(Neuf heures trente-quatre minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Aujourd'hui, journée quand même importante, c'est le discours
inaugural du premier ministre. Et on en profite donc pour exposer les attentes
du Parti québécois vis-à-vis les orientations de ce gouvernement caquiste.
D'abord, il y a certains sujets qui nous
tiennent à cœur pour lesquels on va porter énormément d'attention. Vous les
connaissez, mais je les rappelle parce que ce sera l'objet de débats
importants. L'environnement, le réchauffement climatique, ça me semble être
incontournable, parce que la phrase : Continuons, clairement ne fonctionne
pas sur ce sujet-là.
L'inflation et le coût de la vie, on ne
peut pas nier que certaines familles ont vraiment des difficultés financières
graves en raison de l'inflation. Et envoyer un chèque à tout le monde plutôt
que de concentrer nos efforts auprès des familles qui en ont réellement besoin,
pour nous, c'est un enjeu. Il faut en faire plus pour ceux qui, réellement, ont
de la difficulté lorsqu'ils arrivent à l'épicerie.
Les aînés et les tout-petits, ce sont deux
sujets, sur le plan humain, pour lesquels on veut voir des résultats au niveau
de la dignité, au niveau de la manière de traiter nos aînés comme de protéger
nos tout-petits. On va y revenir souvent.
La démocratie, là, évidemment, c'est un
sujet qui prend énormément d'espace. Mais pourquoi ne pas procéder à une
réforme du mode de scrutin? Pourquoi amplifier des distorsions qui, aux yeux de
la population, sont inacceptables?
Un autre sujet qui nous tient à cœur,
évidemment, c'est nos régions, parce qu'on constate que, dans ce gouvernement,
certaines régions n'ont pas une représentation très forte, n'ont pas de voix au
chapitre. Et nous sommes le parti de la défense des régions et nous allons
continuer à être ce parti-là. Donc, des sujets importants pour nous.
Et évidemment un sujet sur lequel nous
allons porter beaucoup d'attention et nous ferons peu de compromis, celui de la
langue française et de son déclin. Donc, on le voit, depuis quelques jours, M. Roberge,
tout comme le premier ministre, a recommencé à nous offrir des déclarations. Et
ça, la CAQ, elle est très, très spécialiste de cette approche-là : faire
des déclarations fortes, des mots comme «louisianisation», «menace à la cohésion
sociale», des expressions, des superlatifs, là. Là, hier, on nous parlait d'un
appel à l'éveil national, mais c'est comme si on n'a pas eu de débat pendant
quatre ans sur le fait que le projet de loi n° 96 était nettement
insuffisant. Nous l'avons répété, et répété, et répété.
On tente de nous donner des déclarations,
des superlatifs au lieu de nous donner des politiques publiques fortes. Donc,
évidemment que, pour le Parti québécois, on va continuer à être de bonne foi et
à tendre la main, mais on va demander des politiques publiques qui freinent et
renversent le déclin du français, pas d'autres déclarations comme on a vu en
campagne électorale de la part de François Legault, pas d'autres appels à l'éveil
national, des politiques publiques, des résultats. Et ça, c'est très important
pour nous, que, du côté de la CAQ, on change un peu cette manière, durant le
premier mandat, de se concentrer sur les communications et les déclarations, et
qu'on s'oriente un peu plus sur des politiques publiques qui soient
structurantes.
Comme vous le voyez, là, ce n'est pas qu'au
niveau de la langue, c'est également au niveau de la culture. Le recul, il est
marqué. Et l'enjeu, c'est que François Legault se dirige... au terme de huit
ans, là, de pouvoir risque de rentrer dans les livres d'histoire comme le
premier ministre qui aura permis le déclin le plus marqué au niveau du français
de notre histoire. Donc, là-dessus, on va être intraitables, on va faire tous
les suivis.
