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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’affaires autochtones, et M. Gregory Kelley, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires autochtones

Version finale

Le mardi 10 mai 2022, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures deux minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour à tous et à toutes. Bienvenue à ce point de presse au cours duquel prendront la parole, dans l'ordre, Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire, Gregory Kelley, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d'affaires autochtones, Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations Québec-Labrador, Kevin Deer, aîné et gardien du savoir de la communauté de Kahnawake, Grand Chief Sky-Deer, grande cheffe du Conseil mohawk de Kahnawake, et finalement John Martin, chef du conseil micmac de Gesgapegiag.

Alors, on va commencer par les prises de parole et ensuite on va passer à la période de questions. Comme on est très nombreux, je vous demanderais de vous limiter à une question, une sous-question et nommer la personne à qui s'adresse votre question. Alors, sans plus tarder, je cède la parole à Manon Massé.

Mme Massé : Oui. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. En fait, aujourd'hui, pour moi, l'important d'être là, c'est que, depuis des mois, je tente de toutes les façons possibles de dire au gouvernement du Québec qu'il est temps qu'il écoute les gens des Premières Nations, notamment lorsqu'il est question de protection de leurs langues.

J'ai fait adopter, en octobre 2019, une motion où le gouvernement de la CAQ, où le premier ministre du Québec a accepté de reconnaître que les principes de la Déclaration des Nations unies pour les droits des peuples autochtones soient son guide pour l'avenir, et ce n'est pas ça qu'on a vu, notamment dans l'adoption du projet de loi n° 96. On n'y est pas encore rendus.

Nos frères et soeurs autochtones ont crié de toutes sortes de façons. On les a représentés pour essayer de faire entendre raison à M. Jolin-Barrette. Il y a maintenant un rendez-vous de la dernière chance que M. Jolin-Barrette ne peut pas manquer. Il doit rencontrer les gens des Premières Nations… et d'écouter ce qu'ils ont à dire sur ce qu'ils vivent, eux, sur la disparition de leurs langues.

Protéger la langue française, c'est sûr, c'est clair, il n'a jamais été question d'autre chose que ça. Mais on ne peut pas faire fi qu'il y a des gens, sur le territoire, que leur langue est beaucoup plus menacée, et donc il est essentiel que le gouvernement du Québec se mette à leur écoute. Donc, pour moi, c'était important, avec Gregory, qu'on leur laisse la place.

Et je vais laisser la place à Gregory pour qu'il puisse leur laisser la place à son tour.

M. Kelley : Merci, Manon. Bienvenue, tout le monde. Moi, je veux juste passer un message sur la réussite scolaire des élèves autochtones, je veux juste lire une couple de chiffres.

La proportion des personnes autochtones sans diplôme est de 27 %, ce qui inclut les Premières Nations et les Inuits vivant hors communauté. Ce taux est double de celui des personnes non autochtones sans diplôme, qui est 13 %. Il y a aussi un écart quand on parle de la scolarité de niveau universitaire : 11 % des autochtones comparativement à 26 % des non-autochtones. Je veux aussi parler plus précisément des Inuits, où environ 54 % sont sans diplôme universitaire ou baccalauréat, et seulement 2 % des Inuits sont présentement dans les institutions, selon leur population. Ça m'inquiète beaucoup.

Dans mon comté, au cégep de John-Abbott, il y a environ une centaine d'élèves inuits qui sont là, puis j'espère que le projet de loi n° 96 ne va pas mettre aucune, aucune barrière dans leur réussite scolaire. Chaque étudiant autochtone qui réussit, c'est important pour leur communauté, ça peut faire un changement énorme.

Alors, j'espère que le ministre Simon Jolin-Barrette est à l'écoute de trouver toutes les solutions possibles. S'il est modifié, le projet de loi, présentement, dans les prochains jours… ou quand même de prendre des mesures après, c'est très important, très, très important.

Alors, moi, je suis ici aujourd'hui pour parler des élèves et des enfants autochtones qui, c'est possible, avec les ajouts de cours de français, vont avoir moins de succès dans nos cégeps, où ça va… plus longtemps, puis il faut prendre eux autres en considération.

Mais maintenant je vais passer la parole au grand chef M. Picard pour parler... pour dire une couple de mots.

M. Picard (Ghislain) : «Kwe, kwe.»(S'exprime dans une langue autochtone). Merci à tous et à toutes d'être ici aujourd'hui. Je voudrais d'abord reconnaître que nous sommes sur un territoire autochtone non cédé qui inclut la maison où nous sommes aujourd'hui. Et je voudrais aussi remercier Manon Massé, de Québec solidaire, et Gregory Kelley, du Parti libéral, pour nous donner cette opportunité aujourd'hui de passer le message que nous voulons passer.

