(Treize heures trente-quatre minutes)
Le Modérateur
: Bonjour
à tous. Bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la
situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec,
M. François Legault, est accompagné de la ministre de la Santé et des
Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé
publique, Dr Horacio Arruda.
M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Avant de commencer, je veux offrir toutes mes sympathies, au nom
des Québécois, à nos amis de la Nouvelle-Écosse qui ont vécu un drame
épouvantable en fin de semaine. Donc, nos pensées sont avec vous, tous les gens
de la Nouvelle-Écosse.
Je veux commencer par le bilan. On a
62 nouveaux décès, donc, pour un total de 939. Donc, je veux offrir mes
condoléances à toutes les familles de ces 62 nouvelles victimes.
J'ai une pensée spéciale aussi pour tous
les proches puis la famille de Victoria Salvan, une préposée aux bénéficiaires
qui est décédée. Probablement qu'elle a attrapé la COVID pendant son emploi,
donc en essayant de sauver des gens. Donc, je veux saluer la mémoire de
Victoria Salvan.
On a maintenant 19 319 cas
confirmés, c'est une augmentation de 962. On a 3 847 personnes qui
sont guéries, parmi ces 19 000. On a 1 169 personnes qui sont
hospitalisées, c'est une augmentation de 67. Et on a 198 personnes qui
sont aux soins intensifs, c'est une augmentation de 15.
Notre urgence nationale, ça reste la situation
dans nos CHSLD, dans nos résidences pour personnes âgées, que ça soit des RPA,
des RI, tous les milieux où il y a plusieurs personnes vulnérables. On manque toujours,
au moment où je vous parle... plus de 2 000 employés dans ces
résidences. On a une centaine de médecins qui se sont ajoutés pour venir prêter
main-forte. Évidemment, on en a besoin de beaucoup plus que ça. Et j'ai parlé,
samedi soir, au téléphone avec la présidente de la Fédération des médecins
spécialistes parce qu'on a besoin de personnes à temps plein — c'est
ça qui est important, peut-être, de préciser à tous les médecins
spécialistes — des gens à temps plein pour éviter qu'il y ait trop de
va-et-vient, d'entrées et de sorties dans chacune des résidences, puis pour
aussi que les équipes s'habituent à travailler ensemble jour après jour, qu'on
ne change pas de médecin spécialiste à chaque jour.
Donc, j'ai convenu avec la ministre de la
Santé mais aussi avec les deux présidents des fédérations de médecins que,
pendant les deux prochaines semaines, on va limiter les activités dans les
hôpitaux aux activités qui sont urgentes. D'abord, je veux rassurer tout le
monde, ce que ça veut dire, c'est que les personnes qui ont besoin d'un
traitement pour le cancer, pour le cœur, qui est urgent, vont recevoir le
traitement. Donc, ça, c'est très clair. Les urgences vont être faites. Mais
tout ce qui est possible de reporter, bien, ça va être reporté parce que
l'urgence nationale, c'est d'amener le plus de monde possible le plus
rapidement possible à temps plein dans nos résidences pour aînés. Donc, on a
actuellement 4 000 personnes qui sont atteintes de COVID-19 dans nos
résidences. Il faut s'en occuper, puis on manque 2 000 personnes pour
s'occuper de ces personnes vulnérables.
Donc, je redemande aux médecins, puis en
particulier les médecins spécialistes parce que, là, en annulant, reportant
toutes les activités, bien, il devrait y avoir de la disponibilité. Il y en a
qui vont pouvoir se regrouper puis confier à une ou deux personnes les
activités urgentes, puis ça va libérer les autres pour aller dans les
résidences. Mais c'est important qu'on ait plus de médecins qui viennent pour
deux semaines, là. Quand je dis à temps plein, c'est à temps plein pour deux
semaines, le temps de reprendre le contrôle.
Je demande aussi aux médecins, aux
infirmières, aux préposés de régions moins touchées, comme ici, à Québec, là,
de venir à Montréal pour deux semaines dans nos résidences. On a besoin de vous
autres. Notre réseau est organisé, il y a des CISSS et des CIUSSS pour chaque
région, mais là il faut plus que jamais avoir une collaboration.
Dans les autres personnes, à part les médecins
spécialistes, bien sûr, s'il y a des médecins de famille qui sont capables de
se libérer de tâches moins urgentes, s'il vous plaît venir dans les résidences.
Bon, là, on a, jusqu'à présent, 65 personnes de l'armée qui sont dans les
CHSLD. On est prêts, évidemment, à accueillir les 60 autres, là, dès
qu'elles seront disponibles. On a commencé à ajouter des étudiants aussi en
santé dans nos CHSLD puis on a réépluché la liste du site Je contribue!
Puis d'ailleurs je veux faire une
précision. On s'est rendu compte que, dans les 50 000 personnes qui
ont donné leur nom, il y en a qui ont donné leur nom deux fois, trois fois,
10 fois dans les différentes régions du Québec. Donc, dans le fond, il n'y
a pas 50 000 personnes qui sont inscrites, il y en a 19 000.
O.K.? Et donc il en reste à peu près un 15 000 qu'on est en train
d'appeler pour voir leurs disponibilités. Mais, un peu comme je le disais pour
les médecins tantôt, on a besoin des gens à temps plein. On ne veut pas avoir
des gens qui viennent une journée ou une demi-journée. Ça nous prend des gens à
temps plein pour limiter le nombre de personnes qui rentrent dans les
résidences puis de s'assurer aussi qu'on est capables de faire fonctionner tous
ces gens-là ensemble, qu'ils s'habituent à travailler ensemble jour après jour,
qu'on ait des équipes, donc, dans les différentes résidences.
Un mot sur le matériel de protection. Bon,
je voyais encore en fin de semaine qu'il y a certaines résidences qui disaient
qu'il manquait de matériel de protection. Il n'y a pas de raison à ça. On a
assez de matériel de protection. On est en train d'ailleurs aussi de commencer
à fabriquer des blouses, même il y en a qui ont commencé à être livrées. Les
masques, bon, vous avez vu l'annonce aujourd'hui, avec certaines
entreprises, on est en train de s'assurer de commencer à en fabriquer
nous-mêmes. Donc, il n'y a pas de problème à court terme avec le matériel de
protection.
Là où on a un problème, c'est avec
certains médicaments. Les sédatifs, là, partout dans le monde, il y a
effectivement une pénurie. Donc, il y a des produits similaires qu'on utilise.
On explique aux gens comment utiliser les produits similaires.
Maintenant, bon, les syndicats. J'ai bien
entendu les commentaires des syndicats en fin de semaine. Et c'est important,
je le répète, là, on aurait dû le faire avant, j'aurais dû le faire avant, il
faut trouver un moyen d'augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires
de façon permanente le plus rapidement possible. Donc, j'ai demandé au président
du Conseil du trésor de convoquer demain les syndicats, donc, entre autres, la
CSN, la FTQ, puis d'essayer, ensemble, avec les syndicats, de régler le plus
rapidement possible toute la question des salaires des préposés aux
bénéficiaires. Je pense, l'idéal, c'est de le régler avec les syndicats, de le
faire rapidement.