Et ça vient aussi, également, avec les
rapports avec le fédéral, que ce soit sur l'application de la loi 101 aux
entreprises à charte fédérale ou sur toutes les autres demandes. Est-ce que
cette doctrine fédéraliste de la CAQ va enfin donner un quelconque résultat sur
les questions importantes? Ça me semble être un sujet sur lequel des suivis
doivent être faits, et c'est ce qu'on va faire.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le français, est-ce qu'il se décharge de ses responsabilités en appelant au
réveil national?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
intéressant. J'ai eu cette réflexion-là ce matin. Est-ce qu'un gouvernement... Au
terme de quatre ans et d'un débat, là, approfondi dans le cadre duquel on s'est
fait traiter d'extrémistes par François Legault parce qu'on demandait d'en
faire plus pour le français, est-ce que le gouvernement peut se décharger en
disant : Bien là, ça va prendre un éveil national dans la population? Le
gouvernement a la responsabilité non pas de faire des déclarations, mais de
faire des politiques publiques qui règlent un problème. Puis c'est vrai pour la
crise du logement, c'est vrai pour le système de santé, pour l'éducation, c'est
vrai pour le français. Le rôle d'un gouvernement, c'est de légiférer, pas de
faire des déclarations qui n'ont pas de conséquences.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que la loi n° 96 a pu nuire au commerce ou aux
échanges commerciaux entre le Québec et les autres? C'est ce que M. Legault
a affirmé en Tunisie. Il disait qu'il fallait lancer une campagne de publicité
pour expliquer la loi n° 96, parce que ça a pu nuire
au Québec.
M. Bérubé : Bon. Le problème,
c'est qu'au lieu de poser des gestes forts, le cégep en français, en matière de
seuils d'immigration, il a imposé un certain nombre de mesures très
contraignantes qui n'ont aucun impact. Donc, je peux comprendre que les
entreprises ont trouvé ça, à certains égards, compliqué. Ce n'était pas
là-dessus qu'il fallait intervenir. Paul vient de l'expliquer.
C'est quand même fascinant, là, j'ai passé
énormément de temps sur le projet de loi n° 96, et ça
a commencé en disant : Bien, écoutez, c'est un projet de loi costaud, le
plus ambitieux depuis la loi 101. Finalement, au tout début de son
application, l'assujettissement des entreprises à charte fédérale, ils n'en ont
rien à cirer, ni le CN ni Air Canada. Il n'y a aucun impact, là, qu'on voit
apparaître. Et là c'est comme si tout ça n'avait pas existé, hein, comme dans
un épisode, là, qui serait retiré de la série, et là il faut recommencer à zéro.
Je ne comprends pas.
Puis j'ajouterais l'enjeu de l'immigration.
On a commencé l'année en disant : Si on n'a pas tous les pouvoirs en
immigration, c'est la louisianisation. Ça me prend un mandat fort pour les
obtenir, c'est essentiel à la vitalité de la nation québécoise. Là, le mandat
fort, il l'a. Il n'a pas les pouvoirs puis là il se tourne vers la population :
Bien, à vous de jouer. Bien, ça prend plus, effectivement, que des déclarations,
ça prend des gestes qui ont des conséquences.
Je devais rencontrer la ministre de
l'Immigration aujourd'hui. Elle m'avait invité, m'a décommandé. J'imagine qu'on
aura un autre moment pour le faire, mais je vais lui indiquer très clairement
qu'est-ce qui aurait dû être fait. Et nos propositions tiennent toujours. Et,
en matière d'immigration, je termine là-dessus, parce que c'est intimement lié
à la langue, selon le premier ministre, le gouvernement du Québec contrôle
65 % de l'immigration. Donc, la balance, on fait quoi avec ça? Je veux
dire, c'est un enjeu réel, et je ne comprends pas pourquoi, subitement, là, ils
viennent de se réveiller. En tout cas, j'imagine que Simon Jolin-Barrette va se
dire : Bien, je n'ai pas arrêté de dire que c'était costaud. Là, vous êtes
un peu...
