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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. French): Je vais rappeler à
l'ordre cette réunion de la commission de la culture pour
procéder à la dernière étape de nos auditions
publiques dans l'examen des orientations, des activités et de la gestion
de la Société de développement des industries de la
culture et des communications.
La parole, hier soir, était au député de
Louis-Hébert, qui n'est pas parmi nous ce matin. D'ailleurs, cela me
fait penser que je dois prendre les présences: M. Brouillet (Chauveau);
M. Champagne (Mille-Îles); M. French (Westmount); M. Hains (Saint-Henri);
Mme Lachapelle (Dorion). L'administration étant faite, je pourrais
continuer, à moins que le député de Mille-Îles ou le
député de Saint-Henri veuille intervenir.
M. Champagne: J'aurais une question dans un domaine assez
précis.
Le Président (M. French): Allez donc, M. le
député.
Présence régionale
M. Champagne: Voici, messieurs de la SODICC, je vois ici, dans
votre rapport annuel, les membres du conseil d'administration. Je vois aussi
les membres du conseil de direction. Je voudrais savoir comment la SODICC fait
en sorte qu'elle a une présence régionale à travers tout
le territoire. Je sais que vos bureaux sont situés à
Montréal; je vous demande: "Comment faites-vous pour avoir une
présence régionale"? Comment, aussi, faites-vous pour
répartir vos services, vos budgets, pour que chacune des régions
puisse, si c'est possible, avoir le privilège d'être choisie? Si
tout est concentré à Montréal, comme Montréalais je
dois dire peut-être bravo, mais peut-être aussi qu'il faut penser
à toutes les régions. Quelle est votre politique
régionale, M. le président?
M. Deschênes: M. le Président, c'est une question
fort importante pour nous. J'en ai parlé indirectement hier, sur une
présence des activités de la SODICC en termes de dossiers qui
nous apparaît nettement insuffisante et qui nous a d'ailleurs
incité à faire le tour des régions au début de
l'année 1984, janvier, février et mars. Nous avons visité,
à ce moment, toutes les capitales régionales et deux messages
très clairs nous étaient parvenus des régions -
j'étais de toutes ces rencontres - le premier, et je ne les mets pas par
ordre, était que la SODICC était insuffisamment connue et qu'elle
n'avait pas, à l'intérieur des régions, de porte-parole ou
de moyens qui permettaient à notre société d'être
connue des industriels susceptibles de faire affaires avec nous.
Le deuxième message, c'était que le personnel de la SODICC
était situé à Montréal. La majorité des
représentants ou des intervenants régionaux estimait que
c'était des Montréalais et, en plus de cela, quant au conseil
d'administration d'alors, que vous voyez dans le rapport annuel, ils estimaient
que c'était tous des gens de Montréal, sauf quelques-uns de
Québec, et Québec était un cas particulier, ce
n'était pas associé à une région au même
titre que l'Abitibi ou le Bas-du-Fleuve ou le Saguenay.
Alors, ces deux messages ont donc été compris. D'abord,
celui d'une représentation au niveau du conseil d'administration. Je
leur avais dit lors des tournées - c'était un message qui
revenait systématiquement à chaque région mais, avant que
je puisse réussir à obtenir un moyen de corriger cette lacune, on
devait être rendus à la deuxième ou la troisième
région - que, dès qu'une vacance au conseil d'administration se
ferait, je conseillerais au ministre des Affaires culturelles, puisque les
membres sont nommés par le Conseil des ministres sur proposition du
ministre des Affaires culturelles - d'avoir une personne issue d'une
région, qui permettrait aux préoccupations régionales
d'être à la table du conseil d'administration.
Cela s'est donc fait, il y a eu une vacance et nous avons maintenant un
membre du conseil d'administration qui est M. Jean Chouinard, de
l'Université de Sherbrooke. Il est directeur du centre audiovisuel
à Sherbrooke et il est très impliqué dans les dossiers
culturels de cette région. Il est président du comité
régional de Radio-Québec, il est membre de différentes
organisations liées au développement culturel de la région
de l'Estrie, théâtre, etc. Maintenant, nous avons au conseil
d'administration ce que j'appelle un représentant régional - nous
le désignons ainsi - et il a, d'ailleurs, dans ses
responsabilités, celle d'être un peu le porte-parole des
préoccupations régionales, il n'est pas de notre intention,
à ce moment-ci,
d'augmenter cette représentation régionale au sein du
conseil d'administration. Mais si jamais il y avait un besoin qui se faisait
sentir et que les éléments justificatifs appropriés
étaient là, on accepterait sûrement de regarder cette chose
et nous en ferions part au ministre des Affaires culturelles en temps
opportun.
Donc, pour le conseil d'administration, c'est maintenant
réglé. Les documents dont on faisait mention hier, au
début de notre rencontre, lesquels ont été transmis
à M. French, concernent les membres du conseil d'administration par
rapport au rapport annuel, c'est-à-dire les membres qui étaient
là au 31 mars. II y a M. Chouinard, qui est maintenant présent et
qui ne l'était pas à ce moment-là, M. Gilles Nolet de
Montréal, qui n'était pas là et qui est maintenant
là et M. Robert Vinet qui est membre de notre conseil d'administration.
Donc, ce sont les trois nouveaux membres qui remplacent, sans être des
remplaçants respectifs, les membres dont les termes sont venus à
échéance, qui sont MM. Jules Bellegarde, André Chagnon et
on avait une vacance; effectivement, dans le conseil d'administration, vous
n'en avez que huit. Je me rappelle la vacance, c'était M. Beauchamp qui
a démissionné au mois de février pour des raisons
personnelles. Notre conseil d'administration est complet aujourd'hui et il y a
une représentation régionale.
Maintenant, pour le deuxième point que vous avez soulevé,
M. le député de Mille-Îles, concernant les services de la
SODICC dans les régions ou les services régionaux, au cours de
cette tournée que nous avons faite, cette préoccupation, comme je
le disais tantôt, s'est fait sentir aussi. Nous avons convenu par la
suite, avec le ministère des Affaires culturelles, d'utiliser ses
services. Nous avons convenu d'un genre de protocole d'entente, et il n'y a pas
de frais d'attachés à cette entente, à partir duquel les
bureaux régionaux du ministère des Affaires culturelles auraient
notre documentation, auraient aussi la possibilité de nous rencontrer
à leur loisir et ce serait un peu le point d'échanges entre des
industriels régionaux et le bureau de la SODICC à
Montréal.
Je vous souligne d'ailleurs que nous avons un bureau à
Québec, qui est très léger; il y a une personne à
temps plein qui s'occupe du patrimoine, M. Laliberté qui était
avec nous hier, et une personne à temps partiel qui s'occupe des
services de secrétariat. Ce bureau est effectivement un bureau qui
représente la SODICC, mais, dans les faits, compte tenu de nos
activités en matière de patrimoine, c'est à peu
près leur seule responsabilité et ce qui les occupe à
temps plein.
Donc, nous avons cette entente avec les bureaux régionaux du
ministère des Affaires culturelles. J'ai personnellement, avec M.
d'Astous à un moment, à une date bien précise,
rencontré l'ensemble des directeurs régionaux des bureaux du
ministère des Affaires culturelles et nous avons échangé
des avis pendant plusieurs heures sur les services que nous pourrions leur
rendre. Depuis ce moment ils ont nos coordonnés et ils nous contactent
au besoin. Dans les faits, je vous redis ce que je vous disais, hier. Les
résultats concrets de cette tournée, de ces ententes que nous
avons avec le ministère des Affaires culturelles ne se
concrétisent pas beaucoup en termes mathématiques, à tout
le moins. Aujourd'hui, nous n'avons pas de dossiers en nombre qui nous
permettraient de croire que notre société est bien connue des
régions, des industriels régionaux en matière culturelle
et de communications. C'est une réflexion sur laquelle nous allons nous
pencher aussi.
Comme je le mentionnais aussi, hier, il est possible que cela prenne
plus de temps que six ou sept mois pour évaluer les effets des efforts
que nous avons mis pour être présents en région. Il reste
qu'on a plus de dossiers à l'étude aujourd'hui que nous en avions
lorsque nous avons décidé d'aller dans les régions. Mais
encore là, ce n'est pas significatif d'une présence
régionale suffisante, à moins qu'à l'intérieur des
régions, les industries de culture et de communications qui y sont
soient des industries qui, pour toutes sortes de raisons, ne souhaitent pas
faire affaires avec nous. Maintenant, il y a cette condition, si je peux
appeler cela une condition, ou cette préoccupation que nous avons
manifestée aux industriels régionaux et aux représentants
du ministère des Affaires culturelles, en ce sens que les industriels
régionaux qui feraient affaires avec nous devraient avoir une
préoccupation interrégionale et, ensuite, nationale au sens du
Québec, et au niveau de l'exportation. On ne voulait prendre que des
industries qui se limiteraient à leur région ou avoir des
industries régionales qui ont l'intérêt, l'objectif, le
souhait de développer leurs services, leurs produits pour d'autres
régions, pour l'ensemble du Québec et, éventuellement,
pour l'extérieur du Québec. Bien sûr, il y a des
étapes à franchir, mais on voulait seulement que cette
considération soit présente dans leur esprit quand ils viennent
nous voir, quand ils viennent discuter avec nous de leur industrie et surtout
quand ils pensent au développement de leur industrie dans le temps.
M. Champagne: Cela veut dire que dans le passé votre aide
se centralisait, entre autres, avec des entreprises qui avaient peut-être
leur siège social dans la région métropolitaine,
peut-être aussi un peu sur le territoire ici de la Communauté
urbaine de Québec, et qu'ailleurs, cela demeurait timide. Est-ce que
vous prévoyez que, dans certaines régions, des entreprises
culturelles vont
frapper chez vous pour avoir de l'aide et quelles seraient ces
régions? Détectez-vous à travers le Québec
certaines entreprises ou certains secteurs régionaux qui demanderaient
votre aide? Cela ferait en sorte qu'il y aurait une expansion. Je ne sais pas
si les sculpteurs de Saint-Jean-Port-Joli pourraient frapper chez vous et dire:
Malgré toute notre production de sculptures, on aimerait trouver, avec
vous, les moyens d'exporter des choses semblables. Alors, ma question est:
Est-ce que vous détectez des entreprises régionales?
M. Deschênes: Je dois vous dire que rien ne nous porte
à croire qu'un secteur ou des secteurs particuliers de l'ensemble de nos
champs d'intervention seraient plus intéressants pour des entreprises
régionales ou dans le sens d'une intervention de notre part.
De plus, je vous redis que cette semence, que nous avons faite au
printemps, peut être une semence qui tarde à venir au niveau de
ces résultats. J'ajouterais aussi, aux propos de tantôt, les
éléments nouveaux, qui font partie de la phase deux de notre
société, dont nous avons assez longuement discuté hier et
qui font que, maintenant, nous sommes plus attentifs qu'auparavant, car avant,
nous attendions que les gens viennent chez nous. À ce moment-là,
nous évaluions l'intérêt d'une participation
financière de notre société. Maintenant, comme nous sommes
interventionnistes, en fonction des objectifs que nous avons, nous pourrions
aller dans les régions et, dans certains cas, nous y sommes
allés. J'ai un cas à l'esprit: celui du consortium en
câblodistribution, mais cela ne s'est pas réalisé, dans les
faits par une participation régionale. Mais, cela aurait pu très
bien se faire.
Donc, le fait que nous soyons interventionnistes et que nous ayons
maintenant l'intention - ce que nous avons d'ailleurs commencé à
faire - de prendre l'initiative de certaines démarches auprès
d'industries ou de groupes industriels, cela pourrait nous amener à une
présence régionale plus forte. Je suis incapable de
répondre d'une façon plus certaine et plus nette à votre
question sur la détection, par notre société, de besoins
régionaux, d'industriels régionaux en matière de culture
ou de communication qui pourraient faire affaires avec nous et qui pourraient
effectivement être aidés pour le développement de leur
industrie par notre société.
Les champs d'intervention
M. Champagne: Dans un autre domaine, est-ce que, d'année
en année, vous avez de plus en plus de dossiers à l'étude?
Est-ce qu'il y a des secteurs qui sont négligés ou des secteurs
qui sont plus forts? Votre société, est-ce qu'on frappe davantage
chez vous? On dit que vous avez peut-être vingt dossiers à
l'étude qui vont faire en sorte que, peut-être, ça va
capitaliser un montant de X. Vous voyez qu'il y a une progression dans ce sens
à la fois pour le nombre de dossiers et à la fois aussi pour les
sommes impliquées.
M. Deschênes: C'est effectivement une situation que nous
vivons, M. le député de Mille-Îles, et c'est dû
à plusieurs choses. D'une part, au niveau des industries - parlons des
industries qui font affaires avec nous, plus particulièrement les
industries de Montréal - notre société est mieux connue de
même que les orientations et les priorités que nous
définissons. Déjà, ça oriente les industries
à faire affaires avec nous en fonction d'un certain nombre de
renseignements, d'une information qui est plus disponible, qui est plus
connue.
Il y a des secteurs qui ont crû au fil des années et il y a
des secteurs aussi qui ont diminué en termes d'interventions pour
différentes raisons. On en mentionnait hier, et je vous rappelle celle
que nous voulons de moins en moins faire de cas de sauvetage et de moins en
moins de cas de transport de subventions, de "bridge", pour utiliser le terme
que nous mentionnions hier. Dans certains cas, il y a des statistiques qui
peuvent être trompeuses. Quand on fait, par exemple, du transport de
subvention, c'est effectivement, au sens de la statistique, une aide
financière qui peut être substantielle dans certains cas, mais au
niveau des effets, c'est nul.
Si je prends les statistiques, je peux vous dire que les points les plus
importants de notre présence en termes de dollars, au sens de notre
présence depuis le début de nos activités, il y a les arts
d'interprétation, le théâtre, le spectacle, ainsi de suite,
qui ont pris 9 000 000 $ des 34 000 000 $ d'interventions que nous avons faites
jusqu'à maintenant. Il y a la télévision qui a pris 4 500
000 $ pour une raison qui est relativement simple et claire, c'est la
télévision payante. C'est pour cela qu'il faut faire attention
à ces statistiques. De temps en temps vous avez beaucoup de dossiers et
pas beaucoup d'argent, dans certains cas vous avez beaucoup d'argent et pas
beaucoup de dossiers.
Par exemple, au niveau des arts d'interprétation, nous avons 92
dossiers depuis le début pour 9 000 000 $. Dans le disque, nous en avons
24 pour un montant de 5 000 000 $ et dans le livre nous en avons 51 pour un
montant de 6 000 000 $.
Je pense qu'on peut dire qu'au fil des années, dans le livre, il
y a eu un point que j'appellerais un seuil supérieur dans nos
interventions qui s'est situé en 1982-1983, où notre
présence a amené 3 200 000 $ d'aide financière diverse et
due, vous vous le
rappellerez sans doute, à la conclusion du dossier
Dussault-Garneau.
