(Seize heures une minute)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous et bienvenue à cette conférence de presse de la Tribune de la
presse parlementaire. Nous avons comme invités aujourd'hui le premier ministre
du Québec, M. François Legault, le ministre des Finances, Eric Girard,
ainsi que le ministre de l'Économie et de l'Innovation, M. Pierre
Fitzgibbon. Messieurs, c'est à vous.
M. Legault : Oui. Merci. Merci
beaucoup. Bonjour, tout le monde. Dans la bataille qu'on a contre le
coronavirus, bien sûr, la priorité, c'est la santé. C'est pour ça qu'on vous en
parle régulièrement. Mais il ne faut pas négliger une autre bataille qui va
être très importante, qui va être très dure aussi, la bataille économique.
Le problème relié au coronavirus a
commencé en affectant les échanges commerciaux internationaux. Donc, évidemment,
on a des entreprises qui importent, qui exportent. Ça a été le premier impact
négatif sur l'économie mondiale et sur l'économie du Québec.
Par contre, les mesures... puis on était
très conscients de ça, les mesures qu'on a prises pour sauver des vies, pour
protéger la santé des Québécois ont eu un impact négatif sur l'économie. On le
savait, là, mais on était dans une situation où il fallait choisir le moindre
mal. Par exemple, quand on demande aux personnes de 70 ans et plus de ne
pas sortir de chez eux, bien évidemment, il y a moins de consommation. Donc, on
n'a pas besoin d'expliquer qu'actuellement il y a un impact très négatif sur la
consommation, qui est quand même un élément important dans l'économie.
L'autre élément important : les investissements
des entreprises. Bien, ce qui est important, pour les investissements des
entreprises, c'est d'avoir le plus de confiance possible puis le moins
d'incertitude possible. On a la situation exactement inverse, actuellement,
donc il y a un impact, là, très important, très négatif sur les investissements
des entreprises.
Je le répète, notre priorité a été puis va
continuer d'être la santé. Mais il faut que les Québécois continuent de se
nourrir, continuent de se loger, continuent de vivre. Et pour ça, ça prend des
revenus, qui, dans certains cas, ne seront pas au rendez-vous. Donc, le
gouvernement va aider les Québécois, les individus, les personnes.
D'ailleurs, on a commencé à le faire avec
Jean Boulet, entre autres pour aider les personnes qui doivent s'isoler puis
qui perdent leurs revenus. Puis on a du travail qui continue d'être fait, là.
On a une rencontre ce soir avec le comité économique, qui est présidé par Eric
Girard, pour voir d'autres mesures pour aider les personnes, évidemment, en
s'arrimant le plus possible avec le gouvernement fédéral dans ces mesures-là.
Mais on ne peut pas nier actuellement qu'il
y a beaucoup d'entreprises qui souffrent. On a, je vous donne juste quelques
exemples, là, mais des secteurs, là, où c'est carrément catastrophique, là. Je
pense à l'aéronautique, je pense à l'hôtellerie, je pense à beaucoup de
services, beaucoup de compagnies de services où il y a des baisses de revenus
drastiques actuellement.
Ce qu'il est important de se dire,
aujourd'hui, c'est que la crise qu'on vit, c'est une crise qui est temporaire.
À un moment donné, l'économie va repartir. On ne sait pas quand. On sait que ça
ne sera pas dans les prochaines semaines, ça va prendre un certain nombre de
mois. Donc, il faut que les entreprises fassent le pont, qu'on soit capable
d'avoir le maximum de nos entreprises qui passent à travers cette crise, qui
passent à travers cette période difficile pour que, quand l'économie va
repartir, bien, qu'ils soient en mesure de le faire.
Donc, le gouvernement va aussi être là
pour aider les entreprises. Évidemment, puis j'aime mieux le dire, on ne pourra
pas sauver toutes les entreprises. On va essayer de faire le maximum qu'on est
capables de faire avec des marges de manoeuvre qui, heureusement, sont
importantes. Mais on ne pourra pas sauver toutes les entreprises.
Donc, on annonce aujourd'hui un programme
de 2,5 milliards pour aider les entreprises qui ont des problèmes de
liquidité ou qui vont avoir des problèmes de liquidité associés aux problèmes
du coronavirus.
Évidemment, notre objectif, c'est de
s'arrimer avec deux autres joueurs importants : s'arrimer avec le gouvernement
fédéral, qui a annoncé un programme de 10 milliards, hier, qui reste à
définir, pour les entreprises, et de s'arrimer aussi avec les banques, les
caisses, qui... Dans la plupart des cas, les entreprises, au moins de tailles
moyennes et grandes, ont déjà des relations avec nos entreprises.
Donc, ce qu'on veut, c'est de simplifier
la vie des entrepreneurs puis des dirigeants d'entreprises, ne pas leur
demander d'aller cogner à trois portes, c'est-à-dire leurs banques ou leurs
caisses, le gouvernement du Québec puis au gouvernement fédéral. On essaie que
ça soit plus simple puis qu'on n'ait pas besoin de cogner à trois portes. Ce
n'est pas évident. Puis tantôt je vais laisser le ministre de l'Économie vous
expliquer où on en est dans les modalités, mais c'est un objectif qu'on se
donne.