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que ça va prendre une campagne de publicité dans les journaux, partout, pour
expliquer la loi n° 96?
M. Bérubé : Une campagne de
publicité auprès du caucus de la CAQ pour leur faire réaliser que le français,
c'est important. Je veux dire, vos journalistes, là, vos collègues journalistes
l'ont indiqué, de Radio-Canada, il y a eu un combat entre l'aile fédéraliste
puis l'aile nationaliste. Bien, les fédéralistes ont gagné, parce qu'il y a plein
de gens à l'intérieur de la CAQ qui disent : Faites-en pas trop, hein, ce
n'est pas pour ça qu'on est venus en politique, là, la langue. Ça fait que moi,
la campagne de promotion, je suis prêt à la reprendre, comme je l'ai fait dans
le dernier mandat, auprès des députés de la CAQ, un par un. Je suis disponible,
mon bureau est en haut.
M. Robillard (Alexandre) : ...100 %,
en immigration, est-ce que vous êtes d'accord avec ça? Le 100 % de
francophones en immigration, est-ce que...
M. Bérubé : Bien, oui,
100 % francophone, oui. D'ailleurs, il était contre ça quand on le
proposait. Le truc que j'ai oublié, le seuil que la CAQ proposait, c'était 40 000,
en 2018, hein, souvenez-vous de ça, 40 000. Là, ils ont normalisé le seuil
de Jean Charest et de Philippe Couillard, à 50 000, qui est déjà trop. Ils
ne prennent même pas tout l'argent de la francisation. Là, j'ai vu que... excellente
rencontre entre le Conseil du patronat et le gouvernement
sur l'immigration. J'ai vu ça sur Twitter. Eux autres, ils proposent
100 000 par année, le Conseil du patronat du Québec. Ça fait qu'en quoi
que le président du Conseil du patronat, il est heureux de sa discussion sur
l'immigration?
M. Robillard (Alexandre) : ...100 000,
disons que ce serait 100 000, mais...
M. Bérubé : 200 000,
pourquoi pas, tiens?
M. Robillard (Alexandre) : Puis,
je veux dire, 100 %, là, d'immigration francophone sélectionnée par le
gouvernement du Québec, est-ce que vous êtes favorables à ça?
M. Bérubé : Bien, c'est ça
qu'on propose, puis on est arrêtés à 65 %, il y a une partie qu'on ne
contrôle pas. Il fait quoi pour l'autre partie? Je veux dire, il est au maximum
de ce qu'il peut faire, tant mieux, mais le cégep en français, c'est la
socialisation des jeunes issus de l'immigration à qui on dit : Bien, après
le primaire puis le secondaire, on vous lâche. Puis au moment où vous devenez
adultes, faites un choix professionnel, vous fondez une famille, vous êtes en
couple, vous faites des choix d'amis qui... tu sais, puis de lieu
d'implantation, là, on vous lâche. Et ils vont massivement vers les cégeps en
anglais, et, ça, moi, ça m'inquiète beaucoup.
Alors, on en a discuté ce matin. On est
très étonnés qu'en matière de français puis d'immigration, là, c'est le réveil
national. Mais j'ai fait quoi, en commission parlementaire, pendant des mois à
faire un travail exigeant, collaboration avec mes collègues, à tout lire? Tu
sais, tous les experts sont venus nous dire ce qu'il fallait faire, y compris
Guy Rocher. Ils ont dit : Guy Rocher, ce que vous avez à dire, on ne va
pas le considérer. Permettez-moi, là, d'être étonné de ce réveil de la CAQ.
M. St-Pierre Plamondon : Si
je peux me permettre, aussi, on a tous été témoins d'un certain nombre de
débats télévisés durant la campagne électorale. Moi, je n'ai pas entendu parler
de réveil national sur ces questions-là. Au contraire, on tentait de
marginaliser ce que le Parti québécois avait à dire sur ces questions-là. Donc,
est-ce qu'on peut se fier à la parole de François Legault? Je pose souvent la question,
puis, souvent, bien, l'actualité nous donne des réponses décevantes.
