(Neuf heures)
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, on veut interpeller le gouvernement
sur l'importance, évidemment, au sortir de la Semaine des enseignants, de
valoriser la profession enseignante, comme il s'y était engagé, la main sur le
coeur, pendant des années et en campagne électorale. Or, les négociations sont
complètement au point mort, et vous savez à quel point la situation est
dramatique, la pénurie d'enseignants et d'enseignantes est dramatique.
Beaucoup, des centaines d'enseignants, quittent prématurément pour la retraite.
Et on apprenait, la semaine dernière aussi, qu'il y a des taux record d'abandon
de la profession.
Alors, au printemps dernier, vous vous
rappelez sans doute qu'en plein début de pandémie le gouvernement avait dit
qu'il mettait la pédale au fond pour accélérer les négociations pour régler les
conventions collectives le plus rapidement possible. Alors, dans la fable du
lièvre et de la tortue, on a le sentiment que le gouvernement est parti en
lièvre mais qu'il s'est transformé en tortue, et ça a des impacts majeurs sur
le terrain. Parce qu'avec tous les ajustements qu'on demande, tout le stress
qui est vécu par les enseignants, en plus, ils ont le sentiment qu'il n'y a
absolument pas de signe, pas de lumière, pas d'image du côté du gouvernement
pour voir que, oui, on prend au sérieux la négociation avec les enseignants.
Vous vous rappellerez sans doute qu'encore
une fois, la main sur le coeur, le gouvernement avait dit en campagne
électorale qu'il abolirait les six premiers échelons pour valoriser la
profession et que le salaire d'entrée soit plus attrayant. Bien, quand les
dépôts ont été faits, le dépôt des offres a été fait, cette promesse-là n'est
même pas retenue.
Donc, aujourd'hui, on a une demande très
claire pour le gouvernement, c'est de se réveiller et d'enfin appuyer sur la
pédale, de faire en sorte que la tortue redevienne tranquillement un lièvre,
après tous ces mois d'attente. Et je pense que c'est une simple question de
respect de la profession enseignante, de leur montrer qu'ils sont assez
importants pour qu'on bouge avant que l'hécatombe soit encore plus grande que
celle qu'on vit en ce moment.
En matière d'éducation, je pense que c'est
aussi important de voir qu'on prend note, là, ce matin, de différents chiffres
sur les taux d'échec des élèves au secondaire, notamment, qui ont deux à trois
fois... qui sont deux à trois fois plus élevés que l'année dernière. Et ce
qu'on demande au ministre Roberge, c'est de vraiment faire en sorte que tout
est mis en place, que le tutorat se déploie rapidement, que les spécialistes
sont au rendez-vous, que toutes les mesures d'accompagnement sont là pour nos
élèves, mais aussi qu'on va penser à long terme, donc qu'on ne sera pas encore
pris à la dernière minute pour la prochaine rentrée, puis qu'on est déjà en
train de songer à comment on va procéder l'année prochaine, parce que les
spécialistes le disent : Ce n'est pas un retard qui va se résorber en
quelques mois. Donc, il faut avoir un plan de match pour l'année prochaine
aussi, c'est ce qu'on lui demande.
Et, avant de céder la parole à mon chef,
je veux tout simplement vous rappeler que, ce matin, commence l'étude détaillée
du projet de loi n° 84 sur l'IVAC. Et malheureusement, malgré une sortie,
un front commun de l'ensemble des groupes communautaires d'accompagnement et de
défense des droits des victimes, et des trois partis d'opposition vendredi,
nous n'avons eu toujours aucun signal de la part du ministre comme quoi il va
le revoir en profondeur, le projet de loi qui a été soumis et qui soulève
énormément de controverse et d'inquiétude. Et donc, le projet de loi continue à
cheminer comme si de rien n'était, ce qui est très inquiétant, et on espère que
ce matin, enfin, le ministre va envoyer un message clair qu'il a entendu le
message. Merci.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bonjour, tout le monde. Ce matin, je veux revenir sur le triste bilan des
10 000 morts qui a été atteint au Québec en fin de semaine. C'est
très triste et je commence par offrir mes condoléances à toutes les familles
qui ont souffert à travers ces décès-là. Je constate que c'est 50 % des
décès au Canada, et lorsqu'on ramène ça par habitant, au Québec, on a
116 décès par 100 000 habitants, comparé à 45 en Ontario.
