinal, là. Oui, mais c'est possible qu'on puisse y aller.
Il y a quelqu'un justement, dans le site
que je vous ai cité un peu plus tôt, c'est une personne qui, lui, justement, a
des problèmes, puis il a décidé d'aller à la SQDC pour se procurer... pour...
lui, au niveau médicinal, de s'aider parce qu'il n'était pas capable d'avoir
justement un rendez-vous assez rapidement, puis il essayait, il essayait, il
essayait, puis il est allé lui-même et il n'a pas aimé ça. Il n'a pas aimé
l'effet. Qu'est-ce qu'il a fait? Bien là, il est retourné où est-ce qu'il
retournait avant. Il est retourné sur le marché noir. Puis après ça, bien,
qu'est-ce qui est arrivé, c'est que là finalement il a réussi à avoir justement
un rendez-vous avec un médecin qui a été capable de le... de lui prescrire du
cannabis pour l'aider. Mais c'est une réalité...
Le Président (M. Provençal)
: M. le député...
M. Ciccone :
...terminé déjà?
Le Président (M. Provençal)
: Non, je vais...
M. Ciccone :
Qu'est-ce que j'ai fait?
Le Président (M. Provençal)
: Parce qu'on vient de nous signaler qu'on nous appelle à la
Chambre pour un vote. Alors, je suspends pour qu'on puisse... Ça va nous faire
une marche de santé.
(Suspension de la séance à 15 h 22)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Provençal)
: Je vais vous demander le silence pour que nous puissions
reprendre nos travaux. Lorsqu'on a pris notre pause, nous en étions avec une
intervention du député de Marquette. Alors, M. le député de Marquette, je vous
cède la parole.
• (15 h 40) •
M. Ciccone :
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, en terminant, en terminant parce que je
sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, là, je pense que le
sous-amendement à l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve entrait dans
la... je pense, dans la philosophie de travailler ensemble, d'essayer de
trouver un point commun, d'essayer de... pas nécessairement avoir un changement
drastique au projet de loi proposé par le ministre délégué à la Santé et
Services sociaux, mais bien d'être capables de laisser une empreinte du côté
des législateurs, qui, eux aussi, ont à cœur, là, le bien-être des jeunes. On
parlait ici d'avoir une limite aux 18, 19, 20 ans de cinq grammes et de
0,0 % de THC...
M. Ciccone :
...des législateurs qui, eux aussi, ont à coeur, là, le bien-être des jeunes.
On parlait ici d'avoir une limite de... aux 18, 19, 20 ans, de cinq grammes et
de 0,0 % de THC. Mais, entre peut-être ou avec la précision de la SQDC
d'hier, là, on comprend que ce n'est pas tous les produits qui sont à
0,0 %, et c'est très difficile d'en trouver un. Par contre, ça pourrait
éventuellement être disponible sur le marché. La science avance toujours. C'est
pour cette raison-là qu'on essayait peut-être d'améliorer toujours le sort des
18, 19, 20 ans qui, eux autres, vont, encore une fois, je le répète, ça va être
redondant, mais on va être ici pendant des mois, M. le Président, je comprends
que M. le ministre ne veut pas être ici pendant des mois, mais la réalité est
que les jeunes vont en prendre puis essayer de diminuer le plus possible. Tu
sais, peut-être qu'un jeune qui se procure son cannabis sur le marché noir se
dit : Ah! bien, si c'est cinq grammes, O.K., peut-être que je vais aller
me chercher un produit qui est plus propre, plus propre. Puis ce n'est pas ceux
qui veulent se faire sauver, parce que ceux avec qui la formation, l'éducation,
la prévention que le ministre veut faire justement avec les jeunes, que je
supporte entièrement, ça va fonctionner, mais chez plusieurs ça ne fonctionnera
pas, et c'est dans le but ici, là, de protéger, pour ceux que l'éducation, la
formation ne fonctionnera pas puis pour tenter d'aider le plus possible nos
jeunes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, vous êtes...
M. Ciccone :
...reste une minute, il reste une minute, tout est là.
Le Président (M. Provençal)
: Je confirme que vous avez un bon chronomètre, M. le député
de Marquette.
À ce moment-ci, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sous-amendement que le député de Viau nous avait présenté?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais faire un appel...
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Je vais mettre aux voix le sous-amendement. Alors, quels
sont ceux... Est-ce que...
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Vous voulez, de toute façon, que ce soit fait par appel
nominal?
M. Fortin :
Bien, j'aime beaucoup ça.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, nous allons faire...
Une voix
: La
démocratie au travail.
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons le faire par appel nominal. Alors, Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Oui.
M. Fortin (Pontiac)?
M. Fortin :
Je suis pour l'amendement.
La Secrétaire
:
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil
: Oui.
La Secrétaire
:
M. Ciccone (Marquette)?
M. Ciccone :
Pour.
La Secrétaire
:
M. Carmant (Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire
:
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire
:
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
:
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire
: Et
M. Provençal (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, c'est rejeté à la majorité des voix.
Maintenant, nous revenons à l'amendement
de l'article 1 qui avait été présenté par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. À
ce moment-ci, est-ce qu'il y a des gens qui ont des interventions à faire sur
l'amendement?
M. Ciccone :
Il me reste huit minutes, M. le Président, mais je ne les prendrai pas.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Alors, s'il n'y a personne, je fais... (Interruption)
Excusez-moi.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Je suis sans mot.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement du...
M. Fortin :
On peut procéder par appel nominal...
Le Président (M. Provençal)
: Par appel nominal, oui, M. le député de Pontiac. Alors,
Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui.
M. Carmant (Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire
:
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire
:
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
:
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire
:
M. Fortin (Pontiac)?
M. Fortin :
Je suis pour.
La Secrétaire
:
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Ciccone (Marquette)?
M. Ciccone :
Pour.
La Secrétaire
: Et
M. Provençal (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, rejeté. Ce qui fait en sorte que nous
revenons à l'article 1 qui avait été déposé par...
Une voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: À l'article 1, oui, excusez, là, c'est l'article du
ministre.
Des voix
: ...
Une voix
: Prenez votre
temps.
Le Président (M. Provençal)
: Non, mais disons qu'on a réussi à me confondre.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, quelles sont les personnes qui veulent
intervenir...
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Non, mais disons qu'on a réussi à me confondre.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Provençal)
: Alors, quelles sont les personnes qui veulent intervenir
concernant l'article 1?
M. Fortin :
Alors, s'il n'y a personne d'autre, M. le Président, ça va me faire plaisir,
mais, avant d'intervenir, j'aimerais déposer un amendement à l'article 1, si
vous le permettez.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, est-ce que votre amendement est déjà fait?
M. Fortin :
Oui, on l'a déjà... pour sauver du temps pour tout le monde, on l'a déjà fait
parvenir à la commission.
Des voix
: ...
• (15 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Merci.
(Consultation)...
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Alors... Là, on va pouvoir y aller?
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Nous avons le dépôt d'un sous-amendement...
Une voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: D'un amendement, excusez-moi, oui, d'un amendement par le député
de Pontiac. Alors, je vais demander au député de Pontiac de nous en faire la
lecture et de nous expliquer la teneur de son amendement.
M. Fortin :
Oui. M. le Président, puisqu'on étudie présentement l'article 1, ce qu'on
propose, c'est de modifier l'article 1 du projet de loi d'abord par l'ajout,
dans le deuxième paragraphe, des mots «incluant les produits avec 0,0 % de
tétrahydrocannabinol, THC, après les mots «(Lois du Canada, 2018, chapitre
16)».
Pour l'explication, M. le
Président — c'est là qu'on est rendus — pour
l'explication : on a tout essayé, M. le Président. Là, on a épuisé toutes
nos avenues pour tenter de faire comprendre au ministre et à la partie
gouvernementale qu'un produit de CBD, comme l'a dit l'Institut national de la
santé publique, n'a pas d'effets psychoactifs; comme l'a dit le Centre
universitaire de santé McGill dans sa recherche, n'a pas d'effets secondaires.
Le ministre ne semble pas vouloir accepter ce que l'Institut national de santé
publique dit, ce que les chercheurs au Centre universitaire de santé McGill
disent. Le ministre nous répète qu'il ne veut pas de gradation, qu'il considère
ça une gradation, même si c'est un produit qui n'inclut pas de THC.
On aurait cru, M. le Président, que
peut-être le ministre pourrait accepter notre argument, parce que, quand même,
je pense qu'on l'a bien élaboré, je pense qu'on l'a bien détaillé, je pense
qu'on est arrivés avec des propositions assez claires, je pense qu'on a fait la
démonstration qu'il y avait des produits sur le marché avec très peu, très,
très peu de concentration en THC. On a entendu de la part des gens du ministère
qu'il y avait fort probablement des produits... que c'était possible qu'il y
ait des produits avec 0 % de THC.
Alors, ce qu'on demande au... Et je ne
suis pas d'accord. Je l'ai dit avec l'amendement du député
d'Hochelaga-Maisonneuve, que je ne l'aimais pas tant que ça, mais que j'ai
quand même voté en faveur. Mais je ne l'aimais pas tant que ça, parce que c'est
une situation de compromis. Là, je ne suis même pas dans le compromis, M. le
Président, là. Là, on est dans l'esprit de la loi du ministre. La loi du
ministre veut interdire tous les produits qui ont du THC aux 18-21 ans. On l'a
compris, ça fait longtemps qu'il nous le dit. On pensait qu'il aurait peut-être
une ouverture pour les produits à zéro CBD, des produits qui sont utilisés
très, très, très rarement, là, pour avoir un «high», hein, disons, de la part
des consommateurs. On pensait que ce serait possible, le ministre nous dit non.
C'est correct, c'est sa prérogative, il a la majorité autour de la table de la
commission parlementaire. Mais je veux qu'il le dise au monde, M. le Président,
je veux qu'il soit honnête avec le monde. Je veux que son projet de loi soit
transparent, je veux que tout le monde qui regarde le projet de loi, là,
au-delà de l'argument du ministre...
Parce que l'argument du ministre depuis le
tout début, M. le Président, depuis le tout début, c'est : On veut
interdire les produits qui ont un effet sur le développement du cerveau jusqu'à
25 ans pour des adultes de 18 à 21. Là, le ministre nous admet, admet qu'un
produit en teneur zéro THC, là, n'a pas d'effets sur le développement du
cerveau. Alors, le ministre va plus loin que ce qui était l'intention générale
de son projet de loi initial, de ce qu'il a vendu à tout le monde, de ce qu'il
a fait... de ce qu'il a proposé en campagne électorale, de ce que son parti a
vendu avant la campagne électorale comme projet, de ce que... Il est allé dans
les écoles secondaires, il est allé sur les tribunes publiques, il est allé sur
les radios, il est allé sur les plateaux de télévision, il en a parlé en
Chambre, il a toujours dit : Nous, on veut bannir pour les 18-21 ans la...
ou interdire la possession, on veut interdire l'achat des produits qui ont
un... développement sur le cerveau jusqu'à l'âge de 25 ans. Maintenant, le...
M. Fortin :
...tribune publique, il est allé sur des radios, il est allé sur les plateaux
de télévision et il en a parlé en Chambre. Il a toujours dit : Nous, on
veut bannir pour les 18-21 ans la... ou interdire la possession, on veut
interdire l'achat des produits qui ont un développement sur le cerveau jusqu'à
l'âge de 25 ans. Maintenant, le ministre admet qu'il y a des produits qui
n'ont pas d'effets sur le développement du cerveau jusqu'à 25 ans qui sont
aussi inclus dans son projet de loi. Je veux que le ministre le dise très
ouvertement, que c'est ça qu'il est en train de faire.
Alors, c'est pour ça qu'on propose, M. le
Président, dans le deuxième alinéa du projet de loi, là... Ça, c'est le texte
initial du ministre, là : «Il en est de même de la personne âgée de 18,
19, 20 ans qui contrevient aux dispositions du premier alinéa en ayant en
sa possession dans un lieu public une quantité totale de cannabis équivalant à
30 grammes ou moins de cannabis séché selon l'annexe 3 de la Loi sur
le cannabis.» M. le Président, je veux qu'il ajoute dans ce texte-là, je veux
qu'il dise dans ce texte-là que les produits qui sont à... les produits de CBD
qui sont des produits THC zéro sont aussi inclus dans sa pièce législative. Parce
que ce produit-là, là, selon toute l'évidence qu'on a eue, ce produit-là n'a
pas les mêmes effets que tous les autres produits qu'il a dit qu'il voulait
interdire aux 18-21 ans, mais il veut quand même le faire. On l'a tous
compris, tout le monde ici, autour de la table, là, a compris ce que je viens
de dire.
Alors, est-ce que le ministre est d'accord
que ce qu'on propose, c'est une précision supplémentaire qui va dans l'esprit
de son projet de loi? Et est-ce qu'il est ouvert à un tel amendement?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le
Président, on me dit que cet amendement est déjà couvert par la loi actuelle.
Donc, je n'ai pas besoin de l'inclure.
M. Fortin :
Oui... M. le Président. M. le Président, là, au cours des dernières heures, là,
au cours des dernières minutes, là, des dernières minutes, si ne me trompe pas,
là, même le leader parlementaire du gouvernement a accepté un amendement à son projet
de loi n° 9, M. le Président. Même le leader parlementaire du gouvernement,
celui qui a passé 143 heures en commission parlementaire... On a... Plus
tôt, le député de Jonquière utilisait l'expression «dogmatique», et ça lui a
pris un peu de temps à me convaincre, mais je me suis rendu là moi aussi, là,
en parlant de l'attitude du ministre.
Mais là, bien franchement, là, ce qu'on
propose, c'est un amendement qui ne change aucunement l'esprit de la loi du ministre,
qui ne change aucunement ce qui va arriver aux gens, qui ne change pas la
conséquence pour un citoyen qui est pris en possession d'un produit qui
deviendrait illégal, mais qui vient simplement préciser. Même le leader du gouvernement
est prêt à faire des amendements quand c'est des questions de transparence,
quand c'est des questions de clarté, quand c'est des questions de clarification,
de précision. Et là le ministre délégué à la Santé nous dit : Je n'ai pas
besoin de le faire. Je le sais qu'il n'a pas besoin de le faire. Légalement,
là, il n'est pas obligé de le faire pantoute, son texte de loi inclut ces
produits-là. Mais pourquoi ne pas le dire au monde, M. le Président?
Hier, là, on a eu tout un débat. On a eu
tout un débat à savoir est-ce qu'il y a un produit qui est vendu par la SQDC
qui est 0 % de THC. On en a parlé longtemps. On en a parlé longtemps, le
ministre nous disait : Ce produit-là n'existe pas. Le député de Jonquière
nous a présenté un produit comme ça. Le ministre est revenu en nous
disant : Bien oui, la SQDC nous dit que peut-être qu'il y en a, on ne sait
pas... c'est improbable qu'il y en ait zéro, peut-être, on ne sait pas, il y a
peut-être une certaine marge. En tout cas, la SQDC va changer son produit. On a
fait tout ça, M. le Président, dans l'esprit collectif de clarifier, de
clarifier ce que le consommateur avait. Et je suis content qu'on l'ait fait, le
consommateur va avoir une information plus précise par rapport à son produit.
Tant mieux.
Mais celui qui va lire le projet de loi,
là, pourquoi est-ce qu'il ne comprendrait pas l'étendue, l'étendue du projet de
loi? Pourquoi est-ce qu'il ne comprendrait pas jusqu'à quel point le ministre
est en train d'être dogmatique, à quel point il est en train de bannir des
produits qui, de sa propre admission, n'ont aucun effet sur le développement du
cerveau jusqu'à 25 ans, qui ne sont pas les produits qu'il a dit à la
population qu'il voulait bannir?
Ce qu'il a dit, c'est qu'il voulait bannir
les produits pour les 18-21 ans, là, qui avaient un effet sur le
développement du cerveau. Ces produits-là, de l'admission du ministre, ne sont
pas... n'ont pas d'effets; de l'admission de l'INSPQ, n'ont pas d'effets
psychoactifs; de l'admission du Centre universitaire de santé McGill, n'ont pas
d'effets secondaires. M. le Président, ce que la Dre Gobbi a dit, là, par
rapport à ces produits-là, ou ce que l'équipe du Dre Gobbi a dit, a démontré,
c'est que le CBD n'agit pas sur les récepteurs cannabinoïdes de type un comme
le THC.
