(Dix-sept heures une minute)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Ce discours d'ouverture se tenait dans un contexte important, contexte historique,
celui de la pire crise de l'inflation en 30 ans au Québec. Les familles,
les citoyens, citoyennes du Québec, en ce moment, ont de la misère à arriver. Et
c'est dans ce contexte-là que François Legault prononçait son discours aujourd'hui.
Et, en fait, il a à peine effleuré le sujet. Il a à peine effleuré le sujet. 1 min 30 s
sur un discours de 1 h 15, ça ne passe pas la barre du tout.
En fait, en économie, François Legault est
atteint du syndrome du voisin gonflable. Il nous parle de l'Ontario, il nous
parle de l'Ontario, il nous parle de l'Ontario puis il ne nous parle jamais des
Québécois, Québécoises à faible revenu, ici, au Québec. François Legault est
obsédé par les inégalités entre le Québec et l'Ontario, mais les inégalités de
richesse à l'intérieur du Québec, ça, de toute évidence, ça l'intéresse pas mal
moins. Ce qui s'en vient, là, pour bien des familles au Québec, c'est un Noël
difficile, un Noël avec des choix déchirants. Puis on était en droit de s'attendre
à des nouvelles annonces, à des gestes supplémentaires, parce que le prochain
chèque, là, de 400 $ ou de 600 $, non seulement François Legault nous
dit que c'est le dernier, mais on sait bien qu'il va être très, très, très
rapidement épuisé, ce chèque-là. On était en droit de s'attendre à du neuf, on
n'a eu que du réchauffé.
En environnement, François Legault avait
fait lever les attentes. Il nous avait promis un discours sur le thème de l'environnement.
Et, en termes de quantité, c'est vrai, François Legault a parlé longtemps d'environnement,
mais ce qu'il nous a tenu, c'est le même vieux discours. Ce discours-là, c'est
quoi? C'est de répéter et de répéter que le Québec est déjà parmi les
meilleurs. Ce n'est pas faux, sauf qu'on est les meilleurs parmi les pires.
Le premier ministre et moi, on est des
fans de hockey. C'est facile de gagner tous tes matches quand tu joues contre
des équipes de la East Coast League. C'est facile d'être bon parmi les pires.
Quand on se compare au Canada, quand on se compare aux États-Unis, on se compare
à des États qui sont producteurs de pétrole. C'est normal qu'on soit moins pire
qu'eux autres. Quand on se compare aux vrais champions de l'environnement à
travers le monde, le Québec est en fait un des États qui émet le plus de gaz à
effet de serre par habitant, pas le moins. Donc, François Legault choisit les
comparaisons qui l'arrangent, il nous compare à des pays parmi les plus
polluants au monde. C'est facile, quand on choisit les bonnes comparaisons, de
se péter les bretelles comme ça.
Nous, à Québec solidaire, on a des
ambitions plus fortes pour le Québec, celles que le Québec soit un des États
les plus verts au monde. Aucun engagement concret de la part de François
Legault en environnement, pas de nouveau plan de lutte aux changements climatiques,
alors que je vous rappelle qu'à l'heure actuelle les mesures annoncées par
François Legault en lutte aux changements climatiques ne lui permettent même
pas d'atteindre sa propre cible de 37,5 % de réduction pour 2030, une
cible qui est pourtant insuffisante. Bref, si la tendance se maintient,
François Legault va rater ses propres objectifs, qui sont insuffisants.
En terminant, quelques mots sur la santé. Ça
va mal dans les urgences du Québec, en particulier dans les urgences
pédiatriques. Les soignantes crient à l'aide. Mon collègue Vincent est allé à
leur rencontre dans le dernier mois. Je l'ai accompagné. C'est épouvantable, ce
qui se passe dans les urgences du Québec, et il n'y a encore une fois rien de
nouveau aujourd'hui, quelques slogans, du réchauffé. Le seul élément concret
dont François Legault nous a parlé en santé, c'est ses mini hôpitaux privés. Il
trouvait ça bien important de nous dire que le député de Saint-Jérôme voulait
plus de privé en santé, alors que quel est le cancer, en ce moment, qui ronge
notre système de santé? Les agences privées de placement qui sont en train de
vider le système public. Si le privé en santé, ça marchait, on le saurait, là,
parce qu'il n'y en a jamais eu autant dans notre système. On n'a toujours pas de
plan sur la table pour se départir progressivement des agences de placement. C'est
pourtant ça que les soignantes nous demandent quand on prend la peine d'aller
les rencontrer. Merci beaucoup.