I certainly want to acknowledge today the leadership with me, Grand Chief Sky-Deer and a few of her council members, some… Mohawk Council of Kahnawake, the traditional leadership as well, Mr. Deer, and the chief from the Micmac community ofGesgapegiag, who are standing with us today.

Écoutez, je voudrais juste rapidement, peut-être, insister sur un aspect que je trouve extrêmement important. M. Legault, en recevant le rapport de la commission Viens, le 2 octobre 2019, avait dit, et je me permets de citer : «L'État québécois ne vous imposera pas ses solutions.» Et c'est exactement ce que le gouvernement du Québec est en train de faire aujourd'hui avec le projet de loi n° 96.

I think it's important to remind everyone that, when Mr. Legault, in acknowledging the Viens report, back in October of 2019, and giving an apology on behalf of the Québec Government, stated, and I will quote him, he said : «The Québécois Government will not impose its solutions.» And that's exactly what this Government is doing by forcing the adoption of Bill 96.

I think it's very important that we be reminded that our peoples have played by the rules of the Government. We presented before a parliament commission, we presented amendments to Bill 96, to no avail. It's very important that we be reminded that, even when we play by their rules, we are becoming the victims, because none of it is being acknowledged, accepted, with the results that we have today. We have a bill that's being rushed without any consideration for indigenous peoples' rights.

So, I think it's very important that we be mindful of the situation today, and I'm glad that we have chiefs today standing with us to make that point. And what we are asking is simply, in terms of the adversity that we face, that we be exempt from 96 and we have a sit-down with the Minister responsible, Mr. Jolin-Barrette, sooner than later.

Donc, en terminant, je pense que le message que nous portons aujourd'hui, c'est d'être exemptés de la loi… du projet de loi n° 96, et nous demandons instamment au ministre de la Justice, M. Jolin-Barrette, d'avoir l'opportunité d'avoir ces discussions-là avec lui aujourd'hui. Merci.

M. Deer (Kevin) : (S'exprime dans une langue autochtone). So, I like to follow the ancient treaty protocols that, when you, people, came to this land, way back, we talked about treaty agreements, we didn't have no written language, and your ancestors and our ancestors agreed that we would follow three principles of peace, friendship and respect. Here is a covenant chain that says that, if we ever had a problem, we would sit down and smoke the peace pipe to resolve our differences. Us, in our canoe, and you, in your big ship with sails. So, Québec and Canada can never forget, because we said that this treaty agreement would endure as long as the sun shines, the grass grows and the water flows.

So, we are still here today, our ceremonies, our languages, our creation story, everything that makes us unique in the world. Just like Québec they talk about their distinctness, well, we are too, and we're here now to talk about this ancient relationship and how we have to follow those three principles as we move forward. «Nia:wen kowa.» «Merci beaucoup.» Thank you very much.

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : (S'exprime dans une langue autochtone). I'm Kahsennenhawe Sky-Deer, the grand chief of the Mohawk Council of Kahnawake, Wolf clan. Very honored to be here today. «Nia:wen kowa», Mme Massé and Mr. Kelley, for allowing us to have this space today to address you all in this press conference.

Bill 96 is not just an issue that impacts indigenous youth when it comes to education. The more we looked at this bill, it is going to have impacts in every sector of our lives as indigenous people.

You know, we're trying to move forward in this space now, in a time when everybody is talking about reconciliation. We've been trying to create a relationship with Québec, and now, as some of the words that were said by the people who spoke before me, this kind of goes against that nation-to-nation and that kind of equality relationship that we're looking for in being able to address things in a meaningful way through dialog.

We do not want to see this bill move forward without any kind of exemption or consideration of indigenous people, our languages, our cultures that have been here since time immemorial. And the way that this Government is conducting itself is very dismissive, and it disregards us, and our long history, and our presence on these lands.

So, what we're asking for is for Minister Jolin-Barrette to delay, give us the space, give us that respect to at least have dialog and hear of our concerns with this bill, because we see it as being rather sweeping, impacting numerous legislations, amending Bill 101.

And I'm going to tell you, there is an action taking place in Kahnawake right now, and, when push comes to shove, Kahnawake is going to continue to be the leader in this region for First Nations to set the bar on the way. Unfortunately, it seems like we have to take action to get attention. We don't want to take these kinds of actions, but that's what we feel like, when our backs are pushed against the wall, and it's only going to continue to happen in this way if we don't get that ability to have dialog, respectful dialog, and hearing our concerns, and hearing our voices. (S'exprime dans une langue autochtone).«Nia:wen».

M. Martin (John) : (S'exprime dans une langue autochtone). Good afternoon, everybody. My name is John Martin, chief of the Gesgapegiag First Nation, Micmac Nation, and I'm happy that you're here to listen to what we have to say.

