(Huit heures quarante-six minutes)
M. LeBel : En politique,
des fois... tu sais, on est à l'Assemblée nationale, on discute de projets de
loi et tout ça, mais on a chacun nos vies, puis moi, bien, je suis un père de
famille et, dans ma situation, j'ai un fils qui est comme beaucoup de jeunes au
Québec, qui a des problèmes d'anxiété. Ce que ça veut dire pour des parents, ça
veut dire des fois, puis je ne suis pas le seul à l'avoir vécu, d'autres
le vivent, ça veut dire que ton fils t'appelle, qu'il est roulé en boule,
qu'il ne peut plus bouger, qu'il dit qu'il va mourir, qu'il ne s'en sort pas.
Sa mère va le chercher, l'amène à l'urgence, et, après 10 minutes,
15 minutes, il se calme et il sort de là tout heureux, puis c'est fini, sa
crise est finie. Ça veut dire qu'il est dans l'Ouest canadien, il est roulé en
boule sur le bord de l'autoroute, il n'est plus capable de bouger. Il t'appelle,
tu es à Rimouski, tu dis : Respire, mon gars, prends le temps, tu vas te
relever. La dernière fois, ça a fonctionné, tu vas réussir, tu vas te relever.
Les troubles d'anxiété chez la jeunesse
entre autres, c'est assez épouvantable. Au cégep, à Rimouski,
300 étudiants sur 3 000 ont des problèmes de... ils ont des suivis
particuliers. Là-dedans, beaucoup de problèmes d'anxiété. Un cours de gestion
de stress à Rimouski, au cégep, a fait un record d'inscriptions. Il y a eu
500 personnes se sont inscrites. Les jeunes veulent avoir de l'aide. Dans
les associations étudiantes, pour avoir été dans les associations étudiantes dans
les années 80... et les associations étudiantes, aujourd'hui, une de leurs
priorités, c'est la gestion du stress, la gestion des problèmes d'anxiété et de
santé mentale des jeunes. Dans les associations étudiantes, vous voyez
l'évolution de ce phénomène.
Cet été est débarqué à Rimouski cet homme,
Patrice Coquereau, qui est parti de Longueuil jusqu'à Rimouski pour
sensibiliser des gens puis démystifier cette problématique de l'anxiété. Sa
marche, il est arrêté dans les municipalités, il a été hébergé par des gens, il
a discuté tout le long de sa marche. Ça a été un moment fort. Et quand je l'ai
vu arriver à Rimouski, la première chose que je lui ai dite : Patrice, on
va t'inviter à venir à Québec pour qu'on en parle. On va déposer une motion
puis on va demander au gouvernement d'offrir des meilleurs services aux gens
qui ont cette problématique d'anxiété.
Ça fait que j'invite Patrice à venir vous
expliquer sa démarche pendant tout l'été. Vas-y.
M. Coquereau (Patrice) :
Merci beaucoup, M. Harold LeBel. Alors, bonjour, tout le monde. Oui, cet été,
donc du mois de juillet au mois d'août, pendant six semaines, j'ai marché
570 kilomètres sur la route 132. Ça a duré six semaines. Cette initiative
m'est venue intuitivement et spontanément. J'ai souffert de troubles anxieux
sévères. Je considère que je suis rétabli aujourd'hui, ce qui ne m'empêche pas
d'avoir le trac en ce moment, là, à l'instant même.
Mais l'idée, pour moi, c'était d'aller sur
le terrain, et puis de rencontrer des gens, et d'échanger avec eux, et ça a été
une expérience absolument inoubliable, d'une part, parce que les gens ont fait
preuve d'une grande générosité, m'ont ouvert leur intimité, ont été d'une
transparence absolument incroyable, et c'était le but aussi. C'était de voir où
en étaient les gens au quotidien dans leur intimité, et je peux vous assurer
que les troubles anxieux ne sont pas en diminution mais en augmentation. Précisément,
dans le milieu scolaire, on en parle de plus en plus, chez les personnes âgées
qui sont de plus en plus isolées ou, dans certains cas isolés, qui n'ont plus
de famille à cause des changements démographiques et tout ça et qui souffrent
d'anxiété.