Au niveau du disque, notre présence aussi a été
très importante, d'une façon continue depuis 1981-1982. C'est
aussi un secteur que nous avons détaillé hier et qui indique les
raisons pour lesquelles cela s'est fait.
Au niveau de la production audiovisuelle, c'est un secteur qui est en
croissance, qui est parti d'un montant relativement modeste pour arriver
à des montants importants aujourd'hui, qui vont probablement atteindre 2
000 000 $ à 2 500 000 $ au cours de l'année 1984-1985.
Au niveau des arts d'interprétation, même si au total c'est
le secteur qui a reçu le plus d'aide en termes de dollars, c'est un
secteur qui est maintenant en décroissance. Un autre secteur qui est en
croissance, fort important, c'est celui des services informatiques ou du
logiciel. On en a parlé aussi hier; on a parlé des didacticiels
et, dans notre esprit, c'est un secteur qui va continuer à croître
au même titre de l'audiovisuel. D'ailleurs, ces deux secteurs sont deux
des cinq priorités identifiées dans notre plan de
développement 1984-1985.
M. Champagne: II y a deux éléments que je veux
faire ressortir. Pour la première fois on entend parler d'un chiffre de
34 000 000 $. Cela veut-il dire que votre intervention a
généré dans le milieu un apport économique de 34
000 000 $? Est-ce que c'est ce que cela voudrait dire?
M. Deschênes: C'est-à-dire que le conseil
d'administration a autorisé notre société à
investir dans tous les secteurs, les treize champs d'intervention de notre
société, pour un montant total cumulatif de 34 000 000 $ au
moment où on se parle, c'est-à-dire en incluant les
décisions du conseil d'administration du mois d'octobre. Cela veut dire
qu'avec notre capital qui est aujourd'hui de 16 000 000 $ et qui a crû au
fil des années nous avons, à chaque année, des retours
soit en termes d'intérêts, soit en termes de capital sur les
prêts ou les autres formes d'aide financière que nous
réinvestissons l'année suivante. Par exemple, cette année,
si vous prenez le plan de développement, à la dernière
page, vous allez voir que nous estimions être en mesure d'investir 9 280
000 $. Et les chiffres sur lesquels nous travaillons pour l'année
prochaine - si je me rappelle bien, M. d'Astous pourra confirmer - ils sont de
12 000 000 $. Est-ce que ce sont bien ces chiffres pour l'année
1985-1986?
M. d'Astous: C'est 13 500 000 $ avec le patrimoine.
M. Deschênes: C'est cela, 13 500 000 $ avec le
patrimoine.
M. Bouthillier: Ce qui représente, cependant, un niveau
d'investissements beaucoup plus élevé que cela, c'est notre part
à nous, c'est la part de nos autorisations.
M. Champagne: Est-ce que vous êtes capables de calculer ce
que votre rapport génère dans le milieu? Est-ce que c'est
quantifiable? Y a-t-il un ordre de grandeur?
M. Bouthillier: C'est impossible de quantifier, parce que, assez
souvent, il y a peut-être - je lance un chiffre - la moitié de nos
aides qui sont des aides non pas reliées à un projet particulier,
mais ce sont des aides de fonds de roulement; alors, c'est difficile de savoir
quelle est l'ampleur réelle du projet ou quelle est l'ampleur
réelle de l'investissement généré ou
provoqué. (10 h 30)
Le livre
M. Champagne: Je vais prendre le dernier élément,
le domaine du livre, à la page 24 de votre rapport annuel. On voit une
certaine progression et c'est inégal. Si on regarde l'année
1979-1980 dans le livre, c'était huit interventions, 670 000 $;
l'année d'après, c'était presque un million; ensuite,
c'était 600 000 $ et, finalement, c'était 3 000 000 $. Ce que
vous venez de dire tout à l'heure, c'est que c'était
peut-être à cause de l'intervention pour sauver Dussault-Garneau.
Et ensuite, en 1983-1984, vous revenez à 634 000 $, c'est
peut-être neuf interventions et c'est le plus bas montant d'aide depuis
le début de votre existence.
Je connais des gens, entre autres, qui travaillaient chez Fides et on
s'aperçoit que cette maison d'édition est presque inexistante.
Dans le domaine du livre, c'est très difficile au moment où on se
parle. Voici la question que je veux poser. Je voudrais qu'on m'éclaire
davantage sur ce qui se passe dans ce domaine. Quelles sont les solutions que
vous pourriez apporter? Quelle orientation avez-vous dans le domaine du livre?
C'est là un domaine qui est faible, au moment où on se parle. Je
le dis avec une certaine restriction, parce que je connais des gens qui
travaillaient dans le domaine, entre autres, Fides et ils ont beaucoup de
difficultés actuellement.
M. Deschênes: C'est une question difficile, parce qu'on
parle d'une évaluation du secteur du livre. On en a fait un jugement
dans notre rapport annuel. Les besoins de l'industrie du livre, au
Québec, sont certainement nombreux. Il y a beaucoup d'initiatives qui se
font en matière de production. Les auteurs qui écrivent des
textes, ainsi de suite. Je pourrais vous dire que les besoins
industriels qui nous arrivent ne sont pas, au niveau du volume, importants. Il
ne nous apparaît pas, en tout cas, à partir des contacts que nous
avons et à partir de l'expérience du passé, que le secteur
du livre, au sens industriel du terme, soit en grande difficulté au
Québec. Nous croyons que la difficulté que nous avons eue, c'est
celle du danger, à un moment donné, que les points de vente, les
librairies, soient en totalité, ou presque, dans des mains
étrangères. Cela a été une des raisons de notre
intervention; ce qui fait qu'aujourd'hui, les librairies du groupe
Dussault-Garneau sont toujours entre les mains de Québécois et de
Québécoises.
Maintenant, au delà de ce que je viens de vous dire, j'ai
réellement peu de choses à apporter. Je ne sais pas si M.
Bouthillier pourrait ajouter à ces propos, à partir de
l'expérience qu'il a vécue.
M. Bouthillier: On pourrait peut-être disséquer le
secteur, section par section. On peut parler de la vente au détail, de
la distribution et de l'édition. Ce sont trois activités bien
précises.
Au niveau de la vente au détail, la seule intervention majeure
qu'on a faite, dans notre histoire, à part quelques petites librairies
spécialisées, a été au niveau des librairies
Dussault-Garneau. L'objectif de cette intervention, sans trop détailler,
était de protéger une position québécoise, tout en
permettant également de rapatrier des intérêts minoritaires
et des intérêts étrangers, et de la protéger
essentiellement dans un réseau de vente situé dans les centres
commerciaux. Il y a une grosse partie de la vente de livres qui est de la vente
sous impulsion et sur les lieux de vente, non pas de la vente
préméditée. On sait que le commerce nord-américain
se déplace beaucoup vers les centres commerciaux. Donc, c'était
important, car c'était le seul réseau, propriété
québécoise, qui était sérieusement implanté
dans les centres commerciaux. Tous les autres réseaux, Cole, Smith ou
ainsi de suite, sont des réseaux hors Québec. Donc, cela a
été la seule intervention et c'était notre objectif de
préserver le contrôle de la vente au détail, tout au moins,
de préserver un réseau. Cela a été la base de notre
intervention à ce niveau.
Au niveau de la distribution, je dirais que nous avons cinq ou six
interventions, dans le but de rapatrier des intérêts
étrangers dans des activités de distribution de livres,
évidemment, sur le marché local. On a fait des tentatives aussi
pour essayer d'établir des réseaux de distribution à
l'étranger.
À ce niveau, je dois avouer qu'au cours du dernier exercice, on
n'a pas eu une pluie de demandes, loin de là. Il semble qu'il y ait
certains distributeurs qui ont connu des difficultés récemment,
mais cela nous semble être un certain tassement naturel qui se fait.
Au niveau de l'édition, on pourrait peut-être
disséquer entre l'édition scolaire et l'édition
littéraire. Au niveau de l'édition scolaire, cela semble
très bien aller, on n'a pas d'indication de personne à savoir
qu'il y a des difficultés de ce côté, tout le monde semble
aller relativement bien, on n'a pas eu de cas-problèmes qui sont venus
à notre porte. Au niveau de l'édition littéraire, c'est
plus chronique. Il y a des difficultés, c'est un secteur qui,
historiquement, a toujours été subventionné. Il y a
beaucoup de nos interventions de "bridge" qui sont dans le domaine de
l'édition littéraire. J'ai un cas en tête, celui d'un
abonné qui, d'année en année, vient faire escompter ses
subventions. C'est un secteur qui n'est pas facile, un secteur qui, comme je le
dis, doit nécessairement être subventionné. Il manque
toujours d'oxygène; il en voudrait toujours plus. On veut toujours
essayer d'avoir un niveau plus élevé de production et on se dit
que c'est à travers cela qu'il va en percer.
C'est un secteur très difficile dans lequel on intervient, mais
on ne veut pas faire d'interventions à la pièce. On veut essayer
de limiter nos escomptes de subventions, donc on est un petit peu
déchiré.
M. Champagne: Bien sûr, je pense que cela demeure notre
défi, parce qu'on s'en va dans un librairie et qu'on voit le prix du
livre - le livre français ou le livre québécois - assez
élevé. C'est une quinzaine de dollars, sinon 20 $. Or vous pouvez
avoir dans une édition anglaise le même volume peut-être
à un prix quatre fois plus bas. C'est pour cela, je pense, que cela
demeure notre défi. C'est un commentaire que je voulais faire. Merci
pour les réponses.
Le Président (M. French): Mme la députée de
Dorion. Après, M. le député de Louis-Hébert.
Mme Lachapelle: Moi, M. le Président, cela concerne encore
les dossiers parce qu'on y revient souvent. J'ai remarqué plusieurs
dossiers où la SODICC avait consenti un prêt. L'offre est souvent
déclinée par le demandeur. Est-ce que les raisons seraient que
l'offre est insuffisante ou si, entre-temps, sont arrivées des
subventions que ces gens espéraient?
M. Bouthillier: Plus souvent qu'autrement c'est parce que nos
conditions sont jugées sévères.
Les théâtres d'été
Mme Lachapelle: Maintenant, une autre question. On n'a pas
parlé de théâtre. Je me
demandais si les théâtres d'été vous
approchent pour des prêts?
M. Deschênes: Oui, nous avons eu un certain nombre de
théâtres d'été qui sont venus chez nous. Nous en
avons encore, de mémoire, deux je crois. C'est un secteur qui ne nous a
pas causé de difficultés; les obligations ont été
honorées et cela va très bien. On n'a pas de commentaires
particuliers à faire sur cela. Effectivement, quelques
théâtres d'été sont venus nous voir. On a consenti,
dans la majorité des cas, une aide financière; dans certains cas,
nous l'avons refusée. En général, les
théâtres d'été qui ont fait affaires avec nous ont
respecté leurs obligations et cela va très bien.
Mme Lachapelle: On sait que les théâtres
d'été c'est rentable. Je veux dire que ces gens fonctionnent
à peu près de 12 à 20 semaines. Est-ce que ces gens
reçoivent en plus des subventions du gouvernement? Est-ce que c'est
vérifié à chaque fois?
M. Deschênes: C'est-à-dire que nous ne
vérifions pas, dans le cas d'un théâtre d'été
qui vient chez nous, s'il a des subventions ou devrait en avoir ou devrait
faire appel aux programmes gouvernementaux. C'est au théâtre
d'été à faire ces démarches et à obtenir une
aide le cas échéant. Quand il en obtient une, c'est
considéré de notre part comme étant un revenu.
Maintenant, à ma connaissance, le ministère des Affaires
culturelles n'a plus de programmes d'aide en termes de subventions pour les
théâtres d'été.
Mme Lachapelle: Merci.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
L'exportation de spectacles
M. Doyon: Merci, M. le Président. Hier, à titre de
responsable du dossier des communications, nous avons fait le tour d'un certain
nombre de sujets qui touchaient plus particulièrement les communications
dont la câblodistribution, l'évolution de Radio-Québec, la
pénétration de marchés étrangers avec une
programmation québécoise, etc. Nous avons terminé nos
réflexions sur l'approche qu'avait, vis-à-vis les entreprises, la
SODICC. D'une façon fort satisfaisante vous m'avez répondu que
vous n'aviez pas dans le passé, et que vous n'aviez pas l'intention de
le faire pour l'avenir, porté de regards critiques sur les contenus de
la programmation qui pouvait être produite par les diverses entreprises.
Je me réjouis de la chose et je pense que c'est désirable qu'il
en soit ainsi. La SODICC ne doit pas s'empêtrer dans un rôle qui
pourrait, au-delà du rôle de promotion des industries qui est le
sien, être un véhicule de promotion de certaines modes ou de
certaines idées ou de certains genres d'artistes ou de producteurs
québécois de quelque nature que ce soit. À
l'intérieur de ces balises, vous nous indiquez que quand même - et
c'est là que j'essaie de situer votre démarche - la SODICC
s'implique et a l'intention de le faire encore plus dans l'avenir dans des
entreprises d'exportations ou de ventes, et je pense au consortium dont vous
nous avez parlé.
À ce moment, je me dis que vous vous voyez pris dans l'obligation
de faire un choix en ce qui concerne les artistes qui vous semblent exportables
et vendables à l'étranger et donc rentables ou
cornmercialisables, si vous voulez, si on me permet le mot. Est-ce que cela ne
vous met pas dans une situation différente en ce qui concerne votre
action à l'étranger par la voie d'un consortium dont vous
êtes membre à part entière, à 20% semble-t-il? Cela
n'est pas un montant énorme, ce n'est pas la principale activité,
je le conçois, à l'intérieur des nombreuses
activités de la SODICC. C'est par rapport à ce que vous avez
spécifié comme étant une neutralité fort
désirable quand il s'agit du marché domestique et des entreprises
qui tentent d'en faire l'exploitation.
M. Deschênes: Je pourrais faire deux commentaires, M. le
député de Louis-Hébert, sur votre intervention. Le
premier, au niveau de l'exportation de biens et services, cela est quelque
chose qui ne nous amène pas à parler de contenu. Par exemple, on
pourrait prendre le cas du consortium en câblodistribution; nous allons
avec un catalogue offrir à des entreprises ou des corporations
étrangères des services qui leur permettraient d'avoir un
réseau de câblodistribution qui serait équivalent à
leurs besoins mais qui pourrait puiser beaucoup à l'expertise
québécoise. C'est tout à fait rare que nous arrivions dans
les contenus en ces matières. Cela va être la conception de
réseaux, cela va être les méthodes de gestion d'un
réseau, cela va être le recrutement, cela va être les
méthodes de présentation ou d'organisation de réseaux
qu'on dit communautaires, etc.
Il va arriver, dans un deuxième temps, que nous aurons des
associés qui, eux, seront des vendeurs, si vous me permettez, des
exportateurs de contenus et de programmation. Il y a des entreprises, au
Québec, dont la spécialité c'est de vendre la
programmation québécoise à l'étranger. Au niveau de
la câblodistribution, nous ne sommes pas encore à cette
étape, mais cela viendra. Dans le cas de la câblodistribution,
nous n'avons pas à déterminer de choix sur le contenu.
