(Treize heures huit minutes)
Mme Roy
: Bonjour.
Bonjour, tout le monde. Alors, je suis accompagnée de mes collègues M. Simon
Jolin-Barrette, député de Borduas, responsable de la Justice, et M. Benoit
Charrette, député de Deux-Montagnes, responsable des Transports.
Comme nous le répétons depuis deux ans
déjà, c'est-à-dire depuis le dépôt du projet de loi sur la neutralité
religieuse de l'État, le projet de loi n° 62, qui est devenu loi
aujourd'hui, est une très mauvaise loi, je le dis, je le répète. Et je vous dis
maintenant que la version amendée est très inquiétante, et je vous invite et
j'invite les journalistes qui sont ici, les analystes à aller lire la version
amendée, qui fera rentrer plus de religieux dans l'État.
Alors, c'est pourquoi je vous annonce tout
de suite qu'un gouvernement de la Coalition avenir Québec abolira cette loi
pour la remplacer par une vraie charte de la laïcité de l'État. On constate
aujourd'hui que la loi sur la neutralité religieuse du gouvernement libéral
induit la population en erreur et elle fait entrer plus de religieux dans
l'État, mais elle est aussi à des années-lumière de la laïcité.
Et, vous le constatez, on n'a qu'à entendre
les commentaires, ce matin, de la ministre, de certains ministres, qu'avec sa
pseudo-neutralité religieuse, bien, il y a une fonctionnaire qui a maintenant
le droit de travailler en niqab avec ses collègues. Mais, le soir, quand elle
va rentrer à la maison, elle devra enlever ce même niqab pour rentrer dans
l'autobus. Alors, c'est à n'y rien comprendre, c'est un fouillis total. Et c'est
tellement mêlant entre ce qui est permis et ce qui n'est pas permis que même le
ministre de la Santé, M. Gaétan Barrette, a été questionné sur la question
et il n'a pas pu dire s'il pouvait soigner ou ne pas soigner la même femme
portant le même niqab. Alors, vous voyez que c'est un fouillis total. Les libéraux
viennent de s'enfarger ce matin dans le voile intégral et pas à peu près.
Cette loi n'aura heureusement pas la vie
bien, bien longue. Je vous le répète, un gouvernement de la CAQ abrogera la loi
n° 62 pour la remplacer par une vraie charte de la laïcité de l'État. Nous
croyons toujours — depuis 2013, nous avons le même discours — qu'il
faut interdire le port de signes religieux, comme nous l'enseignait
Bouchard-Taylor, uniquement pour les employés de l'État en position d'autorité
coercitive, qui sont les juges, les procureurs de la couronne, les gardiens de
prison, les policiers. Et nous, nous ajoutons les enseignants du primaire et du
secondaire. Par ailleurs, nous souhaitons interdire à tous les fonctionnaires
de l'État de porter les accessoires de soumission que sont la burqa, le niqab
et le tchador. Nous avons toujours eu la même position. Alors, rien de tout ce
que je viens de vous nommer n'apparaît actuellement dans la loi n° 62 sur
la pseudo-neutralité religieuse de l'État. Alors, je suis prête à prendre vos
questions
Le Modérateur
: Donc,
oui, Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mme Roy, vous parlez d'une charte. Il y a le Parti québécois qui a joué
dans ce film-là et ça lui a coûté possiblement la dernière élection. Vous
n'avez pas peur de tomber exactement au même endroit?
Mme Roy
: Non, et
voici pourquoi. Rappelez-vous, à l'époque de la charte de M. Drainville,
nous disions que c'était beaucoup trop large, qu'il se compliquait la vie en
parlant de signes ostentatoires, non ostentatoires. Et c'est la raison pour
laquelle nous avons fondé notre réflexion sur les recommandations de la
commission Bouchard-Taylor. C'était très précis et c'était une recommandation
qui faisait consensus parmi la population parce qu'on ne touche pas aux gens
dans leur vie privée, on ne touche pas aux gens dans les endroits publics, sur
le trottoir, dans la rue. C'était vraiment pour signifier au monde, au pays, au
Québec que l'État québécois est laïque, et que seulement certains
fonctionnaires en position d'autorité coercitive, ceux qui représentent l'État
dans les fonctions les plus coercitives qui soient ne doivent pas porter de
signes religieux, et ça, je pense que les gens le comprennent. Et la charte du
PQ, pourquoi elle a échoué? Elle était beaucoup trop large, allait dans toutes
les directions, n'était pas applicable. Et en plus rappelez-vous qu'il y avait
ces souverainistes pour la laïcité, il y avait eu une pétition, un nombre
effarant de gens qui n'étaient pas d'accord avec le Parti québécois. Moi, j'ai toujours
dit : M. Drainville, il a étiré, étiré, étiré l'élastique jusqu'à
tant que ça lui pète au visage, puis c'est ce qui est arrivé.
