(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
mesdames messieurs, merci d'être présents à cette conférence de presse en
compagnie du premier ministre du Québec, M. François Legault, la ministre
de la Santé, Mme Danielle McCann, et le directeur national de la santé publique,
le Dr Horacio Arruda. On va procéder comme c'est l'habitude, donc, allocutions
des personnes présentes et ensuite période de questions. À vous la parole.
M. Legault : Oui. Merci,
M. Lacroix. Bonjour, tout le monde. D'abord, le bilan. On a aujourd'hui
14 personnes de plus d'infectées, donc on est rendus à 35. Donc, c'est une
augmentation plus importante que les jours précédents, mais on n'est pas
surpris, on s'y attendait. Mais ça vient confirmer l'importance de mettre
toutes les chances de notre côté pour ralentir la contagion au cours des
prochains jours. C'est pour ça qu'on demande, à compter d'aujourd'hui, de
fermer les lieux où les personnes se rassemblent, donc fermer les bars,
cinémas, bibliothèques, centres d'entraînement, centres de ski, piscines et
autres.
Maintenant, concernant les restaurants,
évidemment, il y a l'importance de nourrir les gens. Donc, ce qu'on demande aux
propriétaires de restaurants, c'est de limiter le nombre de clients à 50 %
de leur capacité, donc de s'organiser pour que, quand on regarde les tables, il
y ait seulement une table sur deux qui soit occupée pour garder une certaine
distance entre les personnes.
Puis c'est ça qui est la clé, là, tous les
spécialistes le disent, il faut garder une distance en tout temps, idéalement
au moins d'un mètre avec les autres personnes. Et pourquoi? Bien, tout
simplement parce qu'il faut éviter de prendre le risque d'infecter d'autres
personnes alors qu'on est infecté nous-mêmes, dans bien des cas, actuellement,
sans le savoir. Il y a des gens actuellement, au Québec, qui sont infectés mais
qui ne le savent pas. Donc, si on veut éviter que ces personnes-là infectent
d'autres personnes, il faut toujours rester à au moins un mètre des autres
personnes.
Donc, en pratique, ce que je dis aux Québécois,
c'est qu'il faut limiter ses sorties. En fait, on devrait sortir seulement pour
aller travailler, acheter du pain, aller à la pharmacie, se faire soigner,
prendre une marche ou aller aider des personnes de 70 ans et plus.
Donc, je comprends que j'en demande beaucoup
aux Québécois. D'ailleurs, il y a probablement, puis on le voit, là, des
personnes qui sont stressées. D'ailleurs, je vous dis à tout le monde, là,
profitez de la belle journée ensoleillée qu'on a pour aller prendre une marche.
C'est possible de prendre une marche, puis en restant à une distance d'un mètre
des autres personnes, là, ça va calmer, puis, je pense, c'est bon pour le
moral.
Bon, concernant nos frontières, j'ai
encore parlé à M. Trudeau hier, bon, on a un différend, effectivement. Ce que
je veux préciser, d'abord, il faut faire la distinction entre les marchandises
puis les personnes. C'est certain, là, puis je comprends qu'il y a des
inquiétudes du côté d'Ottawa sur les marchandises, c'est important que les
médicaments, la nourriture continuent d'entrer. C'est pour ça qu'on a dit
depuis le début : Que ça soit les chauffeurs de camion, ou les pilotes
d'avion, ou tout le personnel de transport, il n'y a pas la consigne du
14 jours, là, c'est important que les marchandises continuent de circuler.
C'est important aussi que les Canadiens
reviennent rapidement au Canada. J'étais content de voir le gouvernement
fédéral faire cette même demande hier. Par contre, là où on a un différend,
c'est que moi, je continue de penser que ce n'est pas une bonne idée de
continuer à recevoir des touristes étrangers au Canada. Donc, on va continuer
les discussions avec le gouvernement fédéral sur ce dossier.
Maintenant, ma grande priorité, là, c'est
le personnel du réseau de la santé. Je vais, cet après-midi, rencontrer leurs
représentants. Écoutez, on a besoin de nos anges gardiens. Donc, moi, je vais
leur offrir... je vais leur demander comment je peux les aider. Mais je veux
faire la même chose, je veux demander aux Québécois, là : Si vous avez
dans votre entourage des gens du personnel de la santé, là, faites tout pour
les aider, les appuyer. Ça va être nos anges gardiens pour les prochaines
semaines, les prochains mois, ça va être les personnes les plus importantes dans
notre société au cours des prochaines semaines, des prochains mois.
Donc, je termine en disant aux Québécois :
Je réalise très bien qu'on vous en demande beaucoup, qu'on met beaucoup de
restrictions dans votre vie normale, mais dites-vous que ce qu'on est en train
de faire actuellement, ça va sauver des vies. Donc, je sais que les Québécois
sont faits forts puis je suis certain qu'ensemble on est capables de gagner la
bataille.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer aux questions. On va commencer avec Alain Laforest, de TVA.
M. Laforest (Alain) : M.
Legault, M. Arruda, Mme la ministre. Il y a une dissension actuellement entre
la... et c'est pour vous, M. Arruda, cette question-là, entre la Fédération des
médecins spécialistes et votre position par rapport au confinement. Les
informations qu'on a, c'est que la Fédération des médecins spécialistes n'est
pas d'accord avec vous avec la date du 14, aimerait qu'on confine tout le monde
qui revient de l'extérieur. Puis on sait qu'il y en a beaucoup, de médecins
puis de personnel de la santé qui sont allés à l'extérieur. Est-ce que ça
représente un problème ou vous gérez du risque actuellement?
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, ce qui a été clair, puis j'ai eu cette discussion-là, là,
pour me demander de me positionner, moi, je comprends... En théorie, là, c'est
excessivement adéquat qu'on veuille revenir en rétrospectif. Et d'ailleurs j'ai
dit que je suis même prêt à ce qu'on y retourne. Par contre, il faut qu'on
s'assure d'être en mesure de maintenir nos services à la santé de la
population. Je ne sais pas si vous comprenez. Si, pour la
prévention — puis il y a des mécanismes — je me retrouve
avec des gens qui meurent à l'urgence ou qui n'ont pas reçu leurs soins, je
vais avoir... ma mesure va avoir un effet négatif avant même qu'on ait des
éléments de maladie. C'est toujours...
Vous savez, je suis un médecin de
population, si vous me permettez, et je dois regarder chacun des groupes, mais
je dois voir l'effet d'une mesure sur l'ensemble de la population. Et ce que
j'ai dit, c'était que, si jamais on était en mesure d'offrir les services
essentiels, qu'il n'y aurait pas de problème. L'enjeu, là, c'est que j'avais
des informations, au moment où j'ai eu la discussion comme telle, qui me
disaient qu'on aurait des problèmes à maintenir les services essentiels dans
les urgences, etc. Si, actuellement, la fédération, avec les P.D.G. des
hôpitaux, sont capables de maintenir un service essentiel à la population, moi,
je n'ai pas de problème. Comprenez-vous?
Mais, moi, je peux vous dire qu'on m'a dit,
à ce moment-là, des gens... Puis j'ai même dit : Vous pouvez gérer des cas
individuels. Premièrement, on peut aussi avoir une approche où on va demander
aux médecins... C'est sûr que tout médecin symptomatique ne devrait pas rentrer
au bureau ou à l'hôpital. Puis les médecins, souvent, sont des gens qui ne
s'écoutent pas beaucoup. Je peux vous dire que les conseils que je donne aux
autres, je ne les applique pas toujours pour, moi. Ici, je vais devoir être
dans l'exemplémentarité parce que, bon, ce n'est pas grave, c'est un... Et on
ne peut pas se permettre ça actuellement.