• (16 heures) •
Ces... ça, là, les huit, 10 mots que
je viens de lire, M. le Président, prouvent mon point, prouvent le point que le
produit, là, ce n'est pas un produit qui est aussi nocif que tous les autres,
ce n'est pas un produit qui a des effets psychoactifs, ce n'est pas un produit
qui a des effets secondaires, ce n'est pas un produit qui joue sur les
récepteurs cannabinoïdes. C'est un produit qui est à l'extérieur de l'esprit
initial, l'esprit initial de la loi du ministre, tel qu'il nous l'a présenté...
16 h (version non révisée)
M. Fortin :
...ce n'est pas un produit qui est aussi nocif que tous les autres. Ce n'est
pas un produit qui a des effets psychoactifs. Ce n'est pas un produit qui des
effets secondaires. Ce n'est pas un produit qui joue sur les récepteurs
cannabinoïdes. C'est un produit qui est à l'extérieur de l'esprit initial,
l'esprit initial de la loi du ministre tel qu'il nous l'a présenté, tel qui
nous l'a vendu aux Québécois, tel qu'il l'a expliqué aux Québécois, tel que son
premier ministre l'a expliqué aux Québécois, tel que le leader parlementaire a
expliqué la position de la Coalition avenir Québec pendant deux ans, M. le
Président. Là, le ministre est en train d'aller plus loin que cet esprit-là.
J'aimerais qu'il le dise. C'est pour ça qu'on a déposé un amendement. Ce n'est
pas pour une raison autre, c'est simplement pour dire aux gens, là : Voici
ce que le ministre est en train de faire. On ne change pas l'esprit de la loi.
On ne change pas la conséquence sur un seul citoyen au Québec, mais ce qu'on
change, c'est la transparence.
Moi, j'avais cru, dans les orientations
gouvernementales, qu'on aurait droit à un gouvernement qui voulait davantage de
transparence. C'est ce que j'ai toujours entendu de la part du gouvernement du
ministre délégué à la Santé. Alors, on lui donne une opportunité de le faire.
On lui donne une opportunité de se comporter avec autant d'égards pour
l'opposition officielle que le fait le leader parlementaire du gouvernement.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
je dois avouer que moi, contrairement à mon collègue, je suis un homme de peu
de mots...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Carmant : ...et je ne vois
pas pourquoi j'ajouterais des mots qui ne modifient pas le sens d'une phrase.
M. Fortin :
O.K., M. le Président. Si le ministre ne croit pas que les mots modifient le
sens de sa phrase, est-ce qu'il peut au moins reconnaître que des fois, là, des
mots, ça peut clarifier une pensée?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Si la phrase est
bien construite, pas nécessairement.
M. Fortin :
Alors, est-ce que la phrase devant vous est bien construite?
M. Carmant : La phrase du
projet de loi n° 157 est bien construite.
M. Fortin :
Est-ce que la phrase de l'amendement est bien construite? Est-ce qu'elle offre
une transparence additionnelle?
M. Carmant : Moi, je ne vois
pas l'intérêt de modifier. J'ai déjà répondu à la question.
M. Fortin :
Ah mon Dieu! M. le Président, écoutez bien ça. Dans la population québécoise,
là, il y a des gens qui consomment un produit, hein, qui vont à la SQDC, là,
qui achètent un produit à base de THC. Pourquoi ils y vont? Comme le ministre
le dit : Parce qu'ils veulent un produit récréatif, hein, parce qu'ils
veulent un produit, là, qui va leur donner, comme le dit l'Université McGill,
un «high». Puis il y a des gens qui vont à la SQDC puis qui achètent un
produit, là, comme les produits Terra, comme les autres produits qu'on a vus,
qui ont 0,0 quelques pour cent, là, de THC. Ils ne le font pas pour le «high».
Ces gens-là, la population québécoise, les consommateurs à la SQDC, eux, font
la distinction. Eux, ils savent. Produits THC, produits CBD. Ils comprennent ça,
M. le Président, les gens qui vont à la SQDC. Ils regardent l'étiquette, là.
Ils se disent : Ah! ça, c'est un produit, là, je vais en avoir un, «high».
Puis ils regardent l'autre étiquette à côté... le ministre nous a dit qu'ils
étaient pas mal dans le même tiroir, là, hein? Ils regardent l'autre étiquette
à côté puis : Ah! bien, ça, ce n'est pas un produit qui va me donner un
«high» mais pas un effet médical. Ce n'est pas un effet médical, mais c'est un
effet médicinal, par exemple, hein? La distinction... J'ai compris ce que le
ministre était en train de faire quand il nous ramenait tout le temps au
médical.
Ce que le député de Marquette disait,
c'est qu'il y a un effet médicinal, que les gens le prennent, là, parce que ça
a un effet sur leur santé. Ce n'est pas recommandé par un docteur.
Effectivement, les gens qui se pointent à la SQDC n'ont pas vu un médecin,
hein, ou, du moins, pas récemment. Bien, ce n'est pas toujours évident de voir
un médecin. On voit que la liste d'attente pour un guichet d'accès aux médecins
de famille s'allonge, là. On est rendu à combien, 500 000 personnes,
525 000 personnes? C'est plus qu'il y a quelques mois, M. le Président.
Alors, ce n'est pas tout le monde qui est capable d'aller voir un médecin. Je
ne vous dis pas que c'est correct, quand on a un problème de santé, d'aller là,
mais les gens, ils savent que c'est un produit, là, qu'ils vont mettre sur leur
genou. Ils vont le frotter, l'huile de cannabis, sur leur genou, puis ils vont
se sentir mieux, M. le Président. Ils font ça. C'est ça qui se passe. Il y a
deux types de consommateurs à la SQDC.
Alors, le ministre, il nous dit :
Bien non, je n'ai pas besoin de faire ça. Je n'ai pas besoin de le clarifier.
Au contraire, il a tellement besoin de le clarifier, M. le Président, parce que
ce qu'il a dit, ce que le ministre a dit — c'est vrai que je suis un
homme de beaucoup de mots — ce que le ministre a dit, M. le
Président, à la population du Québec, à la population du Québec au cours des
derniers mois, au cours de la dernière année, c'est : Les produits qui ont
un effet sur le développement du cerveau jusqu'à 25 ans, ça n'a pas de bon
sens. On n'en veut pas. On n'en veut pas pour ceux qui vont être affectés, même
si on ne va pas aller jusqu'à 25 ans. On va aller jusqu'à 21 ans, là, M. le
Président, hein, on va aller jusqu'à 21 ans. Ça ne faisait pas trop de sens
dans notre tête. On est encore sur l'article 1, là, je vous le rappelle, M. le
Président.
Mais ce que le ministre est en train de
dire aujourd'hui à tous ces gens-là, c'est : Je vais plus loin que ce que
je vous ai dit, hein, à tous les consommateurs de CBD, qui, eux, se sont
peut-être dit, là : Bien, le ministre, il me parle toujours des produits
qui ont un effet sur le développement du cerveau jusqu'à 25 ans. Il ne me parle
pas des autres produits, hein? Il ne me parle pas des produits CBD. Il ne me
parle pas de ceux que moi, je consomme. Il ne me parle pas de ceux que je vais
acheter à la SQDC. Il ne me parle pas de ceux qui... quand je commence à avoir
mal au genou parce que j'ai joué trop de hockey, là, ou je me suis cogné le
genou en quelque part, ou peu importe, que je veux utiliser pour un effet
médicinal, pas un effet médical. M. le Président, il est en train d'ajouter ce
produit-là...
M. Fortin :...parle pas des produits CBD, il ne me parle pas de ceux que
moi, je consomme, il ne me parle pas de ceux que je vais acheter à la SQDC, il
ne me parle pas de ceux qui, quand je commence à avoir mal aux genoux parce que
j'ai joué trop de hockey, là, ou je me suis cogné le genou en quelque part, ou
peu importe, que je vais utiliser pour un effet médicinal, pas un effet
médical, M. le Président. Il est en train d'ajouter ce produit-là dans son projet
de loi, il l'a toujours inclus dans son projet de loi. On n'en change pas la
lettre... M. le Président, on n'en change pas l'esprit, mais on veut en changer
la lettre, parce que, dans l'esprit du monde, ce qu'il leur a dit, c'est :
Je veux interdire les produits pour les 18-21 ans qui ont un effet sur le développement
du cerveau. Toutes les études qu'on a citées, toutes les études qu'on a citées,
que ce soit celle du Centre universitaire de santé McGill, que ce soit celle de
l'INSPQ, que ce soit celle de Santé Canada, que le député de Jonquière avait
identifiée il y a longtemps, à ce que je comprends, hein, nous, on est tombés
dessus dernièrement, mais lui, il l'a vue il y a un certain temps, il avait
fait ses devoirs, tout ce monde-là disent que les produits du CBD, les produits
dont on discute, là, depuis quelques heures, M. le Président, n'ont pas d'effet
psychoactif, n'ont pas d'effet sur le développement du cerveau jusqu'à 25 ans.
Mais peu importe toutes les recherches qui
lui ont été présentées, qui ont été déposées à la commission, qu'on a débattues
ici, en commission parlementaire, peu importe tout ce qu'il a pu entendre, le ministre
nous dit quand même : Moi, je les inclus, moi, je ne crois pas à ça, moi,
je les inclus dans mon projet de loi. Bien, c'est correct, le ministre veut le
faire, là, hein, on va finir par voter là-dessus, par voter sur notre amendement,
puis le ministre va être obligé de dire : Ce n'est pas seulement
dogmatique, ce n'est pas juste que je ne veux pas le faire, mais je ne veux
même pas le dire au monde, M. le Président, je ne veux pas le dire au monde.
C'est juste ça qu'il fait, notre amendement, il fait juste le dire au monde.
Alors, je reviens sur le fond avant... Ça,
c'est le forme, là, ça, c'est la lettre de la loi, mais, sur le fond, parce
qu'on en a discuté un peu, mais on n'a pas eu la chance de rentrer dans le fond
du sujet, là : l'étude de Santé Canada qu'on a discutée hier, qui a été
déposée ce matin, qui dit qu'il n'y a pas d'effet psychoactif sur la santé d'un
consommateur de CBD, qu'il n'y a pas d'effet psychoactif, est-ce que le ministre
l'a lue? Est-ce que le ministre l'a regardée? Est-ce que le ministre a regardé
le sommaire, au pire? Est-ce qu'il a regardé le sommaire exécutif, M. le
Président?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Moi, ce que j'ai
lu, c'est ce que j'ai dit ce matin, c'était ce que Mme Gobbi nous a appris en
2019, que, pour le FDA, le CBD inclut risque de suicide et de dépression chez
l'enfant. C'est ça que je retiens, M. le Président.
M. Fortin :
Ah bien, là, je suis préoccupé, M. le Président, parce qu'on a devant nous le ministre
délégué à la Santé du Québec, le ministre délégué à la Santé et aux Services
sociaux, on lui demande s'il a lu une étude, une étude qu'on a déposée en commission
parlementaire, qui est citée par l'INSPQ, une étude. On lui demande s'il a vu
le sommaire exécutif, on lui demande si, par le passé, il l'a vue. Cette
étude-là, elle est disponible sur le site de l'INSPQ, elle est citée par
l'INSPQ, par les plus grands chercheurs en santé publique au Québec. On lui
demande s'il l'a lue, il nous dit : J'ai lu quelque chose d'autre. Je veux
savoir si, avant de passer son projet de loi, avant de bannir un produit pour
les 18-21 ans qui, selon l'INSPQ, là, n'a aucun effet psychoactif, est-ce qu'il
a au moins pris le temps de regarder cette étude-là?
M. Carmant : M. le Président,
je n'aime pas trop parler de mon ancienne vie, là, mais je suis quand même un
spécialiste international en épilepsie, et un des traitements qu'on utilise, c'est
le cannabis et c'est le CBD, donc je connais pas mal toutes les études qui ont
été écrites sur le produit.
M. Fortin :
Alors, est-ce qu'il l'a lue, celle qu'on lui a fait parvenir hier?
M. Carmant : C'est lu, cette
étude de Santé Canada, oui.
M. Fortin :
Très bien. Et est-ce que le ministre peut nous éclairer, éclairer les gens qui
nous écoutent sur la conclusion principale de cette étude-là?
M. Carmant : Écoutez, M. le
Président, le but, ici, c'est de... C'est de l'amendement qu'on discute, et je
ne vois pas l'intérêt d'ajouter les termes que le député de Pontiac propose.
M. Fortin :
L'intérêt d'ajouter les termes, M. le Président, l'intérêt d'ajouter les
termes, il est très simple, et je reviens à l'étude, là, l'étude qui est devant
le ministre. La conclusion principale de cette étude-là, c'est, et je peux vous
la résumer en huit, 10 mots, là : Il n'y a pas d'effet psychoactif des
produits du CBD. Le CBD ne produit pas d'effet psychoactif. C'est ça. C'est
juste ça. Si je regarde le document de l'INSPQ, là, c'est juste ça qu'il dit.
• (16 h 10) •
Alors, M. le Président, on a un produit
devant nous, selon les chercheurs de Santé Canada, selon... qui n'a pas d'effet
psychoactif. Selon la Dre Gobbi, selon le Dr de Gregorio du CUSM, M. le
Président, selon ces chercheurs-là, là, qui n'a pas d'effet secondaire, pas
d'effet psychoactif d'un bord, pas d'effet secondaire de l'autre bord. Ça,
c'est exactement, M. le Président, le contraire de ce que le ministre nous a
dit. Le ministre, là, hier, et on pourra ressortir le... bien, pas le vidéo,
mais l'audio, M. le Président, parce qu'on est à la salle des
Premiers-Ministres, on pourra ressortir...
M. Fortin :
…qui n'a pas d'effets secondaires. Pas d'effets psychoactifs d'un bord, pas
d'effets secondaires de l'autre bord. Ça, c'est exactement, M. le Président, le
contraire de ce que le ministre nous a dit. Le ministre, là, hier, et on
pourra sortir le — bien, pas le vidéo, mais l'audio, M. le Président,
parce qu'on est à la salle des Premiers-Ministres, on pourra ressortir
l'audio — le premier… ou le ministre délégué nous a dit, a dit à tout
le monde ici, a dit aux députés du gouvernement, a dit aux députés de
l'opposition, vous a dit, M. le Président, parce qu'il passe par vous, comme
moi, ce qu'il a dit à la commission parlementaire, là, c'est : Ces
produits-là, des produits exclusivement du CBD, ont des effets secondaires.
C'est ça qu'il a dit, ont des effets secondaires et ont des effets
psychoactifs. Le ministre a été contredit, M. le Président, pas une fois; une
fois par l'INSPQ, deux fois. Deux fois par l'INSPQ et par les chercheurs du
CUSM.
Mais advienne que pourra, M. le Président,
le ministre continue avec son projet de loi, continue d'interdire ces
produits-là, continue d'interdire des produits… et là, on ne lui parle pas… On
aurait pu, hein, on avait demandé, en début de commission parlementaire, là,
d'entendre le conseil de transformation alimentaire du Québec. Pourquoi? Parce
qu'il y a des producteurs de cannabis et parce qu'ils avaient déposé un
mémoire. Et dans le mémoire, là, ils disaient : 0,2, c'est à peu près la
limite acceptable, là, par tout le monde pour un produit qui est considéré un
produit CBD puis un produit qui ne l'est pas. On aurait pu faire ça. On aurait
pu continuer sur l'avenue qu'on était dans… On avait proposé cinq grammes comme
limite.
Le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait
proposé 10 grammes comme limite pour un produit zéro THC. On aurait pu jouer
sur les chiffres pendant des mois, hein? On aurait pu s'asseoir ici, là, puis
proposer 0,1, 0,2, 0,3… On aurait pu écouter la CTAQ proposer 0,2, mais on ne
l'a pas fait, M. le Président, on donne une opportunité au ministre d'être
encore plus sévère, de vraiment entrer dans l'esprit de sa loi, celle qu'il a
expliquée aux Québécois, comme quoi il veut bannir les produits ont un effet
sur le développement du cerveau jusqu'à 25 ans.
On aurait pu s'asseoir, là, ici, pendant
des jours ici puis débattre des chiffres, mais ce n'est pas ce qu'on veut
faire, on veut être clairs avec la population sur l'intention, l'intention
profonde du ministre, ce qu'il n'a pas été… il n'a pas été clair avec la
population du Québec jusqu'à maintenant. Et c'est son opportunité de le faire,
parce que 0 %, là, le ministre nous dit : Ça n'existe même pas. Ça,
c'est ce que le ministre a dit, là, et encore là, quand on a trouvé un produit,
bien quelques heures plus tard, il est revenu avec un avis de la SQDC, qui nous
dit : Bien, c'est… Finalement, c'est 0,0146 ou quelque chose comme ça, là,
pour cent qu'on pense dans ce produit-là. Le produit, il pourrait être zéro,
mais on pense que c'est à peu près ça.
