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Commission permanente de la justice
Etude des crédits du ministère de la
Justice
Séance du jeudi 4 avril 1974
(Dix heures douze minutes)
M. BRISSON (président de la commission parlementaire de la
justice): A l'ordre, messieurs!
M. Caron, de Verdun, remplace M. Bienvenue, de Crémazie, et M.
Assad, de Papineau, remplace M. Tardif, d'Anjou. Je constate que nous avons
quorum et la séance est ouverte pour l'étude des crédits
du ministère de la Justice. Donc, généralités,
à l'article 1.
Ecoute électronique (suite)
M. BURNS: Hier, M. le Président, quand on a ajourné
à cause de l'heure, à midi, on était en train de discuter
du problème de l'écoute électronique. J'aurais encore une
brève question à poser au ministre là-dessus. Je me
souviens que, le 22 décembre dernier, à une de mes questions,
à la période des questions en Chambre, le ministre m'avait
donné des raisons, que je trouvais, à ce moment-là, assez
justifiables d'ailleurs, sur sa conduite à l'égard de cela. Il
nous indiquait aussi, comme on y a touché brièvement hier, qu'il
y avait un projet de réglementation en vue. Est-ce que le ministre a
toujours l'intention de soumettre ce projet de réglementation à
la commission parlementaire de la justice, comme il semblait nous l'indiquer
dans sa réponse du 22 décembre?
M. CHOQUETTE: En effet, avec le concours de la Commission de police, en
particulier du vice-président qui est ici, le juge Ludovic
Laperrière, ainsi que d'autres officiers du ministère de la
Justice, nous avons travaillé sur un projet de réglementation qui
aurait principalement pour but de permettre l'inspection des corps de police au
point de vue des registres et des équipements servant à
l'écoute électronique, car il faut bien, je crois, prendre
conscience du fait que nous sommes, tout d'abord, soumis au bill C-176, Loi
pour la protection de la vie privée, qui est de la nature du droit
criminel et qui, par conséquent, s'applique d'emblée au
Québec. Par conséquent, comme gouvernement provincial, nous ne
pouvons empiéter ou excéder ou déborder sur des
dispositions du bill C-176, parce que c'est du droit criminel. Cependant,
étant donné que nous avons la compétence en matière
d'administration de la justice et, en particulier, que nous avons la
compétence en vue de la surveillance de l'action de la police, il nous
est possible d'introduire une réglementation pour éviter qu'il
n'y ait des abus ou des exagérations du côté policier.
C'est dans ce sens que nous avions prévu pouvoir faire adopter un
règlement permettant de tenir des auditions à des moments non
annoncés d'avance dans les corps de police pour éviter qu'il y
ait des abus et également pour vérifier la conduite des corps de
police dans ce domaine-là.
Malheureusement, à l'examen, la Commission de police ne
détient pas les pouvoirs, à l'heure actuelle, d'adopter une telle
réglementation. Je doute que le lieutenant-gouverneur en conseil puisse
l'adopter en vertu des lois actuelles parce que ni la Loi du ministère
de la Justice, ni la Loi de police ne nous donne un pouvoir de faire un
règlement dans ce domaine-là. C'est la raison pour laquelle il
nous faudra amender les lois actuelles de façon à fonder un
pouvoir de réglementation qui pourra autoriser certaines personnes
à faire des vérifications dans les corps de police et ceci pour
que l'utilisation de ces techniques et méthodes ne se fasse que suivant
les dispositions du bill C-176.
M. BURNS: Mais est-ce que cette loi, à laquelle se
réfère le ministre, va être soumise dans les jours ou les
semaines qui vont venir?
M. CHOQUETTE: Bien je n'ai... M. BURNS: Si on veut arriver... M.
CHOQUETTE: Oui, oui.
M. BURNS: ... en temps pour la mise en application...
M. CHOQUETTE: En effet. M. BURNS: ... du bill C-176.
M. CHOQUETTE: Je suis bien d'accord, au fond, sur la suggestion
implicite du député de Maisonneuve. Mais je ne voudrais pas
prendre un engagement définitif sur une date parce qu'il me semble que
dans le domaine de la police il y a d'autres dispositions à prendre au
point de vue législatif. Ce n'est pas la seule et je voudrais quand
même arriver avec un certain nombre d'amendements. Je répugne pas
mal d'arriver, à tous les ans, avec des amendements à certaines
lois parce que telle situation s'est développée dans
l'intervalle. Cela oblige l'Assemblée nationale à se pencher sur
un problème, isolément, comment je pourrais dire
à répétition.
M. BURNS: Le ministre est un législateur globaliste.
M. CHOQUETTE: Un peu, je dois le dire, parce que j'aime mieux, d'une
certaine façon, accumuler un certain nombre de réformes, les
mettre dans un tout, dans une loi et là, au fond, ne déranger les
députés, des deux côtés de la Chambre, que pour
quelque chose de sérieux, d'important. Dans le domaine de la Loi des
tribunaux judiciaires, je suis quasi obligé par les
circonstances d'arriver avec des amendements annuels, même, des
fois, plusieurs amendements à la Loi des tribunaux judiciaires par
année. Mais ce n'est sûrement pas agréable ou
intéressant pour qui que ce soit et profitable, au fond, pour qui que ce
soit. Souvent, c'est pour augmenter le nombre de juges de deux ou trois ou
c'est pour apporter telles petites corrections à la loi. En fait, cela
fait perdre un peu de temps à la Chambre.
Alors le député de Maisonneuve peut être aussi
assuré que je le suis, sur le principe de ses amendements, mais
j'aimerais associer cela à d'autres modifications à la Loi de
police, celles qui pourraient viser, par exemple, la création de cette
direction de la police.
Parce que ceci impliquerait une définition des tâches entre
la Commission de police et la Direction générale de la police. Au
fond, à l'heure actuelle, étant donné qu'il n'y a pas, au
ministère de la Justice, de service pertinent à l'action de la
police, il arrive que la Commission de police remplit ce vide et est en train
de se gonfler et d'assumer une foule de tâches policières, ce qui
est à son honneur. Je remercie en passant les membres de la Commission
de police de leur collaboration. Mais, quand même, je crois qu'il faudra
définir avec plus de précision quelles sont les fonctions de la
Commission de police et quelles sont les fonctions de la future direction de la
police, de façon que les actions respectives de ces deux organismes se
complètent et qu'il n'y ait pas d'empiètement entre les deux.
Vous comprenez que ce n'est pas nécessairement facile et que cela
ne peut pas s'improviser; mais si c'est possible, d'ici la fin de la session
actuelle ou de la session de l'été, nous pourrons apporter des
amendements dans le sens que j'ai indiqué, tout à l'heure,
à la suite de la question du député.
M. BURNS: D'accord.
M. SAMSON: Sur le même sujet, M. le Président, je voudrais
demander au ministre s'il a, au ministère, reçu des plaintes
concernant l'écoute électronique, voulant qu'elle aurait pu
servir pour des fins politiques.
M. CHOQUETTE: Non. M. SAMSON: Jamais?
M. CHOQUETTE: Cela dépend dans quel sens on dit politique. Mais
de partis politiques...
M. BURNS: N'y a-t-il pas eu, à un moment donné...
M. CHOQUETTE: Non.
M. BURNS: Oui, mais je pense que le comité du Parti
Québécois de je ne sais trop où...
M. CHOQUETTE: Ah! de la Mauricie.
M. BURNS: Dans la Mauricie, oui.
M. CHOQUETTE: Mais c'est une affaire qui date d'avant ma nomination
comme ministre de la Justice.
M. BURNS: ... 1970, je pense.
M. CHOQUETTE: C'était au cours de l'élection de 1970.
M. SAMSON: Ah bon! Vous n'avez jamais fait enquête
là-dessus?
M. CHOQUETTE: Ecoutez, non, parce que c'était une affaire assez
épisodique qui s'est passée en 1969 ou au début de 1970,
d'après ce qu'on a dit.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre est en mesure de nous assurer que
toutes les dispositions sont prises afin que l'écoute
électronique ne serve pas pour des fins politiques partisanes?
M. CHOQUETTE: Absolument. Je suis en mesure de rassurer le
député complètement à ce sujet.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'à ce moment-ci, on
peut poser encore des questions d'ordre général? Je m'excuse si
je n'étais pas là hier. Vous allez comprendre que nos effectifs
sont limités.
M. BURNS : La méthode que je suggère si le
député de Rouyn-Noranda est d'accord c'est qu'on discute
sujet par sujet. S'il n'y a plus d'autres questions sur l'écoute
électronique, je suis prêt à passer à un autre
sujet.
M.SAMSON: D'accord. Si j'avais d'autre chose là-dessus...
M. BURNS : Pas sur l'écoute électronique, les
réponses du ministre me satisfont pour le moment. J'aurais d'autres
questions cependant d'ordre général à soumettre, toujours
relativement à la déclaration que le ministre a faite hier. J'ai
soulevé le sujet de l'écoute électronique pour souligner
l'absence ou le manque de déclaration du ministre, de déclaration
préliminaire, en ce sens qu'il n'y en avait pas à ce sujet.
Conflit entre le Barreau et les
étudiants
M. BURNS: II y a un autre sujet qui est quand même d'une grande
importance; le fameux conflit entre le Barreau et les étudiants.
Déjà je pense qu'on sait qu'on a eu à faire face à
deux refus de la part des étudiants; à deux occasions, les
étudiants ont refusé de se plier aux exigences du Barreau.
On sait également que le fameux rapport du juge Guérin a
été rendu public, je pense, au cours de l'été
dernier. Quelles sont les intentions du
ministre au sujet de ce conflit, eu égard à l'existence de
ce rapport? Je sais que le ministre, au cours du dernier conflit qui a
existé, a rencontré des étudiants, a rencontré le
Barreau, etc. Est-ce que le ministre peut nous faire part de ses intentions
relativement à ce fameux conflit qui va, à mon avis je le
dis sans être prophète de malheur recommencer à
nouveau au mois de septembre, et qui va recommencer toutes les fois que se
présenteront des occasions similaires.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve a raison de
soulever le problème et d'indiquer qu'il y a des risques que ce conflit
ne surgisse de nouveau. Cela fait déjà deux fois, en fait, qu'on
a des grèves de la part des étudiants inscrits dans les centres
professionnels du Barreau.
En 1973, nous avons eu une grève des étudiants et je suis
intervenu à ce moment comme médiateur entre les étudiants
et le Barreau. Et c'est alors que le Barreau a accepté d'amener un
certain nombre de réformes dans son système d'examen. Et c'est
à ce moment que nous avons nommé le juge Guérin
commissaire, pour faire enquête sur les problèmes
étudiants, le Barreau et la faculté de droit. Et c'est de
là qu'est résulté le rapport du juge Guérin.
Donc, à la suite de ma première intervention en 1973 ou
fin 1972, je ne sais pas, le Barreau a apporté des améliorations
à son système d'examen. Entre autres, au lieu d'avoir un examen
de deux jours portant sur toutes les matières, le Barreau a
accepté d'avoir un système d'examens mensuels, de contrôle
mensuel dans diverses matières enseignées à ces
écoles de formation professionnelle. D'autres améliorations ont
été apportées.
Malheureusement, les étudiants inscrits en 1973/74 à
l'école du Barreau, c'est-à-dire ceux qui sont actuellement dans
leur quatrième année d'études de droit, ont
déclenché un arrêt d'études aux mois de janvier et
février, disant que le Barreau n'avait pas fait suffisamment. En gros,
leur reproche était que les cours qu'ils recevaient à
l'école de formation professionnelle n'étaient pas
adéquats, que c'était souvent une répétition des
cours qui leur avaient été enseignés à
l'université, que ces cours ne les préparaient pas en vue des
questions posées dans ces examens de contrôle, parce que les
professeurs qui donnaient les cours à l'école de formation
professionnelle ne sont pas nécessairement ceux qui sont les correcteurs
des copies des étudiants à leurs examens. Le député
de Maisonneuve se rappellera qu'au Barreau il y a tout un système
d'examinateurs, un bureau d'examinateurs du Barreau.
Or, j'ai cru déceler dans tout cela certaines faiblesses
incontestablement au niveau de l'école de formation professionnelle du
Barreau; d'ailleurs, le bâtonnier Jacques Viau ne se gêne pas pour
admettre ces faiblesses au point de vue de l'enseignement, parce qu'on demande
à des praticiens, souvent très occupés, d'aller donner
quelques cours, que ce soit en droit civil, en droit du travail, sur les lois
statutaires, en droit criminel, etc., et, souvent, ça ne donne pas un
cours qui est très intéressant pour les étudiants,
d'autant plus qu'il y a tout un système de cours sur appareil de
télévision en circuit fermé. On connaît la
résistance des étudiants actuels aux cours magistraux, mais,
lorsque le cours magistral est donné à la
télévision, ça double l'animo-sité des
étudiants et leur répugnance à l'égard de ce genre
d'enseignement, ce qui est assez facile à comprendre.
Donc, le Barreau admet les faiblesses et les reconnaît, mais il
dit: Ecoutez, nous ne pouvons pas changer notre système du jour au
lendemain. Nous avons, quand même, l'intérêt public à
protéger et nous ne pouvons pas permettre que soient reçus
à la pratique des avocats qui n'ont pas une formation
complète.
Les étudiants ont fait un certain nombre de demandes à
l'égard du Barreau en vue de réduire les exigences du Barreau.
Par exemple on demandait que pour certains examens, au lieu d'exiger 60 p.c. on
exige 50 p.c. On demandait qu'un étudiant puisse être admis au
stage après avoir passé trois contrôles sur six, au lieu
d'en avoir passé six sur six. Et, on demandait la réduction du
stage de douze mois à six mois. Le Barreau pour sa part a accepté
de réduire le stage de douze mois à huit mois, ce qui
était un geste de conciliation.
Pour ma part, quand on a demandé mon intervention
là-dedans, j'ai dit au Barreau qu'il aurait pu réduire ses
exigences quant au passage des examens de contrôle de six à cinq,
parce qu'un étudiant peut avoir quand même une malchance, et ce
n'est pas une raison de le retarder de huit mois ou un an quant à la
date où il va pouvoir commencer à travailler, à gagner sa
vie.
D'autant plus que les étudiants sont assez avancés
à cet âge-là; un certain nombre sont mariés,
certains ont des enfants et, enfin, je pensais que le Barreau aurait pu quand
même faire cette concession à savoir qu'un étudiant, pour
être admis au stage, doit passer cinq contrôles sur six, parce
qu'on peut admettre qu'une malchance peut s'être produite. Je crois que
le fait d'avoir passé cinq examens sur six, dénote de la part du
candidat, une compétence suffisamment bien établie pour lui
permettre de passer au stage.
Mais le Barreau a insisté sur ces exigences de six
contrôles sur six pour être admis au stage. Le Barreau a dit qu'il
avait déjà fait des concessions importantes l'année
dernière, ce qui était exact. Et le Barreau a dit qu'il ne
pouvait pas baisser le niveau du pourcentage de 60 à 50 pour passer les
examens, ce sur quoi j'étais d'accord avec lui. Il me paraissait assez
mauvais d'essayer de discuter cette question. On sait que 60 est un chiffre
quand même assez accepté dans nos études en
général, un peu partout, et
le réduire à 50 était une manière
peut-être de réduire la qualité des avocats admis au
Barreau.
Alors, finalement, le Barreau ayant tenu à ses positions
mordicus, sauf à réduire le stage à huit mois, les
étudiants sont retournés au cours et c'est ce qui a lieu à
l'heure actuelle. Le problème demeure assez entier. Le problème
fondamental dans tout cela, lequel est sous-jacent à toute cette
situation que je viens de décrire, c'est celui de la formation
universitaire par rapport aux examens que les étudiants sont
obligés de subir par les examinateurs du Barreau. Il y a un
décalage très considérable entre l'enseignement qu'on
donne aux étudiants à l'université au cours des trois
années de droit, même l'enseignement qu'on leur donne au cours de
formation professionnelle, et les examens avec lesquels on les confronte pour
les admettre à l'exercice de la profession.
Les examinateurs du Barreau sont tous des praticiens, ce ne sont pas des
intellectuels, des professeurs, des gens qui passent leur temps dans
l'étude...
M. BURNS: II n'y a pas de chef de l'Opposition, là-bas!
M. CHOQUETTE: Non, mais ce sont plutôt des avocats qui sont
activement mêlés à la pratique du droit. Il est
évident que, quand ils préparent des questionnaires pour les
étudiants, leurs questionnaires sont orientés vers le
côté pratique, basés sur des cas qu'ils ont
rencontrés dans les années récentes. Ils ne sont pas faits
d'un point de vue doctrinal. Tandis que l'enseignement
généralement donné à l'université, sans
compter que les types d'enseignement dans les cinq universités qui
forment des étudiants au Québec actuellement sont
différents, est plutôt théorique et doctrinal à
l'heure actuelle. Alors, il y a un décalage énorme et c'est les
étudiants qui en font les frais.
Ceci ne veut pas dire qu'il n'y a pas de faiblesses du côté
des étudiants, qu'il n'y a pas une certaine paresse chez un certain
nombre d'entre eux et qu'il n'y en a pas un certain nombre qui veulent
réduire le plus possible les exigences parce qu'ils trouvent que c'est
un droit que d'être reçu au Barreau. Je ne suis pas pour
m'étendre sur cela, ce serait simplement discuter de la nature humaine.
Je crois qu'à l'heure actuelle ce qui importe c'est de concilier les
examens imposés par le Barreau, l'enseignement à
l'université et la formation pratique dans les centres de formation
professionnelle.
Actuellement, M. René Dussault, qui est président de
l'Office des professions, rencontre le bâtonnier et les membres du
conseil du Barreau, les facultés, les doyens, les professeurs, les
étudiants. C'est à la suite de ces consultations entre les
principaux intéressés qu'un profil obligatoire d'étude
sera adopté, pour toutes les universités du Québec, qui
comportera les matières obligatoires, d'une part, et les matières
optionnelles, d'autre part. On va, je pense bien, tenter d'intégrer les
examens du Barreau aux examens universitaires. On va ramener, je pense bien, la
formation donnée à l'Ecole de formation professionnelle du
Barreau au niveau universitaire plutôt que de la laisser au Barreau
même.
M. BURNS: Excusez.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Est-ce qu'on doit comprendre que le ministre retient, comme
une solution éventuelle, la suggestion du juge Guérin de
créer un conseil supérieur de l'enseignement du droit? Est-ce
cela qu'on doit comprendre?
M. CHOQUETTE: Ce n'est sûrement pas une mauvaise suggestion en
soi. Le seul problème est le suivant, c'est que vous avez un conseil de
l'enseignement, je pense, au niveau des universités et il y a d'autres
patentes au niveau du ministère de l'Education. Je me demande si ce
conseil peut se créer à l'heure actuelle. Je dis qu'il y a un
règlement à adopter au sein des organismes professionnels pour
concilier tout cela.
J'ai tout à l'heure mis l'accent sur l'intervention de M.
Dussault. Je crois qu'il faut quand même apprécier ce qu'il fait
à l'heure actuelle. Je ne voudrais pas passer sous silence non plus les
interventions du Barreau même et du bâtonnier et des doyens de
facultés qui avaient commencé à travailler ensemble
même avant que M. Dussault intervienne dans le portrait. M. Dussault
étant un neutre, en somme, dans tout cela, il peut, je pense bien, faire
des suggestions qui seront agréés et qui seront consacrées
par un règlement. D'ailleurs, on reviendra à ce moment-là
à la formule qui existait avant 1968, car ce n'est que depuis 1968 que
le Barreau s'est chargé de la formation professionnelle, avec des
résultats assez discutables comme en témoignent les grèves
d'étudiants qu'on a eues successivement.
M. BURNS: II y a aussi le fait et j'aimerais bien cela que le
ministre en soit conscient dans ce qu'il envisage faire pour régler le
conflit définitivement mise à part la paresse de certains
étudiants à laquelle se référait le ministre,
tantôt, que dans l'esprit des étudiants, même si le Barreau
le nie, il y a conflit d'intérêts dans la situation à
laquelle le Barreau est placé, c'est-à-dire qu'il a d'une part
à faire entrer les nouveaux avocats dans la profession et, en même
temps, nécessairement, et ça aussi c'est très humain, il
se rend compte que la pratique du droit, soit par la Loi des petites
créances, soit par la Loi d'aide juridique, restreint de plus en plus
son champ d'action pour les membres de la libre entreprise du Barreau, si on
peut les appeler comme ça. Or, dans l'esprit des étudiants, c'est
sûrement fondamental, pour régler un conflit, de comprendre quelle
peut être la situation que l'une des parties envisage. Selon les
étudiants, le Barreau,
dans le fond, a tout intérêt à contingenter le
nombre des avocats justement pour garder une réserve de travail pour
ceux qui sont déjà dans la profession. C'est assez important
qu'à un moment donné la solution envisagée fasse
disparaître cette apparente situation de conflit d'intérêts
dans laquelle le Barreau est placé.
M. CHOQUETTE: Exactement. Je crois que le député a tout
à fait raison. Et à l'occasion de certains examens, où il
y a eu des échecs considérables ou massifs d'étudiants,
cette accusation a été formulée par les étudiants
à l'égard du Barreau de vouloir contingenter l'entrée dans
la profession. Moi, je pense que le Barreau n'a jamais eu l'intention
délibérée de bloquer plus de postulants à la
profession, qu'il n'y avait pas de mauvaise foi au niveau du Barreau, au niveau
du bureau des examinateurs, pas du tout. Je n'ai jamais cru
véritablement qu'il y avait des intentions nauséabondes de la
part des gens qui pratiquaient le droit d'en empêcher d'autres de venir
partager le gâteau. Ce n'était pas ça du tout. Mais quand
même la situation a fait naître, comme le dit le
député de Maisonneuve, ces idées dans le cerveau d'un
certain nombre d'étudiants et la formule à laquelle on pourrait
en arriver pourrait peut-être dissiper cette impression.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: J'aimerais avoir l'avis du ministre concernant un sujet qui a
été porté à notre attention, l'automne dernier, je
pense, en ce qui concerne la sélection des candidats aux cours de droit
dans les universités. Est-ce qu'il n'a pas été
porté à l'attention du ministre, à un certain
moment...
M. CHOQUETTE: Voici la situation à ce point de vue-là.
C'est une opération financière avantageuse pour les
universités que d'admettre le plus possible d'étudiants en droit
dans leurs facultés, parce que le ministère de l'Education
subventionne tous les étudiants dans les universités à
raison, je pense, de $500, qu'ils soient étudiants en médecine,
en droit, en pharmacie, en chirurgie dentaire, en sciences sociales ou en
n'importe quelle autre matière, sans faire de distinction entre la
nature des études qu'ils font.
Or, en fait, un étudiant en droit coûte beaucoup moins cher
à l'université qu'un étudiant en médecine, parce
que, pour la médecine, on a besoin de laboratoires, on a besoin
d'équipements beaucoup plus considérables. Pour étudier le
droit, on a besoin d'un code et d'une bibliothèque, plus des salles de
classe. Alors, ce qui produit, c'est que les universités prennent
l'argent donné par le ministère de l'Education pour les fins de
l'enseignement du droit et, évidemment, cet argent s'en va dans d'autres
facultés plus coûteuses. Alors, je pense que les
universités ont, dans un certain sens, un intérêt à
avoir le plus d'étudiants en droit possible, parce que cela finance
leurs autres facultés. C'est pour cela que, si vous prenez la plupart
des facultés, par exemple en médecine, où cela coûte
cher, ils ont limité les inscriptions. C'est très difficile de se
faire admettre en médecine, à moins d'avoir des notes
extraordinaires. On est beaucoup moins exigeant pour les étudiants en
droit. C'est peut-être cela qui crée une augmentation du nombre
des étudiants en droit dans les facultés.
M. SAMSON: Bien, le sujet que je voulais soulever portait sur la
sélection même des candidats vers les cours de droit. Je ne sais
pas si le ministre a pris connaissance du fait que, dans certaines
universités, je pense que c'est l'Université du Québec
à Trois-Rivières, on posait, à certains candidats, des
questions dans le genre: Qu'est-ce que vous pensez de l'animation sociale? Dans
quelle proportion êtes-vous engagé? Etes-vous prêt à
vous engager?
Est-ce qu'il n'y aurait pas, suivant l'avis du ministre, parce que je ne
suis pas au courant de tout ce dossier, une présélection visant
à amener vers les universités un genre de candidats, par exemple?
Est-ce que cela n'entraînerait pas, à long terme, peut-être
le genre de problèmes qu'on a connus cet hiver?
M. CHOQUETTE: Je pense que le député de Rouyn-Noranda
réfère à l'UQAM, au module...
M. SAMSON: Ah oui, c'est ça!
M. CHOQUETTE: ... de sciences juridiques...
M. SAMSON: Je m'excuse. Oui, à Montréal.
M. CHOQUETTE: ... qui est assez controversé parce que, disons-le
franchement, il se veut catégoriquement et clairement à gauche.
Au point de vue de type d'enseignement du droit, je pense que le
député de Rouyn-Noranda, comme je le connais pour l'avoir vu
intervenir en Chambre depuis plusieurs années, n'approuve pas tellement
cette tendance.
M. SAMSON: Bien, M. le Président, je relève
immédiatement cette affirmation du ministre en lui disant qu'il a raison
! Il a raison.
M. BURNS: Je pense que...
M. SAMSON: Ce que je veux dire, si le député de
Maisonneuve me le permet, c'est, que ce soit à gauche, à droite
ou à l'endroit qu'on voudra, pour un gars de l'extérieur qui voit
les avocats d'un autre oeil que ceux qui sont dans la profession, il me semble
qu'éliminer des candidats parce qu'ils n'ont pas telle ou telle
tendance, ce n'est pas tout à fait...
M. CHOQUETTE: Je crois que le député...
M. SAMSON: Si le module était à l'extrême droite, je
pense qu'il serait aussi condamnable.
M. CHOQUETTE: Mais le député de Rouyn-Noranda doit quand
même, je pense, situer le problème du module d'études
juridiques de l'UQAM dans son contexte. Si, d'après ce que l'on me dit,
le module n'a pas reçu l'approbation du Barreau ou enfin des
autorités universitaires, je ne le sais pas, c'était parce qu'on
a trouvé que l'enseignement qu'on y donnait n'avait pas la force
requise.
Quant aux tendances idéologiques, c'est une autre matière.
Chacun peut avoir ses idées sur ça. Le député peut
trouver que c'est réellement excessif. Un autre peut trouver que c'est
très bien.
Moi, je ne voudrais pas me prononcer sur ça à ce
moment-ci, parce que je n'en connais pas assez long sur leur programme
d'étude et ce qu'on y proposait. De toute façon, le module n'a
pas reçu de reconnaissance. Alors le député, au fond, en
contestant un peu cette institution, conteste quelque chose qui n'a pas eu de
reconnaissance légale, en fait. Je crois que cette faculté n'est
pas reconnue.
M. BURNS: Le module n'existe pas. M. CHOQUETTE: II n'existe pas.
M. BURNS: D'ailleurs, c'est le ministre de l'Education, je pense
je ne veux pas être méchant à son égard...
M. CHOQUETTE: Oui, oui. Je pense que c'est le ministre de
l'Education.
M. BURNS: ... qui a perdu les pédales sur cette
affaire-là. Je me souviens, l'année pasée, aux
crédits du ministère de l'Education, je remplaçais mon
collègue de Saint-Jacques et c'est à moi, justement, qu'il avait
fait cette déclaration. Je lui demandais son avis sur ce fameux module.
Je me souviens que le ministre de l'Education, à ce moment-là,
nous avait dit: C'est une bande d'extrémistes, bla, bla, bla, etc. de
sorte que, semble-t-il, le ministre de l'Education a bloqué ce
module.