Donc, le médecin doit avoir un
comportement comme tel. S'il a des symptômes, bien il ne se présente pas. S'il
est dans une catégorie... puis là il n'y a personne de garde à l'urgence, là,
ou il n'y a personne de garde pour accoucher une femme, je m'excuse, là, on va
tuer peut-être une femme puis un bébé, puis quelqu'un qui aurait dû avoir un
soin, survivre d'un infarctus, va peut-être décéder.
Donc, si la fédération s'engage, en lien
avec la discussion des dirigeants des hôpitaux, à ce que les soins soient
maintenus puis les services de garde, moi, je n'ai pas de problème. Mais, je
vous le dis, il faut adapter la situation. Et là c'est du cas à cas, c'est de
l'analyse de garde. Puis, quand, moi, on m'a donné l'information, c'est que
c'était comme impossible, on allait se retrouver... dès le lendemain, il y avait
du monde, même, qui ne serait pas de garde en fin de semaine si la chose avait
été faite.
Donc...
M. Legault : Oh! excusez.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, allez-y, M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien,
j'allais juste ajouter : Dans le fond, on est dans la balance des
inconvénients. Ce qu'on a dit à Diane Francoeur, la présidente de la FMSQ, c'est :
Bien sûr, qu'on peut aller rétroactif sur le 14 jours, mais en autant qu'il
n'y ait pas de découverture de certains services essentiels. Donc, on est vraiment
dans la balance des... des inconvénients — excusez.
M. Laforest (Alain) : M.
Legault, depuis jeudi, quotidiennement, vous martelez votre message de
prévention, d'étaler la courbe. Il y a encore des gens qui ne comprennent pas.
Qu'est-ce qu'il faut leur dire pour qu'ils comprennent que c'est dangereux?
M. Legault : Bien, juste de
voir qu'hier, on avait une augmentation de quatre cas; aujourd'hui, on a une augmentation
de 14 cas. Donc, on l'a dit depuis le début, puis quand on regarde ce qui
s'est passé dans d'autres pays, ça va être exponentiel, ça pourrait être
exponentiel. Donc, il faut s'assurer que toutes les mesures soient prises,
qu'on mette les chances sur notre côté pour éviter que la fameuse courbe soit
trop accélérée. Pourquoi? Parce qu'on va être débordés dans le réseau de la
santé. À un moment donné, on a un certain nombre de lits. Donc, les personnes
qui doivent aller à l'hôpital, habituellement, y vont pour huit jours, c'est la
moyenne qui est constatée. Si on en a trop en même temps, on risque de perdre
le contrôle.
Actuellement, on est en contrôle total,
dans le réseau de la santé, puis on a une marge de manoeuvre. Mais, s'il vous
plaît, ne faisons pas exprès pour que des personnes infectées infectent
d'autres personnes puis que, là, il y ait une augmentation qui soit plus grande
que notre capacité du réseau de la santé.
M. Arruda (Horacio)
:
M. le premier ministre, je vais me permettre d'ajouter. Ce n'est pas le temps
de paniquer, mais c'est le temps d'agir. Puis plus on... si nous dormons sur
l'interrupteur, je vais vous dire, nous allons le regretter. Et c'est sûr que c'est
un sacrifice important, on brime un peu les droits, c'est dérangeant de ne pas
pouvoir maintenir ses activités. Mais, je peux vous le dire, si on travaille
tout le monde ensemble, cet aplatissement-là est nécessaire.
Et le retard... puis je peux vous le dire,
on est en avance par rapport à, même, ce que certaines recommandations se font.
Moi, je trouve que c'est important. Je tiens à vous dire que c'est dérangeant
pour la société. On comprend les impacts, ce n'est pas des choses qui sont décidées,
là, sur le coin d'une table : Ça nous tente de faire ça. Mais je pense
que, comme société, on a appris des autres expériences, l'OMS, qui est encore
le plus grand expert, nous le dit, et on va continuer.
Et ce n'est pas parce qu'on met des mesures
que les gens ne vont pas continuer à courir après les cas et les contacts. Il
va y avoir de la transmission de gens au Québec. Puis pour parler de... je
tiens à le mentionner aussi parce que ce n'est pas parce qu'on va avoir des cas
qui seront transmis au Québec à ce qu'on appelle des générations — un
premier cas donne un autre cas, l'autre cas donne un autre cas, un autre cas
donne un autre... Ça prend habituellement trois générations pour dire qu'on est
en situation de... C'est normal que quelques personnes... Mais les équipes de
santé publique vont faire des enquêtes, là, vont être harcelantes, vont isoler
les contacts des gens qui sont revenus de voyage. Ça se peut que, dans des
milieux de travail...
Donc, tout ça, là, ça va continuer, puis c'est
maintenant qu'il faut le faire, si on veut gagner la bataille et ne pas mettre
en péril toute notre société, particulièrement les travailleurs de la santé et
les patients les plus vulnérables. Quand on le dit aux gens âgés, aux gens
de... ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se servir de sa tête puis qu'on ne
peut pas sortir à l'extérieur. Mais c'est pour eux qu'on le fait parce que,
s'ils deviennent malades et qu'ils en meurent, on va être mal, alors qu'on peut
prévenir ça. Le virus ne sautera pas d'une maison à l'autre, mais si vous
gardez une distance...
Et je vais répéter encore la même chose. L'étiquette
respiratoire, comme membres de la société, si vous êtes malades, vous n'allez
pas exposer les autres, vous évitez ça. Lavez-vous les mains. Tout le monde a
une responsabilité, les malades et ceux qu'on doit protéger.
Mme McCann : M. le premier
ministre...
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, oui, allez-y.
Mme McCann : J'aimerais
ajouter là-dessus que c'est absolument nécessaire, ces mesures, comme le dit
Dr.Arruda, et ça nous donne le temps, hein? Quand on retarde cette courbe, ça
nous donne le temps dans le réseau de nous préparer. On est en train de
réorganiser le réseau, de dégager des lits qui vont être capables de recevoir
la population qui va en avoir besoin. Alors, plus on a le temps de se préparer,
mieux ce sera en termes d'offre de services, en termes, là, de recevoir les
gens qui vont avoir besoin d'hospitalisation. Et je veux vous dire aussi qu'on
va être capables d'organiser davantage la main-d'oeuvre. Il y a un élan de
solidarité actuellement, là, au Québec, c'est impressionnant. Il y a plein,
plein de gens qui veulent revenir dans le réseau, qui veulent venir nous aider,
infirmières, d'autres titres d'emploi.
Et je veux vous donner une adresse
courriel où est-ce que ces gens-là vont pouvoir écrire. Elle est d'ailleurs sur
le site quebec.ca/coronavirus, et ça s'appelle
jecontribuecovid19@msss.gouv.qc.ca. Nous allons la publiciser, et tous les gens
qui veulent venir nous aider, on va les recevoir. Et on leur dit merci, d'ailleurs,
d'avance. Et, par rapport aux cotisations, aux assurances, parce que ça nous a
été posé, évidemment, fréquemment comme question, nous allons y voir. On va
payer, compenser les personnes pour leurs cotisations aux ordres
professionnels, leurs assurances, et il n'y aura pas de pénalité sur leur
régime de rentes pour les gens qui sont partis à la retraite et qui reviennent.