La Modératrice : Merci.
Rapidement, une question, une sous-question.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Oui.
Sur l'inflation, est-ce que ça prend un autre chèque? Si oui, de combien? Ça en
prend-tu plusieurs autres, des chèques?
M. Nadeau-Dubois : François
Legault n'en fait pas assez pour aider les familles avec l'inflation, et ces
chèques-là, là, ils vont être vite épuisés. Ce qu'il faut, d'abord, c'est que
le gouvernement n'empire pas le problème. Ça, ça veut dire : au lieu d'augmenter
les tarifs de 3 %, il faut les geler. Ensuite, il faut remettre sous
contrôle ce qui coûte cher aux familles du Québec. Qu'est-ce qui coûte cher? Le
premier poste de dépenses de toutes les familles du Québec, c'est le logement,
qu'on soit locataire ou propriétaire. Il y a une autre hausse des taux d'intérêt
qui s'en vient. Ça, ça va faire augmenter les hypothèques de bien des gens et,
par ricochet, les loyers de bien du monde. Ce gouvernement-là n'a aucun plan
pour remettre sous contrôle le coût du logement au Québec. Pourtant, c'est un
des postes de dépenses qui fait le plus mal au monde. Ça, c'est une proposition
qu'on fait depuis longtemps à Québec solidaire. François Legault n'a rien à
dire sur le sujet. Il est en train de passer à côté de la crise qui frappe les
Québécois, durement, au jour le jour.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Sur
l'environnement, M. Legault, quand il disait : On est les premiers,
je pense qu'il vous regardait. Puis là il a parlé aussi du troisième lien, qu'il
va y avoir ces voies de transport collectif là. Comment vous vous sentiez quand
il vous regardait en disant ça?
M. Nadeau-Dubois : Je suis
habitué que François Legault ait une petite fixation sur Québec solidaire. Ça a
été le cas tout le long de la campagne électorale, tout le long de la dernière
campagne aussi. François Legault obsède sur Québec solidaire, là. Moi, j'obsède
sur ce qui se passe en ce moment dans le budget des familles puis dans nos
urgences. Ça, c'est mes obsessions. Puis je laisse à François Legault sa
fixation sur Québec solidaire.
M. Laberge (Thomas) : J'aimerais
ça rebondir là-dessus aussi parce que, sur la question des hôpitaux privés, le
premier ministre vous a directement interpellé...
M. Nadeau-Dubois : Oui, deux
fois.
M. Laberge (Thomas) : ...sachant
que vous n'êtes évidemment pas favorable au privé en santé. Vous avez eu
plusieurs échanges acrimonieux lors de la dernière session parlementaire avec
M. Legault. Est-ce que vous êtes content que M. Legault vous voie comme
cet adversaire, au même titre qu'il va vous interpeller pendant un discours
comme celui-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
François Legault faisait son discours d'ouverture aujourd'hui. Il choisit de
m'interpeller, alors qu'il sait très bien que je n'ai pas de droit de réplique.