L'idée reçue, également, c'est que c'est
en raison de notre gestion défaillante des CHSLD durant la première vague qu'on
a des statistiques comme celles-là. C'est faux. Lorsqu'on regarde les
statistiques de la deuxième vague, bien, du 1er septembre au
23 janvier, on dépasse encore largement les autres provinces en termes de
décès. Au Québec, c'est 433 contre 200 décès par million d'habitants.
Donc, nos chiffres sont vraiment inquiétants.
Et je rappelle que
Doug Ford — avec des chiffres qui sont presque trois fois
moindres au niveau des décès qu'au Québec — Doug Ford a dit
formellement qu'il déplorait la situation, que ce n'était pas acceptable, et
que, par conséquent, il déclenchait une enquête indépendante. Donc, pas une
enquête qu'il contrôle, pas une enquête dans laquelle il va pouvoir traficoter les
conclusions, une enquête complètement indépendante pour faire la lumière sur
une gestion qu'il considère comme défaillante, inacceptable.
Pendant qu'au Québec, avec presque trois
fois plus de décès, on nous répète constamment à travers la machine de communication
et de relations publiques du gouvernement du Québec, on nous rappelle qu'en
comparaison… puis là, on trouve toutes sortes de comparaisons, là, pour nous
dire que ça va très bien puis qu'il n'y a pas lieu d'avoir une enquête
indépendante. Et c'est pour ça que je réitère ce matin qu'avec la gravité des
chiffres, avec la souffrance qu'a engendrée, pour des dizaines de milliers de
familles, la crise, il faut absolument une enquête qui est complète,
indépendante, libre de toute interférence.
Je veux vous parler évidemment aussi de
notre motion de ce matin par rapport à Dawson. Donc, le Parti québécois va
déposer, ce matin, une motion qui vient demander tout simplement que toute
nouvelle place dans le réseau collégial soit dirigée vers les cégeps en français
dans la région de Montréal. Donc, le financement, tout le financement nouveau
dans le réseau collégial, devrait être redirigé dans le réseau francophone.
Je vous montre ici un graphique de la
situation parce que, là, le gouvernement s'est mis à dire... à sous-entendre,
pardon, qu'on voulait pénaliser les anglophones ou que ce serait injuste pour
les anglophones. Premièrement, je veux réitérer que les anglophones ont un
droit à continuer leur cursus en anglais. Jamais, on ne va toucher à ça. Ce
n'est pas ça le débat. Le débat, c'est : Est-ce qu'on surfinance le nombre
de places en anglais dans le contexte où, sur l'île de Montréal, dès cette
année, il y aura plus de places en anglais que de places en français?
Ça, c'est le graphique. En bleu, vous avez
la démographie, donc les besoins de la population en termes de démographie, et
en jaune, vous avez le nombre de places. Vous voyez que, Montréal, le nombre de
places dépasse largement la démographie et que, dans les régions du Québec
comme Chaudière-Appalaches, Laval, Lanaudière, Laurentides, Montérégie, nos
cégeps sont sous-financés en termes de places. Et il est là, l'enjeu du Parti
québécois. Tout ce qu'on demande, c'est de rééquilibrer le financement de sorte
que les places se dirigent vers le réseau en français, qu'il y ait suffisamment
de places sur l'île de Montréal pour refléter la démographie montréalaise, mais
également encourager la langue française comme langue commune de
l'apprentissage et du travail.
Donc, je lance un défi à
Simon Jolin-Barrette de convaincre son caucus d'appuyer notre motion. On
doit transférer les 100 millions de dollars qui sont prévus pour Dawson,
l'envoyer dans le réseau francophone pour créer tout de suite plus de places,
rééquilibrer le nombre de places. Et je pense que les énergies de
Simon Jolin-Barrette seraient bien mieux placées à convaincre le caucus
qu'à essayer de convaincre Mélanie Joly d'agir pour la langue française
comme ils l'ont fait au cours des derniers jours. Il y a quelque chose
d'absurde, c'est le seul mot qui me vient en tête, dans le fait de demander au
parti qui a été le plus nocif pour la langue française. De toute son histoire,
le Parti libéral du Canada a affaibli la langue française de toutes sortes de
manières.
Lorsqu'on est rendu à quémander une modification
non pas de la loi 101, mais de la Loi sur les langues officielles du
Canada à Mélanie Joly, c'est parce que, clairement, le plan pour relancer
la langue française au sein du gouvernement du Québec ne va pas bien et, un
geste très concret, ce serait tout simplement de rééquilibrer le nombre de
places en cégeps. C'est tout. Ça ne pénalise pas le réseau anglophone, ça ne
pénalise personne, mais ça permet d'être équitable et juste en termes de nombre
de places.