Le Modérateur
: Fanny
Lévesque, de La Presse.
Mme Lévesque (Fanny) :
Bonjour. Est-ce qu'on peut dire qu'avec 14 nouveaux cas aujourd'hui...
c'est la plus grande augmentation depuis le début, au Québec, est-ce que nous
sommes au pied de la courbe ou est-ce qu'on est à la porte de la crise... aux
portes de la crise?
M. Arruda (Horacio)
:
Je veux dire, c'est sûr qu'on est toujours à la porte de la crise. Mais, quand
elle va être là, la crise, ça va dépendre de comment nos mesures vont réagir.
C'est clair qu'on voit un modèle de gens qui se transmettent, tu sais, et c'est
l'accélération qui s'installe. Mais cette accélération peut être atténuée,
O.K.? Et ça va dépendre.
Actuellement, on n'a pas encore... et
probablement que, pendant que je vous le dis, il va y avoir une transmission
communautaire qui va se faire, mais on n'est pas encore dans ce scénario-là. Mais
peut-être, là, que dans trois heures on va découvrir qu'il y a un cas qui n'est
jamais allé en voyage, et etc. Puis là on va encore... puis ça, c'est
important, là, encore insister pour enquêter sur ces cas-là pour que ces cas-là
n'en génèrent pas d'autres, pour ne pas qu'on se rende à la troisième
génération.
Donc, à votre question, ce que je peux
vous dire, c'est que, si vous me permettez, on est... Et, sans utiliser des
éléments de confinement total de villes, ou etc., comme a fait la région de
Hubei, les mesures qu'on met en place, c'est justement pour ne pas en arriver à
ça. Puis est-ce qu'on va le faire? Je ne suis pas en mesure de vous répondre.
Ça va dépendre si c'est localisé à un endroit, puis qu'il y a beaucoup
transmission, puis qu'il n'y a pas encore beaucoup transmission ailleurs. C'est
sûr qu'on va prendre des mesures qui vont être là, mais je suis incapable de
vous dire exactement aujourd'hui parce que c'est très dynamique. Mais ce qu'on
voit, là, ici, avec la semaine de relâche, avec les voyageurs qui reviennent
encore de pays où il y a beaucoup d'infection, c'est tout à fait normal, mais
on n'est pas en contrôle.
Puis je peux vous dire que, quand on
regarde les recommandations du CDC ou d'autres instances, on applique déjà des
mesures qu'on nous dit d'attendre un peu, mais parce qu'on a une société qui va
collaborer. Et le premier ministre tient à faire le maximum pour ne pas,
justement, qu'on se retrouve dans une situation. Et moi, je pense que c'est une
approche qui est tout à fait adéquate.
Mme Lévesque (Fanny) : Vous
parlez de cas de transmission communautaire, locale, que c'est possible que ça
se passe en ce moment même. Comment vous arrivez à dépister ces cas-là alors
que, pour l'instant, les tests sont seulement disponibles pour les gens qui ont
voyagé à l'étranger ou pour les gens qui ont eu des contacts étroits avec les
voyageurs?
M. Arruda (Horacio)
: Premièrement,
je vous comprends, votre question est très pertinente. Mais un test chez les
personnes asymptomatiques, là, ça ne donne rien, O.K.? Je peux vous tester, là,
puis, tu sais, demain... Puis actuellement, on sait que le virus, il arrive de
l'extérieur, O.K., de façon importante de l'extérieur. C'est normal que des
gens soient arrivés de l'extérieur, aient eu peu ou pas de symptômes puis aient
contaminé leurs mères, leurs frères. Mais ils n'ont pas encore contaminé tout
le métro de Montréal, parce que tout le monde en a... où il y a eu 14 personnes
dans le métro en même temps qui ont eu l'élément. C'est par des enquêtes.
On a un cas, on sait que quelqu'un est
revenu de voyage, on dit à des personnes : Vous êtes en auto-isolement
chez vous; si vous avez des symptômes, vous appelez le 8-1-1, on va vous
prendre en charge. Une personne revient de l'extérieur, elle a des symptômes,
on la teste. Puis là, on la teste, on sait qu'elle est positive. Elle est
négative, il y en a plein, c'est infirmé. Elle est positive, là on fait toute
une histoire : Quand est-ce que vous êtes revenu?, quand est-ce que vous
avez des symptômes?, dans l'avion, en aviez-vous?, qui avez-vous rencontré?, avez-vous
vu des personnes âgées? C'est tout ça qui est fait comme enquête.
Et ça, là, c'est un travail qui nécessite beaucoup
de ressources. Mes équipes sont toutes mobilisées. Puis moi, je leur ai dit :
Ce n'est pas parce que le premier ministre va prendre des décisions générales
pour la population qu'on ne va pas continuer à faire ce qu'on appelle de la
recherche d'enquête, un peu comme une émission d'enquête, là, vraiment très
intensive, pour qu'on prenne en compte ces éléments-là puis qu'on évite de se
retrouver, partout au Québec, en trois générations de maladie.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Legault, M. Arruda, Mme McCann. Ce matin, là, à TVA, il y avait un
journaliste qui était à l'aéroport, qui demandait aux Québécois qui sortaient
de l'avion : Allez-vous vous mettre en quarantaine? Il y a plein de gens
qui disaient : Moi, ça ne m'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de
changer ma façon de vivre, etc. Il y a encore plein de gens qui ne prennent pas
ça au sérieux, qui pensent que c'est juste une grippe. Ça fait que, sans
nécessairement faire paniquer le monde, là, je sais que le CDC, aux États-Unis,
a rendu publiques ses projections, là, pires projections, meilleures
projections, avec le nombre de décès, est-ce que vous, vous pouvez rendre
publiques, là, vos projections?
M. Legault : Bon. Les
projections, là, il y en a des tonnes, il y a plusieurs scénarios. Est-ce que
ça va se passer comme en Italie, comme en Chine, comme en France? Je pense
qu'on a beaucoup de scénarios, on ne commencera pas à en publier un ou deux.
Par contre, ce que vous dites, là, c'est très important. On va s'assurer, dans
les aéroports, que non seulement les consignes, entre autres, de s'isoler pour
14 jours soient très claires, mais même qu'il y ait des personnes qui
s'assurent de bien le communiquer pour que les gens comprennent bien ça.
Peut-être que tu veux... Qui qui s'occupe...
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, madame... Je vais y aller aussi.
Mme McCann : C'est en santé
publique, ça. Vas-y...
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, si vous permettez. Premièrement, là, je tiens à vous dire, là, je
comprends, là, les scénarios catastrophes, on les regarde, on les lit, on a
plein d'hypothèses. Ce que je peux vous dire : Les hypothèses se tiennent
toutes. Une ou l'autre, ça va dépendre. La chose la plus importante, c'est
qu'on s'organise tout le monde ensemble. Si on dit aux gens, là, de faire une
quarantaine volontaire... un isolement volontaire pour 14 jours, là, ce n'est
pas pour le plaisir, O.K.? Les gens ont une responsabilité sociale par rapport
à ça. Ça se peut... et je souhaite que les gens ne soient pas malades puis que
ce 14 jours là soit inutile, si on l'avait su à l'avance, mais il n'y a
pas moyen de le savoir à l'avance.