Pendant qu'on discute de l'enseignement du droit, est-ce que le ministre
de la Justice a eu à être consulté par le ministre de
l'Education sur la création de ce module? Soit dit en passant,
simplement pour rétablir des faits je ne veux pas partir à
la défense de ce module je sais que l'intention première,
connaissant un certain nombre de gens qui étaient à la base du
projet, était de créer un nouveau genre d'avocats. On sait que
l'aspect social du droit, les lois sociales en fait, n'est pratiquement pas
touché par les praticiens.
Par exemple, la Loi de l'aide sociale. Je pense qu'il y a très
peu d'avocats qui font des interventions en vertu de cette loi. Peut-être
qu'il y en aura plus, maintenant qu'il y a le système d'aide juridique,
mais en principe les avocats n'ont pas la tendance naturelle de défendre
des gens qui sont régis soit par la Loi du salaire minimum ou soit par
la Loi des accidents du travail. C'était un peu le but de ce module,
à l'origine, en tout cas.
M. CHOQUETTE: Le but, en soi, ne manque pas d'intérêt parce
que, moi-même, je me rends compte et je crois que l'aide juridique est
quand même un peu la preuve de cela; c'est qu'on avait besoin d'avocats
qui s'intéressent aux problèmes de droit qui concernent les gens
qui sont démunis et qui sont pauvres. Par conséquent, que des
avocats se spécialisent dans ce genre de droit, à mon sens c'est
excellent pour la société, c'est très sain.
Mais ce que je n'aimais pas dans ce qui ressortait un peu de la
documentation de ce module, c'est que, je ne sais pas, on aurait dit que cela
avait une tendance idéologique très prononcée du
côté du marxisme et je ne suis pas du tout un marxiste.
M. BURNS: On a vu ça le 29 au soir, par votre déclaration,
que vous n'étiez pas bien bien à gauche, vous non plus.
M. CHOQUETTE: Quand j'ai fait des déclarations, le 29 au soir,
j'ai décrit une situation de fait. Je ne me suis pas prononcé
moi-même. On m'a demandé pourquoi nous avions été
élus. Alors j'ai dit: Voici pourquoi nous avons été
élus. C'est tout.
Je n'ai pas pris d'engagement. Je ne me considère pas
nécessairement un homme de droite, malgré ce qu'on peut penser de
moi.
M. BURNS: J'ai compris que le ministre était grisé par sa
victoire, ce soir-là.
M. CHOQUETTE: Je n'étais pas grisé, j'étais
très calme.
M. BURNS: C'est une espèce de "power trip", comme on dit, que
j'ai vu chez le ministre.
M. CHOQUETTE: Non, non, non! Je comprends que, ce soir-là, le
député de Maisonneuve pouvait être déçu et
pouvait...
M. BURNS: Je dois confirmer au ministre que j'étais
déçu.
M. CHOQUETTE: Oui. Je ne lui en veux pas de me dire ça, mais moi
je n'ai pas cherché à provoquer même le
député de Maisonneuve, ce soir-là, par une attitude
triomphante à l'excès!
M. BURNS: Sur ce dernier point, est-ce que le ministre peut me dire s'il
y a eu consultation effectivement entre lui et le ministre de l'Education?
M. CHOQUETTE: Je ne sais pas si on a été consulté
au ministère de la Justice. Personnellement je n'ai pas
été consulté à ce sujet. Je crois que le curriculum
aussi qui a été offert par ce module était quand
même un peu discutable. C'est justement un des problèmes. C'est
bien beau de former des avocats sociaux, qui vont se spécialiser dans ce
domaine, mais il faut qu'ils aient quand même une formation
générale dans les différents domaines du droit.
Il n'y a pas seulement la Loi d'aide juridique, pas seulement la Loi des
petites créances, il y a tout. Il n'y a pas seulement les
problèmes des pauvres, en droit, il faut qu'un avocat ait une formation
générale. Je crois qu'à ce point de vue, le curriculum
offert par le module n'offrait pas la solidité voulue au point de vue de
l'ensemble des études de droit même s'il devait y avoir une
certaine possibilité de spécialisation de ce
côté.
Il y a un tas de facultés, même reconnues à l'heure
actuelle, qui ont des tendances... J'ai vu des curriculums où la vente,
en droit civil, c'est un sujet optionnel. Moi je trouve qu'un avocat doit
connaître les principes qui s'appliquent à la vente. C'est
fondamental.
C'est comme si on disait: Vous ne pratiquerez jamais le droit criminel.
C'est optionnel. Il arrive qu'à un moment donné on se retrouve
avec des facultés qui prennent toutes des tendances différentes,
et quand les étudiants sortent de ça et se présentent aux
examens du Barreau, ils ne sont pas préparés à
répondre aux questions qui vont leur être posées.
M. SAMSON: Je pense que le ministre a passablement raison. On peut en
venir à une formation de ce type d'avocat, qui ne se
spécialiserait qu'en matière sociale, si vous voulez. Je peux
vous dire qu'il y a d'excellents avocats populaires qui n'ont pas eu besoin de
passer par les facultés et qui font ce genre de travail
présentement. Ils sont spécialisés là-dedans et ils
vont vous réciter par coeur la Loi de l'aide sociale; mais ne leur
demandez pas autre chose, parce que là, vous allez les perdre
complètement.
Mon intervention est un peu dans ce sens, c'est qu'un avocat doit
être capable de répondre à tous les genres de demandes. Et
si, à l'avance, on prépare des modules pour former non pas le
praticien mais son idée, je pense qu'on est à côté
de la "track", en bon français. Le ministre l'a dit tantôt, tout
le monde devrait normalement avoir droit à ses idées, et
être respecté. Un étudiant peut ne pas avoir ces
idées et il va vouloir être avocat et vouloir étudier
à cette université-là. Je pense que c'est une question de
libre droit, à tous, à condition qu'ils remplissent les
conditions, avec les notes, etc., mais qu'on ne bloque pas...
C'est ce que j'ai trouvé, l'automne dernier, quand ç'a
été porté à mon attention. J'ai cru, du moins, que
ça risquait de bloquer des gens, non pas parce qu'ils n'auraient pas eu
les capacités de suivre ces cours, mais parce qu'ils n'auraient pas eu
l'idéologie requise. Dans ce sens, je trouve que, finalement, il y a
lieu de faire quelque chose, ou du moins d'y penser si ça se reproduit
pour ne pas qu'on en arrive ...
Et, d'ailleurs, est-ce que le Barreau s'est prononcé
là-dessus?
M. CHOQUETTE: Le Barreau était assez antipathique.
M. SAMSON: Assez antipathique. M. BURNS: On s'en doutait.
M. SAMSON: Cela peut peut-être relié au problème que
nous avons connu dernièrement, les étudiants contre le
Barreau.
M. CHOQUETTE: II n'y avait pas de liaison directe.
M. SAMSON: Peut-être pas de liaison directe, mais quand même
j'ai l'impression que ça ne met pas quelqu'un à l'aise quand on a
déjà des différences d'opinion comme ça. Vous ne
trouvez pas que ...
M. CHOQUETTE: II y avait peut-être des réticences
idéologiques en plus de critiques à l'égard du curriculum
qui a été offert par le module. Ce ne serait pas
étonnant.
Je ne vois pas de relation directe entre le problème de
l'accréditation de ce module d'étude juridique avec les
problèmes de grève parmi les étudiants. Pas du tout. Parce
que le fait est que des étudiants inscrits à l'école
professionnelle de droit et qui sortaient des facultés, aucun d'entre
eux ne sortait du module. D n'y avait pas de rapport entre les deux choses.
M. SAMSON: D'après vous, ils ne se sont pas parlé,
là-bas?
M. CHOQUETTE: Comment? Ah! ils peuvent toujours se parler.
M. SAMSON: Par esprit de solidarité, ça ne se pouvait
pas.
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez, non, je ne crois pas, vraiment, non,
non, pas du tout. Les étudiants qui ont fait la grève
étaient des étudiants qui sortaient des facultés; ils
peuvent avoir les idées qu'ils ont, cela ne veut pas dire qu'ils
faisaient la grève pour les gens du modules de l'UQAM, pas du tout.
M. BRISSON: Le député de Papineau.
M. ASSAD: Je voudrais savoir quelle relation existe entre le Barreau du
Québec et le corps professoral dans une université. Si mes
informations sont exactes, si vous voulez étudier le droit, il faut
être un élève à plein temps; donc,
pour un type qui, pour une raison financière, est obligé
de travailler, c'est impossible de suivre les cours de droit le soir.
M. BLANK: II n'y a pas de cours de droit le soir.
M. ASSAD: Non, mais pour quelle raison? Cela élimine beaucoup de
gens qui voudraient suivre un cours de droit et qui sont obligés de
travailler le jour. Est-ce que, dans le passé, ce n'était pas le
cas?
M. CHOQUETTE: Non, les heures de cours probablement, dans les
facultés doivent être autour de douze à quatorze
heures par semaine. Evidemment, l'étudiant est obligé de faire de
la recherche, préparer des examens en plus des quatorze heures de cours
proprement dit. Il y a beaucoup d'étudiants en droit qui travaillent
malgré tout à des emplois le soir ou autrement. Cela a toujours
été et je pense que ça continue.
M. ASSAD: Ce que je veux dire, c'est que pour celui qui est
obligé de travailler le jour, qui a un emploi régulier...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. ASSAD: ... mais qui voudrait suivre des cours le soir, ça
n'existe plus.
M. CHOQUETTE: Je ne connais pas de faculté qui donne des cours le
soir en droit. Il n'y en a pas, cela n'a jamais existé non plus.
M. ASSAD: Cela a déjà existé dans le passé.
M. BLANK: Pas ici, aux Etats-Unis ça existe.
M. CHOQUETTE: Aux Etats-Unis, comme "extension courses", dans
différentes universités.
M. BLANK: A l'N Y U., on donne des cours de droit le soir et à
Boston, mais ici, jamais. Ici, il y avait...
M. BURNS: II y a une époque où les cours se
donnaient...
M. BLANK: Oui.
M. BURNS: ... de huit heures à dix heures le matin et de quatre
heures à six heures le soir...
M. BLANK: Oui, mais...
M. BURNS: ... les vieux avocats comme moi ont connu ça.
M. BLANK: Moi aussi. Ici, à Québec, avant, je pense, 1925,
on pouvait passer l'examen du Barreau sans aller à l'université;
on faisait l'apprentissage chez un avocat et on pouvait passer l'examen du
Barreau après, sans aller à l'université. Mais c'est un
peu changé depuis.
M. ASSAD: Je prends l'Université d'Ottawa où on donne
encore des cours du soir, si je ne me trompe.
M. BLANK: Je ne sais pas, dans votre pays...
M. ASSAD: Mais pour quelle raison est-ce que...
M. BURNS: A l'Université d'Ottawa, on donne des cours seulement
au niveau du diplôme d'études supérieures, le soir.
L'année dernière, j'enseignais à l'Université
d'Ottawa à ce niveau puis je sais que c'est seulement au niveau du
diplôme d'études supérieures, parce qu'il y a
déjà des gens qui ont leur diplôme de droit, qui ont
déjà leur licence en droit.
M. ASSAD: Ne trouvez-vous pas qu'il y aurait une modification à
apporter là-dedans? Est-ce que ça n'élimine pas beaucoup
de gens, le fait qu'ils ne peuvent pas suivre des cours le soir? Cela pourrait
peut-être prendre neuf ou dix ans mais au moins il y a une chance.
M. CHOQUETTE: Cela demanderait des changements importants dans
l'organisation des cours; il faudrait avoir des professeurs qui enseigneraient
le soir. Est-ce qu'on a l'abondance de la population requise, comme aux
Etats-Unis, pour que des cours soient donnés dans certaines
facultés le soir? C'est une question sur laquelle on peut
s'interroger.
M. ASSAD: Je suis convaincu qu'il y en a. J'ai demandé au
ministre de l'Education et il m'a dit qu'il faudrait qu'il se penche sur cette
question.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Papineau veut
étudier le droit le soir?
M. BLANK: II pourrait fréquenter l'université Laval, il ne
travaille pas tellement fort ici.
M. BURNS: Je tends à partager...
UNE VOIX: II y en a peut-être une centaine qui seraient dans son
cas.
M. BURNS: ... l'opinion du député de Papineau sur cette
chose. Il y a évidemment beaucoup de gens qui, à un moment ou
à un autre, soit par le travail dans lequel ils sont engagés,
sentiraient le besoin pas nécessairement pour pratiquer
éventuellement le droit mais de parfaire leurs connaissances juridiques.
J'ai rencontré plusieurs personnes, en tout cas dans les milieux
syndicaux, qui ont les diplômes requis pour se présenter au niveau
universitaire et qui ne le peuvent pas, évidemment, parce que
le système de cours du soir n'existe pas. J'imagine qu'il y a
bien d'autres domaines où le milieu de travail incite l'individu
à prendre un cours de droit pour avoir des connaissances juridiques plus
poussées.
M. BLANK: Mais à Québec et Montréal... M. BURNS: Je
pense que le...
M. BLANK: La police de Montréal envoie certains constables
à l'université, en droit, notamment le député de
Sainte-Anne qui était officier de police...
M. BURNS: Oui, mais à ce moment-là...
M. BLANK: A ce moment-là, c'était payé par la
police de Montréal, à condition qu'il y retourne pour un certain
nombre d'années.
M. BURNS: D'accord, mais...
M. BLANK: Je ne sais pas si la police provinciale fait la même
chose.
M. BURNS: ... c'est l'employeur, à ce moment-là, qui prend
l'initiative de faciliter ces études à son employé.
M. BLANK: Est-ce qu'on fait ça à la police provinciale
aussi?
Est-ce qu'on envoie des...
M. CHOQUETTE: Oui, nous avons un cas. M. BLANK: Votre adjoint aussi?
M. SAMSON: Cela m'intéresse, M. le Président, ce que le
ministre vient de dire: Un cas. Est-ce que vous avez l'intention d'en avoir
plus?
M. CHOQUETTE: Moi, je trouve que c'est bon si les policiers veulent
s'inscrire dans les facultés de droit ou suivre d'autres cours. J'ai
mentionné, hier, que nous avons 2,000 policiers au Québec qui
prennent des cours de formation, de perfectionnement pendant qu'ils sont
policiers.
M. BURNS: Au niveau du CEGEP.
M. CHOQUETTE: Au niveau du CEGEP surtout. Mais il y en a à
l'université, il y en a à l'Institut de criminologie. Il y en a
en droit.
M. SAMSON: En ce qui concerne le droit, est-ce que vous avez, au niveau
du ministère, des facilités à offrir à certains
policiers?
M. CHOQUETTE: Je dois vous dire que nous n'avons pas de système
organisé pour permettre aux policiers d'aller suivre des cours sur
demande et de s'inscrire dans les facultés, mais, si un policier nous
dit: Je voudrais suivre le cours de droit, je voudrais m'inscrire à
telle faculté, mais ça va changer un peu ma capacité
d'être policier pendant les années d'études. On peut quand
même prendre certaines dispositions, mais par exception.
M. SAMSON: Est-ce qu'au niveau du ministère vous n'auriez pas
l'intention d'envisager justement un plan? J'imagine que ce serait utile pour
la Sûreté du Québec d'avoir à son service des
policiers avocats.
M. CHOQUETTE: Certainement que ce serait très utile. Maintenant,
il faut dire que, pour être admis dans les facultés de droit, il
faut quand même avoir un baccalauréat ou, enfin, avoir un
diplôme de CEGEP à l'heure actuelle. Or, il n'est pas requis
d'être diplômé de CEGEP pour entrer dans la police, à
tel point que la plupart de nos recrues qui entrent dans la police sont,
à l'heure actuelle, des gens qui ont complété leur 12e
année. C'est ça, la qualification de base qui est requise au
point de vue scolaire par les règlements de la Commission de police.
Evidemment, avec le nouveau système de formation
policière, qui va permettre d'entraîner les futurs policiers dans
les CEGEP, le problème peut se poser avec plus d'intérêt,
parce que nous aurons, à ce moment-là, des policiers qui ont
déjà leur CEGEP et qui, par conséquent, seraient aptes
à s'inscrire dans les facultés de droit. Alors, moi, je veux bien
étudier le problème et voir si nous pouvons satisfaire à
cette demande de la part de policiers diplômés de CEGEP qui
voudraient étudier le droit, parce que je crois que ce serait
très très bon que nous en ayons dans des corps de police.
Cela améliorerait la qualité.
M. SAMSON: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que, si au
niveau du ministère on avait un certain projet ou, si vous le voulez, un
plan qui permettrait ça, peut-être que ça pourrait
même influencer le recrutement. Les nouveaux agents de la
Sûreté du Québec pourraient peut-être venir avec une
meilleure formation sachant à l'avance qu'il y aura, pour eux, une
possibilité de faire carrière au sein de la Sûreté
du Québec, tout en étant avocats.
M. CHOQUETTE: II y a le directeur adjoint, M. Tellier, qui est
présent, qui est diplômé en droit et directeur adjoint de
la Sûreté. C'est une exception.
M. SAMSON: Je suis convaincu que, s'il avait des collègues, il en
serait sûrement heureux. Il a sûrement beaucoup de travail.
M. CHOQUETTE: On peut confier à M. Tellier le soin
d'étudier cette question pour nous faire des recommandations.
M. SAMSON: Ce n'est pas bête, ça.
M. CHOQUETTE: II devrait être sympathique à ça.
M. SAMSON: Ce n'est pas bête.
M. BURNS: Un autre point de la déclaration du ministre, qui je
dois dire, a retenu mon attention de façon spéciale et m'a rendu
suspicieux, ce fut d'entendre le ministre nous parler d'une direction
générale de la police. Est-ce que ce n'est pas jeter les bases,
dans le fond, d'un futur ministère de l'intérieur ou d'un futur
ministère de la police? Est-ce que c'est ça l'intention de la
structuration d'une direction générale de la police?
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas notre intention de former un
ministère distinct pour la police, mais la police quand même,
représente de plus en plus de problèmes à
différents niveaux, sous différents aspects. Je suis constamment
appelé à prendre des décisions dans des matières
qui intéressent la police.
Par exemple, au niveau syndical, ou soit en rapport avec des
décisions ou des politiques préconisées par la Commission
de police, je n'ai pas les outils et le personnel nécessaires pour
m'occuper de ces besoins au niveau policier. Je crois que le temps est venu
où il faut que le ministère ait un personnel
spécialisé et qui s'intéresse à ces
problèmes, qui puisse aider les autorités du ministère,
que ce soit le sous-ministre ou moi-même, à prendre des
décisions dans cet ordre d'idées. C'est ce qui inspire le fait
que nous n'avons pas l'intention du tout de former un ministère
particulier pour la police.
Les réactions des policiers mêmes ont été
négatives à cette idée. Les policiers
préfèrent quand même être intégrés
à un ministère de la Justice pour les différentes raisons
qu'ils ont déjà exposées.
M. BURNS: Je m'excuse. La raison principale pour laquelle je posais
cette question, c'est que je me souviens d'un certain livre blanc...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: ... que le ministre nous avait soumis il y a deux ou trois
ans. On y lisait que le ministre n'avait pas fermé la porte à la
création d'un ministère de l'intérieur. Je me souviens
même qu'à ce moment-là le ministre semblait avoir des
tendances vers la création d'un ministère de
l'intérieur.
C'est pour cela que je posais la question. Si c'est cette idée
qui revient, j'aimerais bien qu'on le sache.
M. CHOQUETTE: Je suis, en bonne partie, revenu de ces idées et de
ces tendances, en fait, plutôt pour satisfaire un peu les gens, les
policiers, les citoyens, tout le monde; malgré qu'il y a beaucoup de
pays où la police est dans un ministère distinct du
ministère du procureur général. L'Angleterre est un pays
parfaitement démocratique, je pense qu'on l'admettra, c'est le Home
Secretary qui s'occupe de la police, ce n'est pas le Attorney General.
La France, qui a peut-être un peu moins de tradition parfaitement
démocratique au sens de l'Angleterre, au moins, a quand même un
ministère de l'Intérieur distinct du ministère de la
Justice. Alors, les deux thèses se défendent. L'avantage de la
formule actuelle, c'est qu'elle regroupe au sein d'un ministère tous les
services de la justice; voilà un avantage quand on pense à
l'administration en général. Par contre, cette situation a une
tendance à grossir les responsabilités des administrateurs, soit
du ministre, des sous-ministres ou des hauts fonctionnaires. On peut envisager,
sous certains aspects, qu'il peut être intéressant de former un
ministère distinct, mais je le dis bien franchement au
député de Maisonneuve, il n'y a aucune espèce d'aspiration
à l'heure actuelle de former un ministère distinct. C'est
simplement pour avoir le personnel requis pour faire face aux besoins de la
police et voir à la coordination, nous aider à énoncer une
certaine politique de l'action de la police; dans un certain nombre de
domaines, souvent, c'est controversé.
M. BURNS: Je prends la parole du ministre. Je me demandais simplement si
on n'était pas en train de créer un ministère pour un
ancien procureur de la Gendarmerie royale.
M. CHOQUETTE: J'aimerais savoir...
M. BURNS: Est-ce qu'il y a des députés qui ont
déjà été procureur de la Gendarmerie royale?
M. CHOQUETTE: Oui, oui, je comprends; vous parlez d'un absent.
M. BURNS: C'est pour cela que je ne le nomme pas.
M. CHOQUETTE: Pas du tout, il ne s'agit pas de cela. Je peux
sûrement dire au député de Maisonneuve qu'il n'est pas
question de cela, d'aucune façon.
M. BURNS: Un autre point qui a retenu mon attention dans les remarques
préliminaires du ministre concerne les procureurs permanents. J'ai
entendu, avec beaucoup de satisfaction, le ministre nous dire que le
ministère tentait d'intensifier le recours à des procureurs de la
couronne permanents. Naturellement, j'encourage le ministre, en tout cas au nom
de l'Opposition officielle, à continuer à intensifier cette
tendance-là.
Je lui demanderais même d'aller beaucoup plus loin qu'il va
actuellement pour en arriver un jour, j'espère, où les procureurs
permanents
ou les substituts du procureur général permanents
s'occupent de toutes les causes à caractère pénal mais qui
ne relèvent pas directement du code criminel, comme, c'est
peut-être le cas où le ministère a recours le plus souvent
à des avocats de pratique privée, lors d'infractions au code de
la route. Est-ce l'intention du ministère de ramener ou de donner
à des procureurs permanents ce mandat de défendre au nom du
procureur général les causes en vertu du code de la route ou
d'autres lois statutaires qui ont un caractère pénal?
M. CHOQUETTE : Le problème pratique qui se pose à nous
c'est jusqu'à quel point pouvons-nous recruter des procureurs permanents
pour s'occuper de ces causes. C'est un problème qui se pose sur le plan
pratique. Actuellement, nous avons un certain nombre de nos procureurs
permanents qui s'occupent de ces causes statutaires dont parle le
député de Maisonneuve, mais souvent ces causes sont
données d'un autre côté à des avocats de la pratique
privée. Et là c'est plutôt la question de recrutement de
procureurs qui est l'obstacle, je pense bien, à ce que nous recrutions
un grand nombre d'autres procureurs pour s'occuper de ces problèmes.
Me Desjardins me dit que, partout où le procureur de la couronne
a le temps de s'occuper des causes statutaires, il s'en occupe. Ce n'est que
dans les districts où les procureurs sont débordés que
nous remettons ces causes aux avocats de la pratique.
M. BURNS: Est-ce que le ministre peut nous assurer qu'un effort va
être fait au ministère pour aller dans cette direction? Je veux
bien croire que cela va priver "le ministère d'un moyen de remercier ses
amis politiques mais, à part ces faits, est-ce que le ministre nous
assure que son ministère va tenter davantage d'engager des procureurs
permanents pour qu'il puisse en arriver un jour à ne plus
déléguer à des avocats de pratique privée le soin
de défendre ces causes?
M. CHOQUETTE: J'ai souvent envisagé cette politique mais, comme
j'ai dit au député de Maisonneuve, il y a le côté
pratique du recrutement de nos procureurs. J'aimerais intensifier le
recrutement de procureurs permanents pour les fins des causes criminelles,
parce que nous n'en avons pas assez, à l'heure actuelle. Nous avons eu
des difficultés de recrutement pendant longtemps, parce que nos
échelles de traitements n'étaient pas suffisantes, parce que ceci
ne nous permettait pas de recruter des procureurs d'expérience à
tel point que les problèmes que nous avons au niveau de la couronne,
comme on dit communément, c'est que nous avons beaucoup de jeunes
avocats de deux ans, trois ans de pratique. Nous avons assez peu d'avocats de
cinq et dix ans de pratique.
M. BURNS: Arrêtez de les nommer juges.
M. CHOQUETTE: Quand vient le moment, quand un avocat a été
procureur de la couronne pendant dix ans ou même douze ou quinze ans,
cela devient très dur pour un avocat de remplir la tâche de
requérir constamment des sentences devant les tribunaux. Je crois que
c'est une fin de carrière assez normale pour nos bons procureurs de la
couronne de les nommer juges.
M. BURNS: C'est en blague que j'ai dit d'arrêter de les nommer
juges. C'est sûrement une des sources de bonnes nominations, en tout cas,
selon mon expérience récente.
M. CHOQUETTE: Mais il y a le problème pratique, comme j'ai dit au
député de Maisonneuve, c'est que nous avons déjà
des difficultés de recrutement pour les fins de notre propre couronne.
S'il faut que je me lance dans le pénal tout de suite pour le donner
à des avocats permanents, cela causera encore des problèmes.
M. BURNS: Pendant qu'on est sur ce sujet des procureurs de la couronne,
voici un aspect qui m'intéresse en particulier. Est-ce qu'il y a au
ministère une politique parce qu'il y a de plus en plus de femmes
qui se mettent à pratiquer le droit de voir qu'il y ait une
représentation normale des femmes au sein du groupe de substituts au
procureur de la couronne?
M. BLANK: ... à Montréal, il y en a une.
M. BURNS: Oui, je sais qu'il y en a une à Montréal, mais
je me demande s'il y en a beaucoup actuellement, je pense que c'est la
seule.
M. CHOQUETTE: II n'y en a pas beaucoup.
M. BURNS: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire combien il y
a de femmes qui sont procureurs de la couronne?
M. CHOQUETTE: Je crois qu'il y en a une seule. Mlle Lise Pominville, de
Montréal, est la seule avocate. Mais nous n'avons sûrement aucune
objection à recruter des femmes avocates pour être substituts du
procureur général.
Si on déborde un peu le cadre des substituts du procureur
général et du domaine criminel pour tomber dans le domaine civil,
nous avons pas mal d'avocates dans notre contentieux civil. Le directeur du
contentieux civil est une femme, qui a été nommée
récemment. Le directeur du contentieux du ministère de
l'Education est une femme. Nous en avons au contentieux du ministère du
Travail. Le directeur du contentieux du ministère des Affaires sociales
est une femme. Par conséquent, nous n'avons rien contre les femmes, au
ministère de la Justice.
M. BURNS: Tant mieux!
M. SAMSON: Le ministre a souligné tantôt, dans ses
difficultés de recrutement, le traitement. Je voudrais demander au
ministre s'il y a eu des changements.
M. CHOQUETTE: Oui, il y a eu de très importants changements quant
au traitement des substituts du procureur général et quant au
traitement des conseillers juridiques dans la fonction publique. A la suite de
certaines initiatives qui ont été prises au ministère, le
recrutement des substituts du procureur général passe maintenant,
en vertu de certains amendements apportés à la Loi des substituts
du procureur général, par un mode de nomination et de recrutement
différent de celui de la fonction publique. Nous avons institué
un système de jury pour interviewer les candidats qui font une demande
d'emploi, jury qui est composé, je crois, du sous-ministre ou de son
représentant, du sous-ministre adjoint aux affaires criminelles et
d'autres personnes au sein du ministère de la Justice. Par
conséquent, nous ne dépendons pas de la fonction publique pour le
recrutement des substituts du procureur général.