Alors, M. le Président, on a décidé d'être
plus sévères que sévères. On a décidé de dire au ministre, là : Bien,
parfait. Allez jusqu'à un produit que vous pensez, qui n'existe même pas. Le ministre
nous dit : Ce produit-là, à zéro point zéro, il n'existe pas, mais c'est
ça qu'on lui a dit. Eh! bien, parfait. Le produit n'existe pas, là, bien soyons
plus sévères que tous les produits qu'il y a sur le marché en ce moment, hein?
Donc, il faudra qu'une compagnie québécoise, une compagnie canadienne, une…
innove et trouve un produit. Il me semble que c'est ce qu'on devrait vouloir;
on devrait vouloir que les compagnies québécoises, Hexo ou d'autres, hein,
soient innovantes, fassent de la recherche, investissent dans la recherche,
investissent dans la science, investissent dans l'innovation et nous arrivent
avec un produit 0,00 % pour qu'il puisse être vendu aux 18-21 ans, M. le
Président. Hein, il me semble qu'eux, ça , les intéresserait, comme
consommateurs; l'entreprise y gagnerait; nous, au point de vue santé publique,
il me semble que j'aimerais mieux qu'ils fument un produit 0,0 % que
0,2 %. Le ministre nous dit : Bien, dès qu'il y a un petit grain de
THC, ça peut être… ça peut être nocif. Bien parfait, tombons à 0,0 %.
Comment?
Une voix
: 20 secondes.
M. Fortin :
20 secondes? Je pense que j'ai fait mon point, M. le Président. Je vais me
garder les 12 autres secondes, si jamais j'ai un sous-amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, M. le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup. Je pense que c'est vraiment clair, là, je ne
pense pas qu'il faut essayer de trouver d'autres mots pour expliquer vraiment
l'intention de cet amendement-là. Je pense que le message était très, très,
très clair du ministre, quand il a déposé son projet de loi n° 2, puis il
était fier d'en parler. Il parlait… il disait que le cannabis, ce n'était pas
banal et il a entièrement raison avec ça. Il l'a dit partout, partout où est-ce
qu'il est passé, partout où est-ce qu'il a pu dire, justement, cette phrase, il
l'a dit également et je pense que c'est un mot qui appartient vraiment à M. le
ministre. Le mot «banal» appartient à M. le ministre et ça va le suivre, parce
que, justement, ce n'est pas banal.
C'est un message qui était quand même
assez fort, là, c'était fort. C'était fort. Moi, je veux empêcher, je veux
protéger les jeunes. Au moins, si on peut le faire jusqu'à 21 ans. Encore, le
21 ans, on ne le comprend pas. Je ne pense pas qu'on va être capable de nous
convaincre du 21 ans. Je le répète, moi, si c'était rien que de moi, ça serait
35. Pourquoi qu'il n'a pas mis ça à 25 ans? Il a décidé de le mettre à 21 ans. O.K.,
parfait, c'est 21 ans, on y va avec ça. Cependant, je pense qu'on…
M. Ciccone :
...je ne pense pas qu'on va être capable de nous convaincre du 21 ans. Je
le répète, moi, si ce n'était rien que de moi, ça serait 35. Pourquoi qu'il n'a
pas mis ça à 25 ans? Il a décidé de le mettre à 21 ans? O.K. Parfait.
C'est 21 ans. On y va avec ça. Cependant, je pense qu'on change un peu...
On y va dans une autre optique, ici, parce que, justement, s'il y a un message
fort qui a été envoyé et que le ministre veut agir vraiment avec véhémence,
avec véhémence, là, moi, je ne pense pas que, dans un projet de loi, même un projet
de loi...
Peut-être que vous ne le savez pas, M. le
Président, mais j'ai un petit peu d'études de droit également, et j'ai le
fameux cours de droit et méthodologie. Et ça, ce fameux cours là, je ne ferai
pas la nomenclature du cours, là, il y a beaucoup de juristes, ici, qui l'ont
fait avant moi, là, la première chose que mon professeur m'a dit, il dit :
Il ne faut jamais que tu interprètes une loi. Mais ce qui est bizarre puis
ironique dans tout ça, c'est qu'on se retrouve devant les tribunaux parce que, justement,
les deux parties interprètent la loi. Puis là on se bat. Puis là c'est un juge
qui est obligé de trancher. Il est obligé de trancher et de donner une
décision.
Avec justement l'ajout de cet amendement-là
dans l'article 1 du projet de loi, bien, au moins, les choses sont claires
et sont plus que claires. Moi, j'ai toujours pensé que c'est mieux avoir trop
de mots, de surexpliquer, que de ne pas avoir assez de mots et d'essayer de... À
un moment donné, tu te retrouves à interpréter. Tu te retrouves encore une fois
dans des batailles. Puis là il y a quelqu'un qui va interpréter, tu as quelqu'un,
un représentant, qui va dire : Non, mais ça pourrait également... On va
sortir de la jurisprudence. Et là ça ne finira plus. On sait fort bien, M. le
Président, que, dans la société, il y en a qui sont payés juste pour trouver
des failles, qui sont payés juste pour trouver des zones grises. C'est toujours
comme ça parce que ça force, justement à essayer toujours de se réinventer puis
d'essayer de pondre un produit qui est encore plus solide, qui est encore plus
serré.
C'est pour ça, tantôt, que je disais, le projet
de loi n° 157, j'ai dit, il n'est pas... Il n'y a pas une loi, M. le
Président, qui parfaite. Il n'y a pas une loi qui est parfaite. On doit
toujours l'ajuster avec la société qui est changeante au quotidien, avec les
générations également qui vont changer. Le produit 0,0 % de THC, si on parle
du CBD, on semble dire qu'il n'existe pas, mais peut-être qu'il existerait.
Bien, à un moment donné, il va peut-être exister, ce produit-là. Puis moi, je
pense que c'est important, un, de le mettre clairement parce que, comme je vous
dis, trop de mots, ça n'existe pas, là. En autant qu'on mette trop de mots qui
vient défaire un autre mot, qui vient amener une ambiguïté. Mais moi, je suis
persuadé que... Puis même je pourrais demander à la juriste si elle trouve que,
justement, ajouter ces mots-là, ça viendrait défaire, justement, l'essence même
de la présente loi. Est-ce que je peux, M. le Président, demander au ministre
de donner la parole à son... à sa juriste ou... Comment ça fonctionne?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, si M. le ministre accepte de céder la parole à la
juriste.
M. Carmant : Oui,
d'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lavoie.
Mme Lavoie (Christine) :
Bien, en fait, M. le député de Marquette, on ne recommanderait pas au ministre
de le faire comme ça, tout simplement parce que ce n'est pas de la bonne
législation de répéter quelque chose qui se comprend très bien à la première
lecture sans besoin de ces mots-là.
M. Ciccone :
O.K. Mais la question était si, hypothétiquement, je sais que vous n'allez pas
dans les hypothèses, là, mais, à un moment donné, peut-être qu'on va trouver un
produit qui est 0,0 %. Est-ce que, justement, si on mettait ça, là, dans
le projet de loi, est-ce que ça viendrait défaire? Est-ce que ça viendrait
enlever l'essence même de ce projet de loi là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, encore
une fois, M. le Président, moi, je ne pense pas que ça vaut la peine de
répondre à des questions hypothétiques. Merci de l'opportunité, mais la loi... la
phrase telle quelle est adéquate.
• (16 h 20) •
M. Ciccone :
Parce que, M. le Président, ici, on ne parle pas d'âge. On a essayé. Vous avez
stipulé là-dessus. Vous avez donné votre décision. On ne parle pas de
pourcentage permis. On ne parle pas de quantité non plus. Vraiment, c'est juste
de rajouter quelques mots qui feraient en sorte que, parfait, on a débattu
pendant tellement d'heures que M. le ministre pourrait tout simplement
dire : Bon. Regarde, là, on va les rajouter. Ça ne change absolument rien
dans ce projet de loi là. Au contraire, ça met encore les choses plus claires
parce que je... Encore une fois, on parle, puis on peut revenir avec tout ce
qui est médicinal puis même on peut aller même sur ce qui est médical. Le Dr
Antonio Vigano qui est directeur des recherches à Santé Canada, qui, lui...
M. Ciccone :
...dans ce projet de loi là. Au contraire, ça met encore les choses plus
claires parce que je... Encore une fois, on parle, puis on peut revenir avec
tout ce qui est médicinal puis même on peut aller même sur ce qui est médical.
Le Dr Antonio Vigano qui est directeur des recherches à Santé Canada, qui, lui,
encore une fois, trouve qu'il y a trop de malades qui se traitent eux-mêmes. Tu
sais, je veux dire, avec ça, là, tu sais, je veux dire, là, tu viens chercher
tout le monde. Avec ça, tu dis : Regardez, là, oui, mais ce n'est pas beaucoup,
il y a un faible taux, ce n'est pas dangereux, je vais l'essayer. Bien, non,
non, non, regarde, avec ça, c'est clair, on ne peut pas, avec 0.0 % de
THC, c'est... vous ne pouvez pas toucher à ça tout simplement, c'est clair,
c'est dans la loi. On ne peut pas aller outre de ce qui est dans la loi ou
sinon vous allez en payer les conséquences. Finalement, c'est juste, peut-être,
de... on dit que ça ne change rien au texte, puis on dit que c'est de la
mauvaise législation. Honnêtement, c'est un petit peu insultant, M. le
Président, d'entendre ça parce que je pense que le législateur ne parle pas
pour rien dire. Puis, je veux dire, si on pose des questions, il n'y a pas de
question niaiseuse du côté d'un législateur. Je pense qu'on fait tous partie
d'une sphère de la société, on n'a pas tous non plus des diplômes en droit, on
n'a pas tous non plus des diplômes en médecine. On a le droit de poser des
questions, on a le droit de se questionner, on a le droit également... Puis
même les questions qu'on pose, si on les pose, M. le Président, c'est parce
qu'il y a des gens... posent ces questions-là. Il y a des gens qui vont poser
ces questions-là et qui vont le demander, et on veut l'entendre de la partie
gouvernementale, le pourquoi, et c'est tout simplement leur rôle de le faire.
Je sais que peut-être qu'on trouve que c'est long puis qu'on parle beaucoup,
mais, en même temps, c'est la réalité de la chose. On fait partie de ce
système-là où justement on pose des questions puis on essaie de faire valoir
notre point, et si notre point n'est pas accepté, on le droit de savoir
pourquoi. Je comprends que le ministre a la prérogative de ne pas répondre, de
ne pas répondre s'il est tanné. M. le Président, il peut... j'ai vécu en ça en
projet de loi n° 1 avec la ministre, en même temps la
Sécurité publique, où, à un moment donné elle ne voulait plus répondre, mais je
suis persuadé que le ministre va répondre puis il va être bon joueur également.
Et si on pose ces questions-là, c'est parce qu'il y a d'autres personnes qui y
pensent, qui veulent justement avoir un peu plus de précision. On veut éviter
les zones grises. Il n'y a pas de mot assez... il n'y a pas trop de mots pour
éviter les zones grises. Les zones grises, souvent, c'est ce qui va créer un...
Et les zones grises, vous savez, M. le Président, les seuls qui font de
l'argent avec les zones grises, c'est les avocats, là. Les avocats font
énormément d'argent avec les zones grises, avec les interprétations, puis, nous
autres, justement... Je comprends qu'il y a beaucoup d'avocats, puis ils sont
contents quand je dis ça, parce que, c'est vrai, ils mènent une bonne vie,
parce que, justement, si c'était trop clair, M. le Président, les avocats
seraient au chômage. Ce n'est pas le cas. Justement, nous autres, on veut
éviter peut-être une petite zone grise, on veut peut-être essayer de rajouter
quelque chose pour mettre un peu plus de poids à ce projet de loi là pour
essayer de... peut-être même, de dire : O.K., parfait, on vous a entendu,
on vous entend, c'est de bonne foi, ça ne change absolument rien. Je ne
comprends pas pourquoi que, justement, on n'adhère pas, justement, à
dire : O.K., on va passer à d'autre chose, ça, ça ne change rien, on va
vous donner un petit quelque chose, on va essayer d'avancer là-dessus, on va
essayer de bâtir là-dessus justement la conversation. Parce que souvent, M. le
Président, vous le savez, que, dans la conversation, dans la... quand on se
parle, la communication, l'aspect le plus important, c'est l'écoute. Puis on ne
semble pas nous écouter ou nous entendre, comprenez-vous? Ce qu'on veut, c'est
qu'on veut laisser une petite empreinte là-dessus pour dire également qu'on a
travaillé de concert avec le ministre justement qui n'a pas été justement un
bon auditeur, qui nous a écouté pendant des heures et des heures et des heures,
et ça n'a absolument rien changé.
Mais je répète, je réitère, je comprends
qu'au niveau du pourcentage, je comprends qu'au niveau de l'âge, où on ne
s'entend pas du tout, là, au niveau de la quantité aussi, ça a été essayé, ça a
été essayé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve, même le député de Jonquière
également abondait dans le même sens. On voulait justement essayer de,
justement, encore une fois, revenir à la prémisse initiale du côté de
l'opposition, c'est de protéger les 18, 19, 20 ans, pas de la même façon,
parce que, nous autres, c'est justement pour les protéger, de les empêcher
d'aller ailleurs. Maintenant, avec cette phrase-là, cet ajout-là à
l'amendement, l'amendement, l'ajout, justement, au projet de loi, va faire en
sorte que c'est... il y a clair puis il y a plus clair, puis d'éviter encore
les bagarres puis... Parce qu'à chaque fois qu'on... C'est drôle que la
juriste...
M. Ciccone :
...ailleurs. Maintenant, avec cette phrase-là, cet ajout-là à l'amendement, l'amendement,
l'ajout, justement, au projet de loi, va faire en sorte que c'est... il y a
clair puis il y a plus clair, puis d'éviter encore les bagarres puis... Parce
qu'à chaque fois qu'on... C'est drôle que la juriste me dise : Bien, c'est
comme ça que ça fonctionne, je veux dire, on ne veut pas rajouter, là, c'est
clair. Mais j'aimerais ça qu'elle me réponde : Pourquoi, d'abord, il y a
toujours des bagarres juridiques devant les tribunaux? Si c'est tellement
clair, les projets de loi, comment ça se fait qu'on se retrouve toujours devant
les tribunaux pour essayer de clarifier les interprétations des deux parties?
Pourquoi, si c'est si clair?
M. Lévesque (Chapleau) : Je
pense qu'on s'égare, là.
M. Ciccone :
Pas du tout, M. le Président. Pas du tout, M. le Président.
M. Lévesque (Chapleau) :
...avoir des précisions du système judiciaire, là, mais je pense qu'on devrait
revenir à l'amendement.
M. Ciccone :
Non, pas du tout.
M. Lévesque (Chapleau) : Je
pense que ce serait pertinent.
M. Ciccone :
M. le Président, je veux répondre à M. le député de Chapleau. Je comprends
qu'il veut participer à la discussion. Ça doit être difficile d'être là puis de
ne rien dire, là, mais en même temps, moi, je parle, mais je parle vraiment,
là, c'est parce qu'on veut rajouter... Ce que j'essaie de dire, c'est qu'on
veut rajouter une phrase pour éviter justement des débats judiciaires pour
aller... pour une interprétation. On veut que ça soit clair. Et, si un projet
de loi n'est pas clair, s'il manque des mots, si c'est... puis ça ne va pas
dans l'idéologie, la pensée du projet de loi, peut-être que le gouvernement
pense que justement c'est correct. Nous, on pense différemment, mais c'est
toujours en fonction justement d'éviter certains débats et des interprétations.
Alors, ça va exactement... puis ce n'est pas des... Si je veux avoir une
demande, des clarifications juridiques, là, je vais le payer, mon 150 $ de
l'heure, puis je vais aller voir quelqu'un, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Commentaire que je pourrais faire, c'est que vous ne
pouvez pas dire que le député de Chapleau n'est pas à l'écoute de vos propos.
Une voix
:
Effectivement.
M. Ciccone :
M. le Président, vous avez le devoir de neutralité en cette commission.
Des voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: J'ai simplement dit qu'il...
M. Ciccone :
Vous ne pouvez pas prendre de son bord.