Mme Lévesque (Fanny) : Comment
vous l'expliquez, ce changement de ton là, depuis l'élection? Par rapport à
l'immigration, entre autres, où, là, on était très fermes, quatre ans, 50 000,
maintenant, on ouvre un peu la porte à plus si c'est francophone. Maintenant,
l'immigration, c'est la clé pour le français. Comment vous l'expliquez, ce
changement de ton là?
M. St-Pierre Plamondon : En
effet, si on résume, la CAQ s'est fait élire sur le chiffre de 40 000 pour
changer d'idée l'année suivante — ça, c'est en 2018 et 2019 — ensuite,
fait campagne sur 50 000 en utilisant des mots qui sont inappropriés,
comme «suicidaire», mais sans pour autant changer les politiques de Jean Charest
et de Philippe Couillard, et là on nous parle d'augmentation des seuils, alors
qu'on vient de dire, en campagne, qu'il ne fallait pas toucher à ce seuil-là.
Donc, quelle interprétation donner à tout ce charabia? Moi, je n'ai pas
d'interprétation, à part qu'on ne peut pas se fier à la parole de la CAQ sur
ces questions-là, comme sur d'autres questions. Ils disent une chose en
fonction du sondage du jour, mais, la semaine suivante, peuvent faire
exactement l'inverse, comme on a vécu pour la négociation des partis
d'opposition. François Legault est sorti rapidement pour dire : Peut-être
qu'on ne réformera pas le mode de scrutin, mais on va diminuer la distorsion
d'autres manières. Première nouvelle qu'on en avait deux semaines plus tard :
pour le Parti québécois, on a amplifié cette distorsion-là. Donc, c'est très
difficile de se fier à la parole de François Legault.
M. Robillard (Alexandre) : ...d'avoir
100 % d'immigrants francophones d'ici 2026. Vous, ce n'est pas quelque
chose que vous proposiez, quand même, avec votre... Vous faisiez seulement abaisser
le seuil. Ce n'était pas... Est-ce que c'est réaliste?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, on avait 100 % pendant les... 100 % francophones, ça fait plus
de quatre... ça fait combien, huit ans qu'on dit ça? Donc, c'est vraiment une
proposition qu'on a faite régulièrement, à la CAQ, qui a été refusée à
plusieurs reprises. Évidemment, c'est une proposition qui vient avec certaines
exceptions. Donc, il faut vraiment bien travailler la politique pour que, dans
certains cas spécifiques, il y ait certains accommodements. Il faut être
capables... Mais Pascal Bérubé a parfaitement raison. Ces propositions
structurantes là ont été écartées pendant tout le mandat précédent, mais on a
mis beaucoup de fardeaux puis beaucoup de mesures contre-productives, ou, en
tout cas, pas très efficaces, qui ont déplu. Donc, il y a plusieurs ajustements
à faire, là, pour la suite, si on...
Mme Plante (Caroline) : Dans
le dossier des transferts en santé, là, est-ce qu'on fait des avancées? Est-ce
qu'on progresse? Est-ce que vous sentez que ça se réchauffe?
M. St-Pierre Plamondon : Est-ce
qu'on a l'argent? Est-ce qu'il y a quoi que ce soit de concret? Parce que,
rappelons-nous, là, dans les déclarations de François Legault, là, c'est qu'il
nous a expliqué qu'un mandat fort permettrait enfin au Québec d'obtenir gain de
cause dans une question comme celle-là, et tant d'autres injustices, vis-à-vis
le Canada. À par des bruits de criquets, est-ce que vous avez entendu quoi que
ce soit en matière de transferts en santé?
Mme Plante (Caroline) : Il
serait peut-être prêt à accepter une condition, le partage des données?