La nomination des substituts se fait, après qu'ils ont
passé devant ce jury, par le ministre de la Justice. Donc, nous avons
évité les embûches, souvent assez considérables et
lourdes, du recrutement traditionnel par la fonction publique. Ceci nous a
permis de faire un recrutement très intense de procureurs de la
couronne, récemment. D'autant plus que, pour ce qui est des traitements,
nous avons amélioré considérablement les traitements de
nos procureurs de la couronne, ce qui a amené même pas mal de
candidatures, récemment.
Quant aux conseillers juridiques dans nos ministères, là
nous avons négocié avec eux malgré que ce n'était
pas une négociation au sens du code du travail parce que, apparemment,
nous ne sommes pas tenus de négocier avec eux leurs conditions de
travail. Mais, cela ne fait rien. J'avais rencontré l'Association des
procureurs de la couronne. Par la suite, j'ai rencontré l'Association
des conseillers juridiques. Après discussions, nous en sommes venus
à des accords sur les échelles de traitement, qui ont
été entérinés par des arrêtés en
conseil qui ont fixé leurs conditions de travail. Ils ont
été satisfaits, de part et d'autre, de ce que le gouvernement
leur a donné.
M. SAMSON: Cela veut dire quoi? Le traitement actuel comparativement au
traitement précédent.
M. CHOQUETTE: Pour les substituts du procureur général, je
vais vous donner les chiffres, le plus bas traitement est de $9,500 et le plus
haut, de $27,500. Mais je crois que les procureurs chefs ont plus que
ça. Le plus haut chiffre est de $27,500. Mais cette échelle est
en train d'être révisée pour être adoptée
incessamment, rétroactivement au 1er janvier.
Alors, il y aura une amélioration du côté des
procureurs de la couronne.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre ne trouve pas que $9,500 c'est un
montant pas mal bas?
M. CHOQUETTE : II est peut-être un peu bas mais il nous permet
quand même de recruter des candidats assez valables. Il ne faut pas
oublier que l'avocat à $9,500 c'est un avocat qui n'a pas
d'expérience. C'est un avocat qui vient d'être admis au Barreau.
Alors, on ne peut pas dire que c'est risible ou ridicule que d'offrir à
un avocat sans expérience $9,500. Je comprends qu'un policier...
M. SAMSON: Oui, oui. Mais ce que je veux dire au ministre...
M. BURNS : Je dois dire que c'est même plus que ce qu'un avocat
qui commence s'attend à...
UNE VOIX : Dans la pratique privée.
M. CHOQUETTE: Retirer.
M. BURNS: ... gagner en pratique privée.
M. SAMSON: Ce que j'ai cru comprendre tantôt, c'est que le
ministre tentait de faire des efforts pour recruter des avocats ayant
déjà des années de pratique.
C'est vers ça que vous visez le plus, je pense.
M. CHOQUETTE : Oui.
M. SAMSON: C'est plus intéressant, en tout cas.
M. CHOQUETTE: Oui. Cependant, pour ce qui est des avocats qui ont de
l'expérience, c'est évident que nous ne les embauchons pas
à $9,500. Ils peuvent être embauchés à $15,000,
à $20,000.
M. SAMSON: Autrement dit, est-ce que je comprends bien le ministre
lorsqu'il dit qu'il a le pouvoir de décider quel est le traitement qui
sera offert à un procureur, entre $9,500 et $27,000, suivant
l'expérience du procureur avec qui vous faites affaires? C'est ce que je
comprends.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. SAMSON: Cela me donne satisfaction.
M. CHOQUETTE: Exactement. Parmi les avocats qui ne sont pas procureurs
de la couronne, mais qui sont membres de contentieux, les échelles
actuelles sont de $9,000 à $21,700 et vont être modifiées
incessamment pour être de $9,500 à $22,700.
M. SAMSON: D'accord.
M. le Président, à moins qu'il y ait un autre sujet que le
député de Maisonneuve veuille aborder...
M. BURNS : Oui, oui. Je vais vider le sujet, si vous voulez, qui a
été suggéré par la déclaration du
ministre.
Je me suis arrêté, entre autres, à ces objectifs
législatifs qu'il nous a mentionnés, et, entre autres, à
la charte québécoise des droits. J'ai remarqué,
récemment, que le ministre avait déclaré que maintenant on
va régler les problèmes linguistiques, dans ce gouvernement
social-démocrate, par l'entremise d'une loi sensationnelle on
l'attend toujours avec impatience et qu'il avait la voie libre pour
présenter sa charte des droits.
J'aimerais savoir si le ministre a l'intention de nous soumettre son
projet au cours de la présente session. Si oui, à quelle
période? Est-ce que ce serait avant l'ajournement
d'été?
M. CHOQUETTE: Probablement, mais la présentation de ce projet de
loi viendra à peu près en même temps que la
législation sur la langue.
M. BURNS : Est-ce que déjà, le projet de charte a
été soumis au conseil supérieur de la justice?
M. CHOQUETTE: Au conseil consultatif.
M. BURNS: Au conseil consultatif, je m'excuse.
M. CHOQUETTE: Oui. Actuellement, le Conseil consultatif de la justice
étudie le projet de charte. Le conseil consultatif avait formé un
sous-comité sur cette charte, il y a un certain temps. Lorsque nous
avons renouvelé le personnel du Conseil consultatif de la justice, qui
est maintenant présidé par le bâtonnier Jean Moi-san, qui a
remplacé M. Maxwell Cohen, lorsque nous avons recomposé, dis-je,
le conseil consultatif, en janvier, nous lui avons demandé de
s'intéresser en priorité à la charte des droits de
l'homme. Il y a déjà eu une réunion complète sur
cette question, il y a une semaine environ. Une autre est prévue en
avril et d'autres par la suite, de façon à avoir l'avis du
conseil consultatif.
Permis d'alcool
M. BURNS: Dans l'autre projet de loi que le ministre a mentionné,
comme comportant un objectif législatif à court terme, il y avait
la loi des alcools. Le ministre a fait allusion aux délais actuels qui
existent dans la discussion, ou le traitement des requêtes de permis
d'alcool.
Encore là, je partage l'avis du ministre. Il y a actuellement
énormément de délais. Même dans le cas de simples
transferts qui, comme on le sait, n'existent pas techniquement. On abolit le
permis mais on accorde un nouveau permis. Je pense qu'on a intérêt
à légiférer le plus rapidement possible là-dedans.
Je connais, entre autres, des commerçants, des cabaretiers qui sont
placés dans des situations difficiles, au point de vue financier,
lorsqu'ils vendent, par exemple, leur commerce et qu'ils sont obligés de
continuer à fonctionner pendant toute la période où on
attend le transfert du permis, le transfert au sens large du mot.
Est-ce que le ministre peut nous dire quand il a l'intention d'apporter
ces amendements à la Loi des alcools?
M. CHOQUETTE: Dès la reprise des travaux après les
vacances de Pâques, parce que je regrette beaucoup les délais que
nous subissons à la Commission de contrôle. Ils sont attribuables
au fait que la Commission de contrôle a vu un certain nombre de ses
membres devenir malades au cours de l'automne dernier, à d'autres causes
qui sont pertinentes au personnel.
Mais ceci, même si ça excuse les retards, n'est
sûrement pas une situation qu'il faut tolérer. Nous avons
dépêché du personnel additionnel, à la demande du
juge Trahan, récemment pour l'aider à accélérer
l'émission de permis, lorsque c'est légitime. Nous allons
apporter ces amendements législatifs dès la reprise des travaux
vers le 30 avril.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
ministre s'il aurait l'intention de convoquer la commission parlementaire pour
nous permettre de discuter avec les dirigeants de la Commission de
contrôle avant que le projet de loi soit déposé ou avant
qu'on ait à le discuter en deuxième lecture, par exemple?
Je pense que ce serait assez intéressant de pouvoir discuter avec
le juge Trahan et les autorités de ces amendements que vous entendez
apporter. Cela nous ferait connaître leur point de vue et on tenterait,
en discutant avec eux, de déterminer aussi quels genres de
problèmes ils ont connus à l'utilisation de la loi telle qu'elle
est présentement. Je pense que ce serait valable.
M. BURNS : Je partage entièrement l'avis du député
de Rouyn-Noranda. Particulièrement le juge Trahan, avec
l'expérience de ces dernières années qu'il a à la
Commission de contrôle, pourrait nous être très utile comme
guide dans une future loi.
M. SAMSON: II y a sûrement un urgent besoin de changement, mais il
y a toujours le risque, si on n'a pas toutes les informations, qu'on accepte
des changements qui finalement, peut-être, ne rendront pas tellement
service.
M. CHOQUETTE: Je n'aurais pas d'objection, une fois que le bill sera
déposé...
M. SAMSON : Avant la deuxième lecture.
M. CHOQUETTE: ... que nous ayons l'occasion d'examiner le bill avec le
juge Trahan et les membres de la Commission de contrôle des permis
d'alcool. Mais je ne voudrais pas m'enga-ger à tenir des séances
de la commission parlementaire pour entendre tous les secteurs de l'industrie,
parce que, si on se lance là-dedans, on ne pourra pas apporter les
amendements dans un délai assez raisonnable pour contribuer au
règlement de la situation.
D'ailleurs, d'après l'allure des modifications qui sont
prévues, je ne crois pas qu'elles soient de nature à soulever
tellement de controverses et de discussions dans les différents secteurs
de ce domaine qu'est la vente des alcools.
M. SAMSON: Je partage un peu l'idée du ministre quand il
s'inquiète un peu de convoquer une commission parlementaire aux fins de
permettre à tous ceux-là qui auraient quelque chose à dire
là-dessus de venir devant nous. Je pense que vous avez raison lorsque
vous dites que ça pourrait retarder. Il y a des urgences.
La situation nous permet, en tout cas, de dire que c'est assez urgent de
ce côté; il ne faut pas que ça retarde trop. Mais la
suggestion que je veux faire au ministre, c'est celle de nous permettre de
rencontrer en commission parlementaire les représentants de la
Commission de contrôle des permis avant la deuxième lecture et
avant qu'on ait, en tant que membres de l'Opposition, à se prononcer sur
le principe de ce qui nous est présenté.
Je pense que ce serait extrêmement valable pour tout le monde.
M. CHOQUETTE: J'accepte cette suggestion et j'y donnerai suite
aussitôt après le dépôt du projet de loi, soit avant
ou après la deuxième lecture.
M. SAMSON : Je m'excuse, mais je voudrais insister pour demander au
ministre que ça se fasse avant la deuxième lecture. Après
le dépôt de première lecture, d'accord, on aurait le bill
en main, mais avant la deuxième lecture parce qu'on va nous demander de
nous prononcer sur un principe. Je pense qu'il serait valable qu'avant de se
prononcer sur ce principe on puisse discuter avec les autorités de la
Commission de contrôle.
M. CHOQUETTE: Je ne vois pas d'objection à suivre la suggestion
du député de Rouyn-Noranda, à moins qu'il n'y ait des
facteurs qui m'échappent au moment où je vous parle.
M. SAMSON: M. le Président, c'est le petit "à moins que"
que je n'aime pas.
M. CHOQUETTE: Non, mais je veux dire que ça se peut...
M. BURNS: J'ai l'impression que les craintes du ministre sont au niveau
du fait que, si on réfère un projet de loi à une
commission parlementaire après la première lecture, il y a une
série de procédures que nos règlements exigent de suivre,
tels que des avis dans la Gazette officielle, etc.
Mais, pour ma part, je peux assurer le ministre que je consentirai
à ce qu'on mette de côté ces procédures de
consentement, si c'est pour hâter les travaux. Mais je pense que la
suggestion du député de Rouyn-Noranda se tient, en ce sens que,
si on doit consulter une autorité du milieu, de la commission des permis
d'alcool, c'est peut-être bon de le faire avant la deuxième
lecture, quitte à ne pas suivre toute la longue procédure des
avis dans la Gazette officielle, etc., après la première
lecture.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. SAMSON: M. le Président, ce que je veux, en fait, ce n'est pas
de retarder parce que je trouve que c'est urgent. Mais c'est d'être mis
devant tous les faits, en connaissance de cause, pour qu'on puisse participer
à ce débat de la façon la plus positive possible.
M. SYLVAIN: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, c'est situé plus du côté administratif de
la Commission de contrôle des permis d'alcool; on s'aperçoit
d'après l'expérience, si on remonte à six mois, que les
pouvoirs décisionnels ont été centralisés à
Montréal et que les commissaires qui sont à Québec n'ont
que des pouvoirs administratifs. Quel est le fondement de cette décision
de centraliser les services à Montréal?
M. CHOQUETTE: D'abord parce que nous n'avons qu'un commissaire à
Québec; deuxièmement, parce qu'il n'y avait que quatre
commissaires à la Commission de contrôle des permis d'alcool, en
tout et partout; troisièmement, parce que, à un moment
donné, des analystes qui faisaient du travail sur les dossiers, ici
à Québec, ont quitté la fonction publique et nous n'avions
plus de service d'analyse ici à Québec, en pratique;
quatrièmement, parce que le juge Trahan tenait à une certaine
uniformité dans le traitement des dossiers. Or, tous ces facteurs
additionnés les uns aux autres ont fait qu'à un moment
donné il a été jugé opportun de faire faire les
analyses à Montréal, quitte à conserver un bureau ici
à Québec.
Maintenant, sur le plan administratif, pour l'avenir, c'est une
matière que vous pourrez certainement discuter avec le juge Trahan au
moment où nous l'inviterons à venir à la commission
parlementaire. Alors, je vous suggère de réserver votre question
pour ce moment.
M. SYLVAIN: La seule remarque que j'aurais à faire c'est qu'avec
la centralisation des pouvoirs décisionnels à Montréal la
région de Québec et les réquérants sont bien loin
des dossiers et ça apporte des ennuis et des réponses
trop faciles; le dossier est au centre d'analyse à
Montréal...
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. SYLVAIN: Je veux dire que les services qui étaient
donnés avant que cela se fasse, pour Québec et la région,
à mon sens, étaient bien meilleurs.
M. CHOQUETTE: Enfin, on peut sûrement avoir un bon débat
sur cette question avec le député de Beauce-Nord, mais je lui
suggère de garder ceci en réserve pour les réunions de la
commission, quand nous rencontrerons les membres de la Commission de
contrôle des permis d'alcool.
M. SYLVAIN: Merci.
M. BURNS: J'ai un autre point, M. le Président. Le rapport du
vérificateur général pour l'année 1972 avait fait
un certain nombre de constatations concernant particulièrement les
problèmes comptables, si vous voulez, au sein des greffes. Je peux vous
en citer un, par exemple, directement du rapport du vérificateur,
à la page 2-123, où on lit ceci: "A la suite de notre
vérification, nous désirons faire part des commentaires suivants:
premièrement, les sommes en dépôt dans les greffes des
cours de justice et non inscrites aux livres du ministère, en date du 31
mars 1972, forment un montant que nous estimons à $2.5 millions. Il
s'agit de cautionnements, d'amendes, de frais de cours acquittés, de
dépôts volontaires, etc." Il y a une série de remarques de
cette nature dont j'ai fait grâce; il y a exactement huit paragraphes,
par exemple, de comptes à payer pour une somme d'au moins $800,000 qui
n'ont pas été inscrits aux livres du 31 mars 1972 et qui ont
été acquittés à même les crédits de
1972/73.
Est-ce qu'il y a eu des dispositions qui ont été prises au
ministère pour corriger cette situation, un peu comme le suggère
le vérificateur général dans son rapport de l'année
dernière?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président, nous avons donné suite
aux observations du vérificateur de la province, à la suite de
son rapport; nous avons abordé les quatre points principaux de critiques
formulées par le vérificateur, soit la comptabilisation des
comptes à payer, le contrôle interne concernant les revenus, le
programme de vérification interne et le compte contingent de la
Sûreté du Québec.
Tout d'abord, nous avons envoyé des instructions à tous
les membres de la Fonction publique du ministère de la Justice dont les
fonctions sont de gérer des fonds au sein des services du
ministère. Ces instructions faisaient suite à des politiques
adoptées pour remédier aux critiques ou pour donner suite aux
suggestions du vérificateur de la province. En particu- lier, nous avons
renforcé le contrôle interne concernant les revenus et les
recettes. Pour ce qui est des revenus, des instructions ont été
données à nos gestionnaires de faire les dépôts dans
les plus brefs délais, après leur réception. Une rencontre
a été organisée avec tous les directeurs régionaux
des greffes. Cette réunion a eu lieu à Sherbrooke, il y a une
semaine et demie, et nous y avons donné des instructions très
précises sur le sujet. Cette réunion faisait suite ou
était simultanée à des instructions données par le
directeur général des greffes à l'égard de nos
percepteurs de revenu dans les divers services de la Direction
générale des greffes.
M. BURNS: En somme, la situation est corrigée, selon les
recommandations du vérificateur général.
M. CHOQUETTE: Exactement. Nous avons, me dit-on, donné suite
à toutes les suggestions du vérificateur de la province.
M. BURNS: Un autre point à caractère
général. Le ministre nous a parlé d'un livre blanc et,
d'ailleurs, je pense qu'il en avait déjà parlé à
l'extérieur de la Chambre, même avant la session. Il semble que,
comme le disait le ministre, une des choses que ce livre blanc suggère,
c'est la création d'un nouveau genre de juges, si vous voulez, pour les
commissions administratives. Est-ce que le ministre ou les auteurs du livre
blanc j'imagine que le ministre ne l'a pas rédigé tout
seul ont tenu compte du programme de recherche sur la justice
administrative à l'université Laval? Est-ce qu'on s'est servi de
ça, si vous voulez, comme source de renseignements avant la
rédaction du livre blanc?
M. CHOQUETTE : Je crois que le programme, qui a été mis en
marche à l'université Laval, je pense, sous l'autorité de
M. Patrice Garant, n'est pas complété à l'heure actuelle,
suivant les informations que je possède, c'est-à-dire que vous
avez un programme qui n'a pas abouti complètement. Personnellement, je
ne connais pas les conclusions auxquelles le groupe de Laval, dirigé par
M. Garant, est arrivé. Je peux dire au député de
Maisonneuve que nous subventionnons M. Garant dans une certaine mesure; je ne
dis pas sur l'ensemble de ses travaux mais nous le subventionnons en partie
dans ses travaux.
M. BURNS: Ce serait peut-être une bonne chose que les gens que
vous subventionnez soient utilisés comme moyen d'information pour
construire ce livre blanc.
M. CHOQUETTE : Sans aucun doute.
M. BURNS: Egalement, toujours sur l'histoire du livre blanc, est-ce
l'intention du ministre d'envisager aussi, comme nous le réclamons,
nous en tout cas, depuis quelques années, une réforme
complète et globale de la magistrature? Ou bien, est-ce que le ministre
n'a que l'intention de créer ce nouveau genre de juge?
M. CHOQUETTE: Non, le livre blanc a quand même une portée
beaucoup plus grande que celle du premier sujet mentionné par le
député de Maisonneuve. Le livre blanc a l'ambition d'examiner
l'ensemble des problèmes actuels du système judiciaire
québécois incluant le rôle de la magistrature, le mode de
nomination, le mode de discipline et tous les autres aspects, le délai
judiciaire, l'intégration de certains tribunaux dits administratifs
à l'heure actuelle au système judiciaire, lorsque ces tribunaux
ont une fonction principalement judiciaire à l'analyse de leur travail,
le district judiciaire également. En fait, il veut examiner le
fonctionnement du ministère de la Justice.
M. BLANK: Est-ce que le ministre peut nous dire si la promesse de
nomination du député de Maisonneuve comme juge serait un droit
acquis ou serait sujette aux nouvelles règles du livre blanc?
M. CHOQUETTE: Vous voulez savoir, en somme, M. le député
de Saint-Louis, quel serait le mode de nomination qui pourrait s'appliquer au
moment où le député de Maisonneuve postulera un poste de
juge.
M. BLANK: C'est cela. Avec la promesse du premier ministre.
UNE VOIX: Ils vont peut-être te nommer juge.
M. BURNS: Quoi?
M. BLANK: Je vous ai demandé si le député de
Maisonneuve...
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais souligner la surprise du
député de Maisonneuve.
M. BLANK: Je demandais si la promesse de nomination de juge au
député de Maisonneuve, par le premier ministre, serait sujette
aux nouvelles règles ou si ce serait un droit acquis, avec les modes
d'aujourd'hui. C'est cela que je veux savoir du ministre.
M. BURNS: Voulez-vous dire avec l'ancien salaire ou le nouveau salaire?
D'ailleurs, le juge Laperrière est là, je ne peux pas discuter
trop de cela. Je me sens un peu mal à l'aise de le faire. D'ailleurs, je
ne sais pas s'il voudrait m'avoir comme collègue. Il faudrait
peut-être le lui demander, à un moment donné. Passons.
M. SAMSON: J'aimerais demander au ministre s'il envisage, avant
longtemps, une modification au système soit de nomination des juges ou
encore s'il envisage, avant longtemps, la ques- tion que nous lui avons
déjà suggérée: la rotation des juges, par exemple.
Je sais que nous avons, à plusieurs occasions, suggéré
cela au ministre, notamment lorsqu'il a été question du
traitement des juges, en décembre, et il en a été encore
question. Le ministre, à chaque fois, nous a laissé entendre, si
ma mémoire est fidèle, que cela viendrait avant longtemps. Je
crois savoir qu'il y aurait un livre blanc mais j'ai l'impression que cela
risque de retarder. Est-ce que vous n'auriez pas, quand même, des
suggestions pour modifications, avant trop longtemps?
M. CHOQUETTE: Qu'est-ce que vous appelez la rotation des juges?
M. SAMSON: Ce que j'ai déjà appelé la rotation des
juges c'est de permettre, par exemple, que des juges de district soient
appelés à changer d'endroit à certaines périodes,
notamment pour protéger les magistrats qui, je pense, pourraient
être victimes, dans certains cas, de pressions indues parce que trop
longtemps au même endroit.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tellement les pressions indues. Je crois
que...
M. SAMSON: Je voudrais bien me faire comprendre. Il n'est pas question
pour moi d'accuser qui que ce soit. Je pense que nous recherchons tous une
possibilité que les magistrats soient au-dessus de tout.
M. CHOQUETTE: Oui. Le député de Rouyn-Noranda, je crois,
indique un problème réel qui est ressenti souvent au niveau du
Barreau et des justiciables. Lorsqu 'un juge siège constamment, pendant
des années, dans le même district judiciaire, ceci a pour tendance
d'amener une administration de la justice qui peut prendre des tangentes...
M. SAMSON: Régionales.
M. CHOQUETTE: ... régionales par rapport à l'ensemble
québécois. Je suis parfaitement d'accord avec lui qu'à la
fois pour les avocats et pour les justiciables il y a tout intérêt
qu'un juge sorte de son district judiciaire pour aller ailleurs et que, dans
son district judiciaire, il soit remplacé, à l'occasion ou
même assez fréquemment, par des juges venant d'autres districts
judiciaires.
Ceci a pour effet d'uniformiser un peu l'administration de la justice et
éviter qu'à un moment donné, on se trouve devant les
attitudes constantes de la part d'un juge qui soient discordantes par rapport
à des collègues du même tribunal. C'est sûrement une
chose que nous faisons à l'heure actuelle. Evidemment, j'admets qu'il y
a des districts judiciaires éloignés, comme ceux qui sont proches
de la région que représente le député de
Rouyn-Noranda où il y a des juges nommés pour ces districts
qui
demeurent assez fréquemment dans les mêmes districts
judiciaires. Par contre, dans ces mêmes districts judiciaires, le Barreau
me demande souvent de nommer des juges résidents et permanents justement
pour avoir des juges sur place, qu'ils soient plus disponibles que les juges
venant de Montréal et de Québec. Alors il faut quand même
tenir compte des deux aspects.
M. SAMSON : M. le Président, ce que je veux dire est
peut-être un peu différent de ce que souligne le ministre. Que le
Barreau vous demande de nommer des juges permanents et résidents, je
n'ai rien contre ça. Mais permanents et résidents peut vouloir
dire permanents et résidents pour trois ans et ça peut vouloir
dire permanents et résidents pour trente ans, ce qui est
différent et ce qui pourrait amener des différences aussi. Parce
qu'il faut considérer que même si on est juge, on a une vie
sociale à vivre, on a une famille aussi on a toutes ces
choses-là, puis si on est trop longtemps au même endroit, compte
tenu de ce qui se présente devant la Cour, il peut arriver qu'un juge
soit peut-être mal à l'aise, parce qu'il a à rencontrer des
gens dans la rue comme tout le monde, même s'il est juge. De cette
façon, le système de rotation auquel nous avons fait allusion ne
veut pas dire que notre idée suggérée est parfaite, au
contraire, mais je pense que cela lance un débat qui est quand
même important. Le système de rotation pourrait vouloir dire, par
exemple, qu'après trois ou quatre ans, un juge puisse changer de
district en devenant résident et permanent dans un autre district, avec
les compensations que cela exigerait. Bien entendu, cela coûterait plus
cher au ministère de cette façon, mais je pense que les
dépenses supplémentaires occasionnées vaudraient le
coup.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tellement la question du coût qui est
un problème, c'est la question souvent du recrutement sur place de
candidats qui aient les qualités requises pour être juges.
Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que dans des Barreaux, il n'y a pas de
candidats dans certains endroits qui sont valables; je ne dis pas que ceci est
une règle générale et qu'on peut dire qu'il y a beaucoup
de Barreaux où il n'y a pas de candidats valables. Mais par contre, il y
a des endroits où on a un peu plus de difficultés au point de vue
du recrutement que d'autres. Quand on a un bon candidat dans un district
judiciaire, souvent le ministère considère qu'il va. accepter
d'être nommé à cet endroit. C'était un avocat qui
venait de cet endroit, sa famille et ses amis étaient de cet endroit.
Aller un peu artificiellement le déraciner au nom du principe de la
rotation, et en chercher un autre dans le Barreau local pour le remplacer,
souvent, ça ne représentera pas nécessairement un
progrès pour l'administration de la justice dans ce district judiciaire.
Le député de Rouyn-Noranda doit quand même avoir ce point
en considération. Si on a un juge qui fonctionne bien dans un district
judiciaire, qui est apprécié des avocats, qu'il a une excellente
réputation au point de vue des justiciables, au nom d'un simple principe
de rotation, enlever cet actif à l'administration de la justice à
cet endroit, ce n'est pas un progrès pour la justice.
M. SAMSON : M. le Président, je voudrais que le ministre me
permette d'ouvrir une petite parenthèse. Il y a des juges qui ne sont
pas appréciés des avocats, mais qui sont quand même de bons
juges. Il ne faudrait pas considérer que le fait d'être
apprécié des avocats ça veut nécessairement dire
qu'on est bon juge, ou le contraire.
M. CHOQUETTE: Oui et non. Un bon juge est presque toujours
apprécié du Barreau. Un bon juge ne se détermine pas
à la quantité de jugements qu'il rend qui peuvent plaire, parce
qu'un juge peut être appelé à déplaire. Il faut
nécessairement qu'il déplaise à une partie.
M. SAMSON: Oui.
M. CHOQUETTE: Lorsque le Barreau formule une appréciation
à l'égard d'un magistrat, il ne se place pas au point de vue de
savoir si ses jugements plaisent.
Il regarde beaucoup plus si ses jugements sont solides, si les principes
qu'il applique sont constants, s'il est prévisible dans sa façon
d'agir et que sa prévisibilité correspond aux principes de droit
généralement reconnus et à un bon jugement sur les faits.
