(Dix heures trente-trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Très content d'être de retour à l'Assemblée nationale ce matin.
Je pense que c'est plus clair que jamais, dans les derniers jours, la CAQ est
passée date. Il y a, au Québec, partout sur le territoire, une nouvelle génération
d'élus municipaux qui veulent changer les choses, qui veulent faire la
transition écologique, qui veulent développer nos villes et nos villages de
manière différente, de manière moderne. Puis, au lieu de les aider, bien, la
CAQ les ralentit. La CAQ est isolée, complètement. La densification, là, ce n'est
pas une mode, c'est une nécessité pour qu'on réalise enfin la tellement
nécessaire transition écologique au Québec. Électrifier les voitures, c'est une
bonne chose, il va falloir le faire, mais ça ne suffira pas. Il faut aussi
freiner l'étalement urbain, il faut développer notre territoire de manière
différente. On ne peut plus répéter les recettes des années 50, on ne peut
plus répéter les mêmes vieilles solutions. Il faut rentrer dans le XXIe siècle,
puis la CAQ est coincée, a les pieds bétonnés dans le XXe siècle.
D'ailleurs, hier, le Comité consultatif
sur les changements climatiques a remis un rapport important avec près d'une
quinzaine de recommandations pour aider le gouvernement du Québec à faire face
à la transition écologique puis à réaménager de manière intelligente le
territoire québécois. Et ce sont, selon Québec solidaire, des recommandations
absolument essentielles. Ce matin, ma collègue Manon va déposer une motion pour
demander au gouvernement du Québec de s'engager à mettre en oeuvre l'ensemble
des recommandations de ce rapport-là, c'est essentiel. La CAQ doit écouter ces
experts, la CAQ doit écouter la science. C'est un test, puis la balle est dans
le camp de François Legault. Merci.
M. Marissal : Bonjour.
Alors, projet de loi n° 28, on reprend aujourd'hui où on avait laissé avec
le projet de loi n° 28. Le bien mal nommé projet de loi n° 28 qui,
dans le fond, fait le contraire que son titre, c'est-à-dire que ce n'est pas vraiment
la fin de l'état d'urgence sanitaire. Au contraire, c'est la possibilité pour
le gouvernement de réintroduire l'état d'urgence sanitaire avec les mêmes
mauvais principes qui sous-tendent la loi actuellement. Alors, de un, on ne
revoit pas la Loi sur la santé publique. De deux, le gouvernement s'autorise,
par le projet de loi n° 28, à garder certains éléments d'urgence sanitaire
en nous disant : J'ai absolument besoin de ça.
Alors, on arrive dans un moment, ici, où,
quant à moi, c'est une perte de temps en fin de session. J'ai une suggestion à
faire à M. Dubé. Plutôt que de faire de la politique avec un projet de loi
qu'on adoptera peut-être, là, et nous voterons contre, là, je précise, un
projet de loi qu'on adoptera dans les tout derniers jours de la session, ce qui
permettra au gouvernement de dire : Nous avons levé l'état d'urgence
sanitaire, alors que ça fait le contraire, je lui suggère de passer le projet
de loi n° 28 à la déchiqueteuse, de revoir, éventuellement, la Loi sur la
santé publique et, dans l'immédiat, d'appeler le projet de loi sur l'aide
médicale à mourir. On ferait oeuvre utile, on a encore le temps d'adopter ça
plutôt que de faire de la politique avec un projet de loi mal foutu qu'est le
projet de loi n° 28 et qui sert essentiellement à des fins électoralistes
pour la CAQ. Merci.
M. Laforest (Alain) : Pour
les camionneurs artisans, M. Gabriel Nadeau-Dubois, vous qui êtes un
partisan de la voiture électrique et du vélo, on fait quoi avec eux et les
chauffeurs de taxi?
M. Nadeau-Dubois : Les
camionneurs sont passés à mon bureau de circonscription hier, et
malheureusement je les ai ratés de quelques minutes. Puis, si j'avais pu les
rencontrer, je leur aurais dit qu'on est solidaires de leur cause. Ce n'est pas
normal que ce soit les travailleurs, travailleuses qui fassent les frais de
l'inflation actuelle puis de la guerre en Ukraine. Moi, je demande au
gouvernement du Québec de s'asseoir avec ces gens-là, de trouver une manière de
les compenser. Ce n'est pas à ces travailleurs, travailleuses là de récolter la
facture de l'augmentation vertigineuse du prix de l'essence en ce moment.