On est dans un monde d'image. Vous le
savez, je suis dans un métier d'image également. Donc, le maquillage est extrêmement
important, le vernis est important, mais je peux vous dire que, dès que les
gens m'ouvraient leur porte, ils me racontaient des choses qu'ils avaient
vécues, et c'était absolument bouleversant et troublant.
On vit dans un monde où est-ce que c'est extrêmement
difficile d'avoir une vision plus globale et un élan, parce qu'on est tellement
happé par la survie, la sécurité et tout ça, que beaucoup de gens sont émiettés
et fragmentés. Et on aurait tout intérêt, donc, à encourager, et à investir,
et, comme le disait M. LeBel, d'aider les organismes et tous... de donner
des outils, du financement spécialement, pour aider les gens à se décloisonner
et aider les gens à faire le premier pas. Le premier pas est souvent le plus
difficile pour parler des troubles anxieux parce que c'est encore un sujet extrêmement
tabou dans ce monde dicté par la performance et l'obligation de résultat.
Donc, on aurait tout intérêt, comme
société, à revisiter nos valeurs, parce que c'est assez urgent, d'après moi,
et... Vous savez, on parle beaucoup d'assainir les finances, d'assainir
l'environnement, mais on aurait tout intérêt aussi à assainir les rapports
entre personnes en milieu de travail, dans la famille et tout ça, parce qu'il y
a beaucoup de gens qui se taisent, qui ne parlent pas ou qui ne partagent pas
ce qu'ils ressentent et qui étouffent, parce que l'anxiété, c'est un problème
d'espace et d'encombrement, et qui vont péter au frette. On le sait, il y a des
drames, des explosions parce qu'il y a des gens qui ne sont pas en mesure de
communiquer, qui n'osent pas faire le premier pas dans ce monde d'image et
d'obligation de résultat.
Donc, j'invite le gouvernement et tous les
partis à s'associer à cette cause-là. Et voilà, il n'y a rien comme d'aller sur
le terrain pour prendre le pouls de ce qu'est la réalité, qui n'est pas un
monde d'image, je peux vous le garantir et je vous remercie.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
On va passer à la période de questions. M. Bergeron, LaPresse
canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous et bienvenue à l'Assemblée nationale. Donc, vous l'avez dit, il
faudrait changer les valeurs. Mais là on ne commencera pas avec ça, ça va être
long, mais qu'est-ce que l'Assemblée nationale et qu'est-ce que le gouvernement
pourrait faire pour, vous dites, libérer la parole ou pour que... Quel moyen
pratique pourrait être mis en place pour régler, donc, l'anxiété naissante chez
les jeunes ou chez les autres personnes aussi?
M. Coquereau (Patrice) :
Bien, le financement, favoriser, donner des ressources supplémentaires. Moi, je
suis porte-parole de Phobies-Zéro, qui est un organisme qui existe depuis 1982,
je crois, et, à chaque année, il y a des campagnes de financement et tout ça,
et c'est toujours laborieux. C'est un organisme, il y a deux employés.
Alors, comment se fait-il qu'avec un
problème qui est aussi courant, et récurrent, et même en augmentation, qu'il
faille encore quêter, quémander et demander des ressources, alors que c'est un
problème criant? Et c'est un problème omniprésent, alors on aurait tout intérêt
à porter attention à cette problématique-là en donnant des outils financiers
d'espace et tout ça pour ne pas que ces gens-là, ces organismes-là, aient à se
battre pour trouver des locaux, que ça coûte moins cher. Il y a une somme
d'énergie folle à essayer simplement de survivre. Ça n'a pas de bon sens.