I think I will reiterate the words that were said before me : The Québec Government has to listen. Right now, it has totally ignored everything that we have brought forward. This bill is going to have an impact much more severe than the previous Bill 101. 101, we struggled with that bill, that law

from the very beginning. It increased our dropout rates, our students are not able to access graduation with their credits at high school because of the French credits that are required under Bill 101. And this bill now includes the CEGEP level, so it makes it very difficult for our students to be able to succeed in high school, and now even harder if they pass high school and get to CEGEP. It requires that they have three to five courses in French.

If our communities are going to be able to flourish, education is a key component. But remember also that education has been used as one of the key factors in the assimilation of our people, and the destruction of our cultures, and the destruction of our languages, and that is why this Government needs to sit down and listen to us. We are not just talking about language, we're talking about every aspect of our lives that's affected by this bill in the communities. Our growth is important.

We wish to be part of Québecsociety, we want to contribute to the growth of Québecsociety, we want a future in Québec, this is where we have been for thousands of years, and we'd like to see our children flourish. But with these kinds of actions by the QuébecGovernment against our people, without due consideration to our situation and the languages that we have, it is a destructive bill, it is a continuation of the kind of colonialism, paternalistic and extinguishment activities that governments successively have conducted since their establishment on these territories, and it has to stop. They need to sit down with us, and talk to us, and hear how this bill really affects us. (S'exprime dans une langue autochtone).

La Modératrice : Merci. On va prendre les questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.

M. Carabin (François) : Bonjour. Ma première question va être pour Mme Massé et M. Kelley, peut-être à tour de rôle, là. Diriez-vous que le projet de loi n° 96 menace de perpétuer ou de créer un génocide culturel?

Mme Massé : Non, non, pas du tout. Je veux dire, les impacts sur la culture dont viennent de vous expliquer les personnes qui vivent la situation sont bien avant, bien avant l'arrivée du projet de loi n° 96. Et je pense qu'aujourd'hui, pour moi, d'avoir laissé cet espace aux Premières Nations, c'est aussi vous laisser l'espace de les questionner sur comment eux autres vivent ça. Alors, dans ce sens-là, pour moi, c'est clair. Le projet de loi n° 96, pour moi, doit être adopté. Il faut protéger les langues autochtones... oui, les langues autochtones. Mais, je veux dire, il faut protéger la langue française, certes, je sais que mes amis sont aussi d'accord avec ça, mais pas au détriment des droits des Premières Nations.

M. Kelley : Et juste ajouter à ça, je pense que c'est important pour le ministre de prendre le temps pour rencontrer les gens ici puis les autres communautés, si c'est nécessaire, pour rassurer eux autres que ce n'est pas un génocide culturel, que ce n'est pas qu'est-ce que ça arrive. Puis on parle, oui, de la protection de la langue française, mais toutes les préoccupations qui étaient soulevées par des personnes ici, il y a un vrai dialogue là-dessus, puis on voit qu'est-ce qu'on peut faire après la suite, parce qu'on sait le projet de loi va être adopté pas mal dans les prochaines semaines. Alors, je pense, ça, c'est très important, c'est de continuer le dialogue et d'avoir une rencontre rapidement.

M. Carabin (François) : Pour revenir à vous, Mme Massé, vous avez dit que vous alliez voter en faveur du projet de loi.

Mme Massé : Oui.

M. Carabin (François) : Comment est-ce que la réaction du ministre à ces demandes qui lui sont faites aujourd'hui pourrait changer ou non votre position sur le projet de loi?

Mme Massé : Écoutez, nous… moi, j'ai défendu bec et ongles les amendements qui avaient été apportés par Chief Martin, Chief Picard, et la fermeture complète du ministre Jolin-Barrette, elle était là. Ce que je lui laisse aujourd'hui, c'est un rendez-vous de la dernière chance, c'est : Il n'a pas dialogué avec les Premières Nations, il n'a pas voulu entendre les demandes qu'ils ont faites pour amenuiser l'impact, dans leurs vies, du projet de loi n° 96, alors qu'il prenne la balle au bond, qu'il les rencontre, qu'il travaille réellement de nation à nation au lieu de constamment répondre : ça ne relève pas de lui.

M. Carabin (François) : …juste pour être clair, est-ce que c'est possible que votre position sur le projet de loi change chez Québec solidaire?

Mme Massé : Non, pas du tout. Nous, on va... et mes amis le savent, on va voter pour. On pense qu'il est fondamental de protéger la langue française, mais on veut laisser une dernière chance à M. Jolin-Barrette de respecter les gens des Premières Nations.