Donc, en terminant, il y a deux choses que
je veux vous dire. D'abord, les Québécois sont chanceux d'avoir des hommes
brillants comme Eric Girard, Pierre Fitzgibbon, le reste de l'équipe économique.
Sincèrement, là, ça aide actuellement. Il y a beaucoup de respect de la part du
monde des affaires, le fameux monde des affaires, à l'égard des personnes qui
sont ici. Puis la confiance, je le disais tantôt, pour les investissements des entreprises,
c'est ce qu'il y a de plus important. Donc, je considère qu'on est très
chanceux d'avoir des gens d'expérience.
Dernier message, puis là je sais que je
demande beaucoup de choses aux Québécois, là, mais j'ai une autre chose à
demander aux Québécois : s'il vous plaît, dans les prochaines semaines,
les prochains mois, c'est plus important que jamais d'acheter des produits qui
sont faits au Québec. Ça inclut les achats en ligne. Plus que jamais, il faut
être capable de venir encourager les entreprises québécoises. C'est primordial.
Si on veut se donner des chances que le maximum de nos entreprises passent au
travers, c'est important d'acheter chez nous, au Québec. Donc, je vous fais
cette demande-là. Faites attention, quand c'est possible, même en ligne,
d'acheter au Québec. Ça va aider les travailleurs du Québec.
Donc, je commence par passer la parole au
ministre des Finances, qui va vous parler un peu, justement, des arrimages avec
le gouvernement fédéral.
M. Girard (Groulx) : Merci, M.
le premier ministre. Alors, le fédéral a annoncé plusieurs mesures, hier,
notamment ces programmes pour les individus qui ne sont pas éligibles à l'assurance-emploi.
Tout ça totalisait 27 milliards de dollars. Il y avait aussi l'ajout de
liquidités, 55 milliards de dollars, rattachées aux reports de paiement
d'impôts et des acomptes provisionnels. Et il y avait eu 10 milliards de
prêts ou de capital pour faire des prêts à la BDC et EDC. Et il y a aussi
également plusieurs mesures pour soutenir les marchés financiers.
Et ce que je veux dire, c'est que tout ça,
c'est très positif, je tiens à le souligner. C'est un effort qui est notable.
Nous estimons que ça correspond à peu près à 4 % du PIB canadien, cet
effort.
Je confirme que nous harmonisons les dates
pour le paiement de l'impôt et des acomptes provisionnels au
1er septembre. Ça, ça représente 8,3 milliards de liquidités pour
l'économie québécoise. Je confirme aussi que nous diminuons les montants requis
dès retrait des FERR en 2020. Ça, c'est pour aider nos retraités, puis ça a été
annoncé hier par le fédéral. Et c'est normal qu'on s'harmonise puis c'est une
bonne chose, c'est une bonne mesure, on s'harmonise avec le fédéral. Ça va nous
coûter approximativement 100 millions cette année.
Avec l'annonce d'aujourd'hui, notre
support à l'économie totalise près de 11 milliards de dollars, et donc
2,5 % du PIB. Le Québec, c'est 460 milliards de PIB nominal en 2019.
Nous procédons donc par étapes. On veut bien calibrer nos interventions et aujourd'hui,
on se donne les moyens d'agir pour nos entreprises. Et je passe la parole à mon
collègue Pierre.
M. Fitzgibbon : Merci, Eric. Merci,
M. Legault. Alors, bonjour à tous. J'aimerais d'abord dire aux
entrepreneurs, aux dirigeants et aux employés d'entreprise qu'on est là pour
vous accompagner. Clairement, la situation qu'on vit est exceptionnelle, a des
impacts économiques qu'on n'a pas vus depuis très longtemps. On parle d'un choc
exogène sans précédent. La crise économique qui suit la crise en santé publique
est sévère. Une partie de l'économie est littéralement arrêtée. On sait très
bien que plusieurs entreprises manquent déjà de liquidités, et ça,
particulièrement en région.
Donc, le gouvernement met en place une
mesure d'aide d'urgence, incorporée dans des programmes existants, pour appuyer
les entreprises, et ceci permettra une plus grande efficacité. On va offrir des
prêts et des garanties de prêts d'un minimum de 50 000 $ à des taux
très avantageux pour soutenir le fonds de roulement des entreprises de tous les
secteurs d'activité.
Je vous le dis tout de suite, comme
M. Legault l'a mentionné, il y a possiblement des entreprises qu'on ne
pourra pas sauver. Mais je pense qu'avec un seuil de 50 000 $, avec
des conditions de prêts très avantageuses on couvrira beaucoup et beaucoup
d'entreprises.
La clé, conséquent avec les propos de
notre premier ministre, c'est, premièrement, s'occuper des citoyens qui sont en
perte d'emploi, ce que j'appelle le filet social, et ensuite les entreprises.