M. LeBel : Moi, je rajouterais
un exemple. Dans ma circonscription, au cégep à Rimouski comme à l'université à
Rimouski, à l'UQAR, le manque de médecins de famille fait en sorte qu'il y a
des jeunes qui... je ne sais pas, qui arrivent de Rouyn, qui est étudiant au
cégep à Rimouski, son médecin de famille est à Rouyn. Ça fait que, s'il a
besoin, il a un cas d'anxiété ou cas de détresse, il n'y a pas personne autour
de lui. La seule chose qu'il a à faire, c'est d'aller à l'urgence. Puis on sait
que les gens qui ont de l'anxiété et tout ça, ce n'est pas vers l'urgence
qu'ils vont aller.
Ça fait qu'il y a des services à donner
soit par des groupes communautaires, mais il faut aussi voir quelles sortes de
services qu'on donne sur nos campus au cégep, dans les cégeps, dans les
universités. Je vais vous dire, actuellement, faites le tour, vous allez voir,
il y a des gros problèmes d'accès à des soins pour nos jeunes dans nos campus.
M. Bergeron (Patrice) : C'est
juste une question d'argent ou est-ce qu'il ne pourrait pas aussi y avoir une
réponse plus coordonnée? Ce n'est pas clair.
M. Coquereau (Patrice) : Ah!
mais vous parlez de coordination, je suis entièrement d'accord avec vous. Des
fois, ça semble extrêmement compliqué, arriver à des résultats plus percutants,
et plus simples, et plus directs. Il y a souvent des... Ça semble être
extrêmement laborieux et compliqué dans bien des cas. Il y a des gens qui ont
des attentes ou qui sont en manque de ressources et tout ça, parce qu'on dirait
qu'il n'y a pas de vases communicants ou l'entonnoir va... la direction n'est
pas claire pour bien des gens. Ça ne devrait pas être le cas que des gens qui
sont en situation de détresse ou qui sont en quête de résultats ou de réponses
aient à chercher puis à fouiller; que ce soit beaucoup plus fluide.
Cet été, durant la marche, ce que j'ai
constaté, c'était... le projet était clair pour bien des gens, et ce que... Le
résultat a été extrêmement fluide pendant six semaines. Tout était facile, et
fluide, et clair, et ça devrait être le cas pour les organismes qui s'occupent
de gens qui sont en détresse, ou dans les écoles, ou dans des réseaux, au
travail, je ne sais pas quoi, qu'il y ait des ressources disponibles pour que
ça soit fluide et non pas compliqué.
C'est déjà anxiogène que ce soit
compliqué. Il faut que ça soit davantage fluide, sinon on ne s'en sort pas. On
reste dans des petites cases puis des protocoles, puis il faut passer par ci,
par ça. Aïe! On ne s'en sort pas. Ça n'a pas de sens.
M. Cormier (François) :
Bonjour. François Cormier, TVA. Là, vous parlez de mesures en réaction à
l'anxiété. Est-ce qu'il y a des mesures qu'on peut faire, qu'on peut prendre en
amont sur l'anxiété? Je sais qu'il y a des écoles, à travers le monde, qui font
de la méditation pleine conscience avec les élèves, etc. Mais est-ce qu'on peut
vraiment prendre des mesures en amont pour faire diminuer cette anxiété-là?
M. Coquereau (Patrice) : Très
certainement. Vous parlez de... En milieu scolaire, en milieu de travail et
tout ça, il y a tellement l'obligation de résultat, de profit, de performance
que le temps est devenu une denrée rare. Le temps, il n'y en a plus. Il n'y a
plus d'argent, il n'y a plus de temps.
Alors, oui, il faut donner un espace
supplémentaire, parce que la ressource primordiale, c'est l'être humain et,
dans tout l'équilibre et dans toute la qualité relationnelle de l'être humain,
c'est primordial. Sinon, c'est des gens qui accumulent, qui encaissent, qui
sont comprimés par le temps, par l'obligation de résultat, et donc on ne s'en
sortira pas. Il faut effectivement aller en amont puis se donner un espace, et
du temps, et de l'argent.
C'est drôle parce qu'on dit ça : Il
n'y a pas d'argent, il n'y a pas de temps, mais où est-ce qu'on s'en va avec
ça? Où est-ce qu'on...