Le Président (M. Provençal)
: J'ai simplement dit qu'il était à l'écoute de vos propos.
Une voix
: Oui, M. le
Président, le député de Marquette reconnaît que...
M. Ciccone :
M. le Président...
Des voix
: ...
M. Ciccone :
...je dois me soumettre, et vous avez entièrement raison. Merci de m'écouter.
Merci beaucoup. Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
M. Ciccone :
Alors...
Le Président (M. Provençal)
: En étant toujours en lien avec l'ajout.
M. Ciccone :
Oui, oui, mais est-ce que j'étais en lien, d'après vous, avec...
Le Président (M. Provençal)
: On s'éloignait un petit peu, mais je pense que vous êtes
capable de revenir à la notion du pourcentage en lien avec la loi.
M. Ciccone :
Oui, oui, effectivement. Bien, c'est parce que, quand on revient avec la loi
puis avec le pourcentage, M. le Président, je n'ai pas le choix de dire puis
d'essayer d'éviter... parce que, quand on veut mettre ça dans le projet de loi,
avoir ces clarifications-là puis cette double clarification là... Parce que
vraiment, cet amendement-là n'a pas été inventé après-midi, là, ou a été
inventé ça ne fait pas longtemps parce qu'on l'entend depuis tantôt, on entend
M. le... Parce que les amendements, là, on n'a pas préparé ça voilà trois
jours, là, puis pas après-midi non plus, là, on a entendu ce que le ministre a
dit, puis il a dit : Ah oui! O.K., parfait. Avec ce qu'il dit, on a
préparé un amendement justement pour venir soutenir et dire exactement ce qu'il
dit lui-même pour en mettre encore plus encore une fois. Puis je reviens, vous
dites que ça n'a pas rapport, puis le député de Chapleau aussi, mais en même
temps... non, non, je veux dire, avec le... que je m'éloigne un peu, mais c'est
parce que ça évite énormément de problèmes, ça évite énormément de problèmes.
On ne peut pas être assez clair. Ça, là, être trop clair, ça n'existe pas, ça
n'existe pas. Avoir trop de mots, ça n'existe pas. S'il y a trop de mots, puis
vous me dites : Bien là, c'est parce que tes mots viennent défaire
l'essence même de l'article ou du projet de loi, là, je vais vous donner raison
et je vais donner raison à la juriste, et au ministre, et même au député de
Chapleau. Mais, en même temps, je me dis : Pourquoi? Ça ne change
absolument rien. Moi, je pense que ça serait un pas en avant, ça serait un pas
en avant puis ça montrerait un peu de...
Une voix
:
Collégialité.
M. Ciccone :
...collaboration, de collégialité. En même temps, nous autres, on est des êtres
quand même qui sont assez sensibles, on a besoin de temps en temps de se faire
dire qu'on est bon puis de se faire donner une petite tape dans le dos. Puis je
pense que ça serait une belle petite tape dans le dos si le ministre pouvait
dans ce cas-ci penser comme nous. Puis je vais laisser
là-dessus — merci beaucoup, M. le député de Pontiac — je
vais laisser la parole à quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Provençal)
: À la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Oui.
Le Président (M. Provençal)
: À vous la parole, madame.
• (16 h 30) •
Mme Weil
: Oui.
Essentiellement parce qu'on... dans l'amendement, on parle d'un produit qui est
disponible aux consommateurs facilement parce qu'il y a zéro... on va dire zéro
THC pour des usages personnels mais qui ont un certain bienfait. J'aimerais
avoir plus de clarifications sur le deuxième paragraphe, parce qu'on parle de
conséquences, ça va être peut-être plus les juristes qui pourront répondre à
ces questions-là, quand on parle de... parce que c'est par rapport à
l'amendement, c'est directement relié, là. Donc : «Dans une poursuite
intentée pour une contravention au présent article, il incombe au...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Weil
: ...paragraphe
parce qu'on parle de conséquences, ça va être peut-être plus les juristes qui
pourront répondre à ces questions-là. Quand on parle de... parce que c'est par
rapport à l'amendement. C'est directement relié, là. Donc, dans une poursuite
intentée pour une contravention..., il incombe au défendeur de prouver qu'il
était alors majeur ou âgé de 21 ans ou plus, selon le cas. Et donc, dans
les notes explicatives, on dit qu'on renverse le fardeau de la preuve pour
faciliter l'application de l'article. J'aimerais avoir une explication de ce
renversement du fardeau de la preuve...
M. Lévesque (Chapleau) : ...Je
ne pense pas qu'on discute de l'amendement. Bien au contraire, on... d'autre
chose. Donc, je soulève le règlement sur la pertinence dans ce cas-ci.
Mme Weil
: Mais c'est
relié au fait qu'il y a 0,0 THC. Mais ce sont les conséquences de
quelqu'un, j'en arrive, là, quelqu'un... parce que c'est quelqu'un, M. le
Président, qui aurait en sa possession un produit qui aurait 0,0, c'est de
comprendre les conséquences... c'est un article sur une infraction avec des
conséquences pénales, hein, c'est bien ça? Donc, il a une distinction peut-être
dans l'esprit du législateur et c'est pour ça que je veux savoir entre
quelqu'un qui aurait zéro contenu de THC puis qui aurait des explications sur
la possession ou est-ce que c'est quand on parle d'inversement de la preuve,
c'est vraiment l'âge, strictement.
M. Lévesque (Chapleau) : M. le
Président, j'aimerais quand même soulever le fait que lorsqu'on sera arrivé à
l'article 1, à ce moment-là, ce sera pertinent. Mais là, on est à
l'amendement.
Mme Weil
: Amendement à
l'article 1. Oui.
M. Lévesque (Chapleau) : C'est
ça, mais on pourra en discuter à ce moment-là à l'article 1.
Mme Weil
: Oui, mais
sur l'article... Oui, mais c'est l'article sur l'infraction.
M. Lévesque (Chapleau) : Donc,
lorsqu'on arrivera à l'article 1 on pourra en discuter.
Le Président (M. Provençal)
: Prendre juste une pause, s'il vous plaît. Je vais
suspendre deux secondes.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M. Provençal)
: ...député. Cependant, je vous rappelle que dans
l'amendement on fait référence à la loi du Canada, d'une part, et, d'autre
part, compte tenu qu'on inclut des produits de 0 % de tétra...
Une voix
: THC.
Le Président (M. Provençal)
: ...de THC, merci. Merci de votre clémence... et que dans
le projet de loi dans le deuxième paragraphe, on parle de 30 grammes ou
moins où moins peut s'approcher du 0 %, je reconnais que les arguments de
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce sont dans l'esprit présentement de
l'article de loi. Alors, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je vous cède la
parole.
Mme Weil
: Merci,
merci, M. le Président. Donc, c'est vraiment de comprendre pourquoi le
renversement de la preuve, mais aussi d'expliquer l'origine qui est perçue ici
parce que dans la littérature on dit : De moins en moins... est-ce que
c'est une disposition ici, l'infraction, et donc quelle que soit la quantité,
là, on est dans le droit pénal, de responsabilité civique ou d'absolu ou les
deux.
Le Président (M. Provençal)
: Madame...
Une voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, je cède la parole à Mme Lavoie, merci, M. le
ministre.
Mme Lavoie (Christine) : En
fait, pour clarifier, là... il n'y a pas de lien, là, avec le taux de THC
aucunement, là, par rapport au renversement de la preuve. Ça n'a aucun lien
avec le taux de THC. Le renversement de la preuve vise uniquement l'âge.
C'est-à-dire que ce qu'on tente d'introduire, c'est de dire qu'habituellement,
bien, ça devrait être la personne qui doit prouver l'infraction qui devrait
prouver l'âge de la personne. Mais comme l'âge est difficile à prouver, il y a
un renversement de dire que c'est à la personne de prouver son âge.
Mme Weil
: Mais on peut
imaginer la contestation quand on parle de discrimination et d'âge et, du fait,
tout ce qu'on a exploré par rapport au contenu du produit a une certaine
faiblesse possiblement lorsqu'on propose 0,0 % et un policier qui... parce
que si le fardeau est sur la personne qui a, disons, 20 ans...
Mme Weil
: ...et du
fait... tout ce qu'on a exploré par rapport au contenu du produit a une
certaine faiblesse, possiblement. Lorsqu'on propose 0,0 %, et un policier
qui... Parce que, si le fardeau est sur la personne qui a, disons, 20 ans, 19
ans, et que le produit, la possession... le produit qu'il possède indique
bien... donc, c'est un produit qui provient de la SQDC, puis qu'on voit bien
que c'est un produit, oui, à usage personnel... Mais, quand même, je soupçonne
que le système de justice ne voulant pas judiciariser les personnes
inutilement... moi, je prévois les conséquences de tout ça, étant donné les
problèmes qu'ils ont même à administrer des infractions mineures, mineures,
mineures de ce genre... Le produit n'est vraiment pas nocif, du tout, puis
c'est un adulte, puis bon. Alors, j'essaie de voir le régime que vous prévoyez,
pourquoi vous renversez le fardeau de la preuve. Et c'est très pertinent par
rapport au produit que cette personne aura en main, dans sa possession.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
Mme Weil
: ...d'une
responsabilité.
M. Carmant : Juste prendre...
avant de passer la parole. Encore une fois, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas
d'effet secondaire du tout. Si la FDA dit que ça peut causer dépression et
suicide chez l'enfant, c'est quand même significatif, et ça, c'est une réponse
en 2019. La science évolue. 2013, 2018...
Mme Weil
: ...
M. Carmant : Oui, c'est ça.
2013, 2018, et là Mme Gobbi est venus nous voir en 2019 pour nous dire qu'au
FDA il y a des effets secondaires significatifs. On ne peut pas dire que ça n'a
pas d'effet secondaire.
Mme Weil
: Excusez-moi,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Non, c'est parce que je voulais simplement permettre au ministre
de terminer son propos.
Mme Weil
: Oui, oui,
oui. Non, tout à fait, mais c'est... Tout à fait. Mais la justice ne va pas le
regarder comme ça. La justice va regarder... Ah! c'est un produit qui est vendu
dans une autre catégorie de produits. C'est sûr. Pourquoi... parce qu'ils
mettent bien l'accent sur le... je ne sais pas si c'est 1 % de CBD, et
parce que l'usage devient un peu répandu. Donc, je le regarde d'un point de vue...
Quand on parle de judiciariser les jeunes adultes, ça devient très, très
pertinent, toutes ces questions-là de voir comment le système de justice va
traiter ces éléments-là.
Alors, je voulais comprendre, dans un
premier temps, pourquoi le renversement du fardeau de la preuve... Pourquoi le
renversement du fardeau de la preuve?
M. Carmant : M. le Président,
je passerais encore la parole à la juriste.
Le Président (M. Provençal)
: À Mme Lavoie. Alors, Mmne Lavoie, je vous cède la parole.
Mme Lavoie (Christine) : Le
renversement du fardeau de la preuve, pourquoi, dans ce cas-là? C'est qu'on en
fait une infraction qui est très semblable à ce qu'il y a dans d'autres lois,
dont la Loi sur le tabac, la Loi sur les infractions en matière de boissons
alcooliques, puis elles ont déjà ces renversements-là, parce que tout
simplement que c'est quand même difficile d'acquérir une preuve d'âge. Parce
que, bon, les policiers ne peuvent pas se promener puis carter sans aucune
raison les gens, donc c'est sûr que ça prend des motifs raisonnables de
soupçonner qu'il y a une infraction qui a été commise pour pouvoir carter des
gens. Donc, dans le fond, c'est ça.
Mme Weil
: Donc, la
personne devra avoir sa carte d'identité avec lui pour prouver son âge.
Mme Lavoie (Christine) : En
fait, c'est qu'on... oui, mais on est... Actuellement, l'infraction ne dit
pas... comment c'est rédigé, on ne demande pas que la personne ait une carte,
ce qu'on dit, c'est que, lorsque quelqu'un recevra un constat pour
l'infraction, ce sera à cette personne-là, elle-même, de prouver...
Mme Weil
: ...
Mme Lavoie (Christine) : Bien,
en fait, le but, c'est de faciliter la preuve, c'est de dire : Comme les
policiers ne peuvent pas demander tes cartes quand il n'y a pas de raison de
les demander, ils ne pourraient pas se promener dans la rue puis demande rà un
jeune, bien... puis un jeune qui n'a pas de cannabis sur lui, par exemple :
Bien, donne-moi tes cartes, puis après ça je vais te fouiller pour voir si tu
as du cannabis. Ce serait totalement non raisonnable et contraire aux chartes.
Mais ça fait que ce qui est prévu, c'est juste de dire que mettons qu'un policier
peut voir un jeune en possession de cannabis, disons, il voit un jeune qui a
l'air d'avoir 18, 19, 20, tu sais, c'est difficile d'évaluer, visuellement, un
âge. Ça fait qu'il voit un jeune en possession d'une quantité de cannabis, il
ne pourra pas lui demander ses cartes, là, ça fait que ce qui est... À moins
qu'il ait des motifs raisonnables de croire, qu'il soit convaincu de son âge,
mais qu'il soit convaincu que l'âge constitue une infraction. Ça fait que
finalement c'est juste pour faciliter, pour que la personne sache, bien, de
toute façon, c'est moi qui vais avoir à le prouver, mon âge, ça fait que je
vais la donner, ma carte. Puis ça, c'est comme ça en matière de tabac puis en
matière d'alcool aussi.
• (16 h 40) •
Mme Weil
: Et vous ne voyez
pas un problème d'applicabilité? Plus ils sont... bon, 20, 21 ans... bien, 20
ans, 19 ans, applicabilité dans le sens pas nécessairement...
Mme Lavoie (Christine) :
...ça fait que je vais la donner, ma carte. Puis ça, c'est comme ça en matière
de tabac puis en matière d'alcool aussi.
Mme Weil
: ...vous
ne voyez pas un problème d'applicabilité? Plus ils sont... bon, 20,
21 ans... bien, 20 ans, 19 ans... applicabilité dans le sens pas
nécessairement strict, mais un peu dans le sens que la police nous l'a dit...
Le Président (M. Provençal)
: Moi, je pense que M. le ministre voudrait vous donner un
élément de réponse. M. le ministre.
Mme Weil
: Oui...
c'est-à-dire un peu comme ils nous l'ont dit, l'applicabilité... plusieurs
l'ont évoquée, parfois, c'est tout simplement l'impossibilité puis... parce que
les... ça a toujours été difficile, la possession du cannabis en toutes petites
quantités. Mais, quand on parle d'un produit qui est CBD, voyez-vous un
problème d'applicabilité dans le sens qu'on a entendu lors des consultations?
Parce qu'il y a, veux veux pas, je crois, une acceptabilité sociale qui est
bien installée pour ce produit-là, et il s'installerait.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que... Alors, j'aimerais que M. le ministre prenne
le temps de vous répondre, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Carmant : Alors, comme j'ai
dit, nous, ce qu'on avait... ce qu'on appréciait de la loi, c'était le fait que
c'était un régime pour le cannabis, qu'il n'y avait pas de régime distinct. Et
ça a été voté par l'ancien gouvernement, et on maintient ce statut-là. C'est
une loi contre le cannabis.
Mme Weil
: Mais la
question que je pose... Parce que, si le ministre, avec tout ce qu'on a
entendu, perçoit qu'il pourrait... C'est ça, ma question : Est-ce que le
ministre voit, perçoit qu'avec, comment dire, l'usage répandu, on a entendu, on
a lu des articles, on connaît des gens qui ont utilisé ce produit avec zéro
THC... que ça vient, justement, affecter la question d'applicabilité de la loi?
Est-ce que le ministre voit le lien?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Non, je ne
vois pas de lien. Il n'y a pas de... il n'y aura pas de régime particulier pour
le CBD.
Mme Weil
: Ce n'est
pas un régime, c'est les conséquences d'une loi qui devient inapplicable parce
qu'il y a un produit parallèle qui est disponible pour le consommateur.
N'importe quel consommateur peut rentrer là, il n'y a pas de mise en garde, il
n'y a rien qui dit que ça, ça peut être dangereux pour votre santé. C'est vendu
comme un produit sécuritaire, il n'y a pas de mise en garde. Alors donc...
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Aimeriez-vous qu'on prenne une pause, M. le ministre?
M. Carmant : Non, non,
non, pas du tout.
Le Président (M. Provençal)
: Non, ça va? O.K. Alors, M. le ministre.
M. Carmant : Ah! j'ai
raté la question, excusez-moi.