M. Carabin (François) : Merci.

Mme Lévesque (Fanny) : M. Picard — si vous voulez vous approcher au micro — j'aimerais comprendre vraiment, de façon spécifique, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi n° 96 qui menace vos langues?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, c'est… pour nous, là, comme je le disais plus tôt, avec le chef Martin, on s'est présentés. Je veux dire, l'instant d'une comparution devant la commission parlementaire, on a pilé sur notre orgueil et on a dit : Bon, on donne une chance à ce gouvernement-là, on propose des options qui vont rendre le projet de loi n° 96 plus acceptable de la réalité des Premières Nations. Et ce qu'on constate aujourd'hui, c'est qu'il n'y a rien qui a été retenu. Et là-dessus le projet de loi n° 96 n'est pas singulier, parce que sur le p.l. n° 15, comme vous le savez sans doute, la même chose, la réaction du Dr Carmant, la porte est complètement fermée. Donc, on se dit que, s'il y avait vraiment une opportunité de rencontrer celui qui tient, finalement, la destinée du projet de loi, bien, peut-être qu'on réussira à lui faire entendre raison, une opportunité qui ne nous a pas été donnée jusqu'à maintenant.

Et ce que j'ajoute, c'est que le temps qu'on a pris à développer des positions, à proposer des avenues de solution, ce n'est pas du temps qu'on a en trop, et même je pourrais aller jusqu'à dire que, nous, je veux dire, on tend la main malgré le fait que ce même gouvernement là fait la promotion de la relation de nation à nation. Donc, les commissions parlementaires, ce n'est vraiment pas la porte d'entrée que nous privilégions, mais, si c'est le seul choix qui nous est donné, bien, on va l'utiliser.

Et donc tout ce que j'aurais à dire, c'est que, les chefs l'ont expliqué tantôt, l'adoption du projet de loi n° 96 va forcer l'exode de nos étudiants vers d'autres avenues, d'autres écoles à l'extérieur du Québec, et c'est totalement... je veux dire, c'est une ironie renversante, là, que, finalement, les premiers occupants du territoire au Québec, là, soient forcés d'aller étudier à l'extérieur de leur territoire, et c'est quelque chose que nous jugeons tout à fait inacceptable.

Mme Lévesque (Fanny) : Juste pour comprendre, c'est surtout les articles, là, à propos des cours de français au collège, là, qui…

M. Picard (Ghislain) :Tout à fait, tout à fait, ça inclus. Mais ce que j'ajouterais, c'est que, comme le projet de loi prétend ne pas modifier la Charte de la langue française, ce qu'il faut reconnaître, c'est qu'il y a déjà une exemption, au niveau de la Charte de la langue française, pour les nations dites conventionnées. En tout respect avec ces nations-là, il faut aussi comprendre que, nous aussi, ce n'est pas parce qu'on n'a pas signé sur la ligne pointillée qu'on a moins de droits, et ça aussi, il faut le considérer. Donc, il y a aussi un aspect discriminatoire au fait de reconnaître un certain groupe et de ne pas reconnaître les autres groupes qui ont essentiellement les mêmes droits.

Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce que vous répondez au Parti québécois ce matin? Bien, ils ne sont pas présents aujourd'hui, mais, en gros,  ils trouvaient l'utilisation du terme «génocide culturel» trop fort et que d'aller suivre des cours en anglais, c'était aussi suivre des cours dans une langue coloniale, là, si on veut, donc… Parce qu'ils disent : S'ils prennent des cours en anglais, ils peuvent aussi prendre des cours en français. Qu'est-ce que ça vous dit sur cette réaction-là?

M. Picard (Ghislain) :Bien, je vais dire au Parti québécois de retourner dans leur histoire. En 1985, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité une résolution qui reconnaît des droits linguistiques aux Premières Nations. Et ce que disait M. Legault en 2019, René Lévesque a dit la même chose avant l'adoption de la résolution de 1985, que le gouvernement du Québec n'imposerait pas ses solutions. Donc, je pense qu'un petit retour dans l'histoire, ça ferait du bien de temps à autre.

Mme Lévesque (Fanny) : Merci.

M. Lacroix (Louis) : M. Picard, je vous inviterais à rester là, s'il vous plaît. Mais je veux juste vous entendre, parce que, là, vous allez vous faire dire, puis ce n'est pas moi qui le dis, là, j'entends déjà les commentaires, là, dire : Ils ne veulent pas apprendre le français, mais tout ce qui se passe est en anglais, et, eux, leur vie est en anglais, qui est une langue coloniale aussi. Alors, de quelle façon ça protège les langues autochtones que d'aller dans des institutions anglophones?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, allez faire un tour du côté de la Nouvelle-Écosse, qui vient d'adopter une loi qui met la langue micmaque en premier lieu et qui engage le gouvernement de la Nouvelle-Écosse d'adopter des mesures pour faire la promotion de la langue micmaque, qui est la langue autochtone dans ce territoire-là.