Maintenant, en fin de semaine, j'ai parlé
à beaucoup de monde. Je le sais, là, je m'adresse aux Québécois, Québécoises de
tous les âges, qu'il y en a qui sont très tannés d'être à la maison, puis je
vous comprends. Je sais qu'il y en a aussi qui sont tannés d'entendre parler
des personnes âgées ou des aînés. Je le sais, moi-même, là, j'ai 62 ans
puis je n'aime pas ça, peut-être, être bientôt ou même déjà dans cette
catégorie-là. Donc, on va vous appeler les sages, hein, une suggestion du Dr
Arruda, les sages ou les moins jeunes. Il fait beau aujourd'hui.
Moi, je vous suggère, tout le monde qui
est capable de le faire, d'aller dehors aujourd'hui. Aller dehors, ça fait du
bien pour le moral. Puis, je comprends, vous ne pouvez pas rester confinés. La
seule chose qu'il faut essayer de faire, qu'il faut faire, c'est de rester à
deux mètres des autres personnes. Puis, quand vous rentrez, vous vous lavez les
mains. Mais toutes les personnes moins jeunes, plus sages, je vous invite à
aller dehors. Je sais qu'il y en a malheureusement qui ont besoin
d'accompagnateurs ou accompagnatrices. On est en train de voir ce qu'on est
capables de faire, là, peut-être avec des masques artisanaux.
Mes remerciements du jour. Je veux
remercier, bon, d'abord, tous ceux qui travaillaient déjà dans les résidences
pour aînés, qui ont porté à bout de bras les services dans ces résidences au
cours du dernier mois. Je veux remercier ceux qui se sont ajoutés au cours des
derniers jours puis je veux remercier à l'avance tous ceux qui vont s'ajouter
dans les prochains jours.
C'est notre urgence nationale actuellement.
On a des milliers de personnes vulnérables qui sont à risque dans nos
résidences pour aînés. Ils ont besoin d'aide. Ils ont besoin de personnel
médical de toute sorte. On a le devoir d'aller les aider, puis je veux dire un
énorme merci à l'avance à tous ceux qui vont se joindre à cette équipe.
Donc, je termine en vous disant : Il
ne faut pas lâcher, on va s'en sortir ensemble. Merci.
Le Modérateur
: Maintenant,
en anglais.
M. Legault : Yes. Good afternoon. First, I would like to offer my condolences to
the people of Nova Scotia for the terrible tragedy. My thoughts are with you.
Last week, I sounded the
alarm about a national emergency in our seniors' residences. My goal is to
stabilize the situation in
every affected residence. That's why I've asked that all available physicians
work full-time in the residences for the next two weeks. It will help us gain
time and save the lives of our most vulnerable elderlies.
Finally, I ask every Quebecker to continue their efforts of
physical distancing. We're doing what it takes to save lives. Thank you all.
Le Modérateur
:
Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions des
journalistes, nous allons débuter aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco
Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. M. le premier
ministre, vous invitez les gens des... en fait, le personnel des milieux de
santé des régions moins touchées à donner un effort supplémentaire peut-être
pour la région de Montréal, là, qui est plus touchée. Qu'est-ce qui est prévu
pour ces personnes-là si jamais ils décident effectivement de répondre à votre
appel? Est-ce qu'il y a des lieux où ces gens-là peuvent loger? On dit souvent
que le diable est dans les détails, là. Est-ce que vous avez déjà amorcé une
espèce de structure, là, pour faire en sorte que ces gens-là puissent être
logés, puissent être...
M. Legault : Oui,
effectivement, on a prévu des hôtels pour les loger. Donc, les gens, par
exemple des médecins, des infirmières de Québec qui viendraient travailler pour
deux semaines à Montréal, on va les loger dans des hôtels. Donc, on est en
train de re-refaire le tour, là, mais oui, on va s'occuper du logement.
M. Lacroix (Louis) : Et
comment ça se fait, M. Legault, qu'on se rend compte aujourd'hui que notre
système de santé est complètement... j'allais dire désorganisé par ce qui se
passe, là? Parce qu'on est obligé d'arrêter de donner des soins dans les
hôpitaux, prendre le personnel qui normalement est dans les hôpitaux, les
envoyer dans les CHSLD, demander aux spécialistes de travailler dans les CHSLD,
etc.
Comment ça se fait qu'au fil des ans on
n'a pas vu venir quelque chose d'aussi important que ça, à savoir, il suffit
qu'il y ait un événement... puis je comprends qu'il est majeur, et c'est du
jamais-vu, mais tout le système de santé qu'on a monté depuis nombre d'années tombe
comme un château de cartes. C'est un peu comme le jeu de Ker Plunk, là, où tu
montais une structure, puis tu enlevais une tige, puis tout s'effondrait. On a
l'impression qu'on est là-dedans. Est-ce qu'on n'a pas été négligents avec
l'administration de notre système de santé?
M. Legault : Bon, regardez, d'un
côté, on a les résidences pour aînés; de l'autre côté, on a nos hôpitaux. O.K.?
On avait déjà de la difficulté à attirer les gens à venir travailler dans nos
résidences. Donc, on avait déjà... malgré les augmentations de budget, là, on
n'arrivait pas à combler les postes dans les résidences parce que c'est très
dur de travailler dans les résidences, donc de là l'importance d'augmenter les
salaires.
Maintenant, on a à peu près
6 000 personnes soit qui sont infectées ou qui ont peur d'être
infectées qui ne travaillent plus dans le réseau, à peu près 2 000 dans
les résidences, 4 000 dans les hôpitaux. Pourquoi on est plus capables
d'assumer, dans les hôpitaux, la situation? Parce qu'on a reporté les
chirurgies, les activités qui n'étaient pas essentielles. Donc, on a des
milliers de médecins spécialistes et les infirmières qui habituellement
travaillent avec ces médecins spécialistes qui sont disponibles dans les
hôpitaux. On n'a pas cette disponibilité-là dans les CHSLD.
Donc, ce qu'on dit, c'est que depuis un
mois on a reporté toutes les chirurgies qui n'étaient pas urgentes dans les
hôpitaux. Ça a libéré des lits, au cas où on en aurait eu besoin. Bon, on en
avait 8 000, là, on en a besoin juste d'à peu près 1 000. Donc, là,
il y a des gens qui sont disponibles, des spécialistes puis les infirmières qui
travaillent avec les spécialistes, qu'on est en train de redéployer dans les
CHSLD. Puis pourquoi on n'a pas le même problème dans les hôpitaux? Bien, tout
simplement parce qu'on a reporté des activités.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Je vais commencer avec une question d'une collègue. Vous avez
fait allusion, donc, aux besoins en médecins et également au report d'activités
urgentes. Mais il y a quand même des regroupements de médecins, notamment l'association
des cardiologues, des pneumologues et des anesthésistes, qui tiennent un autre
discours, qui affirment que les restrictions actuelles mettent en péril la vie
des patients, et certains craignent qu'on sauve des vies pour en sacrifier
d'autres. Que leur répondez-vous?
M. Legault
: Bien, écoutez,
je l'ai expliqué, là, puis, bon, c'est facile de faire peur aux gens, là, mais
ce qu'on dit, c'est que tout ce qui est urgent, que ça soit les cardiologues ou
que ça soit les gens qui s'occupent du cancer, qui s'occupent des maladies
graves, ces personnes-là vont continuer de donner les traitements qui sont
urgents. Donc, je comprends que ce n'est pas naturel d'aller travailler dans
les CHSLD pour ces gens-là, mais c'est là qu'on a besoin d'eux autres.