Alors, je pense que les Québécois sont
capables, capables de nuances, capables d'édicter que l'État québécois est
laïque. Et actuellement, dans cette loi-là, le mot «laïque» n'apparaît pas. Il
y a des règles qui sont édictées, mais on ouvre la porte grande ouverte à
toutes les demandes d'accommodements pour des motifs religieux. On ne parle plus
d'accommodements raisonnables, ce sont des accommodements pour les motifs
religieux. Et les intervenants qui sont venus nous voir en commission
parlementaire l'ont dit, il y aura davantage, davantage et davantage de
demandes d'accommodements. Et, quand je vous disais : Allez lire l'article 1,
entre autres, allez lire la version amendée, mais l'article 1, il a
diamétralement changé par rapport à ce qu'il était en 2015 — parce
que cette loi a été déposée en juin 2015. Maintenant, quand vous lisez les
verbes qui sont employés, là, c'est d'«assurer» la liberté religieuse des
fonctionnaires. Alors, tirez-en vos propres conclusions.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mme Roy, sur... En fait, je ne me souviens pas que Bouchard-Taylor parlait
précisément d'interdire, par exemple, la burqa, le niqab, et tout ça, là.
Est-ce que vous ne craignez pas que votre position aille trop loin? M. le premier
ministre disait tout à l'heure : Ceux qui veulent aller plus loin que 62
devront s'assurer que ça tienne le test des tribunaux. Est-ce que votre
position pourra répondre à cette exigence, c'est-à-dire tenir le test des
tribunaux?
Mme Roy
: Nous
croyons que c'est un gouvernement qui a le courage d'adopter des lois
courageuses, celles que lui demande la population.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais, si ça ne tient pas le test des tribunaux, à quoi ça sert d'adopter la
loi? Elle sera contestée.
Mme Roy
: Il y a toujours
la clause «nonobstant» et le gouvernement responsable peut mettre une clause
«nonobstant» et peut encadrer des libertés qui se retrouvent à l'article 2
de la charte. Les gouvernements peuvent le faire, c'est une question de responsabilité
et de courage.
Le Modérateur
:
Véronique Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour. Si la ministre avait... en fait, si le gouvernement avait ajouté, dans
son projet de loi... avait inclus ceux qui ont des pouvoirs de coercition,
comme les juges, les policiers, etc., et aussi les enseignants, est-ce qu'à ce
moment-là vous auriez voté pour?
Mme Roy
:
C'étaient les amendements que nous avons faits. Je vous soulignerai que nous
avons déposé ces amendements. Tout ce que je vous ai dit, là, nous avons
demandé des amendements qui sont un minimum acceptables dans une société libre
et démocratique, qui sont des encadrements acceptables dans une société libre
et démocratique. Et nous avons déposé ces amendements, nous avons demandé ces
amendements, et tous les amendements que nous avons faits au gouvernement libéral
nous ont été refusés.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que ça prenait seulement ça?
Mme Roy
: Alors,
quand la ministre nous parle d'un consensus, il n'y a pas eu de consensus, mais
je me dis : Sur quelle planète se trouve-t-elle?
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que ça prenait seulement ça ou votre désaccord va encore plus loin?
Mme Roy
: Il y a
ça qui est important. Et à l'égard, par exemple, des services donnés et reçus à
visage découvert, c'est la règle, elle se trouve dans la loi actuellement. Moi,
je suis tout à fait en faveur des services donnés et reçus à visage découvert.
Nous avons fait un amendement à l'effet que nous ne voulions pas d'exceptions,
nous ne voulions pas que, pour des motifs religieux, vous demandiez de vous cacher
le visage alors que la règle, ce sont les services donnés et reçus à visage
découvert à l'intérieur de l'État québécois, et ça, ça nous a été refusé.