Puis là je vais vous dire, là, ce n'est
pas rien que... Puis il y a des gens qui n'avaient pas beaucoup de symptômes
puis qui ont fini par en avoir. Là... les gestes. Nous, là, de notre côté, on
travaille une augmentation de capacités. Il y a des gens, là... Puis ça fait un
bout, là, c'est en janvier, là, qu'on commençait à dire : Il faut
commencer à prévoir notre capacité, les approvisionnements de masques,
maintenir les médicaments. Ce n'est pas hier, là. Mais, au point de presse que
je faisais, en janvier puis en début février, je n'allais pas vous dire :
Bien, ça va être ça, là. Je ne savais pas que ça allait être... l'histoire de
la France puis de l'Italie, là. Ça allait être comme ça.
Ça fait que, là, nous, ce qu'on fait, c'est
qu'on est chanceux, on a la chance, on a le privilège d'être informés puis de
faire de quoi. J'invite très honnêtement toute la population québécoise à
appliquer les éléments. Le succès de notre abaissement de courbe est dépendant
des comportements de tous les Québécois, des entreprises, à mon avis, comme
tels. Je peux vous le dire, peut-être... Puis c'est comme ça, on va dire :
Ah! ils en font trop. Moi, je vous dis, là, c'est assez rare... je ne suis pas
du genre hyperénervé, je vous dis : Faites ce qu'on vous dit, je vous en
prie, je vous en supplie. Il y va de votre propre santé, de la santé de nos
concitoyens.
Puis on ne fait pas ça en disant :
Aïe! ça me tente d'avoir le trip de jouer à la dictature. Ce n'est pas ça, là.
Je suis très, très, très sérieux, là, très sérieux par rapport à ce que je vous
dis. Et je pense que tous les directeurs, on aime mieux être plus prudents que
pas assez. Les enjeux pour notre société, pour notre système de soin, là, sont
majeurs.
Mme McCann : Et c'est important,
quand les gens arrivent à l'aéroport, là... et on va faire ça, là, il va y
avoir des pancartes encore plus évidentes partout, et on va mettre des personnes,
des personnes qui parlent à ces gens qui arrivent à l'aéroport et qui leur
disent exactement quoi faire, des gens de la santé publique qui vont être à
l'aéroport. Parce que ça va être important qu'ils soient sensibilisés, dès leur
arrivée, à la situation. Alors ça, ça va se mettre en place.
M. Arruda (Horacio)
:
Puis quand ça va aller mal, il va être trop tard. Je m'excuse, je prends beaucoup
la parole parce que je suis docteur, j'ai un élément de population, là, puis j'ai
besoin que vous compreniez ce qu'on vous dit. C'est normal aussi que, quand on
va mettre des mesures, que ça prenne deux, trois jours à la peaufiner. Actuellement,
là, si on attendait que tout soit parfait pour... toutes les listes soient
parfaites, là, on serait en retard. Moi, je pense qu'on est mieux d'avoir 85 %,
90 % — c'est une bonne note — de message, de peaufiner
le lendemain, de repeaufiner le lendemain, puis ne pas nous dire : On
aurait dû, hier, nous le dire. Ça va tellement vite.
Mais je vous invite... puis, en même
temps, il y a toujours des gens qui adaptent tout de suite : il ne faut
pas paniquer. Ça, c'est une autre affaire. Ceux qui paniquent, souvent, ne sont
pas des gens qui devraient paniquer, puis il y en a qui devraient faire de quoi,
puis ils ne le font pas. C'est normal, je ne suis pas en train de critiquer qui
que ce soit.
Mais je veux juste que vous compreniez, et
j'insiste — je prends la parole beaucoup, M. le premier ministre, je
m'excuse — pour moi, comme docteur de population, le comportement que
vous allez avoir a un impact sur les autres. Et là on est dans une espèce de
santé publique, c'est ce qu'on appelait avant la santé communautaire, nos
actions ont un effet. Et on peut mettre tout ce qu'on veut, si la population et
le personnel, la société n'appliquent pas les choses, c'est comme si on
n'atteint pas le même niveau de comportement. Il va y avoir des exceptions, on
le sait. Mais je vous en supplie.
M. Lecavalier (Charles) :
Question de cohérence, là. Pour ce qui est des lieux de rassemblement, il y a
des grandes tours, là, je vois le siège social de Desjardins, tour de la Bourse
à Montréal, le complexe G à Québec, là, où est-ce qu'il y a des fonctionnaires,
où il y a des masses de gens qui viennent travailler. Est-ce que, par
cohérence, vous allez aussi fermer ces lieux-là?
M. Legault : Bon, d'abord, je
reviens toujours à la balance des inconvénients. Je pense, c'est important que
les gens continuent de travailler. C'est important qu'on essaie de garder une
distance d'un mètre avec les autres personnes avec qui on travaille. Pour
l'instant, on se concentre sur les lieux de loisirs, là, qui ne sont pas
nécessaires, mais je pense qu'on n'est pas rendus à l'étape, là, de dire aux
gens de ne pas aller travailler. Évidemment, tous ceux qui sont capables de
travailler par téléconférence, faites-le, mais on ne pense pas que c'est une
bonne idée d'arrêter le travail.
Le Modérateur
:
Jocelyne Richer, La Presse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui,
bonjour. Toujours dans cette optique, là, d'agir avant qu'il ne soit trop tard,
pourquoi vous n'avez pas choisi, à ce moment-ci, de faire comme dans d'autres
pays et d'ordonner la fermeture complète de tous les commerces, sauf les
supermarchés et les pharmacies? Pourquoi? Parce que, là, c'est volontaire, là.
Vous demandez certains lieux.
M. Legault : Oui, oui. Bien,
si vous regardez la France, là, par exemple, parce qu'on a tous suivi ce qui
est arrivé hier en France, la France est rendue à peu près à 70 cas
par million d'habitants; nous on est à quatre cas par million
d'habitants. Donc, on n'est pas au même endroit que la France dans l'évolution
de la contagion.
L'autre chose, c'est que, si je reviens
sur les restaurants, je pense entre autres aux restaurants le midi, les fast
foods, il y a des gens, si, demain matin, on les ferme complètement, qui vont
mettre beaucoup de pression sur les épiceries puis sur les autres endroits pour
se nourrir. Donc, on ne veut pas créer un autre problème. Donc, c'est toujours
une question de calcul des inconvénients...
Mme Richer (Jocelyne) : Les
centres commerciaux?
M. Legault : Bien, il faut,
entre autres, garder... parce que, dans les centres commerciaux, il y a des
endroits pour aller acheter de la nourriture, et puis les gens ont besoin de
continuer à vivre et puis ils ont besoin de toutes sortes de choses dans la
société. Je ne dis pas qu'on ne va pas en venir là, mais on n'en est pas rendus
là. Mais on le regarde.
M. Arruda (Horacio)
:
Mais les gens peuvent appliquer... Si vous me permettez, M. le premier
ministre, encore, j'en profite parce que c'est rare que je peux parler directement
à ma population... en tout cas, vous allez m'entendre peut-être trop, de ce
temps-ci, mais ce que je veux dire, c'est que, même si on va au centre
d'achats, on peut respecter... Un, les personnes qui sont malades, hygiène,
n'allez donc pas dans les centres d'achats. Si vous êtes dans un centre
d'achats, essayez de ne pas... Vous voyez que quelqu'un tousse, puis etc.? On
s'éloigne. La distanciation sociale peut être faite dans un centre d'achats. Si
vous n'en avez pas vraiment besoin, là, vous allez là pour vous désennuyer
seulement, là, tu sais, je pense qu'il faut... C'est là où on fait aussi appel
à l'intelligence des Québécois et des Québécoises par rapport à ça. Puis, comme
le dit le premier ministre, on verra.