Au niveau des artistes - et cela sera mon deuxième commentaire -
c'est différent. Pour le moment, nous faisons savoir
l'intérêt de la SODICC à s'associer à des artistes
ou des producteurs qui voudraient exporter les talents de leurs artistes ou les
spectacles qu'ils ont dans leur catalogue. Mais dans aucun cas nous ne
choisissons un spectacle plutôt qu'un autre, sinon sur une base
financière. Si vous avez un producteur qui vient avec un spectacle A et
un autre producteur qui vient avec un artiste Z, nous ne faisons pas de choix
entre les deux. Nous sommes prêts à nous associer aux deux
à la condition qu'il y ait ce que nous appellerions des
éléments de rentabilité à moyen terme
assurés. C'est la seule base de notre choix. On n'a absolument aucune
intervention en matière de contenu ou même sur le type de
spectacles. On peut vous donner des exemples. Dans le cas du spectacle "Broue",
au théâtre, c'est un spectacle qui a eu ses succès à
l'extérieur du Québec, au Canada, qui a fait un essai aux
États-Unis et le producteur réfléchit encore sur son
intérêt à développer ce spectacle aux
États-Unis. Il a déjà discuté ce sujet avec nous et
il connaît notre intérêt à nous associer avec lui. Si
vous me permettez l'expression, il a déjà en poche une certaine
garantie de succès, puisque cela a bien fonctionné au Canada
anglais. Donc, il n'y a pas raison de croire -a priori en tout cas - que ce
spectacle ne marcherait pas bien aux États-Unis. (10 h 45)
Il y a certains éléments comme ceux-là que des
producteurs ont et que d'autres n'ont pas. Si on reprend le cas de Jean
Lapointe, il n'était jamais allé en France. Il a ce qu'on peut
appeler une caractéristique très québécoise dans
ses contenus, dans ses spectacles, de sorte qu'il y avait un risque plus
élevé en France. C'était quand même un de nos bons
artistes qui avait un succès relativement élevé au
Québec et on n'avait pas raison de croire que ce succès,
même si cela pouvait prendre quelques années, ne viendrait pas
également en Europe. C'est pour vous dire que les dossiers nous arrivent
dans des états différents et on les évalue, mais beaucoup
plus, pour ne pas dire presque exclusivement sur une base
financière.
M. Doyon: Je comprends que l'approche est basée sur une
question de rentabilité, mais ce que je voulais dire, c'est qu'en fin de
compte, forcément, à un moment donné, vous êtes
appelés à évaluer la rentabilité d'un artiste, si
on parle de cela. Vous êtes appelés à évaluer sa
popularité, sa façon de faire les choses et sa façon
d'être apprécié par le public et les chances de
succès qu'il a. Je comprends que vous vous basiez sur
l'expérience qu'il a eue, soit au Québec ou à
l'extérieur du Québec, au Canada ou ailleurs, et que ce sont des
éléments qui entrent en ligne de compte; sauf que, effectivement,
cette rentabilité que vous recherchez fort à-propos est quand
même basée sur une personne, sur un type d'artiste. Ce faisant, on
pourrait contester qu'en prenant la décision d'envoyer tel artiste, vous
misez sur cette personne, sur ce qu'il est et sur ce qu'il représente,
plutôt que sur telle autre. À ce moment-là, par le biais de
cette façon de faire, il y a une sorte de jugement de valeur sur
l'artiste, même si ce jugement de valeur est, en ce qui vous concerne,
basé sur le fait que vous allez protéger la mise de fonds et,si possible, faire des profits avec l'investissement qui a
été consenti dans cette entreprise.
J'imagine que dans le cas d'un nouvel artiste, de la jeune
relève, par exemple, vous ne seriez pas prêts - même si vous
aviez des experts et que c'était possible d'une façon objective
d'évaluer la valeur intrinsèque d'un artiste - à prendre
le même risque qu'avec un artiste chevronné tel que Jean Lapointe,
pour des raisons purement de rentabilité, alors que possiblement et
objectivement on pourrait prétendre que la valeur est égale ou
pourrait être égale, si c'était possible d'évaluer
une telle chose, M. d'Astous.
M. d'Astous: Le projet qu'on regarde peut souvent rejoindre la
relève dans un cas où le projet en question est un projet
limité. Finalement, comme nous n'agissons jamais seuls, le
critère discriminatoire est souvent fait par le producteur
lui-même qui décide, oui ou non, d'investir dans une initiative.
Donc, le choix des contenus est fait plutôt par le producteur qui nous
présente le projet que par nous-mêmes.
Il peut arriver des cas d'exportation où le projet concerne la
relève, mais où le projet est très limité et
n'entraîne pas de dépenses énormes. Donc, on pourrait
penser qu'éventuellement on aurait des projets pour des artistes qui ne
sont pas nécessairement consacrés, mais dont le projet en est un
de moindre envergure et a une stratégie de pénétration du
marché très limitée dans une expérience, par
exemple, dans une salle parallèle à Paris et même aux
États-Unis.
M. Deschênes: Effectivement, le ou les deux critères
déterminants dans les choix faits d'exportation de spectacles et
d'artistes, d'une part, c'est le coût très élevé de
la recherche de la pénétration de marchés étrangers
et, d'autre part, c'est celui que le promoteur ou le producteur doit y
investir, au moins autant que nous. On ne dépasse pas 50%. Cela pourrait
être moins, mais il reste qu'on a mentionné les chiffres, comme le
cas de Jean Lapointe, hier. Quand on pense à la relève ou quand
on pense à tout artiste ou spectacle, il faut quand même trouver
les fonds de la part du producteur qui complètent ceux que nous
serions appelés à y mettre. Ce sont des sommes
élevées, importantes. Généralement, le choix, comme
le disait M. d'Astous, va souvent se faire là.
Cas particuliers
M. Doyon: Si vous me permettez, M. le Président, je vais
simplement passer à quelques dossiers sur lesquels je voudrais avoir
quelques renseignements rapides. Un dossier qui porte le no 241, les
Publications Charles Huot Inc., sur la rue Montpetit, à Sainte-Foy, dans
le comté que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale. Je vois qu'il y a une garantie de 30 000 $, une
garantie de prêt, et on indique que ce prêt est autorisé et
non déboursé. Est-ce que vous pouvez me dire ce qui arrive?
Est-ce que c'est une situation spéciale?
M. Deschênes: Non, ce n'est pas une situation
spéciale, le dossier est maintenant fermé dans le sens qu'on a
avisé les Publications Charles Huot que, vu leur absence de
réponse à notre proposition, on allait fermer le dossier à
moins qu'elles nous indiquent leur intérêt à continuer. Ce
qui s'est passé dans ce dossier, c'est que la garantie de prêt que
nous voulions prendre sur un immeuble, c'est une garantie que les promoteurs
ont utilisée auprès d'une banque ou d'une caisse populaire, plus
particulièrement, de sorte qu'elle n'était plus disponible chez
nous.
Les sommes qui sont là, les 30 000 $, la firme en question les
avait obtenus d'une caisse populaire. Elle aurait aimé en avoir d'autres
de nous aussi, sauf que la garantie que nous demandions disparaissait puisque
la caisse populaire l'avait prise et que, en conséquence, cette
entreprise n'était plus en mesure de nous donner une forme quelconque de
garantie pour le prêt que nous lui aurions consenti. C'est effectivement
la raison qui fait que ce dossier n'a pas eu de suite positive.
M. Doyon: Merci. Si on passe au dossier 243-1, concernant
l'entreprise du disque Logidisque Inc., il y a eu un prêt de 150 000 $
qui a été consenti. On indique ici un solde du prêt de 124
200 $. Est-ce à dire qu'il y a encore 124 200 $ qui sont à
être avancés à cette entreprise ou si le prêt a
été complètement versé? Où est-ce que c'en
est?
M. Deschênes: On va sortir la fiche et on va vous indiquer
s'il reste effectivement des montants à débourser. Dans certains
cas - Logidisque pourrait en être un - les déboursés
peuvent se faire sous la forme de garanties au fur et à mesure qu'elles
nous parviennent, par exemple les "recevables"; à ce moment-là,
les montants sont versés.
Normalement, le solde du prêt indique que les versements se font
de façon normale et que, dans le cours du dossier, dans son cheminement,
aujourd'hui, c'est-à-dire au moment où ce dossier a
été fait, à la fin du mois d'août, il restait
à être payé sur le capital 124 200 $ et il n'y avait aucun
arrérage. Donc, la firme, mensuellement ou selon les termes du contrat
avec nous, répondait aux obligations qu'elle avait
contractées.
M. Bouthillier est en train de consulter la fiche technique et il peut
vous dire les détails du prêt au sens du capital...
M. Bouthillier: II a été déboursé au
complet, et maintenant le solde est de 115 000 $. Cela a continué
à décroître et les remboursements se font normalement.
M. Doyon: D'accord. Concernant le dossier 244-B, qui est un
prêt au montant de 30 000 $ pour les Productions Paul Hébert Inc.,
de Sainte-Pétronille, île d'Orléans, il y avait des
arrérages d'un capital de 10 000 $ et des intérêts à
recevoir de 874 $. Vous indiquez qu'au 31 juillet 1984, vous attendez les
résultats de la saison en cours. Est-ce que vous pourriez m'indiquer si
les résultats sont rentrés et vous permettent de voir le
remboursement total de ce prêt?
M. Deschênes: Les résultats sont effectivement
rentrés, nous avons toutes les données en main et nous discutons
actuellement avec les propriétaires de cette entreprise, les promoteurs
des Productions Paul Hébert, pour payer les arrérages et le solde
du prêt. En fait, je pense que, étant de la région de
Québec, le député de Louis-Hébert sait
sûrement que les théâtres d'été dans la
région de Québec, pour toutes sortes de raisons, ont eu plus de
difficultés que les années précédentes.
Je disais tantôt qu'au niveau des théâtres
d'été cela va relativement bien. Celui de Paul Hébert
n'est pas une exception à cette règle, sinon que les revenus que
cette entreprise comptait recevoir au cours de l'été ne se sont
pas réalisés et nous sommes actuellement à discuter avec
les promoteurs de cette entreprise sur les paiements des arrérages et un
étalement dans le temps.
Maintenant, quand il y a des difficultés - je vais
peut-être prendre ce cas pour le signaler - de paiement dans des
dossiers, nous n'allons pas nécessairement exiger immédiatement
la garantie et mettre l'entreprise en difficulté. Nous sommes
plutôt sur la lancée de discuter avec eux de méthodes
relativement acceptables pour eux et pour nous qui leur permettent d'honorer
les arrérages dans des délais qui sont différents,
souventefois et qui leur permettent de poursuivre leurs opérations.
C'est la discussion que nous avons actuellement avec les Productions
Paul Hébert.
M. Doyon: Je souhaite vivement, M. le Président, que ces
discussions soient productives et que vous puissiez en arriver à un
arrangement qui soit en même à la satisfaction des Productions
Paul Hébert ainsi que de la SODICC.
Le dernier dossier que je voudrais soulever, M. le Président,
c'est le dossier 247-A. Un prêt rotatif à Filmoption International
Inc. pour 100 000 $. Il y a des arrérages de capital qui sont minimes,
mais je voudrais savoir, finalement, ce que vous entendez par prêt
rotatif. Est-ce que c'est une formule spéciale de financement?
M. Bouthillier: Prêt rotatif, c'est une marge de
crédit. C'est qu'on fait des escomptes de "recevable" ou des escomptes
de contrat. Et, à partir du moment où le "recevable" est
effectivement perçu, il nous est payé, le solde du prêt
diminue, mais on le rend rotatif, c'est-à-dire que sur
dépôt d'une autre créance on accepte de redébourser
le prêt. Donc, c'est une marge de crédit qui est valable pour une
période donnée pour autant que nous avons des garanties en
rotation.
M. Doyon: Les garanties étant des comptes recevables.
M. Bouthillier: Étant des "recevables".
M. Doyon: Et est-ce que c'est une formule d'investissements de la
part de SODICC qui se présente souvent, cette façon de faire, ou
si c'est une exception?
M. Bouthillier: Ce n'est pas fréquent, c'est loin
d'être la majorité de nos cas, mais cela peut être assez...
On a peut-être une quinzaine de dossiers comme cela.
M. Deschênes: Sur le marché de l'exportation, qui
est le cas de Filmoption International Inc., c'est souvent pour eux une aide
fort importante et qui leur permet de se développer. Le marché de
l'exportation, nous y mettons beaucoup d'efforts. Les firmes qui se
développent dans ce secteur, on essaie de leur donner autant de latitude
possible dans leur développement et cela prend
généralement des capitaux importants. La croissance est forte
parce qu'on part dans certains cas de 100 000 $ de revenus à 300 000 $,
ce qui fait trois fois leurs revenus; peut-être, en sens absolu, cela
n'est pas élevé, 300 000 $, mais, pour ces entreprises, ce sont
des sauts considérables et nous acceptons, avec elles, de
développer des mécanismes qui leur permettent, effectivement, de
répondre à toutes les demandes qu'elles vont chercher à
l'extérieur du Québec. Filmoption est effectivement une
entreprise au Québec qui a beaucoup de succès dans la vente de
produits audiovisuels québécois à l'étranger. Et,
quand je parle de produits audiovisuels québécois, il y a les
films - c'est identifié ici comme étant une maison de
distribution de films - mais elle se développe maintenant dans les
documents audiovisuels de télévision également.
M. Doyon: Je vous remercie, M. le président, de ces
renseignements. Je suis heureux de voir que, dans le cas de Filmoption, vous
avez trouvé le moyen de l'aider, de lui permettre d'atteindre les
objectifs qu'elle poursuit et de faire valoir ses produits
québécois à l'étranger.
Alors, ce sont les questions que j'avais pour le moment, M. le
Président, sur les divers dossiers qui avaient été
portés à notre attention par la SODICC. Je remercie les gens
concernés du cahier qui nous a été soumis, cela a
été extrêmement intéressant en ce qui me concerne et
j'ai reçu des réponses satisfaisantes qui me permettent de mieux
apprécier le travail qui est fait par la SODICC, de souhaiter vivement
que, pour l'avenir, ce travail se continue et obtienne tout le succès
qu'il mérite. (11 heures)
Le taux d'intérêt
Le Président (M. French): Je voudrais poursuivre avec un
certain nombre de questions et de thèmes. Plus particulièrement,
je voudrais revenir à l'affirmation d'hier, à savoir que les taux
d'intérêt, facturés par la SODICC, n'ont pas un rôle
important ou un rôle déterminant dans la suite des dossiers, dans
le "fatidique" des entreprises financées... L'affirmation a
été que le taux d'intérêt était la
moitié du taux courant, ou du taux préférentiel, sur le
sort des entreprises, ce n'était pas tellement différent d'un
taux d'intérêt équivalant au taux
préférentiel, moins 2%. Je suis prêt à le croire,
mais j'aimerais savoir comment on le sait et quelle évaluation a
été faite. Est-ce qu'il y a une analyse écrite de cette
question?