Mme McCann : Si vous
permettez, M. le premier ministre, on a 18 000 lits, au Québec, là,
en secteur hospitalier. Il y en a à peu près 7 000 qui sont libres actuellement
parce qu'on a reporté des chirurgies électives. Donc, il y en a 12 000 qui
sont occupés, là, par des patients dont on s'occupe. Alors, ça, ce sont toutes
les situations urgentes. Il y a les urgences, il y a tout le secteur... comme
dit M. le premier ministre, le secteur de l'oncologie, cancers, le secteur de
la cardiologie, et on s'occupe de tout ce qui est urgent, et même semi-urgent.
Alors, en fait, la situation demeure la même depuis le début, ce qu'on a
annoncé, de la crise, là, on ne change pas, là, hein, ce sont ces activités-là
qu'il faut continuer dans le milieu hospitalier, mais on considère qu'il y a du
personnel, des médecins qui sont inactifs ou qui sont libérés parce qu'effectivement,
à cause de ces 6 000 lits — ou 7 000, parce que ça
varie quand même un peu — 7 000 lits qui sont libérés, et
les chirurgies électives aussi.
Mais moi, ce que je veux ajouter, là, par
rapport à la question que vous posez, moi, je veux dire à la population, puis
surtout aux patients, aux gens qui ont des maladies chroniques, aux gens qui
ont un cancer ou qui ont des problèmes cardiaques, appelez votre médecin,
appelez votre spécialiste, il est là pour vous. Ceux-là ne vont pas s'en venir,
là, en CHSLD, là. Il est là pour vous. Parce que ce qu'on entend, c'est que les
gens attendent, attendent trop pour appeler, attendent trop, peut-être même
pour se rendre à l'urgence s'ils ont des douleurs potentiellement liées à un
AVC, à un problème cardiaque. Moi, je dis aux gens aujourd'hui, oui, on fait
une opération dans les CHSLD qui est nécessaire, qui est temporaire, mais ça ne
touche pas tout ce qui est urgent, tout ce qui est semi-urgent et qui peut
devenir urgent. On a des équipes qui suivent ça de jour en jour, des équipes
cliniques. Alors, moi, je veux dire à la population : N'hésitez pas,
appelez votre médecin, venez à l'urgence. Appelez l'ambulance, si vous avez
besoin. N'hésitez pas.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Bergeron (Patrice) : Maintenant,
en complémentaire, M. le premier ministre, j'aimerais revenir sur votre mea
culpa de la semaine dernière. Vous aviez dit alors que vous auriez dû augmenter
les salaires des préposés même sans l'accord des syndicats. Or, la FTQ, aujourd'hui,
rappelle qu'au dépôt des demandes, le 11 décembre dernier, elle avait
demandé des hausses plus élevées pour les plus bas salariés, dont les préposés.
Alors, pourquoi ça n'a pas été accepté, à
ce moment-là, cette offre modulée là?
M. Legault : Bien, moi,
j'étais content d'entendre les syndicats, en fin de semaine, dire qu'ils
étaient ouverts. Donc, réglons-le, à ce moment-là, s'il n'y en a pas de
problème.
Moi, ce que je voudrais, c'est qu'on règle
les préposés aux bénéficiaires, mais j'ai bien entendu certains présidents de
syndicats dire : Oui, mais il faudrait aussi augmenter les autres groupes.
Là, ce qu'on parle, c'est les préposés aux bénéficiaires, d'augmenter de plus
les préposés aux bénéficiaires que les autres groupes d'employés. Moi, s'ils
sont d'accord, là, parfait, on va régler ça rapidement.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. M. le premier ministre, à la guerre, le nerf, c'est l'information.
Est-ce que, depuis le début, vous avez été en mesure d'avoir toute
l'information que vous auriez dû avoir pour prendre les bonnes décisions? On
n'a pas l'impression.
M. Legault : Oui. Moi, je
pense qu'on a eu toute l'information. Évidemment, on fonctionnait avec des
prévisions. On pensait avoir besoin de 5 000, 7 000, 8 000 lits
pour accueillir des gens atteints de la COVID-19 dans les hôpitaux. Ce n'est
pas arrivé.
Par contre, ce qui est arrivé, et là on a
eu l'information au fur et à mesure... Rappelez-vous les premiers moments. Je
vous ai dit : La pire chose qui pourrait nous arriver, c'est que la
COVID-19 rentre dans les résidences pour personnes âgées. C'est pour ça que
j'ai été probablement un des premiers à dire : Il faut interdire les
visites, il faut empêcher la COVID-19 d'entrer dans les résidences. Mais,
malgré ça... puis on pourra éventuellement regarder pourquoi ça a rentré autant
que ça, probablement via les employés qui ne portaient pas toujours le matériel
de protection individuelle nécessaire. C'est là, là, qu'il y a eu une surprise
importante, c'est de voir qu'il y a 4 000 personnes infectées dans nos
résidences. Si quelqu'un m'avait dit ça, le jour un, j'aurais dit : Bien,
voyons donc!
M. Laforest (Alain) : Dr
Arruda, vous avez fait le SRAS, vous avez fait le H1N1. L'Organisation mondiale
de la santé, depuis des années, avise tous les gouvernements qu'il y a un
risque de pandémie et de se préparer. On constate que le Canada et le Québec
n'étaient pas prêts.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je vais peut-être... Je vais répondre à votre question, mais avant je
voudrais juste m'assurer de répondre à une question qui m'a été posée par, je
pense, M. Bossé, vendredi dernier, en lien avec combien de patients infectés
sont sortis vivants des soins intensifs. Je pense que c'est vous qui m'avez
posé la question. C'est 86 % des gens qui sont passés aux soins intensifs,
qui sont sortis actuellement, à peu près, en termes d'estimé. Donc, il y a à
peu près un taux de mortalité autour de 14 %, 15 %, c'est ce qu'on s'attendait,
quand les gens sont malades et qu'ils sont hospitalisés
Écoutez, c'est toujours une question très
importante, ce que vous dites. On avait des réserves, pour la pandémie,
notamment d'antiviraux, etc. On a eu des masques N95, etc. Il y a des
décisions qui sont prises par les gouvernements puis les autorités, là. Il faut
voir que les pandémies, ce genre de pandémie ci, notamment, a des
caractéristiques très particulières, en lien avec le fait que les gens sont
asymptomatiques avant de donner la chose.
C'est toujours facile, a posteriori, de
dire qu'on n'est pas prêts. Est-ce que vous pouvez me dire : Si on
avait su, on aurait eu des réserves de masques, on aurait eu des entreprises au
Québec pour être capable d'avoir des masques, on aurait peut-être équipé
mieux... ou avoir eu une meilleure structure de gestion dans nos CHSLD? La
réponse, en rétrospective, c'est clair que c'est oui.
Moi, je pense qu'on travaille... Je pense
que, partout dans le monde, on s'est retrouvés un peu dans la même situation.
Peut-être que, par exemple, la Chine, avec ses capacités de produire des
masques dans ses propres entreprises, c'est différent de nous. Donc, il y a
plein de facteurs, je pense, qui font qu'on pourra regarder pour analyser ce qu'il
en est. Moi, je peux vous dire qu'on fait mieux que ce qu'on a déjà fait
antérieurement, devant une menace comme celle-ci, qui est beaucoup plus grande
que celle du H1N1. Puis je peux juste vous dire aussi que, quand on avait fait
la H1N1, on s'est fait reprocher qu'on avait trop dépensé, qu'on avait fait
faire un vaccin qui n'était pas nécessairement utile, que ce n'était pas plus
grave que d'autre chose, qu'on jetait des antiviraux puis qu'on allait jeter
des masques. Ça fait que, voyez-vous, ces grandes, grandes menaces là
nécessitent des investissements qui sont très importants et puis, des fois, à
court terme, devant ce qui est à faire, l'amélioration des soins puis etc., c'est
ces choix-là qui sont faits plutôt que de stocker pour une pandémie.