Donc, voilà, je vais prendre vos questions.
M. Lacroix (Louis) :
Mais avec... sur les 10 000 décès liés à la COVID, bon, vous demandez
une enquête publique. Vous n'êtes pas les seuls, les libéraux aussi. En fait,
tout le monde demande une enquête publique. Quel est le niveau de responsabilité
qui appartient au gouvernement, à votre avis, dans ces 10 000 décès?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Bien, clairement, le gouvernement a une responsabilité, mais
le niveau de cette responsabilité-là ne doit pas être déterminé par le
gouvernement lui-même. L'enjeu, il est précisément là. Là, on a un gouvernement
qui détermine lui-même qu'il n'y a pas d'enjeu au niveau de sa gestion. En
fait, François Legault a dit : La seule erreur que j'ai faite, c'est de ne
pas rehausser assez rapidement le salaire des préposés aux bénéficiaires. On a
trois fois plus de décès qu'en Ontario.
Donc, ça ne peut pas être le gouvernement
et sa machine de relations publiques, on se rappelle que, dans leur cellule de
crise, ils sont 17 en politique puis en communication puis un seul
scientifique, ça prend quelqu'un qui n'a pas d'intérêt dans l'image
gouvernementale, qui vienne nous dire précisément quel est le degré de
responsabilité du gouvernement, par rapport à quelle décision. Et, si on ne
fait pas ça, c'est comme si on acceptait, passivement, qu'on ait eu autant de
décès, puis qu'on ne se posait même pas de question sur comment on a pu se
ramasser avec trois fois plus de décès qu'ailleurs dans le Canada. Et, moi, je
ne pense pas qu'on peut accepter ça.
M. Lacroix (Louis) : Et vous
devez avoir des soupçons. Quelle mesure… ou, de quelle façon, tiens, vous dites
que le gouvernement a une partie de responsabilité, de quelle façon il a cette
responsabilité-là? Qu'est-ce que vous ciblez comme étant, en fait, la raison
pour laquelle ils sont responsables de ces décès-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Honnêtement, je suis obligé… la question est superintéressante, mais je veux
une commission d'enquête avec des experts indépendants pour nous répondre à
cette question-là. C'est la question fondamentale qu'on doit se poser, mais je
n'ai pas de…
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais si on demande une commission d'enquête, ça doit être parce qu'on a des
soupçons en quelque part. Si on n'avait pas de soupçon, on dirait : Bien,
pas d'enquête.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Les soupçons viennent des statistiques. On a environ trois fois plus de décès
qu'en Ontario, pas juste durant la première vague, pendant la deuxième vague
également. Est-ce que c'est lié aux CHSLD? Est-ce que c'est lié à la gestion
des employés qui étaient en rotation à la gestion des zones chaudes, des zones
froides? Est-ce que c'est parce qu'on a été trop lents à faire des plans de
prévention? Est-ce que c'est parce qu'on a été trop lents aux aéroports, parce
qu'on n'a pas sollicité la Sûreté du Québec qui aurait dû faire le suivi sur
les quarantaines dès avril, comme en Ontario? Je peux vous en nommer 20 comme
ça, là, des gros points d'interrogation que j'ai dans ma tête.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
c'est de la négligence, à votre avis?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est ce que le rapport viendra nous dire. Moi, j'ai des points
d'interrogation, on a des statistiques très graves. On veut une enquête
complète et indépendante qui réponde à toutes les questions légitimes que vous
posez.
M. Carabin (François) :
Est-ce que le Québec est prêt pour une, mais tu sais … mais est-ce que le
Québec est prêt pour une troisième vague, M. St-Pierre Plamondon, avec
l'arrivée des variants, une hausse de la transmission?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On a tellement de difficultés à gérer la deuxième vague correctement, là, si
vous me parlez d'une troisième vague, ce matin, là, je…
M. Carabin (François) : …ce
n'est pas terminé, mais est-ce que les mesures qui sont en place actuellement,
selon vous, vont permettre…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je n'ai pas… je ne suis pas en mesure de vérifier et je suis focalisé sur la
deuxième vague en ce moment, c'est-à-dire que, si on n'a pas de vaccin et si on
a des mécanismes de prévention, comme on l'a vu, là, les aéroports ont été un
désastre qui a fait rentrer des variants, qui a… Si les mesures de prévention
de la deuxième vague sont toujours défaillantes et que la vaccination est
défaillante également, on a un enjeu avec la deuxième vague. Donc, moi, je ne
suis pas rendu à la troisième vague. Puis, si on ne solutionne pas les
problèmes que je viens de vous nommer dans le cadre de la deuxième vague, en
effet, on aura un problème avec potentiellement une troisième vague.