Tu sais, quand on parle de transition
juste, là, les gens se demandent : C'est quoi, ça, la transition juste?
C'est un beau gros mot, mais non, ce n'est pas juste un mot, c'est poser des
gestes concrets pour que, quand des travailleurs, des travailleuses font les
frais de la transition écologique ou, dans ce cas-ci, d'une augmentation des
prix du carburant, bien, qu'on les accompagne plutôt que de leur refiler la
facture.
M. Laforest (Alain) : Puis
les taxis, eux?
M. Nadeau-Dubois : Même
chose pour les taxis, même chose pour les taxis. Ces travailleurs-là, c'est leur
gagne-pain, là, qui est menacé en ce moment. Ça fait qu'il faut être solidaire,
moi, je suis solidaire d'eux autres, à Québec solidaire, on est solidaires
d'eux autres. Il faut les aider à passer au travers. Parce que, oui, il y a des
industries qui vont être bousculées, dans les prochaines années, par la
transition écologique, puis il ne faut pas abandonner les travailleurs,
travailleuses de ces industries-là, il faut les aider. Il faut s'assurer
qu'écologie puis justice sociale, ça l'aille main dans la main.
M. Laforest (Alain) : Puis
on augmente le taximètre, on augmente le prix de la course ou c'est le
gouvernement qui compense pour les pertes?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
j'invite le ministre des Transports à s'asseoir avec ces gens-là puis à trouver
une solution qui est gagnante-gagnante. Je suis sûr qu'on est capables d'y
arriver.
M. Lacroix (Louis) : Sur
l'immigration, M. Nadeau-Dubois, le Parti québécois dit qu'on devrait
fermer le chemin Roxham totalement et envoyer ces gens-là vers l'Ontario en
disant : Bien, si l'Ontario les aime tant que ça, qu'il les prenne. Alors,
est-ce que vous êtes d'accord avec cette solution-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est des solutions à la petite semaine, là. Ce n'est pas comme ça qu'on va
régler la question de l'immigration irrégulière. La solution, c'est revoir
l'entente sur les tiers pays sûrs. C'est ce qu'on dit à Québec solidaire depuis
des années, depuis que ce chemin-là fait la manchette. Je pense qu'il ne faut
pas polariser politiquement autour de cette question-là. Il faut trouver des
solutions qui fonctionnent, des solutions pragmatiques, puis c'est ce qu'on
fait à Québec solidaire.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
qu'on compense pour l'essence... je reviens là-dessus, mais est-ce qu'un
camionneur ou un taxi… les livreurs de pizza vont vouloir, là... Tu sais,
l'essence, là, ça touche large, ça touche tout le monde.
M. Nadeau-Dubois : Oui, je
pense qu'il y a un cas, tu sais, il y a une situation particulière, il y a une
situation spécifique, dans le cas des camionneurs, notamment, liée à
l'explosion du prix du diesel, ces gens-là manifestent en ce moment.
Nous, on est solidaires de leurs demandes
puis on demande au gouvernement de trouver une entente. S'il y a d'autres
catégories de travailleurs, travailleuses qui sont particulièrement touchés par
l'augmentation des prix du carburant, on pourra en discuter, on pourra voir.
Moi, je ne veux pas fermer la porte. Mais là les gens qui sonnent l'alarme, il
faut les aider à passer au travers.
M. Lacroix (Louis) : Mais
combien il faut mettre là-dedans? Est-ce qu'on a une idée de budget à investir
dans... pour aider des gens qui sont victimes de crises à l'international? Le
gouvernement doit compenser à hauteur de combien?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
suis pas... Moi, je n'ai pas de chiffres à vous donner ce matin, mais ce que je
sais, c'est qu'il faut qu'il y ait des discussions, il faut qu'il y ait des
négociations, il faut que le gouvernement s'entende avec ces gens-là. Puis j'entendais
le ministre Bonnardel, récemment, dire qu'il était plutôt ouvert à le faire. Ça
fait que je n'ai pas de misère à penser que ça va se produire.