Mais on aura probablement, comme il y a eu
suite au SRAS, une commission d'enquête, puis des gens vont regarder ça, puis j'ai
l'impression que les gouvernements vont être plus sensibles à investir en
prévention puis à avoir ces matériels-là pour les prochains siècles. Je tiens à
vous dire aussi qu'on va avoir peut-être une crise en lien avec la résistance
aux antibiotiques, qui est une autre menace dont on parle depuis une éternité.
Des menaces, il va y en avoir comme telles, mais c'est des choix qui sont
difficiles, des fois, pour les gouvernements, de balancer le moyen, le court et
le long terme. Mais je pense qu'on va avoir une bonne oreille en prévention, au
cours des prochaines semaines et mois, comme telle pour un petit peu se
redonner un équilibre à l'intérieur de tout ça.
Le Modérateur
: Merci
pour vos réponses. Prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Est-ce qu'il est concevable ou envisageable de peut-être déconfiner les sages,
les gens de 70 ans et plus, qui sont en santé? Est-ce que c'est une possibilité
ou ce n'est pas...
M. Legault : Bien, comme
je le disais tantôt, d'abord, d'aller prendre une marche à deux mètres des
autres personnes, allez-y, s'il vous plaît. Maintenant, bon, qu'est-ce qu'on
peut faire avec des accompagnateurs qui auraient des masques? Bien, on est en
train de regarder ça. Mais je comprends très bien, là, que ces personnes-là ont
hâte d'être déconfinées.
M. Bossé (Olivier) : Mon
autre question, c'est... Oui?
M. Legault : Puis
j'ajouterais aussi, là... Il y a comme deux situations complètement
différentes, là, les résidences de personnes âgées qui sont très infectées puis
toutes les autres personnes qui vivent dans leurs maisons, là. On a beau dire,
là, la situation va quand même beaucoup mieux qu'on pensait dans les hôpitaux, beaucoup
mieux qu'on pensait dans l'ensemble de la société, si on exclut les résidences.
Mme McCann : Et moi,
j'aimerais ajouter, par rapport aux résidences puis à la question de
M. Laforest également, que ce qu'on est en train de faire, là, dans les
résidences, il y a des choses qui vont rester parce que, quand on parle
d'équipes dédiées, là, la première chose à faire, c'est d'ajouter du personnel,
et c'est ce qu'on est en train de faire. Il y en a que c'est du personnel
temporaire, mais il faut qu'on pense tout de suite à l'ajout permanent de
personnel dans les résidences, dans les CHSLD. Alors, ce qu'on est en train de
faire, il y a des choses qui vont évidemment être dans une transition, mais il
y en a d'autres qui vont continuer. Et ça, je pense que c'est important de le
dire, là, qu'on est en train de vivre une situation qui est très difficile,
très difficile, mais on va faire ce qu'il faut pour que, dans le futur, ça ne
se reproduise pas puis qu'on ait les conditions pour protéger, là, davantage
nos personnes.
M. Arruda (Horacio)
:
Est-ce que vous permettez? Je voudrais juste ajouter un élément. C'est
excessivement dramatique, ce qui se passe dans les CHSLD, puis, de voir ces
personnes, nos sages mourir comme ça, c'est très difficile. Mais je veux aussi
vous dire que nos experts... Puis on discute avec des experts qui font des
scénarios justement pour le potentiel déconfinement, mais aussi regarder ce
qu'on a fait. On a sauvé des dizaines de milliers de vies avec les
interventions de distanciation sociale puis de confinement qu'on a faites. Il y
en a certains qui estiment entre 40 000 puis 60 000 décès qu'on
aurait pu avoir si le virus aurait pénétré dans la population. Il aurait frappé
à la fois beaucoup plus de personnes âgées dans les RPA, puis etc., et
probablement aussi plusieurs jeunes qui, malheureusement... C'est plus rare,
mais, s'il y a beaucoup de virus qui circulent, la probabilité d'avoir des
jeunes de 40 ans qui décèdent, comme on a eu ce préposé aux bénéficiaires,
augmente de façon significative. Donc, je ne voudrais pas qu'on ait l'impression
que tout ce qu'on a fait n'a pas fonctionné.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Bossé (Olivier) : Bien,
mon autre question, c'est que le 4 mai, c'est dans deux semaines; les
écoles et surtout le personnel a besoin de préparation, savoir s'ils ouvrent ou
pas. Je ne sais pas où est-ce que vous en êtes rendus dans votre réflexion
là-dessus.
M. Legault : Bon,
effectivement, on pense qu'on a besoin d'un deux semaines de préparation. Puis
honnêtement, aujourd'hui, on n'est pas prêts à annoncer une ouverture des
écoles dans deux semaines. Donc, tirez vos conclusions. On est en train de
regarder ce qu'on peut faire dans les services de garde, autant les services de
garde CPE et autres que les services de garde dans les écoles. Mais ça prend
des précautions, ça prend le fameux deux mètres, ça prend... bien, toute sorte
de précautions qu'on discute avec la Santé publique. Mais, il n'est pas
question, là, de réouvrir les écoles à court terme.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question pour Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Je préférerais que vous tiriez vous-mêmes les conclusions, M. le
premier ministre, au sujet de la réouverture des écoles. Quand vous dites :
Ça prend deux semaines de préparation, puis on ne prévoit pas une réouverture,
on ne l'annonce pas maintenant, on doit comprendre que c'est reporté au moins
d'une semaine, la réouverture des écoles?
M. Legault : Bien, la journée
que je vais vous l'annoncer qu'on réouvre les écoles, ça va être dans deux
semaines minimum. Ça fait que là, aujourd'hui, je ne vous annonce pas qu'on
réouvre les écoles. Mais je ne peux pas vous dire quand on va les réouvrir, là,
on a des discussions, on a des évaluations. L'idée c'est de dire : Il faut
y aller graduellement, là, même pour la santé, là. Ne parlons pas d'économie,
parlons juste pour la santé, là, il faut y aller graduellement, là. On commence
par les entreprises. Il ne faudrait pas tout mettre en même temps à l'automne,
ce serait risqué du côté de la santé. Donc, il faut y aller graduellement,
autant du côté des entreprises, que du côté des services de garde, que des
écoles. C'est ça qu'on est en train de faire tranquillement, là. Pour
l'instant, on commence par les entreprises.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Chouinard (Tommy) : Maintenant,
la semaine dernière, vous nous disiez : Il manque
1 800 personnes dans nos CHSLD, il y a 1 800 personnes,
bon, absentes pour différentes raisons. Depuis, vous avez demandé l'aide, dans
une certaine mesure, de personnels de l'armée, une soixantaine, vous avez dit :
On va refaire un tour de roue pour Je contribue!, vous videz les hôpitaux, là,
il y a les fonctionnaires qui sont appelés. Au net, vous dites : Il manque
en ce moment 2 000 personnes. Ça ne fonctionne pas, les renforts?
Vous avez des inquiétudes par rapport à ça?