Le programme est déjà en place, et Investissement Québec a reçu et analyse déjà
plusieurs demandes. En fait, en date d'aujourd'hui, il y a plus de
600 demandes qui sont présentement reçues chez Investissement Québec.
Mon collègue Eric Girard du ministère des
Finances nous a accordé un montant initial de 2,5 milliards de dollars de
disponible pour appuyer les entreprises dans nos interventions. Mais, s'il en
faut plus, on en aura plus.
Il y a certains critères qu'on a établis,
que vous pourrez consulter sur le site d'Investissement Québec. Mais je peux
vous dire qu'on va être dans un mode solution. En gros, il faut évidemment
qu'il y ait une relation cause à effet avec le COVID-19, et, deuxièmement, il
faut pouvoir démontrer une rentabilité postpandémie.
On va aussi assouplir les conditions de
remboursement des prêts déjà consentis par Investissement Québec et par les
Fonds locaux d'investissement, ce qu'on appelle les FLI. Ça va donner de l'air
à nos PME en région.
Je veux mentionner aussi que le MEI et IQ
travaillent depuis une semaine déjà avec la Banque Nationale, Desjardins et
toutes les autres institutions bancaires pour offrir une aide coordonnée. Les
principes sont finalisés, et on collabore très bien, et les équipes se parlent
à tous les jours.
Nous travaillons de plus, comme
M. Legault disait, sur un arrimage avec le fédéral, qui gèrent leur
programme d'assistance avec BDC et EDC. Je suis en contact constant avec
plusieurs ministres fédéraux à cet effet. Les détails ne sont pas encore
connus, mais on m'assure que les PME du Québec servies par la BDC ou EDC seront
supportées.
Un conseil à court terme. Si vous avez une
marge de crédit ou toute forme de prêt avec votre institution financière et que
vous avez besoin de liquidités, parlez en premier lieu à votre banquier. C'est
ce qui sera le plus rapide. Nous nous sommes organisés avec toutes les
institutions financières pour mettre en place les garanties de façon très
rapide.
Alternativement, les entreprises peuvent
aussi s'adresser à un des bureaux régionaux d'Investissement Québec pour
obtenir de l'information ou pour obtenir un prêt directement d'IQ. Les
entreprises n'ont qu'à aller sur le site d'IQ ou du MEI, à partir de... dans
quelques minutes, pour des informations générales et pour appeler aux numéros publicisés
sur les sites Web respectifs.
Dans les derniers jours, j'ai été en
contact avec un grand nombre de dirigeants d'entreprise, de regroupements
d'affaires et d'associations. J'ai aussi une vigie avec toutes les banques. Je
vais continuer, ainsi que mon équipe, à être disponible, à l'écoute des besoins
des entrepreneurs et attentif à toutes les situations particulières, car il
faut demeurer très flexible.
Je veux aussi dire que certaines
entreprises continuent à avoir des projets d'investissement et certaines ont
des demandes qui ne sont pas reliées au coronavirus. Il faut rester optimiste.
Quand l'économie va reprendre, ça va être solide, mais les entreprises auront
autant de besoins de liquidités que présentement, et nous serons là pour les
aider.
Je constate qu'il n'y a pas si longtemps
on disait que, dans la mondialisation, les distances physiques n'avaient plus
aucune importance. Certes, c'est encore vrai, et plusieurs entreprises feront
fi de la localisation pour continuer à attaquer tous les marchés. Mais le
nouvel environnement géopolitique favorise une forte économie domestique. Le
stress dans les chaînes d'approvisionnement mondiales va nous faire focaliser
sur les approvisionnements locaux, et je peux vous confirmer que ceci va dicter
en grande partie nos comportements au niveau de nos interventions financières.
En terminant, tout comme M. Legault, je
veux inviter les Québécois qui feront des achats, dans les prochains jours, à
garder en tête où leurs voisins, leurs amis, leurs familles travaillent. On
doit se serrer les coudes. Acheter localement, quand c'est possible, c'est
aussi une forme de solidarité. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, mesdames messieurs, je vous rappelle, nous avons une période de
questions d'à peu près, maintenant, une vingtaine de minutes, plus, donc, la
période réservée à l'anglais. D'abord, une question de M. Alain Laforest,
TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Vous vous attendez à combien d'entreprises qui pourraient mettre la
clé sous la porte? Je suis certain que vous avez des modélisations.
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
on parle... Évidemment, on est contact avec les banques. Puis il faut
comprendre qu'il y a beaucoup d'entreprises en région, des commerces, des
petits établissements où il y a une très grande vulnérabilité.
Mais je pense que ce qui est important,
c'est qu'avec mon collègue Jean Boulet on travaille beaucoup sur le filet
social, le côté perte d'emploi, assurance-emploi, les programmes provinciaux.
Alors, il y a beaucoup d'entreprises qui vont devoir probablement fermer pour
quelques semaines, on espère, peut-être quelques mois. Je n'ai pas le nombre
exact, mais il y a 250 000 PME au Québec et il y a une grande partie
de ce groupe-là qui ont moins que 10 employés. Mais je n'ai pas le chiffre
précis à vous donner.