Pour moi, ce qui est important de retenir
de cette situation-là, c'est que c'est des cas de figure qui vont se présenter
de plus en plus, des travailleurs, travailleuses qui vont voir leur mode de
vie, leur gagne-pain bousculé par la transition écologique, puis on ne peut pas
dire à ce monde-là : C'est votre problème. Ça, ce n'est pas responsable. Parce
que ce n'est pas les camionneurs, individuellement, qui ont causé le changement
climatique, tout comme ce n'est pas les camionneurs, individuellement, qui ont
causé la guerre en Ukraine, ça fait qu'ils n'ont pas à faire les frais de ces
phénomènes-là. Il faut les aider à passer au travers.
M. Lacroix (Louis) : Attendez,
vous dites que les camionneurs n'ont pas causé la crise climatique...
M. Nadeau-Dubois : Bien, les
individus.
M. Lacroix (Louis) : Mais on
dit que la plus grande proportion d'émissions de gaz à effet de serre, c'est
les transports.
M. Nadeau-Dubois : Bien oui.
Vous pensez que les travailleurs dans les raffineries, là, c'est de leur faute
personnelle si la planète est en train de brûler? Moi, je ne pense pas.
M. Lacroix (Louis) : Ce n'est
pas ça que je dis. Vous parlez des camionneurs en général, tu sais…
M. Nadeau-Dubois : Les
camionneurs, là, individuellement, là, ces travailleurs-là honnêtes qui veulent
amener du pain sur la table pour leur famille, ce n'est pas de leur faute
personnelle si la planète brûle, si on a développé l'économie de manière
irresponsable depuis des décennies, si on a tout développé nos villes autour de
la voiture, ce n'est pas de la faute à ce monde-là, individuellement. Ils n'ont
pas à faire les frais de la transition, il faut les accompagner là-dedans,
financièrement. Il y a d'autres domaines où il va falloir faire de la
requalification. Je parlais des raffineries tantôt. C'est ça qu'on parle quand
on parle de transition juste.
M. Bellerose (Patrick) : Le
PLQ propose que le 70000 immigrants
de cette année devienne la base de discussions pour les années suivantes, le
nouveau seuil. Qu'est-ce que vous en pensez? C'est quoi, la proposition de
Québec solidaire sur les seuils d'immigration? Et c'était une solution, pour
Mme Anglade, à la pénurie de main-d'œuvre. Donc, comment vous voyez les
solutions à la pénurie de main-d'œuvre?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que la pénurie de main-d'œuvre doit nous faire réfléchir à la question des
seuils d'immigration. Je ne ferai pas, ce matin, de numérologie, comme disait
l'autre. On est en train de préparer nos propositions pour la prochaine
campagne électorale. Ça fait que je ne vous lancerai pas de chiffres comme ça
dans les airs ce matin.
Puis je pense que c'est peut-être
justement un peu ça, le problème, là. Je pense qu'il faut arrêter de juste
obséder avec les chiffres puis il faut parler du modèle d'immigration au
Québec, parce que, dans les dernières années, sous François Legault, ce à quoi
on a assisté, c'est oui, d'abord, une timide réduction des seuils d'immigration
permanente, mais en parallèle à une explosion de l'immigration temporaire qui
est une immigration précaire économiquement et donc aussi précaire sur le plan
de l'intégration. Si votre statut migratoire est suspendu à une seule job dans
une seule entreprise, là, ça ne vous donne pas beaucoup le goût de vous
intégrer. Ça fait qu'il faut arrêter de juste obséder avec les chiffres, puis
il faut penser au modèle d'intégration qu'on veut au Québec.
Puis le modèle de François Legault, c'est
un modèle d'immigration sur mesure pour les besoins des entreprises, puis d'une
immigration presque jetable, parce qu'on dit aux gens : Venez ici
travailler dans cette entreprise-là, mais c'est un statut temporaire, puis,
demain matin, on peut vous renvoyer à la maison. Moi, je pense que c'est un
manque d'humanité, mais c'est un manque de vision aussi pour l'économie puis
les régions.
Ce que les régions du Québec veulent, ce
n'est pas des immigrants jetables et temporaires, c'est de l'immigration qui
s'intègre, qui apprend le français, dont les enfants vont à l'école en
français. Les gens qui sont sous l'immigration temporaire n'ont pas ces
bénéfices-là de vivre au Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
autrement dit, pour vous, forcément, ça prend plus d'immigration permanente, il
faut hausser les seuils d'immigration permanente?