M. Legault : Oui. Bien, pour
commencer, le 1 800, il est rendu à 2 100, là, si on prend juste les
absences dans les CHSLD. On a amené 65 personnes de l'armée canadienne, on
a amené une centaine de médecins à temps plein. Quand je dis 2 000, là,
c'est 2 000 à temps plein. C'est comme j'expliquais ça à Diane Francoeur
samedi soir, là, peut-être je n'ai pas été clair, mais c'est 2 000 à temps
plein, pas 2 000 personnes qui viennent une journée par semaine, là,
2 000 à temps plein, donc cinq jours par semaine. Mais, pour l'instant, il
nous en manque encore 2 000, malheureusement. On a eu beau revoir Je
contribue!, les médecins spécialistes, les étudiants, il nous en manque encore
2 000.
Mme McCann : Mais il y a du
potentiel, M. le premier ministre...
M. Legault : Oui, oui, il y a
du potentiel.
Mme McCann : ...parce qu'on a quand
même 2 195 étudiants qui ont donné leur candidature, là. Alors, évidemment,
ça, ça veut dire que c'est des gens qui vont venir, là. C'est des gens qui sont
formés en santé et services sociaux. Et on pense en avoir davantage que ça,
hein, parce qu'il y a un bassin de 17 000 personnes au sein de ces
étudiants. Donc, on va les former, mais on va les former en accéléré parce que
c'est des gens qui ont une bonne base. Et donc moi, je pense que, pour le court
terme, avec les médecins puis avec les autres groupes dont on vous parle, on va
être capables de répondre puis d'avoir un meilleur contrôle, là, sur la situation.
Les étudiants, ils vont rester également, là, pour l'été, et certains d'entre
eux de façon pérenne, là, de façon permanente, parce qu'il y a là-dedans des finissants.
On s'est entendus avec les ordres professionnels, là, pour qu'ils soient
acceptés même s'ils n'ont pas fini leur dernier stage.
Et ce que je veux dire également, pour le
futur, ce que j'ajouterais à ce que je disais tout à l'heure, c'est qu'on ne
sera pas dans la même situation, là, dans l'année qui vient, qu'on l'était
avant la crise. On va avoir du potentiel de main-d'oeuvre qu'on n'avait pas
avant. Vous vous souvenez qu'on a investi, comme gouvernement, près de
100 millions dans les CHSLD puis on n'a pas été capables de recruter tout
le monde qu'on voulait recruter. Mais là, dans ce contexte-ci, on va avoir
probablement des gens qui vont être intéressés à venir travailler avec nous. Il
y a un ensemble de conditions à réunir, mais on a bon espoir qu'on va être
capables de recruter et vraiment d'ajouter du personnel comme on a souhaité le
faire dans le passé.
Le Modérateur
:
Dr Arruda.
M. Arruda (Horacio)
:
Rapidement, aussi, il faut penser qu'il y a deux ou trois chiffres, là, dans
une journée, aussi, en termes de personnes, hein, qu'il faut aussi prendre en
considération. Puis les gens doivent prendre des vacances aussi parce qu'ils ne
peuvent pas continuer pendant 45 jours sans avoir une journée de vacances
ou deux, parce que plus on est fatigué, plus on peut faire des erreurs, etc. Ça
fait que c'est tout ça qu'il faut prendre en compte parce que le problème ne
sera pas fini demain matin non plus, là. Il va durer encore quelques semaines,
pour ne pas dire mois.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Donc, juste pour être bien certain de comprendre ces chiffres-là
justement, alors on comprend : 2 100 absences, là, on soustrait
100 médecins spécialistes, ça donne 2 000, on soustrait
65 militaires, donc il manque toujours 1 935 personnes environ.
Et là je comprends donc qu'il n'y a pas de gens issus, par exemple, des
entreprises d'économie sociale qui ont encore commencé à travailler. Il n'y a
pas encore d'étudiants non plus qui ont commencé à travailler. On est toujours
à zéro. Et les gens issus, là, des régions, d'une région à l'autre, ça, ce
n'est pas dans ce calcul-là non plus? Je veux être sûr d'avoir un bon portrait
des chiffres.
Mme McCann : Les entreprises
d'économie sociale... D'ailleurs, moi, je lance un appel parce que ces gens-là,
il n'y en a pas beaucoup à ce moment-ci, là, qui... D'ailleurs, je remercie
ceux qui viennent nous aider, mais c'est une couple de dizaines, là, qu'on a
actuellement. Nous, on espérait vraiment en avoir au moins 1 000, et sinon
plus. Alors, ce sont des gens formés.
Moi, je lance encore l'appel, là, pour
qu'ils viennent nous rejoindre, c'est vraiment des gens qu'on n'a même pas
besoin de former parce qu'ils savent vraiment ce qu'il y a à faire, là, dans
les tâches. J'ai parlé aussi des étudiants. Les étudiants, on va les former de
façon accélérée, alors je vous dirais, dans les prochains jours, là, on va les
former, et ils pourraient rentrer dans les prochains jours pour nous aider.
C'est pour ça que les médecins
spécialistes, eux, peuvent venir très rapidement. Il y a des omnis également,
on a 164 médecins qui sont venus hier nous aider, mais je pense qu'il
pourrait y en avoir plus, comme l'a dit le premier ministre. Des gens à temps
plein, c'est ça que ça nous prend, des gens à temps plein, et qui viennent
constituer des équipes. Un peu comme l'armée a fait, hein, cinq équipes de 13,
là, qui sont arrivées dans cinq CHSLD qui ont beaucoup, beaucoup apprécié. C'est
ça qu'on organise, maintenant, c'est des gens à temps plein. Alors, moi, je
pense qu'on va pouvoir avoir le nombre suffisant, là, pour y arriver à court
terme.
M. Lavallée (Hugo) : O.K.
Donc, concernant la difficulté à recruter des médecins spécialistes, là, je
lisais la note envoyée par le ministère de la Santé et des Services sociaux au
cours des dernières heures, où on explique, là, je vous cite un extrait :
«...les médecins sont invités à contacter le directeur des services
professionnels, les chefs de département régional de médecine générale ou le
coordonnateur médical à la réaffectation de leur établissement. Des listes
locales de réaffectation [sont] établies afin de faciliter le jumelage[...].
[...]Un logiciel interactif a [...] été mis en place...» Plus loin, on parle
d'une formation, d'un jumelage. Fin de la citation.
Ça semble quand même un processus assez
complexe. Est-ce qu'il n'y a pas moyen de simplifier un peu ce processus-là,
d'une part, et, d'autre part, est-ce que cette difficulté à recruter là ne
s'explique pas en partie par une certaine lourdeur bureaucratique au ministère
de la Santé?
M. Legault
: Je me suis
posé toutes ces questions-là pendant une partie de la fin de semaine. Ce qu'il
faut comprendre, c'est que notre réseau est divisé en six CIUSSS, là, qu'au
Québec, il y a des CISSS puis des CIUSSS, O.K.? Donc, ça dépend des régions.
C'est plus compliqué à Montréal parce qu'il y en a plusieurs, puis il y a des
CHU, en plus, donc ça peut arriver qu'une personne soit disponible, mais qu'il
n'y ait pas de besoin dans les CHSLD de son CISSS, mais qu'il y en ait, des
besoins, dans le CISSS à côté, à Montréal. Donc, c'est pour ça que le système,
qu'on le veuille ou non, est un peu plus complexe. Idéalement, on veut d'abord
s'assurer que les médecins qui travaillent à l'hôpital dans un territoire...
que le CISSS prenne ces médecins-là, les envoie dans des CHSLD du même
territoire. Ça, c'est le bout facile.