Mme Prince (Véronique) :
Donc, dans une future charte de la laïcité, il n'y aurait pas d'accommodement
religieux possible?
Mme Roy
: Il ne
faut pas qu'il y ait d'accommodement religieux pour se cacher le visage pour
les fonctionnaires de l'État en position d'autorité que nous avons identifiés
et pour ce qui est de tous les autres fonctionnaires parce que, comme nous le
disions, niqab, burqa et tchador sont des symboles de soumission de la femme,
et même le premier ministre Philippe Couillard l'avait dit, l'avait dit lors de
plusieurs déclarations, j'étais d'accord avec lui, mais il a reculé.
Mme Prince (Véronique) :
Juste une précision, puis après ça j'ai terminé, là. C'est ça, quand vous dites
qu'il n'y aurait pas ce type d'accommodement là dans une charte de la laïcité
de la CAQ, même pour... Parce que ce qui est évoqué par la ministre, c'est des
raisons de communication, des raisons de sécurité. Même pour des raisons comme
ça, vous, ce serait : pas d'accommodement religieux, là?
Mme Roy
: Il n'est
pas question de se cacher le visage pour obtenir et recevoir des services au
Québec. Et, cacher le visage, il y a des exemples qui ont été donnés, entre
autres, en commission parlementaire. Si quelqu'un, par exemple, subit une
intervention chirurgicale, a des bandages, on comprend qu'il doit se cacher le
visage, si quelqu'un est un soudeur, on comprend qu'il doit se cacher le
visage, là, mais, pour des motifs religieux, il n'est pas question d'avoir
d'accommodement pour se cacher le visage.
La Modératrice
:
Kathryne Lamontagne, Journal de Québec.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Ce matin, sur la question du visage découvert, on a appris que non seulement le
voile intégral, mais aussi les cagoules, par exemple, ou même les bandanas
pouvaient entrer dans la notion de visage découvert. Et là la loi sera en
vigueur, là, de façon imminente, là, et on renvoie cette balle-là aux
municipalités et aux réseaux de transport, qui se retrouvent un peu dépourvus
devant la situation. Est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen d'accompagner tout de
suite ce projet de loi là avec des directives ou du moins de retarder sa mise
en vigueur?
Mme Roy
:
L'exemple que vous me donnez là, là, ça vous prouve jusqu'à quel point c'est
une loi qui ne sera pas applicable, et qui ne va nulle part, et qui tire dans
toutes les directions. Et on essaie de sauver la chèvre...
Mme Lamontagne (Kathryne) :
La chèvre et le chou?
Mme Roy
: C'est
l'expression? Pendant la commission parlementaire, les gens sont venus nous
dire : On a besoin de savoir qu'est-ce qui est acceptable et qu'est-ce qui
n'est pas acceptable. Dans les écoles, par exemple, on nous a dit : On a
des centaines de demandes. Un enfant ne veut pas entendre la musique dans une
classe de musique et il demande d'avoir des écouteurs, est-ce que c'est
acceptable? Est-ce que c'est un accommodement raisonnable ou non... pardon, un
accommodement pour des motifs religieux ou non? Alors, moi, j'ai demandé :
Mais, écoutez, il faut colliger ça. Les gens nous l'ont demandé. J'avais
d'ailleurs déposé une motion ici l'année dernière, en octobre, pour demander :
Pouvons-nous avoir des balises pour les gens qui devront les appliquer? Parce
que, là, cette loi, elle existe, mais il y a des gens qui devront... des
répondants qui devront dire ce qui est ou ce qui n'est pas un accommodement
religieux. Et est-ce qu'on peut avoir ces balises-là? Il doit bien déjà y
avoir... Ça fait 10 ans qu'on en parle. Il y a des décisions qui ont été
rendues, entre autres à la fantastique Commission des droits de la personne. On
sait qu'il y a des problèmes actuellement, là, mais ça fait des années qu'on
traite de la question. Mme la ministre, nous dit : La commission est bien
habilitée, elle connaît ça, il y a déjà des dossiers. Bien, j'ai dit :
Parfait, il doit y avoir de la jurisprudence, vous devez avoir des décisions, est-ce
qu'on peut les colliger rapidement? Pourquoi ça n'a pas encore été colligé?