M. Cormier (François) : Vous
faites un lien entre l'anxiété puis ceci...
M. Coquereau (Patrice) : Bien
oui, bien oui. La fragmentation... On est complètement agité, et fragmenté, et
compartimenté. Alors, ça, c'est un outil formidable à bien des égards, mais, en
même temps, ce que ça a fait, c'est que ça fragmente. En fait, il n'y a plus
d'attention. On est dans un monde d'inattention absolue. Donc, les gens sont
inattentifs, fragmentés, complètement émiettés, je dirais même.
Donc, où est l'espace pour respirer, pour
se dégager, pour se recentrer, pour retrouver un équilibre? Les gens sont
constamment en train de chuter. Alors, retrouver l'équilibre, la maîtrise, le
contrôle, respirer, c'est absolument essentiel. Sinon, on court comme des
poules pas de tête, ce n'est pas compliqué.
M. Cormier (François) : M. LeBel,
alors, est-ce qu'il faut revoir l'utilisation du téléphone cellulaire sur les
lieux de travail, le droit à la déconnexion? Je sais que, dans certains
hôpitaux, on n'interdit pas l'utilisation du téléphone cellulaire pour le
personnel, donc ça les déconcentre nécessairement. L'utilisation du téléphone à
l'école... Est-ce qu'il faut proposer des projets de loi en ce sens-là?
M. LeBel : Je ne sais pas si
c'est pour aller vers des projets de loi, mais peut-être sensibiliser les
directeurs d'école, sensibiliser notre monde à... Effectivement, on est
accrochés à ces outils-là.
Je rajouterais aussi... Tu sais, on a
développé beaucoup, dans les dernières années, les concepts de sport-études,
arts-études, et ça aussi, c'était... On pensait bien faire souvent, mais ça
aussi, ça rajoute à l'anxiété. Les gens dans les écoles internationales, entre
autres, tu sais, les jeunes arrivent là, et c'est la performance, la
performance. Dans le sport, c'est la performance. Dans les arts, il faut que
tu... À un moment donné, la pression est très forte sur les jeunes, sur les
parents qui accompagnent les jeunes, et, ça aussi, c'est questionnable, à mon
avis.
M. Cormier (François) : Les
programmes eux-mêmes.
M. LeBel : Bien, revoir que...
ces programmes-là, s'ils peuvent être... ils sont intéressants. Des fois, ça
permet à des jeunes de raccrocher. Mais l'obligation de la performance, je
pense qu'il faut revoir certaines affaires. Moi, j'ai vu des cas, là, entre autres
dans l'école internationale... tu sais, les parents mettent de l'argent, ils
veulent que ça marche, ils veulent que le jeune réussisse. Le jeune, il voit
qu'il a de la difficulté, l'anxiété s'empare de lui. Et j'en ai vu des cas
comme ça et je pense que, ça, c'est questionnable.
M. Coquereau (Patrice) :
Je vais rajouter quelque chose. Cet été, j'ai pris six semaines, j'ai pris du
temps, j'ai marché. Ça n'a pas de sens, marcher 570 kilomètres. J'ai pris
le temps de marcher, de rencontrer les gens. Et vous faisiez allusion au
téléphone cellulaire. En fait, on est tellement dans un monde de surstimulation
et d'agitation que ce n'est pas pour rien que la réponse de beaucoup de gens, c'est
un épuisement, une fatigue, une agitation puis une perte de repères carrément.
Alors, les gens ne se savent plus à quel
saint se vouer, ça fait qu'il y a beaucoup, beaucoup de béquilles. C'est bien
beau, là, de bien jolies béquilles, mais beaucoup de gens perdent complètement
de vue d'être centrés, de respirer puis juste de regarder, d'avoir un rapport
avec quelqu'un. C'est rendu qu'il y a... un rapport n'existe plus. On n'a plus
le temps, c'est quand même... il y a vraiment un problème, et c'est mondial,
hein? Ce n'est pas juste au Québec. Mais ça fait qu'on peut-u ralentir puis ne
pas penser qu'on va perdre de l'argent parce qu'on ralentit? Je ne sais pas, tu
sais, y a-tu quelque chose à faire dans ce sens-là?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Marco Bélair-Cirino, du Devoir.