M. Deschênes: Il n'y a pas d'analyse écrite. C'est
plutôt une constatation que nous faisons à partir de notre
expérience et de celle de certains membres de notre conseil
d'administration sur ce sujet.
Maintenant, si vous regardez... Hier, on parlait du taux
préférentiel actuel qui est de 13%; donc, l'ancienne formule nous
aurait permis de faire des prêts à 6, 5%, alors que la formule
actuelle nous laisse à 11%, pour ce qui est des entreprises oeuvrant
dans les secteurs prioritaires. Il faut bien se rappeler que ce ne sont pas
toutes les entreprises.
Les entreprises de théâtre, par exemple, ne sont pas une
des priorités de notre société; c'est la même chose
pour la télévision, la radio et ainsi de suite. Celles qui sont
là, par exemple, les entreprises oeuvrant en matière de
logiciels, en audiovisuel, en câblodistribution et ainsi de suite, ce
sont des entreprises qui vont recevoir ce type d'aide, le taux
préférentiel moins 2%, à condition que leurs garanties
soient réellement de celles que l'on peut appeler sans faille, à
peu près certaines. Encore là, c'est un élément
parmi d'autres qui fait qu'ils vont avoir le taux préférentiel
moins 2%. Il est certain que les entreprises oeuvrant dans les secteurs
prioritaires, si elles n'oeuvraient pas dans un secteur semblable, même
si c'était le taux préférentiel dans l'autre secteur,
auraient un taux d'intérêt plus élevé.
Maintenant, ce paiement additionnel, qui correspond au changement de
politique de la part de la SOOICC en matière de grille tarifaire, est,
à notre avis, un élément qui ne peut pas être
déterminant dans les difficultés qu'a une société,
bien au contraire; parce que, dans la majorité des cas difficiles, nous
discutons avec les entreprises des possibilités de pouvoir, de
différentes autres façons, leur permettre de survivre, de se
refaire un peu et de progresser. Je peux vous donner, par exemple, une
modification que nous avons faite à notre politique, afin d'aider les
entreprises, et, si l'on regarde de façon très
égoïste, notre sort a été un peu à l'encontre
de notre succès, dans le sens des revenus que nous aurions.
Jusqu'au 31 mars dernier, la politique de la société
était de consentir des taux d'intérêt selon le taux du
marché en cours. Alors si vous vous rappelez les taux
d'intérêt et les sommets que ceux-ci ont atteints, à un
moment donné, il y a des entreprises qui se sont vu accorder des taux
d'intérêt qui étaient corrects, qui correspondaient aux
taux du marché et qui étaient même de beaucoup
inférieurs à ceux des institutions financières
conventionnelles, qui étaient à 18% et 19%. Il y en avait
d'autres qui étaient, à un moment donné, à 11%,
alors que les taux d'intérêt étaient rendus à 18% et
19%. Lors de la consultation sur le plan de développement, on a eu de
nombreuses critiques du fait que, dans certains cas, le taux était trop
élevé et, évidemment, ceux qui avaient des taux bas ne se
plaignaient pas qu'ils étaient trop bas, cela se comprend. Nous avons
changé notre politique et nous avons ramené, au taux
préférentiel, tous ceux qui étaient à un taux
supérieur à celui-ci, mais à leur choix. On leur a dit: Si
vous êtes d'accord, on vous donnera un taux préférentiel,
mais cela va être un taux flottant. À tous les six mois, on va
prendre le taux préférentiel et ce sera le taux qui sera
facturé au prêt, si vous avez toujours un prêt avec nous ou
à la participation financière que nous avons avec vous. Et ceux
qui étaient à un taux qu'ils voulaient conserver, avaient le
privilège de le faire. Dorénavant, depuis cette date du 1er avril
dernier, les entreprises qui font des transactions avec nous le font au tauxflottant, c'est-à-dire que si c'est le taux
préférentiel plus deux ou le taux préférentiel
moins deux, ce sera toujours, six mois après, si c'est
nécessaire, modifié pour le nouveau taux
préférentiel plus deux ou le nouveau taux
préférentiel moins deux.
La problématique
Le Président (M. French): Maintenant, tout en disant que
je pense qu'il faut revenir sur cette question de la philosophie ou de la
stratégie de la SODICC dans sa politique financière, pas parce
que je suis convaincu que ce n'est pas bon, mais parce que je ne suis pas
sûr que je la comprends totalement, je voudrais passer à la
première partie de l'intervention du député de
Louis-Hébert. Face à votre choix de situation je vous ai dit, la
première fois que je vous ai adressé la parole hier, que votre
diagnostic de la problématique culturelle, de la problématique
des industries de la culture et des communications ne m'était pas
complètement clair. Je pense que je vais être en mesure de vous
expliquer pourquoi ce n'est pas clair, et puis vous allez être en mesure
de m'expliquer quel est votre diagnostic dans cette situation.
Vous ne vous préoccupez pas des contenus et je pense que c'est
important. Cependant, il me semble qu'on ne peut pas faire une dichotomie
complète entre contenu et situation financière. Je peux imaginer
un paquet d'entreprises qui pourraient être légalement,
juridiquement et raisonnablement conçues dans le domaine culturel, qui
ne seraient pas l'objet de votre attention ou qui ne devraient pas être
l'objet de votre attention. J'irais plus loin, je dirais même qu'il y en
a certaines qui ne devraient pas être financées par vous autres.
Cependant, ce sont des industries qui ont un fort impact culturel.
Il y a sûrement d'autres critères informels, les
critères d'attente, la compréhension implicite de ce qu'est la
culture et de ce qui n'est pas la culture. Hormis même ces questions,
même dans le cas où une entreprise est culturelle, on a
parlé des artisans en tant qu'individus, on a parlé de certains
projets qui étaient uniquement des projets culturels plutôt que
des entreprises culturelles. On peut imaginer tout un lot d'interventions qui
sont, même dans le sens petit de la culture, le sens étroit de la
culture... il y en a certaines qui seraient beaucoup plus valables comme
objet
de votre intérêt que d'autres.
Lorsque je lis d'abord dans la politique financière les pages 4
et 5, et dans le plan de développement les pages 10 et 11, j'essaie de
voir à travers les critères et les grilles d'analyse qui sont
évoqués là, exactement comment vous prenez vos
décisions sur le plan macro, c'est-à-dire l'importance du secteur
et le rôle de la firme ou de l'entreprise en question sur le secteur.
Plus particulièrement à la page 11 du plan de
développement, on lit que vous utilisez une grille ou une série
de critères de développement: impact sur le secteur, effet
d'entraînement, récupération de marché local,
pénétration des marchés d'exportation, support aux
produits québécois, etc. Ce n'est pas la seule place où ce
genre de considération est évoquée; c'est
évoqué également aux pages 4 et 5 de la politique
financière, où on parle de l'état du marché pour
les cas de sauvetage. On a: "État du marché pour les produits et
services comparables qui démontre une insuffisance de l'offre face
à la demande ainsi que des perspectives de croissance dudit
marché. Dans les produits de développement, le critère
d'ordre industriel est un marché insuffisamment exploité. "
Avez-vous un document ou est-ce que la grille d'analyse qui est
évoquée dans le plan de développement est disponible
publiquement? Y a-t-il quelque chose qu'on pourrait lire pour mieux comprendre
le genre de critères et le genre d'analyses que vous faites, ou est-ce
tellement différent dans chacun des cas, que cela ne se résume
pas dans un seul document?
M. d'Astous: C'est plutôt votre deuxième
hypothèse. Il n'y a pas de grille formelle qui nous permette, avec un
tableau de critères ou d'évaluations quantitatives, de nous dire
si le projet nous apparaît intéressant de façon macro ou
pas intéressant.
La grille se fait plutôt de façon informelle selon un
certain nombre de facteurs, le premier étant la lecture que les
ministères nous donnent du secteur. La deuxième source
d'information est constituée des données statistiques qui nous
proviennent du Bureau de la statistique du Québec, de Statistique Canada
ou d'une enquête que nous faisons dans un certain secteur. Par exemple,
on s'est interrogé sur la postproduction audiovisuelle, il y a quelque
temps. Nous avons fait une sorte d'enquête auprès du milieu pour
voir s'il y avait possibilité ou s'il y avait intérêt de
créer une entreprise dans ce secteur.
Le troisième niveau de renseignement, c'est notre analyse des
dossiers que nous avons. C'est-à-dire que les entreprises que nous
aidons nous fournissent un tas de renseignements qui nous permettent avec
certains recoupements de voir ce qui est possible de faire dans un secteur.
Prenons un exemple concret, prenons le cas des mass médias écrits
ou de la presse régionale hebdomadaire. On pourrait avoir une demande
d'un hebdo régional qui est en difficulté et, à partir
d'une demande d'une entreprise, nous devons nous interroger à savoir si
c'est normal que cette entreprise soit en difficulté et quelles sont les
tendances générales par rapport à ce secteur. Notre
lecture, après avoir consulté les ministères, le milieu,
et les organismes indique qu'il y a une tendance générale aux
regroupements des hebdos régionaux. Donc, nous serons moins
portés à faire un sauvetage de tous les cas ou de toutes les
entreprises qui se présentent à nous puisque, de toute
façon, on arriverait à l'encontre d'une tendance
générale qui est au regroupement ou à la fusion des
organismes de presse dans une région. On a toujours une lecture qu'on
essaie de faire pour être vraiment en accord avec les tendances lourdes
micro-économiques qui nous permettent de ne pas ramer dans le sens
contraire du courant. C'est un peu l'objet de nos analyses.
Un autre point sur lequel je voulais attirer votre attention, c'est
qu'il faut comprendre que dans le spectre de l'ensemble de la culture au
Québec, les interventions de la SODICC ne concernent qu'un secteur
particulier. Il y a des entreprises culturelles fort louables et fort
intéressantes qui, sur le plan culturel, ou promotion de la culture au
Québec, sont très importantes. Je pense à la musique
symphonique, je pense aux troupes de théâtre, qui ne sont pas
nécessairement nos clients puisque sur les données
économiques strictement ces entreprises ne sont pas des industries
culturelles. Il ne faut pas faire l'adéquation culture égale
industrie culturelle. Il y a tout un champ de la culture qui ne nous concerne
pas.
Le Président (M. French): J'apprécie beaucoup la
réponse. Si je vous demande s'il y a quelque chose d'écrit ou si
je vous demande s'il y a un document ou une philosophie un peu plus
étayée que ce qu'on trouve dans cela, ce n'est pas parce que je
veux vous inviter à nous dessiner la camisole de force par laquelle par
la suite on va vous forcer à ne pas bouger, dans certains cas, ce n'est
pas du tout cela. Ce n'est pas non plus parce que j'ai l'illusion que tout est
quantifiable. D'ailleurs, j'ai été un critique de cette
école de pensée de l'analyse des problèmes publics et
commerciaux depuis très longtemps. Je reste curieux, je reste
intéressé à mieux comprendre l'analyse que vous faites
dans certains cas particuliers. Par exemple, j'ai beaucoup de
difficultés à voir, dans un cas comme Décormag, avec
laquelle vous avez fait affaires à trois reprises,
l'intérêt du contribuable dans cette intervention de votre
part, c'est-à-dire qu'on peut dire que Décormag est une bonne
revue, l'est - j'en ai peut-être 25 ou 30 exemplaires à la maison
- mais je me demande pourquoi on choisit d'en aider une ou l'autre ou
même les deux, puisqu'il y a au moins deux intervenants dans le
marché québécois, dans la mesure où la demande est
satisfaite et que l'une ou l'autre veut dominer le marché ou veut
satisfaire les besoins des Québécois pour une revue dans le
domaine de l'habitat... je me pose la question. Je ne suis pas sûr que la
SODICC, au moins dans le passé, n'ait pas été
emportée par une sympathie pour les entrepreneurs. Il n'y a rien de mal
dans cela, puisque ce sont souvent des gens dignes de notre confiance qui
travaillent fort et qui investissent et qui se sacrifient pour leurs
rêves. On se dit: C'est bon, c'est une bonne personne, il va bien falloir
l'aider. Je ne parle pas d'une personne en particulier de Décormag, je
parle en général. C'est le problème du cas par cas que
vous avez fait dans le passé, et que j'aimerais que vous évitiez
dans l'avenir, c'est de ne pas avoir explicité suffisamment vos
critères, de ne pas avoir critiqué suffisamment vos propres
critères, ce qui a permis un débat public sur cela. (11 h 15)
M. Deschênes: Avant de laisser la parole à M.
Bouthillier, qui va vous parler du cas particulier de Décormag, je veux
vous mentionner qu'effectivement la gestion d'une entreprise est une question
que nous analysons. Je vous disais hier que dans certains cas nous leur
suggérons des solutions à certaines lacunes que nous notons chez
une entreprise quand elle vient chez nous, et souvent ces suggestions sont fort
bien reçues. Dans certains cas, ce sont plus que des suggestions, ce
sont des conditions que nous leur demandons de respecter pour éviter que
leur entreprise prenne une direction qui serait nuisible évidemment
à notre participation financière et également à
leur industrie, de sorte que la gestion et le personnel sont des
éléments qui entrent dans notre analyse.
Vous me direz que c'est une question difficile à quantifier.
C'est effectivement difficile à quantifier, mais vous mettez ce
paramètre avec d'autres paramètres et,
généralement, les paramètres suivent une même
direction ou, dans certains cas, il n'y en a qu'un ou deux. Mais, normalement,
à travers tous ces paramètres apparaît un dessin
relativement facile à lire et qui donne des conclusions qui sont aussi
faciles à identifier.
Alors, je laisse la parole à M. Bouthillier.
Le Président (M. French): Si vous me le permettez, M.
Bouthillier, je veux seulement dire que j'ai bien compris, parce que c'est
même dans la documentation, que la qualité de la gestion est
importante. Vous l'évaluez et vous participez activement. D'ailleurs,
mon collègue, le député de Chauveau, vous a posé
quelques questions qui vous ont permis d'expliquer comment vous le faites et je
pense que c'est une bonne chose.
C'est à un autre niveau. Ce n'est pas la rentabilité ni la
gestion et ce n'est pas nécessairement la définition de la
culture grosso modo, comme je l'ai dit au début, c'est à peu
près où on commence à se demander quel est
l'intérêt de participer à une entreprise parmi plusieurs
qui servent un marché essentiellement québécois. Pourquoi
encourir le risque, alors que ce marché québécois va
être satisfait d'une façon ou d'une autre par un des intervenants?
