(Onze heures treize minutes)
M. Cloutier (Daniel) : Mesdames
messieurs, distingués invités, bienvenue à la cérémonie d'assermentation du chef
de l'opposition officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard,
et du député de Viau, M. David Heurtel. Je vous prie d'accueillir le chef
de l'opposition officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard,
et le député de Viau, M. David Heurtel, accompagnés du secrétaire général
de l'Assemblée nationale, M. Michel Bonsaint.
(Applaudissements)
M. Cloutier (Daniel) : Sans plus
tarder, j'invite le secrétaire général de l'Assemblée nationale, M. Michel
Bonsaint, à prendre la parole.
M. Bonsaint (Michel) : Merci. Alors,
M. Philippe Couillard, député d'Outremont et chef de l'opposition
officielle; M. David Heurtel, député de Viau; M. le premier ministre,
Daniel Johnson; Mmes, MM. les députés et Mmes, MM. les anciens députés; membres
de la famille de M. Couillard membres de la famille de M. Heurtel,
distingués invités, mesdames, messieurs.
Alors, M. Couillard, je m'adresse d'abord
à vous. Je tiens à vous féliciter pour votre élection dans Outremont et je vous
souhaite la bienvenue à nouveau à l'Assemblée nationale du Québec, dans votre
grande maison. Vous êtes maintenant le chef de l'opposition officielle. Il
s'agit d'une fonction fondamentale et absolument importante dans notre système
de gouvernance. Donc, c'est un grand rôle à jouer dans notre Parlement.
M. Heurtel, je vous félicite également
pour votre élection dans Viau et je vous souhaite la bienvenue également à l'Assemblée
nationale du Québec.
Vous allez vivre aujourd'hui un moment
extrêmement important dans la vie d'un député, soit la prestation des serments.
Je dis «des serments» parce qu'il y en a deux. Le premier est prêté en vertu de
la Loi constitutionnelle de 1867, et il s'agit d'un serment d'allégeance à
l'égard de Sa Majesté la Reine Elizabeht II. Le deuxième serment est prêté en
vertu de la Loi sur l'Assemblée nationale, et il s'agit d'un sentiment… d'un
serment, pardon, de loyauté à l'égard du peuple du Québec. Ces deux serments
vous ouvriront toutes grandes les portes des salles de délibérations
parlementaires, donc la salle de l'Assemblée nationale et la salle des
commissions parlementaires, dans lesquelles vous allez jouer votre rôle de
député, soit légiférer, contrôler les activités du gouvernement et prendre part
à tout débat concernant les grandes questions d'intérêt public au Québec. Et,
dans le cadre de ces débats, vous allez jouir du privilège parlementaire de la
liberté de parole, privilège en vertu duquel un député ne peut être gêné,
entravé ou menacé de quelque façon que ce soit dans l'exercice de ses fonctions
parlementaires. Il s'agit d'un outil essentiel dans un Parlement démocratique
comme le nôtre.
Alors, M. Couillard, je vous invite au
lutrin pour la prestation de vos serments.
M. Couillard : Merci. Je,
Philippe Couillard, jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa
Majesté la Reine Elizabeth II. Je, Philippe Couillard, déclare sous serment
que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions
de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du
Québec…
M. Couillard : ...et que
j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect
de la constitution du Québec.
M. Cloutier (Daniel) : Je
demande maintenant au député de Viau à venir rejoindre le secrétaire général et
le chef de l'opposition officielle et député d'Outremont.
M. Heurtel : Je, David
Heurtel, jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la
Reine Elizabeth II. Je, David Heurtel, déclare sous serment que je serai loyal
envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec
honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec.
M. Cloutier (Daniel) :
Mesdames, messieurs, voici vos deux nouveaux députés, vous pouvez les
accueillir chaleureusement. J'invite maintenant le chef de l'opposition
officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard, à prendre la
parole. M. Couillard.
M. Couillard : Bonjour à tous,
merci d'être là. M. le secrétaire général de l'Assemblée nationale, chers
collègues députés libéraux, M. le premier ministre Johnson, chers amis,
mesdames, messieurs, je voudrais d'abord saluer la présence, encore une fois, à
mes côtés de mon épouse, Suzanne, merci encore. Et puis aussi de mes enfants,
présents pour l'occasion. Très émouvant de vous revoir, quelques années plus
tard, au même endroit. J'ai une pensée pour mon fils Mathieu et son épouse
Élodie, tous deux en mission avec les Forces armées canadiennes. Ayons une
pensée pour eux et pour leurs camarades, car ils et elles servent en notre nom.