Le bout plus difficile, c'est quand on
prend, mettons, le CHU Sainte-Justine, bien, qui a besoin... qui a des médecins
disponibles, on les envoie dans quel CISSS, dans quel CHSLD? C'est là que ça
devient complexe, là, et j'avoue que c'est ça, là, qu'il faut continuer à
travailler de façon détaillée. En fait, moi, ce que j'ai demandé, là, c'est de
dire : On a 2 600 résidences, là, quels sont les besoins dans chacune
des 2 600 résidences? Puis là prenons les médecins spécialistes puis
essayons de les envoyer dans ces 2 600 résidences, peu importe le territoire.
Mme McCann : Et, oui, ça a
l'air complexe, hein, mais c'est connu, hein, c'est connu des médecins, ces
instances, hein? Le médecin spécialiste, son directeur de... les services
professionnels, c'est connu. Il y a déjà des listes. Il y a une instance de
réaffectation. C'est des mécanismes qui sont déjà en place depuis le début de
la pandémie. Les médecins et omnipraticiens, le chef du département régional de
médecine générale... connu. Alors, ça devrait se faire de façon quand même très
souple.
Et je dois dire que, oui, les régions les
plus affectées, on les connaît, là, c'est Montréal, Laval, la Montérégie, et il
y a des expériences... plus que ça, de l'aide, là, qui vient de nos CHU. Entre
autres, par exemple, McGill, qui aide actuellement des CHSLD avec le
Centre-Ouest de Montréal, qui a plusieurs CHSLD, donc qui a envoyé des
médecins. Sainte-Justine aussi qui aide, là, des CHSLD. Il y a plusieurs
médecins qui sont partis de Sainte-Justine pour aider.
Alors, je pense que demain, après-demain,
on va avoir davantage de médecins, encore une fois, j'espère, à temps plein.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
au tour de Marie-Michelle Sioui du journal Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. Bon lundi à vous trois.
M. Legault, le comité d'experts sur
la gestion de crise dans les CHSLD que vous avez formé vous reproche de faire
fi de ses recommandations en demandant aux médecins spécialistes d'aller prêter
main-forte dans les ressources pour aînés, personnes vulnérables. Vous
reformulez cet appel-là aujourd'hui. Qu'est-ce que vous allez faire pour
regagner la confiance des membres de ce comité-là puis pour leur prouver qu'ils
ne font pas seulement partie d'un exercice de relations publiques? Et puis je
cite un des membres du comité.
M. Legault : Oui. Bien,
j'aimerais que le comité d'experts me suggère d'autres solutions. Moi, là, je
suis un gars de résultats, je suis un gars pragmatique. Je veux bien que
certains experts nous disent : Ce n'est pas idéal d'envoyer des médecins
spécialistes dans des CHSLD. On est d'accord avec ça. Qu'est-ce qu'ils
proposent en échange? Parce qu'on est tous d'accord que ce n'est pas l'idéal,
pour répondre aux besoins dans les CHLSD, d'envoyer des médecins spécialistes
dans les CHSLD. Mais, à partir du moment où on n'a pas, pour l'instant,
beaucoup d'autre monde, pour ne pas dire pas d'autre monde, mais qui ils nous
proposent d'envoyer dans les CHSLD?
Mme McCann : Et moi, ce que
j'ajouterais aussi, en complément, c'est que nous allons avoir davantage de
liens avec ce comité. D'ailleurs, dès demain, Mme Blais et moi-même, on a
une discussion, un échange avec le Dr Nguyen, qui est le président du
comité d'experts. C'est vraiment dans ce sens-là qu'ils peuvent, comme on l'a
dit lors du lancement, là, du groupe d'experts, vraiment nous donner des recommandations.
On va être très attentifs, on l'a été dès le départ. Mais on est dans
l'urgence, on est dans l'urgence, et il faut vraiment résoudre des problèmes à très,
très court terme. Donc, on est à l'écoute de ce qu'ils vont nous dire pour la
suite des choses. Et ils vont nous faire des recommandations.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Après Ottawa, Montréal recommande aussi le port du
masque. La directrice, Dre Drouin, si je ne me trompe pas, s'est même
présentée avec un masque à sa conférence de presse jeudi dernier.
M. Legault, vous venez d'aborder la question des masques artisanaux, vous
laissez entendre que les garderies vont ouvrir bientôt, avant les écoles. Dans
le contexte, est-ce que vous êtes encore à l'aise avec la position des équipes
du Dr Arruda, qui ne recommandent pas, pour l'instant, le port du masque?
M. Legault : Bon,
d'abord, répétons ce que dit Dr Arruda depuis le début : Il ne faut
pas avoir un faux sentiment de sécurité avec un masque, c'est très important de
garder la distance de deux mètres puis de se laver les mains avec du savon, régulièrement.
Ça, c'est ce que... M. Arruda n'a jamais dit qu'il était contre les
masques.
Maintenant, deuxième chose qu'il faut
tenir compte, c'est que, pour l'instant, les masques, on en a besoin pour le
personnel médical. Tant qu'on n'aura pas réussi, là, puis on y travaille très,
très fort, à fabriquer des masques pour l'ensemble de la population, bien, on
peut bien en discuter longtemps, mais, si ces masques-là n'existent pas, ne
sont pas disponibles, bien, c'est difficile, un peu, de conseiller de les
porter à la population en général. Bon, j'ai fait allusion tantôt aux masques
artisanaux. Est-ce que les masques artisanaux peuvent être d'une certaine
utilité? Oui, mais ce n'est pas idéal, encore là. Donc, ça fait partie des
discussions qu'on a ensemble pour, entre autres, effectivement, la réouverture
des services de garde, des écoles. Est-ce que ça pourrait faire partie de la
solution? Peut-être, peut-être. Mais on est dans les discussions, actuellement.
M. Arruda (Horacio)
:
Puis si vous me permettez, M. le premier ministre...
M. Legault : Oui. Bien
oui.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je n'ai jamais... Les gens ont l'impression que je suis contre les
masques, là, puis je voudrais bien être au clair, là-dessus, là, je n'ai jamais
été contre les masques. Je veux juste que les gens sachent qu'est-ce que ça
apporte le masque, puis pourquoi c'est utilisé, puis comment ça doit être
utilisé. Mes équipes, actuellement, sont en train de regarder ça. Et il y a une
littérature qui commence à démontrer que, peut-être, le port du masque pourrait
être un élément contributif à une diminution des épidémies. Mais il faut le
faire adéquatement, c'est ça que je tiens à vous dire dans les faits.
La personne qui va porter un masque
artisanal... Il y a toutes sortes de gens qui disent : On peut prendre un
tee-shirt puis... Tu sais, un tee-shirt, là, ça peut être très mince puis, en
termes de protection, ce n'est pas très élevé. Mais on va... on est en train de
regarder ça. Au cours de la semaine, on va avoir une position nouvelle par
rapport à ça pour que les gens puissent se fabriquer des masques, avec
certaines conditions, là, qui vont être adéquates. Mais je tiens à vous dire
que, si on voit, comme on voit aux États-Unis...