Par ailleurs, c'est ce qui me frappe dans les points de vente des librairies
que vous avez subventionnées. Il n'y en a pas beaucoup, mais il y a une
bonne dizaine de librairies, de points de vente. Je me demande si vous devez
être dans cette espèce de "business". Je ne parle pas de
Dussault-Garneau, que vous avez si bien expliqué; je n'ai pas de
problème avec cela. C'est une logique qui est beaucoup plus
légitimement économique et provinciale dans son échelle
d'impact, mais une petite librairie ici ou là... Excusez-moi, M. le
député de Louis-Hébert, je ne vise pas d'investissement
potentiel en particulier. Je vois mal pourquoi la SODICC est
là-dedans.
M. Deschênes: C'est une question fort importante que vous
soulevez. C'est effectivement la pertinence que la SODICC puisse encourager une
entreprise dans un marché concurrentiel. C'est une question que nous
nous posons chaque fois que nous l'identifions dans un dossier particulier.
M. d'Astous vous a mentionné tantôt l'étude que nous
avons faite sur la postproduction. Ce sont des intervenants qui sont venus
à nous et il nous semblait à ce moment-là que l'aide de la
SODICC à une ou à certaines entreprises qui venaient chez nous
irait à l'encontre du développement du marché parce que le
marché avait suffisamment d'autres entreprises permettant de satisfaire
les besoins québécois, parce qu'il s'agit de besoins
québécois. Cette étude nous a donc conduits à la
conclusion que la disparition, parce qu'une absence de participation de notre
part peut amener la disparition de certaines entreprises... Dans le cas de la
postproduction, c'était le cas et on en est venu à la conclusion
que l'absence de SODICC pourrait amener la chute, la disparition ou la faillite
d'une entreprise et que cette disparition ou faillite ne pouvait pas être
nocive à l'ensemble du secteur. À ce moment-là, nous n'y
sommes pas allés, de sorte que ce problème est effectivement
posé. Je ne vous dis pas qu'on a toujours la
vérité, mais c'est une question que nous étudions chaque
fois qu'elle se pose ou que l'on se croit qu'elle se pose.
Le Président (M. French): Je ne veux pas laisser
Décormag complètement pour compte, mais je veux dire que ce
serait important et valable que ce soit incarné dans les documents
officiels de la SODICC pour que l'on puisse comprendre très bien. Ce qui
me rebute dans tout cela, c'est que vous avez un rôle très
important, mais il me semble que votre rôle est surtout par rapport aux
intérêts étrangers et aux cultures non
québécoises ou non francophones. J'aimerais vous voir diriger
tous vos canons sur ce front qui est très important et ne pas vous
préoccuper des petits problèmes du marché intérieur
qui vont être, de toute façon, s'il y a une demande suffisante,
résolus par un autre intervenant.
Mais vous êtes historiquement dans de nombreuses petites affaires
et cela me rend mal à l'aise parce que je pense que ce n'est pas le
noyau de vos responsabilités et de votre mission.
M. Deschênes: Nous sommes d'accord avec vous, M. le
Président. Je souhaiterais que vous écoutiez M. Bouthillier sur
le cas de Décormag parce que ce n'est pas un cas de marché
intérieur, c'est un cas de marché extérieur.
M. Bouthillier: Dans chacun des cas, on l'a expliqué, on
peut simplement le resouligner, on fait une analyse, ce n'est pas toujours
tranché au couteau, mais on fait une analyse micro du dossier et macro,
c'est-à-dire macro-industrielle, ce que ça peut apporter en
termes de retombées ou de développement économique du
secteur.
Si on se réfère au dossier Décormag, par exemple,
il y avait une situation micro qui était une situation sur le plan de
difficulté, où il y avait quand même un plan de
redressement qui nous semblait valable, il y avait des garanties valables
également. La raison de l'intervention sur le plan macro, c'était
justement que l'opération Décormag, qui était le pionnier
dans le magazine de décoration... Il faut dire qu'à
l'époque où on est intervenu, la concurrence n'était pas
aussi forte et le projet que nous soutenions indirectement - malheureusement,
ça ne ressort pas des chiffres qui vous ont été
donnés - c'était beaucoup plus la lancée de
l'opération Environart. Environart, c'était le pendant, la
traduction de Décormag et c'était orienté vers le
marché de Toronto. La suite visée était le marché
de Toronto. Les gens se sont installés là-bas, ils ont
publié là-bas pendant tout près de deux ans, et ils
ont...
Le Président (M. French): Je comprends très bien,
je ne veux pas discuter là-dessus.
M. Bouthillier: L'autre exemple que vous nous avez cité,
ce sont de nombreux cas de petites librairies, une dizaine de cas. Il s'en est
peut-être glissé, effectivement, mais il y a toujours une certaine
justification économique. Dans certains cas, ce sont de petites
librairies qui nous ont servi de prototype pour l'informatisation. On a un
petit dossier, la librairie La Liberté. On voulait en faire un prototype
national d'informatisation du commerce de librairie.
Dans d'autres cas, ce seront des librairies très
spécialisées. Vous en avez une, par exemple, qui s'appelle
Denizon. C'est peut-être une librairie en même temps qu'une galerie
d'art. C'était une librairie de livres d'art. Là encore, on
s'adresse à un créneau de marché bien particulier, bien
spécialisé.
Il y a aussi l'autre phénomène qui fait que -
tantôt, on a effleuré à plusieurs reprises le sujet de la
régionalisation - ce n'est pas toujours synonyme de développement
macro, si on veut s'orienter vers les marchés extérieurs, comme
vous le disiez. Là encore, il y a une série de petites
interventions qu'on va faire qui n'ont peut-être pas, sur le plan
national, le lustre ou l'apparat des retombées économiques, mais
qui, en réalité, sont des efforts de régionalisation, si
on se replace dans un contexte régional.
Le Président (M. French): Pour clore la discussion, je
voudrais juste répéter que je suis rassuré par ce que j'ai
entendu. Mais je pense que vous feriez bien d'expliquer davantage ces
considérations. Ce serait intéressant pour les intervenants, ce
serait intéressant pour quelqu'un qui voudrait collaborer avec vous
éventuellement et vous faire des propositions pour que la population et
plus particulièrement les milieux commencent à raisonner de la
même façon que vous. Si vous leur offrez un diagnostic et une
façon d'analyser leur propre problématique, leurs propres
problèmes, ça ne peut qu'aider la démarche qu'ils
entreprennent. Plus particulièrement, le remplacement des importations
culturelles par les produits autochtones et la défense des produits
autochtones contre les incursions et également la diffusion des produits
autochtones vers d'autres marchés. Je pense que ce serait valable.
J'ajouterai encore une fois - je regrette de me répéter -
que je pense que la SODICC devrait se poser des questions. Je pense que vous
l'avez fait, mais ce n'est pas clair, d'après le document. Vous devez
vous poser la question à savoir quel est le noyau, quel est l'essentiel,
et vous devez préserver l'essentiel. D'après moi, le reste... Ce
qui
est extraordinaire de la culture québécoise, c'est
toujours ceux qui veulent essayer, ceux qui veulent foncer. Laissez-les foncer
et protégez-vous contre l'accusation qui pourrait être
portée contre vous. Par hasard, un entrepreneur viendrait vous voir, il
serait favorisé en quelque sorte par un investissement dont les autres
ne bénéficieraient pas et qui, dans le fond, n'affecte pas
l'essor collectif de la culture; cela affecte juste le destin de certaines
entreprises par rapport à d'autres. Je ne dis pas que c'est un
problème majeur, mais je dis que ma compréhension, mon
acceptation et ma confiance en SODICC sont augmentées lorsque j'apprends
cela. Je l'apprends juste en vous parlant, alors que j'aurais pu l'apprendre de
façon plus claire dans le document.
J'ai deux ou trois cas majeurs, un peu comme les modèles de mon
collègue de Louis-Hébert, que je voudrais toucher avant d'inviter
les membres qui ont d'autres questions - peut-être qu'on pourra
résumer nos discussions - et ils sont les suivants: TNM,
télévision payante, Éditions le Nordais-Logiciel. Ce sont
les trois cas qui me semblent importants. On a parlé de Kébec
Spec: Je ne sais pas s'il y a d'autre chose à dire là-dessus, je
ne pense pas; c'est un chapitre fermé, si j'ai bien compris, à
5000 $ ou 10 000 $ près. Groupe Musique Experts, on a entendu ce qu'il y
avait à dire et c'était très clair.
Alors, il reste TNM, télévision payante et Éditions
Le Nordais-Logiciel.
Le
TNM
M. Deschênes: Je vais rapidement faire le tour d'horizon du
TNM. Je vais également vous parler de la télévision
payante. Je vais laisser mon collègue, Guy Bouthillier, vous parler de
Le Nordais-Logiciel.
Dans le cas du TNM, la situation que nous avons vécue est
à peu près la suivante. C'est une institution qu'on peut
qualifier d'importante au niveau du théâtre; elle avait de
sérieuses difficultés il y a deux ans. Ces difficultés
nous ont été présentées en même temps
qu'elles étaient discutées au niveau du ministère des
Affaires culturelles et nous avons convenu, à ce moment-là, d'une
aide qui était associée à une subvention du
ministère des Affaires culturelles et qui leur permettait
d'éviter le drame qui était, à toutes fins utiles, la
faillite.
Cette participation de notre part s'est faite sur une base d'une
garantie qui a une valeur: la plus grande sécurité c'est
effectivement la bâtisse et le terrain sur lesquels le TNM a son
théâtre. Nous avons consenti, à ce moment-là, un
montant de 500 000 $. Le ministère des Affaires culturelles avait
consenti une subvention qui permettait un plan de redressement, qui leur avait
été demandé qui avait été discuté et
accepté par le ministère et nous, permettant de passer à
travers la période difficile qu'il connaissait.
Maintenant, c'était aussi basé sur des prévisions
de revenus de billetterie, des gens qui vont voir les spectacles du TNM. Ces
revenus de billetterie ne se sont pas réalisés comme il le
souhaitait. De plus, d'autres difficultés sont survenues. On les
connaît, ce sont des difficultés de relations
patronales-syndicales. Alors, le TNM est revenu nous voir au printemps, vers
les mois d'avril, mai ou juin. La première intervention que nous avons
faite a été un transport de subvention qui apparaît dans le
dossier, au mois d'avril je crois. Il était dans une situation
dramatique, ils ne pouvaient plus payer les salaires des employés, le
genre de choses semblables, certains fournisseurs menaçaient de les
saisir. Nous avons donc accepté un transport de subvention et nous leur
avons dit, à ce moment-là, que nous hésiterions beaucoup
à réinvestir un montant additionnel - puisque c'était
là leur demande à long terme - à moins qu'un certain
nombre de conditions soient rencontrées, entre autres un assainissement
à long terme de leur situation financière ainsi que d'autres
conditions.
Nous avons, effectivement, réétudié leur dossier et
nous leur avons fait une proposition en juin, à savoir d'augmenter notre
aide à un niveau qui serait le seuil maximum, au sens de notre garantie,
et minimum pour eux de la valeur du terrain et de la bâtisse sur lesquels
ils étaient. Nous avons même ensemble convenu, le TNM et nous, que
nous ferions faire une évaluation de la valeur de ces
propriétés, terrain et bâtisse. Et c'est cette valeur que
nous avons acceptée comme étant la proposition qui permettrait
à notre société de leur consentir une aide additionnelle
à la condition que cette aide additionnelle puisse être
associée à d'autres formes de revenu de leur part, d'autres aides
qui pourraient venir de sociétés privées qui leur
garantiraient ou qui leur accorderaient une aide financière ou des
équipements ou je ne sais trop quoi. Mais il fallait que la dette totale
soit assumée et que dans un temps on puisse, nous, être convaincus
qu'elle pourrait être résiliée, qu'elle pourrait
disparaître.
(11 h 30)
Le TNM n'a pas réussi à nous fournir des
éléments qui nous permettaient de croire que sa situation
financière se réduirait ou même disparaîtrait ou
s'améliorerait dans le sens de ses difficultés. Et les
gouvernements, comme vous le savez, fédéral et
québécois ont refusé de lui accorder une aide
additionnelle de l'importance qu'il souhaitait, tout cela pour en arriver
à la situation que vous connaissez maintenant où le TNM a
essayé et essaie toujours de vendre l'édifice dans lequel sa
troupe joue.
II faut vous dire, pour être bien honnêtes aussi, que nous,
à la SODICC, nous lui avons, à plusieurs reprises,
mentionné que cette bâtisse dans laquelle il jouait ne nous
apparaissait pas un élément essentiel pour lui dans son existence
et que c'était, au niveau financier, un boulet d'une valeur et d'un
niveau beaucoup trop élevé pour le type d'administration qu'il
avait. Nous lui avons donc suggéré de vendre au moment opportun,
c'est-à-dire dans les meilleures conditions possible et le marché
le permettant, pour récupérer ces sommes et, effectivement,
effacer ses dettes. Soit qu'à ce moment il puisse jouer dans d'autres
salles à Montréal, soit qu'il puisse jouer dans cette même
salle si l'acquéreur acceptait de lui prêter la salle à des
tarifs dont il fallait convenir. C'est effectivement ce que le
Théâtre du nouveau monde a fait. C'est d'ailleurs un conseil qui
lui est venu aussi des deux gouvernements: fédéral et
québécois, de sorte qu'il en est là maintenant.
Je peux vous dire que nous restons informés des démarches
que le TNM entreprend et dans lesquelles il est actuellement pour essayer de
régler sa situation, mais nous n'avons aucune crainte et nous ne sommes
pas ce que j'appellerais un créancier pressé et pressant
auprès du TNM dans le sens que notre garantie, notre rang dans une
éventualité de difficultés ou de désastre du TNM
est tel qu'on va avoir... Enfin, le TNM va liquider pour au-delà du
montant qu'il nous doit. Je ne sais pas si vous voulez que j'ajoute ou si vous
avez des questions...
Le Président (M. French): Le résumé de
l'histoire, c'est que la SODICC a été une conseillère, un
joueur important, mais n'a jamais été le joueur
déterminant dans le dossier du TNM.
M. Deschênes: Non.
Le Président (M. French): Et que le TNM, actuellement,
cherche à vendre sa bâtisse dans des conditions qui ne sont pas
les meilleures, mais néanmoins selon la politique que vous lui avez
recommandée depuis un certain temps.
M. Deschênes: C'est exact.
Le Président (M. French): Cela va pour le TNM, merci.
La télévision payante
M. Deschênes: Au niveau de ta télévision
payante, c'est indiqué dans le dossier - j'y ai fait allusion aussi dans
les remarques d'introduction que je vous faisais hier - nous avions trois
objectifs dans notre intervention dans cette société, dans cette
nouvelle entreprise, il y en a deux qui ont été mentionnés
dans le discours d'ouverture hier. La première des raisons que nous
avions, c'était que nous estimions que le développement de
l'industrie audiovisuelle au Québec passait par la
télévision payante, compte tenu qu'elle était là et
qu'elle n'allait pas disparaître si nous n'intervenions pas ou si les
deux entreprises en cause - en tout cas, au moins l'une d'elles - faisaient
faillite à très court terme, et l'autre était en
difficultés sérieuses comme vous le savez fort bien. La
télévision payante aurait été là de toute
façon et à ce moment elle aurait été
exploitée par des intérêts étrangers. Ce contre quoi
nous n'en avons pas bien sûr, sauf que, quand vous parlez de contenu, il
est habituellement préférable que ces contenus soient
développés par des autochtones plutôt que par des
étrangers surtout quand on parle de satisfaction de besoins
québécois.