Deux autres de nos enfants, Philippe et Alexis, sont aussi avec nous en pensée,
puisqu'ils sont retenus par diverses obligations. Je souligne également la
présence de ma mère Hélène, de mon frère, de ma soeur, ainsi que de plusieurs
membres de famille, oncles, tantes, cousins, cousines. Quel bonheur de vous
revoir aujourd'hui! J'ai eu quelques chances dans ma vie, dont celle d'être
entourée d'une famille exceptionnelle qui m'a fait le plus beau cadeau, celui
de l'éducation. Merci. Puis une épouse également exceptionnelle qui embarque
une autre fois dans le trajet de la politique. Merci encore à vous tous d'être
ici.
Je ne suis pas seul aujourd'hui à faire
mon entrée à l'Assemblée. Durant sa campagne, David nous a dit qu'il voulait
prendre position. Je me suis permis de répéter ses paroles souvent…
M. Couillard : ...dans le
trajet de la politique. Merci encore à vous tous d'être ici.
Je ne suis pas seul aujourd'hui à faire
mon entrée à l'Assemblée. Durant sa campagne, David nous a dit qu'il voulait
prendre position — je me suis permis de répéter ses paroles souvent — cesser
d'être sur les lignes de côté. David, c'est le début d'une grande aventure; M.
le député de Viau, bienvenue à l'Assemblée nationale du Québec.
David, tu rejoins ta famille politique une
formidable équipe de députés, pleine de talent et d'ambition pour le Québec. Et
aujourd'hui je reprends le témoin des mains de Jean-Marc Fournier, qui a
admirablement guidé notre équipe comme chef de l'opposition officielle depuis
la dernière élection. Jean-Marc, je te remercie sincèrement. Je suis bien
conscient que je ne serais pas ici aujourd'hui sans l'aide d'une formidable
équipe de bénévoles dynamiques et dévoués. Il y en a plusieurs dans la salle aujourd'hui.
Merci encore à chacun d'entre vous, parce que, sans vous, rien n'aurait été
possible.
Je succède également à Raymond Bachand,
ancien ministre des Finances du Québec, qui a fait grand honneur au comté
d'Outremont. Je tiens à souligner son apport exceptionnel au développement
social, économique et culturel du Québec. Merci, Raymond.
Aux gens d'Outremont, le quartier de ma
jeunesse, qui m'ont accordé leur confiance, je dis que c'est avec une grande
fierté que le représenterai à l'Assemblée nationale du Québec. Et il y a également
Saint-Félicien, le Lac-Saint-Jean, qui sont maintenant mon chez-nous. Merci à
la famille libérale de la région du comté de Roberval de se joindre à nous,
Gaston Blackburn, également tous nos amis de la région. Merci de vous être
déplacés.
Chers amis, il y a un peu plus d'un an
j'ai pris la décision de revenir en politique pour faire avancer le Québec,
pour bâtir un Québec plus juste parce que plus prospère. Durant les derniers
mois, je suis allé à la rencontre des Québécois pour entendre leurs
préoccupations. Des Îles-de-la-Madeleine au nord de l'Outaouais, de l'Abitibi à
l'Estrie en passant par la Beauce, vous avez été des milliers à partager avec
moi vos craintes, vos espoirs et surtout vos ambitions pour le Québec. Nous
voulons faire du Québec un endroit où il fait bon vivre et travailler, élever
une famille, faire des affaires, avoir des emplois de qualité, vivre en santé,
être mieux soigné, développer sa communauté, sa ville, sa région, avoir du
succès dans les études et le travail, contribuer à la promotion d'une culture
unique qui fait l'envie de plusieurs, parce que nous pensons que la réussite du
Québec, c'est la somme des réussites personnelles de millions de Québécois. Et
l'un des rôles du gouvernement, c'est de créer des environnements propices qui
permettent aux gens de chez nous de mieux...