Ici, là, les gens, quand ils attendent
pour aller à l'épicerie, qu'ils sont à deux mètres les uns des autres, ils
n'ont pas de masque. Mais, si maintenant les gens vont se mettre à porter des
masques puis ils vont se mettre un à la queue leu leu derrière les autres, à un
pied, comme on voit ailleurs, bien, vous venez de voir que le masque, qui donne
cette impression de : «I'm Superman», «Je suis protégé», «Je ne me lave
plus les mains» puis etc., ça devient plutôt dangereux. Mais, si des gens, pour
protéger les autres ou peut-être pour éviter qu'ils contaminent les autres,
parce qu'ils sont asymptomatiques, avant qu'ils le fassent, portent un masque
de façon adéquate puis font les autres consignes, ça va être adéquat. On va
même probablement faire des vidéos pour expliquer aux gens comment le mettre,
comment l'enlever puis etc., parce que, même en milieu de soins, les gens
peuvent se tromper.
Ça fait que je ne suis pas contre les
masques. Je ne voudrais pas que les gens... Puis je veux vous dire que porter
un masque toute la journée, là, même en tissu, vous allez voir que vous allez
être essoufflé quand vous allez monter ou descendre les escaliers. Mais, si le
masque fait que les gens se rapprochent, en pensant qu'ils sont protégés, puis
qu'ils se mettent des gants, puis que là ils peuvent toucher à tout, je
m'excuse, là, on a véritablement un problème. Et tous reconnaissent encore que
l'efficacité de ça, là, n'est pas garantie, que ça peut même être nuisible.
Mais, si on le fait bien, on va le faire. Puis moi, je ne commencerai pas à
dire à quelqu'un : Aïe! tu portes un masque, ce n'est pas adéquat, là.
Ça fait qu'il faudrait vraiment corriger,
là, la perception qu'on a, qu'on a toujours dit non... puis, premièrement
aussi, autre élément, c'est que, comme je vous le dis, on n'en a pas pour tout
le monde. Ça fait qu'on va les utiliser pour ceux qui en ont véritablement
besoin puis... Mais, par contre, là, des masques, on va pouvoir en faire puis
on va vous donner même, entre guillemets, les meilleurs tissus ou les meilleurs
éléments pour pouvoir vous en fabriquer vous-mêmes.
Le Modérateur
: Merci.
On complète nos questions en français avec Geneviève Lajoie du Journal de
Québec, Journal de Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. M. Legault, vous avez annoncé des mesures importantes pour freiner la
propagation du coronavirus dans les CHSLD, qu'on pense à l'inspection de toutes
les résidences pour aînés, mais qui n'a finalement pas été faite partout. Vous
avez appelé des renforts pour aider dans les CHSLD, puis il y en a qui
attendent encore d'être déployés.
Quel constat faites-vous de la lourdeur de
la machine, de la structure que vous avez devant vous pour répondre à la crise
actuelle?
M. Legault : Moi, je ne pense
pas que le problème important, là, c'est la lourdeur de la machine. Je pense
que le problème principal, c'est qu'il nous manque de bras dans les CHSLD. Et,
oui, c'est difficile d'amener des personnes dans des résidences où la situation
est très difficile. Quand on dit : il y a 4 000 personnes qui sont
contaminées, là, qui sont infectées à la COVID-19, je peux très bien comprendre
qu'humainement il n'y a pas beaucoup de monde qui ont le goût d'aller
travailler dans les résidences. Mais le problème, il est là.
Est-ce qu'on aurait dû prévoir à l'avance
cette pénurie-là de personnel suite à la COVID-19 dans les CHSLD? Peut-être,
mais, pour moi, le principal problème, là, c'est de trouver des bras, trouver
des gens qui ont des qualifications, qui ont des connaissances médicales, qui
savent comment porter un masque, qui savent que les gants, quand on passe d'un
patient à l'autre, il faut les changer, etc. C'est là, là, qu'il nous manque de
monde. C'est là qu'il nous manque de monde, là. Donc, à un moment donné, on a
beau avoir zéro bureaucratie, si on ne les a pas, les 2 000 personnes pour
aller travailler dans les CHSLD, on ne peut pas les inventer.
Mme McCann : Puis il faut
aussi dire que les CISSS et les CIUSSS, puis, je pense, particulièrement dans
la grande région de Montréal, mais ailleurs au Québec aussi, ils doivent maintenant
s'occuper des situations qui se produisent dans les résidences pour personnes
autonomes, là, des RPA. Et on entend beaucoup, hein, des CISSS et des CIUSSS
qui viennent aider les RPA parce qu'il y a un bris de personnel, hein? Il est
arrivé une situation où il y a eu des cas et le personnel a dû quitter. Et ça,
ça se passe à travers le Québec, mais particulièrement dans la grande région de
Montréal. Ce n'est pas... Ça arrive quand même assez régulièrement, dans les
derniers jours, où c'est le CISSS, le CIUSSS qui envoie son personnel pour
supporter la résidence pour personnes âgées. On a vu aussi des CHSLD privés
qu'on a aidés beaucoup. Alors, il y en a 1 700, RPA, au Québec. Donc,
c'est un énorme travail qui est fait actuellement à différents niveaux par les
CISSS et les CIUSSS du Québec, et il y a aussi les ressources intermédiaires.
M. Arruda (Horacio)
:
Je vais me permettre d'ajouter un élément. Puis on pourra faire les constats
puis les analyses dans le temps, en rétrospective. Je suis sûr qu'il va y avoir
des commissions. Juste pour vous dire que l'agilité du réseau, là, vous ne
pouvez pas vous imaginer à quelle vitesse ça fonctionne. Je pense que les gens
ne réalisent pas tout le travail qui est fait, les gens qui travaillent jour et
nuit ne serait-ce que pour aller chercher du matériel, de l'équipement d'un
pays dans un contexte de pénurie internationale. Les lois de mesures d'urgence,
si vous savez, on a enlevé toutes sortes de processus administratifs qui sont
habituellement nécessaires quand on signe des contrats, quand on avance... On a
développé des logiciels d'enquête en dedans de trois, quatre jours, alors
qu'habituellement ça prend des processus qui prennent quasiment un an.
Ça fait que, quand on parle d'un réseau
complexe comme le nôtre puis d'agilité, là, je peux vous dire, moi, j'ai
rarement vu le système aussi agile qu'ici. Et donc je pense que, quelque part,
c'est facile, mais... Et c'est une épidémie très dynamique, dont le portrait
change. Actuellement, il y a des chercheurs qui regardent tout ça en même
temps, en temps réel. On est véritablement en action, réaction, action,
réaction. Je voulais le mentionner de façon claire, là, pour que les gens
comprennent le travail qui se fait en dessous de l'eau.
Le Modérateur
:
Rapidement, en sous-question.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez parlé tout à l'heure, M. Legault, là, des écoles. On comprend donc que ce
n'est certainement pas avant la mi-mai qu'on va réouvrir les écoles. Vous avez plutôt
mis l'emphase sur les garderies, les services de garde d'urgence qui pourraient
être élargis.
Justement, quand on doit retourner au
travail puis qu'on n'a pas de garderie, bien, on fait quoi avec ses enfants? Souvent,
on les envoie chez les grands-parents. En ce moment, ce n'est pas possible.
Donc, est-ce que vous allez élargir, pour être claire, l'accès aux garderies à
d'autres travailleurs comme... Puis est-ce que ce succès-là qu'il y a dans les
services de garde, qui ont relativement été épargnés jusqu'à maintenant, est-ce
que ça peut servir d'exemple pour les écoles?
M. Legault : Ça fait partie, effectivement,
des choses qu'on regarde, d'élargir les services de garderie pour les
travailleurs qui doivent puis qui peuvent retourner travailler. Ça fait partie
des scénarios qu'on examine actuellement.
Le Modérateur
: Ça va.