Mme Weil
: Bien,
c'est que le ministre dit, dans ses paroles, qu'il a une inquiétude, même s'il
y a une trace. Mais la manière que la société d'État et le gouvernement
traitent ce produit ne donne aucune indication d'une perception de danger.
Donc, on ne peut pas aller sur les réflexions ou, comment dire, connaissances
du ministre. C'est déjà une réalité que c'est vendu à tout consommateur
actuellement. Ce n'est pas que c'est banalisé, mais... c'est banalisé. Ce n'est
pas dans une intention de banaliser, mais c'est de facto banalisé. Donc, une
fois qu'on est rendu là, on arrive sur... et c'est ma question, c'est
l'applicabilité de votre projet de loi, M. le ministre.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Alors, juste
pour redire ce qu'ils nous ont transmis ce matin, on voit que même ceux qui
génèrent le produit écrivent : «Mise en garde, vous pouvez devenir
dépendant du cannabis. Une personne sur 11 qui consomme du cannabis en
deviendra dépendante.» «Mise en garde : Consommer régulièrement du
cannabis peut augmenter le risque de psychose et de schizophrénie».
Mme Weil
: Mais on
ne parle pas de ça, là. Moi, je parlais de différents produits qui sont
disponibles à la SQDC, auxquels des adultes...
M. Carmant : ...parle de
Terra, justement.
Mme Weil
: De
Terra. O.K. Vous avez dit cannabis. Non, mais je n'ai pas compris...
M. Carmant : Mais c'est
du cannabis.
Mme Weil
: Oui,
oui, mais vous ne faites pas la distinction entre Terra et les autres. C'est
ça, la question.
Donc, un jeune adulte qui aurait en sa
possession — parce qu'on est, dans cet article-là, sur l'infraction
et possession — donc, il aurait en sa possession du Terra, le produit
Terra avec l'emballage qui dit 0,0 %. Puis c'est sûr que les forces de
l'ordre vont savoir la distinction entre ces produits, j'imagine. Je comprends
que c'est de... d'abord, à ce que je comprends, c'est de responsabilité stricte
ou absolue, et le policier, selon votre juriste, aura l'obligation de donner
une infraction, à moins que la personne puisse démontrer qu'elle a 21...
Mme Weil
: ...c'est de responsabilité
stricte ou absolue, et le policier, selon votre juriste, aura l'obligation de
donner une infraction, à moins que la personne puisse... à moins que la personne
puisse démontrer qu'elle a 21 ans. C'est ça. Moi, mon point, j'ai essayé de...
Je reviens toujours à la fragilité de la loi qui, maintenant, c'est une
combinaison d'âge, et de ce qu'il y a dans le produit, et de la pratique qui
s'est installée maintenant, depuis que... très rapidement, depuis la
légalisation, depuis le mois d'octobre. Assez rapidement, c'est... je dirais
que c'est même fulgurant, le développement et l'évolution. L'évolution du droit
va être fulgurante aussi dans le domaine, et je pense presque que le moment que
ça, ça sera adopté, les us et coutumes auront rapidement dépassé ce projet de
loi et ce qu'il y a inscrit là-dedans, et je vois un grand risque
d'applicabilité pour tous ceux qui auront la responsabilité de l'appliquer,
j'imagine, pour les juges aussi.
Donc, quelqu'un de 20 ans qui aurait en sa
possession, c'est...Parce qu'il y a une variété de produits, et qu'on ne fasse
pas de distinction, alors que la distinction est... en fait, elle est déjà là.
Elle est déjà là, et il y a l'État qui agit déjà comme si c'était un produit
sécuritaire. Oui, je parle du produit CBD, Terra. Il le vend. Il le vend. Bien,
le... Moi, j'ai compris que le produit sans THC est vendu à la SQDC.
M. Carmant : Comme toutes les
autres de cannabis qui...
Mme Weil
: Oui, mais
c'est quand même sous l'égide du gouvernement du Québec, qui vend... voit à une
certaine assurance que le produit... Pourquoi est-ce qu'il limite les montants,
et le volume, et etc.? C'est toutes des mesures pour donner un degré
d'assurance au consommateur qu'il consomme un produit qui est sécuritaire.
C'est comme un... c'est comme un verre d'alcool, là... je veux dire...
Le Président (M. Provençal)
: ...M. le ministre aimerait vous donner un élément de
réponse.
M. Carmant : Mais la SQDC vend
aussi des produits avec des taux de THC en haut de 20 %. C'est justement
le... pour ça que le mot «banal»... C'est ça qu'on ne veut pas. C'est parce
que... Aux États-Unis, ils disent : «Legal but not safe.» Bien, c'est la
même chose. Légal mais pas banal.
Mme Weil
: M. le
Président, c'est comme l'alcool. Pareil. L'alcool, c'est légal, mais, si on
prend trop d'alcool, c'est nocif pour la santé. C'est pareil. Mais il y a un
certain montant que l'État considère sécuritaire, assez sécuritaire pour le
vendre dans une certaine quantité, et il y a une gradation, gradation jusqu'à
zéro THC. Donc, ce n'est pas vrai que l'État traite ça sans prudence. Certains
pays, on disait que l'alcool très fort n'est pas disponible pour certains âges.
Donc, dans certaines sociétés, ils font une distinction. Oui, en quantité ou en
excès, ça devient dangereux, mais sinon...
Écoutez, il faut... Ce qui est très, très
particulier dans cette situation, c'est qu'alors que le produit a été légalisé
on est en train de judiciariser des jeunes adultes. On est en train de leur
dire que même un produit qui, selon les usages, les normes, les messages qui
sont livrés, certains médecins qui font des recherches, sans que ça soit
prescrit nécessairement, il y a un produit, le CBD, qui est considéré
franchement comme peut-être même plus sécuritaire, je ne sais pas, que deux
bières... ou à peu près équivalent. C'est comme ça que c'est traité. On ne peut
pas faire abstraction de l'usage qui est... qui en fait... qui en est fait actuellement,
et comment la société d'État traite ce produit. Parce qu'il n'y a rien qui
limite la consommation pour les adultes... bien, c'est-à-dire combien ils
peuvent prendre, un certain montant, mais le CBD, en tout cas, est utilisé par
beaucoup de gens, d'après ce que je comprends.
• (16 h 50) •
Alors, c'est... Ma question, c'est
ça : Est-ce que le ministre ne voit pas de risque? Parce que je pense
qu'il faut regarder... bien, je l'ai dit plusieurs fois, le, comment dire, le
portrait global, dans le sens que c'est déjà utilisé, c'est déjà vendu. Les
consommateurs consomment. Il n'y a pas d'indication de danger. Alors, je ne
vois pas comment une infraction, pour quelqu'un qui posséderait un produit avec
0,0 % de THC, comment la justice... Parce qu'on parlait d'une deuxième
voie éventuellement qui est en préparation, n'est-ce pas...
Mme Weil
:
...comment une infraction pour quelqu'un qui posséderait un produit avec 0,0 %
de THC, comment la justice... Parce qu'on parlait d'une deuxième voie
éventuellement qui est en préparation, n'est-ce pas? Mais la deuxième voie,
est-ce qu'il y aurait une deuxième voie... Donc, vous traiteriez quelqu'un qui
aurait en sa possession, quelqu'un de 20 ans avec juste ce produit terra,
CBD, qu'il y aurait un programme de, comment dire, d'éducation, de
sensibilisation. Est-ce que c'est prévu? Parce que, quand on parlait de cette
question-là il y a quelques jours, on ne parlait pas de CBD. On parlait de THC.
M. Carmant : Oui, ce
serait pour tous les produits du cannabis. Mais, encore une fois, j'invite ma
collègue à regarder l'image devant elle et voir qu'effectivement il y a un
avertissement sur la boîte de terra. Elle est juste devant vous.
Mme Weil
:
Pouvez-vous lire? C'est où?
M. Carmant : L'image.
Mme Weil
:
L'image. L'image. Ah! Peut-être développement de... Mais quand... C'est ça.
Bien, c'est ça. Alors, quand il va... Ça... Parce que je n'ai pas pu avoir de
réponse ce matin quand j'ai posé à question. Quels sont les... Quand on va voir
le vendeur, là, qu'est-ce que le vendeur va expliquer à la personne? Parce
qu'il me semble... Avec une mise en garde comme ça, c'est sérieux. Ils vont
expliquer justement : Bien, faites attention, c'est dangereux. C'est un
produit qui est dangereux, même terra.
M. Carmant : Oui, M. le
Président.
(Consultation)
Mme Weil
: Bon. Tu
n'as pas d'autres questions? As-tu une autre question?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je comprends que c'est le député de Marquette qui
reprend la...
M. Ciccone :
Oui. Oui, je vais revenir. Oui, merci beaucoup. Merci. M. le Président, un peu
plus tôt, je vous parlais toujours d'interprétation puis d'essayer d'aller
chercher vraiment la confiance... La confiance... Combien, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: 7 min 10 s.
M. Ciccone :
Sept minutes? Merci. D'aller chercher la confiance du public parce que, dans
tout ça, je pense que l'important, puis pour revenir à l'amendement, ici, là,
c'est vraiment d'être clair puis encore d'être encore plus clair. Je vous
parlais un peu d'interprétation tantôt parce que, justement, si le commun des
mortels... Parce que c'est un projet de loi puis ça appartient au commun des
mortels aussi. Puis moi, je pense que, quand on met un projet de loi en place,
je pense qu'il faut le faire le plus clairement possible puis le plus facile
également pour comprendre. Je comprends que, des fois, ce n'est pas toujours
possible, mais, en même temps, on peut le faire. Puis cet amendement-là,
justement, vient ajouter un petit peu plus... un petit peu plus qui... un petit
peu plus l'aspect clarté.
Je vais vous lire un message qui a été
posté par les Jeunes médecins pour la santé publique. Puis quand je vous dis,
là, on a de la difficulté à se retrouver parce qu'on entend justement la
version scientifique avec nous, ici. Il y a d'autres également, des gens qui
sont dans le domaine également médical qui arrivent avec d'autres idées, d'autres
façons de penser. Et c'est là que c'est difficile de dire... Je comprends que,
dans la profession du ministre, lui, je veux dire, il lit des études puis il va
se faire une tête, il va se faire une thèse puis il va être capable à un moment
donné de dire : Parfait, j'ai lu. Maintenant, je vais donner mon analyse.
Parce qu'il est qualifié pour le faire. Ça, je comprends, mais, en même temps,
il faut comprendre que nous autres, le peuple, on n'a pas justement cette
facilité de le faire ou même les attributs pour le faire, parce qu'on n'est pas
formés pour le faire.
Alors, je vais vous lire un peu ce que...
Bien, je vais vous lire ce que les Jeunes médecins pour la santé publique ont
écrit : «Les médias ont un devoir de rapporter ce que la science démontre
et non de créer de fausses vérités. Cet article démontre à quel point le
sensationnalisme l'emporte sur la robustesse scientifique. Voici une analyse
qui vient à point de Jean-Sébastien Fallu. Je suis le premier à accorder une
importance première à l'information aux médias. Même si trop souvent, des
entreprises médiatiques nuisent davantage qu'elle l'aide à bien informer le
public. Aujourd'hui, cela est arrivé de manière éhontée. En effet, un article
de La Presse canadienne a été repris par plusieurs médias, d'abord par Le
Soleil, et je vous cite le titre : Une seule dose de cannabis
pourrait nuire au développement cognitif des adolescents. À lire le titre,
on se demande bien de quelle étude il s'agit pour affirmer cela, d'autant plus
qu'il est éminemment improbable que la consommation d'une seule dose de
cannabis...
M. Ciccone :
...je vous cite le titre : Une seule dose de cannabis pourrait nuire au
développement cognitif des adolescents. À lire le titre, on se
demande bien de quelle étude il s'agit pour affirmer cela, d'autant plus qu'il
est éminemment improbable que la consommation d'une seule dose de cannabis
puisse nuire au développement cognitif des adolescents, quoiqu'en dise la chercheuse,
la chercheuse qu'on a citée dans cet article-là.
Maintenant, moi, je ne suis pas en
position, je n'ai pas les connaissances, les études pour me faire cette
tête-là. Je ne suis pas capable de le faire. Moi, je pense que le ministre,
lui, est capable de le faire. Lui, il dit : Non, moi, d'après moi, ce que
j'ai étudié, ce que j'ai appris, avec mon expérience personnelle, avec les
patients que j'ai vus, avec les gens que j'ai côtoyés, avec mes mentors, voici,
j'arrive avec cette conclusion-là. Mais nous, on n'est pas capables de le
faire. Et je vais continuer : «Quand on lit l'article, on constate rapidement
que l'étude en question ne permet aucunement d'affirmer cela. La question est
posée à la chercheuse — principale du texte, bien
entendu — faut-il donc en déduire qu'un seul joint fumé cette année
pourrait avoir des conséquences jusqu'à l'an prochain? La réponse est pourtant
éloquente : Nous ne l'avons pas mesuré, mais en ce moment ce n'est
vraiment, vraiment pas impossible, a dit le Dr Conrod. D'autres études laissent
entendre que même une faible exposition au THC pendant l'adolescence peut
interférer avec le développement du cerveau.» Vous voyez où est-ce que je m'en
vais, là? Il y a des études qui disent blanc, il y a d'autres études qui disent
non, pas nécessairement.
Alors, je reviens encore au commun des
mortels. C'est pour ça que, des fois, peut-être, une petite phrase anodine...
peut-être même que ce que la juriste a dit un peu plus tôt : Oui, mais ça
vient... ce n'est pas nécessaire... Bien oui, mais ça appartient au commun des
mortels, ce projet de loi là, ça n'appartient pas seulement à des
scientifiques, ça n'appartient pas seulement à des juristes, ça appartient au
peuple... On fait des... On est des législateurs, on fait des lois, on tente de
peaufiner des lois pour le commun des mortels. Donc, «l'étude ne soutient pas
cela du tout, cela n'a pas été mesuré, d'autres études laissent entendre que
même une faible exposition, ce qui n'est pas nécessairement une seule dose,
peut interférer avec le développement du cerveau, mais rien de plus. Je
souligne d'ailleurs que j'ai souligné ailleurs qu'à la jeune adolescence il est
pratiquement impossible de départager les effets potentiels spécifiques au
cannabis de ceux potentiels de l'alcool, pour la simple et bonne raison qu'à
cet âge presque tous les jeunes qui consomment du cannabis consomment aussi de
l'alcool».
Évidemment, cette nouvelle de LaPresse
canadienne a ensuite été publiée par Le Devoir. Même
chose : Une seule dose de cannabis pourrait nuire au développement
cognitif des adolescents. Et là je ne dis pas... moi, je ne me prononce pas
là-dessus, là, je ne dis pas que c'est vrai ou que ce n'est pas vrai, je
réitère, ça ne devrait pas exister ici, au Québec, le cannabis. On pourrait me
dire que les titres, bien que pas en phase avec l'étude rapportée, le sont avec
les propos nettement exagérés de la chercheuse principale, puisque le titre est
au conditionnel. Eh bien voilà que le magazine L'Actualité reprend à son
tour la nouvelle, mais cette fois en utilisant un titre sans le conditionnel et
totalement affirmatif : Le développement cognitif des ados — et
je cite le titre — le développement cognitif des ados atteint dès
la première dose de cannabis. Vous connaissez la suite. Sans compter la généralisation
abusive de cette phrase, «des ados», comme si c'était tous. Bien, justement, si
c'est, pour certains, tous, si, pour certains, une dose justement de cannabis
peut engendrer des problèmes cognitifs sévères à long terme, bien, tabarouette,
il me semble qu'il est clair, puis doublement, puis triplement plus clair de le
mettre dans le projet de loi. Je pense qu'on ferait un pas en avant et on
aiderait la situation. L'article de L'Actualité débute d'ailleurs avec
une phrase carrément fausse : «Une seule dose de cannabis pourrait
potentiellement nuire au développement cognitif des adolescents, prévient une
nouvelle étude réalisée à l'Université de Montréal.» Voilà comment une
exagération d'une chercheuse passée dans le filtre médiatique à la recherche de
titres accrocheurs sur un sujet biaisé devient une vérité factuelle
incontestable. Voilà comment on mine la confiance du public envers la science.
Voilà comment on construit de fausses nouvelles. Déplorable, c'est un
euphémisme. Voilà pourquoi on devrait ajouter cette phrase-là.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vous remercie, M. le député de Marquette. À ce
moment-ci, est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent faire une
intervention? S'il n'y a pas d'autres personnes qui veulent faire une
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
de l'article 1 est adopté? Appel nominal?