M. Nadeau-Dubois : Pour ce
qui est de la question spécifique du numéro, là, du chiffre du seuil, je ne
suis pas en mesure de vous répondre ce matin. Mais au niveau du modèle, ce à
quoi on assiste sous François Legault, c'est oui, à une réduction des seuils
permanents, mais à une explosion de l'immigration temporaire. Puis ça, c'est un
mauvais modèle pour le Québec puis c'est un mauvais modèle pour les immigrants,
les immigrantes. Nous, c'est sûr, et on est en train d'y travailler, qu'on va
faire des propositions pour rebalancer ces choses-là puis s'assurer qu'on
privilégie une immigration permanente qui veut puis qui peut s'intégrer au
Québec.
M. Laforest (Alain) : C'est
quoi, les exemples? Parce que vous dites : Immigration temporaire. C'est
où...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
vous regarderez les... Écoutez, là, les chiffres, par coeur, là, je ne les ai
pas.
M. Laforest (Alain) : À
part les travailleurs qui viennent l'été pour aider à la culture, là, qui
existent depuis des années, là?
M. Nadeau-Dubois : Il y
a, au Québec, toute une série de programmes d'immigration temporaire.
L'immigration a explosé dans ces différents programmes là sous François
Legault. Le milieu agricole, c'est un des exemples. Puis, quand on va en région
puis qu'on parle aux agriculteurs, mais pas juste aux agriculteurs, aux
communautés qui les entourent, première chose que ces gens nous disent, c'est :
Nous, là, les gens qui viennent temporairement travailler dans nos champs, là,
on aimerait ça les garder pour qu'il y ait plus de monde dans l'école du coin,
pour qu'on soit capables de rouvrir notre CLSC, pour augmenter les revenus de
la municipalité, mais, en ce moment, on ne peut pas. Quand les gens rentrent
par l'immigration temporaire, trop souvent, ils sont emprisonnés dans ce
modèle-là, puis il y a très peu de passerelles vers l'immigration permanente.
Moi, je pense que c'est à ça qu'il faut
réfléchir au Québec. Comment on prend des gens qui sont déjà sur notre
territoire, qui veulent s'intégrer au Québec, qui veulent enrichir nos régions,
mais qui ne peuvent pas parce qu'ils sont prisonniers d'un statut migratoire
temporaire? Nous, ce qu'on veut comme modèle, c'est un Québec où c'est possible
pour ces gens-là de s'établir pour de bon ici. C'est ce que veulent les gens
des régions puis c'est ce que veulent une bonne proportion des immigrants, des
immigrantes eux et elles-mêmes.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
le projet de loi n° 28, M. Marissal, dans le fond, là, c'est l'étude
détaillée qui débute, on peut présumer que, d'un côté comme de l'autre, il va
avoir des amendements. Là, vous dites que vous allez déjà voter contre. Est-ce
que vous allez proposer des changements, vous, ou vous avez peu d'espoir sur ce
que M. Dubé va vous présenter?
M. Marissal : Bien, vous
savez, on vit d'espoir, là, mais je ne suis pas totalement naïf, là. Ce projet
de loi là, c'est un outil politique qui doit permettre au gouvernement de dire :
Regardez comme on est fins, comme on est bons, on a levé l'état d'urgence. Il y
aura des amendements, oui, je contribuerai, comme je le fais dans tous les
projets de loi, mais le processus est vicié.
Le premier amendement, honnêtement, ce
serait de changer le titre. On l'a fait, là, dans le projet de loi n° 11
sur les omnipraticiens parce que ça ne disait pas ce que ça faisait. Alors,
jouons le jeu. Si le ministre est ouvert comme il l'était pour le projet de loi
n° 11, on va changer le titre parce que le titre est trompeur. Ça dit
quelque chose, ça met quelque chose dans la vitrine, mais, dans le magasin, ce n'est
pas ça qu'il y a. Ça fait qu'on va aller regarder les amendements.
Ce n'est pas un projet de loi qui est très
long, mais, à chaque fois que le ministre parle, vous remarquerez qu'il se
donne des nouveaux pouvoirs : Ah! j'ai besoin du projet de loi n° 28
pour faire ci, j'ai besoin du projet de loi n° 28 pour faire ça. Il
retrouve toutes sortes de nouvelles raisons de justifier ça, alors que c'est
purement un instrument électoraliste.