Moi, je ne souhaite pas de troisième
vague, là. Je pense qu'on peut encore l'éviter si le taux de vaccination est
assez élevé, puis si les mesures préventives entourant les voyages puis
entourant certaines activités à risque sont efficaces, mais là, pour l'instant,
la gestion de la deuxième vague s'avère, comme je viens de vous le montrer, là,
en termes de décès, en termes de... on n'est pas sortis de la deuxième vague,
là.
Mme Côté (Claudie) : Pour les
résultats scolaires, peut-être, Mme Hivon, vous disiez, il y a deux
semaines, qu'il était minuit moins cinq pour le ministre Roberge, que lui seul
pouvait éviter qu'une bombe lui explose en plein visage. Est-ce qu'à la lumière
des résultats qu'on a là, minuit a sonné pour M. Roberge?
Mme
Hivon
: Ce
que je vous disais, la dernière fois, c'est que le ministre devait être
extrêmement sérieux avec ce qu'il avait entre les mains. Et là on voit
évidemment que les chiffres se confirment. Donc, le ministre doit être
extrêmement préoccupé, et c'est ce qu'on espère qu'on va sentir, que les
mesures costaudes vont venir, que le plan de tutorat va se déployer rapidement.
Vous avez vu que j'ai fait ressortir que,
même si on prenait un chiffre très conservateur de juste 10 % des élèves
qui en avaient besoin, puis là, quand on voit les chiffres, c'est du 20 %
à 25 % d'échec en français et en mathématiques au secondaire, ça veut dire
qu'on a besoin de plus que ça, on n'y arrivait même pas avec le budget qu'il
donnait. Ça donnait 2 h 30 min par élève.
Donc, moi, je veux que le ministre Roberge
envoie des signaux forts, et ça, ça veut dire qu'il est en mode planification
de ces mesures, de l'intensité des mesures, du déploiement des budgets
nécessaires, qu'il a l'écoute du premier ministre, parce que je vous ai dit que
le premier ministre aussi a une responsabilité là-dedans. C'est une chose de
clamer que l'éducation, c'est la grande priorité, mais encore faut-il donner
les moyens pour que, sur le terrain, les élèves aient le suivi. Donc, on veut
de la proactivité puis on veut que la planification de la prochaine année soit
déjà amorcée, que le ministre nous le dise.
Mme Côté (Claudie) : Avez-vous
été rencontrés par le ministre Roberge? Avez-vous eu des discussions avec lui
dernièrement?
Mme
Hivon
: Nous
allons avoir une rencontre aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) : À la
lumière des articles qui sont parus ce matin, où on apprend, donc, que le taux
d'échec pourrait être plus élevé, M. Roberge avait déjà dit, la semaine
dernière, que ça pourrait prendre plusieurs années avant de reprendre le retard
accumulé. Et là on apprend aussi qu'au secondaire V on va laisser passer
des étudiants. Est-ce qu'il n'y a pas un risque qu'on donne des diplômes à
rabais ou qu'il y a des gens qui n'arrivent totalement pas préparés, que ce
soit au secondaire ou au collégial?
Mme
Hivon
:
Bien, c'est pour ça qu'il faut que le plan soit connu d'avance puis il faut
savoir... Personne ne veut de la diplomation à rabais et puis personne ne veut
qu'on nivelle par le bas. Ça, je pense que c'est clair. Et là ce que ça veut
dire, c'est que la souplesse, c'est une chose, puis tout le monde en
souhaite... On a hâte d'entendre ça va être quoi, finalement, la pondération.
On ne le sait toujours pas. On veut savoir : c'est quoi, les mesures de
soutien. Donc, c'est ça qu'on veut.
Ce qu'on veut, c'est que les moyens soient
déployés pour soutenir ces élèves-là parce qu'il y a comme une incongruité de,
là, se réveiller puis de dire : O.K., les retards vont être longs, ça va
prendre beaucoup plus de temps. Nous, c'est ce qu'on dit depuis des mois. Il
faudrait que le plan de match soit sur deux ans, qu'on sache où on s'en va.
Puis on demandait que pour septembre, il y ait déjà du tutorat. Donc, là, c'est
un peu drôle que, là, le ministre dit : O.K., pour la prochaine année, on
va commencer à réfléchir parce que ça ne se résorbera pas comme ça. Alors que
pendant des mois, il nous disait : Attendez, calmons-nous, ça va bien, il
y a des prophètes de malheur qui disent que tout va mal alors que ce n'est pas
le cas. Mais là, on voit des chiffres, c'est très sérieux.