Pourquoi n'a-t-on pas encore un guide nous disant : Ça, c'est un accommodement
qui est acceptable et ça, c'est un accommodement qui n'est pas acceptable? Ça
existe à quelque part s'il y a des centaines de demandes qui ont été faites, et
ce n'est pas encore fait. Le gouvernement nous a demandé du temps, au plus tard
le 1er juillet — il espère avant — pour avoir des
balises pour savoir ce qui est acceptable et ce qui n'est pas acceptable.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais d'ici là il n'y aura rien de clair, en fait, justement. Je pense à un
chauffeur d'autobus, là, qui voit que ce soit une femme avec le voile intégral
ou même un manifestant avec une cagoule tenter d'entrer dans son véhicule.
Quels seront ses recours?
Mme Roy
: Écoutez,
il n'y a rien de clair. Vous le dites, et je suis d'accord avec vous, ce n'est
pas clair. Ce gouvernement-là, ça fait 15 ans qu'il est là, je vous ferai
remarquer, et les demandes d'accommodement, là, on en a plus entendu parler, et
tout ça, puis il y avait eu toute la vague Bouchard-Taylor, etc., bon. Depuis
le temps… Nous sommes en 2017. Ce projet de loi là, d'ailleurs, qui est adopté
ce matin a été déposé en 2015. Nous sommes en 2017. Là, je vous parle de 2007,
2008. Je ne peux pas croire que, dans tout cet appareil gouvernemental là et à
la Commission des droits de la personne, il n'y a pas déjà, mais déjà des
décisions qui pourraient déjà nous guider et nous dire… et être colligées. Vous
comprenez, c'est très, très long, là. Ça va aller jusqu'en juillet, là. C'est
très long avant de savoir ce qui est acceptable et ce qui n'est pas acceptable,
alors que ça aurait dû être fait déjà depuis une dizaine d'années.
La Modératrice
: Ça va?
Oui?
M. Plouffe (Robert)
:
Robert Plouffe, Mme Roy. Sur un autre sujet en français, si vous le
permettez.
Mme Roy
: En
français? Oui.
M. Plouffe (Robert)
:
Oui. Mme Roy, il y a, sur le site du Parti libéral, encore aujourd'hui, un
appui clair, une vidéo, donc, montrant un appui clair de M. Taillefer à
Mme Melançon lors de sa campagne électorale dans Verdun. Elle l'a
remportée. Elle est maintenant ministre de l'Environnement. M. Taillefer a
reconnu cette semaine qu'il était un petit peu dans une position délicate,
puisqu'il a des liens d'amitié avec Mme Melançon. Est-ce qu'effectivement
on se retrouve dans une position où… Mme Melançon se défend en disant que
le Fonds vert a toute l'indépendance pour pouvoir recevoir, justement, des
propositions et assurer l'indépendance entre elle et M. Taillefer.
Mme Roy
: En tout
cas, si c'est indépendant, j'ai été très, très surprise ce matin de l'entendre
vanter, deux fois plutôt qu'une, une entreprise de M. Taillefer lors de la
période de questions. À sa première période des questions, deux fois, elle
vantait son entreprise. Moi, je vais lui répondre ce que les ministres du
gouvernement…
M. Plouffe (Robert)
:
Vous parlez d'Autobus Lion, c'est ça?
Mme Roy
: Voilà,
oui. À deux reprises, à deux reprises, Mme Melançon a vanté, au salon
bleu, lors de la période de questions, des entreprises de M. Taillefer.
Alors, je vais lui répondre ce que le donneur de leçons en chef nous dit
souvent et ce que les ministres libéraux aiment bien nous dire, là : Je
l'inviterais à la prudence et je l'inviterais à lire la définition de conflit
d'intérêts quand on parle d'un de tes meilleurs amis.
M. Plouffe (Robert)
:
Est-ce que vous considérez qu'elle se trouve présentement en conflit
d'intérêts? Donc, s'il y avait des décisions touchant les entreprises de M. Taillefer,
elle devrait se retirer, donc, temporairement du Conseil des ministres
lorsqu'il y aura étude des projets?
Mme Roy
: Je
l'invite à la prudence. Mais ce serait peut-être quelque chose d'intéressant parce
que ce matin elle a vanté ses entreprises. Alors, en partant, elle a un préjugé
favorable pour les entreprises de son ami. Alors, je l'invite à la prudence,
comme les libéraux aiment bien faire aux oppositions, nous inviter à la
prudence. Je fais la même chose pour elle.