Moi, je pense qu'on pourrait employer
notre temps à faire oeuvre utile, notamment avec l'aide médicale à mourir. Le
gouvernement s'était engagé à déposer ce projet de loi là. Il est apparemment
écrit, mais ils n'ont apparemment pas eu le temps de le passer dans la machine,
la machine prédépôt. On a le temps, on l'a dit la semaine dernière, on a le
temps de le faire, et déposons-le. Parce qu'en ce moment je n'ai pas le projet
de loi, donc je ne peux pas en parler.
Quant au projet de loi n° 28, vous
savez, les seuls gens que le ministre a réussi à faire témoigner pour démontrer
l'urgence puis l'extrême nécessité de ce projet de loi là, c'est des
sous-ministres puis des directeurs de CIUSSS qui sont pieds et poings liés en
raison de leur devoir de loyauté envers le gouvernement. Alors...
M. Lacroix (Louis) : Avez-vous
l'impression que ça va finir en bâillon?
M. Marissal : J'espère
que non. Mais ça, c'est la prérogative du gouvernement. Si le gouvernement veut
jouer là, on va le laisser dans son carré de sable, il vivra avec l'opprobre de
finir un mandat sur un bâillon. Mais, honnêtement, moi, je ne suis pas pour la
politique du pire, j'espère bien que non. En fait, je souhaiterais qu'on le
retire, ce projet de loi, tout simplement.
Mme Lévesque (Fanny) : Il
n'est pas question, pour les oppositions, de... tu sais, ça avait été un peu
évoqué, là, avec Mme Samson, là, de mémoire, ça a été dit en Chambre, là,
mais de faire du temps intentionnellement, là, pour retarder ce projet de loi
là, ce n'est pas dans vos intentions de ce que je comprends? Parce que, si on
veut gagner du temps, finalement, pour, mettons, l'aide médicale à mourir...
M. Marissal : La seule
personne que j'ai entendu dire ça, c'est Simon Jolin-Barrette. Probablement
qu'il faisait de la projection parce qu'il souhaiterait beaucoup que ce soit
ça, là, mais moi, je n'ai jamais eu ce genre de discussion ni avec
Mme Samson ni avec M. Arseneau ou M. Derraji à ce sujet. Alors,
peut-être que Simon Jolin-Barrette fantasme de ça, mais ça n'existe pas dans la
vraie vie.
M. Bossé (Olivier) : Si
on laisse tomber le projet de loi n° 28, donc on reste en état d'urgence?
M. Marissal : Non, on
peut lever. Revoyez les témoignages qui ont été faits, notamment, par le
Barreau, par Me Valois, de l'Université de Montréal. On peut lever l'état d'urgence,
on n'avait même pas besoin de faire une loi. Simplement, si on lève l'état
d'urgence, ça va prendre de la reddition de comptes, ça va prendre de la
transparence, ce qu'on n'a pas dans le projet de loi. Si on devait lever l'état
d'urgence, il faut que le gouvernement nous dise qu'est-ce qu'il veut
absolument conserver, mais il doit aussi s'asseoir devant la commission et
mettre sur table tout ce qu'il a fait en vertu de l'état d'urgence. Mais ça
fait deux ans que ça dure, ça risque d'être assez compliqué, pour eux, de
justifier tout ce qu'ils ont fait. Je pense, par exemple, à tous les contrats
sans appel d'offres qu'ils ont donnés comme des machines distributrices, là,
dans une gare de train, là.
Alors, à ce moment-là, c'est plus facile
pour eux, j'imagine, et ils ont pris la voie de la facilité, d'aller avec le projet
de loi n° 28 qui est un… je vais me faire reprocher l'anglicisme, là, mais qui
est un «stunt» médiatique. C'est un coup de marketing, cette affaire-là.
M. Bellerose (Patrick) : En
quoi ça nuit, ce projet de loi là? Parce que vous dites : On pourrait
faire mieux, on pourrait réviser la Loi sur la santé publique.
M. Marissal : Je n'ai
pas entendu le début de votre question.
M. Bellerose (Patrick) : J'ai
dit : En quoi ça nuit, ce projet-là, à la population ou aux travailleurs?
Parce que vous dites : On peut faire mieux en révisant la Loi sur la santé
publique. Mais ce que cette loi-là prévoit, c'est seulement des pouvoirs pour
la vaccination et conserver certaines choses en entrepôt. Donc, à qui ça nuit?