M. Couillard : ...qui fait
l'envie de plusieurs, parce que nous pensons que la réussite du Québec, c'est
la somme des réussites personnelles de millions de Québécois, et l'un des rôles
du gouvernement, c'est de créer des environnements propices qui permettent aux
gens de chez nous de mieux réussir leurs projets, d'aller au bout de leurs
ambitions. Nous voulons aussi un discours politique qui respecte l'intelligence
des gens, un discours politique qui respecte les idées, les personnes et les
adversaires tout en menant des débats vigoureux. C'est le style que j'entends
adopter. Vous me connaissez — je crois que vous me connaîtrez mieux — je
parle franchement, je dis ce que je pense. Ça ne changera pas.
J'ai rencontré des milliers de personnes
venues d'ici et d'ailleurs qui partagent tous et toutes la même fierté, la
nôtre, celle d'être des Québécois. Notre histoire, elle s'écrit depuis plus de
400 ans. Celle de ma famille a débuté par l'arrivée en Nouvelle-France de
Guillaume Couillard en 1613. Mais rappelons-nous aujourd'hui une évidence :
après les premières nations, nous sommes tous des gens venus d'ailleurs. Si la
date de l'arrivée varie, il n'y a qu'un seul niveau de citoyenneté pour tous et
chacun.
Le devoir de défendre et de promouvoir les
intérêts du Québec est une responsabilité que tous les chefs libéraux ont
assumée depuis la fondation de notre parti en 1867. Je l'assumerai avec
passion, force et conviction comme chef du Parti libéral du Québec et de l'opposition
officielle, une fonction essentielle dans notre démocratie, on l'a entendu
tantôt. Nous serons une opposition ferme qui talonnera sans relâche ce gouvernement,
une opposition qui ne laissera rien passer, une opposition qui sera à nouveau à
la hauteur des attentes des Québécois et qui proposera, comme nous l'avons fait
d'ailleurs au cours des derniers mois avec des propositions pour relancer l'économie
à court terme, sur la question de l'identité, les régimes de retraite, la
forêt, l'immigration, la prévention de la maltraitance de nos aînés, la
promotion des vins québécois, même.
Le Parti libéral du Québec, redisons-le
haut et fort, est la seule alternative crédible pour remplacer ce gouvernement
qui nuit au Québec. Pour nous, être libéral, c'est croire que le moyen le plus
puissant d'assurer la réalisation de nos projets collectifs, c'est le développement
économique, c'est croire que la prospérité du Québec nous permet de bâtir une société
plus juste et équitable envers les générations. Ce matin encore, on nous
apprend que le revenu disponible des Québécois est inférieur à celui des autres
Canadiens malgré tous nos atouts, tous nos avantages. Ce n'est pas acceptable.
Il faut combattre la pauvreté, les amis, mais pas notre enrichissement. Être
libéral, c'est croire que c'est par l'effort et le travail que chaque Québécois
peut se réaliser. Le gouvernement, lui, pour sa part, a la responsabilité de
favoriser l'égalité des chances pour tous et toutes. Être libéral, c'est également...
M. Couillard : ...être
libéral, c'est croire que c'est par l'effort et le travail que chaque Québécois
peut se réaliser. Le gouvernement, lui, pour sa part, a la responsabilité de
favoriser l'égalité des chances pour tous et toutes.
Être libéral, c'est également exprimer
notre fierté et notre profond attachement pour le Québec, notre Québec, celui
qui appartient à tous les Québécois, peu importe notre opinion sur l'avenir de
notre peuple. Le drapeau du Québec appartient à tous les Québécois, aucun parti
n'a le monopole de cette fierté, de cet attachement. La responsabilité de faire
rayonner notre nation au sein de la fédération canadienne et dans le monde, c'est
notre responsabilité commune. Défendre les intérêts du Québec et protéger notre
identité, c'est une mission que nous partageons tous et toutes, peu importe
notre rôle dans la société. Nous le faisons sur la scène politique, mais, comme
citoyens, citoyennes, nous le faisons tous chaque jour. Notre identité se
définit par la langue et la culture, certainement, mais elle s'accomplit par
une économie forte qui nous permet individuellement de prospérer tout en
réalisant nos ambitions collectives. Être libéral, c'est vouloir combiner le
progrès de l'individu et celui de la société.
Des voix
: ...