M. Coquereau (Patrice) :
Bonjour.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour. Quels sont les risques pour la société québécoise si le gouvernement
reste les bras croisés?
M. Coquereau (Patrice) :
Bien, je pense que déjà on voit... si on parle de la société québécoise, bien, déjà
on voit... il y a beaucoup de gens qui sont tellement dans le silence, des
fois, ça pète, ça sort tout croche, hein? On le sait, on l'a vu encore
récemment. Je ne sais pas quelle est la cause exacte, mais c'est fréquent qu'il
y a des gens qui vont commettre l'irréparable parce qu'ils sont dans le
silence. Ils sont dans un mur de silence et d'images, et de vernis, et de il ne
faut pas que ça paraisse. Voyons donc! Bien, si on attend puis on pellette,
puis on pellette, bien, on va se ramasser avec bien des problèmes, puis c'est déjà
commencé.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Le problème ne va que s'accroître, selon vous?
M. Coquereau (Patrice) :
Absolument. Déjà, en milieu scolaire, c'est en augmentation. Et même chez les personnes
âgées ou dans des gens qui sont très isolés, c'est en augmentation, je peux
vous le confirmer, puis il y a des études qui vont dans ce sens-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que les décideurs politiques ont la sensibilité nécessaire pour prendre
à bras-le-corps cet enjeu-là?
M. Coquereau (Patrice) :
Je pense qu'il y a beaucoup de gens... Je vais être bien honnête, beaucoup de
gens se protègent. On est chacun dans notre petit terrain, notre petit confort
et notre sécurité. Tout le monde fait ça. Mais, à un moment donné, c'est qu'on
est reliés aussi, c'est un collectif. On n'est pas juste des individus isolés
et, à un moment donné, si on continue à travailler pour sa petite chapelle
uniquement, bien, on va se ramasser de toute façon avec des problèmes qui vont
apparaître. C'est comme pour l'environnement, ou pour d'autres secteurs, ou...
En fait, là, où il y a négligence, il y a un problème qui va apparaître. Ça
fait qu'arrêtons d'être négligents et portons attention là-dessus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Aux États-Unis, on constate qu'il y a des médecins qui aggravent le problème, notamment
en diagnostiquant des problèmes, mais surtout en prescrivant des
antidépresseurs qui peuvent avoir un effet néfaste à long terme. Est-ce que
vous voyez ça au Québec ou les médecins sont mieux outillés?
M. Coquereau (Patrice) : Je
ne suis pas spécialiste de tout le volet médical, mais c'est sûr que dans... En
tout cas, dans certains cas, je pense qu'il y a des... Peut-être que la
médication est utile, mais il y a beaucoup d'autres outils également qui
peuvent se joindre à ça pour aider la personne à cheminer puis aussi aller au
rythme de la personne. Parce que là c'est rendu qu'il y a une espèce de rythme
collectif auquel tout le monde doit s'ajuster, alors qu'il y a 7 milliards
de rythmes particuliers. Là, c'est rendu que tout est nivelé, puis on va tous
dans le même rythme. Ça n'a aucun bon sens. Ça n'a pas de sens.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M.
LeBel, le libellé de votre motion... et en quoi son adoption va forcer le
gouvernement à aller plus loin?
M. LeBel : Bien, c'est une motion
beaucoup pour sensibiliser. C'est une motion pour parler d'une situation, et on
pense que le gouvernement, là... Puis on l'a bien écrit, on n'a pas voulu
pousser le gouvernement au pied du mur. On a dit : Il y a un problème, il
faut bouger. Je sais que le ministre Carmant a certaines idées, là, qui
pourraient être intéressantes. On veut collaborer.