M. Marissal : Ça dépend
les jours, hein, ça dépend les jours et l'heure à laquelle M. Dubé en
parle, parce que là c'était rendu : J'ai besoin de ça aussi pour permettre
au personnel soignant d'avoir des vacances. Moi, je vais dire, le problème qui
pend au bout du nez du ministre et de toute la population du Québec, ce n'est
pas que le monde va prendre des vacances ou non dans les hôpitaux, c'est qu'ils
vont partir, et c'est ça qui m'inquiète beaucoup et c'est ça dont on devrait se
préoccuper plutôt que d'essayer de faire de la petite politique avec un projet
de loi mal foutu dont le titre ne dit même pas son intention. Il faut quand
même le faire…
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
principalement, c'est les travailleurs?
M. Marissal : Et par
ailleurs qu'est-ce ça nuit à la population? Mais, chaque fois qu'on manque de
transparence, on fait un petit accroc de plus dans la démocratie. Cette
expérience et cette initiative du gouvernement, toute cette entreprise, depuis
le début, manque furieusement de transparence.
Mme Lévesque (Fanny) : Il
ne dit pas justement que les... qu'on a besoin de certains arrêtés pour
maintenir les gens de Je contribue en poste, précisément, pour l'été qui s'en
vient puis pour l'automne. Ce n'est pas un argument suffisant ou c'est un faux
argument?
M. Marissal : C'est une
phrase, ce n'est pas un argument parce qu'il n'a pas été capable de nous faire
la démonstration que c'était bel et bien le cas. Des juristes de renom sont
venus nous dire : On aurait très bien pu faire ça autrement. Sauf que là,
malheureusement, regardez le calendrier, le temps presse, alors c'est pour ça
que je dis que le gouvernement a péché par paresse puis par facilité, mais
aussi par électoralisme en nous déposant ça comme si c'était la meilleure
invention depuis le pain tranché puis en nous demandant d'adopter ça, là, en
toute fin de session. Les gens qui se sont portés volontaires, notamment des
gens qui étaient à la retraite, pour venir vacciner, ils étaient volontaires,
ils étaient disponibles, ils le sont encore. C'est un prétexte.
Mme Prince (Véronique) : J'aimerais
vous entendre sur l'épreuve uniforme de français. Est-ce que c'est normal qu'il
y ait une iniquité comme ça au Québec et de certaines écoles? Je ne vous parle
pas nécessairement du public versus le privé, là, mais il y a certaines écoles
où on a donné accès à un logiciel, d'autres non.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
trouve ça dérangeant. Jadis, il y a très, très, très longtemps, j'étais sur les
bancs d'école et j'ai passé cet examen, puis oui, moi, je trouve ça
inéquitable, je trouve ça dérangeant. Je pense qu'il faut s'assurer que les
ressources pédagogiques mises à disposition des élèves soient équivalentes d'un
endroit à l'autre. C'est censé être une épreuve uniforme de français, l'encadrement
doit être uniforme.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que le ministre doit intervenir, envoyer des directives claires? Qu'est-ce qu'il
faudrait faire?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
qu'il faut régulariser la situation. Si ça prend des directives du ministre, qu'il
en émette. L'épreuve uniforme devrait être uniforme.
Mme Senay (Cathy) : Can
I ask you in English?
M.
Nadeau-Dubois : Yes.
Mme Senay
(Cathy) : Truck drivers said yesterday that...
I'll just go back to my notes to make sure that... They say that, if there is
no solution found by the Legault Government, the Transport Ministry, on gas, the rising cost of gas, they won't
work on May 13th, this coming Friday. So, do you have the impression…
Because you were there at the budget credits, and Premier Legault came back and
said: We're the champions of the world as Quebeckers. But, for now, with the rising cost of living, we've done enough
with the $500 and the other payments we gave to Quebeckers previously. So, do you have the impression that the Legault Government drag its feet and we come to this
context of having truck drivers protesting all over Québec?
M. Nadeau-Dubois :
You know, we need to help those
workers. They should not pay the price for the raising cost of gas. We're
talking about their way to put bread on the table for their families. So, they
should not pay the bill of the war in Ukraine or the all political dynamic that
make that the prices of gas are raising. The Government of Québec should
sit down with them and find a deal that helps them get through those thought
times.
Mme
Senay (Cathy) : OK. How much you put on the table?