Mme Richer (Jocelyne) : Maintenant,
vous avez demandé aux gens âgés de 70 ans et plus de rester à la maison.
Est-ce que ça vaut aussi, dans votre esprit, pour les médecins ou peut-être les
infirmières à la retraite? Ça risque d'avoir un impact, là, sur le...
M. Legault : Bien oui, c'est
du cas par cas. C'est du cas par cas. C'est certain qu'un médecin qui a
70 ans ou plus, ce n'est pas idéal qu'il revienne dans le réseau sauf si
on manque de médecins à un endroit.
Mme Richer (Jocelyne) : Il y
en a qui pratiquent déjà, là. Il y en a beaucoup. Il y en a 1 500.
M. Legault : Écoutez, c'est du
cas par cas, O.K.? Comme je vous dis, si on se prive d'un médecin, ce n'est pas
parfait. Si on fait travailler un médecin de 70 ans et plus, ce n'est pas
parfait. Donc, c'est pour ça qu'on regarde la balance d'inconvénients. L'idéal,
c'est que les médecins qui sont capables de faire du télétravail... Ça, c'est
l'idéal. Mais il faut regarder cas par cas concernant les médecins de
70 ans et plus.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais
c'est à lui à décider.
M. Legault : On le regarde
avec le médecin, oui. Les dirigeants du réseau le regardent un par un.
Mme McCann : Oui. Et il y a
moyen aussi que le médecin mette des mesures de protection, aussi,
additionnelles, là, pour se protéger. Alors, évidemment, tout ça est regardé actuellement,
et il y a moyen de faire peut-être de la téléconsultation pour certains d'entre
eux. Mais, vous savez, c'est toujours l'équilibre, là. On ne veut pas créer un
bris de services. On a besoin... on a quelques centaines, là, de médecins qui
ont 70 ans et plus, alors des mesures de protection additionnelles pour
eux-mêmes. Évidemment, s'ils ont un problème de santé ou ils reviennent de
voyage, ils sont symptomatiques, il ne faut absolument pas qu'ils soient dans
le réseau. Alors, tout ça est évalué, là, avec un équilibre.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard, La Presse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. D'abord, est-ce que je comprends que vous ordonnez la fermeture des
lieux dont vous avez parlé? Et pouvez-vous préciser quels sont vraiment tous
ces lieux? Parce que je pense qu'il y a beaucoup de questions à ce sujet, là.
Vous parlez des centres de ski, mais pas les salons de quilles, mettons. Bon, bien,
comprenez-vous ce... Il faut préciser un peu peut-être parce que...
M. Legault : Oui. Bien, ce
qu'on dit, d'abord, puis on compte sur la bonne foi des gens, c'est : Tous
les centres, là, de loisirs ou d'amusement, ce n'est pas nécessaire, là,
d'avoir ces lieux-là qui soient ouverts, puis ça comporte des risques
additionnels. Donc, tous les centres, là... On va, je pense, mettre une liste
complète et...
Une voix
: ...des exemples.
M. Legault : Bien là, on vous
donne des exemples, effectivement, mais tous les lieux de loisirs, d'amusement
où ce n'est pas nécessaire, où les gens habituellement se rassemblent. Tu sais,
aller dans un bar... Pourquoi on interdit les bars, mais pas les restaurants? C'est
parce que les restaurants, on se nourrit. Mais quelqu'un qui dit : Je vais
aller au restaurant juste pour le fun de rencontrer 10 personnes, là, ce
n'est pas une bonne idée. Donc, il y a aussi une question de jugement. C'est de
dire aux gens, là : Je comprends que vous voulez vous nourrir, je
comprends que vous avez besoin, je ne sais pas, d'un plombier ou de certains
services, mais, si vous êtes capables de vous en passer pendant un certain
nombre de semaines, bien, passez-vous-en.
M. Chouinard (Tommy) : Comme
les magasins de vêtements, là, par exemple, là, ça, ça compte ou...
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, je vais vous donner un exemple, si vous me permettez. Là, il faut
comprendre qu'il y a eu une semaine de relâche, hein? On ferme les écoles, on
ferme les garderies. Si les gens des écoles puis des garderies s'en vont passer
leurs journées dans des endroits... on n'aura pas réglé le problème. Donc, je
vais vous donner des exemples. En termes culturels, les bibliothèques, on les
ferme. Les piscines, spas, saunas, aquaparcs, on les ferme. Les lieux
récréatifs, incluant les stations de ski, les mégaparcs, les centres de
trampoline, on les ferme. Les cinémas et les arcades, là, où est-ce que les
jeunes se retrouvent, on les ferme. Les centres d'entraînement, gyms, salles de
danse, «spinning», zumba, on ferme ça.
Puis, dans les faits, pour ce qui est de
la restauration, comme on avait dit, on ferme les bars et les discothèques, on
ferme... la fermeture complète des buffets et des cabanes à sucre. Les restaurants
doivent permettre une distanciation, O.K.? Le «takeout» va demeurer disponible.
Non, mais on rit, là, mais c'est... on est dans la période des cabanes à sucre,
c'est difficile d'avoir de la non-proximité là-dedans. Les «takeouts», ça va
être permis.
Et, dans les faits, ce que dois vous dire
aussi, on va mettre ça sur notre site Web pour que ça soit clair, puis, s'il y
a des questions, on va y répondre. Mais, vous voyez, le principe, c'est que,
dans le fond, on essaie d'éviter de déplacer un problème ailleurs, là. Là, si
tous les jeunes se retrouvent dans une pièce à sauter dans une trampoline, dans
la semaine... dans les deux prochaines semaines, là, on va avoir déplacé le
problème de l'école ailleurs, puis ce n'est pas ça qu'on veut.
M. Chouinard (Tommy) :
...détail jugés non essentiels?
M. Arruda (Horacio)
:
Ça, les commerces de détail, actuellement, on n'est pas en train... Si vous me
permettez, les gens peuvent avoir encore des besoins actuellement. On n'est pas
dans une transmission active au Québec. Ça va être évalué au jour le jour, pour
ne pas dire à l'heure, si vous me permettez. Mais actuellement, on laisse ça
ouvert. Mais pensez-y, n'allez-y pas aux heures de grandes affluences, allez-y
si c'est nécessaire. Si vous avez besoin de vous acheter des... Je vais avoir probablement
besoin de chemises neuves puis de vêtements, moi, personnellement. Je vais
m'organiser pour y aller, mais je vais faire attention.
Le Modérateur
: Alex
Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour. La question s'adresse peut-être à M. Arruda. En France, il y a eu
une directive selon laquelle il serait mieux de ne pas donner des
anti-inflammatoires en début de... possiblement de maladie, lorsqu'on a des
symptômes, comme Advil, par exemple, qu'on devrait privilégier davantage
Tylenol parce que ça pourrait accélérer la maladie.