Donc, ce qu'il faut, ce n'est pas niveler
par le bas, c'est donner tout le soutien nécessaire aux élèves. C'est ça que
les élèves veulent, c'est ça que les enseignants veulent, c'est ça que les
parents veulent.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
dites que deux ans… Deux ans, est-ce que c'est nécessaire… Est-ce que ça va
être suffisant? Pardon…
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez, moi, je ne suis pas une spécialiste, mais c'est évident qu'on
entend de plus en plus d'experts dire que c'est illusoire de penser que tout ça
va se résorber sans mettre plus de mesures d'accompagnement rapidement, sans
clarifier les savoirs essentiels. Il y a tout un débat là-dessus aussi.
Donc, l'année prochaine va aussi devoir
être une année où on est conscients qu'il y a du retard à rattraper. Puis hier,
le MEMO, là, qui est un mouvement citoyen d'éducation, recommandait qu'on se
penche vraiment là-dessus, donc, qu'on fasse une vraie discussion publique avec
les experts. Il y en a qui disaient, par exemple — je ne vous dis pas,
là, je fais juste lancer des pistes — mais il y en a qui
disaient : Bien, il faudrait aussi qu'en début d'année prochaine, on soit
encore en train de consolider clairement, mettons, en septembre, octobre, les
acquis de l'année précédente. Puis pour le secondaire V puis pour la
sixième année, bien, que cette année, il y ait des moyens encore plus agressifs
qui soient mis en place pour soutenir adéquatement les élèves qui passent à
l'autre niveau.
Donc, c'est ce genre de choses là qu'on
veut entendre de la part du ministre de l'Éducation.
Mme Lévesque (Fanny) :
M. Plamondon, la CNESST vient de recommander le port du masque N95 à
tous les travailleurs de la santé en zone chaude. Qu'est-ce que vous pensez de
cette décision-là? Est-ce que c'est trop tard? Est-ce qu'on est en retard
encore une fois?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Vas-y Véronique…
Mme
Hivon
:
Bien, je pense que poser la question, c'est un peu y répondre. Ça fait
longtemps qu'on questionne sur pourquoi le N95 n'est pas obligatoire dans les
zones chaudes pour les infirmières, pour les préposés qui sont en contact
direct. Et on n'arrête pas de nous répéter que non, ce n'est pas nécessaire,
puis que ce n'est pas parce qu'on manque d'équipement.
Or, vous savez très bien que les
représentants des infirmières et des préposés le demandent depuis des mois et
soulèvent énormément de questionnements par rapport à ça. Et, quand Paul dit
qu'il y a énormément de questions qui se posent puis que c'est pour ça qu'il
faut une enquête, bien, c'est un élément, un autre élément. Pourquoi ici ça se
propage autant alors qu'il y a des mesures fortes? Donc, c'est évident qu'on va
vouloir avoir la réponse de la Santé publique si maintenant il y a une voix
supplémentaire, qui est la CNESST, sur le port du N95.
M. Lacroix (Louis) : Parce
que M. Legault dit de plus en plus, en fait, qu'il se fie aux avis de la
Santé publique, tu sais, pour dire : Bien, écoutez, moi, je suis les avis
de la Santé publique. Est-ce que la... Vous avez dit tout à l'heure que le
gouvernement a sa part de responsabilité. Est-ce que la Santé publique a aussi
la sienne? Parce qu'on voit, là, que la CNESST semble dire autre chose que ce
que disait la Santé publique.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On arrive au coeur de la chose puis on en a discuté beaucoup au cours des
dernières semaines, là. Essentiellement, parce qu'il y a une confusion complète
entre la Santé publique puis le politique pour l'instant, on n'est pas capable
de distinguer ce qui pourrait être une erreur de la Santé publique vis-à-vis ce
qui pourrait être une erreur du politique. On sait qu'il n'y a pas beaucoup de
scientifiques dans la cellule de crise, là, donc la pression doit être forte
sur le Dr Arruda parce qu'il y a 17 personnes politiques pour un
scientifique. Mais on n'est pas capable de le départager parce que c'est
l'opacité complète.