Et ceci dit, il faut aussi insister sur le fait qu'on a le choix. Je vous rappelle ce que je disais un peu plus tôt sur la résolution de 1985, parce qu'il y a des principes qui sont associés à ça. À peu près toutes les nations se sont présentées devant une commission parlementaire spéciale, à ce moment-là, pour indiquer comment elles voient la relation entre leur nation et l'État québécois. Tout a été à peu près dit, à ce moment-là, ce qui a donné lieu à la résolution de 1985 qui reconnaît des droits acquis linguistiques aux Premières Nations. Donc, pourquoi on reculerait sur ces acquis-là?

Je pense qu'il y a une référence ici qui est importante, c'est qu'écoutez vous êtes ici chez nous et vous imposez vos lois. Donc, c'est ça qu'il faut aussi servir comme rappel ici.

M. Lacroix (Louis) : Mais...

Des voix :

M. Lacroix (Louis) : Oui, oui, allez-y. Mais vous comprenez, c'est parce que pour...

M. Martin (John) : Je voudrais répondre à un commentaire que vous avez fait…

M. Lacroix (Louis) : Allez-y…

M. Martin (John) : ...qui dit qu'ils ne veulent pas apprendre le français. Ce n'est pas vrai du tout, premièrement. Toutes nos écoles, dans nos communautés, qu'on gère, enseignent le français. On vise tous à essayer d'aider nos enfants d'être capables de réussir et aller chercher les crédits qu'ils ont besoin. On comprend très bien qu'on vit dans le Québec. Le français, c'est la langue majoritaire. Ça, ce n'est pas une question de ne pas vouloir apprendre le français, c'est l'approche, l'imposition, le manque de respect au niveau des Premières Nations qui sont ici depuis des millénaires et les impacts de l'imposition de cette façon-là. Ça a des impacts très significatifs au niveau de nos communautés. C'est pour ça qu'on est icitte. C'est parce qu'on est en train de rajouter des choses qui aident à déconstruire nos cultures, qui dévalorisent nos langues, puis ça, ça a des gros impacts.

M. Lacroix (Louis) : Mais l'anglais, ce n'est pas une langue traditionnelle non plus.

M. Martin (John) : C'est une langue colonialiste, comme d'autres qui ont été apportées icitte. Ce n'est pas nous autres qui a fait le choix, c'est des missionnaires qui sont venus, ils nous ont baptisés, ils ont dit : Tiens, vous allez parler anglais, «that's it». Nous autres, on est ici pour nos communautés, nos peuples. On veut fleurir, on veut grandir comme tout le monde, puis ce n'est pas en imposant des actions comme celles-là qui obligent nos enfants d'aller à l'extérieur…

M. Lacroix (Louis) : Mais il n'y a rien dans le...

M. Martin (John) : …qui met des barrières à être capable de réussir au niveau scolaire.

M. Lacroix (Louis) : Je comprends. Mais mon questionnement, c'est... Je comprends, là, les droits auxquels vous faisiez référence, M. Picard, etc., qui sont un peu remis en question avec ce projet de loi là. Mais qu'est-ce qui vient faire en sorte que vos langues traditionnelles sont menacées par ça? C'est ça, mon questionnement.

M. Martin (John) : La question de...

M. Lacroix (Louis) : Je voudrais que vous me donniez l'exemple de ça pour que je puisse l'illustrer.

M. Martin (John) : La question… la communauté qui va grandir, qui va se développer, elle a besoin d'un peuple qui est fier de lui-même, qui est fier de sa culture, fier de ses langues, pas regarder sa langue comme deuxième ou troisième dans la file. Puis c'est ça qui arrive, là. Avec ça, on impose que le français, c'est la langue supérieure, au détriment de nos langues. Comme Premières Nations, on devrait avoir le droit de choisir, de continuer à fleurir. Parce que, là, présentement, dans nos communautés, où on a des exodes d'étudiants qui s'en vont à l'extérieur, on manque du développement. C'est des personnes-ressources, c'est la capacité qui va être moindre tantôt, un résultat direct de ça. Une perception moindre de sa culture, ça ne motive pas beaucoup pour aller apprendre sa langue.

M. Lacroix (Louis) : Mais l'autre choix que vous avez, c'est une autre langue coloniale, parce qu'il n'y a pas d'universités, il n'y a pas de cégeps qui sont dans vos langues respectives, malheureusement.