M. Arseneau : Bien, en fait,
souvenez-vous de la conférence de Vancouver où il y avait, semble-t-il, un
front uni des provinces canadiennes pour dire : Ce sont nos juridictions,
on veut l'argent, point à la ligne. Et là, évidemment, le fédéral demande des
données, l'accès aux données. Les autres provinces : Bien, on va
considérer ça. M. Dubé sort de la conférence en claquant la porte, en
disant : Il n'en est pas question. Nous aurons des données, nous les
utiliserons, mais ce n'est pas une condition pour obtenir l'argent du fédéral.
Et, si je ne m'abuse, il y a à peine quelques jours, le premier ministre
Legault semblait bien s'entendre avec M. Trudeau sur l'idée que le partage
des données, bien, c'était tout à fait à considérer.
On voit l'évolution, là, d'un gouvernement
qui voulait un mandat fort pour obtenir, évidemment, gain de cause auprès du
fédéral. Encore une fois, là, on a déposé un genou à terre. Et le fédéral n'a
pas à se mêler... Le fond de l'histoire, c'est qu'il n'a pas à se mêler de la
gestion de la santé au Québec, encore que ce serait difficile de faire pire que
le gouvernement à l'heure actuelle.
On a parlé beaucoup du fait que le
gouvernement parlait beaucoup et agissait peu dans le domaine de la langue,
notamment. Qu'en est-il en matière de santé? Puis, avant même que vous posiez
la question, j'aimerais mentionner qu'on a la pire crise dans le domaine de la
santé de l'histoire du Québec. Malgré le fait que la CAQ avait promis, en 2018,
qu'il y aurait un médecin pour tous les Québécois, on a abandonné cette
promesse-là, on n'en parle plus, comme si ça n'avait jamais existé. L'accès aux
urgences, on parlait de 90 minutes. Maintenant, au téléphone, ça peut
prendre 90 minutes, peut être deux heures avant de pouvoir parler à
quelqu'un au 8-1-1. Voyez comment on évolue.
On a parlé, au cours du dernier mandat,
d'une petite révolution en matière de santé. C'est la pire crise qu'on a
connue. Les moyens n'ont absolument donné aucun résultat. On a déposé un plan
je pense que c'est à la fin mars, début avril, le plan santé de la CAQ. On
allait, encore une fois, là, modifier de bout en bout le système de santé. Le
système est au bord de l'effondrement. Pendant la campagne électorale, la seule
solution novatrice qu'on a mise sur la table, c'est construire deux mini
hôpitaux privés.
Alors, pour le discours inaugural du jour,
là, bien, on se demande bien ce qu'on va encore inventer du point de vue de la
CAQ pour nous faire croire qu'on agit, alors qu'il y a une cellule de crise
dont on n'entend plus parler depuis trois semaines et dont les recommandations,
bien, elles ne semblent donner absolument aucun résultat. Vous écrivez dans les
journaux à tous les jours que la crise va de mal en pis, et on en est rendus à
banaliser cette situation-là. 147 %, 200 %, c'est absolument
incroyable. Alors, là aussi, moi, je veux dire qu'on s'attend à ce que le
ministre Dubé puisse mettre en œuvre des politiques publiques et des moyens de
modifier les choses et d'améliorer le système de santé public au Québec.
Et je voudrais remarquer qu'il dit... Les
solutions qu'on met en place, là, dernièrement, on est revenus à des solutions
qui dataient d'une quinzaine, d'une vingtaine d'années, en disant : Bien
sûr, ces moyens-là ne sont pas nouveaux, le problème est dans l'exécution, dans
la mise en œuvre. Le gouvernement a la responsabilité, faut-il se le dire
encore une fois, de la mise en oeuvre. C'est à peu près comme la langue. Il dit :
Moi, je décide qu'on va aller de l'avant, mais je ne suis pas responsable de la
mise en oeuvre. Le gouvernement doit être responsable.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur la
santé, juste pour continuer, M. Marissal a dit tout à l'heure que les femmes
dans le réseau étaient victimes de violence institutionnelle. Êtes-vous
d'accord avec ça?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
moi, ce que je peux... je ne répéterai pas ces propos par M. Marissal. Ce
qu'on constate, c'est que le temps supplémentaire obligatoire, bien, il n'a
jamais été aboli, les conditions de travail ne sont pas améliorées de telle
sorte qu'on puisse retenir les infirmières, notamment, et le personnel féminin.