Donc, la seule solution, c'est une enquête
indépendante. Puis elle doit être indépendante parce que le rôle, ce sera
justement de s'immiscer en rétrospective dans le processus décisionnel utilisé
par le gouvernement du Québec pour qu'on arrive à des conclusions scientifiques
qui, deux mois plus tard, ne sont plus les mêmes ou des conclusions soi-disant
scientifiques qui sont contraires à la science en Ontario, en
Colombie-Britannique puis partout en Europe, comme pour les tests rapides, là.
Ce mystère-là, là, doit être résolu. Ce n'est peut-être pas le moment
maintenant, mais avec 10 000 morts, là, il y aura un moment où des
gens, sur une base indépendante, répondront aux questions à savoir comment on a
pu se rendre là, comment on peut avoir des questions aussi fondamentales sans pouvoir
obtenir des réponses.
Mme Côté (Claudie) : M.
St-Pierre Plamondon, j'aimerais vous entendre sur cette idée de renommer la
circonscription de Bourget en l'honneur de Camille Laurin. Est-ce que vous
trouvez que la CAQ se réapproprie votre héritage?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire que la CAQ multiplie les artifices pendant que, sur le
terrain, elle agit contre la langue française ou n'agit pas dans le dossier de
la loi 101. Mais des déclarations d'amour puis des artifices de relations
publiques pour bien paraître au niveau de la langue française, la CAQ en est à
sa 10e.
Et elle gère également la pandémie un peu
de la même manière, là. La part de relations publiques puis de messages comme
quoi tout va bien puis qu'on se compare avantageusement par ce gouvernement-là,
le budget également utilisé en matière de communications et de relations
publiques est très, très grand. Et, lorsqu'on regarde leurs agissements puis
les résultats sur le terrain, c'est, en fait, l'inverse.
M. Lacroix (Louis) : Sur le
fond, on ne peut pas être comme ça.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien oui, évidemment, sur le fond, je suis d'accord. Sauf que ce que je veux
dire, c'est qu'on nous présente ça, ce matin, comme une grande nouvelle, là,
puis un sujet... Je suis supercontent, si ça a lieu, là, honnêtement, je suis
très, très heureux. Je dis juste que c'est une autre opération de relations
publiques de la CAQ qui se colle toujours à l'amour de la langue française et
qui agit contre la langue française à même les fonds publics en même temps.
Puis le rôle du Parti québécois, c'est de le dire, puis de démystifier ça, de
dénoncer un double discours préjudiciable à la langue française. Et étant donné
que ce n'est pas juste sur la langue française, mais que c'est également dans
l'ensemble de la gestion de la pandémie, que c'est un gouvernement du double
discours, constamment, bien il faut qu'à un moment donné, comme population, on
en prenne acte, puis qu'on demande des résultats au lieu d'artifices, là.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais, s'il vous plaît.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant les événements violents des derniers jours à Montréal, le policier
désarmé, une adolescente assassinée, avez-vous des inquiétudes particulières?
Est-ce qu'il y a lieu de prendre des mesures de la part du gouvernement?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je trouve ça infiniment triste, là, le décès de la victime de 15 ans. On
a besoin d'une réponse, premièrement, de la Sécurité publique, c'est-à-dire
pourquoi c'est en hausse. C'est relié à quels phénomènes sociaux? Puis on a
besoin de réagir en ayant... en mettant en place un plan de match. Est-ce que
c'est le retrait de certains services sociaux? Est-ce qu'il y a une hausse
mesurable de la pauvreté ou du phénomène de gangs de rues? Est-ce que...
Moi, je n'ai aucune information en ce
moment qui nous permettrait, de manière éclairée, de dire : Ça nous
inquiète, on se fait un plan de match. Donc, la première réponse doit venir du
gouvernement en termes de diagnostic : voici pourquoi le taux de
criminalité est en hausse. Puis on doit prendre ça au sérieux, parce que ça a
toujours été notre fierté. On a toujours pensé, à juste titre, je pense qu'au
Québec, on a choisi la social-démocratie, on a choisi un système qui est plus
juste au niveau de la redistribution des ressources et que l'un des bénéfices
de ce système-là, c'était un taux de criminalité beaucoup plus bas qu'ailleurs
en Amérique du Nord.
Moi, je veux absolument maintenir ça comme
objectif. Donc, il faut se pencher sur pourquoi on peut constater en ce moment
une hausse des crimes comme ceux-là, avec des armes à feu, violents, là .
Mme Senay
(Cathy) : M. St-Pierre Plamondon, in
November, Premier Legault said that he would not extend Bill 101 to CEGEPs, but
he was thinking of putting in place measures to limit the number of students in
CEGEPs like Dawson's, anglophone CEGEPs. So, what are your expectations about
the CAQ…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Who am I to believe, François Legault or François Legault? Who
am I supposed to believe? François Legault says that it is not… the 100
million dollars will not increase, that's in June, last June. Both Dawson
and the Government said: It's not to increase the number of students at Dawson.