M. Martin (John) : Que ça soit colonial ou pas, la question, c'est l'imposition d'une langue. Je ne sais pas si c'est un complexe de supériorité ou quoi. Mais moi, quand je suis venu ici, là, je suis passé par le Nouveau-Brunswick, là, je suis arrêté à Saint-Léonard, à Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick, là, je vais à Moncton, là, je vais à Dieppe, tout le monde parle français. Il n'y a pas de loi qui oblige le monde là-bas pour parler français, puis le français continue à fleurir puis à grandir dans ces provinces-là. Pourquoi qu'on l'impose sur nous, au détriment de nos langues et de nos cultures? Et on met nos enfants sur la table. Ils ne sont pas capables de réussir des crédits qu'il faut aller chercher. Ce n'est pas de notre faute, l'anglais est arrivé ici, dans nos communautés, mais on est pris avec ça aujourd'hui.

M. Lacroix (Louis) : Vous êtes pris avec l'anglais, là?

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? On va faire les questions en anglais après.

Journaliste : Juste une petite question en français.

La Modératrice : Oui, allez-y.

Journaliste : Juste pour comprendre. À l'école secondaire, il y a des cours de langue seconde, français, que vos enfants apprennent. Donc, pour se rendre au cégep, il faut qu'il y ait un minimum de français qui soit acquis. Une fois au cégep, il y a aussi des exigences de français, langue seconde au même titre que pour la communauté anglophone. Alors, à ce titre-là, je me demande exactement il est où, le problème de faire en sorte que du français, langue seconde soit enseigné au cégep.

M. Martin (John) : Le problème auquel qu'on fait face… dans nos communautés, le français, ce n'est pas une langue qui est utilisée. Chez nous, on parle le micmac et on parle l'anglais. Mais on a quelques personnes dans la communauté, quand même, qui sont allées à l'école en français puis ils parlent français. Mais pour les jeunes qui ont étudié en anglais et en micmac, «all right», c'est un effort monumental que ça prend pour être capables de réussir puis aller chercher ses crédits.

Journaliste : O.K., ça fait une troisième langue à apprendre et puis ça, c'est difficile.

M. Martin (John) : Tu sais, c'est aussi simple que ça. Puis là la situation est aggravée parce que, là, si le jeune réussit à passer, là, au cégep, il va être obligé de prendre des cours à temps plein, trois à cinq cours. Écoute, «you're being set up to fail. You definitely have an impact on the success rate of our students.» Puis c'est notre futur, le développement de nos communautés, l'épanouissement de nos communautés, le développement de nos cultures et nos langues, la façon qu'on perçoit nos langues. Il faut être fiers de qu'est-ce qu'on est. Mais, si l'outil... si la loi dit qu'écoute, non, non, c'est le français qui est supérieur, oui, oui, tu peux parler ta langue, pas de problème, reste chez vous, parle ta langue, c'est imposé.

Journaliste : Sauf que c'est le français, langue seconde, quand même, donc ce n'est pas... C'est l'anglais qui est supérieur au cégep anglais.

M. Martin (John) : C'est la façon de faire aussi, le fait que le gouvernement n'écoute pas pantoute, ne porte pas attention à qu'est-ce qui se passe dans nos communautés et les impacts de sa loi sur les membres de nos communautés. C'est profond. On veut essayer de restreindre le budget au niveau des langues, mais c'est beaucoup plus que ça. Merci.

La Modératrice : Allez-y.

M. Carabin (François) : ...la rencontre avec le ministre Jolin-Barrette?

La Modératrice : Il y avait quelqu'un qui attendait pour une question.

M. Carabin (François) : O.K.

La Modératrice : Je vais juste lui laisser poser sa question.

Journaliste : ...question à Ghislain Picard en innu pour commencer. (S'exprime dans une langue autochtone). Alors, on a appris le français comme si c'était notre langue maternelle, c'est ce que je dis à M. Picard. Il y a une façon d'apprendre une langue seconde, et nous, on l'a apprise comme si c'était notre langue maternelle, le français. La question : Qu'est-ce qu'APNQL est prête à faire par rapport la façon d'apprendre à nos enfants cette langue seconde qu'est le français?

M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans une langue autochtone). Ma réponse à la question, elle est quand même simple, parce que Mme Rock, je veux dire, touche tout à fait la cible en disant que nous, on a grandi… une certaine génération, à tout le moins, où les enseignants, qui étaient beaucoup les curés et les soeurs, à l'époque, insistaient sur le fait que le français

devait être vu comme la langue primaire au sein de nos communautés. Au diable, les langues autochtones! Donc, c'est toute la façon de l'enseigner qui est en train de changer… qui a changé, à cette époque-là, parce qu'elle était imposée par une idéologie, essentiellement, qui n'était pas la nôtre.