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, écoutez, je ne suis pas... je suis médecin de santé publique, mais je peux
vous dire ce que j'en pense, là. La maladie du coronavirus, elle crée... elle
tue les personnes par un processus inflammatoire très aigu du poumon, O.K.? C'est
une pneumonie, là, qui n'est pas commune, alors que l'influenza, c'est une
infection, puis qu'après ça on attrape une bactérie, puis cette bactérie-là
crée des pneumonies localisées, puis etc. Le coronavirus, ce n'est pas par surinfection
qu'il tue ces personnes, c'est par une grosse réaction inflammatoire des
individus, de certains individus, surtout les personnes âgées ou même de
certains jeunes qui pourraient avoir une grosse infection inflammatoire. En
utilisant les anti-inflammatoires, probablement qu'on retarde certains signes,
mais, après ça, ça s'accélère. C'est mon hypothèse.
Mais j'aimerais ça que vous posiez la
question à quelqu'un qui suit les patients, puis etc. Et j'ai vu ça récemment,
et donc ça veut dire que... De toute façon, on va vous donner l'information,
nos cliniciens vont se pencher là-dessus. On n'est pas encore avec des cas de
façon significative. Les gens vont contrôler, en fin de compte, leurs
symptômes, probablement avec un antipyrétique. Mais actuellement, d'après cette
information qui demeure à valider, là, je tiens à le dire, peut-être essayer
d'éviter les anti-inflammatoires, si on n'a pas besoin... de douleurs
anti-inflammatoires.
M. Boissonneault (Alex) :
Autre question : Avec toutes les mesures que vous avez annoncées de
fermetures, est-ce qu'on ne se trouve pas à mettre un peu le Québec en
quarantaine, sans utiliser le nom? C'est quoi la différence qu'il y aurait avec
une quarantaine en bonne et due forme?
M. Legault : Bien, évidemment,
là, on garde la majeure partie des entreprises ouverte pour l'instant. L'idée,
c'est d'éliminer ce qui n'est pas... ce qui est agrément, ce qui est amusement,
ce qui est loisir. Il ne faut pas faire exprès pour aller prendre des chances
de rencontrer... ou de s'approcher d'une autre personne puis d'infecter plus de
personnes.
Évidemment, par contre, déjà, avec les
mesures qu'on prend, je suis très conscient de l'impact négatif sur l'économie
du Québec, là. Encore là, c'est une balance d'inconvénients. Mais on va
arriver, là, dans les prochains jours, avec des mesures pour les individus,
pour les entreprises, pour relancer des travaux d'infrastructure, justement,
pour venir remplacer des emplois qui vont avoir disparu. Donc là, notre
priorité, c'est vraiment, là, de tout faire ce qui est en notre possible pour
ralentir la progression, pour que le réseau de la santé soit capable de traiter
les personnes qui vont avoir besoin d'être hospitalisées. Notre priorité, là, c'est
la santé.
M. Lacroix (Louis) : Je vais
risquer une question personnelle... bien, pas personnelle, mais... M. Arruda,
on voit, sur le bilan que vous faites à tous les jours sur le site Internet, on
est rendus à 35 cas. Qu'en est-il des gens qui sont guéris du coronavirus?
Parce que j'imagine qu'on doit en guérir, éventuellement, là. Est-ce qu'il y
aura un décompte qui va être fait? Est-ce que ces gens-là demeurent contagieux?
Est-ce que ce sont... Une fois qu'on l'a eu, est-ce que par la suite on est
comme immunisé? Comment ça fonctionne?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, pour nos premiers cas actuellement, là, c'est sûr que, dès qu'on va avoir
un premier cas guéri, qui va être... se définit selon la présence de deux tests
négatifs, là. Parce qu'au début on va faire des tests pour être sûrs, pour ne
pas réintroduire... À un moment donné, on va arrêter de les faire, les tests,
là, après certaines périodes, mais, oui, on va regarder ça, oui, ça va être
publié. Et, comme ailleurs dans le monde, il y a déjà des gens qui ont passé à
travers la chose et qui ont exprimé aux autres de ne pas paniquer. Parce que,
pour la très grande majorité, ça va aller bien. On va mettre ces chiffres-là à
jour, mais il faut toujours avoir le temps, là, parce que c'est quand même...
ce n'est pas récent. On ne veut pas dire si cette personne-là est guérie, et
puis elle ne l'est pas. C'est pour ça qu'on va regarder la meilleure façon de
déterminer, par des tests, mais aussi par la symptomatologie.
M. Lacroix (Louis) : Donc, je
comprends qu'actuellement, officiellement, il n'y a personne diagnostiqué qui
ait été guéri, là, qui est considéré comme guéri.
M. Arruda (Horacio)
:
Je vous dirais qu'actuellement... Je vous dirais, l'information que j'ai, c'est
qu'il y a une personne qui est guérie, mais elle a eu un test faiblement
positif, puis un test négatif, puis un autre test négatif. On va s'assurer que
cette personne-là ne soit pas contagieuse du tout, du tout.
Le Modérateur
:
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. M. Legault, vous dites
avoir un différend avec Justin Trudeau. Est-ce que, pour lui, c'est
envisageable, à un moment ou à un autre... est-ce qu'il a identifié une espèce
de point de bascule, un moment où on pourrait bel et bien fermer les frontières
aux touristes?
M. Legault : Bien, il faut lui
poser la question à lui, là.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Selon votre compréhension, est-ce que c'est
envisageable ou pas du tout?
M. Legault : Bien, je pense
qu'il est en train de réfléchir, de consulter les gens autour de lui, là, mais,
bon... Je l'ai entendu tantôt dire qu'il n'excluait rien.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que c'est responsable, la manière dont
il se comporte?
M. Legault : Bien, écoutez,
écoutez, là, ce n'est pas une science exacte, là. Nous, on pense que ça serait
mieux de ne pas accepter des touristes étrangers au Canada. Bon, M. Trudeau, il
y a les impacts économiques de tout ça, comme je vous disais tantôt, il m'a
parlé des médicaments et de la nourriture. Puis ça, je suis d'accord avec lui, il
faut continuer à laisser entrer, par exemple, les camions qui viennent faire
des livraisons, mais des touristes étrangers, moi, je pense que ce n'est pas
une bonne idée.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Avez-vous le soutien d'autres premiers ministres?
M. Legault : Bien, j'ai le
soutien des trois partis d'opposition à l'Assemblée nationale.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Mais ailleurs dans les provinces?
M. Legault : Il y a des
discussions. Il y a des discussions.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Toujours au sujet des frontières, Mme McCann
nous a annoncé qu'il va y avoir des responsables à la santé publique qui vont
être sur place. Mais, quand même, là, on est passé en seconde vitesse et même
plus depuis jeudi. Là, les voyageurs qui arrivent à Montréal-Trudeau, ils
pitonnent encore tous sur une borne électronique qui n'est pas nettoyée entre
chaque personne. Vous ne trouvez pas qu'il est un peu tard ou qu'on n'a pas agi
assez rapidement pour les protéger, ces personnes-là?
Mme McCann : Bien, écoutez,
moi, ce que je peux vous dire, là, c'est qu'il y a des choses comme ça, là, qui
sont sous la responsabilité aussi du fédéral. Alors, il faut continuer de vraiment
discuter avec eux, et ça se fait au niveau de la santé publique, du côté de Dr
Arruda. Moi, j'ai des contacts réguliers avec la ministre fédérale en santé,
Mme Hajdu. Alors, ce sont des points que nous faisons de façon soutenue. Alors,
évidemment, quand on dit : On va mettre, nous, des gens à l'aéroport,
bien, on prend les choses en main et on veut que les personnes qui arrivent
sachent qu'est-ce qu'il faut faire quand on arrive au Québec, là, d'un pays
étranger.