• (17 heures) •
M. Fortin :
Vous me connaissez bien, M. le Président.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la secrétaire...
17 h (version non révisée)
Le Président (M. Provençal)
: ...nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
de l'article 1 est adopté?
Appel nominal?
M. Fortin :
Bien, vous me connaissez bien, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: M. Fortin
(Pontiac)?
M. Fortin :
Pour.
La Secrétaire
: Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil
: Pour.
La Secrétaire
: M. Ciccone
(Marquette)?
M. Ciccone :
Pour.
La Secrétaire
: M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire
: M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire
: M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
: Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention.
Donc, l'amendement de l'article 1 déposé
par le député de Pontiac est rejeté.
Nous revenons à l'article 1. Alors, est-ce
qu'il y a des interventions concernant l'article 1?
Mme Weil
: ...
Le Président (M. Provençal)
: Excusez, j'ai mal compris, Mme la députée.
Mme Weil
: J'ai du
temps pour l'article 1?
Le Président (M. Provençal)
: Pour l'article 1, oui, madame, vous avez amplement de
temps.
Mme Weil
: Bon. Je veux
revenir évidemment sur l'essentiel de nos propos, l'essentiel, je pense, de
tout ce qui s'oppose à un changement de la... d'âge. Évidemment, il y avait de
nombreuses organisations qui sont venues. On a comparé aussi avec le Manitoba,
Manitoba où les mêmes arguments ont été présentés par rapport à une différence
d'âge. Woup!
M. Fortin :
Ce n'est pas bon pour le développement de mon cerveau.
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Je pense qu'on va être en mesure de reprendre nos
discussions. Alors, je redonne la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce. À
vous la parole, madame.
Mme Weil
: Oui. Merci,
M. le Président. Bon. Évidemment, on a beaucoup parlé ces derniers temps de
l'aspect nocif du cannabis en général. On a tenté de faire une distinction quand
même entre le THC puis le CBD, puis je crois que la distinction est certainement
là, en tout cas déjà dans l'usage.
Mais revenons à l'essentiel, l'essentiel
qui vraiment... Revenons au danger de changer l'âge et de faire en sorte de
judiciariser de jeunes adultes de 19, 20, 21 ans. Et je pense qu'il y a même
lieu de répéter ce que certains médecins ont dit au Manitoba : c'est qu'en
faisant cette distinction avec l'alcool, on vient banaliser la consommation
d'alcool qui, on le sait, crée de la dépendance si les jeunes commencent trop
tôt, et, lorsqu'on donne...
Mme Weil
: ...qu'il y a
même lieu de répéter ce que certains médecins ont dit au Manitoba, c'est qu'en
faisant cette distinction avec l'alcool, on vient banaliser la consommation
d'alcool qui, on le sait, crée de la dépendance si les jeunes commencent trop
tôt, et lorsqu'on donne essentiellement le message que l'alcool, c'est correct,
et le cannabis, faites vraiment attention, alors que les ravages de l'alcool,
on les connaît bien, surtout à l'âge adulte.
Alors, je pense que c'est pertinent de
revenir à l'essentiel et pourquoi, nous, notre formation politique est vraiment
contre l'idée de hausser l'âge à 21 ans. Et on a retiré des extraits et
les organisations parce que je pense qu'il faut porter leurs voix, ici, dans
cette commission parlementaire qui regarde ce projet de loi. Je vous dirais, si
les trois partis, en fait, d'opposition, sont contre ce projet de loi n° 2, c'est très sérieux, c'est sérieux. On est dans
l'applicabilité d'une part, la discrimination, mais surtout, on est dans le
danger d'exposer ces jeunes adultes, par la force des choses, à un produit
mille fois plus nocif, mille fois plus dangereux pour leur santé parce que ce
sera sur le marché noir que personne ne contrôle, et tout ça étant les raisons
mêmes de la légalisation.
Et je reviens beaucoup à la Santé publique
et les autres mais... Donc, par exemple, le Mouvement Santé mentale Québec, et
je lis, je cite : «Il y a 47 ans, le 14 décembre 1971, les
parlementaires québécois ont voté le projet de loi n° 66
qui, notamment, faisait passer l'âge de la majorité civile de 21 ans à 18 ans. Les personnes de 18 ans ont alors eu le
droit de voter, de fréquenter des débits de boissons alcooliques, de voir des
films de toutes les catégories, de signer des contrats, d'effectuer des
transactions financières, de se marier sans l'autorisation des parents. Cette
évolution de la société était reconnue par tous les partis à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, le projet de loi resserrant
l'encadrement du cannabis remet l'âge de la majorité en question en considérant
les jeunes adultes comme immatures, incapables de choisir et d'en assumer la responsabilité. L'objectif d'une société n'est pas d'infantiliser les jeunes adultes ni de
choisir pour eux, mais plutôt de les accompagner dans ce passage à la majorité
en leur donnant les moyens, l'information et l'accompagnement nécessaires pour faire face à leur nouvelle responsabilité. S'il a dangerosité, et l'impact sur la santé détermine le choix de
revoir la loi, dans une même optique de protection, l'âge légal pour consommer
de l'alcool, avoir accès aux jeux de hasard, à la pornographie, au crédit,
etc., pourrait être revu. Une société qui a du sens, c'est une société qui
protège la santé mentale de ses citoyennes et citoyens. Malheureusement, dans ce projet de loi, il y
a perte de sens. Le projet de loi
n'est conforme aux choix sociaux qui déterminent que la majorité est à
18 ans, n'est pas conforme. Donner du sens, c'est se rappeler que nous
avons choisi l'âge de 18 ans comme âge de la majorité, c'est ne pas
remettre en question le pouvoir d'agir des jeunes adultes. C'est reconnaître
leurs forces, leurs capacités et leur intelligence. C'est les accompagner dans
le passage à la vie adulte et créer des rituels sociaux significatifs.» Bon,
d'une part... Donc, ça, c'est le Mouvement Santé mentale Québec, un
mouvement, comme le titre l'indique, préoccupé par la santé de tous les
Québécois. Et comme ils disent, de traiter ces jeunes adultes comme des
personnes, sans jugement critique, sans la capacité de discerner, sans la
capacité de prendre contrôle de leur vie, de leur santé, de leur avenir, c'est
contre l'esprit évidemment de nos lois, de la règle de droit. Et
essentiellement, comme ils le disent, c'est de les infantiliser. Alors, on veut
qu'ils assument cette responsabilité et on doit être convaincu, s'ils sont
adultes, on leur donne toutes sortes de responsabilités dans leur vie, qu'ils
sont capables d'assumer cette responsabilité.
• (17 h 10) •
Le Barreau du Québec, eux, affirment que,
lors de la légalisation du cannabis, l'objectif avoué du gouvernement fédéral
était de procéder à la légalisation du cannabis afin de protéger les
Canadiennes et les Canadiens du cannabis de contrebande qui provient du crime
organisé et qui peut souvent être mélangé à d'autres substances encore plus
nocives. C'est un commentaire qu'on a fait souvent, c'est le commentaire qu'on
entend beaucoup, et c'est vraiment le temps de revenir à ça, parce que
l'article 1, c'est l'article qui cause tous ces problèmes de perception
par rapport à toute la majorité des gens qui sont contre...
Mme Weil
: ...et qui
peut souvent être mélangé à d'autres substances encore plus nocives. C'est un
commentaire qu'on a fait souvent. C'est le commentaire qu'on entend beaucoup.
Et c'est vraiment le temps de revenir à ça parce que l'article 1, c'est l'article
qui cause tous ces problèmes de perception par rapport à la majorité des gens
qui sont contre cette loi. C'est vraiment ce point-là.
Dans le cadre de cette réflexion, il était
important de déterminer un âge minimal adéquat pour la vente, l'achat, la
possession et la consommation de cannabis. Au Canada, l'établissement d'un âge
minimal peut être de compétence fédérale ou provinciale. Le gouvernement
fédéral a choisi de prévoir un âge minimal de 18 ans par le biais de sa
compétence en droit criminel. Il a donc laissé le champ libre aux provinces de
hausser cet âge si elles le souhaitent. Toutes les provinces canadiennes ont
choisi d'harmoniser l'âge minimal légal avec celui applicable à l'alcool, soit
18 ou 19 ans, sauf le Manitoba et le Québec qui le propose, mais dans un
premier temps, le Québec a choisi... quand on lit la littérature un peu
partout... d'ailleurs, c'est souligné que le Québec a choisi d'harmoniser et
c'est souligné comme une certaine, comment dire? cohérence qu'ils attribuent au
gouvernement du Québec.
L'établissement de cette norme soulève des
enjeux au niveau de la santé publique. Il est important que l'âge choisi ne soit
pas trop bas, ce qui pourrait causer un impact important sur la santé des
jeunes et leur exposition au cannabis. En outre, l'âge ne devrait pas non plus
être trop élevé. Les dispositions législatives rateraient alors leur cible en
continuant de faire en sorte qu'une partie importante de la population
consommatrice de cannabis ait encore affaire avec le crime organisé et des
substances de contrebande.
Lors de l'adoption de la loi encadrant le
cannabis, le Barreau du Québec avait accueilli favorablement la proposition
faite quant à l'âge légal de 18 ans pour la consommation de cannabis. En effet,
le choix de l'âge de 18 ans s'inspirait de l'âge légal fixé pour le tabac et
l'alcool, des substances légales mais contrôlées et dont les effets sont tout
aussi nocifs que ceux du cannabis. C'est d'ailleurs l'âge fixé pour la majorité
civile au Québec.
Le projet de loi propose maintenant de
hausser l'âge légal à 21 ans. Le Barreau du Québec souhaite attirer l'attention
du législateur sur certains enjeux qui pourraient survenir suite à l'adoption
du projet de loi. N'importe quelle fixation d'un âge minimal dans une loi est
susceptible d'être contestée sur la base d'une discrimination fondée sur l'âge
tant en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés que de la Charte
des droits et libertés de la personne.
Ce droit peut toutefois être restreint par
une règle de droit fondée sur un objectif législatif important et dont la
justification peut se démontrer dans le cadre d'une société libre et
démocratique. Cela suppose qu'il existe un lien rationnel entre la règle de
droit en cause et l'objectif législatif, que la mesure restreint le moins
possible le droit garanti et qu'il y a proportionnalité entre l'effet bénéfique
de la règle pour la société en général et l'effet préjudiciable sur le droit
garanti. Je tiens à souligner et attirer l'attention du ministre à cette
phrase, la proportionnalité entre l'effet bénéfique de la règle pour la société
en général et l'effet préjudiciable sur le droit garanti, une démonstration qui
n'a pas pu être faite jusqu'à date.
En ce qui concerne la charte québécoise,
il est toutefois important de noter que l'article 4.10 interdit la
discrimination sur la base de l'âge dans la seule mesure prévue par la loi.
Ainsi, le droit est plus restreint et permet au législateur de justifier plus facilement
ses normes potentiellement discriminatoires. Pour cette particularité, la
charte québécoise pourrait toutefois être attaquée sur la base qu'elle est
contraire à la charte canadienne.
En ce qui est à l'encadrement du cannabis,
un âge minimal élevé déterminé de façon arbitraire prêtera flanc à des
contestations judiciaires sur la base d'une discrimination fondée sur l'âge. Il
reviendra donc au gouvernement de démontrer que l'âge choisi de 21 ans est
justifié dans une société libre et démocratique en prouvant l'existence d'un
lien rationnel entre cette règle et l'objectif législatif de la mesure, que
celle-ci restreint le moins possible les droits garantis par la charte
canadienne et qu'il y ait proportionnalité entre l'effet bénéfique de la règle
pour la société en général et l'effet préjudiciable sur les droits garantis.
Cette justification du lien rationnel entre la problématique, soit le risque
accru pour la santé de la consommation du cannabis chez les jeunes et la
mesure, soit l'établissement à 21 ans de l'âge minimal légal, devra se faire
sur la base de données scientifiques probantes.
Plusieurs acteurs du domaine de la santé
ont fait valoir qu'il n'existe actuellement aucune donnée scientifique
permettant de déterminer un âge auquel...
Mme Weil
: ...du
cannabis chez les jeunes et la mesure, soit l'établissement 21 ans de
l'âge minimal légal, devra se faire sur la base de données scientifiques
probantes. Plusieurs acteurs du domaine de la santé ont fait valoir qu'il
n'existe actuellement aucune donnée scientifique permettant de déterminer un
âge auquel la consommation de cannabis serait la plus sécuritaire. D'autres
études tendent à démontrer qu'il existe un lien entre la consommation du
cannabis et le développement du cerveau, qui continue à se développer jusqu'à
l'âge de 25 ans.
Nous attirons l'attention sur les propos
du groupe de travail fédéral sur la légalisation et la réglementation du
cannabis : "Cependant, la science actuelle n'est pas définitive
concernant l'âge sécuritaire pour la consommation du cannabis. Par conséquent,
on ne peut pas se fier à la science actuelle seulement pour déterminer l'âge
légal d'achat de cannabis." Nous croyons donc... » Et c'est vraiment...
et j'attire l'attention du ministre, on est dans le droit, c'est le Barreau qui
se prononce ici. On est devant... on peut s'imaginer devant un tribunal, et
c'est ce test-là qu'on va regarder. On regarde ce que la science nous dit et
les effets néfastes de créer cette discrimination entre le jeune adulte et le
mineur.
«Nous croyons donc qu'il existe un risque
sérieux d'invalidité constitutionnelle si le gouvernement établit un âge
minimal élevé de 21 ans en s'appuyant sur des études scientifiques qui ne
sont pas concluantes, surtout qu'il existe, comme nous l'expliquerons plus
loin, des menaces alternatives qui peuvent être employées pour réduire la
consommation de cannabis chez les jeunes.» Évidemment, il y a aussi toute la
question d'applicabilité que le Barreau a mise de l'avant, au-delà des
questions de constitutionnalité.
La Fédération étudiante collégiale du
Québec, pour leur part, nous disent qu'«il est clair que les données actuelles
indiquent que l'âge de la plus grande population consommatrice du cannabis est
de 18 ans à 24 ans, et de celle de la majorité de la population
étudiante postsecondaire, 18 ans à 25 ans, coïncident. Dans ce
contexte, la fédération croit fermement que l'âge minimal d'achat et de
consommation du cannabis doit correspondre à celle de la population étudiante
postsecondaire d'âge adulte, soit à 18 ans. Naturellement, elle s'oppose à
la proposition du projet de loi n° 2, qui vise à hausser l'âge de
consommation et d'achat légal à 21 ans.
En effet, la fédération s'oppose à cette
idée, car l'ensemble des jeunes de 18 à 24 ans, que représente ces deux
groupes qui composent le public cible principal à atteindre par toute
législation entourant le cannabis. Il s'agit majoritairement, mais non
exclusivement, de la tranche d'âge des étudiants collégiaux. La fédération
tient à rappeler que la santé publique est un des axes prioritaires à la base
de la loi provinciale sur le cannabis lors de la conception par le précédent
gouvernement ainsi que le gouvernement actuel. Il est donc de mise que toute
modification à la loi respecte ces principes et n'empêche pas l'achat dans le
marché légal pour les personnes qui appartiennent à une population qui
consomment déjà le plus de cannabis. Cela aurait pour effet de refiler les
moins de 21 ans à l'achat dans le marché, qui existe toujours au Québec.»
Et je souligne, c'est toute une tranche
d'âge qu'on envoie vers ce marché noir. C'est un immense danger, un immense
risque, que... nous croyons que le gouvernement du Québec agirait de façon
irresponsable, car il prend cette décision en toute connaissance de cause que
ces jeunes-là, on les envoie carrément vers le marché noir, alors que
l'intention du gouvernement fédéral, c'était justement de venir casser le
marché noir pour ces jeunes, pour protéger... les protéger de ce marché noir,
de la criminalité, qui peuvent ensuite, comme on le sait, leur vendre d'autres
produits encore plus nocifs et les mettre justement sur la voie de... oui, de
la criminalisation, de la judiciarisation, mais aussi, surtout, d'une santé qui
sera affectée par des produits de plus en plus dangereux.
• (17 h 20) •
«Au-delà d'alimenter financièrement le
crime organisé, aucune assurance qualité du produit ne serait possible pour les
plus grands consommateurs de cannabis. Il est là, le vrai risque pour la santé
publique. Quant à l'argument de l'effet dissuasif qu'aurait la hausse de l'âge
légal de consommation, il faut rappeler que les statistiques sur la
consommation des 18 à 24 ans datent d'avant l'entrée en vigueur de la loi
fédérale. Si la possibilité d'aller en prison à cause du cannabis ne créait pas
d'effet dissuasif à l'époque, il est peu probable qu'une simple amende
intensifie l'effet. Par ailleurs, les 18-24 ans, au sens de la loi, sont
majeurs et...