M. Couillard : Sans
prospérité, sans des finances publiques saines, nous abandonnons notre liberté
de choisir et d'agir. Comme libéraux, nous croyons au progrès du Québec au sein
de la fédération canadienne, une fédération dans laquelle le Québec joue un
rôle de leader et non de spectateur comme c'est le cas malheureusement avec le gouvernement
actuel.
Au cours de notre histoire, ce sont des gouvernements
libéraux qui ont réussi à faire progresser le Canada dans le sens des intérêts
du Québec. Et, pour nous, il n'a jamais été question de choisir entre l'un ou
l'autre. Nous réclamons tout notre héritage, toute notre histoire. Nous sommes
québécois et canadiens, notre patrie est notre pays.
Des voix
: ...
M. Couillard : Être libéral,
c'est être de ceux et de celles qui, comme Wilfrid Laurier, pensent que,
partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux
horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer. C'est croire au respect
des libertés individuelles en lien direct avec l'adoption unanime, unanime,
sous le leadership de Robert Bourassa, de la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne en 1975. Être libéral, c'est être ouvert sur le monde.
C'est tout ça, être libéral.
Dans le mot libéral, il y a un autre mot
qu'on aime, il y a le mot «liberté». Le gouvernement du Parti québécois a
choisi par pure démagogie de s'attaquer à nos libertés. On ne peut marchander
les libertés ou les échanger pour des votes à contresens de nos traditions
d'ouverture et d'inclusion. La charte proposée par le Parti québécois est une
ombre sur cette tradition. Un acte politique particulièrement cynique,
puisqu'il...
M. Couillard : …ou les
échanger pour des votes à contresens de nos traditions d'ouverture et
d'inclusion. La charte proposée par le Parti québécois est une ombre sur cette
tradition, un acte politique particulièrement cynique puisqu'il est posé dans
le but de faire diversion, d'inventer une crise de toutes pièces afin de
proposer encore une fois une fausse solution pour un faux problème. Dans la
réalité quotidienne, les Québécois de toutes origines vivent bien leurs différences.
10 fois, notre collègue Jean-Marc Fournier
a demandé, en Chambre, des preuves, des études qui justifient ce que notre commission
des droits a qualifié, je les cite : «D'attaque la plus sérieuse des
dernières années contre nos libertés.» Aucune réponse n'est venue parce que la
réponse n'existe pas. Sur un sujet aussi sensible que celui des libertés, le Parti
québécois a décidé de renier sa responsabilité d'État au profit de gains politiques
à court terme au risque de créer parmi nous une fracture sociale qui, je le
crains, nous le craignons, mettra longtemps à guérir. Pourtant, on pourrait
s'entendre sur ce qui fait consensus : pas de visage voilé donc des
visages à découvert dans les services publics; l'encadrement des
accommodements, la neutralité religieuse des institutions de l'État.
Pire encore, la charte présentée par le PQ
passe complètement à côté du véritable enjeu, de la véritable préoccupation de
la population, la menace que représentent, chez nous, l'extrémisme et tous les
intégrismes religieux. À ceux qui viennent chez nous pour profiter de nos
libertés et de notre démocratie pour ensuite s'y attaquer et ultimement les
détruire, nous disons haut et fort : Vous n'êtes pas les bienvenus chez
nous, nous vous combattrons, nous vous poursuivrons sans relâche. Nos députés,
nos militants sont déjà au travail, et nous proposerons bientôt des moyens
efficaces pour lutter contre cette menace qui, elle, est bien réelle.
Avec sa charte, le gouvernement nous dit
que la discrimination à l'emploi est une valeur québécoise. Là encore, nous
disons que c'est faux. La solution proposée par ce gouvernement est
inapplicable, illégale et inconstitutionnelle. Les principales instances visées
par cette charte sont contre son application, pensons à la ville de Montréal,
aux institutions d'enseignement, aux établissements du réseau de la santé, même
les syndicats ont des réserves. Hier encore, l'Université Concordia a dit :
Non merci. Est-ce que ce n'est pas significatif que les élus et les grandes
institutions de notre métropole, là, où se vit la diversité, rejettent cette
mauvaise politique? Un gouvernement à l'écoute, à la recherche du consensus
aurait déjà dû en tirer les conséquences.