M. Laforest (Alain) : Au
niveau de l'économie, M. Girard...
Le Modérateur
: Une
seule question, de préférence, pour le premier tour. Désolé.
M. Laforest (Alain) : Oui.
Excusez.
Le Modérateur
: Donc,
Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Je vais
reposer la question que je posais à M. Legault un peu plus tôt aujourd'hui. Je
comprends, là, qu'on ne sait pas combien de temps va durer la pandémie, là, je
comprends tout ça, là. Mais est-ce que vous avez des modèles, à savoir... Parce
qu'il y a un impact, vous l'avez dit tout à l'heure, immense sur l'économie du Québec.
Pendant combien de temps est-ce que l'économie du Québec peut supporter une
fermeture économique, permettez-moi l'expression, aussi importante au Québec?
M. Girard (Groulx) : Oui. Bien,
je pense que c'est d'abord une question de santé publique. Dès que la situation
va s'améliorer au niveau de la santé publique, l'économie va s'améliorer, puis
il y aura un rebond. Alors, lorsque vous demandez : Combien d'entreprises?,
combien de temps?, à ce stade-ci, la réponse, on ne l'a pas parce que c'est une
question de santé publique. Mais notre rôle, c'est, pendant que c'est extrêmement
difficile, d'être là puis d'aider à la transition. Et, oui, l'économie est
affectée énormément, présentement, mais, dès que la situation va s'améliorer au
niveau de la santé publique, l'économie va s'améliorer.
Le Modérateur
:
Question pour, maintenant, Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
Vous parlez des entreprises qui ont ou vont fermer leurs portes. Il y a aussi
les chantiers de construction qui pourraient fermer. Vous avez vu que les
syndicats de l'industrie réclament leur fermeture, faute de mesures adéquates
sur le plan sanitaire, là. Est-ce qu'on peut se permettre l'arrêt de tous les
chantiers? Puis qu'est-ce que vous comptez faire, là, pour que les conditions
d'hygiène nécessaires soient respectées puis qu'ils demeurent actifs?
M. Legault : O.K. Bien, le ministre
Jean Boulet a eu des rencontres, des discussions, Diane Lemieux aussi. On est
d'accord pour dire que, sur certains chantiers où il y avait des roulottes, où
les gens allaient manger le midi ou allaient se laver les mains, que ce n'était
pas une situation qui était idéale pour l'hygiène. On est en train de corriger
ça. Donc, moi, j'ai bon espoir qu'on soit capables de garder les chantiers de
construction ouverts.
Le Modérateur
: Gabriel
Béland, La Presse+.
M. Béland (Gabriel) : Oui. Juste
des détails sur l'annonce. On parle d'une enveloppe de 2,5 milliards.
Combien, dans cette enveloppe-là, vont aller à des nouveaux prêts? Vous avez
parlé aussi d'Investissement Québec qui assouplirait des prêts existants. On
parle de combien de milliards dans ces prêts existants? Puis, troisième petit
détail — c'est une seule question... Bon, ça va être tout pour
l'instant. Oui, c'est ça.
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
pense qu'une chose que j'aimerais discuter, c'est ce que les banques font présentement
et ce que certains propriétaires immobiliers font aussi.
Premièrement, comme M. Girard l'a
dit, la santé des banques aujourd'hui n'est pas celle de 2008. Aujourd'hui, on
voit les banques assouplir de beaucoup les conditions de crédit, changer les
ratios financiers, les moratoires sur les paiements, autant les entreprises que
les particuliers. Donc, on voit les banques déjà s'impliquer socialement pour
alléger le fardeau.
Parce que c'est clair que nous, il faut
faire attention. Parce que je disais tantôt... je n'ai pas répondu à la question
de M. Lacroix, mais je pense qu'on va avoir trois phases dans l'économie
québécoise. On va avoir ce qu'ils appellent l'hibernation, il y a des sociétés,
aujourd'hui, qui doivent hiberner pour quelques semaines, quelques mois. Alors,
il faut faire attention. On ne veut pas non plus mettre de l'argent juste pour
laisser les compagnies comme ça. Alors, je pense, c'est important dans ce
contexte-là d'avoir le filet social pour que nos citoyens puissent manger,
avoir un toit. Et on va demander, par exemple, aux propriétaires immobiliers
d'assouplir les réglementations sur les loyers. Je vais donner un exemple. Je
parlais à Charles Emond, de la Caisse de dépôt, et Ivanhoé
Cambridge a annoncé qu'ils vont travailler avec les PME dans les centres
d'achat pour avoir un moratoire de six mois sur le loyer.