C'est son style. Moi, ce qui m'intéresse, là, c'est ce qui se passe dans le
budget des familles puis ce qui se passe dans nos urgences en ce moment. C'est
le bordel, ça va très, très, très mal. François Legault préfère sortir du frigo
ses vieilles ritournelles partisanes contre Québec solidaire que les Québécois
ont entendues tout le long de la campagne électorale. Moi, je ne suis pas ici
pour continuer la campagne électorale, je suis ici pour trouver des solutions
aux problèmes que vivent les Québécois en ce moment. Puis il y en a deux qui
sont extrêmement urgents : le coût de la vie puis la santé. François
Legault n'a rien proposé aujourd'hui là-dessus.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous appréhendez que le ton, dans les périodes de questions, va être un peu
comme celui-là face à M. Legault?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
suis habitué que François Legault utilise Québec solidaire pour faire diversion
des problèmes qui sont ceux des gens, là, au quotidien, puis moi, je ne me
laisserai pas distraire par ça. Je ne me laisserai pas désorganiser par les
ritournelles partisanes de François Legault, là. Les gens, en ce moment, là, se
dirigent vers un Noël extrêmement difficile. Dans nos bureaux de
circonscription, on reçoit des courriels, des messages tous les jours. Dans les
banques alimentaires, là, ce n'est plus du monde sur l'aide sociale qui font la
file, c'est du monde de la classe moyenne. Le monde qui travaille à temps
plein, qui ne sont pas capables de remplir leur frigo, ça, c'est un vrai
problème, ça, ça m'intéresse.
La Modératrice : M. Côté.
M. Côté (Gabriel) : M. Legault
a suggéré qu'il y a un consensus qui est en train, là, d'émerger à propos du
troisième lien à cause des voies de circulation qui seraient réservées au
transport en commun. Est-ce que vous êtes du même avis?
M. Nadeau-Dubois : Le
consensus dont parle M. Legault est de la même nature que les barrages
qu'il promet, là, partout au Québec, c'est imaginaire.
M. Côté (Gabriel) : Puis,
dans un autre ordre d'idée, vous dites que le Québec devrait se comparer aux
champions de la lutte aux changements climatiques. Qui sont ces champions? Puis
comment le Québec se situe par rapport à eux?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
quand on regarde, par exemple, plusieurs pays européens, c'est des pays qui
émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre par personne qu'au Québec. Puis
qu'est-ce qu'ont en commun ces pays-là? Ils ont fait le virage massif vers le
transport collectif. C'est notre premier secteur d'émission de gaz à effet de
serre au Québec, les transports. On ne peut pas se dire sérieux en lutte aux
changements climatiques et faire des projets, comme le troisième lien, qui
alimentent la dépendance à l'automobile, qui alimentent un mode d'aménagement
de notre territoire qui nous mène dans le mur. C'est un ou c'est l'autre. On ne
peut pas seulement électrifier tout le parc automobile, il faut aussi donner
des alternatives à l'automobile aux Québécois et aux Québécoises. Ça, c'est le
transport collectif et c'est le transport actif. Et François Legault passe
complètement à côté de ce virage-là.
Puis je le répète, là, c'est très, très
facile de dire : On est meilleurs que les États-Unis et que le Canada,
c'est des pays producteurs de pétrole. C'est comme si le Canadien de Montréal
disait : Je suis meilleur que l'atome BB dans Pointe-Saint-Charles, c'est
facile. Nous, on a plus d'ambition que ça. Il faudrait se comparer aux
meilleurs pays dans le monde. Puis, ces pays-là, qu'est-ce qu'ils font? Ils
investissent massivement en transport collectif.
M. Côté (Gabriel) : Mais
avez-vous une donnée, là...
La Modératrice : En
terminant.
M. Côté (Gabriel) : ...juste
pour appuyer ça, là, tu sais?
M. Nadeau-Dubois : Ah! c'est
des chiffres qui sont publics. Je ne suis pas... Je connais beaucoup de choses,
mais je ne suis pas encore... je n'ai pas encore atteint le niveau
d'encyclopédie vivante. Donc, je ne connais pas l'ensemble de ces chiffres-là,
mais, si vous prenez les émissions de gaz à effet de serre per capita au Québec
et que vous les comparez, par exemple, à ce qui se fait dans l'Union
européenne, le Québec émet plus par tête de pipe, là, de gaz à effet de serre.
La Modératrice : Mme Morin-Martel.
Mme Morin-Martel (Florence) : Oui.
Sur un autre sujet, là, on a appris que le Directeur général des élections, il
n'allait pas ouvrir d'enquête, là, au sujet des irrégularités de la section de
vote dans Saint-Laurent. Est-ce que c'est satisfaisant, ça, comme, de ne pas
ouvrir d'enquête?