Une voix
: ...
Le Modérateur
: S'il
vous plaît! Il faut respecter la question, sous-question, s'il vous plaît.
Sébastien Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, M. le premier ministre, madame, monsieur. Juste une précision parce
que ce n'est pas clair dans mon esprit. On est rendu à 38 ou...
M. Legault : 35.
M. Bovet (Sébastien) : 35.
D'accord.
M. Legault : Donc, on est
passé de 21 à 35 depuis hier.
M. Bovet (Sébastien) : Très
bien. Merci. Ce n'est toujours pas clair dans mon esprit, M. Arruda, mais est-ce
que vous ordonnez la fermeture de lieux de rassemblement ou vous dites :
On devrait fermer les lieux de rassemblement?
M. Arruda (Horacio)
:
J'ordonne. Je voulais dire, par exemple, les endroits que j'ai dits, les
cabanes à sucre, les complexes pour les jeunes qui vont s'y trouver, là, c'est
une ordonnance. On demande aux gens de s'isoler de façon volontaire, encore, parce
que vous comprenez qu'il y a des éléments, surtout, que... si on n'a pas de
symptômes, là. Mais, actuellement, là, les endroits qui sont nommés, que vous
allez avoir dans la liste, ça va être ordonné, O.K.?
On recommande aux gens de faire du
télétravail le plus possible. Et je peux vous dire, des fois aussi... C'est ça,
la grande richesse du Québec et de la collaboration, il y a déjà des gens qui
ont pris des initiatives à l'avance, même, que nous, on les mette, parce qu'ils
considèrent, pour toutes sortes de raisons, que leur service n'est pas
nécessairement complètement essentiel. Ils changent leurs modes de
fonctionnement, O.K.?
Mais ce sera clair, si vous me permettez,
dans le site Web — puis vous comprendrez que ça va très, très vite,
là — qu'est-ce qu'on ordonne ou pas. Puis je tiens à vous dire aussi,
là, il est possible des fois qu'on fasse quelque chose, qu'on revienne un peu
en arrière, tout dépendamment comment vont les choses, là, parce qu'on monitore
aussi les impacts de nos interventions. Il n'y a pas seulement la maladie, mais
les impacts.
Mme McCann : La loi sur
l'urgence sanitaire, hein, le décret qu'on a passé vendredi, donne à la ministre
de la Santé et des Services sociaux le pouvoir d'ordonner, par le directeur
national de santé publique, la fermeture des endroits qu'on a mentionnés.
M. Bovet (Sébastien) : Il y a
cinq jours, au pays, il y avait moins de 100 cas. Aujourd'hui, on frôle
les 300. Hier... ou depuis 24 heures, au Québec, 14 nouveaux cas.
Donc, on comprend que la progression est exponentielle. Caroline Quach, qui est
une pédiatre infectiologue, a tweeté en fin de semaine qu'en sachant que
40 % à 60 % de la population peut être affectée, ça voudrait dire
4 millions de Québécois, 400 000 hospitalisés, 200 000 aux
soins intensifs et 24 000 décès. Il y a actuellement, sur
300 cas environ au pays, un décès. Qu'est-ce que le taux de mortalité
actuellement, au pays, vous dit sur les scénarios envisageables au Québec?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui. Je vous dis, c'est ça qui est le drame, si vous me permettez, c'est qu'il
faut faire de la futurologie, puis après ça on va se rendre compte selon les
données. Il faut comprendre aussi ici, là, c'est que, quand on regarde le
nombre de mortalités sur le nombre de testés, si on n'a pas en compte ce qui se
passe dans la communauté, des transmissions qui ne sont pas calculées, qu'on
n'a pas du tout comme dénominateur, on surestime les mortalités. C'est pour ça
qu'on vous dit, là... On pourrait vous sortir des chiffres, là, à n'en plus
finir, avec un scénario d'attaque à 3 %, à 10 %, à 12 %, étalée,
si ça monte en pic, là on va avoir... Tu sais, une transmission de 50 % de
la population mais qui est étalée sur plusieurs mois n'est pas du tout la même
affaire. Et c'est pour ça, c'est pour ça qu'au lieu de s'ostiner sur les
scénarios on met des mesures en place.
Et je tiens à vous le dire, j'ai hâte de
voir, dans quelques mois, ça va être quoi, le succès du Québec. Et c'est pour
ça qu'au lieu de vous présenter des scénarios je vous demande, s'il vous plaît,
d'appliquer les mesures parce que c'est eux autres qui vont changer notre
courbe puis qui vont changer notre rythme de transmission, qui peut varier d'un
pays à l'autre selon les interventions qu'on fait. Parce que c'est ça, la
dynamique, là, c'est qu'on éloigne les gens. Ça fait que là vous avez compris
mon message parce que, sinon, je ne vais pas donner un cours ici, vous avez
d'autres choses à faire. Pour aller passer le bon message, le message, c'est :
aidez-nous à vous aider. Puis on veut protéger notre système de soins.
M. Legault : Peut-être juste
pour ajouter, M. Bovet, là, pour vous dire, le scénario que Mme Walsh... ou la
Dre Walsh, puis que vous mentionnez, là, c'est un des scénarios qu'on regarde.
Mais, si vous parlez des chiffres, comme vous les mentionnez, là,
400 000 personnes hospitalisées, bien, si vous supposez que tout ça
se passe sur 40 semaines, puis que les gens restent une semaine en moyenne
à l'hôpital, ça veut dire qu'on a besoin de 10 000 lits. Ça vous
donne un ordre de grandeur, là, de... Puis c'est exactement là-dessus qu'on
travaille pour amener des lits dans des édifices modulaires, là, dans des
locaux temporaires pour être capable d'aller faire face aux scénarios qui
seraient les pires. Évidemment, on ne souhaite pas ça, là. Puis il y a des
scénarios qui sont plus optimistes, d'autres qui sont plus pessimistes, comme
celui-là. Mais c'est exactement le travail qu'on fait, actuellement, d'essayer
de prévoir tous les scénarios. Mais celui-là, il est considéré.
Mme McCann : Oui. C'est pour
ça qu'on déleste les activités qui ne sont pas urgentes, toutes les activités
électives dans le réseau actuellement, là. On est en accéléré, on déleste tout
ce qui n'est pas urgent, nécessaire. Ça va nous dégager un certain nombre de
lits, ça va nous aider. Et, en plus, on prévoit des lits additionnels au
Québec, là, certainement dans la grande région de Montréal, à Québec, la
couronne, mais dans toutes les régions du Québec. Et on veut, effectivement,
que des gens qui sont à l'hôpital, actuellement, puis qui n'ont pas besoin de
soins aigus, on les déplace dans les lits qu'on va trouver à l'extérieur.
Alors, on va être très, très préparés, là, pour recevoir les gens qui vont
avoir besoin d'hospitalisation.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer aux questions en anglais. On va commencer avec Samuel Pouliot,
de Global.
M. Pouliot
(Samuel) : CTV. Hi. Can you just repeat your
statement about bars and restaurants in English?
M. Legault : OK.
So, starting today, we ask owners of bars and discotheque, training centers,
movie centers to close them. Regarding restaurants, we ask them to reduce the
capacity at 50%, the number of clients that usually they can welcome. And what
we're saying is that people must sit at every second table. So, that is clear. Why
do we do that? We do that because we think that right now we have to slow the
increase in the number of people infected. So, that's why we're asking for
these additional measures. And we repeat to all people that you must always be
at one meter, at least, of other people. So, that is what we announced today.