Merci. Donc, on va passer aux questions an anglais. We'll start with Samuel
Pouliot, CTV News.
M. Pouliot
(Samuel) : Hi! We have heard from someone in Montréal who had symptoms and who went to
get tested in place des Festivals. He was told that they were not testing his
age group. He's in his fifties.
What's the situationright now? Who's getting tested? And do we still have enough tests?
M. Arruda (Horacio)
: In fact, if he has symptoms, and it's not a criteria of age, he
would have been tested. I will tell you that. That's the case actually with the
priorisation. Unless he's already... somebody in his family was positive and he
gets exactly the same symptoms. But, in fact, they are tested. It's what is
recommended actually.
M. Pouliot (Samuel) : So he should get tested. And do we have enough tests?
M. Arruda (Horacio)
: Yes. Actually, we don't have any issues related to tests from what
I know, even of «coton ouaté», or the ties, or the reactives. We have the
capacity to do the tests actually.
M. Pouliot (Samuel) : And what's the situation with schools in Québec? The parents committee of English Montréal School Board is asking
to only reopen schools in September at earliest. What are the plans for the
schools?
M. Legault : So far, we don't expect to reopen schools for the next two weeks,
but, after that, we don't exclude any scenario. We're in discussion with public
health.
Le Modérateur
: Now Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon to all of you. Premier Legault and Mrs. McCann, I
have more or less the same question. Mr. Legault, when you said we still need 2,000
health workers in CHSLD, I had the impression that I was going through the same
press conferences than yesterday, so... like, in the previous days.
What do you say to
Quebeckers that have the impression right now that we're just going around and
we're not progressing? And, for Quebeckers that have, like, so much worries
about not getting the health care they need, for example people going through
cancers... And you're basically saying that they do have access to the health
care and the care they need. So, if you want to...
M. Legault :
OK. First, if we look at the last four weeks, for the last four weeks, we had
about 6,000 beds that were not used. Why was that? Because all non urgent
activities have been postponed. So, what we say today is no difference with
what happened in the last four weeks. What we say is that, for the next two
weeks, it'll be the same. We'll continue for cancer and other urgent services.
Those ones will be given. But the non urgent ones will be reported. Why is
that? Because we need those people that we thought would work with people
having the COVID-19 in hospitals. In fact, we didn't have more than
1,000 people that are using beds right now in hospitals. We expected
8,000.
So, what we are doing now
is ask those people, especially the physicians, the specialists, to come and
work in our residences, all right? Maybe I wasn't clear enough last week when I
said that, but those people, we need them full time. I don't want to restart
every day with a new physician in a new residence. I want them to come full
time for the next two weeks. So, that's why I had a phone conversation with
Diane Francoeur, Saturday night, telling her : Hey! it wasn't, maybe,
clear, I wasn't clear enough, we need full-time physicians in our residences.
So, I think now it's clear, and I hope, in the next few days, to get more
physicians, especially specialists, coming to work full time in residences.
Mme McCann :
It's the model that the army is using. Like we have 65 people from the
army, and they have five teams of 13 people that go in five long-term
facilities, and that's extremely helpful. So, that's what we're doing with the
people who are coming in, the doctors also who are coming in, and we have also
students that will come in eventually.
But we need people right
now. And that's where we need the specialists to be full time, with some GPs
also. But the GPs are already there as the doctors who take care of long-term
facilities. So we need those doctors to be organized
and to be in sufficient number, full-time, and to organize them in teams.
And I want also to make a
comment to your other question that you had, that we want to reiterate, to
really insist on the fact that everything that is urgent, is being done in the
hospitals. There is still 12,000 beds that are occupied in the hospitals
of Québec, and the emergencies are open, but also the physicians are there, the
specialists in oncology, in the cardiac domain, they are there, and other
domains where you need to call your doctor. You have a chronic illness, call
your doctor and don't wait. And they will organize treatment for you. They're
there for you. So I'm telling people not to wait when they need care.
Le Modérateur
: Next question.
Mme Senay (Cathy) : It's about the number of deaths in Québec. Mr. Arruda, do you
have still the impression that we're closer to the optimistic scenario or now,
we are getting closer to, basically, the Italy and the US? What do you think?
M. Arruda (Horacio)
: I don't think we're going to be like United States or Italy,
because the youth are not being as affected as those countries. But, at the
same time, the specific situation of CHSLD is getting a high level of diseased
people.
I hope that what is going
on around Montréal, I would say in the metropolitan area, will not be what
we're going to observe in other places like Québec and east of Québec. I hope
that the lessons... I hope that those territories, who have not been attacked
as in Montréal, I would say, will have the capacity to not repeat the problem
we had with not enough people in staff. And that was a chronic situation
before, and I think that it doesn't appear because we are focussing actually on
the CHSLDs, and it's a terrible crisis, I believe, but we don't see the
prevented cases that we did with the social distanciation because our
healthcare system has not been stretched, it was what we planned and this... so
that's the situation, actually.
Le Modérateur
: Thank you. Now a question sent by e-mail by Raquel Fletcher, Global
News. Two Global's cameramen got kicked off hospital grounds today, healthcare
workers are afraid to talk to us. Are you trying to prevent the media from
doing their job, Minister McCann?
Mme McCann : No. I'm not aware of that situation. I'm going to look into it. No,
we know that you need to do your job. So we will look into that situation.
Le Modérateur
: Thank you. And the next question is : What are the scenarios
for opening up the economy? Can you give us a best case and a worst case
scenario?
M. Legault : We're already opening construction and we're looking to gradually
open the different businesses. At the same time, we want to see what are the
results. So we're doing that with Public Health, but we'll do that gradually.
Le Modérateur
: Thank you. Yes?
Mme McCann : Sorry. On the question you asked me just before, I just want to say
that we'll look into it. But, in the situation we're living, there might have
been a problem because, you know, there's a lot of complexity in organizing the
services, and maybe it was not the right moment or the right place. So I just
want to mention this because, as we were saying previously, it's a very complex
situation that we're doing in the hospitals right now.
Le Modérateur
: Thank you. And now two questions sent by Phil Authier, Montreal Gazette, for Mr. Arruda. Can
you explain to us how many people in intensive care recover? And what is the
average stay?
M. Arruda (Horacio)
: The days of average stay?
Le Modérateur
: Yes, in intensive care.
M. Arruda (Horacio)
: I think it's around five days, if I do remember. And 86% of the
cases that have been treated in intensive care recover or at least get out from
the intensive care. And, I would say, the mortality ratio is around 15%, which
is what is expected in the literature.
Le Modérateur
: And can you tell us what is the situation with the spread of the
pandemic in the community outside of the CHSLD network? How widespread is the
virus? Is it essentially based in Montréal?
M. Arruda (Horacio)
: In fact, it's yes. I am not telling that there is no case elsewhere
because there are cases, but not an active, active transmission. There is
community transmission, but not as active as in around Montréal. Probably, the
RO is lower than one. It means that... Because, you know, the RO... and even
there is new publications telling that the RO was not from 2 to 3.4, like China
says, but more 5 to 6, in the United States. But that always depends of the
conditions. But, in Montréal, we are still having active transmission in the
community. So it's why we want to be very careful, because, if we go too fast,
it can come back, and then what we did will be cancelled by a too rapid
reopening.
Le Modérateur
: So thank you very much. Merci à vous trois. C'est ce qui
complète pour cette conférence de presse. À demain.
Des voix
: Merci.
(Fin à 14 h 36)