Donc, première raison pour notre intervention, c'est que le
développement de l'industrie audiovisuelle requérait qu'il y ait
une entreprise de télévision payante au Québec entre des
mains majoritairement québécoises.
Le deuxième élément, le deuxième objectif
que nous poursuivions était de rationaliser l'industrie de la
télévision payante au Québec. Je vous rappelle qu'à
ce moment les réseaux de télévision payante qui
diffusaient au Québec étaient nombreux; il y avait deux
réseaux anglais, il y avait celui de First Choice, il y avait celui du
réseau artistique C-Channel, qui est maintenant disparu, et il y avait
deux réseaux de télévision française, il y avait
TVEC et il y avait la partie française de First Choice, Premier Choix.
Donc, l'offre était absolument incomparable avec la demande, de sorte
que c'était absolument le désastre qui s'offrait pour certaines
de ces entreprises. C-Channel est disparu et il nous apparaissait, à
nous, qu'à moins d'une intervention d'une société quelque
part, c'était TVEC qui allait subir le coup et, tout de suite
après, Premier Choix, de sorte qu'on se serait retrouvé avec une
situation où il n'y aurait pas eu de réseau de
télévision payante de langue française au Québec,
du moins pour un certain temps. Peut-être qu'après la disparition
des deux entreprises, il y aurait eu un réseau francophone qui aurait
été développé par d'autres entrepreneurs, mais ce
n'était certainement pas la lecture que nous faisions à cette
époque.
La troisième raison de notre intervention, elle est très
importante, c'est que l'industrie cinématographique
québécoise avait investi lourdement dans les deux réseaux
de télévision payante, que ce soit Premier Choix ou TVEC. Ces
investissements s'étaient soldés très rapidement par
des
créances qui devenaient de plus en plus problématiques,
pour ne pas dire douteuses. De sorte que - je reviens à un
critère que je vous ai mentionné tantôt - la disparition de
Premier Choix ou de TVEC, ou des deux, amenait des conséquences
dramatiques, désastreuses pour l'industrie cinématographique au
Québec.
De façon macroscopique, si personne n'intervenait pour essayer -
entre guillemets - de "sauver les entreprises en cause", c'était pour
l'industrie cinématographique une chute, un drame d'où elle
aurait beaucoup de difficultés à se relever.
Nous avons donc accepté d'intervenir. Comme vous le savez, on a
posé un certain nombre de conditions. L'une de ces conditions, qui
n'était pas discutable, c'était une fusion des deux
réseaux. Je dois vous dire que dans ces efforts que nous avons faits,
l'organisme fédéral en cause, le CRTC, était tout à
fait d'accord avec l'orientation ou la condition que nous imposions aux deux
réseaux présents.
Il faut aussi réaliser que si la concurrence s'était faite
entre les deux réseaux, il y avait David et Goliath. Je pense que vous
réalisez que dans le cas des deux réseaux, si cela s'était
fait sur une base strictement financière, TVEC disparaissait et Premier
Choix aurait survécu. Il aurait survécu peut-être le temps
des roses, mais il aurait survécu quand même.
Le Président (M. French): Le CRTC vous devait une certaine
collaboration après le fouillis qu'il avait fait lui-même.
M. Deschênes: C'est une chose que je n'aimerais pas
mentionner, mais puisque vous le mentionnez, c'est certainement une
préoccupation. Il faut admettre aussi, pour le CRTC, qu'il a reconnu ses
erreurs dans la participation qu'il nous a donnée pour la fusion des
deux réseaux.
Nous avons donc décidé d'investir, à ce moment, un
montant que nous estimions et que nous estimons toujours être le seul
montant que nous investirions dans cette entreprise. Nous avons exigé
aussi comme condition que toutes les sommes nécessaires pour atteindre
le point mort soient, à ce moment, non seulement placées sur la
table mais, dans certain cas, garanties. C'est ce que nous avons eu, si non
nous n'y serions pas ailés.
Nous avons donc investi 3 000 000 $ sous la forme d'un prêt
convertible, d'une debenture convertible et nous avons aussi garanti une partie
de la marge de crédit qui est de l'ordre de 3 000 000 $. L'autre partie
de la marge de crédit est garantie par la société First
Choice, c'est-à-dire le pendant anglais de Premier Choix, qui diffuse
toujours mais qui, maintenant, diffuse pour le Centre et l'Est du Canada, alors
que l'entreprise équivalente de l'Ouest, qui est dirigée par le
Dr Allard, diffuse du Manitoba vers l'Ouest. Ils se sont partagé le
Canada, au niveau anglophone, comme vous savez.
Maintenant, je peux vous dire qu'au niveau du redressement des
entreprises, cela va bien.
Le Président (M. French): L'essor
cinématographique, cela va bien, ou redressement de nouvelles
entreprises hybrides.
M. Deschênes: C'est cela, je vais séparer cette
constatation en deux.
Pour ce qui est des entreprises de l'industrie cinématographique
québécoise qui avaient investi dans cela, je vous rappelle que la
nouvelle entreprise a accepté d'assumer les dettes dans leur
totalité sauf qu'il y avait un étalement dans les paiements. En
réalité, les entreprises ont souffert un peu puisque, par
exemple, nous avons reconnu une dette de 500 000 $ que nous avons
étalée sur 18 mois pour le paiement mais sans
intérêt. En d'autres mots les montants versés sur une
période de 18 mois sont de 500 000 $, alors que normalement cela aurait
dû être 500 000 $ plus les intérêts qui s'accumulent.
C'est donc la part que les entreprises ont dû accepter pour un
règlement qui leur était encore préférable à
ce qu'une faillite aurait pu leur occasionner.
Pour l'industrie québécoise cela va relativement bien. Je
peux vous dire que dans le poste que j'occupe le téléphone
sonnait régulièrement quand nous étions en discussion,
c'était l'ensemble de l'industrie ou les associations industrielles
cinématographiques qui voulaient me faire part de leurs craintes, de
leurs difficultés etc. Je peux vous dire que le téléphone
ne sonne plus maintenant, depuis que cela s'est terminé par les ententes
que vous connaissez, je pense, sur l'étalement des paiements.
L'industrie est satisfaite et cela va bien de ce côté.
Au niveau de l'entreprise Premier Choix-TVEC maintenant, c'est une
situation qui a pris un peu plus de temps parce que les dettes que l'entreprise
avait à assumer étaient importantes, étaient lourdes; elle
les assume d'ailleurs toujours puisque nous avons seulement une partie des 18
mois en cause de faits. Donc l'entreprise a toujours ses dettes à
assumer. La programmation a été considérablement
repensée pour essayer d'obtenir une programmation qui corresponde mieux
à l'auditoire francophone qu'est l'auditoire de Premier Choix-TVEC. Nous
avons d'ailleurs une personne, chez nous, qui est M. d'Astous qui collabore
avec l'entreprise Premier choix-TVEC sur une définition d'une
programmation qui serait plus appropriée pour l'auditoire
visé.
Le Président (M. French): J'interviens
parce que cela touche une corde sensible. Vous dites d'une part que vous
ne voulez pas toucher le contenu, puis d'autre part M. d'Astous conseille
Premier Choix-TVEC. Je n'ai pas de problème avec l'une ou l'autre des
politiques, mais j'aimerais voir comment vous conciliez ces deux...
M. Deschênes: Je vais laisser M. d'Astous parler sur cette
question. Il remplit effectivement cette fonction, il pourra vous dire en quoi
cela consiste. Je peux vous dire qu'au niveau du conseil d'administration de
Premier Choix-TVEC, dont je suis membre, ce comité de programmation n'a
pas à déterminer si ce serait tel artiste, tel spectacle, tel
film. Il a à définir la philosophie de la programmation de
Premier Choix-TVEC. Ce n'est pas lui qui choisit les films, ce n'est pas lui
qui détermine les achats etc. Premier Choix-TVEC a sa propre structure
pour cette question. Je laisse M. d'Astous parler de sa fonction...
Le Président (M. French): Excusez-moi. Je vous mentionne
tout simplement que lorsque les questions de l'investissement ont
été posées, M. Bouthillier a dit: face à certaines
critiques au sujet du genre de films un peu osés ou beaucoup osés
- je ne sais pas, je ne les ai pas vus - que Premier Choix-TVEC faisait
diffuser à ce moment, un des rôles de la SODICC aurait
été de s'assurer que le genre de films soit acceptable à
la population etc. Je trouvais cela mal venu pour la SODICC. Ce n'est pas une
critique personnelle que je fais.
M. Deschênes: Je vais vous mentionner qu'il y a une clause
dans le protocole que nous avons signé, les trois partenaires, Premier
Choix, TVEC et nous, en ce sens que pour aucune considération il n'y
aurait de la programmation pornographique à Premier Choix-TVEC.
Le Président (M. French): Faites comme cela, je n'ai pas
d'objection: c'est public, tout le monde le sait et il y a des critères.
Mais ce ne serait pas à vous de porter le fardeau de l'approbation
publique de la programmation de Premier Choix-TVEC, même si vous y faites
un investissement.
M. d'Astous: Le travail au comité de programmation n'est
pas un travail de choix d'oeuvres ou d'oeuvres cinématographiques, dire:
celle-là plutôt que telle autre. Le travail du comité de
programmation est beaucoup plus d'articuler une programmation, à partir
d'une enquête qui a été faite auprès des
abonnés, pour que la programmation offerte corresponde aux besoins et
aux goûts des personnes qui l'écoutent.
Un deuxième travail qui a été fait, c'est aussi
d'en arriver à une programmation qui était plus articulée.
Autrefois, la programmation de "Radio-Québec" ne correspondait pas
à une grille articulée de programmation. On essaie d'en arriver
à une grille qui permette... Par exemple, le vendredi soir, ce sont des
films d'action, le samedi, ce sont des films plus sentimentaux, le dimanche, il
y a une programmation de films... (11 h 45)
Une voix: Familiale.
M. d'Astous:... des primeurs ou des choses comme cela. Donc, une
programmation qui correspond plus à une programmation d'un
télédiffuseur normal pour que le public puisse s'identifier
à une sorte de rythme de présentation de films et augmenter
aussi, par conséquence, l'écoute. C'est ce genre de
préoccupations qui nous intéressent au comité de
programmation.
Le Président (M. French): Est-ce que c'est cela pour la
télévision payante?
M. Deschênes: Bien si...
Le Président (M. French): Je voulais savoir si c'est le
portrait, d'après vous, de la situation.
M. Deschênes: Oui, c'est cela. Je corrigerai seulement le
lapsus de M. d'Astous. Évidemment, ce n'est pas la programmation de
Radio-Québec, c'est la programmation de Premier Choix-TVEC.
Le Président (M. French): Pour la programmation de
Radio-Québec, il y a assez d'intervenants déjà dans le
dossier, vous êtes mieux de ne pas y toucher.
Je pense que la seule question donc devient très simple: Comment
va la pénétration du marché de la télévision
payante en français?
M. Deschênes: Je peux vous dire que, sur la question des
abonnés, cela a été une période difficile pour
plusieurs raisons. D'abord, des câblodistributeurs, qui sont le relai
essentiel entre l'abonné et la programmation que diffuse Premier
Choix-TVEC, il y a eu, à un moment donné, en fonction des
circonstances difficiles qui ont été vécues, une
réception fort négative par rapport à la programmation
française, c'est-à-dire à Premier Choix et TVEC ou Premier
Choix-TVEC maintenant. La programmation étant telle qu'elle
était, les câblodistributeurs avaient basé leur
investissement là-dedans - parce qu'ils faisaient un investissement au
niveau des équipements qu'ils avaient à mettre en place - sur le
fait que les abonnés seraient leurs abonnés pour une
période de temps - je ne me rappelle pas le nombre de mois exact. Sauf
que la
programmation de TVEC et de Premier Choix et les premiers mois de
Premier Choix-TVEC étant, au niveau des abonnés, relativement
insatisfaisante, il y avait beaucoup de débranchements. Les
câblodistributeurs ont manifesté rapidement une insatisfaction
aussi grande, dès que Premier Choix-TVEC a commencé à
diffuser, qu'elle l'était lorsque la partie française de First
Choice, Premier Choix, existait, de sorte que leur collaboration essentielle a
diminué. Pour eux, c'était un peu un genre d'ultimatum en disant:
Ou vous avez une programmation qui va nous permettre de croire que
l'abonné que l'on va aller câbler va demeurer branché
pendant un certain nombre de mois ou allez vous faire cuire un oeuf, parce
qu'on ne sera pas très empressé d'aller porter un décodeur
là où une demande sera exprimée. C'est une
difficulté qu'on a eu à vivre. Cela a pris un certain temps avant
de régler tout cela. Je pense que la solution est maintenant dans la
programmation d'automne, dans les résultats du comité de
programmation auquel faisait allusion M. d'Astous. Cela paraît aussi dans
les abonnements.
Dans les faits, à partir du 1er février, du 1er avril
plutôt, alors que la programmation a commencé d'être celle
de Premier Choix-TVEC - mais il y avait une programmation commune de Premier
Choix et de TVEC à partir du 1er février - il y a eu une
légère baisse qui s'est manifestée dans le nombre des
abonnés, baisse qui, au niveau des investisseurs que nous étions
et des deux autres entreprises qui sont là aussi, est devenue
inquiétante parce qu'on ne sentait pas une remontée pointer
à l'horizon. Donc, les mois d'été sont passés, ce
sont normalement des mois faibles au niveau de l'intérêt des
abonnés pour la télévision payante, et c'est reparti avec
l'automne. Il y a eu une campagne de publicité, d'information qui s'est
faite au cours du mois d'octobre.
Le Président (M. French):... des câblodistributeurs,
je pense.
M. Deschênes: C'est cela.
Le Président (M. French): Oui.
M. Deschênes: Alors, à ce moment-là, c'est ce
que j'appellerais le point du nouveau démarrage puisque les
câblodistributeurs et Premier Choix-TVEC sont maintenant associés
ensemble. La publicité se fait ensemble. Les interventions
régionales se font Premier Choix-TVEC et les câblodistributeurs
ensemble, de sorte que l'entreprise Premier Choix-TVEC a réussi à
s'associer les câblodistributeurs dans sa démarche. Cela
paraît dans les résultats.
Au niveau du mois d'octobre, par exemple, le nombre minimum
d'abonnés - parce qu'on ne les a pas de façon définitive
encore, on est au 31 octobre, cela prendra quelques jours... Avec la campagne
de promotion, avec la collaboration des câblodistributeurs, Premier
Choix-TVEC est allée chercher au moins 10 000 nouveaux abonnés.