On sait qu'on continue de faire affaire avec des agences qui ont des meilleures
conditions de travail à offrir aux infirmières et que le gouvernement ne
démontre pas cette volonté-là d'améliorer les conditions de travail, les ratios
sécuritaires pour les employés, et particulièrement les postes à prédominance
féminine. Alors, effectivement, on a un problème majeur pour lequel les
solutions sont évoquées, année après année au moins depuis quatre ans, et qui
ne sont pas mises en oeuvre.
Une voix : ...violence
institutionnelle?
M. Arseneau : Bien, moi, je
ne rentre pas dans ces épithètes ou dans ces appellations-là. Moi, je suis sur
les moyens. Je ne veux pas accuser personne de quoi que ce soit, là, sauf de
constater, dans les faits, que le gouvernement, entre les babines puis les
bottines, là, ça ne fonctionne pas. Et ça ne fonctionne pas en santé et les
citoyens du Québec paient pour, puis les employés du système de santé paient pour
également.
M. Laberge (Thomas) : ...vous
entendre sur le fait que la P.D.G. d'Hydro-Québec a maintenant deux conseillers
dont les salaires ne sont pas publics. Comment vous réagissez à ça?
M. Bérubé : Bon, hier,
c'était la SAQ, aujourd'hui, c'est Hydro-Québec. Ça sera quoi demain? Créer des
emplois payants, c'était une des politiques du premier ministre, bien, ça
fonctionne, quoiqu'on ne connaît pas les salaires. Question de transparence,
puis une question de coûts, alors pourquoi Mme Brochu a besoin de deux
adjoints spéciaux puis les salaires ne sont pas connus? En quoi ça leur
causerait préjudice, qu'on connaisse ce que les Québécois qui gagnent durement
leur argent leur accordent? C'est très particulier à Hydro-Québec.
Ça s'ajoute à un autre élément que je suis
obligé de rappeler, qu'on a déjà indiqué, une première dans l'histoire du
Québec, c'est qu'on a permis à la P.D.G. d'Hydro-Québec de siéger sur le
conseil d'administration d'une banque avec une rallonge financière de plusieurs
centaines de milliers de dollars. Hydro-Québec, ça nous appartient, on l'a dit
souvent. Bien, il faudrait que les informations soient connues aussi. Donc, ça
s'ajoute.
Il y a beaucoup de gens qui font de
l'argent sans qu'on sache véritablement quelles sont les conditions. On a
appris les conditions de départ à la SAQ hier. On apprend que, deux emplois, ces
personnes-là ont probablement demandé qu'on ne connaisse pas leur salaire. Ça
ne marche pas de même. Dans le privé, là, vous pourrez garder vos salaires
inconnus mais pas au public.
Mme Plante (Caroline) : En
éducation, M. Drainville, hier, nous disait qu'il n'a pas l'intention de
changer le système à trois vitesses.
M. Bérubé : Gros départ.
Mme Plante (Caroline) : Oui.
Alors, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bérubé : Ça part bien.
Alors, dans les 12 travaux de notre ancien collègue, il ne reconnaît pas
que l'école publique a de la difficulté, avec son financement, à atteindre ses
objectifs, à s'occuper des enfants, tu sais, qui ont des plans d'intervention.
Ça, c'est sérieux, là. Je l'ai vu, moi, quand j'ai remplacé durant la semaine
de relâche, ils m'ont tous parlé de ça, les enseignants. Alors, il vit bien
avec du privé qui recrute les meilleurs étudiants, qui continue à être financé
par l'État, et des écoles publiques qui en arrachent, qui sont cotées 9 ou 10,
hein? Vous savez qu'il y a des cotes par école.