C'est comme cela, je pense, que le Barreau se situe dans l'appréciation
de la magistrature.
Un juge imprévisible, est celui qui va monter sur le banc, un
matin, et qui va dire: $50 d'amende pour une infraction prévue au code
de la route et qui, le lendemain matin, parce qu'il s'est levé du
mauvais bord ou parce qu'il s'est engueulé avec sa femme, va dire: $350
ou $500 d'amende. S'il est inconstant dans sa façon de rendre la
justice, ceci est un élément qui fait que l'on peut trouver ce
juge discutable. Ou encore si c'est un juge qui rend de mauvais jugements.
Même l'avocat, qui a gagné une mauvaise cause, se dit: Je suis
bien chanceux pour mon client d'avoir gagné une mauvaise cause. Cela ne
veut pas dire que cela rehausse l'opinion de l'avocat sur le juge en question
parce qu'il a gagné cette mauvaise cause. Ou un juge qui prend des
avocats en particulier en aversion et qui est incapable de dissocier l'avocat
de la cause qu'il plaide, cela aussi est une raison de critiquer un juge. Tous
ces facteurs s'additionnent dans l'appréciation que le Barreau fait des
magistrats dans chacun des districts.
M. SAMSON: Justement, M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre lorsqu'il dit qu'à un moment donné un juge peut
déplaire à quelqu'un. C'est clair. C'est justement parce qu'il
peut être appelé à faire ça et que cela fait
partie de ses fonctions que, s'il est toujours ou trop longtemps au
même endroit, cela peut occasionner des problèmes à ce juge
et à sa famille. Comme vous le disiez, ce n'est pas facile, je le sais,
d'établir un système de rotation, parce que quelqu'un, qui est
dans une région, aime bien rester dans sa région. Par contre,
s'il y a, du côté du ministère de la Justice, une mesure
incitatrice, cela pourrait permettre quand même, partiellement du moins,
un système de rotation visant à ce qu'un juge ne soit pas
obligé d'être trop longtemps au même endroit. Vous avez
mentionné que cela se peut disons que je prends votre parole; je
n'aurais pas osé le dire qu'un juge, parce qu'il connaît
trop la population, lorsqu'il voit arriver devant lui quelqu'un qu'il
connaît d'avance comme étant un récidiviste,... Un juge,
c'est un humain, vous savez; il ne faut pas les mettre au-dessus de la race
humaine.
M. CHOQUETTE: Non, non.
M. SAMSON: Cela peut donc l'influencer dans sa décision, surtout
s'il s'est levé du mauvais bord du lit le matin. Bon. Cela pourrait
être évité, partiellement du moins, si on avait ce genre de
système de rotation qui permettrait qu'un juge, un bon jour, se retrouve
dans un autre district où il n'a pas tellement de connaissances,
où les gens, qui viendront devant lui, ne seront pas des connaissances.
C'est inévitable. Qu'est-ce que vous voulez? Si vous êtes 30 ans
au même endroit, et qu'au bout de 30 ans vous ne connaissez pas le monde,
je pense qu'à ce moment-là ce serait non seulement au-dessus de
la race humaine, mais en dessous. C'est inévitable, je pense.
M. CHOQUETTE: Mais que le juge connaisse la population, à
l'égard de laquelle il administre la justice, ce n'est pas
nécessairement mauvais. Je comprends qu'à un moment donné
il peut y avoir des conflits si ce sont des parents qui se présentent
devant lui ou des amis. Là, le juge doit se récuser.
M. SAMSON: Oui, mais, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Mais qu'il connaisse la population...
M. SAMSON: ...je pense que je dois ouvrir une autre petite
parenthèse, avec la permission du ministre. Il doit se récuser,
oui. Mais quand, dans des régions éloignées comme la
nôtre, il n'y en a pas déjà trop de juges, ce n'est pas
facile de dire qu'on laisse la place à un autre, quand les gens crient,
quand l'avocat crie pour faire passer sa cause. Vous placez le juge dans une
drôle de situation, parfois. Je ne suis pas ici pour critiquer les juges;
au contraire, je pense que nous devons leur permettre d'avoir encore plus
d'outils qu'ils n'en ont et les placer encore plus au-dessus de toute critique
qu'ils ne le sont présentement.
M. CHOQUETTE: Oui, mais...
M. SAMSON: C'est dans ce sens-là que je voulais être
compris.
M. CHOQUETTE: Je comprends le député, mais je lui dirais
que le recrutement des juges n'est pas nécessairement chose
facile...
M. SAMSON: Je le sais.
M. CHOQUETTE: ...parce que ce ne sont pas tous les avocats qui veulent
être nommés juges. Généralement, pour les bons
candidats, accepter une nomination de juge, c'est connaf-tre une baisse de
revenu. C'est peut-être améliorer sa situation sur le plan de la
sécurité, d'accord. Mais sur le plan du revenu immédiat,
cela représente une perte pour les meilleurs candidats.
Deuxièmement, il faut tenir compte...
M. SAMSON: Là-dessus, M. le Président, on a
déjà donné notre opinion et on est parfaitement d'accord
sur ça.
M. CHOQUETTE: Oui. Deuxièmement, au point de vue, disons donc, du
Barreau actuel, quand on regarde dans les listes d'avocats
québécois, pratiquant à l'heure actuelle, on
s'aperçoit qu'il y a une pyramide assez étrange.
Il y a une masse de jeunes avocats ayant sans doute moins de dix ans de
pratique, par conséquent qui ne sont pas éligibles pour
être juges, et il y a assez peu d'aînés susceptibles
d'être juges.
Alors il y a le côté pratique du recrutement des juges, qui
n'est pas nécessairement si facile qu'on pense. Je n'ai pas des listes
si fantastiques que ça, au point de vue des candidats
qualifiés.
M. SAMSON: Mais quand même...
M. BLANK: II y a un autre nom à ajouter, ne l'oubliez pas.
M. CHOQUETTE: Je ne l'oublie pas. Le député de Saint-Louis
propose le député de Maisonneuve.
M.SAMSON: M. le Président, quand même...
M. BURNS: Je vais commencer à croire que vous voulez vous
débarrasser de moi!
M. CHOQUETTE: Je pensais que le député de Maisonneuve
avait donné une entrevue au journal La Presse, au cours de laquelle il
avait dit que son idéal...
M. BURNS: Non, je n'ai pas dit que c'était mon idéal.
M. CHOQUETTE: ... après sa carrière politique, serait
d'être nommé juge.
M. BURNS: Pas du tout.
M. CHOQUETTE: C'est une aspiration légitime.
M. BURNS: J'ai dit que comme n'importe quel avocat, à un moment
donné, cela m'intéresserait, pendant quelques années,
d'être juge. C'est sûr.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas ça. C'est...
M. BURNS: Mais j'ai également dit que j'étais convaincu
qu'aucun gouvernement ne me nommerait. Remarquez, là...
M. DESJARDINS: Qu'en savez-vous?
M. BURNS: C'est ça, là. J'ai déjà des
propositions du premier ministre et du député de Saint-Louis. Je
commence à être inquiet!
M. CARON : Est-ce que je peux demander au député de
Maisonneuve si $33,000, si jamais il se fait nommer, il va être satisfait
de ça?
M. BURNS: Est-ce que le député de Verdun veut relancer le
débat du mois de décembre? Je vais aller chercher mon dossier et
on va le recommencer!
M. CHOQUETTE: De toute façon, pour ce qui est des observations du
député de Rouyn-Noranda, il n'y a pas de doute qu'une certaine
rotation est un facteur intéressant, dans une certaine mesure, dans le
cadre que j'ai décrit.
M. SAMSON: Je voudrais, en terminant, souligner au ministre que,
même si je reconnais que son recrutement n'est pas facile, il demeure
qu'avec le nombre de juges existant cela ne veut pas nécessairement dire
qu'un système partiel de rotation exigerait une augmentation du nombre
de juges. Cela ne veut pas nécessairement dire ça. A
l'intérieur du nombre déjà existant, il y aurait une
possibilité. Je sais que ce n'est pas facile d'appliquer cela
rapidement; que ce soit un système de rotation total, ce n'est pas
facile non plus. Je sais cela. Mais, si le ministre accepte au moins
l'idée d'expérimenter le système partiel, je pense qu'on
aura fait un bon pas pour la justice.
Un système partiel de rotation, car il n'est pas capable de
l'installer totalement. Il faut quand même se plier à certaines
exigences.
Pendant qu'on est là-dessus, M. le Président, je pourrais
peut-être demander au ministre...
M. CHOQUETTE : Je pense que le député de Beauce-Nord avait
quelque chose à dire.
M. SAMSON: Sur le même sujet? Oui, d'accord.
M. CHOQUETTE: Parce que c'est un avocat pratiquant de la Beauce. Il
connaît la situation.
M. SYLVAIN: Je pense que c'est juste. H y a peut-être un contexte
différent dans Rouyn-Noranda et sa région. Si je prends ma
région, qui, par rapport au milieu urbain, semble éloignée
et qui ne l'est pas tant que ça, il y a seulement, à mon sens,
dans les juges résidents ceux des Sessions de la paix. Pour la cour des
petites créances, de juridiction provinciale, la cour Provinciale et la
cour Supérieure, à mon sens, du moins dans la pratique de quatre
ans que j'ai eue et que j'ai encore, on a eu chez nous, dans notre district
judiciaire de Beauce, qui comprend deux comtés électoraux, cette
rotation en cour Supérieure, en cour Provinciale, à tous les deux
ans.
Est-ce que le député de Rouyn-Noranda veut parler des
juges qui sont aux Sessions de la paix pour juger des actes criminels ou des
infractions...
M. SAMSON: Ecoutez, je parle de façon générale.
Comme je le disais au ministre tantôt, c'est une idée que
j'émets, qui mériterait d'être étudiée
sérieusement. Moi, je ne suis pas un avocat. Je ne connais pas tout
ça dans les détails comme vous autres. Je suis obligé
d'entrer dans ce débat, si vous le voulez, avec l'idée qui m'est
transmise de la population. Je ne suis pas nécessairement
impliqué, moi. C'est peut-être que j'amène dans ce
débat une opinion différente de celle que vous avez, vous qui
êtes impliqués, vous qui pratiquez. C'est peut-être pour
ça que ce serait intéressant, finalement, que ce soit
étudié de façon complète, totale. Si vous croyez,
à l'étude, vous qui êtes en pratique, que dans tel secteur,
cela ne doit pas s'appliquer, je suis bien prêt à en discuter.
Je voudrais vous faire comprendre qu'au niveau de la population on sent
que ce serait quand même apprécié.
M. SYLVAIN: Est-ce que, dans la région de Rouyn-Noranda
que je connais mal à ce point de vue, malheureusement vous voulez
dire qu'il y a des juges qui sont résidents depuis dix ans, quinze ans,
huit ans?
M. SAMSON : Je ne voudrais pas entamer de débat; j'ai
l'impression que l'honorable député de Beauce-Nord voudrait me
faire identifier une région en particulier, ce que je ne voudrais pas
faire.
M. SYLVAIN: Non, mais...
M. SAMSON: Chaque région a peut-être ses
particularités, mais je parle au niveau général. Si, dans
votre secteur, il y a un problème particulier qui ne nécessite
peut-être pas ça...
M. SYLVAIN: Bien non, parce qu'il y a...
M. SAMSON: II y a peut-être aussi un certain niveau de cours.
M. SYLVAIN: II n'y a pas seulement le
district judiciaire de Beauce, il y a d'autres districts que je
connais...
M. SAMSON: Au criminel par exemple, je pense que ça
s'appliquerait plus. Vous comprenez?
M. SYLVAIN: Parce qu'à ma connaissance...
M. SAMSON: Vous autres, dans la Beauce, est-ce que vous sentez ce
besoin? Vous n'avez pas ce besoin-là.
M. SYLVAIN: Nous, on a, à l'heure actuelle, un juge
résident aux Sessions de la paix depuis des années, qui semble
bien s'entendre avec les justiciables, les avocats, où il n'y a pas de
demande, ni de pression indue de la part du Barreau, de l'Association des
avocats de Beauce.
A ma connaissance, dans les autres juridictions que celle des Sessions
de la paix, il y a cette rotation, et je me demande si ça ne peut pas
être pareil dans votre district judiciaire. Cela me surprend...
M. SAMSON: Ce que vous voulez dire, c'est qu'il y a une rotation
à l'intérieur de la région?
M. SYLVAIN: Non, on a eu, par exemple, en pratique, au cours de
l'été dernier, un juge de Montréal. On a des juges de
Québec. Ce n'est pas absolument des personnes...
M. SAMSON: Occasionnellement?
M. CHOQUETTE: De Montmagny aussi.
M. SYLVAIN: De Montmagny. Disons qu'à la cour Supérieure,
après deux ans c'est cette limite qui est fixée on
change de juge.
M. SAMSON: Là, ce que je ne comprends pas trop, c'est que la
déclaration du député de Beauce-Nord est un peu
contradictoire avec celle du ministre, qui semble vouloir prendre ce
fait...
M. SYLVAIN: Non, on a un juge résident à la cour
Provinciale, par exemple, qui siège à Québec...
M. SAMSON: ... en considération, et par contre le
député de Beauce-Nord dit que ça existe.
M. DESJARDINS: Cela existe de façon générale. On
peut toujours l'améliorer. Aux sessions de la paix, c'est surtout
là, je pense, qu'il y a des juges résidents. Dans la Beauce, il y
en a.
M. SYLVAIN: Un.
M. DESJARDINS: Tout le reste, il y a beaucoup de rotation à la
grandeur de la province, à ma connaissance, et j'ai plaidé dans
beaucoup de districts judiciaires.
M. SAMSON: Je vais poser une autre question. Comment s'applique cette
rotation qu'on vient de mentionner? Dans le district de Montréal, par
exemple?
M. CHOQUETTE: II y a le juge en chef de la cour Provinciale. Il y a le
juge en chef de la cour des Sessions de la paix de Montréal, et il y a
le juge en chef de la cour du Bien-Etre. Il y a, dans un certain nombre de
districts judiciaires périphériques, à Montréal,
des juges résidents, par exemple Saint-Jean, Sorel,
Saint-Jérôme, Joliette, Valleyfield, Saint-Hyacinthe,
Mont-Laurier.
Les juges résidents dans les districts
périphériques ne suffisent généralement pas
à la tâche, alors on délègue des juges de la cour du
Bien-Etre social, de la cour des Sessions, ou de la cour Provinciale pour
prendre certains termes dans les différents districts
périphériques. Par exemple, le juge en chef, à
Montréal, peut dire: Tel juge, vous allez dans tel district pour le
mois, pour aller prêter main-forte au juge résident. Et au juge
résident, on peut demander, à l'occasion, de venir siéger
à Montréal, ou d'aller dans un autre district judiciaire de la
région montréalaise.
De la même façon pour le Nord québécois qui
tombe sous la juridiction de Québec et non pas de Montréal. Le
juge en chef Cliche, de la cour Provinciale, peut envoyer des juges
prêter main-forte à des juges résidents, exemple: le juge
Dussault, d'autres juges que vous avez et dont je ne connais pas tous les noms.
Il me semble qu'il y a le juge Beaulieu, chez vous.
M. SAMSON: Non, le juge Beaulieu est à Montréal. Il fait
la rotation. Après 30 ans.
M. CHOQUETTE: Le juge Bigué, le juge Garmaise, le juge Cuddihy
maintenant qui est à sa retraite.
M. BURNS: Le juge Cuddihy qui est à sa retraite?
M. CHOQUETTE: Le père de Stephen.
M. SAMSON: Justement, évidemment il a toujours demeuré
dans le district de Rouyn-Noranda.
M. CHOQUETTE: Oui. Je le connais bien. M. SAMSON: II n'est pas
allé ailleurs.
M. CHOQUETTE : Non. Il est peut-être venu à l'occasion
siéger à Mont-Laurier, à Montréal.
M. SAMSON: Vous dites peut-être avec réserve.
M. CHOQUETTE: Avec réserve.
M. BURNS: Quand on parle de personnes, il y en a une, ça me fait
de la peine évidemment de faire des personnalités, mais je n'ai
pas le choix.
Je vous avais, le 20 mars 1973, posé une question un peu
délicate et peut-être embarrassante pour le ministre, relativement
au juge Jacques Anctil, à Montréal, qui disons-le
est carrément sur la tablette, comme on dit. Il reçoit, à
ma connaissance, son salaire, il a tous les autres privilèges dont jouit
un juge lorsqu'il travaille comme juge et, effectivement, il n'a jamais de
causes devant lui. Je me souviens que j'avais demandé au ministre,
à l'époque c'était exactement le 20 mars si
on ne devait pas se prévaloir dans ce cas-là, étant
donné le nombre de problèmes qu'avait suscités
disons-le le juge Anctil auprès du Barreau de
Montréal, entre autres, de l'article 76 de la Loi des tribunaux
judiciaires pour que la cour d'Appel fasse enquête, comme c'est
prévu déjà. Le ministre m'avait dit qu'il comptait
régler le problème dans un avenir rapproché. Je le cite au
texte. Alors, qu'est-ce qu'il advient de cette situation?
M. CHOQUETTE: Effectivement, dans ce temps-là, je comptais
pouvoir régler le problème du juge Anctil et il y avait une
solution en vue. Mais cette solution a achoppé pour certaines raisons
que je ne veux pas divulguer. Par la suite, je crois qu'il y a eu des
procédures d'instituées par le juge Anctil contre le journal The
Gazette et le jugement vient d'être publié. Alors, pendant la
durée de ces procédures, je n'ai pas voulu prendre d'action,
compte tenu du fait que c'était devant la cour Supérieure. Mais
j'ai demandé à un avocat de faire l'étude complète
du dossier et de me donner un avis juridique. Dans un avenir rapproché,
je prendrai...
M. BURNS: Vous dites encore les mêmes mots, dans un avenir
rapproché.
M. CHOQUETTE: Que voulez-vous, à la suite de cette opinion ou de
cet avis juridique, je déciderai ce qu'il y a lieu de faire.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rouyn-Noranda.
Infractions au code de la route
M. SAMSON: M. le Président, il y a une question qui est
portée à notre attention depuis quelque temps. Elle a même
été, je pense, mentionnée à l'occasion d'une
séance de la commission parlementaire des transports par le
député de Beauce-Nord, c'est possible. C'est donc la question
suivante: Certains juges, à un moment donné, dans leur jugement
relativement à des personnes accusées d'infractions au code de la
route, par exemple, ne suspendent pas le permis de conduire et
spécifient que la personne peut utiliser son permis de conduire de telle
heure du matin à telle heure du soir. On a vu cela assez
fréquemment...
M. CHOQUETTE: Sentence appliquée d'une façon
intermittente.
M. SAMSON: Bon! on a vu cela fréquemment. En pratique, le
ministère des Transports, lui, enlève quand même le permis
de conduire à la personne désignée dans ce jugement.
J'aimerais connaître votre point de vue là-dessus, savoir si
quelque chose peut être fait parce que je trouve qu'il est anormal que le
jugement ne soit pas respecté.
M. CHOQUETTE: Me Desjardins me dit qu'il y a eu des jugements de la cour
d'Appel qui ont porté sur le point soulevé par le
député de Rouyn-Noranda et que, depuis quelque temps, le
directeur du Bureau des véhicules automobiles ne suspend plus ces
permis. En fait, il donne suite au jugement rendu par la cour ordonnant une
sentence intermittente. Parce que, dans ces cas-là, il faut dire que les
juges disent: Nous suspendons, en fait, votre permis pour la fin de semaine et
on vous permet de conduire pour votre travail.
M. SAMSON: Absolument, c'est ce qu'il se produit. J'aimerais que le
ministre prenne des dispositions pour que, au niveau du ministère des
Transports, on soit conscient de cela. Il y a deux semaines, je pense, il y a
eu cette commission parlementaire sur les transports et à la même
question posée, le ministre des Transports nous a donné comme
réponse, selon l'avis de ses fonctionnaires, qu'il avait une loi
à appliquer, soit celle du code de la route et qu'il ne tenait pas
compte du jugement.
M. BURNS: Pour éclairer le ministre, qui n'était pas
à cette commission, en fait, le problème qui se pose, c'est la
Loi de l'indemnisation des victimes d'accidents qui ordonne, dans le fond, au
directeur du Bureau des véhicules automobiles, Me Laflamme, de suspendre
les permis lorsqu'il y a eu des infractions constatées par la cour,
à moins que l'individu concerné ne fasse une preuve de sa
solvabilité, une preuve de son assurance, par exemple.
On demande la fameuse formule V2C et ce que le directeur du Bureau des
véhicules automobiles nous a dit, c'est qu'il est obligé par la
loi effectivement, sauf que l'avis est automatiquement donné à la
personne de présenter une formule V2C prouvant qu'elle est
assurée et, à ce moment-là, il n'y a pas de
suspension.
M. SAMSON: II y a plus que ça, je pense. Dans certains cas, par
exemple, où il était question d'accident, on exigeait même
un dépôt d'argent, en plus de la formule V2C d'assurance. Moi, ce
que je veux dire, M. le ministre, je ne veux pas vous mettre en
boîte...
M. CHOQUETTE: Oui, mais, là, si vous me le permettez...
M. SAMSON: Ne vous inquiétez pas.
M. CHOQUETTE: Vous ne me mettez pas en boîte. Je ne suis pas
contre.
M. SAMSON: Ne vous inquiétez pas. J'ai l'impression qu'on a
besoin de clarifier une situation qui peut s'appliquer dans plusieurs
régions du Québec. Si la loi dit qu'on doit suspendre le permis
advenant le cas, c'est quand même la cour qui doit ordonner, c'est le
juge qui doit ordonner dans son jugement. En fait, si le juge dit: II n'y a pas
infraction du tout, puis on ne vous enlève pas votre permis, c'est une
chose, mais si le juge constate qu'il y a infraction, puis que... Non, ce n'est
pas cela?
M. CHOQUETTE: Je crois que le député de Rouyn-Noranda
confond deux choses. Il y a d'abord, des sentences intermittentes que les juges
peuvent rendre, soit en vertu du code criminel, soit en vertu du code de la
route. Le juge peut dire: Ecoutez, compte tenu du fait que vous utilisez votre
véhicule pour gagner votre vie, je le suspends pour la fin de semaine et
je vous donne le droit de conduire la semaine. Ceci, c'est un type de situation
où je pense que le directeur du Bureau des véhicules automobiles
ne devrait pas contrevenir à l'ordre de la cour, parce qu'il y a une
suspension judiciaire et une sentence judiciaire qui s'applique au cas.
Mais il y a les cas aussi, en vertu de la Loi de l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobiles, où, après qu'un individu a eu
un accident, la loi impose l'obligation au directeur du Bureau des
véhicules automobiles, de révoquer ou de suspendre un permis de
conduire, si l'individu ne peut pas donner de preuve de solvabilité ou
de preuve d'assurance de son véhicule.
Là, il s'agit d'une suspension, en fait, non pas judiciaire, mais
administrative. En vertu de la loi telle qu'elle est faite, le directeur ne se
pose pas le problème de savoir si l'individu en question était ou
n'était pas responsable du premier accident.
La loi ne lui demande pas de statuer qu'il y a faute ou qu'il n'y a pas
eu de faute de la part du conducteur en question. Tout ce que la loi lui dit,
c'est que, si un individu a eu un accident, et s'il veut continuer à
conduire, il faut qu'à ce moment-là il s'assure ou qu'il puisse
nous donner la preuve de sa solvabilité, soit sous forme de
cautionnement ou autrement.
Je pense que le directeur du Bureau des véhicules automobiles est
justifié de suspendre le permis de conduire, si on ne lui apporte pas
cette preuve.
M. BLANK: II doit aussi apporter la preuve de règlement de
l'accident ou déposer l'argent si...
M. SAMSON: M. le Président, j'ai bien compris ce que le ministre
m'a dit. Il y a deux choses possibles, qui peuvent s'appliquer à une
même personne, quand même. Les gens, eux, ne connaissent pas toutes
ces contraintes administratives, si vous le voulez. Alors, le type qui sort du
tribunal, qui a passé devant le juge, si le juge lui a dit: Vous pourrez
utiliser votre permis de telle heure à telle heure ou ne pas l'utiliser
en fin de semaine il peut y avoir certaines conditions s'en
retourne chez lui, puis il continue à utiliser son permis de la
façon que le juge l'a ordonné.
D'un autre point, là, il reçoit un ordre différent.
C'est quand même la même personne, et c'est une situation qui n'est
pas drôle pour ces gens-là. C'est la même personne, qui a
quand même le même besoin, trois jours après, de gagner sa
vie, que celle qui était devant le juge. Le juge a
considéré qu'il a besoin de gagner sa vie, qu'il a besoin de
faire vivre sa famille, donc, il ne suspend pas le permis, pour des
périodes variant de telle heure le matin à telle heure le soir.
Bon, le juge a pris cela en considération.
Trois jours, une semaine ou deux après, il reçoit, d'un
autre service, un avis différent. Mais il a les mêmes besoin, ce
type-là. C'est, je pense, une sorte de contradiction qui
mériterait au moins qu'on se penche sur ce
problème-là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson.
M. BOUTIN (Johnson): M. le Président, je pense que, dans le cas
que soulève le député de Rouyn-Noranda, le permis n'est
pas suspendu par le juge, mais le directeur du Bureau des véhicules
automobiles lui fait parvenir une formule V2C ou V30C, qu'il doit retourner et,
à ce moment-là, il évite la décision du directeur
du Bureau des véhicules automobiles; c'est la contrainte qu'il a. Je
pense qu'il doit assurer, ni plus ni moins, son permis avec une compagnie
d'assurances.
M. SAMSON: Non, ce n'est pas cela.
M. BOUTIN (Johnson): C'est cela qui arrive.
M. SAMSON: Le gars reçoit un avis: Retournez-nous votre
permis.
M. BOUTIN (Johnson): Non, non, sauf que, s'il remplit cettte
condition-là, son permis n'est pas suspendu. J'ai eu tellement de cas
à régler dans ce sens-là que je peux vous l'affirmer, et
je pense que le député de Maisonneuve est de mon avis, aussi.
M. SYLVAIN: Si vous le permettez, M. le Président, le
problème se situe, si vous voulez, au niveau des juridictions et au
niveau des articles, plus précisément, 234 et 235 du code
criminel: ivressomètre et facultés affaiblies. Là, on a
une loi de juridiction fédérale ou le
code criminel, que le juge a appliqué, et il y a aussi une loi
provinciale qui est la Loi de l'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobile. L'article 22 a donné des pouvoirs et ces
pouvoirs-là ne sont pas discrétionnaires, ils sont
impératifs. L'article 22 dit "doit".
Quant le juge a à rendre un jugement ou une sentence selon
l'article 234 ou l'article 235, lui, il peut user de sa discrétion et
suspendre ou non le permis. Disons qu'il ne suspend pas le permis ou qu'il
suspend le permis de conduire seulement pour la fin de semaine. Voici ce qui
arrive, l'individu repart, la plupart du temps, content, et un dizaine ou une
douzaine de jours après, il reçoit l'avis que le directeur du
Bureau des véhicules automobiles est tenu de donner en vertu d'une loi
provinciale. Ce qui a été plaidé, en 1973, devant la cour
Suprême, c'était la constitutionnalité.
Est-ce que l'application d'une loi fédérale, qui est le
code criminel, pouvait empêcher l'application, par le directeur du Bureau
des véhicules automobiles, d'une loi provinciale? Les juges ont reconnu,
en ce sens-là, que le directeur du Bureau des véhicules
automobiles avait le pouvoir, malgré l'application de la loi
fédérale, de donner un avis de suspension. La suspension, elle,
est automatique si on ne remplit pas les conditions. Une de ces
conditions-là était de faire parvenir au Bureau des
véhicules automobiles une garantie d'assura-bilité appelée
V2C, dans le cas du propriétaire, ou V30C, dans le cas du
conducteur.