M. Pouliot (Samuel) : OK. There are families who are opposing the no visitation rule.
Some people don't take all the measures seriously. What do you say to them?
M. Legault :
I'm asking them to, please, all work together in order that we win the battle.
And, right now, our challenge is to delay the increase of the number of people
infected. And in doing so, we give people in our health care network the
capacity to be able to give services to those people. If it's over, let's say,
40 weeks, it's a lot easier than if it's over three,
four weeks. So, the better it's spread, the easier it is to treat and give
services to those people in our hospitals.
Le Modérateur
: Phil Authier, la Gazette.
M. Authier (Philip)
:
The Gazette. Thank you.
Bonjour. To follow up on that question, we're getting a lot of complaints about the non-visits. There's
much resistance with… People are saying... and I'm sure you've thought of this
scenario, people are saying because the parent can't… the family member can't
visit or the volunteer can't visit, the person in the center will not get as
good care because the staff is overwhelmed. Could you remind them again why
this rule has been imposed?
M. Legault :OK. I think that
the worst case scenario is to have those centers infected. So, that's why we're
very tough on these measures. Of course, you can have exceptions. I've had some
people calling me, yesterday, and they told me : My mother is dying, I
want to see her a last time. So, of course, this is an exception. We'll make
sure that there is not infection with other patient in the center in doing so, we'll
ask her to put a mask. But, generally speaking, it's better not to have any visit for people that are
vulnerable.
M. Authier (Philip)
: And, for Minister
McCann. The new cases... we had the first child yesterday at Sainte-Justine. Are
there any children, in the new cases that have been announced… been confirmed
today? And can you tell us how many… Yesterday, you said three
hospitalizations. Could you bring me up to date on that? And also, what is the
current wait time for Info-Santé?
Mme McCann : OK. It's still three hospitalizations. To my knowledge, there's no
other child — Dr.
Arruda — at this
point… Case... and your other question?
M. Legault :The average time.
Mme McCann : The average time. Well, thank you for that question. What I want to say is that the number that you have in front, the
1-877-644-4545, is doing well. I mean, people are getting answers. First of
all, you're going have someone who will be there to listen to you and to ask
you questions. So, if you call... And I encourage people to call if they have
symptoms. They've been on a trip, they've been in contact with someone who's
been on a trip, who has symptoms, these are the priorities. People that should
call at that number, they've asked those questions and they're transferred to 8-1-1 if necessary.
So, I'm told the waiting
time has improved very much on the 877 number. People are going to get an
answer. But on the 8-1-1, we have made improvements on the telephone line,
we've added hundreds of telephone lines, but we need to have more people. We
have people, we have 700 people who want to work at Info-Santé, at the 8-1-1,
but we have to train them. So we're starting Monday. It takes three days to
train someone. We have at least 30 people on Monday, who are going to be
trained, and we have a potential of seven and 50 more. So we're organizing all
that.
So, what I want to say is
that, in any case, if you come back from a trip, we have said : You have
to go on isolation, voluntary isolation for two weeks. So, even if you get your
test of «dépistage», you're going to have to be in isolation. So, what I'm
saying is that, even if you get your test a little bit later in the week, it
doesn't have any impact because you're going to get back home, we're going to
ask you to go back home and to keep in isolation, except if you have symptoms
that are severe. Then you have to go to the hospital. You call an ambulance,
you go to the hospital. But, generally, people are being asked to go back home.
So the service will improve this week for sure.
Le Modérateur
: Je suis désolé d'avoir interverti, tout à
l'heure, CTV et Global. Raquel Fletcher, de Global News.
Mme Fletcher (Raquel) : Bonjour. COVID-19 is now holding us hostage in our homes. Is that
the situation that we're in?
M. Legault :
Bien, we have to make sure that we don't meet other people if it's not
necessary. So, I want people to work, I want people to buy food, I want people
to get the essential services. Put please don't go in a bar and take risks for
nothing. So that's what we're saying.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Arruda, these latest measures today seem a little extreme, but
you said you're not acting like a dictator, you're not on a power trip.
M. Arruda (Horacio)
:
I'm not on a power trip, I think, but we're ordering, as an instrument of the
Minister of Health, to do things that I think is a prescription I'm making to
the population. So I'm ordering it. I'm not doing a trip for doing this, there
are reasons why I'm doing this. It's because I want to protect your own health
and the health of other persons. And also taking sure that we maintain our
system.
Because there is not
going to be only coronavirus, there is still going to have diseases. People can have pneumonia, other diseases, and we must take care
of them, you know? And, if we don't do that, there is a risk... even if we are
planning for bad scenarios, there is a risk that we are going to lose people
because they have not been treated in the system. There is a risk our health
care people get sick also and not able to do the work. Because that's not only
the beds and the respirators, you need to have doctors and nurses to take care
of you.
Our human population is important. Everybody is important, and it's why we're taking that. Because the ones who delayed had bad
scenarios, like Italy, France, actually. And, if you remember, China makes a lot of things, and they
protect the other provinces, who reacted very rapidly. So, we are doing that
from the knowledge we're getting from the experiences of other countries.
M. Legault : But I want to specify one thing. I fully agree with Dr. Arruda
that it's an order, but we have to count on the good faith of Quebeckers. I cannot send police in each
restaurant, making sure that they use only 50% of their capacity. So, we need
to count on the good faith of Quebeckers.
Mme Fletcher (Raquel) : Can I just ask quickly about homeless people and other people in
vulnerable situations like
that, who may not be able to put themselves in self-isolation? And now we're
hearing of some homeless shelters closing because they're very worried about
people being contagious and spreading it. Any special measures taken for the
homeless?
M. Arruda (Horacio)
: For the homeless? OK. Yes, we will take care of those persons, our vulnerable persons. And
in the shelters, I can tell you, hygiene aspects must be said. If there is people
sick, they are going to be checked as perhaps potential. But there is going to
be a story : Have you traveled or not? But they will... They are patients,
vulnerable, as any one else, and they have rights to be treated with dignity.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Mrs. McCann, the reason why you have to
send people from the public health from Québec in the airports to tell to
travelers, Quebeckers travelers who come back, what to do... Because they don't
get that message or because the federal is not doing enough?
Mme McCann :
You know, we are going to put also... «la sécurité civile» is going to put
more... «des pancartes», you know, the signs, bigger signs. I think it's
because, you know, it takes time for people to register.
We have to repeat, we have to explain. So, a sign is probably not enough. You
have to discuss with the person, explain why you're doing that, and it is more
effective when you have that contact at the airport.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault, you were talking about controlling the number of
visitors coming to Canada, two
days ago, but now you're basically saying it would be preferable to close the
borders to all visitors coming to Canada?
M. Legault : I think that we need the goods, we need the drugs, the food, but I
think... For me, we're asking our own people to be isolated for 14 days. So,
how can we accept tourists coming from other countries in Canada? Because it increases the risk of
infection in Canada. So, I'm
just suggesting to the federal Government that we at least reduce the number of tourists in Canada.
Mme Senay (Cathy) : Are you going to lose patience on that?
M. Legault : I'm a patient guy.
Le Modérateur
:
Mesdames, messieurs, merci beaucoup d'avoir participé et d'avoir respecté les
règles. Merci. À demain.
(Fin à 13 h 59)