Alors là, il fait une visite d'école. Je
l'invite à visiter des écoles cotées 10. Moi, je peux lui fournir la
liste. Ça adonne que j'en ai trois dans ma circonscription, mes trois écoles
secondaires. Je l'invite formellement à venir visiter des écoles comme
celles-là. J'ai vu qu'il en fait quelques-unes, là. Dans les circonscriptions
qui ne sont pas celles de la CAQ puis qui sont cotées 10, là, on a des choses à
lui présenter. Je suis convaincu que, dans l'est de Montréal, à la
circonscription de Paul, là, on pourrait lui présenter des gens de l'école
publique — commençons par l'école montréalaise — qui ont
des choses à présenter. Et je ne sais pas, c'est quoi, ses priorités. Je sais
pourquoi il est heureux d'être là, mais je ne sais pas qu'est-ce qu'il veut
faire.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
lui, il dit de toute façon que l'école privée puis les programmes spéciaux, les
programmes particuliers, ils ont un rôle dans...
M. Bérubé : Bien, ils ont un
rôle, mais ils ne sont pas financés, dans le public. Je veux dire, ils font ça,
ils réaménagent des budgets pour le sport, pour la culture. Ils s'organisent
pour compétitionner le privé, c'est pour ça qu'ils le font, pour que l'école
publique demeure attrayante, mais ils le font à bout de bras, là. Puis le
privé, bon, il n'y a aucune remise en question, c'est particulier, ni pour les
écoles religieuses d'ailleurs, c'est ça que j'ai compris. Donc, je ne sais pas
où il s'en va. Je sais qu'il voulait occuper la fonction, mais pour en faire
quoi? C'est pas mal le moment qu'il vienne s'adresser à vous pour vous parler
de ça. Je présume qu'il l'a fait déjà.
M. Robillard (Alexandre) : ...vous
avez l'impression que les résultats que vous avez obtenus aux dernières
élections sont fidèles à la réalité?
M. Bérubé : Faites-vous
référence au texte du Devoir sur le comté de Saint-Laurent?
M. Robillard (Alexandre) : Oui.
M. Bérubé : Je trouvais ça
intéressant. Bien, oui, dans mon cas, oui. Bien, je veux dire, je n'ai pas de
raison de croire le contraire. En 2018, ils avaient échappé des boîtes de scrutin
dans le fossé sur la route 195. J'ai toujours pensé que c'est ce qui me
manquait pour avoir 70 %. Si on les retrouve... J'ai averti les chasseurs
de ça. Mais non, je crois que oui, mais moi qui s'intéresse beaucoup aux
élections puis à l'organisation, ça m'a beaucoup intéressé. Je ne comprends
pas. La dernière fois que c'est arrivé...
M. Robillard (Alexandre) : ...si
ça vous intéresse, est-ce que c'est inquiétant?
M. Bérubé : Ça devrait
inquiéter la députée. Mais le pôle 41, je pense, dans la circonscription
de Gaspé, à l'élection de 2018, on s'était rendu compte qu'il n'y avait aucun
vote du Parti québécois, puis c'est là qu'elle habitait avec sa famille. Puis
finalement ça avait été mal compté. Alors, je ne présume de rien, mais ça m'a
intéressé.
M. Robillard (Alexandre) : Selon
vous, il y a des précédents qui pouvaient peut-être...
M. Bérubé : Non, non, il n'y
a pas... Dans le cas de Gaspé, il y a eu un recomptage. L'élection, même, a été
renversée parce que c'était très serré. Je comprends que ce n'est pas le cas
dans Saint-Laurent, mais, quand même, par acquit de conscience, si j'étais
député de cette circonscription-là puis les gens me jurent qu'ils ont voté
libéral, puis qu'il y avait telle rue, c'est...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc est-ce que le DGE doit enquêter là-dessus?