Mme Weil
: ...ans datent
d'avant l'entrée en vigueur de la loi fédérale. Si la possibilité d'aller en
prison à cause du cannabis ne créait pas d'effet dissuasif à l'époque, il est
peu probable qu'une simple amende intensifie l'effet.
Par ailleurs, les 18-24 ans, au sens de la
loi, sont majeurs et sont donc tenus responsables de leurs actes. Ils peuvent,
par le fait même, juger des substances qu'ils consomment. Nous nous basons sur
la maturité de ces adultes à savoir si l'utilisation du cannabis est néfaste ou
non pour eux.
Notre société se base sur le principe des
libertés individuelles tant cela... que cela n'a pas d'impact sur la santé et
la sécurité d'autrui. Cependant, nous croyons que le projet de loi manque
d'encadrement au niveau des jeunes arrêtés en possession de cannabis. Cela
n'est cependant pas du ressort de la fédération. Ils ne vont pas sur cette
question-là. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Mme la secrétaire. On va vous le
dire.
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Il vous reste 12 minutes. Je pensais que c'était 10, mais
c'était 12. Excusez, madame.
Mme Weil
: La question
de... Donc, j'en viens au mémoire de la Confédération des syndicats nationaux,
la CSN : «La question de l'âge légal a déjà été soulevée dans des
consultations sur le cannabis — donc, ça, c'est leur présentation
pour le projet de loi n° 2, ils étaient venus en
consultations pour le projet de loi n° 157. Dans le
rapport publié par le gouvernement du Québec, il est noté que, dans une
proportion de 60 % à 67 %, les gens s'accordent pour dire que l'âge
légal pour l'achat et la consommation de cannabis devrait être 18 ans — majorité,
c'est vraiment une grande majorité. La CSN partage cette opinion. Même s'il est
tentant de hausser l'âge légal à 21 ans à cause des risques associés au développement
au cerveau, qui se poursuit après l'adolescence et au début de l'âge adulte,
cela pose des problèmes par rapport aux objectifs poursuivis par cette
légalisation : protéger les jeunes Canadiens en gardant le cannabis hors
de la portée des enfants et des jeunes, enlever les profits des mains de
criminels, notamment du crime organisé, réduire les fardeaux sur la police et
le système de justice associés aux infractions de simple possession de
cannabis, empêcher les Canadiennes et les Canadiens d'entrer dans le système de
justice pénale et d'avoir un dossier criminel en raison d'infractions de simple
possession de cannabis, s'assurer qu'ils soient bien informés à l'aide de
campagnes de santé publique soutenues et appropriées et, particulièrement pour
les jeunes, s'assurer qu'ils comprennent les risques.
«Comme maintes études l'ont documenté, et
nous venons aussi de le faire dans les lignes précédentes, la consommation de
cannabis est présente chez nos jeunes. Celles et ceux âgés de 18 à 24 ans
constituent le groupe le plus susceptible de faire usage du cannabis. Le prix
du cannabis varie entre 8 $ et 10 $, un montant relativement abordable
pour un jeune. Un récent rapport de Statistique Canada sur le cannabis
corrobore ces faits : environ 4,6 millions, donc 15 %, de
Canadiens de 15 ans et plus ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours des
trois derniers mois. Il s'agit d'un pourcentage semblable à celui observé avant
la légalisation. De plus, près d'un Canadien sur cinq pense qu'il en consommera
au cours des trois prochains mois. Au clair, légalisation ou pas, il existe un
réel marché pour le cannabis. Pour la grande majorité de nos jeunes, il est
facile de se procurer cette substance. Dans un tel contexte, fixer l'âge
minimal légal à 21 ans revient à laisser une bonne partie de la clientèle,
composée des plus jeunes, entre les mains du crime organisé. Ce faisant, nous
nous privons comme société non seulement d'avoir un contrôle sur la qualité du
produit qu'ils consomment, mais aussi de réduire les risques inhérents à la
santé et à la sécurité, tout en permettant aux criminels de continuer à
engranger des profits.»
Je tiens à souligner ce message-là, parce
qu'on... comme je dis, depuis plusieurs jours, on est vraiment sur des éléments
très techniques et scientifiques, la composition du cannabis, l'effet sur le
cerveau. C'est des vraies affaires, en effet, mais ça aussi, c'est des vraies
affaires. C'est vraiment des vraies affaires et c'est très inquiétant. Quand on
y pense, c'est qu'on met ces jeunes... on parlait de consommation de proximité.
Le ministre est très sensible à cette question de...
Mme Weil
: ...la
composition du cannabis, l'effet sur le cerveau. C'est des vraies affaires, en
effet, mais ça aussi, c'est des vraies affaires, c'est vraiment des vraies
affaires. Et c'est très inquiétant, quand on y pense, c'est qu'on met ces
jeunes... On parlait de consommation de proximité, le ministre est très
sensible à cette question de consommation de proximité. Mais, quand on imagine
le contexte dans lequel on met ces jeunes-là, c'est quoi, la consommation de
proximité? C'est des produits bien plus nocifs, parce qu'ils vont se procurer
le produit sur le marché noir, donc... et tous les produits de proximité, dans
ce cas-là, sont des produits beaucoup plus dangereux, et ça devient franchement
irresponsable de les mettre... Et c'est pour ça que la majorité des Québécois
était pour l'âge légal de 18 ans, parce que leur préoccupation... Dans la
balance des inconvénients, justement, l'argument juridique et de bonne
politique publique, c'est d'avoir le souci de ne pas mettre ces jeunes-là dans
les mains de criminels avec des produits qui pourraient être très nocifs pour
leur santé. J'ai eu l'occasion de le dire, je crois, hier ou avant-hier,
quelques criminalistes avec qui j'ai parlé qui ont une clientèle qui peut
ressembler à ça parfois dans leur pratique. Ce qu'eux disent, et ce qui les
inquiète, et de leur expérience : Les jeunes qui sont dans une situation
d'illégalité, s'ils tombent sur un produit très dangereux et en subissent les
conséquences, ils sont malades, ils n'iront pas s'afficher, à moins qu'ils
soient obligés, que quelqu'un d'autre va les amener à l'hôpital. Ils ne veulent
pas le dire à leurs parents. Donc, il y a cet élément-là dont on n'a pas parlé.
Et surtout, un jeune qui est considéré comme un jeune adulte, 19, 20, 21 ans,
qui n'est peut-être même pas chez lui, qui est à l'université, quelque part,
d'ailleurs peut-être qui... bien, serait dans une juridiction où ce serait
légal, mais donc qui a une vie déjà qui est en transition, ce groupe d'âge, là,
selon leurs prévisions, ils sont réellement à risque. Dans leur pratique, c'est
ce qu'ils voient, d'être fragilisés parce qu'ils ont toujours cette réserve
d'admettre qu'ils ont été dans l'illégalité vis-à-vis que ce soit l'employeur,
que ce soient les parents ou autres.
«Si la prohibition, pour des raisons
évidentes, n'a pas produit les résultats escomptés, il faut être conscient que
la légalisation du cannabis à des fins non médicales présente aussi un certain
nombre de risques, car si elle ne se réalise pas de façon responsable, elle
peut générer des coûts sociaux et de santé tout aussi importants.»
Donc, évidemment, la CSQ, à ce moment-là,
mise sur la prévention, comme tout le monde, comme tous les organismes de santé
publique disaient qu'il faut miser sur la prévention. Toutes les stratégies,
essentiellement, qui vont dans le sens des objectifs du ministre, c'est
vraiment là. La clé, c'est dans la prévention de commencer très tôt, de
responsabiliser les jeunes. On le voit, l'âge commence à 15 ans. Donc, si on
pense qu'en changeant la loi maintenant, alors que ça fait déjà un certain
temps que c'est 18 ans, soudainement, on rajoute cette catégorie de jeunes
adultes, c'est quand même assez sérieux, hein, on va les judiciariser pour
aucune raison sans... alors qu'il aurait, comme on le sait, c'est plus tôt
qu'il faut aller les chercher. On comprend, jusqu'à 18 ans, c'est l'âge légal,
mais après ça, c'est des adultes. Alors, ça conclut mes commentaires.
Donc, je voulais surtout, par ces
interventions, parce qu'il y en a beaucoup d'autres, évidemment, dans la santé
publique aussi, mais c'est d'autres organismes, on a fait une sélection de
différents organismes qui ont différents mandats, mais pour démontrer le
consensus autour de cette question et la sagesse des Québécois, la sagesse des
Québécois, qui sont venus en commission parlementaire. Que les pourcentages
soient aussi élevés que ça pour dire qu'il y a un risque et que c'est
incohérent, essentiellement, de monter l'âge à 20 ans, à 21 ans, c'est qu'ils
s'inquiètent des conséquences, des impacts de ce projet de loi et du message
qu'on envoie à ces personnes, ces jeunes adultes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. À ce moment-ci, je vais demander au député
d'Hochelaga-Maisonneuve : Est-ce qu'il aimerait argumenter? Non? Donc, je
vais céder la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :
Alors, vous présumez que je veux argumenter, M. le Président, mais vous avez
raison.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: On appelle ça un doute raisonnable?
M. Fortin :
Effectivement, doute raisonnable. En fait, avant d'argumenter, avant de mettre
de l'avant nos propositions, nos arguments, j'aimerais déposer un amendement,
M. le Président, à l'article 1...
17 h 30 (version non révisée)
M. Fortin :
...veux argumenter, M. le Président. Mais vous avez raison.
Le Président (M. Provençal)
: On appelle ça un doute raisonnable?
M. Fortin :Effectivement, un doute raisonnable. En fait, avant
d'argumenter, avant de mettre de l'avant nos propositions, nos arguments,
j'aimerais déposer un amendement, M. le Président, à l'article 1.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on fait une pause pour recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons reprendre, je vais vous demander d'être... À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos échanges. Nous avons donc
le dépôt d'un amendement à l'article 1 par le député de Pontiac en lien avec le
projet de loi n° 2. Alors, je vais demander au député
de Pontiac, dans un premier temps, de nous faire une lecture de son article...
excusez, de son amendement, et, par la suite, de nous expliquer la teneur de
son amendement.
M. Fortin :Bien sûr, avec plaisir, M. le Président, je vais exaucer vos
souhaits. Alors, l'amendement à l'article 1 se lit ainsi :
Modifier l'article 1 du projet de loi par
l'ajout, après le paragraphe 1, du paragraphe suivant :
1° par l'ajout, dans le deuxième alinéa,
après les mots «d'une amende de 100 $» des mots «ou devra être dirigé vers
un programme d'éducation et de sensibilisation lié aux méfaits de la
consommation de drogue du ministère de la Santé et des Services sociaux».
...M. le Président, qui sont du ministère de
la Santé et des Services sociaux, mais le programme, bien sûr.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, ça, c'est la la lecture que vous en faites, est-ce
que vous voulez donner d'autres commentaires par rapport à votre amendement, s'il
vous plaît?
M. Fortin :
...votre deuxième souhait, M. le Président. On a commencé ce débat-là un peu
plus tôt, là, sur la... bien, ce débat, cette idée-là sur la formation, idée
qui a été lancée par le ministre, d'ailleurs, parce que ce n'est pas quelque
chose qui apparaît dans le projet de loi, là, mais évidemment... Je crois que
c'était le député de Rousseau qui avait soulevé le fait que l'amendement dans
lequel se trouvait le sous-amendement initial qui traitait de la question de la
formation n'était pas recevable. Vous aviez tranché, M. le Président, avec
votre meilleur jugement, et je m'en remets à votre meilleur jugement, vous êtes
déjà un parlementaire aguerri avec une expérience et un flair redoutables,
alors on accepte votre décision. Cependant, on avait commencé le débat sur la
formation, on avait commencé le débat sur la formation que le ministre avait...
pas suggérée, que le ministre avait... le débat que le ministre avait initié en
faisant référence à une formation. D'abord, il nous avait dit : Bien, le
policier qui donne une amende à un jeune adulte, à une personne de 18, 19, 20
ans en possession de cannabis, pourra décider, lorsqu'il donne cette amende-là,
si effectivement c'est l'amende qui est donnée ou si on envoie le jeune vers
une formation. Plus tard, la juriste nous a... a rectifié le tir un peu et nous
a dit, essentiellement, là, c'est plus tard dans le processus que ça peut
s'appliquer. Mais, n'empêche, ce qu'on a senti, M. le Président, ce qu'on a
senti, c'est que la volonté du ministre à travers tout ça, même si ce n'est pas
inscrit pour l'instant dans le projet de loi, la volonté du ministre, c'est
d'avoir soit une amende, et peu importe...
M. Fortin :
...plus tard dans le processus que ça peut s'appliquer. Mais, n'empêche, ce
qu'on a senti, M. le Président, ce qu'on a senti, c'est que la volonté du
ministre à travers tout ça, même si ce n'est pas inscrit pour l'instant dans le
projet de loi, la volonté du ministre, c'est d'avoir soit une amende, et peu
importe, là, peu importe les critères qui font que c'est une amende ou pas, le ministre
nous avait dit : Bien, tu sais, peut-être que ça sera selon les moyens que
le policier pourra décider, hein, il verra si la personne est en moyen ou pas.
Mais ce qu'on comprend, là, essentiellement, maintenant, après beaucoup de clarifications,
c'est qu'essentiellement le jeune, la personne qui est arrêtée, la personne qui
est en possession de cannabis, la personne qui se fait retirer son cannabis par
le policier pourra décider si elle a une amende de 100 $ ou si elle suit
une formation. Et, s'il choisit l'amende de 100 $, s'il n'est pas capable
de la payer, bien, il y aura d'autres choses, peut-être qu'il pourra faire des
travaux communautaires, peut-être qu'il pourra faire autre chose. Mais,
vraiment, là, le ministre, on croit, on croit, après en avoir discuté, après y
avoir réfléchi de notre côté, on croit que ce qu'il veut, c'est vraiment qu'il
y ait un choix. Donc, on peut payer l'amende de 100 $ ou on peut suivre
une formation.
On avait, plus tôt, et ce n'est pas le
débat qu'on recommence, mais c'est important de le préciser quand même, on
avait plus tôt dit, dans notre premier... dans le premier sous-amendement à
l'amendement irrecevable, là, dans le premier sous-amendement, ce qu'on avait
suggéré, c'était, bien, pourquoi ne pas, dans ce cas-là, payer l'amende et
faire une formation, hein? Que les deux aient lieu. Paie le 100 $, et tout
le monde a une formation, c'est une formation qui est obligatoire dès qu'une
personne de 18, 19, 20 ans, et un mineur, parce que ça devrait s'appliquer
aussi pour les mineurs... On pense que ce n'est pas une mauvaise idée, ce que
le ministre met de l'avant, d'avoir une formation, c'est le point qu'on fait
depuis le début, hein, plus de prévention, plus d'éducation, plus de
sensibilisation, c'est le point qui a été fait par les experts en santé
publique, c'est le point qui a été fait par à peu près tout le monde qui est
venu en commission parlementaire, même les gens qui sont d'accord avec le
projet de loi du ministre pensent que ça prendrait plus d'éducation, de
sensibilisation, de prévention.
Alors, là-dessus, là, quand le ministre
nous dit : Bien, nous, on aimerait avoir un programme de formation
disponible pour les gens de 18, 19, 20 ans, et pour les mineurs qui sont en
possession de cannabis, bien, je n'ai pas de problème avec ça, M. le Président,
je trouve même, là... à la limite, je trouve que c'est une bonne idée. J'aurais
aimé qu'elle soit dans le projet de loi, M. le Président. Tantôt — et
je n'en veux pas à la juriste — la juriste nous a dit : Tu sais,
il y a des fois, quand on rajoute des mots qui ne sont pas nécessaires, ce
n'est pas la meilleure chose pour la législation, ce n'est pas la meilleure
chose pour l'interprétation éventuelle de la législation. Je m'en remets à son
bon jugement, M. le Président, mais maintenant il y a des mots qui manquent
dans le projet de loi. Maintenant, là, on ne fait nulle part référence à un
programme de formation. Alors, on introduit, à travers les écrits, le concept
que le ministre a introduit à travers les mots qu'il a utilisés en commission
parlementaire. Le ministre nous a dit : Je veux un programme de formation.