Le fait que je reprochais était que sur une première
infraction vous vous en rappellerez à l'article 234 ou
à l'article 235, ivressomètre ou facultés affaiblies, on
oblige le délinquant à dire à sa compagnie d'assurances:
Voici, je deviens un risque ou je suis devenu un risque. Ce qui voulait dire,
pour les personnes en bas de 25 ans, qu'elles venaient carrément de
doubler leur prime d'assurance. A l'heure actuelle, disons qu'il y a un conflit
entre le code criminel et la loi: le juge peut user d'une discrétion; le
directeur du Bureau des véhicules automobiles, lui, a le devoir de faire
parvenir un avis, à moins d'en arriver à des amendements à
la Loi de l'indemnisation qui viennent faire respecter, disons, la
discrétion du juge.
D'ailleurs, pour le directeur du Bureau des véhicules
automobiles, c'est un devoir, ce n'est pas discrétionnaire, c'est
"doit". Il y a les articles 234 et 235, et il y a aussi, je pense, l'article 60
du code de la route et puis un autre article.
M. BLANK: II a raison pour tout cela, il y a beaucoup de gens qui ne
savent pas que dans la Loi de l'indemnisation c'est la compagnie d'assurances
qui a créé le fonds. Ce n'est pas avec l'argent du gouvernement
qu'on paie, c'est avec l'argent des compagnies d'assurances. D'abord, dans
cette loi-là, les compagnies d'assurances sont forcées d'accepter
des risques aussi. Cela veut dire que la compensation qu'on a donnée aux
compagnies d'assurances pour créer ce fonds et prendre de gros risques
c'est afin de forcer tout le monde à acheter l'assurance s'ils sont un
risque après des accidents sans assurance ou après des
infractions au code de la route. C'est le peu de concours pour ça. Si un
moment donné c'est le gouvernement qui applique les fonds on peut
peut-être les faire changer, mais pour le moment c'est la compagnie
d'assurance qui paie la note.
M.SYLVAIN: C'est parce que les compagnies d'assurances de la province de
Québec doivent participer selon les chiffres d'affaires dans tel
pourcentage au fonds d'indemnisation pour garantir ceux qui ne sont pas
assurés ou ceux...
M. CHOQUETTE: Elles doivent également accepter les mauvais
risques.
M. SYLVAIN: D'abord elles demandent quand il y a une infraction et que
le conducteur ou le propriétaire peut devenir un risque, de le savoir.
Puis la façon de le savoir c'est que le directeur exige une formule
V2C.
M. CHOQUETTE: Pas juste quand il y a une infraction, quand il y a un
premier accident.
M. SYLVAIN: Un premier accident.
M. CHOQUETTE: Qu'il y ait eu infraction ou pas c'est "irrelevant" pour
les fins de l'application de la Loi de l'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobile. Ce qui est pertinent c'est l'accident; l'accident entraîne
la nécessité de faire la preuve de sa solvabilité ou
d'obtenir une garantie d'assurance.
M. SYLVAIN: Si vous me permettez, juste pour finir, ce qu'on s'est
demandé l'autre fois à la Commission des transports c'est quand
il n'y avait pas d'accident, seulement une infraction à 2.34, 2.35. Une
première infraction, selon moi, ne constitue pas un risque. Je veux
dire, un gars peut se faire prendre une fois en boisson sur la route, ce n'est
pas nécessairement un risque. Dans la philosophie de l'assurance,
à l'heure actuelle, c'est interprété comme devenant un
risque. Je ne suis pas contre l'envoi de cet avis après une
deuxième infraction; là c'est à mon sens une espèce
de preuve qu'il est devenu un risque. Mais une première infraction,
qu'on pense par exemple, à des cas types qu'on a eus en pratique; le
gars qui sort pour aller au 25e de son beau-père une fois dans sa vie.
Parce que c'est son beau-père il a dit: On va fêter ça une
minute de plus. Il se fait prendre une fois puis il est obligé de voir
doubler ses assurances, parce qu'il serait devenu un risque. Moi...
M. CHOQUETTE: Oui, mais, M. Sylvain, je pense qu'il faut se poser la
question suivante: Au point de vue de la tarification
généralement en vigueur des compagnies d'assurances, au moment
d'une demande d'assurance qu'un ci-
toyen peut faire auprès d'une compagnie, on lui demande:
Avez-vous dans les trois dernières années, je pense, vu votre
permis de conduire suspendu ou annulé ou avez-vous été
condamné pour une infraction, etc. au code de la route? Si, en vertu des
règles de la tarification qui s'appliquent en général,
ceci entraîne une hausse de prime pour une première infraction, je
ne vois pas comment cette situation ne prévaudrait pas dans le cas
où un véhicule n'est pas assuré ou un conducteur n'est pas
assuré...
M. SYLVAIN: Je ne parle pas des véhicules non assurés, je
parle des véhicules assurés dont les conducteurs ou
propriétaires font une première infranction.
M. BURNS: Ce qui arrive et ce qu'on a dit au ministre des Transports,
l'autre jour, c'est que dans le fond son Bureau des véhicules
automobiles se fait le complice de l'augmentation des primes. Ce qui arrive
c'est que s'il n'y a pas eu de suspension devant le juge, par exemple, et que
l'individu peut prouver qu'il a une assurance en vigueur, malgré
ça, à toutes fins pratiques, on le dénonce à sa
compagnie d'assurance en demandant la formule V2C.
M. BLANK: ... le prix qu'on paie pour l'argent de la compagnie
d'assurances dans le fonds.
M. DESJARDINS: Ce sont deux choses bien différentes... au courant
de cet avis que le directeur du Bureau des véhicules
expédiait.
Vous voulez dire qu'un type, qui est trouvé coupable de
facultés affaiblies, par exemple, reçoit la fameuse formule dont
vous parlez, M. le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: Ah oui! Toujours.
M. CHOQUETTE : Même s'il est assuré?
M. SAMSON: C'est ça.
M. SYLVAIN : Ah oui, je comprends.
M. BURNS: C'est l'article 22. Vous l'avez, l'article 22.
M. BLANK: Le greffier de la cour est obligé d'envoyer un rapport
de cette infraction au ministre des Transports.
M. SYLVAIN : II y a une chose à faire, c'est un amendement...
UNE VOIX: Pas un amendement, c'est illégal. M. CHOQUETTE: Eh
bien...
M. BURNS: ... évidemment, un amendement à ce
texte-là et au niveau du Bureau des véhicules automobiles qui a
des directives ce n'est pas de votre ressort de données
pour éviter, en fait, à toutes fins pratiques, que le Bureau des
véhicules automobiles soit le complice de l'augmentation des prix.
M. CHOQUETTE: Autrefois, avant la Loi de l'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobile, on était tenu de révéler
à nos assureurs les infractions ou les suspensions antérieures
à l'émission de la police. Mais on n'était pas tenu au
cours de la durée de la police d'aller se dénoncer soi-même
auprès de sa compagnie d'assurances et dire: Là, je vous avertis,
je viens de brûler un feu rouge et je viens de payer $20 d'amende, j'ai
été condamné. On n'était pas tenu de faire
ça. Peut-être au renouvellement, si la compagnie demandait une
nouvelle application, oui, il fallait alors le révéler; mais non
pas pendant l'existence de la police.
M. BLANK: En fait, le directeur du bureau des véhicules
automobiles ne suit pas la loi actuellement. La loi ne donne pas la chance de
renouveler le permis. La loi dit qu'il doit le suspendre. Mais par coutume, il
dit: Je vais vous donner le permis si vous me donnez cette formule-là.
Mais la loi ne dit pas ça, la loi dit qu'il soit le suspendre.
M. SYLVAIN: Si vous voulez, je n'accepterais pas la façon...
Simplement sur le mot, il faut bien s'entendre, que le bureau des
véhicules automobiles devient complice des compagnies d'assurances.
Parce qu'au moment où le fonds d'indemnisation a été
créé, évidemment, c'était un pourcentage du chiffre
d'affaires de la compagnie qui était mis, dans le fonds, pour qu'elles
puissent garantir des véhicules non assurés.
En fin de compte, dans ce temps-là, les compagnies avaient droit
à certaines exigences de la part du Bureau des véhicules, dont la
dénonciation au directeur de l'avis.
Evidemment, c'est ce qu'elles ont exigé à cette
époque, avec la philosophie de l'assurance qu'elles avaient. Mais est-ce
que les compagnies d'assurance, après une discussion entre le Bureau des
véhicules et le groupe des compagnies d'assurance ou l'Association des
compagnies d'assurance de la province de Québec, n'accepteraient pas
que, sur une première infraction, le directeur du Bureau des
véhicules ne donne pas cet avis de suspension, à moins de remplir
les exigences prévues?
Il y a eu d'autres jugements rendus là-dessus, aussi: Toute
personne déclarée coupable d'infraction. Alors, ce que plusieurs
avocats faisaient, c'est qu'on ne plaidait pas coupable à l'infraction,
même sur l'article 235, qui est dur à plaider, parce que c'est
tellement technique. On plaidait non coupable. On faisait le procès et,
en fin de compte, on n'offrait pas de preuve. Il n'y avait pas une
déclaration de culpabilité; il y avait une condamnation. Au sens
juridique des termes, le Bureau des véhicules, quand
c'était simplement sur condamnation, n'envoyait pas d'avis.
Cela s'est produit. A un moment donné, au lieu de plaider
coupable purement et simplement, on allait jusqu'au procès. Au
procès, on avait des preuves très faibles, mais on se laissait
aller.
M. CHOQUETTE: Au lieu de faire un aveu.
M. SYLVAIN: Au lieu de faire une déclaration de
culpabilité, on plaidait non coupable. On allait au procès et, au
procès, même avec une preuve très faible, il y avait une
condamnation du juge et cela n'avait pas les mêmes conséquences.
C'est jouer sur les termes.
Je préconise, de toute façon, qu'il y ait une discussion
entre le Bureau des véhicules et l'ensemble des compagnies d'assurance.
Sur une première infraction aux articles 221 et 222, qui sont
aujourd'hui les articles 234 et 235, et à l'article 6150 du code de la
route et aux articles 192, 193, qui regardent la négligence criminelle
pas par rapport à la négligence criminelle,
peut-être, mais par rapport aux facultés affaiblies, à
l'ivressomètre, au délit de fuite, au sens prévu par
l'article 61 du code de la route cela tend à indiquer que le type
est un grand risque pour la compagnie de telle sorte que cela fait augmenter sa
prime.
Vous savez que, quand la compagnie émet le V2C ou le V3OC, la
prime, pour les trois années, grimpe selon l'âge qu'on a ou selon
les autres risques qu'il y avait. C'est là que le problème se
situe parce qu'au niveau juridique, la cour Suprême s'est
prononcée.
Le pouvoir discrétionnaire qu'a le juge au sens du code criminel,
lui il peut être attaqué par la décision impérative
qu'a le directeur du Bureau des véhicules au sens de la loi de
l'indemnisation.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je réitère que c'est
quand même anormal, quelles que soient les procédures à
suivre pour corriger cette situation, du point de vue juridique. Je voudrais
demander au ministre de la Justice de le considérer. Je ne peux pas vous
dire quelles sont les procédures juridiques à suivre, mais je
pense, que d'un point de vue pratique, il demeure qu'une personne qui obtient
un jugement et au sujet de laquelle le juge décide, dans son jugement,
qu'elle peut continuer à utiliser son permis de conduire de telle heure
à telle heure, cette personne devrait être
protégée.
Le juge peut, pour des raisons économiques, pour que quelqu'un
gagne sa vie, lui permettre de continuer à utiliser son permis. D'autre
part, le Bureau des véhicules automobiles suspend le permis ou on exige
de cette personne une formule V2C, une preuve de solvabilité. C'est
quand même contradictoire. Si le juge a considéré que le
type a besoin de ça pour gagner sa vie, ça veut dire qu'il a en
même temps admis qu'il n'était pas capable de faire des
dépenses supplémentaire pour son permis.
Alors que là le Bureau des véhicules, lui, vient exiger
des dépenses supplémentaires que le type ne peut pas faire et que
le juge a admis qu'il ne pouvait pas faire, puisqu'il lui a permis de conserver
son permis pour gagner sa vie. Vous voyez?
Et moi je dis que c'est grave parce que ça tend à affecter
la crédibilité du tribunal, des juges. Et je dis qu'on doit
prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas à
l'avenir, quelles que soient les mesures juridiques à prendre. Je ne
vous dis pas quelles sont les mesures juridiques à prendre, je ne suis
pas un avocat, je ne veux pas tomber dans ce débat. Mais je vous demande
de les prendre pour qu'en pratique le citoyen qui a passé devant un juge
sache, en sortant de là, que ce que le juge lui a dit, le jugement qu'il
a eu est respecté. Qu'il ne soit pas contraint, pas
inquiété par une autre source.
Dans la population, on reconnaît le tribunal comme étant
l'élément de justice.
Et, si on le reconnaît, si on veut que ça continue à
être reconnu comme cela, il ne faut pas que, par des mesures
administratives, qui peuvent être commandées par une autre loi,
j'en conviens, on vienne à contredire les décisions d'un tribunal
pour ne pas affecter la crédibilité du tribunal. C'est ce point
de vue que je voulais souligner.
M. SYLVAIN : Deux mots, là. J'appuie carrément le
député de Rouyn-Noranda là-dessus. En effet, quand un
justiciable a passé devant la cour des Sessions de la Paix et que le
juge dit qu'il a fait les représentations voulues, seul ou par son
avocat, pour conserver son permis par rapport à une certaine situation
spéciale, c'est vrai que, lorsqu'il arrive un avis, deux semaines
après, du directeur du Bureau des véhicules automobiles,
ça enlève la crédibilité. Deuxièmement,
depuis l'instauration du système des points de démérite,
le Bureau des véhicules automobiles a un deuxième pouvoir. C'est
que, même si le juge ne suspend pas le permis, le Bureau des
véhicules automobiles raye dans le dossier personnel six points. Je
pense que c'est un argument qui peut avoir de l'importance. Sur une
deuxième infraction, par exemple, pour "facultés affaiblies", il
a déjà le pouvoir, parce qu'il aura perdu six autres points,
d'enlever le permis. C'est pour cela que je dis que le Bureau des
véhicules automobiles devrait avoir le pouvoir d'enlever six points au
dossier personnel, mais pas celui de donner l'avis sur la première
infraction. Sur une deuxième infraction, à cause du
système des points de démérite, ce sera automatique. C'est
un double pouvoir vis-à-vis de la suspension éventuelle du
permis, les points de démérite, et même après six
points; c'est ce que les gens ne savaient pas au départ.
M. SAMSON: D'ailleurs, M. le Président, sur
une deuxième infraction, le juge aurait peut-être un
jugement différent aussi.
M. CHOQUETTE: Alors, je remercie le député de
Rouyn-Noranda, le député de Maisonneuve, le député
de Beauce-Nord et les autres collègues de ces suggestions. Je vais les
étudier avec mes collègues de façon à voir dans
quelle mesure il est possible de remédier à ces effets de lois
discordantes.
Maintenant, M. le Président, je constate qu'il est midi trente:
il est l'heure d'ajourner.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Nous pourrions suspendre nos travaux
jusqu'à quatre heures.
M. CHOQUETTE: Est-ce que les honorables députés voudraient
se réunir de nouveau aujourd'hui pour continuer l'étude de ces
crédits? Je suis à leur disposition.
M. BURNS: II y a un seul problème qui se pose pour moi et il se
pose sans doute aussi pour le député de Rouyn-Noranda. Il est
question de faire siéger la commission de la fonction publique
aussitôt que la commission du revenu aura terminé l'étude
de ses crédits. Or, je suis malheureusement pris sur les deux
commissions; donc, je ne pourrai pas assister aux deux.
Je demanderais au ministre, s'il est d'accord, qu'on laisse ça
flou afin qu'on puisse en discuter avec le leader du gouvernement. Quant
à moi, je voudrais continuer l'étude des crédits.
M. CHOQUETTE: II faut quand même tenir compte du fait qu'environ
30 personnes m'accompagnent.
M. BURNS: D'accord, ça c'est le problème. M. CHOQUETTE: Si
on pouvait donner... M. BURNS: Ecoutez, moi...
M. CHOQUETTE: ... une certaine priorité à la justice, vu
que nous avons commencé avant les autres.
M. BURNS: Je suis d'accord; quitte à essayer de régler mon
problème avec le leader du gouvernement quant à la Fonction
publique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux à
quatre heures, quitte à être confirmé par les leaders des
différents partis.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
Reprise de la séance à 16 h 7
M. CARON (président de la commission permanente de la justice): A
l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer l'étude des crédits sur le budget
1974/75 du ministère de la Justice. Le député de
Maisonneuve a la parole.
Député procureur de la Gendarmerie
royale
M. BURNS: Merci, M. le Président.
A ce stade-ci, j'ai un point particulier à soulever, toujours
évidemment concernant la politique de votre ministère, dans les
généralités. Cela concerne un député
individuellement et je l'ai avisé, comme je me sentais dans l'obligation
de le faire en toute éthique sinon de député, du moins
entre avocats; il s'agit du député de Louis-Hébert qui est
également, si je comprends bien, votre adjoint parlementaire. J'ai
été informé que le député de
Louis-Hébert, comme avocat de la Gendarmerie royale du Canada,
continuait, malgré qu'il était votre adjoint parlementaire,
à agir dans des causes dont il avait probablement reçu mandat
avant l'élection, je l'ignore, à agir comme procureur de la
Gendarmerie royale dans certains dossiers.
Je vous pose à vous le problème, à savoir si
ça ne constitue pas en somme je le pose également bien
franchement au député de Louis-Hébert, comme je lui ai dit
tantôt un problème de conflit d'intérêts. Je
m'explique: C'est sûr que ce n'est pas la couronne provinciale, comme on
l'appelle communément, c'est sûr donc à moins que le
député ne nous dise qu'il a aussi des dossiers du
ministère provincial de la Justice, j'en doute, je ne pense pas qu'il y
ait quelqu'un qui soit assez malhabile pour lui en avoir confié,
ça le rendrait d'ailleurs, au sens de notre législation, inhabile
à siéger comme député... Mais je me demande
simplement, sans vouloir essayer de gratter des affaires et de fouiller dans
des choses et sans faire d'insinuation non plus, s'il n'y a pas
incompatibilité dans ces deux fonctions, non pas parce qu'il est
député, mais parce qu'il est adjoint parlementaire au ministre de
la Justice. Donc, c'est la personne probablement, parmi les
députés, qui est la plus près du ministre de la Justice,
qui participe à l'application des politiques du ministère de la
Justice. Si on prend un cas, je prends un exemple au hasard auquel vous vous
êtes référé vous-même hier.
Cet exemple, étant le fait qu'actuellement, relativement à
la Gendarmerie royale du Canada ou son absence non pas totale, mais presque
totale au Québec, vos négociations avec Ottawa, relativement
à la récupération d'un certain nombre de millions de
dollars, relativement à cette absence partielle de la Gendarmerie
royale, par rapport aux autres provinces, je me demande si, dans le fond, il
n'y a pas incomptabilité. Je me demande s'il n'y a pas dualité
d'intérêts dans le fond.
Je ne sais pas ce que le ministre en pense. Je lui pose le
problème franchement et ouvertement. Ce sont des gens
préoccupés par cette situation qui m'en ont parlé. C'est
comme cela que j'ai été mis au courant. Comme le ministre le
sait, non seulement je ne pratique pas à Québec, je ne pratique
pas du tout maintenant. Alors, je n'ai pas été en mesure de le
savoir dans la pratique de tous les jours. Ce sont des renseignements qui me
sont parvenus. Il semble que ces renseignements soient exacts. D'ailleurs,
quand j'ai parlé au député de Louis-Hébert, il n'a
pas nié la situation. Je vous pose le problème bien ouvertement,
qu'est-ce qu'on doit penser de cela?
M. CHOQUETTE: M. le Président, de prime abord, je ne vois pas de
conflit d'intérêts dans le fait que le député de
Louis-Hébert aurait des mandats comme avocat pour représenter la
Gendarmerie royale à l'occasion de certaines causes
fédérales devant les tribunaux criminels. Je peux y
réfléchir, cependant, mais je ne vois pas, en fait, ce qui ferait
que le député de Louis-Hébert serait vraiment dans une
situation de conflit d'intérêts, en agissant comme mon adjoint
parlementaire.
On sait que les avocats souvent ont des mandats du gouvernement. Par
contre, ils peuvent prendre des mandats contre le même gouvernement. Je
veux dire que c'est une chose qui existe. On se fie à
l'intégrité de ces procureurs de faire leur possible dans les
causes qu'on peut leur confier, comme on s'attend qu'ils vont faire leur
possible dans les causes qu'ils peuvent plaider contre le gouvernement. Cette
situation n'a jamais été considérée comme
étant une situation de conflit d'intérêts.
Dans le cas du député de Louis-Hébert, ce n'est
même pas cela. En fait, il n'agit pas contre le gouvernement actuel dans
un litige, il agit en faveur du gouvernement fédéral dans
certaines causes particulières qui n'impliquent pas, je pense, de
décisions politiques de sa part à cette occasion, dans sa
façon de diriger sa preuve et de faire ses plaidoiries devant les
tribunaux. Nous avons des zones de réclamation avec le gouvernement
fédéral comme celle de la compensation financière que nous
réclamons pour le soutien de la police, mais c'est dans un ordre
d'idées complètement différent de sa fonction d'avocat.
D'ailleurs, le député de Louis-Hébert, comme adjoint
parlementaire, n'est pas au conseil des ministres, ne prend pas de
décision quant à ce que le gouvernement doit faire pour
réclamer des sommes du gouvernement fédéral. A part cela,
ce n'est d'aucune façon dans le même ordre d'idées.
M. BURNS: Je pose la question...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît.
M. DESJARDINS: J'avais demandé la parole. D'abord, M. le
Président, je remercie le député de Maisonneuve de m'avoir
donné avis de la question tout à l'heure et je voudrais
préciser toutefois que je ne suis pas avocat de la Gendarmerie royale du
Canada. Je suis à contrat et j'ai des mandats du gouvernement
fédéral, du gouvernement du Canada, dans certains dossiers bien
spécifiques, soit la Loi des stupéfiants et la Loi des aliments
et drogues. J'ai eu des mandats dans ce domaine-là, je continue d'en
avoir et je souhaite continuer mon travail. C'est un travail que j'aime, qui me
plaît, que je connais et, dès mon élection, je me suis
moi-même posé la question, j'ai vérifié la Loi de la
Législature du Québec et j'ai consulté des
autorités concernées, par acquit de conscience, tout simplement,
non pas parce que je croyais qu'il y avait conflit d'intérêts.
L'examen de la Loi de la Législature m'a permis de conclure qu'il n'y
avait pas de conflit d'intérêts et qu'il n'y avait pas
d'incompatibilité. Mais, au hasard du passage à Québec
d'un représentant du gouvernement fédéral, par acquit de
conscience et pour le mettre au courant, je lui en ai parlé et il a
été du même avis que moi à ce moment-là.
C'est pour cette raison que j'ai continué. D'ailleurs, à cause de
mon travail de député, je dois ralentir parce que j'essaie de
manquer le moins de séances possible à la session. Jusqu'à
maintenant, je crois que j'ai manqué une heure à la session
à cause d'un dossier civil privé et non pas à cause d'une
cause fédérale.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement du Canada a
autorisé mon associé, Me Michel Bouchard, à agir dans les
mêmes dossiers afin de me remplacer lorsqu'il me sera impossible d'agir.
Ceci, à cause de mon absence de la cour pour rester ici en Chambre et
siéger aux différentes commissions parlementaires. Je dois
ajouter que je n'accepte pas et mon bureau n'accepte pas de dossiers en
défense, c'est-à-dire contre le gouvernement
fédéral au criminel. Concernant le provincial, je ne pourrais pas
me prononcer parce qu'il y a des infractions statutaires et mes associés
peuvent s'occuper de ces dossiers, mais personnellement...
M. BURNS: En défense.
M. DESJARDINS: En défense. Je n'accepte pas personnellement en
défense, des dossiers criminels ni statutaires depuis une dizaine d'an
nées. Mes associés n'acceptent pas en défense des dossiers
criminels, quoiqu'ils pourraient le faire, mais ils n'en acceptent pas. Puisque
le député de Maisonneuve a touché quand même, juste
en faisant allusion, à des mandats du provincial, on a poussé le
scrupule un peu loin. On a poussé le scrupule un peu loin, on a
été peut-être plus catholique que le pape au bureau, mais
j'ai demandé à mes associés de renoncer même
à tout mandat du provincial. Mes associés, au début,
voulaient former une société à trois, ouvrir un compte de
banque séparé et continuer des dossiers du provincial. Cela a
été leur première décision. Mais, plus tard, je
leur ai
demandé et ils ont accepté de renoncer
à tous les mandats qu'ils étaient en train de continuer et
à tout mandat éventuel de la part du gouvernement provincial. Les
dossiers ont été retournés en partie et il en reste une
partie qui n'est pas retournée parce que les comptes ne sont pas encore
faits. C'est tout de même assez long de rédiger des comptes
à certains moments; alors, on a poussé le scrupule
jusque-là. Pendant tout le temps où j'agirai comme
député, mes associés ne recevront jamais de mandat du
gouvernement provincial. C'est ça que j'avais à dire
là-dessus.
M. CHOQUETTE: Je voudrais référer le député
de Maisonneuve aux articles 51 et 77 de la Loi de la Législature.
L'article 51 décrit les devoirs de l'adjoint parlementaire: "L'adjoint
parlementaire est chargé d'assister le ministre auquel il est adjoint en
la manière que celui-ci détermine et, en l'absence du ministre,
de représenter à l'Assemblée législative le
ministère dont il a la direction". Alors, fonctions parlementaires. Et
77: "Sous réserve des paragraphes 2 et 3 du présent article, nul,
s'il reçoit une pension annuelle excédant $300 du gouvernement du
Canada, ou s'il accepte ou occupe une charge, un office ou un emploi permanent
sous le gouvernement du Canada, auquel un traitement ou un salaire annuel ou
des honoraires, allocations, émoluments ou profits d'un genre
quelconque, tenant lieu de traitement ou de salaire annuel venant du Canada,
sont attachés, ne peut être nommé conseiller
législatif et n'est éligible comme député à
l'Assemblée législative, et ne peut siéger ni voter en
l'une ou en l'autre qualité, pendant qu'il occupe cette charge, cet
office ou cet emploi ou qu'il reçoit cette pension".
Je pense qu'il est assez évident, d'après la description
que vient de faire le député de Louis-Hébert, en fait, des
mandats qu'il accepte pour représenter les autorités
fédérales devant les tribunaux, qu'il ne s'agit pas d'un salaire
annuel ou enfin d'une charge...
M. BURNS: Permanente.
M. CHOQUETTE: ... à laquelle sont attachés des
émoluments ou enfin des profits d'un genre quelconque ou un salaire
à caractère annuel.
M. BURNS: Je n'ai pas soulevé la question. J'ai bien dit
d'ailleurs, quand je l'ai mentionné tantôt, quand j'ai
parlé au député de Louis-Hébert, que ce
n'était pas une question d'inhabilité à siéger que
je soulevais. Cela aurait été vraiment trop gros, dans le sens
que le ministre comprend très bien qu'une erreur telle puisse se faire.
Je soulevais cette question et je vous avoue que je me pose encore la question.
Ce n'est pas que je veuille diminuer les sources de revenu privé du
député de Louis-Hébert, ce n'est pas que je sois jaloux de
sa situation, mais je me pose vraiment et franchement la question.