Alors, quand on prend des
petits commerces puis qu'on n'a plus d'employés à supporter parce qu'ils sont
pris en charge par l'État, on n'a plus de loyer à payer, la banque va reporter
le moratoire, bien là, fort probablement que ces entreprises-là n'ont pas
besoin du gouvernement. Donc, on veut, nous, en première ligne, que les
institutions financières fassent le travail. Puis, je dois avouer, à ce
stade-ci, je suis épaté de voir comment tous les participants jouent, puis, je
pense, pour des raisons assez évidentes parce que c'est un enjeu assez
socialement fort.
Deuxièmement, les banques,
quand ils vont eux-mêmes extensionner du crédit, donner d'autres crédits, sont
habilitées à voir quels sont les besoins. Ça va être des nouveaux prêts qui
vont s'ajouter aux prêts existants. Et c'est là que nous allons rentrer en
partage de risque, majoritaires. On demande aux banques, je demande aux banques
de prendre un certain risque parce que ça nous permet de prendre le travail des
banques et d'y aller directement. On va être excessivement rapide dans ce
cas-là. Donc, dans nos interventions de garanties de prêts, ça va être des
nouveaux prêts. Les prêts existants, on ne les refinance pas. Ça, c'est une
condition qu'on met, puis les banques l'acceptent.
Il va y avoir des cas où les
gens vont venir directement chez Investissement Québec. Ça va arriver. Il y a
des PME qui pourraient ne pas avoir de relations bancaires. C'est très peu
probable, mais il y en a qui ont des comptes de banque, puis ils n'ont pas de
relations bancaires, qui pourraient venir chez nous.
On a aussi en région des
FLI, des FLS — FLS, c'est avec le fonds de
solidarité, les FLI, c'est avec nous — des gens
qui sont très performants dans leurs régions. Donc, tout l'écosystème financier
va être mis en charge pour essayer de limiter le travail d'Investissement
Québec, à revoir à haut niveau parce qu'évidemment on a un enjeu, aussi,
d'accès.
C'est pour ça que, la BDC et
EDC, moi, je travaille fortement avec mes collègues au fédéral pour les
incorporer dans notre système pour avoir un ratissage plus large de la société,
puis être capable de réagir très rapidement, puis qu'en arrière le partage de
risque, on le fasse entre nous autres.
Le Modérateur
:
Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour, messieurs. J'aimerais vous entendre sur les mises à pied de 95 %
des employés du Cirque du Soleil. Et, dans votre enveloppe, là, en vertu des
critères que vous avez, parce que vous ne les avez pas tout à fait définis,
est-ce que vous allez pouvoir venir en aide à l'entreprise?
M. Fitzgibbon : Bon, c'est une
bonne question. Je pense que, quand on travaille avec... Le Cirque du Soleil,
par exemple, je suis en discussion avec M. Lamarre sur une
base quotidienne depuis le début de la crise. C'est sûr qu'on demande aux
employeurs de regarder le côté employés. Et, dans le cas du Cirque du Soleil,
bien, la semaine prochaine, il n'y a plus de revenus, donc ils n'avaient pas le
choix. Donc, les 1 100 employés, sur le bureau-chef de 1 300,
sont mis sur... ils vont être sur l'assurance-emploi temporaire. On espère et
on pense que les conditions qui ont été annoncées hier, de ce qu'on pourrait
faire aussi, vont être appropriées pour permettre au moins à ces gens-là de
vivre.
Évidemment, le résiduel, dans le cas du
cirque, nous allons être impliqués. C'est une entreprise qui faisait de
l'argent, avant la crise, et qui va refaire de l'argent aussitôt que ça va
repartir. Fait intéressant, les spectacles du Cirque du Soleil en Chine
recommencent à la fin avril. Alors, je pense, c'est une anecdote, entre
guillemets, qui montre que c'est temporaire. Alors que la Chine reprend ses
activités, donc, on a tout à penser qu'on va avoir la même chose qui va arriver
ici. Il y a même des pays qui ont mentionné qu'ils voulaient commencer les
spectacles au mois de juillet. Donc, oui, on va aider le Cirque du Soleil pour
être sûrs que les liquidités, après les mises à pied, soient suffisantes pour
qu'ils puissent survivre cette période-là.
Le Modérateur
:
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Vous
avez parlé de certaines entreprises qui ont encore des projets. Il ne doit pas
y en avoir tant que ça, mais quand même, j'aimerais ça avoir quelques exemples.
Puis comment s'assurer qu'ils ne se retrouvent pas derrière la file de tous
ceux qui ont des problèmes?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
premièrement, j'en ai deux, trois dans les usines... dans les pâtes et papiers.
Parce que, bon, on a beaucoup... c'est une industrie, comme vous savez, qui a
beaucoup de difficultés, alors, tout le renouvellement des équipements, des
nouveaux projets de valeur ajoutée. Il y en a un en particulier... je ne nommerai
pas la compagnie, il y en a un en particulier qui était mis sur la glace, puis
là, vu qu'il y a une disponibilité d'employés, le propriétaire m'a appelé, il
dit : J'aimerais ça faire mon projet tout de suite. J'ai dit... on l'a
encouragé. Donc ça, c'est des programmes qui sont des programmes séparés du
programme qu'on parle ici. Alors, on est capables de faire les deux en même
temps, alors c'est sûr qu'on va encourager ces projets-là.