Now we learned a few days
ago that it's going to increase by about 1,000 students. So that's the
government saying: We are increasing… injecting money in Dawson to increase the
number of students at Dawson while not investing anything in the French CEGEP
system. And at the same time, he is saying: Well, I think, we should prevent…
we should do something about having too much places in the English-speaking
system and we should do something about… to stabilize the number of places in
French. Who am I to believe? I don't know. Honestly, I just don't know.
And there is such a
discrepancy between what that Government says on a daily-basis and what they
are actually doing, and they are capable of changing their mind over and over.
So, I don't know what to believe. I know that we are saying today, and I hope
the Government will be with us onto this one: If there is fresh money to
invest, it should be directed towards creating places in the French-speaking
system given that on the island of Montréal, there is now more places in English
than in French. It's not representative of the demography. And our very urgent
needs in the other regions where the population is way above the number of
places available, whereas in Montréal, we see that there is way more places
than there is demand.
So, it's just as simple
as that, and it's nothing against students, English-speaking students who want
to continue their education in English, like it's not the debate at all. Their
cursus, their curriculum is guaranteed in English, there's no issue there. Its
just an issue of fairness in the way you distribute the financing, that's it.
And I don't understand where the Government is going with this, I just… It's
impossible to follow.
Mme Senay
(Cathy) : And, Mrs. Hivon, you said that
Education Minister will meet with you later on today. Marwah Rizqy, the Liberal
critic, was asking for a summit on education in March, during spring break, to
say, OK, where we were at. What is the plan for schools' success? Because you
have basically… well, the pandemic has delayed… the learning process. So, she
wanted to put in place, with the Education Minister, a summit. Do you agree
with this? Did that feel like a good…
Mme
Hivon
:
Yes, yes, we voted in favor of the motion last week, and it's something that
has been discussed for a while. Like I was saying, this citizen group… It's
part of me, now.
Des voix
:
Ha, ha, ha!
Mme Senay (Cathy) : ...
Mme
Hivon
: OK. I will start this again.
Mme Senay
(Cathy) : Yes, and you want to push for this
again with Mr. Roberge.
Mme
Hivon
:
So, yes, yes, we voted in favor of that motion. It's an idea that's been there
for a while. It was even there before the pandemic, saying we needed a summit
about education. Because there are so many challenges, we see what's going on
with learning disabilities, problems, the fact that teachers are having, you
know, a lot of more... a lot more of them are leaving the profession and all
that. So, it has even increased the need for that with the pandemic. And there
are also groups of citizens like there was an initiative started yesterday by
the MEMO, which is a group in Montréal, yesterday, asking for a process of
reflection with experts, you know. So, we're open to all those kinds of ideas.
Mme Senay
(Cathy) : ...
Mme
Hivon
:
Yes, sooner than later, yes. Thank you.
Mme Fletcher
(Raquel) : Yesterday... the plaintiffs who
were aiming for distance learning options. They lost their case in the
Superior Court. That means that... do you still think... that the
Government should still allow parents the option?
Mme
Hivon
:
Yes. We don't understand why the Government doesn't allow this because it could
have many advantages. You see it in Ontario. It's an option that is offered to
parents. An because now, you know, everybody is supposed to have a computer.
They are supposed to be able to offer virtual learning. Also, it would reduce
the size of classes. You know, it's something that we've been talking about for
a while. You know how it could improve the security for children in schools
with al other measures. So, we don't understand why the Government is not open
to this. So, the burden is on its shoulders to explain.
Mme Fletcher
(Raquel) : I have another question for you
concerning his specialized tribunal that was announced… the working group was
announced yesterday… first step, but is it… is the Government moving fast
enough?
Mme
Hivon
:
We are happy, the four of us, we were talking, yesterday, the transpartisan
group… we are really happy that the Minister is open to the idea and that there
is a new step towards achieving this specialized tribunal. But of course, what
we want is not another working group to evaluate the opportunity of doing it,
but really to work on how concretely to implement the tribunal. So, yes, it's a
good step in the right direction, we feel that the Minister is really
considering it seriously and we had a very good meeting with him yesterday
afternoon to discuss all of that. And so, I hope that this committee will work
on implementing and not just considering it. Because we've been working for a
year and a half and it was thoroughly considered. OK. Thank you.