Parfait, mettons-le dans le projet de loi, mais puisque le ministre nous a dit,
en votant contre le sous-amendement initial, qu'il ne voulait pas une amende et
une formation, on comprend de ses mots, des mots qu'il a utilisés ici, qu'il
veut une amende ou une formation. Parfait. C'est ce qu'on dépose. Alors, ma
première question pour le ministre, et c'est très simple : Est-ce que
c'est réellement sa volonté qu'il y ait une amende ou une formation?
M. Lévesque (Chapleau) :
Peut-être, avant la question, point de règlement, là, je soulèverais peut-être
la décision 185.7, là, sur le fait que l'amendement n'apporte pas de point
nouveau. Je pense que cette discussion-là, on l'a déjà eue, je pense que ça
fait un certain temps, là, donc je vous le soulève, M. le Président, là.
Le Président (M. Provençal)
: Vous me permettez, ma perception des choses, M. le député
de Chapleau... je vais faire une vérification, mais je pense qu'on est dans une
continuité. C'est mon opinion personnelle, mais je fais une validation rapide.
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vois, M. le député de Chapleau, c'est considéré
comme un nouvel amendement, donc les discussions vont continuer par rapport à
ce nouvel amendement là. Alors, M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bien, ce n'est pas une mauvaise intervention, celle du
député de Chapleau, qu'il se pose des questions comme ça l'occasion, ce n'est
pas mauvais, je pense que... Il l'a fait à quelques reprises, mais votre bon
jugement..,
Le Président (M. Provençal)
: Ça me donne un droit de parole.
Des voix
: Ha, ha, ha!
• (17 h 50) •
M. Fortin :Exactement. Et toute votre expérience, et votre jugement parlementaire,
ou votre flair parlementaire auquel je faisais référence plus tôt a été mis en
évidence encore une fois.
Alors, ma question pour le ministre, je la
répète, M. le Président, la question pour le ministre, elle est toute
simple : Est-ce que réellement c'est son souhait que la personne qui se
fait arrêter, la personne qui se fait intercepter par le policier, qui se fait
confisquer son cannabis parce qu'elle a 18, 19, 20 ans, qu'elle est en
possession de moins de 30 grammes de cannabis, que ce soit du THC ou du
CBD, un ou l'autre, là, ça ne change rien pour le ministre, mais est-ce que
c'est réellement sa volonté que cette personne-là reçoive soit une amende ou
complète... soit une formation?
M. Carmant : M. le Président, effectivement...
M. Fortin : ...confisquer son cannabis
parce qu'elle a 18, 19, 20 ans, qu'elle est en possession de moins de
30 grammes de cannabis, que ce soit du THC ou du CBD, un ou l'autre, là,
ça ne change rien pour le ministre, mais est-ce que c'est réellement sa volonté
que cette personne-là reçoive soit une amende ou complète soit une formation?
M. Carmant :
M. le Président, effectivement, on veut qu'il y ait ce choix-là, mais, comme on
a déjà expliqué, on ne veut pas le mettre pièce par pièce. Nous, ce qu'on
travaille, c'est un projet plus global, qui est en cours.
M. Fortin : Est-ce que le ministre...
Quand il nous dit ça, là, est-ce que le ministre... et ça fait... et il a
raison là-dessus, ça fait quelques fois qu'il le dit. Il dit : On
travaille sur un projet plus global. Est-ce qu'il travaille sur un projet de
loi? Est-ce qu'on va pouvoir l'analyser? Est-ce qu'on va pouvoir l'étudier?
Est-ce qu'on va pouvoir en discuter et voir les fins détails?
Le
Président (M. Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant :
M. le Président, je pense que le projet de loi ne fera pas partie de la
Commission de la santé, là... ça ne sera pas... Ça ne fait pas partie du projet
de loi n° 2.
M. Fortin : Non, bien, je comprends que
ce n'est pas à l'intérieur du projet de loi n° 2, mais je veux savoir si
les parlementaires vont avoir l'occasion de discuter de ce projet-là. Il parle
d'un projet. Est-ce que c'est un projet de loi qui va être déposé?
M. Carmant :
Ça... oui, les parlementaires vont avoir la chance d'en discuter.
M. Fortin : Quand?
M. Carmant :
Laissez-moi suspendre, je vais m'informer auprès de mes collègues.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
(Reprise à 17 h 52)
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, vous avez consulté vos gens, alors vous
êtes en mesure de donner... de commenter?
M. Carmant : Oui. Les
travaux sont encore au niveau administratif. On n'a pas encore de détails à
soumettre.
M. Fortin :
O.K. Mais le ministre nous dit que ce sera un projet de loi. Je veux juste être
clair là-dessus, là, c'est un projet de loi qui va être déposé et qui va nous
dire... qui va venir nous dire ce sera quoi, le programme de formation,
qu'est-ce qu'il va y avoir dedans, ce sera quoi, les détails, là, de ce qui va
arriver à une personne qui se fait arrêter dans cette situation-là.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Encore une
fois, c'est encore à des stades administratifs, c'est trop tôt pour moi pour
donner plus de détails.
M. Fortin :
Non, mais je comprends, M. le Président, mais là où on a un enjeu, moi puis le
ministre, là où on ne s'entend pas, c'est qu'aujourd'hui, là, aujourd'hui, ce
que lui propose avec le projet de loi, c'est une amende de 100 $, rien de
plus, rien de moins. C'est 100 $, il n'y a pas de programme de formation,
il n'y a rien d'autre. Dans la loi qu'il nous demande de voter, la loi que son
gouvernement a amenée en commission parlementaire, ici, a amenée... déposée au
Parlement, la loi que son gouvernement, le gouvernement de la CAQ, demande aux
parlementaires d'étudier en ce moment, c'est marqué 100 $. Ce n'est pas
marqué 100 $ ou un programme de formation.
Alors, le ministre nous dit : Votez
une loi, là, qui fait en sorte que la personne qui se fait arrêter en
contravention de cette loi-là, elle a une amende de 100 $. Mais ce que le
ministre nous dit, c'est le contraire de ça. Le ministre nous dit : Ça va
être 100 $ ou un programme de formation. Le ministre est en train de dire,
là, que la loi qu'on va voter, ce n'est même pas ça qu'il veut faire. Ce n'est
pas ce qu'il veut faire. Il dépose un article de loi qui dit très clairement,
là, qu'un mineur qui contrevient aux dispositions en ayant en sa possession une
quantité totale de cannabis équivalant à cinq grammes ou moins ou en donnant du
cannabis commet une infraction et est passible d'une amende de 100 $, et
il est de même pour la personne de 18, 19, 20 ans qui contrevient aux
dispositions. Ils vont avoir une amende de 100 $. Si on vote... le jour,
là, M. le Président, à l'heure, la minute où on va voter l'article 1 du
projet de loi, c'est là-dessus qu'on vote, c'est sur la conséquence qu'un
citoyen québécois va avoir s'il a 18, 19, 20 ans et il se fait arrêter en
possession de cannabis. C'est là-dessus qu'on vote. Et le ministre nous
dit : Bien, votez là-dessus, mais ce n'est pas ça que je vais faire. M. le
Président, on a un immense enjeu ici, là.
Je comprends qu'éventuellement le ministre
va arriver à quelque chose d'autre, mais ce qu'on lui propose aujourd'hui,
c'est de faire ce qu'il veut faire quand même, c'est d'écrire dans la loi ce
qu'il dit tout haut, là. Ce qu'il dit aux Québécois : C'est ça qui va
arriver. Il dit : Je ne sais pas quand est-ce que ça va arriver, on
commence les discussions là-dessus. Même si ça fait huit mois qu'on est au
gouvernement, on commence les discussions là-dessus, on commence à s'organiser,
on commence à regarder tout ça. C'est le même ministre qui nous avait
dit : Je veux que mon projet de loi soit passé, soit complété au mois de
mars. Bien, ça...
M. Fortin :
...c'est ça qui va arriver. Il dit : Je ne sais pas quand est-ce que ça va
arriver. On commence les discussions là-dessus. Même si ça fait huit moins
qu'on est au gouvernement, on commence les discussions là-dessus, on commence à
s'organiser, on commence à regarder tout ça. C'est le même ministre qui nous
avait dit : Je veux que mon projet de loi soit passé, soit complété au
mois de mars. Bien, ça voudrait dire, là, qu'en ce moment, si son projet de loi
était adopté, s'il y avait été adopté au mois de mars, M. le Président, il y
aurait des gens de 18, 19, 20 ans qui se feraient imposer une amende de
100 $. Mais ce n'est même pas ça que le gouvernement veut faire. Le
gouvernement veut leur donner le choix d'une formation ou du 100 $.
Alors, le gouvernement dépose un projet de
loi. Quand on vous a dit que le gouvernement n'était pas prêt, quand on vous a
dit qu'il fallait du temps, qu'il fallait l'étudier comme il faut, il fallait
le reporter même ce projet de loi là, on a demandé, et on a eu droit à un
historique complet, là, de toutes les discussions qu'on a eues sur le cannabis,
ici, de la part du député de La Peltrie. Mais, M. le Président, il n'en
demeure pas moins que la motion qu'on a devant nous, la motion qu'on présente
aujourd'hui, ou l'amendement qu'on présente aujourd'hui, c'est simplement pour
permettre au ministre de mettre dans la loi ce qu'il dit à tout le monde qu'il
veut faire. Alors, pour l'instant, là, ce que j'aimerais savoir, ce que
j'aimerais savoir honnêtement du ministre... Et je ne le fais pas de mauvaise
foi, c'est parce que je pense que c'est ça qu'il veut. Je pense qu'à la fin de
la journée, là, c'est ça qu'il veut qui arrive comme conséquence, comme
conséquence pour une personne qui est en contravention de son article 1.
Alors, est-ce que... Et si j'enlève, là, j'enlève les mots légaux, là, mais
l'esprit de ce qu'il veut faire est reflété dans l'amendement qui est proposé.
N'est-ce pas?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Effectivement, M. le Président, on ne veut pas judiciariser. Mais, pour le
moment, j'ai déjà expliqué pourquoi. Je ne peux pas m'avancer plus sur le sujet
des procédures. Et on ne veut vraiment pas faire du pièce par pièce.
M. Fortin :
Mais, M. le Président, il est en train de faire du pièce par pièce. Il a déposé
un projet de loi qui fait du pièce par pièce. Alors, si ce n'est pas ça qu'il
veut faire, s'il me dit : Je veux quelque chose de plus global. Moi, je
n'ai pas de problème, là, à ce qu'il me dise : Bien, le projet de loi, en
ce moment, qu'on a devant nous va s'appliquer en même temps que le projet de
loi plus global qu'on va avoir. Parce que, là, on va avoir une période, là, où
l'intention du législateur qui est d'offrir une formation ou d'avoir une
amende, ce n'est pas du tout ce qui va se passer dans la vraie vie, dans le
vrai monde, là. Il y a quelqu'un, ici, sur Grande Allée qui va se faire arrêter
en possession de cannabis, quelqu'un de 18, 19, 20 ans, là, à l'extérieur
de l'Assemblée nationale, qui va se faire arrêter. Et le ministre va avoir dit
haut et fort : Moi, je veux donner une formation à cette personne-là ou
qu'il ait une amende. Puis ce n'est pas ça qui va se passer. En fait, c'est le
contraire qui va se passer. Cette personne-là va uniquement avoir une amende,
va être obligée de la payer. Alors, est-ce que le ministre est ouvert à tout le
moins, là, à tout le moins à ce que ces deux choses-là arrivent de façon
parallèle, arrivent en même temps pour ne pas qu'il y ait un genre de... un
scénario juridique où il y a une conséquence sur un citoyen qui n'est pas celle
que le ministre veut appliquer?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le
Président, c'est la même question qu'on me repose. J'ai déjà répondu à la
question.
M. Fortin :
Bien non. En fait, c'est une question complètement différente. Ce que je
demande au ministre, c'est est-ce qu'il est prêt à éventuellement... Parce que
moi, je... Moi, là, à travers cet amendement-là, j'essaie de suivre le
raisonnement du ministre. J'essaie de dire... de comprendre ce que le ministre
dit. Et ce que le ministre nous a dit, à tout le monde, ici, en commission
parlementaire, il l'a dit à tous les députés autour de la table : Je veux
une amende ou une formation. Est-ce que... Ce que je veux savoir du ministre,
c'est est-ce qu'il est prêt à ce qu'il n'y ait pas un Québécois qui reçoive
cette amende-là, mais qu'ils aient toujours, dès le moment de l'entrée en
vigueur de sa législation, éventuellement, si ça passe, là, que le programme de
formation soit disponible. Parce que c'est ça qu'il veut faire. Mais là il se
retrouve à faire quelque chose d'autre temporairement jusqu'à tant qu'il arrive
à ce qu'il veut faire. Alors, pourquoi ne pas faire les deux en même temps?
Est-ce qu'il est prêt, est-ce que le ministre est prêt à dire : Bien, ça
ici, là, ça s'appliquera quand le projet de loi éventuel sera prêt?
M. Carmant : M. le
Président, j'ai répondu à la question et j'ai expliqué mon point de vue. Je
n'ai rien de plus à dire, M. le Président.
M. Fortin :
Bien, un simple oui ou non, là, répondrait à la question, là.
M. Carmant : J'ai répondu
à la question, M. le Président.
M. Fortin :
Bien, un simple oui ou non répondrait quand même aujourd'hui puis réglerait la
question pour vous, là.
M. Carmant : J'ai répondu
à la question, M. le Président.
• (18 heures) •
M. Fortin :
O.K. M. le Président, le ministre est clair, disons. Disons que le ministre est
clair, là. Si j'accepte son explication, si j'essaie de me rappeler ce qu'il a
dit, le problème avec ce que le ministre dit, c'est qu'il change entre la
première, la deuxième, la troisième puis la quatrième fois qu'il en parle, là,
M. le Président. Mais si je comprends bien ce que le ministre veut faire, c'est
l'amendement. Et le ministre vient de le dire, là, l'esprit de l'amendement,
là, c'est exactement ce qu'il veut faire. Mais ce qui est triste, M. le
Président, c'est que la lettre de son projet de loi, va à l'encontre de ce
qu'il veut faire, va à l'encontre, va faire en sorte, là, si on adopte comme
ça, sans amendement, l'article 1, va faire en sorte que le ministre, dans sa
vision des choses, ne va pas permettre à des gens de suivre la formation, qu'il
va y avoir des mineurs, des mineurs à l'extérieur, et des mineurs qui sont dans
la société, là, qui vont avoir une amende quand ce n'est même pas ça que le
gouvernement veut faire. Il va y avoir des gens de 18, 19, 20 ans qui
n'auront pas accès à la prévention, à la sensibilisation, à l'éducation. Puis
pourtant, c'est ce que tout le monde nous dit, c'est ce que tout le monde veut.
Les gens qui sont d'accord avec vous sur le 21 ans, c'est ça qu'ils
veulent eux autres aussi. Est-ce qu'on peut...
18 h (version non révisée)
M. Fortin :
...à l'extérieur et il y en a qui sont dans la société, là, qui vont avoir une
amende, quand ce n'est même pas ça que le gouvernement veut faire. Il va y
avoir des jeunes, 18, 19, 20 ans, qui n'auront pas accès à la prévention, à la sensibilisation,
à l'éducation, puis pourtant, c'est ce que tout le monde nous dit, c'est ce que
tout le monde veut. Les gens qui sont d'accord avec vous sur le 21 ans, c'est
ça qu'ils veulent, eux autres aussi. Est-ce qu'on peut, s'il vous plaît, M. le
Président, entendre ces gens-là? Est-ce qu'on peut écouter ces gens-là pour une
fois?
Jusqu'à maintenant, là, on en a proposé
quelques-uns, des amendements. Celui-là, M. le Président, celui-là, il fait ce
que le ministre veut. On en a proposé plusieurs qui allaient à l'encontre de ce
que le ministre voulait. Je comprends qu'il vote non, mais celui-là, là,
celui-là, il va exactement dans le sens de ce que le ministre veut faire. Je ne
comprends pas son positionnement, M. le Président, je ne comprends pas pourquoi.
Et on l'a dit tantôt qu'il était dogmatique à certains égards, des fois il
l'est, des fois il ne l'est pas, mais là-dessus, là, quand on a un amendement
devant nous qui fait ce qu'on veut, qui fait ce qu'on veut de la législation, pourquoi
on voterait contre, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le député de Pontiac, vous aurez votre réponse
demain puisque... et je remercie l'ensemble des gens pour leur collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, 9 h 30, où elle siégera à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 1)