Et je pense que... tantôt, je n'ai pas
fini mon libellé, mais le rôle du ministère de l'Économie, ça va être d'aider
pour l'hibernation. Aussitôt que ça va reprendre, il va y avoir des problèmes
de «cashflow», parce que la chaîne d'approvisionnement n'aura pas été comblée,
donc il va y avoir des enjeux de liquidités pour repartir les opérations. On va
intervenir là aussi. Et, à un moment donné, on va vouloir relancer l'économie,
aussi, parce que je pense qu'il y a des projets qui vont avoir été mis sur la
glace. Et, vous avez raison, ce n'est pas tout le monde qui dépense
présentement. Ceux qui veulent dépenser, on les encourage, mais ceux qui ne
veulent pas dépenser, ils vont revenir très rapidement parce que l'économie
allait très bien avant la crise. Alors, il faut être prêts, nous, comme
gouvernement, d'activer aussi la relance, qui va être aussi importante que
l'hibernation.
M. Bergeron (Patrice) : Si
vous me permettez une question avant qu'on passe à une question écrite envoyée
par un collègue. M. Legault, il y a des scénarios qui circulent
concernant, donc, l'augmentation du taux de chômage. Il y a des analyses qui
disent que le taux de chômage pourrait pratiquement doubler pour atteindre les
10 %. Est-ce que ça fait partie des scénarios que vous considérez envisager
actuellement?
M. Legault : On a un
économiste, ici.
M. Bergeron (Patrice) : Allez-y,
M. Girard.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Bien, je veux donner le point de départ. Alors, au mois de février, nous étions
essentiellement au plein emploi avec un taux de chômage à 4,5 %. Et là,
encore une fois, je comprends que vous voulez quantifier l'impact économique,
les emplois, les entreprises, mais ça va dépendre de la durée de la situation
de la santé publique. Alors, plus la...
Alors, ce qui se passe, c'est qu'on a une
contraction soudaine, au mois de mars, mais après il y aura rebond, et c'est la
durée de l'arrêt qui va quantifier le nombre d'entreprises qui vont avoir des
difficultés, le nombre d'employés qui vont avoir besoin d'aide. Et ça, c'est
une réponse de santé publique. Et il se fait un travail remarquable de tous les
gens impliqués, notamment ma collègue Mme McCann. Et tout ça, c'est justement
pour raccourcir la période difficile en santé publique, puis ça va aider
l'économie.
Le Modérateur
: Merci.
J'ai maintenant une question d'une collègue du journal Le Devoir, Mylène
Crête. Qu'est-ce qui arrive avec les capitaux investis par la Caisse de dépôt
dans le Cirque du Soleil?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
il y a deux... il y a un enjeu de liquidités puis un enjeu d'actionnariat.
L'actionnariat de la Caisse de dépôt dans le Cirque du Soleil, tout comme TPG, Fosun(
et les autres, évidemment, est maintenu. Nous allons regarder les enjeux de
liquidités du cirque et nous allons regarder une intervention financière pour
leur permettre de passer à travers la période de sans spectacle. Et, s'il y
avait un besoin de capitaux propres pour l'entreprise, on verra, puis ce sera un
exercice séparé. Pour l'instant, nous regardons uniquement le côté liquidités
court terme pour qu'ils passent à travers la crise.
Le Modérateur
: Alors,
réjouissance, les collègues, on a le temps pour un deuxième tour.
M. Lacroix, avez-vous une deuxième question?
M. Lacroix (Louis) : Bien
sûr, j'ai toujours plein de questions. Quel est le premier secteur, en fait, le
secteur où il y a une plus grande urgence? M. Legault, vous avez nommé
certains secteurs, tout à l'heure, mais est-ce que vous avez ciblé un secteur
de notre économie qui est le plus à risque en ce moment?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
le plus à risque, c'est clair, ça va être les commerces en région. C'est des
gens qui, pour la plupart, voient leur trafic chuter. Évidemment, au niveau
systémique, il y a des compagnies manufacturières, aussi, qui ont des problèmes
d'approvisionnement, il y a des problèmes de livraison.
Alors, il y a beaucoup de secteurs
stratégiques. La question, vraiment, pour nous, c'est de savoir dans quels
secteurs on va être impliqués. Comme j'ai dit tantôt, on doit couvrir tous les
secteurs, mais il y a des entreprises qui vont rentrer dans un mode où ils ne
paieront plus pendant un bout de temps, et là, il faut s'assurer qu'il y ait
une fondation là.
Mais je regarde aussi des secteurs clés,
l'aérospatial, les sciences de la vie, il y a des secteurs où on ne veut pas
que ça arrête, là. Parce qu'il y en a qui vont arrêter, d'autres qui
n'arrêteront pas. Alors, il y a comme deux approches, et il faut être capables
de regarder les deux. Mais c'est sûr que les secteurs névralgiques, nos
fameuses grappes industrielles, là, façon de parler de l'aérospatial, on a
satellites, on a sciences de la vie, on a l'intelligence artificielle, il faut
que ça continue, ça, parce que c'est le moteur de l'économie quand ça va
repartir.