Ce sont les chiffres qu'on avait au début de cette semaine. Et il y a
d'autres données à rentrer, de sorte que c'est une percée
qui va au-delà des espoirs que constituent les trois investisseurs qui
sont dans Premier Choix-TVEC.
De plus, c'est une percée, croyons-nous, qui va continuer. Il y
aura d'autres campagnes de promotion qui se feront aussi. Il y a une question
litigieuse pendante, c'est celle du canal de sports, que vous connaissez sans
doute, qui ne diffuse qu'en anglais et que la compagnie Vidéotron a
refusé de diffuser parce que la francisation du signal n'existait pas du
tout et parce que le programme de francisation n'était pas offert par
TSN, ou les promoteurs du canal de sports, qui permettrait à
Vidéotron de dire: A un moment déterminé, il y aura
suffisamment de français sur le canal de sports pour qu'au niveau social
on se sente respectueux des abonnés que nous desservons.
Le Président (M. French): Mais nous sommes toujours
très loin de la pénétration du marché
nécessaire pour rentabiliser l'entreprise.
M. Deschênes: C'est exact. Actuellement, je peux vous dire
que le nombre d'abonnés, au risque de me tromper de quelques milliers,
est d'environ 75 000. C'est le nombre minimum, compte tenu que je vous disais
tantôt qu'il y a encore des données à entrer pour le mois
d'octobre. Le point mort est toujours aux alentours de 110 000 à 115 000
abonnés, parce qu'on a considérablement réduit les
dépenses et on regarde aussi d'une façon fort étroite la
possibilité de demander au CRTC de nous permettre un délai selon
certaines conditions que le CRTC nous a imposées et en particulier dans
la couverture de l'Ouest canadien.
Pour être très explicite dans mes propos, Premier
Choix-TVEC et les réseaux français auparavant, mais avec Premier
Choix qui allait dans l'Ouest, n'ont jamais réussi à obtenir un
nombre d'abonnés que j'appellerais raisonnable dans l'Ouest. Je peux
vous dire qu'à l'ouest de l'Ontario il n'y a que 400 abonnés
à la télévision payante. Ils sont tous situés dans
un même territoire, celui de Vancouver. Pour des raisons que je suis
incapable de vous expliquer, les poches francophones que vous avez au Manitoba
et ailleurs ne s'intéressent pas au réseau de
télévision payante Premier Choix-TVEC puisqu'ils ne s'y abonnent
pas. Alors, les coûts de la diffusion de Premier Choix-TVEC
dans l'Ouest sont incomparables par rapport au marché. Ce sont
des coûts de l'ordre techniquement de 1 500 000 $. Alors, c'est
absolument impossible et c'est un fardeau très lourd à
supporter.
Nous estimons que le CRTC, en permettant aux réseaux anglais de
se partager le territoire canadien, l'un pour l'Ouest et l'un pour l'Est, leur
a donné des conditions qui, mutatis mutandis, devraient nous permettre
de reporter dans le temps la diffusion a mari usque ad mare du signal
francophone. Le CRTC est, évidemment, très discret dans cette
approche que nous faisons auprès de son organisme, mais au niveau du
ministère fédéral des Communications, je peux vous dire
que c'est une orientation qu'il regarde avec beaucoup d'à-propos et
qu'il considère raisonnable.
Le Président (M. French): Alors, nous continuons
d'être optimistes. Nous savons qu'il y a encore du chemin à faire
et nous sommes convaincus que nous avons fait notre investissement en tant que
Québécois et il n'y aurait pas d'autres investissements dans ce
domaine.
M. Deschênes: C'est exact.
Le Président (M. French): Je ne parle pas des industries
fournisseurs; je parle de l'entreprise de télévision payante, le
diffuseur de signal.
M. Deschênes: C'est cela. D'ailleurs, notre investissement,
je vous le rappelle, nous rapporte des intérêts. Je peux vous
dire, en termes plus pratiques et plus concrets, que nous avons accepté
au début -c'était dans l'entente initiale - que les
intérêts seraient accumulés et ne seraient pas
versés pour les six premiers mois, alors que les paiements à
effectuer par l'entreprise étaient très élevés.
Mais, six mois après le 1er avril - je ne sais pas ce que cela donne -
soit le 1er décembre, on commencera à recevoir les
intérêts accumulés les six premiers mois. Je ne vois pas de
raisons pour lesquelles ces intérêts ne seraient pas versés
alors que les autres partenaires, eux, c'est du capital qu'ils ont investi au
niveau de l'actionnariat. Évidemment, ce n'est que la santé de
l'entreprise qui permettra à leur capital d'être
récupéré un jour avec une plus-value au besoin.
Les Éditions Le Nordais-Logiciel
Le Président (M. French): II reste donc les
Éditions Le Nordais-Logiciel.
M. Bouthillier: Alors, on va d'abord, si vous le permettez,
resituer d'une façon macrosectorielle notre intervention dans cela.
Il s'agit d'une entreprise qui était vouée à
l'adaptation et à la diffusion de logiciels grand public; on parle de
logiciels de micro-informatique pour diffusion au grand public. On parle de
logiciels de 40 $ à 400 $ comme échelle.
Ce qu'on a pu constater comme tendance mondiale, et c'est sur
celle-là qu'on tablait également ici, c'est que, si on voulait
procéder d'une façon rationnelle à faire de l'adaptation
de logiciels anglophones vers les marchés francophones et possiblement
l'inverse dans un second temps, il fallait procéder avec des maisons
assez fortes d'abord et ayant des réseaux de distribution
déjà établis. Cette démarche peut se
vérifier, d'ailleurs, dans d'autres pays. En Europe, c'est comme cela
que le marché du logiciel grand public s'est
développé.
On a travaillé à la société principalement
avec deux groupes qui répondaient à ces critères. Il y a
d'abord le groupe Sogiciel Éditeur Inc. - je vous réfère
au dossier 196 - qui est un groupe apparenté au groupe Sogidès
ADP. On n'élaborera pas, c'est une maison d'édition avec un
réseau de distribution très bien développé...
Le Président (M. French): Surtout le député
de Trois-Rivières.
M. Deschênes:... qui s'est associée au groupe Nathan
en France, qui a un réseau semblable diffusant sur toute l'Europe.
Le deuxième groupe avec lequel on a travaillé, c'est le
groupe Le Nordais, que vous connaissez sans doute bien, qui est une maison
d'édition de magazines et la maison de distribution de
périodiques DAQ. C'est avec ce groupe qu'on a décidé de
travailler. Mécaniquement, on a fait un prêt de 250 000 $,
l'entreprise ayant investi elle-même, à même le fonds de
roulement du groupe, une somme identique dans l'opération de la filiale
Le Nordais-Logiciel.
L'opération a eu des ratés d'allumage évidents.
Elle était surtout orientée vers l'adaptation de produits
américains et anglais; elle a eu des dépassements assez
importants au niveau de ses coûts d'adaptation et le groupe, qui n'avait
peut-être pas, à ce moment, la structure financière pour
continuer l'aventure, a plutôt décidé, avec des pressions
assez fortes du banquier du groupe, de mettre fin à cette aventure, ce
qui s'est fait en décembre 1983, alors qu'il y a eu une remise de
possession des actifs commandée par nous et surtout par la banque.
Le Président (M. French): Ce qui est frappant dans tout
cela, c'est la rapidité de la faillite. Cela a été
financé en mars ou février 1983 et, en décembre 1983,
c'était la fin. Il faut le faire: 500 000 $ en capitalisation ont
réussi à s'effriter.
M. Deschênes: En fait, les sommes qui ont été
dépensées sont supérieures à cela, parce que le
groupe a dû y aller de son fonds de roulement pour d'autres sommes. Le
gouffre est évalué à 1 000 000 $. D'abord, il faut
connaître le groupe, c'est un groupe qui est très dynamique,
très rapide également, cela a toujours été sa
caractéristique d'être très rapide dans ses interventions
et ce n'était pas la première fois qu'il y avait des
activités auxquelles on a mis fin prématurément.
Le Président (M. French): Ma réflexion serait la
suivante: Si la compagnie avait été victime de la forte
concurrence dans un domaine particulier, si la compagnie avait
été victime de la rapidité du changement technologique, si
la compagnie avait été victime d'une série de
phénomènes qui vont, en quelque sorte, avec le métier
haute technologie, cela aurait été peut-être
compréhensible. Mais ce qui est préoccupant, ce qui est mauvais
pour la SODICC et ce qui est très mauvais pour les fournisseurs aussi
qui comptent sur la SODICC comme indice de qualité et de sérieux,
c'est que cela a été la gestion et la prise de décisions
à l'intérieur. (12 heures)
Ce n'étaient pas les risques inhérents à une telle
entreprise. La preuve en est que beaucoup d'autres entreprises, dont certaines
que vous avez aidées, ont très bien passé à
travers. C'était sûrement un manque de gestion flagrant à
l'intérieur. Je ne veux nommer personne, ce n'est pas ce qui est
important, mais il ne faudrait pas que la SODICC mise trop souvent sur ce genre
de gestion. C'est très mauvais pour tout le monde.
C'est juste ça que je dis. Je ne vous invite même pas
à commenter parce que ce n'est peut-être pas juste de vous
demander de commenter, mais j'émets le souhait que la SODICC soit assez
forte pour résister aux pressions qui viennent des milieux, du milieu
politique, qui viennent des "trends", des tendances modernes d'envahir tout
à coup quelque chose et que tout le monde doive sauter dedans. Il y a
beaucoup de trains qui partent des gares vers l'avenir et il faudrait bien
choisir le train. On ne veut pas d'un "local" qui va peut-être
dérailler à la prochaine gare dans huit mois; on veut quelque
chose qui sera là pour le "long run".
Je répète: Que le taux de mortalité soit
élevé, je pense que tout le monde peut l'accepter, mais que la
mort vienne dans ces circonstances, c'est terrible pour la SODICC, c'est
terrible pour la société québécoise qui veut
appuyer les entreprises sérieuses. Je n'en dis pas plus que cela, je
n'apporte rien de plus là-dessus.
Maintenant, M. le député de Trois-Rivières, est-ce
que je dois comprendre que vous avez une contribution à apporter
à nos délibérations ou si vous êtes ici uniquement
comme spectateur?
Conclusions M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: J'aurais aimé participer à l'ensemble
de ces travaux pour plusieurs raisons qui tiennent toutes, finalement, à
mon intérêt pour le secteur couvert par la SODICC, à
l'attention que je porte à l'activité de la SODICC, ayant
été très lié à sa naissance, et
également, en fait, à l'attachement que je porte au nouveau
responsable avec lequel j'ai eu l'occasion de travailler. Comme parlementaire,
je croyais un peu de mon devoir de ne pas être insensible aux travaux de
cette commission, d'autant plus que la commission elle-même agit à
l'intérieur d'une réforme à laquelle nous n'avons pas
été étrangers.
Tous ces facteurs mis ensemble, je dois dire que j'étais curieux
de voir ce que pouvait donner une telle commission. J'ai suivi quand même
une bonne partie des travaux de mon bureau et je pense que vous avez couvert le
terrain qu'il convenait de couvrir et les réponses, me semble-t-il, ont
été tout à fait à la satisfaction des
parlementaires qui, d'ailleurs, se sont comportés sans esprit partisan,
avec beaucoup d'ouverture d'esprit.
Pour la SODICC, c'est l'occasion peut-être de s'expliquer et aussi
d'amorcer de nouvelles réflexions. Nous sommes des profanes en ces
matières. Nous posons des questions de profanes, celles que pose le
public, celles que posent bien des gens intérieurement ou en petit
cercle. Notre responsabilité, c'est de les exprimer publiquement. Je
sais que la direction de la SODICC, par son porte-parole principal et ses
collaborateurs immédiats, reste très sensible à la
volonté des élus et du gouvernement.
Je n'ai rien d'autre à ajouter. Je trouve que tout ça a
été extrêmement profitable. J'en profite tout simplement
pour souhaiter bonne chance aux responsables de la SODICC. Je continue de dire
la SODICC, il y a d'autres façons de l'appeler, mais elle n'avait qu'un
"C", à l'époque, d'ailleurs.
Le Président (M. French): Je voudrais demander s'il y a
d'autres commentaires. M. le député de Saint-Henri, M. le
député de Chauveau? J'aurais quelques commentaires de conclusion
et je voudrais également offrir aux gens de la SODICC l'occasion de
donner leurs réactions finales ou leurs commentaires.
M. Raymond Brouillet M. Brouillet: Ce sera très bref.
C'est
avec beaucoup d'intérêt, finalement, que j'ai
assisté et participé à cette rencontre. C'est une
première expérience. En tant que parlementaires qui voulons nous
occuper d'un secteur, en l'occurrence le secteur de la culture, c'est
extrêmement important pour nous de connaître de façon
beaucoup plus précise tous les organismes d'État qui oeuvrent
dans ce secteur. Je suis très heureux de cette rencontre, de ces
échanges. J'ai appris beaucoup et je crois que ça va me permettre
de continuer à oeuvrer d'une façon plus efficace au sein de la
commission de la culture.
Je vous remercie beaucoup, vous tous qui représentez la SODICC,
pour la précision, la clarté, l'ouverture et la franchise avec
lesquelles vous avez répondu à nos questions. Cela a
été très profitable pour nous. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Henri.
M. Roma Hains
M. Hains: Je vais vous dire, messieurs, que ce n'est pas par
désintéressement que je n'ai pas posé plus de questions
que ça; c'était vraiment un feu roulant continuellement. Je
m'excuse un peu de ce semblant de désintéressement que j'ai pu
montrer auprès de mon président, de mes collègues et de
vous aussi, messieurs. Soyez assurés que cela a été des
échanges vraiment profitables et que, maintenant, quand on parlera de la
SODICC, on aura des visages sympathiques devant nous et non pas, comme on l'a
toujours vu jusqu'ici, des profils mystérieux et inconnus. Je vous
remercie.
M. Richard French
Le Président (M. French): Merci, M. le
député. Je ne veux pas reprendre certaines observations que j'ai
essayé de faire de façon assez claire durant les auditions. Je
pense que ce que j'ai à suggérer à la SODICC est
relativement clair; ce n'est pas global, mais cela traduit une certaine
série d'attitudes qui, je pense, deviennent importantes. Je vais essayer
très rapidement de les résumer.
Que la SODICC se concentre sur l'essentiel de sa mission et ne se laisse
pas distraire par toute une série de choses intéressantes, mais
non essentielles et de choses qui, elles aussi, comportent des risques
importants. J'aimerais mieux que la SODICC coure les risques essentiels et
laisse les risques non essentiels aux marchés, au MAC, aux instances
fédérales, aux intérêts privés, aux efforts
de financement public, mais non gouvernemental, c'est-à-dire au
financement volontaire.