Sur la question de l'égalité relativement
récente, donc encore fragile, entre les hommes et les femmes, notre formation
politique a été au coeur de l'avancement du droit des femmes depuis des
décennies : droit de vote, équité salariale, parité aux conseils
d'administration des sociétés d'État…
M. Couillard : ...sur la question
de l'égalité relativement récente, donc encore fragile, entre les hommes et les
femmes, notre formation politique a été au coeur de l'avancement du droit des
femmes depuis des décennies : droit de vote, équité salariale, parité aux conseils
d'administration des sociétés d'État, ajout, en 2008, de la primauté de
l'égalité des hommes et des femmes à notre charte des droits, autant de gestes
importants qui portent notre signature.
La vision proposée par le Parti québécois
n'est pas celle que nous voulons pour le Québec, celle qui tente de convaincre
les Québécois qu'ils sont faibles, assiégés, menacés, que les difficultés
viennent toujours des autres. Au contraire, nous sommes un peuple fort,
confiant et fier de ses racines. Et plutôt que le multiculturalisme classique,
qui, malgré ses qualités, a un problème parce qu'il ne reconnaît pas
l'existence unique, en Amérique du Nord, d'une majorité francophone, nous
choisissons plutôt l'interculturalisme comme modèle d'accueil et de vie
commune, le ralliement de tous les Québécois et des Québécoises autour de ce
qui fait véritablement et concrètement notre caractère spécifique, le français
langue commune de nos espaces publics, notre culture si forte, si vivante,
notre régime de droit civil.
Ceux et celles qui se réclament de
l'interculturalisme pour retirer des libertés, institutionnaliser la discrimination,
se trompent lourdement. Il ne faut pas confondre ce qui fait le caractère
unique du Québec avec des débats politiques qui sont communs à toutes les sociétés
démocratiques. Partout, on a ces débats, en France comme ailleurs.
Notre caractère, notre société différente,
confère au gouvernement du Québec une responsabilité unique devant le Québec,
le Canada et le monde. J'aimerais rappeler les mots de Robert Bourassa en 1971.
Je le cite : «Le Québec se doit d'assumer le rôle de premier responsable,
sur son territoire, de la permanence de la langue et de la culture françaises.
Le gouvernement du Québec se sent donc une responsabilité particulière pour assurer
le rayonnement de la culture française dans le contexte nord-américain. Il
entend continuer de le faire par tous les moyens à sa disposition. Ceci ne
signifie pas qu'il puisse y avoir la moindre discrimination envers les autres
cultures.» Quarante ans plus tard, je me réclame, nous nous réclamons fièrement
de cet héritage libéral et aujourd'hui, je vais le répéter, nous ne
marchanderons pas nos libertés, nous ne les échangerons pas contre des votes.
Nous les protégerons de toutes nos forces, car nous savons le prix qui fut payé
pour les conquérir.
And let me reiterate my
commitment. We will not barter our liberties. We will not trade them off for
votes or political calculations. We will protect our freedoms...
M. Couillard : …and let me reiterate my commitment. We will not barter our
liberties. We will not trade them off for votes or political calculations. We
will protect our freedoms with all our might because we know the price that was
paid to obtain them.
Cette charte a été
bien sûr créée dans le but de faire oublier une des performances économiques
les plus médiocres d'un gouvernement québécois. Depuis plusieurs mois, nous
répétons sans cesse que l'état des finances publiques est préoccupant, que
l'économie est en panne. Malheureusement, nos pires craintes se concrétisent.