M. Legault : Bien, peut-être
que j'ajouterais... c'est ça, il y a tourisme aussi, là, le tourisme,
l'hôtellerie. C'est certain que c'est dur actuellement pour le tourisme puis
l'hôtellerie, là, très dur.
Le Modérateur
:
M. Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
vais profiter de la présence du ministre des Finances. Depuis plusieurs jours,
le premier ministre puis le directeur de la santé publique demandent aux gens,
surtout ceux de 70 ans et plus, de rester à la maison. Or, ils sont encore
nombreux... puis je ne veux pas entretenir de préjugés, là, mais ils sont
encore nombreux à se rendre dans les dépanneurs puis dans les kiosques, en
centres d'achats pour faire valider leurs billets de loterie, en acheter également.
Avez-vous envisagé la possibilité, là, de dire à Loto-Québec, là : Arrêtez
ça, suspendez vos opérations jusqu'à nouvel ordre?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous dirais que, pour tout ce qu'on fait, on suit les instructions de la santé
publique. Alors, on m'a posé la même question ce matin pour la SAQ, alors, tant
que la santé publique dit que les commerces sont ouverts, alors c'est une directive
qui s'applique à tous.
Et je comprends ce que vous mentionnez
pour les billets de loterie, puis il y en a d'autres qui pourraient juger la
consommation d'alcool, puis etc., mais la directive de la santé publique, présentement,
c'est que les commerces sont ouverts. Et on laisse le soin à ces gens-là de
prendre des décisions.
Et je dois dire que, du côté de Loto-Québec,
la SAQ et nos sociétés d'État, on a des dirigeants, on a des conseils d'administration,
et ces gens-là sont responsables de prendre des décisions puis de s'assurer que
les employés sont en sécurité, les clients sont en sécurité. Et ce que je vois,
présentement, ça se fait bien.
Le Modérateur
:
M. Béland, La Presse +.
M. Béland (Gabriel) : Oui. Le
monde de la restauration est frappé durement, beaucoup de restaurants qui
risquent de fermer, beaucoup de gens qui sont temporairement mis à pied. Les
mesures que vous annoncez, aujourd'hui, est-ce que des restaurants, des restaurateurs
pourraient en bénéficier? Et comment?
M. Fitzgibbon : Bien, encore
une fois, je pense qu'il faut qu'en premier lieu les employés soient bien
traités. Alors, c'est sûr que d'aider une entreprise où les employés ne
travaillent pas, hein, de les garder en disponibilité, je pense qu'on est mieux
d'avoir le filet social qui va s'occuper des employés.
Deuxièmement, on va regarder des mesures
comme les loyers, dans le cas où ce sont des locataires, on va regarder des
mesures avec les banques pour alléger le fardeau financier, quand tu as des
emprunts personnels. Souvent, ces entreprises-là, c'est des emprunts
personnels. Alors, les banques, à date, font un très bon travail. On n'a pas
encore statué que le gouvernement s'impliquerait pour garantir des prêts
personnels. J'espère qu'on n'ira pas là. Mais je pense qu'à date, ce que je
vois pour ces petits commerces là, les banques font un très bon travail.
Puis, écoutez, quand il y aura des chaînes
de restaurant ou d'autres, on regardera s'il y a quelque chose à faire. Mais on
veut faire attention pour ne pas non plus se ramasser, dans 250 000 entreprises
au Québec, à faire des liquidités alors que ce n'est peut-être pas requis, là.
Il faut être très prudent avec l'argent du public.
Le Modérateur
: M.
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce que
vous avez... ou est-ce que vous songez à fermer, à demander la fermeture
d'entreprises qui sont jugées non essentielles quand il y aura un début de
transmission communautaire?
M. Legault : Bien, c'est une
décision qui relève de la santé publique. Je l'ai dit tantôt, la priorité des
priorités, c'est la santé. Évidemment, ça ne veut pas dire qu'on ne s'occupe
pas de l'économie, mais on va tout faire pour sauver le maximum de vies au
Québec. Donc, moi, j'écoute religieusement le Dr Arruda, et la décision est
d'abord une décision de santé.
Le Modérateur
: M.
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Ça va.
C'était la même question.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
me permettrez une dernière petite question, si vous voulez. Dans le cas, par
exemple, d'une personne qui est travailleur autonome, qui est en service de
garde privé chez elle, qui... D'ailleurs, on m'a soulevé ces cas-là, il y a
plusieurs personnes qui attendent des réponses du ministère de la Famille. Mais
est-ce qu'il y a une forme d'aide pour ce genre de travailleur autonome mais
qui est maintenant... qui offre un service éducatif non subventionné, par
exemple?