Deuxièmement, un effort soutenu d'information à la
population, plus particulièrement peut-être au milieu et aux
parlementaires qui sont intéressés par la SODICC. Je dois vous
avouer que le retard de vos rapports annuels - ce n'est pas une chose que j'ai
soulevée parce que je désire entrer dans la dynamique des
rapports annuels; je ne veux même pas le faire, car je comprends pourquoi
c'est en retard - et le fait que les rapports annuels ne nous donnent que la
pointe de l'iceberg ont été, dans le passé, une source de
frustrations pour moi, parce que j'étais intéressé. Je
suis très heureux de voir, donc, la documentation maintenant disponible,
ainsi que la documentation volumineuse que vous nous avez fournie. Je voudrais
vous inviter à continuer cet effort. Cela ne devrait pas
nécessairement coûter très cher; c'est une chose sur
laquelle je voudrais insister. Que le rapport annuel soit chromé ou pas
chromé, je ne suis pas intéressé. Que ce soit quelque
chose de dactylographié ou de photocopié, cela me satisfait. Je
veux avoir l'information; je ne suis pas intéressé par la forme
dans laquelle l'information est disponible.
D'ailleurs, toutes les instances publiques doivent, à ce moment,
donner l'exemple et ne pas y aller trop, trop fort. Ce n'est pas une critique
que je vous formule, c'est un commentaire général. En vous
invitant à produire plus d'information publique, je ne vous invite pas
à un programme de publications à tout casser, parce que votre
auditoire est restreint et facilement identifiable. Dans ce cas, vous n'avez
pas besoin d'engager certains de vos collaborateurs pour produire de la
documentation "fancy" et le graphisme, etc. Ce n'est pas mauvais, mais je veux
dire que ce n'est pas absolument nécessaire. Ce qui est
nécessaire, c'est un effort d'expliciter davantage votre démarche
et votre philosophie.
Je voudrais m'excuser auprès de vous parce qu'on n'a pas pu
parler davantage de vos réussites. Je sais qu'il y en a et je vous
encouragerais à parler davantage de vos réussites. Encore une
fois, je regrette qu'on n'ait pas pu en parler un peu plus. Nonobstant les
problèmes, on en a touché quelques-unes, et je sais pertinemment
qu'il y en a d'autres.
Je suis encouragé par la rigueur du portrait de la SODICC qui
sort, à la fois, du rapport annuel, la rigueur financière, la
conviction avec laquelle je peux regarder vos provisions pour perte, par
exemple. Ce que j'ai appris, c'est à avoir confiance dans ces chiffres.
Je n'avais pas cette confiance auparavant. C'est peut-être un
préjugé, c'est peut-être à cause d'une longue
expérience du secteur public, mais, enfin, vous avez réussi
à me convaincre, moi, que la provision pour perte est très
conservatrice comme exercice,
donc réelle et, d'autre part, il y a peut-être quelques
bonnes choses qui n'apparaissent pas encore dans les chiffres. Je pense que
c'est important et j'apprécie le fait que vous ayez su souligner cela
pour notre bénéfice.
Vient maintenant la chose la plus difficile pour moi et sur laquelle je
ne peux pas aboutir à une conclusion précise. Je sais que vous
faites la bonne chose; ma question: Est-ce que vous la faites avec la bonne
stratégie? C'étaient surtout les taux d'intérêt et
la notion de subventions avec lesquels je voulais conjuguer mais vous m'avez
dit de façon assez convaincante que, pour vous, les taux
d'intérêt et les circonstances précises dans lesquelles
l'aide est offerte ne sont pas dangereuses pour les entreprises. Si c'est le
cas, et je n'ai rien qui me permette de dire que ce ne l'est pas - sauf que ce
qu'on entend du milieu, c'est certainement qu'il voudrait de meilleures
conditions et plus de gentillesse de votre part, mais cela est
inévitable et je dois aussi prendre cela avec un grain de sel - je
comprends et j'encourage votre virage, la SODICC, phase deux; je pense que
c'est important, car la SODICC phase un n'aurait pas survécu. Il faut
absolument retrouver votre vocation de façon précise et faire en
sorte que tout le monde le comprenne.
Cependant, je reste inconfortable, car en ce qui concerne l'essentiel de
ce que vous devez faire, je me demande si la notion de relations d'affaires
traduit complètement l'exercice qui est le vôtre. Si ce n'est pas
la bonne stratégie, vous vous faites peut-être un certain tort,
pas un tort volontaire. Si on est parti avec une stratégie qui
n'était pas faisable - ce n'était évidemment pas faisable
en 1981, 1982 et 1983 à cause de la crise et de l'inexpérience,
de la jeunesse de l'organisme, je pense que tout le monde peut accepter cela -
il ne faudrait pas répéter cette expérience d'ici à
1990. Il faudrait tirer les conclusions très rapidement, d'ici à
deux ou trois ans, à savoir si la notion de relations d'affaires est
réalisable ou non dans le domaine culturel, dans le domaine des
industries de la culture. Je vous encourage à faire l'expérience.
Je suis encouragé par la façon dont vous nous dites que vous
faites l'expérience, mais je ne suis pas convaincu que cela est
faisable. Sur ce thème, je pense que cela est important que vous mettiez
toutes les chances de votre côté pour faire en sorte que cela
marche et ne pas vous laisser distraire encore une fois par ce qui pourrait
apparaître intéressant, mais qui n'est pas vraiment
fondamental.
Enfin, je voudrais vous remercier, car les chances qu'on a pu avoir
étaient des plus utiles, des plus intéressantes et des plus
importantes. Nous avons le pouvoir ou la possibilité, avec les
règlements, de faire un rapport à l'Assemblée nationale,
avec les conclusions et les recommandations. Je ne veux pas parler pour mes
collègues, mais je doute que nous allons faire cela dans ce cas,
puisqu'on a pu discuter avec vous et je pense, que vous serez en mesure de
parler aux deux ministres responsables et peut-être de leur faire part de
nos préoccupations et de nos intérêts. Je ne suis pas
certain qu'on aurait suffisamment de matière pour alimenter un
débat de deux heures à l'Assemblée nationale et, encore
une fois, je ne veux pas parler pour mes collègues. Mais, si on ne pose
pas ce geste, je ne voudrais pas que les gens de la SODICC pensent que c'est
une indication de notre manque d'intérêt, de notre manque de
compréhension ou de notre manque d'enthousiasme pour ce que vous avez
à faire. Ce que vous avez à faire est très important. Pour
un tour d'horizon de la culture québécoise, pour une introduction
au dynamisme des entreprises culturelles, je dois vous dire qu'on
apprécie énormément vos efforts et qu'on a pu
apprécier jusqu'à quel point vous êtes
préoccupés par les mêmes problèmes que nous et
êtes connaissants, beaucoup plus que nous ne pouvons l'être, de la
réalité de tous les jours dans le domaine qui est le
vôtre.
Maintenant, je voudrais inviter, absolument sans insister, le
président ou ses collègues à nous faire part de leurs
réactions et de leurs conclusions.
M. Pierre-A. Deschênes
M. Deschênes: M. le Président, Mme et MM. les
parlementaires, c'est avec beaucoup de plaisir que nous sommes venus vous
rencontrer. C'est avec encore plus de plaisir que nous avons reçu votre
invitation à venir vous rencontrer. Étant une personne qui lit
beaucoup d'informations sur la fonction publique et l'Assemblée
nationale, j'avais suivi la réforme parlementaire avec beaucoup
d'intérêt. Je suis heureux que vous ayez choisi notre
société comme étant le premier organisme à
comparaître devant la commission de la culture.
Nous y sommes venus - je vous le disais hier et j'espère que cela
s'est réalisé dans les faits - avec beaucoup d'ouverture,
beaucoup de disponibilité et beaucoup de transparence aussi. Ce sont
trois caractéristiques que nous avons essayé de
développer.
Je pense que vous avez les documents. Vous avez signalé dans
certains cas des ajouts que nous pourrions faire pour mieux les
présenter, pour qu'ils soient plus satisfaisants à la
clientèle et à vous, les parlementaires. Ce sont certainement des
choses que nous prendrons en considération. Mais ce sont quand
même des caractéristiques que nous avons acceptées comme
essentielles au fonctionnement de notre société, que nous avons
essayé de mettre le plus possible dans nos activités
quotidiennes, dans nos relations avec toutes les personnes qui se
présentent à nous, et cela inclut les membres de
l'Assemblée nationale.
Je peux vous assurer que les suggestions que vous nous avez faites
seront considérées et que nous essaierons de les appliquer le
plus rapidement possible. Je pense que nous aurons droit au verbatim de nos
échanges, de sorte que nous pourrons faire une analyse plus
détaillée et plus approfondie des propos qui ont
été tenus ici entre vous et nous. On pourra, avec un peu de
recul, déterminer des moyens certainement plus appropriés pour
mieux assumer notre responsabilité.
Je retiens quand même certains éléments que vous
avez mentionnés, M. le Président, et qui ont été
discutés longuement, hier et aujourd'hui, entre nous. Il y a cette
question de cibler notre action sur l'essentiel de notre mission, de notre
rôle; c'est certainement une chose que nous allons essayer de faire avec
le plus d'insistance et le plus d'efforts possible. Je peux vous assurer que,
si vous aviez le plaisir et l'honneur de nous inviter une deuxième fois
pour vérifier si cet objectif était réalisé, cela
nous ferait plaisir de venir en discuter. Ce sera un train que nous
espérons de long parcours et non pas un train local que nous
prendrons.
Je retiens aussi cette préoccupation que vous avez de nos moyens
de communication avec l'ensemble des gens intéressés à la
SODICC. C'est certainement une chose aussi que nous avons
développée. Les différents documents que vous avez, ce
sont des documents récents, qui nous ont semblé, à
l'expérience, nécessaires. Ces documents seront
complétés, peut-être différents dans leur forme,
dans leur contenu, mais ce ne sera certainement pas une documentation qui ira
en diminuant, mais bien en augmentant.
En passant, je vous signale aussi que le rapport annuel que vous avez,
c'est un rapport annuel qui a été déposé au mois de
juin, pour la première fois. C'était un objectif que nous avions
à l'esprit, M. le Président, de rendre cette information
disponible pour vous, les parlementaires, et pour la clientèle aussi le
plus rapidement possible. Je peux vous dire que le vérificateur a
été l'objet de pressions assidues de notre part pour qu'il puisse
faire son travail à l'intérieur de délais qu'il jugeait
trop restreints. Nous avons, finalement, réussi à le convaincre
de le faire pour que vous puissiez avoir ce rapport. C'est un objectif que nous
conservons: que vous ayez trois mois après la fin de l'année
financière, avant que vous partiez à la fin de la session et au
début de la période d'été, cette information afin
que vous puissiez la lire, la consulter et la critiquer au besoin.
Je retiens aussi d'autres préoccupations que vous nous avez
communiquées. Il y a cette présence régionale qui est
intervenue à plusieurs reprises, que nous reconnaissons comme
insuffisante. Nous essaierons de trouver et de développer des
mécanismes qui, je l'espère aussi, lors d'une éventuelle
deuxième présence, pourront vous convaincre que la SODICC, dans
les régions, fait aussi le travail qu'il lui appartient d'accomplir.
Je retiens également cette préoccupation que vous nous
manifestez de laisser la concurrence sur le marché intérieur
jouer sans intervention indue de notre part et de concentrer nos efforts sur
l'exportation, sans oublier les autres secteurs. C'est certainement une
préoccupation que nous faisons nôtre et que nous essaierons
d'appliquer dans nos actions.
Le point peut-être le plus délicat sur lequel, je pense,
vous tous restez avec un point d'interrogation - c'est aussi notre cas, quoique
nous, nous en fassions un objectif -est-ce que l'industrie culturelle est
réellement une industrie et que cela doit se faire, se traiter sur une
base strictement d'affaires? C'est certainement une chose que nous croyons, que
l'industrie culturelle est une industrie au même titre que les autres
industries et qu'elle doit être traitée de cette façon.
Cela veut dire, pour nous, la SODICC, des façons industrielles,
commerciales, financières. Cela veut dire aussi, pour les intervenants
gouvernementaux, au niveau des ministères, des mécanismes qui
vont s'adapter à cette réalité, si cette
réalité est effectivement celle que nous vivons et que nous
vivrons.
Maintenant, est-ce que la stratégie que nous avons est une bonne
stratégie en cette matière? Nous y réfléchirons,
nous prendrons certainement connaissance de vos propos, de vos suggestions
à cet égard, qui sont intervenus un peu partout et nous allons
essayer d'en faire un condensé, une synthèse qui nous permettra
d'améliorer notre situation pas seulement pour nous, mais d'abord pour
les industries que nous desservons.
En conclusion, je peux vous dire que les échanges que nous avons
eus ont été pour nous révélateurs, ont
été, pour nous aussi, une source d'information, de suggestions et
de recommandations fort importante. À travers le ministre des Affaires
culturelles, c'est à vous que nous sommes redevables de notre existence,
de la position que nous acceptons. J'ai déjà pensé - je
pense l'avoir dit à mon ancien patron, à un moment donné,
M. Vaugeois - que je ne croyais pas que la SODICC avait une existence
indéfinie ou illimitée dans le temps. Il y a un travail à
faire et il n'est pas certain que la SODICC ait une vie perpétuelle.
À un moment donné, je crois que nous devrions en arriver à
un développement industriel en
matière culturelle et de communications au Québec qui
fasse qu'une société comme la nôtre ne soit plus
nécessaire et que l'industrie, à travers ses mécanismes
normaux, réussisse à satisfaire ses propres besoins, à
trouver des solutions à ses propres difficultés. C'est,
évidemment, une question qu'il est impossible de trancher maintenant,
mais à travers l'expérience que j'ai, je crois qu'on pourra y
arriver. Je ne sais pas le nombre d'années que cela prendra, mais c'est
peut-être un objectif qu'on pourra regarder dans quelques années.
Vous avez parlé de deux ou trois ans, M. le Président, pour
d'autres préoccupations. C'est peut-être cette
préoccupation qu'on pourrait mettre sur la table aussi, la
nécessité de la SODICC dans le temps.
Sur ce point, Mme et MM. les parlementaires, je vous remercie de votre
accueil. Je vous remercie de votre collaboration et vous signifie notre
disponibilité de façon formelle au sein de la commission de la
culture ou, de façon informelle, à travers des
préoccupations que vous pourriez avoir. Je vous demande de nous les
indiquer aussi rapidement que vous le pourrez, de façon informelle ou
directement, à travers des échanges que nous pourrions avoir avec
l'un ou l'autre d'entre vous; cela nous fera plaisir d'en discuter et
même, dans certains cas, de discuter des cas concrets qui peuvent
survenir au sein de vos comtés ou au niveau national. Alors, Mme et MM.
les parlementaires, merci beaucoup.
Le Président (M. French): On veut donc vous remercier
également, M. d'Astous, M. Bouthillier, M. Deschênes. Cela a
été pour nous une très bonne expérience d'une
première utilisation de l'article 286. Si les autres sont aussi bonnes,
on va être d'autant plus heureux.
La commission de la culture ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 24)