Si je peux tout simplement m'expliquer. On parlait de la Gendarmerie
royale et le député de Louis-Hébert, à bon droit, a
dit et je prends sa parole là-dessus qu'il n'est pas
l'avocat, à Québec, de la Gendarmerie royale. Mais ayant eu
affaire dans le passé, moi-même, à travailler avec des
policiers, entre autres les policiers provinciaux en 1966, je sais
jusqu'à quel point on s'attache à des gens que l'on voit
régulièrement, comme des policiers en particulier. On en vient
à endosser complètement, sans s'en rendre compte, une forme de
pensée qu'ils peuvent avoir si on est appelé à travailler
avec eux régulièrement. C'est à ce niveau que je pose le
problème. Or, cette police, la Gendarmerie royale, n'est pas une police
qui est sous la juridiction du ministre québécois de la Justice
et on peut, à un moment donné, imaginer des situations où
le ministre de la Justice québécois ait des conflits avec la
Gendarmerie royale du Canada et je pense que le ministre le sait. Je n'ai pas
besoin de continuer longtemps, l'on peut en imaginer. Il y a déjà
eu on n'était pas à couteaux tirés ni quoi que ce
soit des conflits d'intérêts entre la Sûreté
du Québec et la Gendarmerie royale du Canada. On peut en imaginer
d'autres. Je suis d'accord aussi, évidemment, que l'adjoint
parlementaire ne siège pas au conseil des ministres, mais c'est le
député le plus proche du ministre.
Je pense que la description que vous avez lue de l'adjoint
parlementaire, à l'article 51, je crois, de la Loi de la
Législature, nous démontre que c'est le député qui
est dans l'entourage immédiat du ministre. C'est à ce niveau et
c'est à ce titre que je pose le problème.
M. DESJARDINS: Je ne participe pas aux décisions
policières du tout et je ne siège pas aux rencontres des
autorités de la Gendarmerie royale, ni à Québec, ni
ailleurs. Je ne fais que recevoir un dossier d'enquête et la plainte est
déposée purement et simplement. Je ne fais pas un travail
policier et je ne...
M. BURNS: D'accord.
M. DESJARDINS: ... participe pas aux décisions administratives
non plus.
M. BURNS: D'accord, mais le député va admettre que,
étant le procureur du gouvernement du Canada dans des dossiers
relativement aux stupéfiants, ce sont sûrement des membres de la
Gendarmerie royale qui lui permettent de préparer sa cause.
M. DESJARDINS: Certainement, mais c'est l'agent.
M. BURNS: C'est cela que je veux dire, et c'est pour cela que je faisais
la relation avec le côté attachant qu'il y a, au sens large du
mot, de travailler régulièrement avec des policiers.
M. DESJARDINS: Ce que je veux vous dire,
c'est que les conflits, s'il pouvait y en avoir entre la Gendarmerie
royale et la Sûreté du Québec, sont des conflits à
des niveaux supérieurs, des conflits de politique policière. Je
ne participe, ni directement, ni indirectement, ni de près, ni de loin,
à de telles politiques policières, ni à la Gendarmerie
royale, ni ailleurs. Je ne fais qu'être le bras qui va déposer la
plainte et qui la plaide purement et simplement. C'est un travail strictement
juridique et il n'y a absolument rien d'autre. Il ne peut pas y avoir de
conflit au niveau où je travaille. Il ne faudrait pas charrier.
M. BURNS: Je prends la parole du député.
M. CHOQUETTE: On pourrait donner un autre exemple. Je crois que la Loi
de la Législature ne fait pas de défense à un
député de plaider devant un organisme provincial, par exemple.
M. BURNS: Non, parce que ce n'est pas l'organisme provincial qui le
paie. C'est sûr.
M. CHOQUETTE: Pas juste pour cela, mais je veux dire, en fait...
M. BURNS: Si l'organisme provincial le payait, par exemple, j'ai
l'impression que...
M. CHOQUETTE: Cela serait interdit par ailleurs par d'autres
dispositions de la Loi de la Législature.
M. BURNS: Je veux juste vous souligner à quel point on trouve
cela important, on trouve cette affaire sérieuse. Vous-même, M. le
ministre, vous avez présenté un projet de loi et je vous
ai applaudi chaleureusement quand vous l'avez présenté
c'est le projet de loi de l'aide juridique. On a pris la peine, dans la Loi de
l'aide juridique je ne me souviens plus à quel article de
dire qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts pour un avocat, qui
est en même temps député, à recevoir des honoraires
en vertu de la Loi de l'aide juridique. On a pris la peine de le dire dans ce
cas. C'est à ce point qu'on trouve cela sérieux. C'est à
ce point qu'on veut garder les mains libres au député eu
égard aux autorités.
Remarquez qu'il n'y a pas de dispositions je suis prêt
à l'admettre ouvertement juridique qui empêche le
député de Louis-Hébert d'agir dans la Gendarmerie royale.
Ce n'est pas cela que j'essaie de plaider, loin de là.
M. CHOQUETTE: Oui, je pense qu'on peut dire qu'actuellement le
député de Louis-Hébert n'est pas en situation de conflit
d'intérêts, mais si, de par ses fonctions, il devait surgir,
à un moment donné, un conflit d'intérêts, je fais
confiance que, étant un homme honorable...
M. BURNS: J'espère qu'il va choisir de rester avec la Gendarmerie
royale.
M. CHOQUETTE: ... il déciderait d'opter pour l'un ou pour
l'autre, ou, au moins, pour déclarer son intérêt ou pour
déclarer qu 'elle est la situation de conflit d'intérêts,
parce qu'on ne peut pas éliminer toutes les situations de conflit
d'intérêts dans la vie. Cela peut toujours se produire à un
moment donné, fortuitement. Je pense que, si une telle situation devait
se produire, le député de Louis-Hébert attirerait mon
attention, de façon que les dispositions soient prises pour
régler le cas.
M. DESJARDINS: M. le Président, je pense que le
député de Maisonneuve veut se débarrasser de moi.
J'aimerais qu'il déclare son intérêt.
M. BURNS: C'est parce que, moi, je veux me venger. Cela fait depuis ce
matin qu'on veut me nommer juge. Je prends la parole et du ministre et du
député de Louis-Hébert. Je sentais de mon devoir de
soulever cette question, puisqu'on m'en avait parlé. Je tiens pour
acquis que si le ministre ou le député de Louis-Hébert
sentent qu'il y a conflit d'intérêts, on va tenter de le
régler d'une façon ou de l'autre, afin qu'il n'y ait plus de
conflit d'intérêts. Je vous dis, cependant, qu'on va être
très vigilant pour voir à ce qu'il n'y en ait pas, pour
protéger le député de Louis-Hébert.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 1. Est-ce que la discussion
générale est finie?
M. BURNS: Non. A moins que le député de Rouyn-Noranda ait
quelque chose à ajouter là-dessus.
M. SAMSON: Non, non, pas là-dessus. Je vais vous laisser faire
entre avocats.
M. DESJARDINS: Est-ce qu'il y a un avocat du PQ qui aimerait avoir des
mandats du fédéral, quoi?
Enquête sur le crime organisé
M. BURNS: A Québec? Je ne pense pas. Je pense que ce serait,
cela, un conflit d'intérêts.
M. le Président, une dernière question d'ordre
général que je voulais poser au ministre. J'ai un peu
amorcé cette question hier en Chambre par une question que je lui
posais, mais que je n'ai pu en parler davantage à cause des limites que
nous impose la procédure parlementaire à la période des
questions. Cette question concerne l'attitude du ministère à la
suite de choses qu'on peut apprendre ou qu'on peut connaître à
l'occasion de la commission d'enquête sur le crime organisé. En
somme, hier, ce que je posais comme question au ministre était que,
sachant ce que l'on sait par l'entremise de la commission d'enquête sur
le crime organisé, plus particulièrement dans ce qu'il est
convenu d'appeler je ne le dis pas méchamment
l'affaire Leduc, le député de Taillon qui, librement, je
l'admets, est allé témoigner devant la commission d'enquête
et des témoignages de gens comme Jean-Jacques Côté.
On apprend, par cette commission d'enquête sur le crime
organisé, que le député de Taillon a été
l'objet d'une tentative j'insiste sur le mot tentative, donc il n'y a pas
de preuve qu'il y aurait eu commission d'infraction de la part du
député de Taillon de pot-de-vin à son endroit.
D'une part MM. Dilorio, Dasti et Jean-Jacques Côté, semble-t-il
toujours je suis à faire la vérification à
même les notes sténographiques de l'enquête sur le crime
organisé auraient offert à M. Leduc des sommes d'argent
à être utilisées dans sa caisse électorale ou dans
la caisse électorale du Parti libéral de Taillon, moyennant son
intervention à un certain nombre de niveaux.
Je n'ai pas besoin de rappeler les faits longuement, mais j'ai
tenté de soulever cette affaire au moyen de questions de
privilège, le président de l'Assemblée nationale je
n'ai pas à critiquer sa décision a jugé que ces
motions n'étaient pas recevables et c'est pour ça qu'hier, dans
l'aboutissement de ces tentatives que je faisais, moi, pour faire la
lumière autour de ça, je demandais au ministre s'il avait
l'intention de porter parce que là il y a aussi la juridiction
criminelle, je pense, qui peut s'appliquer à des actes comme ceux
posés par MM. Dilorio, Dasti et Côté, s'ils les ont
posés des plaintes. J'ai cru comprendre de la part du ministre
qu'il attendait que la commission d'enquête sur le crime organisé
ait fini de siéger avant de prendre des décisions
là-dessus.
La question d'ordre général que je pose au ministre est la
suivante: Est-ce que, apprenant ce qu'il apprend, par l'entremise de la
commission d'enquête sur le crime organisé, le ministre va faire
de cela une ligne de conduite jusqu'à la fin des séances de la
commission d'enquête sur le crime organisé, c'est-à-dire ma
question, c'est: Si par l'entremise de la CECO, il apprenait que, par exemple,
M. Joe Blow avait commis un crime, quel qu'il soit, du plus important au moins
important, est-ce qu'il faudra nécessairement, dans l'esprit du
ministère, que la CECO ait fini de siéger, ait remis son rapport
avant que des plaintes au criminel soient portées à même
les renseignements qu'on a obtenus?
M. CHOQUETTE: Tout d'abord, M. le Président, je voudrais attirer
l'attention du député de Maisonneuve sur le fait que la
Commission de police, qui a reçu le mandat de faire enquête dans
le domaine du crime organisé, a le loisir de nous produire des rapports
intérimaires et nous ne sommes pas obligés et même nous ne
devons pas prévoir que nous allons recevoir un immense rapport,
après trois ans d'étude, nous relatant tout ce qui s'est
passé devant la commission, dans tous les aspects de l'activité
du crime organisé qui ont été confiés dans ce
mandat à la
Commission de police. Nous pouvons, par conséquent, nous attendre
et ceci est prévu au mandat donné par le
lieutenant-gouverneur en conseil que la commission peut produire des
rapports intérimaires au fur et à mesure où elle conclut,
où elle termine ses études sur certaines facettes ou certains
aspects de son enquête.
Ceci étant dit, M. le Président, je dois dire au
député de Maisonneuve que, normalement, quand la commission est
en train d'examiner un aspect de l'activité du crime organisé, en
règle générale, je préfère qu'elle ait
terminé l'examen de cet aspect avant de prendre les poursuites au
criminel, parce qu'il peut y avoir d'autres témoignages qui viennent
s'ajouter à ceux qui ont déjà été entendus.
Il peut y avoir d'autres éléments de preuve qui sont produits
devant la commission avant qu'elle ne termine un aspect. Par conséquent,
je crois que ce serait malhabile de notre part que de sauter sur les
premières bribes d'information ou de preuve qui peuvent apparaître
à la commission d'enquête sur le crime organisé. Je dis
ceci en règle générale.
Deuxièmement, ceci n'exclut pas, comme je l'ai dit au
député de Maisonneuve, que cette politique puisse être
différente dans des circonstances particulières. Tout
dépend des circonstances. Je crois qu'il faut laisser à chaque
cas d'être apprécié suivant les circonstances propres. Je
ne voudrais pas m'enfermer dans un système ou un autre et dire que
j'attendrai toujours des rapports intérimaires ou bien nous pourrons
agir avant la réception de tel rapport intérimaire.
En troisième lieu, comme je l'ai dit hier au député
de Maisonneuve, nous avons désigné un substitut du procureur
général à Montréal, qui revoit toute la preuve qui
se déroule devant la commission d'enquête et qui a pour
responsabilité de retirer de tout cela des actes criminels qui peuvent
être démontrés et qui peuvent être prouvés
devant un tribunal criminel. Ce procureur aura la tâche de diriger ces
causes criminelles.
Sans me prononcer sur le cas particulier sur lequel le
député de Maisonneuve attire mon attention, ce sont actuellement
les dispositions que nous avons prises, relativement à notre
façon d'agir et aux procédures qui peuvent être prises
devant les tribunaux criminels à la suite de preuves qui sont faites
devant la commission d'enquête.
M. BURNS: Est-ce qu'il est indiscret de demander au ministre qui est le
procureur? Si cela l'est, qu'il ne se gêne pas de me le dire. Je vais
comprendre.
M. CHOQUETTE: Non, il n'y a pas d'indiscrétion. C'est Me
Chamberland.
M. BURNS: Me Chamberland? M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Dernière question sur ce point, le ministre parlait de
la possibilité de rapports préliminaires. Est-ce qu'il est
informé actuellement par la CECO si cette commission a l'intention de
lui soumettre un rapport intérimaire à la suite de la phase qu'on
devrait appeler la phase politique c'est la commission elle-même
qui a parlé de cela qui est commencée depuis la fin de
décembre, je crois, et qui semble devoir se terminer je ne sais pas
quand, mais dans un avenir plus ou moins rapproché. Est-ce que le
ministre a des indications selon lesquelles il devrait recevoir un rapport
intérimaire sur cet aspect de l'enquête?
M. CHOQUETTE: II y a le fait aussi que la commission a entrepris la
phase du jeu aussi...
M. BURNS: Qui était commencée avant?
M. CHOQUETTE: Oui, et que les derniers éléments de preuve
s'inscrivent dans la phase du jeu. Je m'attends, comme me le demande le
député de Maisonneuve, à recevoir un rapport
intérimaire, une fois que la commission aura terminé son
travail.
M. BURNS: Merci bien.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rouyn-Noranda?
M. SAMSON: Pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 1.
M. BURNS: Elément 1.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pour un total de $30,668,300.
Cour des petites créances
M. BURNS: Je pense, M. le Président, que c'est à cet
élément 1 que l'on peut parler plus précisément
on en a parlé en général tantôt de la
cour des petites créances. J'aurais peut-être dû
prévenir le ministre, je m'excuse de ne pas l'avoir fait, cela demande
peut-être de la recherche et peut-être qu'il n'est pas en mesure de
me donner la réponse tout de suite. D'abord, je dois dire que j'ai
été agréablement surpris d'entendre que le délai
entre l'ouverture d'un dossier et un jugement, à la cour des petites
créances, s'établissait en moyenne à 53 jours. Je trouve
que c'est très bien et j'espère que cela va continuer à
fonctionner de cette façon-là, que, moins de deux mois
après l'ouverture d'un dossier, il soit réglé soit par
jugement ou par entente. C'était d'ailleurs, je pense le ministre
l'avait exprimé lors de l'étude du projet de loi en
deuxième lecture une des intentions entre autres de la mise en
application de cette loi. Je pense qu'à cet égard c'est un
succès et on ne peut que souhaiter que cela continue de cette
façon.
Je ne sais pas si le ministre y a touché dans son exposé
d'ouverture, du moins je ne l'ai pas entendu, est-ce qu'il est en mesure de
donner des statistiques relativement au nombre de dossiers qui ont
été portés à l'attention de la cour en 1973, par
exemple? Je pense que cela pourrait être d'intérêt de savoir
le nombre de gens qui ont recours aux petites créances et cela nous
donnerait également une idée de l'importance du travail qui est
effectué, tout cela mis en regard du délai moyen de 53 jours pour
régler une affaire.
M. CHOQUETTE: Dans la période du 1er janvier 1973 au 31
décembre 1973, c'est-à-dire une période d'une
année, on se rappellera que la Loi favorisant l'accès à la
justice a été proclamée le 1er septembre 1972, mais, dans
la période d'une année qui s'étend du 1er janvier 1973 au
31 décembre 1973, nous avons eu 84,421 causes. Les montants
impliqués dans ces 84,421 causes étaient de $10,396,813. Les
litiges ont été en moyenne pour des sommes de $119. Le nombre
total des causes réglées a été de 66,399. Le
pourcentage de règlements est par conséquent de 78 p.c. Le
délai moyen pour règlement et jugement est de 53 jours. Quant
à la nature des causes: accidents d'automobile, 15,285, soit 18 p.c;
actions sur comptes, 38,923, soit 46 p.c; dommages, 8,709, soit 11 p.c.;
honoraires, 8,636, soit 10 p.c.; lettres de change, 8,542, soit 10 p.c; loyers,
4,326, soit 5 p.c.
Alors, c'est à peu près l'ensemble des causes.
M. BURNS: Je m'excuse, j'avais une question et les chiffres me l'ont
fait perdre. J'y reviendrai tantôt.
Il y a une autre question qui me vient à l'esprit. J'ai entendu
dire, à propos de la mise en application de cette loi, en particulier
dans un article qui est apparu dans l'Action, le 6 juillet dernier je ne
sais pas si ç'a changé depuis dont le titre était
le suivant: "Trop de gens ignorent les services offerts par la cour des petites
créances". Cela semblait être la thèse soulevée par
le journaliste Claude Parent. Est-ce que le ministre est satisfait de la
publicité de cette loi que son ministère a faite auprès de
la population ou des possibilités de recours que le contribuable peut
avoir? Je pense particulièrement à l'aspect suivant. Comme tout
le monde le sait, cette loi est évidemment réservée aux
individus. Une corporation comme une compagnie de finance ne peut pas
bénéficier des dispositions de la loi, c'est-à-dire que,
même si elle a une créance de moins de $300, elle ne peut pas
inscrire son action devant la cour des petites créances, elle doit
passer par les tribunaux réguliers. Est-ce que je me trompe?
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous pourriez répéter?
M. BURNS: Une compagnie de finance.
M. CHOQUETTE: La compagnie de finance ne peut pas être
demanderesse.
M. BURNS: Par contre, si elle est demanderesse et si elle s'adresse
à un individu en défense, cet individu peut demander
l'évocation de sa cause à la cour des petites créances.
Or, c'est peut-être cet aspect qui n'est pas tellement connu. J'ai
compris, depuis un certain temps, que c'était ça, dans le fond,
qui n'était peut-être pas tellement connu. En somme, je veux dire
le simple justiciable qui n'est pas une corporation, qui se fait poursuivre
pour $150 par une compagnie de finance, peut et a intérêt
c'est d'ailleurs pour ça que cette disposition est dans la loi
à demander que ce soit la cour des petites créances qui s'en
occupe pour des raisons de frais, pour des raisons de méthodes de
fonctionnement qu'il y a à la cour des petites créances, si ce
n'était que l'aspect non formaliste qui existe et l'aspect où le
justiciable n'a pas à payer un avocat. Est-ce que le ministre a des
idées là-dessus, sur le côté de la publicité
de cet aspect de la loi?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président, je puis tout d'abord dire au
député de Maisonneuve que nous avons poursuivi, autour de la Loi
favorisant l'accès à la justice, des campagnes d'information
assez intenses qui ont pris la forme suivante. Tout d'abord, un programme
intitulé "Informatour" qui a été organisé avec le
concours du ministère des Communications. En vertu de ce programme, on
s'est promené dans différents centres commerciaux du
Québec et il y avait cette espèce d'appareil où on pose
des questions au citoyen sur différents aspects de la Loi des petites
créances. En somme, il s'agit d'un jeu électronique qui
représente un certain intérêt au point de vue de la
distraction, mais qui, en même temps, éduque les gens à
l'existence de ce moyen de faire valoir leurs droits. On estime qu'environ
15,000 personnes ont sollicité des informations de la part des personnes
qui avaient la garde et le contrôle de ces appareils, quant au
fonctionnement de la loi. Un deuxième élément du programme
d'information a été au sein d'un programme intitulé
"Parlons-en", c'est-à-dire qu'il s'agissait d'émissions de
télévision assez brèves, placées dans des
émissions à caractère populaire beaucoup plus large, comme
des émissions du canal 10, où quelqu'un faisait un petit
exposé des avantages de la Loi favorisant l'accès à la
justice et, troisièmement, nous avons émis des publications de
type fascicule en français et en anglais sur le fonctionnement de la Loi
des petites créances. Pour les cas d'évocation auxquels le
député de Maisonneuve fait allusion en particulier, il n'y a pas
de doute que, pour la partie qui est poursuivie par une corporation et qui
voudrait évoquer cette réclamation ou cette action devant la
division des petites créances, nos fonctionnaires, dans les 82 bureaux
répartis à travers le Québec, donnent très
facilement les informations appropriées aux gens quant à leur
droit.
S'ils considèrent qu'ils ont raison de contester l'action,
d'évoquer la cause devant la division des petites créances,
à ce moment-là, les parties y vont sans avocat, autant la partie
demanderesse, c'est-à-dire la corporation, que le défendeur.
Evidemment, on ne peut pas compter, avec un nouveau système comme
celui-là, que tout le monde va être instantanément
informé des avantages de cette loi partout au Québec, parce que
l'on sait que, malgré tout, il y a des gens qui sont un peu
éloignés des moyens d'information et cela prend quand même
du temps avant de sensibiliser le public à l'existence de cette loi et
à la façon de s'en servir. Nous avons eu tellement d'articles
dans différents journaux qui ont été écrits par des
journalistes sur le fonctionnement de la cour que ceci a contribué aux
connaissances du public en général.
Nous entendons poursuivre, en fait, l'information dans ce domaine sans
qu'elle soit absolument intense. Il y a quand même d'autres programmes
d'information du ministère qui sont assez importants. Le
député aura probablement noté que l'on a poursuivi une
campagne d'information extrêmement intense dans le domaine des loyers en
janvier et en février. Je pense que l'on a répandu quatre
millions de formules de baux, que l'on a mises gratuitement à la
disposition du public. Il y a eu des pages publicitaires importantes
publiées dans presque tous les journaux du Québec, tant sur les
questions d'avis que sur la question du bail type, par exemple, puisque la
campagne a été faite en deux phases.
On ne peut pas dépenser tout notre budget en matière
d'information et de publicité. Autour de la Loi favorisant
l'accès à la justice, je puis dire au député que
nous allons continuer à avoir des programmes d'information et utiliser
probablement la télévision et surtout les émissions
à caractère populaire, là où on est sûr
d'atteindre, mettons, un million de téléspectateurs. Il y a
certaines émissions du canal 10, entre 6 et 7 ou, je ne sais pas, 7 et
8, où il y a un public très considérable du Québec
qui est à l'écoute et on peut rejoindre, je pense, beaucoup
d'éléments de la population comme cela.
M. BURNS: La question que j'ai oubliée tantôt m'est revenue
et elle a trait justement à cet aspect. Est-ce que, dans vos
statistiques, vous avez le nombre de cas je ne sais pas si cela est
prévu où c'est le défendeur lui-même qui a
demandé l'évocation? C'est-à-dire, par rapport à
vos 84,421 cas, est-ce qu'il y en a une proportion importante qui sont, dans le
fond, des cas qui ont été menés là par un
défendeur poursuivi par une corporation?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas les chiffres actuellement, mais nous allons
essayer d'en avoir pour le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je pense que ce serait un assez bon indice pour nous indiquer
justement si cette publicité a été efficace ou non
à l'égard de cela, parce que je pense que le fait que la Loi des
petites créances existe, les gens le savent. Ils savent qu'en bas de
$300 ils peuvent recourir à cette Loi favorisant l'accès à
la justice, mais je pense qu'il y a peu de gens qui savent que, lorsqu'ils sont
poursuivis par une corporation, eux peuvent aussi y recourir. Je pense que
c'est cet aspect...
M. DESJARDINS: Le juge l'évoque de lui-même, de plus en
plus. Le juge, constatant que c'est inférieur à $300,
évoque de lui-même, il informe le défendeur maintenant et,
en plus, dans le cas où le juge n'a pas informé le
défendeur et j'en ai vu au début les frais auxquels
le défendeur individu est condamné sont les mêmes que ceux
auxquels il aurait été condamné en vertu de la Loi
favorisant l'accès à la justice, soit $10. Le surplus des frais
est payé par notre client, c'est la différence, tout
simplement.
M. BURNS: Bon.
M. DESJARDINS: Quand même, la publicité est peut-être
bonne mais elle n'est peut-être plus nécessaire maintenant, vu
l'attitude des juges et vu les mémoires de frais, parce que je pense que
c'est en fonction des frais surtout que vous intervenez sur la question
publicitaire et le but de la Loi des petites créances est
d'éliminer certains frais.
Tenez pour acquis qu'en pratique cela fonctionne comme ça
maintenant.
M. BURNS: Est-ce que vous savez si c'est une directive qui a
été donnée par le juge en chef et le juge en chef adjoint
de la cour Provinciale ou si c'est une initiative de quelques juges dans
certains districts judiciaires?
M. CHOQUETTE: Je pense que cela a résulté de la nature des
choses, étant donné l'aspect des frais que signale le
député de Louis-Hébert. N'est-ce pas?
UNE VOIX: Quel aspect?
M. CHOQUETTE: L'aspect des frais, parce que...
UNE VOIX: Des frais...
M. DESJARDINS: Oui, c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON : Je vais demander au ministre s'il a de l'expérience
dans la question de la cour des petites créances lorsqu'il s'agit d'une
corporation? Comme vous le mentionnez, la corpora- tion a un
représentant et le défendeur a un représentant,
c'est-à-dire, lui, il est seul. Dans ces cas, est-ce que vous n'avez pas
eu, au ministère, des plaintes à l'effet que certaines
corporations, sans envoyer un avocat, auraient des spécialistes, ce qui
ferait en sorte de déséquilibrer les chances? Vous n'avez pas eu
cela comme...
M. CHOQUETTE: Naturellement qu'une corporation comme Eaton's, à
Montréal, qui vend beaucoup à crédit et qui peut demander
à ses avocats de prendre des poursuites pour des montants
inférieurs à $300, si le défendeur choisit
d'évoquer la cause devant la division des petites créances,
Eaton's devra se faire représenter par un employé permanent et il
est tout à fait probable et logique que l'employé permanent de
Eaton's sera quand même quelqu'un d'assez averti du système
judiciaire, du mode de preuve, parce que, après tout, il s'agit
naturellement d'une personne qui travaille dans le département du
crédit. Mais étant donné qu'il est impossible
d'établir une parfaite égalité entre les parties devant un
tribunal, on peut bien avoir des parties qui sont complètement
déséquilibrées. A un moment donné, on peut avoir un
professeur de l'université Laval contre un individu qui est
bègue. Je veux dire qu'on ne peut pas rétablir
l'égalité des facultés. C'est là où je pense
que le rôle du juge est assez important dans sa façon de
rétablir l'égalité relative entre les parties.
M. SAMSON : II est évident que l'individu se présente avec
ses moyens personnels tandis qu'une corporation a quand même, si je
comprends bien, cet avantage de choisir parmi son personnel. Je n'ai pas
l'impression qu'elle va envoyer le gars qui balaie le plancher. Elle va envoyer
quelqu'un qui, comme vous le dites, est averti. C'est pourquoi je vous pose la
question à savoir si, par votre expérience, vous avez eu
certaines plaintes qui vous justifieraient peut-être de penser
d'améliorer le système dans le sens... Je vous donne à
titre d'exemple, devant un conseil arbitral de l'assurance-chômage, au
fédéral, il est permis, sans que ce soit nécessairement un
avocat, à un individu d'être accompagné de quelqu'un qui
soit représentatif, soit un représentant d'un syndicat ou autre.