M. Nadeau-Dubois : Bien, comme
je disais, comme mon collègue Vincent disait ce matin, je pense qu'on aurait
tous voulu savoir un peu ce qui s'est passé dans cette section de vote là. C'est
assez curieux comme situation. Je n'ai pas pris connaissance des communications
du DGEQ, je ne connais pas les motifs de leur décision, mais, disons, à
première vue, c'est quand même inquiétant, là, comme témoignage, puis je pense
que ça mérite qu'on sache ce qui s'est passé.
Mme Morin-Martel (Florence) : Oui.
Il disait que les seuls éléments soulevés ne permettaient pas, là... n'étaient
pas assez pour ouvrir...
M. Nadeau-Dubois : Comme je
vous dis, nous, on aurait souhaité avoir quand même... savoir ce qui s'est
passé dans cette section de vote là. On est dans une époque où toutes sortes de
théories circulent, hein, sur les résultats électoraux puis l'intégrité des
résultats électoraux. Moi, je pense, il ne faut laisser aucune zone d'ombre, puis,
je pense, ce serait bien de faire la lumière sur ce qui s'est passé dans cette
section de vote là.
La Modératrice : M. Bélair-Cirino.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui,
bonjour. Est-ce que le premier ministre a réussi à faire oublier les écarts de
langage, les erreurs, les propos mal exprimés sur l'immigration tenus par lui
ou certains de ses candidats durant la campagne électorale avec son discours
inaugural?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
François Legault a poli son langage, mais sa vision, ça reste la même. Il
continue à désigner l'immigration comme une menace pour la nation québécoise et
il continue d'utiliser les mauvais indicateurs dans le débat sur la langue. Il
continue à parler de la langue parlée à la maison. Les gens qui se joignent à
la nation québécoise, là, puis qui parlent italien ou espagnol autour de la table
à souper, là, le soir, là, ces gens-là ne sont pas une menace pour le Québec.
Si la langue d'usage, si la langue commune, si la langue de travail, ça
continue à être le français, bien, l'avenir du Québec, il est envisagé avec
optimisme, là. Ce qu'il faut... ce dont il faut débattre, c'est du français
comme langue d'usage, comme langue de travail. Ce n'est pas au premier ministre
à gérer quelle langue le monde parle en bordant leurs enfants le soir.
La Modératrice : En
terminant.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
noircit le tableau?
M. Nadeau-Dubois : Il
continue à présenter l'immigration comme, en soi, une menace pour la nation
québécoise. Il a fait à nouveau ce lien-là aujourd'hui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
pourquoi, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense que la campagne électorale a répondu à cette question-là, c'est ce que
pense François Legault. Et par ailleurs il sème la confusion auprès des gens,
hein, parce qu'il nous dit : Immigration 100 % francophone. Ça, d'abord,
c'est seulement l'immigration économique et c'est seulement l'immigration
permanente, parce que, pendant qu'il dit ça, le Québec continue à faire rentrer
des dizaines de milliers d'immigrants temporaires, des immigrants précaires,
dont, souvent, le statut est suspendu à un seul employeur. C'est une forme
d'immigration qui est plutôt dépourvue de compassion, là, parce qu'on suspend
les gens, souvent, à une grande précarité. Les gens ne savent pas s'ils vont
être ici six mois, un an, deux ans. Il faut qu'ils renouvellent sans cesse leur
permis. Et ces gens-là, là, leurs enfants n'ont pas accès à la loi 101,
donc à l'école en français. Ils sont exclus des processus de francisation.
Donc, ça fait des beaux titres dans les journaux, là, dire : 100 %
francophone. La réalité des choses, là, c'est que, l'immigration temporaire au
Québec, elle est hors de contrôle. Puis, ça, c'est une immigration qui est
fragile, qui est précaire, qui, souvent, pas toujours, mais souvent, peut
donner lieu à des situations, même, d'exploitation. Donc, si on veut parler
d'immigration, on va en parler, mais on va en parler convenablement avec les
bons chiffres puis en ne menant pas les gens en bateau.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 17 h 14)