Donc, le fait de pouvoir réintroduire les langues autochtones dans nos cours, dans notre enseignement, bien, ça se relève comme étant un défi extrêmement important parce qu'il faut tout réapprendre, nous, et ne pas utiliser les valeurs occidentales pour l'enseignement des langues autochtones, et revenir à nos propres valeurs. Extrêmement contraignant, je dirais. Mais ceci, je pense que ça fait, oui, un défi, mais également une opportunité pour nos propres instances. Et, à ce titre-là, bien, le projet de loi n° 96 ralentit ces initiatives-là et présente des écueils extrêmement, extrêmement importants.

La Modératrice : Merci. Rapidement, il y avait François Carabin qui avait une question, puis après on va passer en anglais. Est-ce qu'il y a toujours une question?

M. Carabin (François) : C'était juste une précision. Je voulais juste savoir si le ministre Jolin-Barrette ou son bureau vous avait conviés à une rencontre ou s'il n'y a pas encore eu de réponse de leur part.

M. Picard (Ghislain) :Bien, en fait, ça fait des mois qu'on a présenté une demande avec le ministre pour discuter, évidemment, de justice, mais de plein d'autres choses aussi, notamment les projets de loi qui sont sur la table actuellement, et on n'a pas réussi, à date, à avoir une minute avec le ministre. Les demandes ont été faites.

M. Carabin (François) : Merci.

La Modératrice : Patrick Bellerose, avant qu'on passe en anglais.

M. Bellerose (Patrick) : Oui, bonjour. Pour Mme Sky-Deer. Bonjour. Vous parlez français, anglais?

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : English, please.

M. Bellerose (Patrick) : English. You spoke about a cultural genocide. Those words made quite a turmoil in the Québecsociety. I'd like to hear you about, you know, why you use those words. What did you mean? Because it's one thing to say : Now, it's going to be more difficult to access higher education, but «cultural genocide» is quite an important term. Could you explain how you envision the impact?

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : It's because it's not just coming from our experience in being in this province, it is the experience that we have in being in this country. So, most of you must have seen now, since last year, with the rise of the first 215, and the residential school experience, and what our people have been through. So, right now, we are in this phase of having to rebuild our languages, rebuild our cultures because of this attempted assimilation and genocide of our people.

Now, if people want to turn a blind eye and try to ignore that part of the history of this country, and even of this province, what I'm saying is that we see these kind of bills that perpetuate this kind of attitude of having, you know, a paternalistic… or supremacy over ours. And that's why I said it was important for us even to bring a traditional leader to talk about the important relationship that we established when people first came here, the settlers first came here, and how we feel that those relationship principles are being dismissed and, even to some degree, violated. And therefore, we see any kind of attack on our indigenous languages, on our culture by, you know, having this kind of attitude of superiority or supremacy that ours don't matter, that we don't matter.

And that goes contrary to everything we've been hearing, in the last couple of years, about reconciliation, you know, there is no greater relation than that of First Nations, and we need to coexist, and we need to work together. Well, this doesn't fall into that kind of alignment.

And therefore, sometimes, using harsh, strong words like that, you know, makes people really question : Well, why are they saying things like that? And that's just sometimes how we feel. And we're going to continue to push the agenda and hope that we'll be heard.

And again, I don't think it's up to Québec to also propose legislation that protects indigenous languages, that's our responsibility to protect. What the Government should be doing is recognizing and respecting indigenous languages and cultures that have been here long before Québec. Thank you.

M. Bellerose (Patrick) : ...you want more autonomy, no matter the French or English language, you're just asking for more autonomy for your community?

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : More what?

M. Bellerose (Patrick) : Autonomy.

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Autonomy? Yes, of course.

M. Bellerose (Patrick) : You also spoke about actions that might be taken by the youth, in Kahnawake especially. What kind of actions do you have in mind?

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Well, I'm sure you'll see it on the news tonight, but more to come. If we can't get... Like I said, we're hoping for some kind of announcement, we're hoping for some kind of a delay. Let's hope that this bill does not pass tomorrow or Thursday and that they really hear our pleas here today in asking for more time and for them to actually sit and hear the concerns and find ways that we can either be exempt from or find ways to... Yes, I think the exemption is really what we're looking for, but dialog is really key and important right now, and I think any gesture of goodwill on behalf of the Government will go a long way that the actions don't get more extreme. Thank you.

M. Bellerose (Patrick) : Thanks.

Mme Greig (Kelly) : …to stay for one moment? I have a question for you. Would you like to be exempt from the entirety of Bill 96? Is it specifically the CEGEP courses? What aspects of the bill would you like to see...

Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : All of it, all of it. Because what we've seen is that, even in justice, you know, we have a lot of people who have go to court for different things. I mean, part of what we notice about the Government is that they don't want to recognize indigenous people as being our own nation, as having our own government, as having our own laws and our own jurisdiction. So therefore, there is always this kind of imposition or dismissive of us being able to do things for ourselves. So, of course, now, we have to go to courts in Longueuil and around us. And what we see in the bill… And I'll touch on multiple areas. So, in justice, court proceedings will have to be done in the French language, and then, if we need to be translated...