Par sa propre gouverne, par sa propre incompétence, le PQ nous a placés dans
une situation budgétaire intenable. Depuis l'élection de ce gouvernement, les
investissements ont reculé. Le gouvernement a nui à la capacité de l'État de
générer des revenus supplémentaires. Pendant que partout en Amérique du Nord,
l'économie avance, celle du Québec fait du sur-place. Alors que mon
prédécesseur Jean Charest a ouvert de nouveaux espaces pour les Québécois avec le
Plan Nord et le libre-échange avec l'Europe, le Parti québécois mise encore une
fois sur le repli sur soi. Imaginez : le Québec se portait mieux en
situation de crise économique sous un gouvernement libéral qu'en temps de
reprise avec un gouvernement péquiste. Il faut le faire. Et, dernièrement,
l'agence de notation Fitch a changé sa perspective pour la cote de crédit du
Québec en la faisant passer de stable à négative. Mais on nous dit que cette
situation n'est pas préoccupante. Devant un bilan économique désastreux, devant
l'admission d'échec que constituait l'abandon de l'équilibre budgétaire, la
première ministre a eu cette réponse surprenante : Nous n'avons pas le
contrôle sur les revenus. Vraiment? Quand on traite les investisseurs et les
entreprises minières comme des indésirables, quand on coupe dans les
infrastructures et qu'on fait du Plan Nord un plan mort, quand on coupe dans
l'aménagement forestier et qu'on fait exploser les taxes scolaires, quand on
mène une politique d'exclusion qui nuit à la réputation du Québec, on ne peut
pas arriver ensuite et dire qu'on n'a pas de contrôle sur les revenus. Parce
que la réalité, c'est que depuis son élection, ce gouvernement a tout fait pour
décourager ceux et celles qui veulent investir au Québec. Ce gouvernement est
nuisible, nuisible aux affaires, à l'entrepreneuriat, aux emplois.
Bientôt, ce gouvernement devra être
remplacé, mais bientôt également nous devrons mériter la confiance des
Québécoises et des Québécois. Depuis des mois, nos députés ainsi que les
militants de notre parti, guidés par la commission politique, travaillent à
l'élaboration d'un plan de gouvernement, et ici, les mots prennent tout leur
sens. Ce n'est pas un plan pour 33 ou 35 jours de campagne. C'est un plan pour
quatre ans de gouvernement. On se prépare à relancer l'économie avec des
projets d'infrastructure, avec des mesures énergiques pour stimuler
l'investissement, démarrer des entreprises, appuyer nos entrepreneurs. On se
prépare à faire le contraire de ce que fait le gouvernement en place. Nous
allons mettre en place un environnement qui va rendre l'investissement…
M. Couillard : ...relancer l'économie
avec des projets d'infrastructures, avec des mesures énergiques pour cibler
l'investissement, démarrer les entreprises, appuyer nos entrepreneurs. On se
préparer à faire le contraire de ce que fait le gouvernement en place. Nous
allons mettre en place un environnement qui va rendre l'investissement
profitable pour tous, qui va encourager les entreprises à participer à la création
de notre prospérité. On se prépare à réformer notre fiscalité afin de
récompenser l'effort, la création d'emplois, réviser les politiques d'aide aux
entreprises. On se prépare à rétablir l'équilibre budgétaire en contrôlant les
dépenses, en diminuant la paperasse et la bureaucratie, en évaluant
rigoureusement chaque programme gouvernemental.
On se préparer à donner à Montréal les
outils qui lui permettront de devenir ce qu'elle doit être : une grande
métropole internationale du savoir, de l'innovation et de la culture, à
continuer le développement de notre capitale nationale, ville innovante et de
haut savoir. On se prépare à relancer un nouveau Plan Nord, qui va maximiser
les retombées dans toutes les régions du Québec. On se prépare à mettre en oeuvre
une politique maritime pour que toutes nos régions côtières participent
pleinement à notre prospérité. On se prépare à aider les familles, les jeunes
familles à accéder à la propriété pour améliorer leur qualité de vie et leur
sécurité financière. On se préparer à refonder le partenariat entre le gouvernement
du Québec et les régions à travers, notamment, un partage des redevances issu
de l'exploitation de nos ressources naturelles. On prépare un plan de gouvernement
sérieux, crédible et chiffré pour restaurer la santé financière du Québec et
protéger les prochaines générations. On se prépare à offrir aux Québécois un gouvernement
ouvert et transparent, et le travail se poursuit avec les militants et les députés
de toutes les régions.
C'est avec une grande humilité que je
reprends le flambeau de mes prédécesseurs. C'est debout, sur les épaules des
géants qui nous ont précédés, que nous pouvons mieux voir l'horizon et la
destination. Chers amis, j'aimerais conclure en vous disant que cette cérémonie
nous place résolument sur les blocs de départ pour reconquérir la confiance des
Québécois et Québécoises et former le prochain gouvernement du Québec. Mes
amis, on a une grande tâche à accomplir puis des grands défis à relever, mais,
voyez-vous, on a aussi une grande tradition pour nous soutenir, les principes
profonds.
Aujourd'hui, j'ai voulu vous dire
simplement ce en quoi je...