M. Plouffe (Robert)
:
Est-ce que l'amitié peut être sous surveillance, Mme Roy? Est-ce que ce
genre d'amitié là peut être sous surveillance de la part de nos institutions ou
enfin... Parce qu'on ne peut pas empêcher les amitiés non plus, là.
Mme Roy
: On ne
peut pas empêcher un coeur d'aimer, on ne peut pas empêcher un coeur d'aimer,
je comprends ce que vous dites. Cependant, c'est pour ça que je l'invite à la
prudence, tout simplement. Mais j'ai été très surprise de la voir à deux
reprises tout de suite parler des entreprises de son bon ami.
Le Modérateur
: Des
questions en anglais. Donc, Raquel Fletcher.
Mme Roy
: Right now, in English?
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. The Minister says that the guidelines are coming.
So, anytime we ask her : How will this be enforced or what will happen in
this case or that case?, the guidelines are coming, we're not sure when. What
do you think of that?
Mme Roy
: Well, I think it's late because they have been there like for 15
years. We've been talking about the religious «accommodements»…
Mme Fletcher (Raquel) : Accommodations.
Mme Roy
: …yes, we've been talking about accommodations since 10 years now,
and : Wait, wait, it's coming, it's coming. I don't believe that they
don't already have in their hands decisions like la Commission des droits de la personne. They have decisions, they can already
start to write something about it and to present them, but it should have been
done like 10 years ago. So, what we see today, we have a bad law… a bill, excuse
me, we have a bad bill. This bill is going to be extremely difficult to apply.
And we saw this morning how ridiculous it was when Minister Vallée said that we
cannot wear sunglasses, and so on, and so on, on a bus. I mean, it's totally
ridiculous. So, it's not a good bill.
Mme Fletcher (Raquel) : Women can also apply for some sort of exemption, I guess, you would
call it, a religious accommodation exemption in the courts. If they can apply
for an exemption, then doesn't that render the bill a little bit useless?
Mme Roy
: For us, we said that niqab, burqa and chador should not be worn
inside the «fonction publique», the...
Mme Fletcher
(Raquel) : Public services.
Mme Roy
: I'm going to repeat. OK. We said that burqa, niqab and chador should not be worn in public
services. For us, it's really important because those are symbols of submission, and it's unacceptable for
us. But the thing is that with that new bill anyone could ask for an accommodation. So, why make a rule when you say : But you can
ask for an accommodation? So, we don't agree with that.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you very much.
Mme Roy
:
Thank you.
La Modératrice
:
Maya Johnson, CTV.
Mme Roy
:
Hi, Maya.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mme Roy. How do you explain this bill or this debate to
people outside of Québec and even those within Québec who disagree with the
bill, who consider that this is racist and it directly targets Muslim women,
who should be free to choose how they want to dress?
Mme Roy
:
The thing is it's the demonstration — and it's really weird to
see — that people who are usually with the Liberal Party, now they
are against Mrs. Vallée. It's totally weird. And the thing is that it
shows how bad is that bill. It's not a good bill, it's unclear and it opens the
door to a lot of interpretations. And I think that it scares people and I
understand why, because the Government, the Liberal Government, who has been
there like for 15 years, they always, you know, put it to later, later, later,
but now they have to do something and what they did is not what the people
asked, because that's not a secularism bill. We asked for a secularism bill. A
government of the Coalition avenir Québec will abolish that bill to have a real
secularism bill. And real secularism protects everyone because it's the State
who is secularism.
Mme Johnson (Maya) : And you wanted this bill to go further, to apply to people in positions
of authority, judges, police officers. So, that's one of your disappointments
with the legislation?
Mme Roy
:
Absolutely. We have the same position since 2015… no, 2013, excuse me, we have
the same position since 2013. We said : Let's apply Bouchard-Taylor's recommendation,
banish religious signs only for policemen, judges, Crown prosecutors, «gardiens
de prison», and we say students with the youngsters only. Stop there, it's
clear. Everybody will understand and it will protect everybody's rights. But we
also say, and it's our position, that niqabs, burqas and chadors are submission
symbols and they should not be accepted in the public services. Is that clear?
Mme Johnson (Maya) :
Oui.
Mme Roy
: Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 27)