M. Legault : Bien, on est en
train d'analyser comme il faut le programme qui a été annoncé hier, même si on
n'a pas tous les détails, par le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral,
son programme ne s'adresse pas seulement à ceux qui sont éligibles à
l'assurance-emploi, mais aussi aux travailleurs autonomes. Puis justement, là,
on est en train de voir, là, puis on a une rencontre, ce soir, avec Jean Boulet
pour voir s'il y a lieu de venir bonifier l'offre du gouvernement fédéral. Mais
c'est difficile de le faire, le temps qu'on n'a pas tous les détails.
Le Modérateur
: Merci.
On est prêts à passer aux questions en anglais. Donc, j'ai
d'abord une question de Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : How do you feel about the fact that,
Mr. Fitzgibbon... Because you talked about domestic market, and Premier
Legault is asking Quebeckers to buy locally. So, how important it is for
Quebeckers to make that shift right now?
M. Fitzgibbon :
Well, as you may remember, in our three economic development pillars, one
pillar we had was to reduce the commercial deficit that we have, which is $20
billion. So, we do it two ways: we export more or we import less. I would say
that, given what's going on right now, it's probably the occasion to start to
reduce our imports.
And actually, whether
it's in the agro side, whether it's in, even, retail chains... I'm talking to
some retailers, right now, that have some... the chains of retailers that have
some liquidity issues. I said to them: Well, I'm ready to help you, providing we
can get you a different place on the digitalization of the business, or are you
able to insource your products in Québec? If either-or is materializing, I'll
be much more willing to assist than if we just import products from China or from
any country for that matter.
So, I think, given that
some companies have liquidity issues, if we can use that to favor insourcing
within Québec, clearly, that
will be the driver that will get us a greater appetite to subsidize or to...
sorry, to help the financial distress.
Le Modérateur
: M. Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Mr. Fitzgibbon, where would you say we are the most vulnerable, at this point,
in which sector of the economy?
M. Fitzgibbon :
Well, there is two answers. I think, short term... I talked about hibernation — I don't know if it's an English word. But we have some
enterprises, now, the retailers or the restaurants, that are very vulnerable
because they shut down. So we have to shut them down and help them to be in a
position where, when it reopens, they're going to quickly get back.
But, besides that, there
are some industries that... aerospace, for sure, I'm concerned. There are some
industries where we have some knowledge, and we don't want to lose that
knowledge. Because, if we lose knowledge, if we lose... And, those, we'll
probably be a little more aggressive because it's the nucleus of what Québec is
all about: artificial intelligence, aerospace, life science, tourism, I think,
as Mr. Legault mentioned, is an important industry. So, we have to be very
sensitive to those industries because...
We know it's going to
stop. China is reopening its Cirque du Soleil shows in the end of April. So, we
know it's going to come back, this is not... It's a doom's day, but, I mean,
we're going to get out of this. And the economy was strong before we got into
it. So, we need to be careful. Then, when we're going to be coming out of the U,
the U shape, we're going to be lifting ourselves. So, I think we have to be
careful with those core assets of ours.
M. Authier (Philip)
:
And, Mr. Legault, how much of a bounce can the economy get just by people
buying local, buying Québec products? Do you anticipate a fairly... Because, so
far, when you've made your...
M. Legault :
I think it's a good question for Eric. He's an economist and he knows better
than I do the percentage of the economy coming from the consumption.
M. Girard
(Groulx) : Yes. I do not have the precise answer to your question, but
I do want to emphasize that what we're seeing is disruption, interruption. It's
not destruction. So, yes, there is a pause. Some sectors of the economy are
struggling, and we're there to help. What Pierre is announcing today is going
to help. What the federal Government announces is going to help. What we're
doing with the postponement, the deferral of tax payment will help. It's
increasing the monetary base.So, all that we're doing is to help during the difficult period.
But, right now, there is no destruction, it's a disruption. Once the public
health situation normalized, the economy is going to normalize and it will
bounce.
Pierre mentioned the size
of our imports. A lot of that import is going to be difficult to replace
because it's oil consumption, and our oil comes from Western Canada and the
U.S., and people will still consume oil and gas.
Le Modérateur
: One last question from a gentlemen from CTV. How long will it take
for business people to get their benefits? And how easy it will be to navigate
the system to sign up for these helps?
M. Fitzgibbon : Well, I think that, as it relates to the loan guarantee, I think
we're going to be effective because we're going to piggy-back on the bank
credit adjudication. So the banks already have relationships, they're going to
extend credit. And we have arrangements, bilateral arrangement with the banks
where we're going to be sharing the risks out. That'll be done in a few days.
On the other hand, if an
SME comes to Investissement Québec, which we will do, and we have set up new loan arrangements with
them, that will take a couple of weeks. That's why I'm urging the companies to
work with their institutions. It's going to be much more quicker. But, in any
event, they want to come... to us, we will be there as well, but they will have
to account for a couple of weeks because it's just virtually impossible to do
it in a few days.
Le Modérateur
:
Messieurs, merci.
M. Legault : Merci beaucoup, tout
le monde.
Le Modérateur
: Bonne
soirée. Vous êtes toujours bienvenus.
(Fin à 16 h 41)