I mean, I'm standing here, I'm sure, with the rest of my colleagues, we can pick up bits and pieces, but we're not fluent in the French language. Our community, Kahnawake, has been English speaking… you know, the foreign language that has impacted our people and that we've become accustomed to using, but other First Nations are more prevalent using the French language. It's just the way it is.

So, to put another burden of a third language for us to have to learn and be proficient in, when we're trying to revitalize our indigenous languages after all of these, you know, Indian day school, Indian residential school and all the things that happened to our people, you know, it's a challenge.

And then, we're trying to build our economies. You know, we have a location where business is very important to us, people coming to the community. If all of the requirements for businesses… to have to do everything in the French language would be completely detrimental to the business community. And then orders. So, let's talk about doctors, lawyers, nurses. We have people, because of our proximity to Montréal, young people with aspirations who want to become whatever it is they choose, you know, with this language barrier now of a third language, like I said, of us being, you know, English speaking but also speaking our Kanyen'kéha language, becomes another challenge in itself.

So, it's like it always feels like all these barriers are thrown in front of us when we're trying to, you know, become a more independent people. You know, we're trying to reclaim and stake our place in this region, and it seems like it's constant, you know, roadblocks or things that are not recognizing us and what we need to do. So, that's why I'm asking for, you know, this kind of relationship. I was hopeful that we were on that track in trying to develop a political table with the AFNQL and for the nations, and it seems to be falling in on deaf ears. So, we need more political will and we need them to work collaboratively with our nations.

Mme Greig (Kelly) : I do have a question for Mr. Kelley, it's a bit more procedural nature. But the clause by clause reading of 96 is finish. To add this exemption now, what would have to be done?

M. Kelley : It's a good question for the leader of our parliamentary group, André Fortin. I've always kind of believed that, in our parliamentary system, anything is possible if everyone has a consentment to do it. But, if that's not possible, the Minister always has tools at its disposal, whether it is, you know, using a decree, changing a regulation, so maybe there's other tools in his toolbox that he can use. But what's really important is that he takes the time to sit down with indigenous leadership to talk about his bill and the impacts it could and will have on the communities across this province. I think that's what's really important. But I'll always have hope and I know they're going to be discussing. Manon Massé has amendments that she had tabled in committee at some points too. So, what tools we have in our arsenal? There always seems to be tricks up everyone sleeves. So, hopefully we can find a way to listen and to put into place what's being asked here today. If not, the Government is going to have a lot of work to do to try to explain how this is all going to work exactly.

Mme Greig (Kelly) : Thank you.

M. Authier (Philip) : …question for Mr. Picard. The Government's response on Bill 96, for you, has been that you're not affected by the bill, they've said that numerous times that you would not be affected by the bill. But, the other day, they spoke of perhaps 300… 200 or 300 CEGEP students being affected by Bill 96 and offering some kind of administrative arrangement. When we pressed, we didn't get any further details, we did ask further. Would that be helpful? And how would you proceed in that way? Because it seems pretty clear that they're not going to withdraw all of Bill 96.

M. Picard (Ghislain) : Well, as I said earlier, it seems to me, my understanding is that this bill doesn't affect the charter, French language charter. But yet, that charter already exempts those nations that are under treaty, that's three nations : Naskapi, the Cree and the Inuit. And, with all due respect to those nations, why can't the other nations get the same consideration provision? I think that's the key point. And there's a lot of details in what you're referring to, and those details have to be discussed on a one to one basis, you know, it's…

Like I said, you know, we've done our homework, we presented what we felt were very reasonable amendments to the bill and we were met by, you know, a shut door, essentially. So, what are we to do? And, you know, we've seen this kind of situations before, and we're really forced to  say exactly what we're saying today : Ultimately, well, just take us away from it, you know, as First Nations, and let's have another discussion at another level.

But essentially this Government is not interested, you know? But yet this Premier has said, back in October of 2019 : Well, this Government will not impose its solutions, and they even adopted a resolution on October 8th, presented by Québec solidaire, to sit down with us and start discussing the UN declaration on the rights of indigenous peoples, and they shut the door on that as well.

M. Authier (Philip) : So, even if they say they're possibly open to administrative arrangements, they have never delivered that message to you?      

M. Picard (Ghislain) : Well, we need to have the time and space to talk about it. If we're not provided that opportunity, what are we to do, what are we to understand?

M. Authier (Philip) :Thank you.

La Modératrice : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Bonne journée à tous et à toutes.

(Fin à 13 h 48)

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