M. Bérubé : J'ai l'impression
qu'ils reçoivent une revue de presse le matin aussi, puis ils sont déjà à
regarder ça avec intérêt, c'est sûr.
M. Robillard (Alexandre) : ...est-ce
que le DGE doit enquêter?
M. Bérubé : C'est-à-dire?
M. Robillard (Alexandre) : Dans
Saint-Laurent, ou est-ce que...
M. Bérubé : Non, on n'a pas
de réflexion là-dessus.
Le Modérateur : On va passer
aux questions en anglais.
Mme MacKenzie
(Angela) : M. Plamondon, you mentioned quite a
few issues you would like to hear about in the Premier's speech this afternoon.
Which of them, in your view, is the top priority right
now to be focused on?
M. St-Pierre
Plamondon :
The
top priorities are the environment, the cost of living and inflation, and
fundamental issues about democracy and taking care of our people, especially
elderly people. And so, there is a few topics where we should not accept that
we will continue, a few topics where there is absolutely a need for a change. And
that's where we have a lot of solutions to put forward, and that's what we are
going to do.
And, as we mentioned, of
course, on the topic of the French language, we see a change in the discourse
of the CAQ, that is saying something completely different than during the
campaign. But yet, is it going to translate in anything specific or it's just,
again, declarations that are pure communications? That's what we will see in
the upcoming days.
Mme MacKenzie
(Angela) :
What
more would you like to see in regard to protecting French, you know, in addition to Bill 96?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
Bill 101 needs to apply to federal companies, and we need the bill to apply to
CEGEPs. And there are a few measures that we've put forward during the
campaign. So, we're willing to discuss with the CAQ on those issues. But it's
as if there was no debate on whether Bill 96 was sufficient or not over the
past four years, where, in reality, we put… we said so on so many
occasions: This Bill is not as strong as they say it is, publicly. And data is
showing a steep decline of the French language. So, can we trust the CAQ when
the CAQ make such declarations? It's difficult to follow.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
As far as
the immigration policy goes, what exactly would you like to see happen?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
basically, immigration on a model that is different than the current model. So,
the elements that should change is «régionalisation», so a presence in every
region, of immigration, and incentive in that regard; a target around 35,000 in
which all immigration, under the power of Government of Québec, is francophone
when they arrive in Québec; and
changes in the amount of money that's invested, so that there is integration
and resources to help new Quebeckers to thrive and to have an equal chance.
I'm very worried with
what Bernard Drainville said on
education and how the health system is evolving, because, if we host new Quebeckers and they are dealing with a
dysfunctional system in education, in health, we are creating inequalities and
social issues that we should not tolerate. We should give an equal chance to
everyone. So, reinvesting in social equity seems to me a very important condition of immigration.
So, all this has been
said during the campaign, and the CAQ Government tried to marginalize our position, and all of a sudden, they seem
to have listen to what we had to say. So, we'll try to work with them, but it's
very hard to trust what they actually declare, because they're capable of doing
the exact opposite two weeks later.
M. Spector
(Dan) : What do you say to people in business,
still frustrated about applying Bill 96 and the extra red tape it's added for
them, hearing you say it's not nearly enough and you want to push the Government to do more?
M. St-Pierre
Plamondon : So, I've said on a few occasions
I'm willing to do that task. Where there is useless red tape in that bill, we
should be sitting down and say: Well, if it's too complicated for no reason,
what could be more simple? So, I think the aim here is to have a dialogue with
businesses to say: Where does it complicate things, and is this justified or
not? And this is not connected to applying Bill 101 to CEGEPs. I mean, it's two
different topics. But we are open to a discussion where we aim at something
that is efficient. And there are a few criticisms, I think, that are valid, and
so we should put some time on that issue as well.
M. Spector (Dan) : Any movement on swearing to the King? Any news overnight?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, we said everything we could,
we answered all questions yesterday. We reserve this day for the Premier, so
that we discuss, as we did this morning, about orientations of that Government.
And to be continued tomorrow.
(Fin à 10 h 01)