M. Nadeau-Dubois : Well, it's not my job to put… price tag on that deal, but...
Mme Senay (Cathy) : But a suggestion?
M. Nadeau-Dubois : Not even a suggestion. I mean, this should happen between the
Government and the truckers, they should negotiate together. I invite
Mr. Bonnardel to negotiate in good faith with the drivers and find a deal
that respects the capacity to pay of Quebeckers, but also helps those workers in need get through those though times,
they should not pay the price. And, you know, when we talk about having a just
transition to a green economy, sometimes, people think it's just a slogan or
just a big word, this is a good example of that. It's an example where we need
to help workers during that transition, we need to help the workers that are
the more impacted by the rising prices of gas, not just give them the bill and
say: You are the problem. I'm sorry, individually, those workers didn't cause
global warming, they are not the cause of the problem, they should not pay the
price of the transition.
Mme Senay (Cathy) : I see it more as an acute crisis than a transition to a green
economy. All they want to do…
M. Nadeau-Dubois : Well, the prices of gas will… the harsh reality is that, of course,
there is a specific conjuncture, right now, that pushes the gas prices up, but
the general trend, across the world, in the next years, will be to see the
prices of oil go up again. So, that's why I use it as an example of the just
transition. Because right now there is a specific phenomenon of a geopolitical
nature, but this will be the general trend, we will see the prices of oil go
up. Some workers will be more impacted than others, and those workers, we
should be in solidarity with them, we should help them, we should not say: Take
the bill, you are the problem.
Mme Senay (Cathy) : And that includes, for example, taxi drivers or any other workers
using their vehicle?
M. Nadeau-Dubois : That includes taxi drivers that are asking for such a help right
now. And I think we have to be open to hearing the voices of the workers that
are impacted.
Mme Senay (Cathy) : And, Mr. Marissal, on Bill 28, so, the clause-by-clause
examination is starting today. Do you know that the city of Toronto lifted the
public health emergency yesterday?
M. Marissal : I was not aware of that.
Mme Senay (Cathy) : Yes, well, they… I just made a search, and I was helped by my
colleague, at Queen's Park, yes, Mike Crawley, so… Toronto has lifted the
public health emergency yesterday, so they're free. Here, so, you're stuck with
Bill 28, I think that's the right verb, I mean, you don't see a way out of
that bill and you want…
M. Marissal : Yes, there is a way out.
Mme Senay (Cathy) : There is a way out?
M. Marissal : It's called a shredder, yes. We don't have to, it's not a fatality,
you know, we don't have to study that bill. It's not a good bill, it's based on
catch lines for the election… for the coming election. So, basically, what I'm
saying to Christian Dubé, to the Minister Dubé : Take this bill to the
shredder and please table the bill end-of-life treatment. Apparently, this draft
bill is ready, is ready to be tabled any day now, so let's do it. And we will
focus on that, that will be more productive for the people of Québec.
Mme Senay (Cathy) : But how would you lift the public health emergency and make sure
you have measures in place in case there is a seventh wave?
M. Marissal : This bill is not going to change anything. The fact is that the
Government has been ruling Québec by decrees over and over again for the last two years,
without any kind of transparency or accountability, here, at the National
Assembly. And, you know what, they can do exactly the same by lifting the
health emergency, that's the way they should do it. And then after we should
review the «Loi sur la santé publique» to make sure that, if we have to go back,
which I don't want to, of course… but if we have to go back to such extreme
measures, that we make sure that we will be able to play our role here, at the
National Assembly, which is not the case right now. But…
Mme Senay (Cathy) : So, what's the game of the Government, right now, with
Bill 28? Wasting your time?
M. Marissal : Well, look at the calendar, you know, only four more weeks here,
then after we go on the campaign trail, and the Government will be able to say:
Look how good we are, look how nice we are, we have lifted the emergency. It's
basically an electoral catch line, it's not the bill that we need to study
right now.
Mme Senay (Cathy) : It's a catch line for…
M. Marissal : It's a catch line for the Government. And it's not the first time
that the Government does just that. In order to lift the emergency, they don't
need that bill, but they need a confrontation with us, the opposition, to be
able to say: Look, we are doing the right thing, but it's the same government
that repeatedly refused to hear from us and to call a commission here, at
National Assembly, so we can make sure that we have all the transparency we
need over the last two years.
Mme
Senay (Cathy) : Merci.
M. Marissal : Merci.
(Fin à 11 heures)