Cela ne vous est pas venu à l'idée, parce que vous n'avez pas eu
de représentation à ce sujet, si je comprends bien.
M. CHOQUETTE: Pas sur ce sujet en particulier, pas sur cet aspect du
fonctionnement de la loi et probablement pour une très bonne raison,
c'est que même quand la corporation est représentée par
quelqu'un d'assez expérimenté, la procédure est toute
différente devant la division des petites créances dans ce sens
que ce n'est pas une partie qui interroge l'autre partie ou interroge des
témoins, c'est le juge qui dirige l'enquête et qui interroge les
témoins de part et
d'autre. Même si la corporation est représentée par
quelqu'un qui est plus finaud que le défendeur...
M. SAMSON: C'est le juge qui est le régulateur.
M. CHOQUETTE: Non seulement le juge est un peu le régulateur des
inégalités naturelles, mais, en plus de cela, c'est lui qui fait
l'enquête, c'est-à-dire qu'il interroge les témoins.
M. SAMSON: Ah bon! parfait. Je voudrais poser, M. le Président,
d'autres questions au ministre en ce qui concerne les coroners.
M. BURNS: Une dernière question sur la cour des petites
créances?
M. SAMSON: Oui, d'accord!
M. BURNS: J'avais manifesté au ministre dans mes remarques
préliminaires que ce serait notre désir de voir le montant de
$300, qui est de la juridiction des petites créances, porté
à une somme plus élevée. Est-ce que le ministre a
songé à cela? Est-ce qu'actuellement le ministère y pense
de porter cela, soit... ou de l'indexer?
M. SAMSON: L'indexer à l'inflation?
M. BURNS: Oui, ce n'est pas une mauvaise idée, ce n'est pas
bête ce que dit le député de Rouyn-Noranda. D'une
façon ou de l'autre, de toute façon, est-ce que le
ministère a songé et songe encore à faire varier ce
montant vers le haut évidemment?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas pris de décision sur ce sujet. En temps
et lieu, probablement que le montant sera porté à une somme plus
élevée. Au fur et à mesure où l'argent se
déprécie par suite de l'inflation, en fait, il n'y a pas de doute
qu'il faut suivre la courbe, il faut suivre le mouvement, mais je ne voudrais
pas m'engager aujourd'hui à l'augmenter dans un délai
déterminé.
M. BURNS: Mais vous ne l'écartez pas comme
possibilité?
M. CHOQUETTE: Je ne l'écarte pas.
Coroners
M. SAMSON: Ce que je voulais savoir, M. le Président, le ministre
est sûrement en mesure de nous dire combien de coroners il y a
actuellement dans la province.
M. CHOQUETTE: De coroners? M. SAMSON: Oui.
M. CHOQUETTE: Un instant. Environ 125.
M. SAMSON: Leur traitement, est-ce que c'est un traitement...
M. CHOQUETTE: Nous avons des coroners à temps plein et nous avons
des coroners à temps partiel. Les coroners à temps plein sont
payés environ $4,000 par année. Il y en a trois permanents, deux
à Montréal et un à Québec. Les coroners à
temps partiel ne sont pas payés selon un salaire annuel mais sont
payés sur une base d'honoraires pour chaque enquête à
laquelle ils procèdent.
M. SAMSON: Et l'honoraire fixé...
M. CHOQUETTE: L'honoraire, pour une enquête, est de $25 en
moyenne.
M. SAMSON: En moyenne, cela veut dire que cela peut varier suivant
l'importance...
M. CHOQUETTE: Oui, si c'était une enquête qui était
assez longue, cela pourrait être plus. En moyenne, d'accord, c'est
cela.
M. SAMSON: Si je comprends bien, est-ce que ceux qui sont à temps
plein bénéficient d'un régime de retraite?
M. CHOQUETTE: Certainement. Ils ont le même régime de
retraite que les juges.
M. SAMSON: Le même régime que les juges pour ceux qui sont
à temps plein.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SAMSON: Combien en avez-vous actuellement?
M. CHOQUETTE: Trois.
M. SAMSON: Qui bénéficient d'un régime de retraite.
Combien y en a-t-il qui bénéficient de prestations de
régime de retraite, comme ceux qui sont à la retraite?
M. CHOQUETTE: Des retraités? Nous en avons un seul, M. Laurin
Lapointe, et également, M. Fournier.
M. SAMSON: Le mode de nomination des coroners est-ce...
M. CHOQUETTE: Ils sont nommés par arrêté en
conseil.
M. SAMSON: Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai voulu dire. Vous
les sélectionnez de quelle façon?
M. CHOQUETTE: En général, en raison de leur
compétence.
M. SAMSON: Oui, cela c'est une bonne réponse.
M. BURNS: C'est dans un cas général, pas pour des cas
particuliers...
M. SAMSON: ... par le ministre dans d'autres circonstances, et je me
rappelle que cela avait soulevé un long débat.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, parmi les coroners à temps plein, nous
avons M. Maurice Laniel, qui est coroner-chef à Montréal, qui est
un ancien substitut du procureur général. Nous avons M. Roch
Héroux, à Montréal également qui est lui aussi un
ancien substitut du procureur général, et nous avons M. Drouin,
à Montréal, qui est coroner depuis très longtemps, une
dizaine d'années.
M. SAMSON: Les autres, vous les nommez de quelle façon?
M. CHOQUETTE: Ils sont nommés parce que nous examinons dans
chaque district judiciaire quelles seraient les personnes susceptibles
d'accepter cette fonction. Il y a des coroners médecins et il y a des
coroners avocats; il peut également y avoir des coroners notaires.
Maintenant, je dois dire au député...
M. SAMSON: Est-ce qu'il n'y a pas une autre sorte de coroners?
M. CHOQUETTE: Non, je dois dire au député que nous avons,
à l'heure actuelle, en préparation au ministère de la
Justice, un programme pour les coroners et les commissaires des incendies,
c'est-à-dire que toute cette question des coroners est en train
d'être étudiée en profondeur pour savoir comment nous
devrions, à l'avenir, choisir et rémunérer les coroners et
les commissaires des incendies.
Alors, il peut y avoir des réformes assez profondes qui vont
venir dans tout ce domaine.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez, parmi les coroners, actuellement, des
gens qui sont d'autres professions? Par exemple, est-ce que vous n'en
auriez-pas qui seraient des chiropraticiens?
M. CHOQUETTE: On a eu un pharmacien. On m'indique qu'on a
peut-être eu un chiropra-ticien comme coroner.
M. SAMSON: Et la façon de les nommer, c'est par...
M. CHOQUETTE: Arrêté en conseil.
M. SAMSON: Oui, oui, d'accord.
Comment arrivent-ils chez vous? Qui les recommande? Est-ce que vous avez
un système de recrutement?
M. CHOQUETTE: Non, nous avons un service, au ministère de la
Justice, sous l'habile et compétente direction du sous-ministre
associé aux affaires criminelles, M. Jean Drouin, qui s'occupe des
coroners.
M. SAMSON: C'est une bonne référence.
M. CHOQUETTE: C'est comme cela qu'ils sont choisis.
M. SAMSON: Comment avez-vous les noms? Est-ce qu'il y a un organisme
régional quelconque qui...
M. CHOQUETTE: Si le député de Rouyn-Noranda avait des
suggestions à me faire...
M. SAMSON: M. le Président, le ministre est en train de vouloir
dévier du sujet.
M. CHOQUETTE: Non, pas du tout.
M. SAMSON: Je voudrais que le ministre comprenne que je ne veux lui
faire aucun reproche en quoi que ce soit.
M. CHOQUETTE: D'accord!
M. SAMSON: Je m'informe. C'est une question que je pose, comment
procédez-vous? Cela pourrait peut-être être utile, si je
veux vous en suggérer un, je veux savoir comment on procède.
M. CHOQUETTE: La meilleure façon de procéder est de
m'écrire, de me suggérer un nom et de m'indiquer les
qualifications du candidat. Si j'ai une ouverture à l'endroit où
ce postulant coroner voudrait exercer ses fonctions, eh bien! on analysera sa
candidature.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez des problèmes de recrutement?
M. CHOQUETTE: Cela m'étonne même que nous n'ayons pas trop
de problèmes de recrutement parce que, après tout, on ne peut pas
dire que la fonction de coroner soit tellement rémunératrice. Je
m'étonne qu'il y ait tellement de gens qui soient prêts à
agir comme coroner à temps partiel. Peut-être que cela
confère un certain prestige social dans certains centres et c'est
très bien à mon sens. Evidemment, on cherche des
personnalités qui sont estimées dans leur milieu, comme par
exemple, le député de Rouyn-Noranda, quand il quittera la vie
politique...
M. SAMSON : Est-ce une offre de nomination?
M. CHOQUETTE: Non, mais quand il quittera la vie politique, il pourra
aspirer à devenir coroner, tout comme le député de
Maisonneuve peut espérer devenir juge.
M.SAMSON: M. le Président, c'est une tentative de corruption de
la part du ministre !
M. CHOQUETTE: Non, pas du tout.
M. DES JARDINS: Aspirer, cela ne veut pas dire que vous serez
nommé.
M. SAMSON: Oui, je sais.
M. CHOQUETTE: II y a des inconvénients à avoir des
coroners à temps partiel, je l'admets facilement avec le
député, dans ce sens que l'enquête du coroner, après
tout, est une phase importante de la procédure judiciaire. Des gens qui
ne s'adonnent à cette fonction que d'une façon occasionnelle, il
est évident que cela représente quelques difficultés pour
eux parce qu'après tout il faut qu'ils sachent la différence
entre la négligence criminelle ou la simple faute civile parce que,
souvent, il y a lieu, à la suite de leur enquête, de faire des
recommandations, soit de poursuivre les gens pour homicide involontaire ou pour
dire qu'il n'y a pas de mort imputable à une faute criminelle. Il y a
aussi le fait qu'avec l'expérience, plusieurs de nos coroners à
temps partiel sont devenus des gens très compétents dans leur
domaine parce qu'au fur et à mesure des années ils sont devenus
assez compétents. Malgré tout, je ne trouve pas que le
système de coroners à temps partiel est un bon système.
Pour moi, il faudra le modifier sensiblement pour faire en sorte que nous ayons
des coroners à temps plein.
M. SAMSON: Cela m'amenait à vous poser cette question à
savoir si vous envisagez au moins d'avoir des coroners à temps plein, un
certain nombre, du moins, dans chaque région. Je ne sais pas de combien
vous en avez besoin, mais s'il y en avait au moins un par région dans
les régions qui sont éloignées et qui n'ont pas cette
chance des régions comme Montréal ou Québec, par exemple,
cela résoudrait peut-être une partie de...
M. CHOQUETTE: Oui, mais avant de donner des conclusions
définitives sur ce sujet, je voudrais attendre que notre mémoire
de programmes sur la question soit terminé.
M.SAMSON: En attendant que ce soit terminé, vous allez continuer
à...
M. CHOQUETTE: Là, j'ai des coroners en place un peu partout.
Lorsqu'une enquête requiert une compétence particulière, il
arrive même que nous nommions des juges comme coroners.
M. SAMSON: Ah bon!
M. CHOQUETTE: On a vu certaines enquêtes de grande importance
être présidées par des juges.
M. SAMSON: A Matagami, par exemple?
M. CHOQUETTE: II y a eu le mont Wright, il y a eu Campbellton.
M. SAMSON: L'aréna qui est tombée dans la Beauce.
M. CHOQUETTE: L'aréna de la Beauce.
M. SAMSON: Qui est coroner pour le cas de l'incendie de Matagami?
M. CHOQUETTE: A Matagami, nous avons décidé de nommer M.
Maurice Laniel qui ira procéder à l'enquête sur l'incendie
de Matagami.
M. SAMSON: Celui qui est coroner à temps plein...
M. CHOQUETTE: A Montréal.
M. SAMSON: Cela va avoir lieu éventuellement?
M. CHOQUETTE: Je crois que cela devrait être fait incessamment. On
me dit que c'est la semaine prochaine.
M. BURNS: Pendant que nous sommes sur l'affaire des coroners et
parallèlement à l'annonce que le ministre a faite, tant dans son
interrogation du début que par des réponses à mes
questions ce matin au sujet de la charte des droits de l'homme
québécois, il y a toujours eu une espèce de
problème qui s'est posé en vertu de la loi actuelle des coroners.
C'est cette fameuse présomption d'innocence, d'une part, de tout le
monde mise parallèlement à l'obligation pratiquement
indestructible de n'importe quel témoin appelé par un coroner
d'être obligé de s'incriminer. Est-ce que le ministre, soit
à l'occasion de sa charte des droits québécois, soit dans
un amendement particulier à la loi, est prêt à
réviser cette situation?
En somme, dans la situation que je décris, si quelqu'un est
jugé comme un témoin important à l'enquête du
coroner et qu'il y a possibilité qu'un meurtre ou qu'un homicide
involontaire ait été commis, la pratique des coroners est
d'inviter l'éventuel suspect à témoigner et de le forcer
à témoigner. Je pense que c'est un peu contraire aux principes de
base en droit criminel qu'un accusé témoigne. Evidemment, il
n'est pas accusé à ce moment-là, je l'admets, mais, en
droit criminel, un accusé n'est jamais obligé de témoigner
dans sa cause. Cela ne peut même pas faire l'objet de remarques du
tribunal, qu'il ait témoigné ou qu'il n'ait pas
témoigné, encore moins de la part du procureur de la poursuite.
Est-ce que le ministre envisage des changements à la Loi du coroner, eu
égard à sa charte des droits québécois?
M. CHOQUETTE: Je dois dire que non,
parce que le code criminel prévoit l'existence d'enquêtes
du coroner et la présence d'officiers de justice chargés
d'enquêter sur des crimes. La Loi de la preuve au Canada s'appliquant
à de telles enquêtes, il est loisible à tout témoin
qui est traduit devant cette enquête de réclamer la protection de
la cour et, par conséquent, faire en sorte que le témoignage
qu'il peut rendre ne puisse servir contre lui dans un procès
ultérieur.
M. BURNS: Je ne veux pas partir dans une grande argumentation juridique
avec le ministre, mais il y a une thèse en droit que la Loi de la preuve
du Canada, étant celle qui permet la protection de la cour
demandée par quelqu'un qui ne veut pas s'incriminer, il y a une
thèse selon laquelle cette chose étant de juridiction
fédérale, une loi fédérale ne s'applique pas dans
des lois provinciales. En tout cas, il y a d'importants esprits juridiques qui
pensent ce que je viens de vous dire. Je ne vous dis pas que c'est cela, je ne
sais pas. Ce n'est pas à moi d'en décider, mais cela pose quand
même un problème, de sorte qu'il faudrait quasiment que cette
charte des droits québécois prévoie la même
chose.
La Loi des coroners est une loi provinciale et je me demande
sérieusement si, à ce moment-là, la Loi de la preuve du
Canada peut s'appliquer dans un cas... Je me demande en somme si un coroner
peut légalement accorder la protection de la cour telle que
prévue dans une loi fédérale, c'est-à-dire la Loi
de la preuve du Canada.
M. CHOQUETTE: Je crois que ces questions ont été
tranchées par les tribunaux par le maintien du droit du coroner
d'interroger les témoins et qu'on a reconnu les dispositions
législatives, soit fédérales, dans la Loi de la preuve au
Canada, soit provinciales dans certaines de nos lois telles que la Loi des
coroners ou la Loi du commissaire des incendies, que ces dispositions qui
accordent la protection de la cour au témoin, à condition qu'il
dise la vérité, sont valables.
M. BURNS: Elles s'appliquent aux deux.
M. CHOQUETTE: Elles s'appliquent aux deux. A tel point même que
les mêmes dispositions ont été maintenues à
l'occasion de l'enquête sur le crime organisé parce que cela a
été un des moyens de contestation de l'enquête sur le crime
organisé à l'égard de certains témoins qui
refusaient de répondre en disant que leurs réponses devaient les
incriminer. Les cours Supérieure et d'Appel ont maintenu que cela
n'était pas une raison suffisante pour un témoin de refuser de
répondre, parce qu'il pouvait avoir la protection de la cour. C'est une
protection. Evidemment, j'admets qu'en droit...
M. BURNS: En droit américain, ce n'est pas cela.
M. CHOQUETTE: ...américain, tel ne serait pas le cas parce qu'un
témoin, dans une enquête comme celle-ci ou tout autre
procès, pourrait dire: "I stand on the fifth amendment and I refuse to
answer because my answers may attempt to incriminate me." Comme ils disent
constamment. Mais le droit canadien n'a pas la même tendance que la
législation américaine. Il s'agit de balancer les droits de
l'individu par rapport aux droits de la société de poursuivre
certaines enquêtes d'intérêt public. Nos tribunaux ont
jugé, jusqu'à nouvel ordre, qu'il était
d'intérêt public, que l'intérêt public primait
l'intérêt privé dans ces domaines-là pour les fins
de ces enquêtes, que ce soit une enquête du coroner, enquête
du commissaire des incendies ou enquête sur le crime organisé. Je
ne prévois pas apporter de modifications dans cet ordre
d'idées.
M. BURNS: D'accord. Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'élément 1, est-ce qu'il y a
d'autres remarques? Elément 2; Soutien administratif aux cours de
justice.
M. BURNS: A l'élément 2, j'ai d'abord une question de
chiffres. Dans la ventilation des crédits, vous avez une augmentation
importante à la catégorie 6, loyers où on retrouve la
somme de $312,000 par rapport à l'année dernière qui
était de $253,500, et, à la catégorie 8,
équipement, une augmentation à $552,000 par rapport à
$227,000 l'année dernière. Ce que je demande, tout simplement, au
ministre, c'est de nous donner la raison de cette augmentation à ces
deux catégories-là.
M. CHOQUETTE: Pour la catégorie 6, loyers, il a été
décidé de changer les machines à photocopier 3M par des
machines à photocopier de marque Xerox. Ce changement a eu pour effet
d'accroître les crédits à cette catégorie d'environ
$60,000, étant donné que l'achat des fournitures requises pour le
fonctionnement de ces machines est fait globalement et est absorbé par
le programme 3, gestion interne et soutien du ministère. Pour la
catégorie 8, matériel et équipement, l'achat du
matériel et de l'équipement requis pour la mécanisation
des procédures d'enregistrement occasionne des dépenses
additionnelles d'environ $325,000. Le programme de mécanisation des
procédures d'enregistrement est un programme par lequel nous entendons
utiliser des techniques plus modernes d'inscription des données et ceci
entraîne des coûts additionnels.
Loi des dépôts volontaires
M. BURNS: Toujours à l'élément 2, M. le
Président, je pense que c'est l'endroit où l'on peut parler
étant donné qu'il s'agit d'un soutien administratif aux
cours de justice de
la Loi des dépôts volontaires, entre autres. Le Protecteur
du citoyen, en 1972, aux pages 24, 25 et 26 de son rapport je vois que
le sous-ministre sait déjà, avec sa perspicacité, ce que
j'ai l'intention de poser comme question parlait de difficultés
d'interprétation de l'article 658 du code de procédure
civile.
En deux mots, j'ai compris le problème que soulevait le
Protecteur du citoyen de la façon suivante: l'article 658 dit
évidemment qu'un débiteur qui a recours à la Loi des
dépôts volontaires n'est pas sujet à saisie de salaire. Par
contre, il ne traite pas clairement du cas du débiteur qui est
déjà sous saisie et qui, prévoyant une éventuelle
saisie, a recours, pour les autres saisies, à la Loi des
dépôts volontaires. Je pense que le Protecteur du citoyen
suggérait un amendement vu l'interprétation que les officiers de
greffe donnaient à l'article 658, c'est-à-dire qu'ils refusaient
à un débiteur, déjà sous saisie pour une dette, le
bénéfice de la Loi des dépôts volontaires ou les
dispositions des dépôts volontaires. Est-ce que le ministre entend
donner suite à la recommandation du Protecteur du citoyen, dans ce
rapport de 1972, d'amender la loi, d'amender l'article 658 du code de
procédure civile pour permettre qu'un débiteur déjà
sous une saisie de salaire il a été imprévoyant
dans ce cas puisse au moins bénéficier de la loi pour
d'autres dettes ultérieures? Evidemment, une saisie ne concerne
effectivement qu'une seule dette. Il me semble que le Protecteur du citoyen a
pris la peine de se pencher sur ce problème et de faire des
recommandations; je me demande s'il n'y aurait pas lieu de clarifier l'article
658.
M. CHOQUETTE: Avant un amendement apporté à l'article
auquel se réfère le député de Maisonneuve, il est
exact qu'il y avait, conformément aux droits qui existaient à ce
moment-là et à la façon d'agir dans les greffes, une
situation qui pouvait se développer, du genre de celle qu'a
décrite le député de Maisonneuve. Après qu'on ait
eu amendé le code de procédure civile, nos greffiers, dans les
cours, ont continué à agir conformément aux pratiques
anciennes, avant que l'amendement ne soit adopté. Lorsque le
problème a été soulevé, il a été
examiné au ministère de Justice et nous en sommes venus à
la conclusion que l'amendement était suffisant pour éviter des
situations comme celle que décrit le député de
Maisonneuve, qu'il ne s'agissait, en fait, que d'instruire convenablement nos
greffiers dans les différentes cours qu'ils devaient changer leur
façon d'agir; des instructions ont effectivement été
données à nos greffiers de suivre et d'obtempérer aux
nouvelles dispositions de la loi.
M. BURNS: Donc, ce problème soulevé par le Protecteur du
citoyen n'existe plus.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BURNS: En fait, ç'aurait pu être réglé par
une clarification de l'article 658, mais aussi par une directive comme ce que
vous avez fait, si vous me dites que les greffiers ou que les gens du greffe
affectés aux dépôts volontaires acceptent ça. Cela
me satisfait comme réponse.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 2, adopté?
Adopté.
M. BURNS: Non, j'ai d'autres questions sur ce point.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: M. le Président, si vous me permettez, de
façon concise, de soulever un autre point d'intérêt
légal où il y a un problème d'interprétation
vis-à-vis du responsable des dépôts volontaires. Il y a un
article, je ne me rappelle pas si c'est 654 du code de procédure civile,
qui prévoit que la réclamation qui est faite, quand quelqu'un se
prévaut des dispositions de la Loi des dépôts volontaires,
porte intérêt au taux légal de 5 p.c. Or, voici ce qui se
passe de façon pratique.
Un certain jugement ayant été obtenu devant la cour par
exemple, pour une compagnie de finance à des taux excessifs de 12 p.c,
14 p.c. ou 16 p.c, le jugement sert de réclamation de telle sorte qu'il
se pose un problème juridique qui est interprété
différemment parce que quand celui qui est sur les dépôts
volontaires a fini de payer avec les intérêts de 5 p.c., disons
qu'il peut y avoir une quittance, mais quand même, après il y a
souvent des poursuites prises pour payer la balance des intérêts.
A ce moment-là, il est interprété différemment par
les responsables. Est-ce le taux légal qui prévaut, est-ce le
taux du jugement? Parce que c'est le jugement qui sert de base à la
réclamation des dépôts volontaires. A l'heure actuelle, il
y a des jugements égalitaires, pour ou contre. Ce n'est pas clair.
M. CHOQUETTE: On m'informe que la coutume dans les greffes a
été de fonctionner en vertu du taux légal
d'intérêt et que l'attitude que l'on a prise, c'est que, si le
créancier se considérait frustré d'un droit parce qu'il
aurait droit à un taux plus élevé que le taux légal
en vertu du jugement, il formule une nouvelle réclamation pour
l'excédent d'intérêt ou il prend une poursuite pour
justifier son droit.
Nous admettons la situation de confusion qui existe je crois que
le député de Beauce-Nord a tout à fait raison de
l'indiquer mais étant donné qu'il y avait cette confusion,
c'est la façon de procéder que nous avons prise.
M. SYLVAIN : Parce que les responsables des dépôts
volontaires vis-à-vis de la clientèle des dépôts
volontaires, disent: Ton problème est réglé et tout cela.
Le lendemain ou une semaine après, il peut y avoir une poursuite, par
exemple, de 5 p.c, 7 p.c ou 8 p.c. sur le taux excédentaire.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M.SYLVAIN: Mais c'est la partie de la jurisprudence qui n'est pas claire
là-dessus et je pense que cela peut être une dictée
administrative plus que des arguments de plaidoiries ou des arguments
légaux.
M. CHOQUETTE: D'accord!
M. SYLVAIN: S'il y avait quelque chose qui fixait cela une fois pour
toutes, ou, si le jugement sert à la réclamation, il porte
intérêt autour du jugement, ou, si c'est sans jugement et sans
intérêt, au taux légal. Il n'y a cela qui n'est pas...
M. CHOQUETTE: Ecoutez, on peut envisager la possibilité de
clarifier cette question par un moyen législatif. Je m'engage, de l'avis
du député, à examiner cela.
M. SYLVAIN : Cela rendrait service en même temps aux gens des
greffes, cela rendrait service aussi à ceux qui se prévalent de
la loi. Cela ne paraît pas être un gros problème, mais c'est
encore drôle comme cela peut l'être.
M. CHOQUETTE: D'accord!
Pensions alimentaires
M. BURNS: Concernant un autre sujet, M. le Président, toujours
sur le soutien administratif de nos cours, le juge en chef de la cour
Supérieure, en janvier dernier, a annoncé la mise sur pied d'un
service de perception et de redistribution des pensions alimentaires sous
l'autorité du ministère afin d'alléger le rôle de la
cour Supérieure. Est-ce que le ministre peut nous dire si,
effectivement, quelqu'un travaille à ce projet? Si oui, où en
est-ce rendu?
M. CHOQUETTE : J'ai rencontré le juge en chef de la cour
Supérieure, le juge Jules Deschênes, et nous avons eu l'occasion
de nous entretenir de cette suggestion voulant que l'on mette sur pied un
service de perception des pensions alimentaires. Le juge Deschênes a
facilement convenu qu'il lui était impossible de mettre un tel service
sur pied sans qu'il y ait une loi qui prévoie l'existence d'une
façon de procéder comme celle-là. J'ai dit au juge
Deschênes, et il en a été satisfait, que nous examinerions
ce problème à l'occasion du livre blanc sur l'administration de
la justice et que nous ferions des suggestions sur sa proposition.
M. BURNS: Evidemment, vous en avez conclu que cela prendrait un projet
de loi.
M. CHOQUETTE: Nécessairement. Nous ne pourrions pas, à
l'heure actuelle, donner suite à la proposition ou à la
suggestion du juge Deschênes.
M. BURNS: On pourra donc discuter à nouveau de ce problème
à l'occasion du livre blanc.
M. CHOQUETTE: C'est cela. M. BURNS: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions?
Elément 2, adopté?
Sténographie judiciaire
M. BURNS: Non, M. le Président. Elément 2.
Un problème qui est né, M. le Président, en tout
cas du moins aux cours de juridiction criminelle, à Montréal
je ne parle pas pour les autres districts, je ne suis pas en mesure de
dire si c'est la même chose c'est ce fameux problème de la
mécanisation de la sténographie judiciaire, c'est-à-dire
qu'en deux mots, on est dans le processus de remplacement des
sténographes et sténotypistes judiciaires par des appareils
à enregistrer. Je sais que cela faisait suite à une
recommandation qui apparaissait dans le rapport du ministère en 1971 ou
1972, sauf erreur.