Des voix
: ...
Mme
Hivon
: En
français, oui. Donc, évidemment, on se réjouit, le comité transpartisan, qu'il
y ait une autre étape de franchie vers l'implantation d'un tribunal spécialisé
au Québec. C'est un pas dans la bonne direction qui est très positif.
Maintenant, ce qu'on souhaite, c'est que le comité de travail que le ministre a
annoncé hier soit vraiment un comité qui va voir comment implanter l'idée du
tribunal, concrètement. Donc, comment ça va fonctionner dans les détails,
plutôt que d'évaluer à nouveau l'opportunité de le faire, puisqu'il y a eu un
comité d'experts qui a travaillé pendant près de deux ans et qui est arrivé à
une recommandation unanime pour le bien-fondé de l'implantation d'un tel
tribunal, avec des gens de tous les horizons. Merci.
Des voix
:
...
La Modératrice
:
Dernière question. Merci.
Mme Johnson
(Maya) : You were saying, earlier, in French,
that what you're proposing, with regard to Dawson College… doesn't penalize
anyone in any way. But you also used very strong language like «assimilation», for
example, here, challenging Simon Jolin-Barrette… to adopt this motion. And it
seems that there's essentially a war brewing between who's is best position to
defend the French language, is it the PQ or is it the CAQ. So, can you see why
members of the English community feel like they're under attack in all of this
as…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Under attack?
Mme Johnson
(Maya) : …as two parties are trying to posture
and position themselves as best place to defend the French language?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Who is under attack? Please, help me. Who is under attack in
a debate where we're just saying: The funding, right now, is going towards more
places in English in a situation where, on the island of Montréal, there is
already more places in English than in French, which is absolutely not
representative of the demographics? Who's at war? Who's a victim of… Again, you
just said «under attack». Who's under attack? I mean, I'm reinstating the
principle that an English-speaking student has and will always have the right
to continue its education in English at CEGEP and university level.
So, the issue here is are
we using funding, public funding, to make French speaking or allophones… French
speaking students or allophones students go to English education because
there's no more space in the French system, because we are underfunding the
French system? So, it's just an issue of fairness. It's just an issue of
balancing. So, I think the words «under attack» are really inappropriate, with
all due respect, disproportionate for a debate that is legitimate.
The reason why the PQ and
the CAQ are talking about that is that the CAQ is simultaneously saying, for a
year now: French is important to us, we're coming up with some actions, some
concrete changes. So, we are awaiting for something that never happens, and the
CAQ are actually making decisions that are completely incompatible with what
they're publicly saying.
So, that's the reason why
CAQ and PQ are arguing about this on a regular basis, but nobody is under
attack, except two parties that are this on very profound disagreement on what
is a coherent action to help the French-speaking CEGEP system.
Mme Johnson
(Maya) : Let me ask the question in a
different way and considering more woefully if you will. We know that the
Government is planning to reaffirm, tighten up Bill 101. We know there's
also discussion about the renaming of the Bourget riding under Camille Laurin.
There is discussion now about Dawson College and the funding. So, when you
take all of those different elements and put them together, what can you say to
the anglophone community to reassure them that their rights will continue to be
respected?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I just said that their rights will be respected. So, the CAQ
can make all sorts of public relations stunts to show that they care about the
French language, we are dealing with changing demographic from a linguistic
point of view, and that should be, maybe, repeated. It's not out of the blue
that that conversation is right now being debated in Québec. The expectation is
that both the mother tongue or the language used on a daily basis will decrease
severely, the French language is in a steep decrease, and Statistics Canada is
talking about, for 2035, talking about a reduction of around eight to nine
points of percentage in decrease of the French language in Québec. So, it's a
very legitimate topic.
The social contract
between Anglophones and Francophones in Québec has always been that the two
communities are there to stay forever, and that we will try together to keep
the proportions that the official language of Québec is French, and that there
are accommodations to make sure that the English community does not have the
same fate as French Canadians in Manitoba and other provinces where clearly the
intention was to assimilate them. We do not intend that.
But when the social
contract is being broken by statistics that are telling us that the French
language is in a steep regression and that Statistics Canada is projecting
eight to nine points of reduction in percentage of the French language in
Québec, it's normal that we have the conversation about how we should be
reacting to keep the balance. But it's always a discussion about balancing it
and being fair so that we conserve both... we make both... everyone feels
secure about the future. And there is nobody at war and there is nobody under
attack, clearly.
La Modératrice
:
Merci, tout le monde. Bonne journée.
(Fin à 9 h 36)