Mais je reviens à votre question sur :
Est-ce que les décideurs politiques sont sensibilisés? On est dans un lieu ici
où il y a beaucoup d'anxiété. Tu sais, il faut juste se promener dans les
corridors quand on sort de la période des questions. De voir tous les attachés
de presse sur leurs téléphones, c'est assez hallucinant. Des tweets qui sortent
à tout bout de champ, tu n'as pas le temps de faire une déclaration, là, qu'il
faut absolument la tweeter rapidement. Si tu ne l'as pas tweetée, tu manques un
coup. Il y a ici, là... De 8 heures le matin, au caucus, jusqu'à la fin, on vit
dans un stress énorme de toutes sortes de choses qui nous arrivent.
C'est sûr que sensibiliser des politiciens
à ce que les gens vivent en termes de stress et d'anxiété... Bien, en même
temps, il faut qu'on se regarde, nous autres aussi. On est collés sur nos
cellulaires à tout bout de champ. À la période des questions, quand les gens
viennent nous voir en haut dans les tribunes, ce qu'ils nous disent à chaque
fois, puis surtout des jeunes des écoles qui viennent, ils disent :
Pourquoi vous êtes tous sur les téléphones? Vous n'écoutez pas les autres, mais
vous faites... Mais, souvent, on est en train de voir s'il n'y a pas quelqu'un
qui a déjà tweeté dans le Parlement ou s'il n'y a pas un journaliste qui a fait...
Ça fait qu'on est comme ça. Votre question m'a fait prendre conscience que ça
aussi... Il faut bouger, mais il faut aussi, nous autres, peut-être se regarder
des fois. On est très portés sur le téléphone.
M. Coquereau (Patrice) :
Merci. J'ajouterais également qu'on parle de troubles anxieux, mais également
on est rendu dans un monde où vieillir... on n'a plus le droit de vieillir, ça
n'existe pas. Mourir n'existe plus. Je fais : Oh! qu'est-ce qui se passe,
là? La nature même de la vie est complètement évacuée. Ça fait que qu'est-ce
qui se passe? Je veux dire, on est-u juste des fonctions, puis il faut répondre?
Ça n'a aucun bon sens.
Ça fait que ce serait le fun de peut-être
avoir un petit peu plus d'humour vis-à-vis ce monde-là, cette proposition-là,
qui va en augmentant en termes de rythme, mais qui, de toute évidence, ne répond
pas à la nature de l'être humain qui a besoin de respirer, de créer, de se
relier les uns aux autres. Alors, il y a vraiment quelque
chose... Il va falloir corriger le tir, en tout cas, s'interroger à tout le
moins.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
Mme Senay (Cathy) : Is there, yes...
M. Coquereau
(Patrice) : Oh! I don't speak English so well,
but I'll try.
Mme Senay (Cathy) : OK, thank you. Thank you for this. Anxiety, I have the impression
that those days, we speak a lot about anxiety but then we normalize anxiety in
sense.
M. Coquereau
(Patrice) : Yes.
Mme Senay (Cathy) : That's a danger. How do you see this?
M. Coquereau
(Patrice) : Well, we're living in a world
which… fonctionne, comment tu dis «fonctionne»?
Mme Senay (Cathy) : Operate.
M. Coquereau
(Patrice) : ...operate with standards, and
anxiety… there is a model or a type of anxiety, and we're operating with
«étiquette», you know...
Mme Senay (Cathy) : Labels.
M. Coquereau
(Patrice) : Labels and... OK, you're that kind
of person, that kind of... So it's crazy. We have to breathe and to be...
Everyone is a specific person, so you have to go back to your own soul, your
own, you know, what... ce qui te motive, what motivates you.
Mme Senay (Cathy) : And what do you want MNAs to understand? From this motion, what do
you want... What are your expectations from the MNAs, the members of the
National Assembly?
M. Coquereau
(Patrice) : More discussions, money and time
to talk about it, because it's a fundamental problem and it's the whole society,
which doesn't work, doesn't feel good anymore, you know. So there's a problem,
obviously. Thank you.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 9 h 5)