A Montréal, on est en plein processus mais, véritablement
j'insiste sur le mot dans le processus de mettre en application
ce système. Parallèlement à cela, il y a un
problème qui se développe et qui vise les avocats
concernés par ces causes et surtout davantage, je pense, les
justiciables qui sont devant les tribunaux de juridiction criminelle, à
Montréal et aussi et c'est à ne pas négliger
les sténographes eux-mêmes. C'est que c'est une espèce de
situation absolument aberrante pour ces trois catégories de gens. Par
ordre d'importance, je dirais que ce sont sans doute les justiciables qui sont
les premiers à payer pour et, en deuxième lieu, les
sténographes eux-mêmes et, évidemment, par voie de
conséquence, les avocats qui attendent les transcriptions
sténographiques.
On a cessé, voyant la mécanisation arriver, d'embaucher de
nouveaux sténographes ou, si on en embauche, on embauche des gens en
leur disant: On vous embauche de façon temporaire, parce qu'on ne veut
pas vous permettre d'accéder comment dirais-je à la
sécurité totale d'emploi puisque, éventuellement, votre
profession est appelée à disparaître ou, sinon à
disparaître, à être tellement restreinte.
Cela pose le problème pour le justifiable, qui attend que sa
cause fonctionne, surtout lorsqu'il est détenu il y a des cas
où véritablement la détention avant le procès est
maintenue qui ne peut pas avoir la transcription immédiate de ses
notes sténographiques, parce qu'on est dans cette situation aberrante,
à mi-chemin.
Je ne sais pas ce que le ministère a l'intention de faire pour
cela, mais il y a ce problème pour le justifiable lui-même et
évidemment
pour son avocat. Il y a le problème des sténographes
à qui on demande, dans le fond, un surcroît de travail absolument
impossible, dans le sens que... Entre autres, à Montréal, par
exemple, on tient, je le pense, si mes informations sont exactes, quelque chose
comme cinq ou six transcriptions journalières, ce qu'ils appellent les
transcriptions journalières, par jour, et vous avez les cours
régulières qui siègent.
La mécanisation elle-même n'étant pas arrivée
à un point de perfection telle, vous avez, je pense, de la
difficulté à trouver des dictapho-nistes. Au prix qu'on leur
offre, je comprends très bien qu'actuellement vous ayez de la
difficulté à trouver des dictaphonistes à un salaire
à peine de $100 par semaine. Je pense bien que c'est un des
éléments du problème. Il arrive que, dans le domaine de
l'administration de la justice criminelle, du moins pour Montréal, c'est
un embêtement total pour toutes les parties concernées par cette
situation.
Je me demande si le ministre de la Justice ne devrait pas envisager,
tant et aussi longtemps que le système de mécanisation ne sera
pas parfaitement mis en application, des solutions d'urgence, des solutions qui
vont tenter de régler le problème tant pour les justiciables que
pour les personnes concernées directement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je crois qu'il faut tout d'abord
faire la distinction entre le domaine civil et le domaine criminel. Dans le
domaine civil, les sténographes sont des sténographes à la
pige, à contrat, qui prennent des mandats de différents avocats.
Il y a des problèmes dans ce domaine qui résultent des
innovations techniques que nous apportons au système d'enregistrement
des témoignages, mais ces problèmes ne sont pas de la même
nature exactement dans le domaine civil et dans le domaine criminel.
Dans le domaine criminel, le problème résulte plutôt
non pas tellement des aspects techniques de l'innovation au point de vue
technologique; il résulte plutôt de notre difficulté
à recruter du personnel aux salaires qui nous sont
déterminés par la Fonction publique.
C'est-à-dire que les échelles de traitements que nous
sommes en mesure d'offir à du personnel qui voudrait venir travailler au
palais de justice dans le système nouveau d'enregistrement, ne
s'avère pas très attrayant, et par conséquent, nous avons
quelques difficultés dans le recrutement du personnel.
Au niveau de la sténographie dans les cours civiles, où
nous n'avons pas de salariés ou d'employés permanents pour
prendre les dispositions, il s'agit d'un tout autre problème.
C'est-à-dire que là nous avons des sténographes qui,
voyant que les possibilités de carrière comme sténographes
officiels sont limitées à cause des innovations techniques, ont
ressenti une vive insécurité, et se sont
dépêchés, pour un certain nombre d'entre eux, d'aller se
chercher des postes à l'extérieur du palais de justice ou de
faire du travail auprès de commissions, tribunaux d'arbitrage, ou autres
organismes du même genre, en se disant: Nous n'avons pas d'avenir dans la
sténographie au palais de justice. Nous avons négocié avec
l'association des sténographes, représentée par son
président, M. Paul Frenette, et nous avons fait quelques concessions aux
sténographes. Nous leur avons réservé certains domaines
particuliers, en les assurant que ces domaines demeureraient de la
compétence des sténographes officiels, et nous les avons
assurés que la transition faite par suite de l'introduction de
l'enregistrement mécanique se ferait dans les meilleures conditions
possibles pour éviter le plus de soubresauts qu'il nous était
possible de faire dans ces circonstances. Il semble que les solutions que nous
avons proposés aient été satisfaisantes.
M. BURNS: Cela, c'est pour les pigistes...
M. CHOQUETTE: Oui, pour les pigistes, du côté civil, mais
pour le côté criminel, c'est plutôt un programme de
recrutement et c'est plutôt lié à l'échelle des
traitements qu'aux changements technologiques, parce qu'il est évident
que tous nos sténographes, actuellement en fonction dans les cours
criminelles et qui sont membres de la Fonction publique et qui ont la
sécurité de l'emploi sont pleinement protégés, quel
que soit l'avenir de la sténographie.
M. BURNS: II n'y a pas de problème là-dessus. Ce n'est
d'ailleurs pas sous cet angle que j'ai soulevé le problème. Je
suis sûr que tous les sténographes qui ont acquis la
sécurité d'emploi au sens de la convention collective ne perdront
pas leur travail le jour où l'on mécanisera totalement. Je veux
demander, c'est qu'on fait dans cette période transitoire, parce qu'on
est dans une période transitoire, où ce n'est pas encore tout
à fait mécanisé et où on se retient d'engager de
nouveaux sténographes parce qu'on ne veut pas en faire accéder
d'autres à la sécurité d'emploi. Je veux dire que ce qui
arrive actuellement, c'est que tout le monde souffre de cela, tout le monde,
d'abord et avant tout; les justiciables. Je sais qu'il y a un
mécontentement qui est devenu presque chronique chez les
sténographes et les sténotypistes au palais de justice à
Montréal. Je ne parle pas des pigistes qui travaillent à la cour
Supérieure, je parle des employés du ministère de la
Justice qui sont sténographes, et ceci, simplement parce qu'on veut
maintenir un rythme de production normal, comme si tout était parfait,
soit en vertu de l'ancien système c'est-à-dire seulement
avec des sténographes ou un rythme normal, comme si tout
était parfait sous le nouveau système, c'est-à-dire le
système de mécanisation. Or, vos employés sont à
cheval sur les deux, actuellement.
M. CHOQUETTE: J'ai rencontré au milieu du mois de janvier le
président de la Commis-
sion de la fonction publique, M. Yvon Saindon, et je lui ai fait part de
cette situation qui prévalait dans nos cours criminelles. Je lui ai dit
qu'il fallait qu'il révise les traitements qui étaient offerts
pour recruter du personnel qui doit s'intégrer au nouveau service
d'enregistrement mécanique. M. Saindon a semblé bien
réagir à mes propositions dans ce sens. Malheureusement, nous
n'avons pas encore reçu le nouveau plan de classification qui s'applique
autant aux greffiers, je pense, qu'aux secrétaires judiciaires, et qui
nous permettrait d'assurer une plus grande abondance de recrutement pour
alléger la tâche des sténographes qui oeuvrent dans les
cours criminelles et qui travaillent suivant les méthodes
traditionnelles de prises de dépositions.
M. BURNS: Oui, mais entre-temps, qu'est-ce qu'on fait?
M. CHOQUETTE: Entre-temps, tout ce que je peux faire, c'est pousser le
plus possible sur la Commission de la fonction publique pour permettre
d'obtenir le personnel pour faire fonctionner la partie du système
mécanisé et ainsi permettre aux sténographes judiciaires
de se décharger de leurs fonctions dans des conditions normales et ne
pas leur imposer un surcroît de travail excessif.
Nous avons vraiment tenté, je puis en assurer le
député de Maisonneuve, d'impressionner la Commission de la
fonction publique sur la nécessité d'apporter tout de suite une
attention à ce problème et j'ai confiance qu'avec la bonne
volonté de la commission, ce sera possible de...
M. BURNS: Connaissant les lentes procédures en matière de
fonction publique, je sais qu'on va être encore en train de se parler de
ce même problème-là peut-être aux crédits de
l'année prochaine. Je vous rappelle, M. le ministre, que
déjà le système de mécanisation devait être
mis en vigueur en septembre 1973 de façon parfaite. On avait
antérieurement parlé de la mise sur pied du système de
mécanisation également en janvier 1973. On a repoussé
cette décision-là à septembre 1973 et là, on la
repousse encore apparemment de façon...
M. CHOQUETTE: On ne la repousse pas parce que mon sous-ministre m'assure
que la Commission de la fonction publique a, malgré tout, fait son
travail, même s'il y a eu des retards et qu'on n'est pas passé
à l'action immédiatement, que le plan de classification est
prêt à l'heure actuelle, avec les nouvelles échelles de
traitements, et sera connu à brève échéance.
La situation n'est peut-être pas aussi noire que la décrit
le député de Maisonneuve. Pour notre part, il peut être
sûr qu'au ministère de la Justice, nous ressentons les mêmes
problèmes que ceux qu'il décrit et que nous sommes un peu, nous
aussi, à notre façon, les jouets de la
Commission de la fonction publique. J'ai confiance que, d'ici peu, on
pourra assurer un meilleur recrutement et répartir le travail d'une
meilleure façon entre le personnel là-bas.
M. BURNS: Simplement pour sensibiliser le ministre à ce
problème, je veux juste lui dire que ça devient une chaîne
absolument impossible actuellement. Il y a des causes qui sont remises en appel
parce que la transcription sténographique n'est pas prête. Il y a,
d'autre part évidemment, cela passe sur le dos de vos
employés si la sténographie n'est pas prête des
mises en demeure que des avocats adressent régulièrement à
des sténographes parce que leur transcription n'est pas prête.
Parallèlement à tout cela, il y a le juge en chef je ne le
blâme pas, d'ailleurs entre autres, de la cour des Sessions de la
paix et probablement celui de la cour Supérieure aussi qui veulent
garder une performance minimale et qui continuent à opérer. Je ne
les blâme pas, ce n'est pas leur faute, sauf que vous avez cette
espèce de mélange inextricable où tout le monde se relance
la balle et où tout le monde est mécontent. Je connais des
confrères qui, à Montréal, gueulent constamment à
cause de ce système. Je veux juste sensibiliser le ministre à
l'urgence de régler ce problème avant que tout le monde devienne
fou dans la boutique et que les justiciables en fassent les frais parce que
c'est ça qu'est le problème. C'est bien beau de demander un
effort additionnel à vos employés temporairement, mais ce que
ça fait, c'est que, comme résultat, ce sont les justiciables qui
paient pour cela éventuellement.
M. CHOQUETTE: Les frustrations qui sont ressenties à
Montréal sont ressenties à Québec et nous avons,
évidemment, voulu instaurer au gouvernement un système de gestion
du personnel qui est très exigeant et qui fait que tous les
ministères dépendent de la Commission de la fonction publique et
du ministère de la Fonction publique et nous en récoltons,
jusqu'à un certain point, les effets négatifs. Pour ma part, je
serais favorable à certains assouplissements dans les procédures
en rapport avec l'embauche du personnel.
D me semble que ceci permettrait de faire face à des
réalités administratives des problèmes concrets qu'on
rencontre dans la gestion des ministères et ne sacrifierait pas non plus
une certaine réglementation qu'il est nécessaire d'avoir dans
l'engagement de personnel, dans le gouvernement.
M. BURNS: Voulez-vous qu'on vous aide pour faire des pressions
auprès du ministre de la Fonction publique?
M. CHOQUETTE: Je veux bien. M. BURNS: On va vous aider.
M. CHOQUETTE: Vous y êtes cordialement invités.
M. BURNS: C'est d'ailleurs moi qui aurai à critiquer les
crédits du ministre de la Fonction publique. Je lui en parlerai, en
votre nom et en mon nom personnel.
M. CHOQUETTE: J'espère qu'il va comprendre le bon sens.
Services auxiliaires
M. BURNS: Un dernier point que j'aimerais soulever, toujours
relativement aux services auxiliaires. Le 11 février dernier, les
autorités de votre ministère ont mis en place un système
accru de sécurité au palais de justice de Québec, de
façon à contrôler les allées et venues à
l'intérieur de l'édifice. C'est du moins de cette nature que sont
mes informations. Est-ce que ces mesures ont un caractère permanent?
Combien cela coûte-t-il aux contribuables? Par qui ces mesures de
sécurité sont-elles exécutées? Juste pour illustrer
peut-être le besoin; cela dépend évidemment du but de la
mise en application de ces mesures de sécurité.
Il y a un journaliste qui je pense que c'est au cours de
l'été dernier qu'on a vu cela, cela a été
publié dans un journal, je pense que c'est le Journal de Québec
uniquement pour vérifier, pour tester les mesures de
sécurité, s'est présenté au palais de justice avec
un revolver jouet qu'il a dissimulé dans sa poche et qu'il est
allé littéralement cacher dans une toilette où beaucoup de
gens avaient accès. Durant 24 heures, le revolver jouet est resté
à la même place. Avec témoins à l'appui, il est
revenu le recueillir le lendemain au même endroit où il l'avait
laissé.
Evidemment, c'est sûr qu'il fallait augmenter les mesures de
sécurité. Ce que je pose comme question, c'est: Quelle est
l'approche qu'on donne à ces mesures de sécurité? Est-ce
que c'est un caractère permanent qu'on veut leur donner ou pas?
M. CHOQUETTE: La sécurité accrue au palais de justice de
Québec est survenue au cours ou à la suite de certains incidents
que le député de Maisonneuve connaît et qui ont
été relatés dans les journaux. On sait qu 'une bombe a
éclaté et que deux personnes qui étaient dans une
automobile sont mortes. Il y a eu des problèmes à l'occasion de
certains procès qui se plaidaient. Par conséquent, nous avons cru
utile d'accroître les mesures de sécurité, mais cela
n'était, en fait, qu'une mesure prise temporairement. Au point de vue
des mesures permanentes qui sont instaurées au palais de justice, on me
dit qu'il y a certaines mesures de sécurité adoptées qui
sont conformes aux besoins habituels que nous avons dans un palais de justice.
Le journaliste qui s'est livré à ce petit jeu de la cachette du
revolver jouet était un journaliste connu, et tout comme un avocat qu'on
laissait entrer et sortir du palais de justice sans le fouiller, sans
l'interroger parce que c'était une figure connue, c'est comme cela qu'il
a réussi à placer le revolver dans une...
M. BURNS: Evidemment, l'exemple pèche un peu, mais le fait quand
même qu'un revolver ait pu être c'était
évidemment un jouet caché à cet endroit-là,
pendant une période de 24 heures, c'était quand même
étonnant. J'admets cependant avec le ministre que l'exemple pèche
un peu étant donné que c'est une personne qui est connue, dont le
visage est connu au palais de justice. C'est un peu comme un avocat qui va tous
les jours à la cour criminelle. Il ne se fait pas fouiller, c'est bien
évident. Mais je pense que c'est peut-être troublant que cela
puisse se passer, même par quelqu'un dont le visage est assez familier
aux agents de sécurité.
M. CHOQUETTE: Je pense que le député conviendra que les
mesures de sécurité qu'on peut adopter dans les édifices
publics comme le parlement ici, comme les palais de justice, ce ne sont jamais
des mesures de sécurité absolue et qu'il y a toujours moyen de
passer à travers les mailles du système sécuritaire. En
fait, si on devait viser à une sécurité absolue dans les
édifices publics et même dans la société en
général, on vivrait dans une atmosphère drôlement
étouffante. Nous ne pouvons appliquer que des mesures de
sécurité qui tiennent compte des prévisions humaines
normales moyennes, en somme. Il y aura toujours l'exception qui pourra se
réaliser.
M. BURNS: Donc, ces mesures-là, au palais de justice de
Québec, sont temporaires.
M. CHOQUETTE: La sécurité accrue n'a été que
temporaire, mais il y a quand même des mesures de sécurité
qui prévalent en règle générale.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 1, adopté.
Elément 2 adopté. Programme 1, adopté en entier. Programme
2: Enquêtes et expertises scientifiques pour fins judiciaires.
Elément 1. Enquêtes sur les décès et incendies.
M. BURNS : J'avais une question là-dessus et je l'ai posée
à l'occasion de la Loi du coroner.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, élément 1,
adopté?
M. BURNS: En ce qui me concerne, j'avais une question à
l'élément 1, M. le Président, je l'ai posée au
ministre tantôt, quand on a parlé de la Loi du coroner.
M. CHOQUETTE: C'est cela. C'est le chapitre qui traite des coroners, des
commissaires des incendies et de l'Institut médico-légal.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 2: Expertises
médico-légales et scientifiques. Adopté également?
Programme 2, adopté? Alors, on revient à l'élément
2: Expertises médico-légales et scientifiques.
Expertises médico-légales et
scientifiques
M. BURNS : J'admire votre zèle, M. le Président. Il faut
nous donner le temps, nous avons toute sorte de paperasse.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que cela va bien?
M. BURNS: Cela va très bien et cela va continuer.
LE PRESIDENT (M. Brisson): S'il n'y avait pas d'ordre, ce serait
autrement.
M. BURNS: La question que je veux poser au ministre concerne la morgue
provinciale de Québec. J'aimerais qu'il nous dise depuis quand la
nouvelle morgue de la rue Semple est en service?
M. CHOQUETTE: Depuis quelques mois, mais elle a été
inaugurée officiellement au cours du mois de février.
M. BURNS: Est-ce que déjà elle suffit à la
tâche ou est-ce qu'on a...
M. CHOQUETTE: Je suis allé l'inaugurer moi-même et j'ai
rencontré le coroner Drouin, ainsi que le Dr Authier, pathologiste, qui
ont tous les deux des responsabilités importantes à cette morgue
et ils se sont déclarés très heureux des facilités
techniques, des locaux, des moyens mis à leur disposition. On a
trouvé que l'édifice correspondait vraiment à leurs
besoins.
M. BURNS: A ce moment-là, en référant le ministre
à la page 16-6 de ses crédits, est-ce que les montants... A la
catégorie 7, fournitures, on voit $84,000 par rapport à $65,000,
l'année dernière, et, à la catégorie 8,
équipement, on voit $100,000 par rapport à $25,000 l'année
dernière. Est-ce que ces augmentations sont reliées à
ça, à cette nouvelle morgue?
M. CHOQUETTE: Pour ce qui est des fournitures, l'accroissement du
montant prévu à cette catégorie répond uniquement
à l'augmentation du volume de travail exécuté. Le
député me parlait de quelle autre catégorie?
M. BURNS: La catégorie 8, équipement.
M. CHOQUETTE: L'achat de cinq classeurs électriques a
été prévu pour 1974/75 en vue d'assurer au service des
archives criminelles une plus grande sécurité et une meilleure
utilisation de l'espace disponible. Egalement, l'Institut de médecine
légale a décidé d'acquérir de nouveaux
équipements scientifiques, en vue d'améliorer les services de
soutien en expertise scientifique, fournis au système judiciaire et aux
corps policiers, formant en tout une somme de $75,000.
M. BURNS: Ce n'est pas directement relié à cette nouvelle
morgue?
M. CHOQUETTE: Non. Une grande partie de l'équipement
utilisé à la nouvelle morgue de Québec est de
l'équipement que nous avons récupéré gratuitement
dans d'autres ministères, entre autres, le ministère des Affaires
sociales. Il s'agissait d'équipement, si je me rappelle bien...
M. BURNS: Mourant?
M. CHOQUETTE: Non, d'équipement qui servait dans les anciens
bureaux médicaux, les unités sanitaires.
M. BURNS: Dernière question sur cette morgue de Québec,
qu'est-ce qui est advenu des locaux de l'ancienne?
M. CHOQUETTE: L'ancienne morgue était située dans
l'édifice de la Sûreté qui est l'ancien hôpital
Jeffery Hale et je conçois que le député de Maisonneuve me
pose la question s'il n'a jamais vu cette morgue...
M. BURNS: Non, je ne l'ai pas vue. Je la pose par curiosité.
M. CHOQUETTE: ... parce que c'était un endroit assez unique en
son genre pour quelqu'un qui l'a visitée. Je veux dire qu'on passait par
la glacière pour aller à la salle où les enquêtes se
déroulaient et c'étaient vraiment des locaux tout à fait
inadéquats. Maintenant, ces locaux doivent être occupés par
la Sûreté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 2? Adopté.
Programme 2. Adopté en entier.
Programme 3: Gestion interne et soutien. Elément 1:
Direction.
Refonte des lois
M. BURNS: Au programme 3, j'aimerais que le ministre nous dise s'il
entend mettre en marche, ou c'est peut-être déjà fait
aussi, une nouvelle refonte des lois du Québec. Je pense que la
dernière date de 1964. On sait que, pour fins de
références pratiques à nos lois, cela devient de plus en
plus lourd au fur et à mesure que de nouvelles lois sont
adoptées. Déjà, on est rendu presque à 10 ans de la
dernière refonte. Je pense que M. Lesage, entre autres, dans le temps
où il était premier ministre, avait émis
l'opinion que c'était difficile de dépasser ces 10, 11 ou
12 ans sans faire une refonte pour fins de facilités de
références futures, parce que, évidemment, comme tout le
monde le sait, si on veut voir nos textes de lois, il s'agit d'aller voir la
loi elle-même, en 1964, et ensuite de vérifier tous les
amendements qui ont pu être adoptés par la suite pour être
bien assuré que l'on a le bon texte de loi entre les mains, à
moins que l'on ait la chance d'avoir, dans certains domaines, une compilation
administrative qui a été préparée par le
ministère mais qui, de toute façon, n'a pas de caractère
officiel devant les tribunaux.
Etant donné que la refonte, elle-même, des lois prend
toujours un certain temps cela ne se fait pas, j'imagine, en criant
ciseaux est-ce que c'est déjà amorcé, cette
refonte, ou est-ce que l'on prévoit que cela va se faire
bientôt?
M. CHOQUETTE: On prévoit publier de nouveaux statuts refondus ou
révisés du Québec pour l'année 1975. Toutes les
lois du Québec, depuis 1964, ont été mises sur ordinateur
par le service de l'informatique de l'université Laval. Nous avons
l'intention d'utiliser cette source pour la refonte de nos lois.
Nous avons également l'intention de publier en 1975 des Statuts
refondus, mais sur feuilles mobiles, du même genre que nous avons
adopté pour la réglementation, pour permettre aux utilisateurs de
faire les changements au fur et à mesure que les changements
s'opèrent dans la législation.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a des prévisions de coûts
envisagées par le ministère?
M. CHOQUETTE: Des budgets sont prévus à cet effet chez
l'éditeur officiel et on trouvera, je crois, des sommes pour ces
fins...
M. BURNS: ... au ministère des Communications.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 1, direction,
adopté.
Elément 2 : Administration du personnel.
M. BURNS: A l'élément 2, encore une fois, M. le
Président, je note à la catégorie 3, communications, une
augmentation assez importante où on voit le chiffre de $56,900. Est-ce
que le ministre peut nous dire en quoi consiste particulièrement cette
augmentation? C'est le double de l'année précédente,
c'est-à-dire qu'il était de $26,000 antérieurement.
M. CHOQUETTE: C'est surtout à cause des cours de perfectionnement
qui sont donnés à notre personnel. J'ai fait état, dans
mon exposé général, des mesures qui ont été
prises pour assurer le perfectionnement du personnel des greffes du
ministère de la Justice. Nous prévoyons accélérer
ces cours de perfectionnement et, en fait, sous la colonne des crédits
1973/74, la somme de $26,000 ne représente pas les sommes
réellement encourues pour le perfectionnement, car les sommes se sont
élevées à $40,000.
M. BURNS: Que vous avez obtenues par des crédits
supplémentaires?
M.CHOQUETTE: Exactement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 3: Administration de
l'équipement.
Adopté. Elément 4: Administration financière.
Adopté. Elément 5: Organisation et méthodes.
Règlements d'application des lois
M. BURNS: Je pense, M. le Président, que c'est ici que je devrais
vous poser une question relativement aux règlements d'application des
lois. Le ministre y a fait référence tantôt. D a
parlé qu'on utiliserait peut-être le même format pour
l'éventuelle refonte des lois. Non, ce n'est pas à
l'élément 5, c'est parce que je veux la poser, cette question. Le
programme 3, élément 5 : Organisation et méthodes. On sait
que c'est un dénommé Raoul Barbe qui avait été
chargé de cette refonte. J'ai entendu des rumeurs, je ne sais pas, je
demande au ministre de les confirmer ou non. On sait, également, que ce
M. Barbe, sauf erreur, est maintenant au ministère des Travaux
publics.
M.CHOQUETTE: ...des Communications. Il est membre de la Régie des
services publics, de la Régie des communications.
M. BURNS: II est allé à la Régie des services
publics, selon mes informations.
M. CHOQUETTE: II est allé à la Régie des services
publics, mais quand la Régie des services publics a été
divisée, au point de vue de ses fonctions entre le tribunal
d'expropriation et sa fonction en matière de communications, il est
resté avec l'organisme chargé des communications, qui est sous la
présidence, je pense, de M. Yvon Côté.
M. BURNS: Ce que je veux savoir, simplement, du ministre c'est
peut-être une question indiscrète mais, en tout cas, c'est une
question qui se pose au niveau des crédits c'est: Est-ce que
c'est en appréciation de son travail fait, à l'occasion de la
réglementation?
M. CHOQUETTE: Probablement en bonne partie, oui.
M. BURNS: Appréciation positive ou négative?
M. CHOQUETTE: Positive.
M. BURNS: Cela peut être les deux.
M. CHOQUETTE: Non, non, nettement positive. Je crois que M. Barbe a fait
un excellent travail et tous les arguments militaient en faveur d'une
promotion; nous avons été contents de la lui donner.
M. BURNS: C'était considéré comme une
promotion.
M. CHOQUETTE: Et non pas comme une démotion.
M. BURNS: Parce que j'avais entendu dire que certaines gens, au
ministère de la Justice, avaient été insatisfaits de son
travail puisqu'il avait, semble-t-il je ne sais pas fait ce
travail comme si éventuellement une nouvelle sanction devait se faire de
cette réglementation, que cela n'aurait pas été selon les
vues de certains.
M. CHOQUETTE: Pas du tout.
M. BURNS: Est-ce qu'il est exact, M. le ministre, qu'une série
d'amendements, qui ont été déjà imprimés,
actuellement, ne seront pas distribués aux détenteurs de cette
collection?
M. CHOQUETTE: C'est exact. M. BURNS: Pour quelle raison?
M. CHOQUETTE: Parce qu'ils doivent être repris parce qu'ils sont
insatisfaisants au point de vue de la rédaction.
M. BURNS: Cela n'a rien à faire avec M. Barbe.
M. CHOQUETTE: Non, je ne crois pas.
M. BURNS: Est-ce exact qu'il n'y a plus aucun personnel au bureau de la
rédaction?
M. CHOQUETTE: M. Benoît Dufour, le greffier en loi de la
Législature, s'est vu confier la tâche de directeur du service de
la réglementation. Il y a également Me Bruno Lalonde et Me
Paquet, qui y étaient encore il y a quelques semaines, plus les
traducteurs.
M. BURNS: Cela me va! Il est six heures.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux à
demain, onze heures, parce que ce soir la commission des affaires sociales
siège et il y aura trois projets de loi à l'étude à
l'Assemblée nationale.
UNE VOIX: On va travailler fort!
LE PRESIDENT (M. Brisson): A demain, onze heures.
(Fin de la séance à 18 h 2 )