L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Joël Arseneau, chef du troisième groupe d’opposition

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Joël Arseneau, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 15 février 2022, 10 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures huit minutes)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Joël Arseneau, notre porte-parole en matière de santé et chef parlementaire, sera suivi du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.

M. Arseneau : Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Un début de semaine, je dirais, qui ébranle, encore une fois, avec la situation du CHSLD de Dorval. Écoutez, ces histoires-là se multiplient à travers le Québec. Il y a trois semaines, c'étaient les jeunes de la DPJ qui étaient enfermés dans leur chambre sans fenêtre. Aujourd'hui, on parle d'un CHSLD qui prive les personnes aînées des soins d'hygiène de base : pas accès à des douches ou à des toilettes — c'est absolument inadmissible et c'est choquant, en fait, c'est indigne, et je pense que c'est inhumain — pendant des jours et des jours et des jours. Est-ce que ces pratiques-là, ce sont des cas isolés? Est-ce que ça a lieu, ce genre de pratiques, ailleurs à travers le Québec? C'est la question qu'on peut se poser.

Évidemment, il y a des personnes qui sont plus vulnérables, qu'il faut protéger. Mais, à un moment donné, il faut aussi faire preuve, je dirais, d'humanité. Et moi, j'appelle aujourd'hui le ministre à commander une révision des règles dans les CHSLD, oui, mais également dans les résidences intermédiaires, également dans les résidences pour personnes âgées, les RPA, s'assurer que les règles correspondent réellement à la situation de gens qui sont bien souvent vaccinés trois doses et qu'on puisse appliquer ces règles-là avec discernement.

On a trop longtemps négligé la question, évidemment, de la santé mentale, de la santé cognitive de ces gens-là, de leur besoin de stimulation, d'avoir des contacts avec leurs proches. Le confinement, le surconfinement a des effets, et là, maintenant, on voit même que les soins d'hygiène de base sont négligés. Donc, je pense que les personnes vulnérables de notre société, dans la pandémie, au moment où on est, doivent prendre le haut du pavé. Elles ont été trop longtemps oubliées, ces personnes.

Et nous, chacun des députés, dans nos circonscriptions, on a des appels, des signaux de cet ordre-là, mais je pense qu'il est temps d'agir une bonne fois pour toutes pour porter l'attention, toute l'attention que méritent les personnes aînées en particulier, mais les personnes vulnérables en général, dans cette pandémie qui se prolonge pour eux et dont ils ont été victimes, pas seulement sur le plan de la santé physique, mais également de la santé mentale.

Là-dessus, je veux aussi rappeler que le Parti québécois, depuis déjà plusieurs années, demande la nomination d'un protecteur des aînés. Et on voit aujourd'hui que ça nous manque cruellement de ne pas pouvoir avoir quelqu'un qui s'occupe de façon plus particulière de ces personnes vulnérables.

Je laisse la parole à Paul St-Pierre Plamondon, le chef du Parti québécois.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci, Joël. À mon tour de dire à quel point ça me fend le coeur et je trouve ça inacceptable que des gens vulnérables soient délaissés à ce point-là, des besoins d'hygiène de base qui sont négligés. Comme société, je pense qu'il faut vraiment se regarder dans le miroir puis se poser la question : Pourquoi on ne parle pas plus, pourquoi on n'agit pas plus, en ayant un protecteur pour les gens les plus vulnérables, notamment nos aînés?

Je veux vous parler rapidement de l'urgence sanitaire qui, malheureusement, n'est pas remise en question par le gouvernement qui adore la gouvernance par décrets. Et là on apprend que, potentiellement, le gouvernement mettrait un terme au passeport vaccinal aujourd'hui. C'est un virage à 180 degrés par rapport à un Pierre Fitzgibbon, le 1er février dernier, qui disait vouloir étendre à d'autres commerces. On a parlé également, à la CAQ, d'étendre à une troisième dose le passeport vaccinal. C'est également un 180 degrés par rapport à ce que Christian Dubé nous disait, en point de presse, à savoir que le passeport vaccinal était là pour rester. Et là, en l'espace de deux semaines, après que le Parti québécois ait notamment demandé un débat sur la pertinence, l'avenir du passeport vaccinal, pouf! 180 degrés, à nouveau, la CAQ dit une chose et fait complètement l'inverse en l'espace de quelques jours.

Et ça m'amène à vous parler de la gouvernance par décrets parce que le coeur du problème, il est là. Qu'est-ce qui a changé? Qu'est-ce qui a été discuté? Comment maintenir notre confiance en ce gouvernement, lorsque le gouvernement, même s'il est prêt à déconfiner le karaoké puis enlever le passeport vaccinal, à faire des assouplissements pour le Super Bowl, il ne veut pas débattre et être transparent quant aux experts qui alimentent ce genre de décision là? Et il faut voir le stratagème dans le projet de loi quelque part au mois de mars. Ça veut dire qu'on va se rendre potentiellement jusqu'en juin en étant toujours dans la gouvernance opaque et confortable où le premier ministre et ses deux, trois conseillers favoris décident de tout sans avoir à se justifier, en créant de la confusion, comme on le voit en ce moment, à nouveau, du yoyo, dire une chose et son contraire. Il faut que ça change. On n'a pas à être l'un des rares Parlements en Occident qui n'est pas capable de débattre des décisions importantes parce que le gouvernement considère que la démocratie, ce n'est pas important. C'est important, la démocratie.

Donc, on demande la fin de la gouvernance par décrets aujourd'hui, aujourd'hui. On l'a demandé la semaine dernière, on l'a demandé cinq fois, au total, qu'on commence...

M. Lacroix (Louis) : …marche jamais. Il va arriver quoi s'il ne vous la donne pas aujourd'hui?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : À l'électorat, à l'électorat de se faire... Moi, je vais continuer à le demander, c'est trop important. À l'électorat de se faire une opinion sur la transparence, l'intégrité de ce gouvernement-là, par rapport à nos institutions.

Une voix :

La Modératrice : …puis on prendra les questions par la suite.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : J'avais juste un autre point, je m'excuse. Je voulais parler d'immigration, rapidement, je m'excuse, il y a beaucoup de points ce matin.

Le Canada se fixe l'objectif d'augmenter à 1,33 million le nombre de nouveaux arrivants d'ici 2024. C'est une hausse substantielle qui veut dire la diminution du poids démographique du Québec dans le Canada et la diminution du nombre de francophones dans le Canada. Moi, je veux savoir si le gouvernement du Canada a consulté le gouvernement du Québec avant de fixer ces hausses-là. Je veux savoir également si le gouvernement du Québec a consenti, tacitement ou formellement, à cette hausse-là. Parce qu'essentiellement, si on veut suivre le rythme du Canada qui, clairement, est dans de l'idéologie immigrationniste, clairement veut surpasser tous les pays en Occident en termes de nombre d'immigrants par année, si nous, on veut suivre le rythme et maintenir notre poids démographique, il faudrait accueillir 100 000 immigrants, environ, à partir des prochaines années. Dans quel cas se pose la question du modèle québécois qui, comme vous le savez, requiert qu'on intègre en français et que le français demeure la langue commune. Donc, clairement, le Canada n'a pas de respect pour le modèle différent, puis les réalités du Québec.

Et moi, je veux savoir si le Canada a eu le respect de consulter le gouvernement du Québec avant de fixer ces cibles-là qui, à terme, mèneront à la diminution de notre poids démographique politique dans le Canada, on voit le Bloc mener une bataille à ce niveau-là, mais va mener aussi à la diminution du poids démographique des francophones, comme on l'a vu partout ailleurs dans le Canada.

Donc, là-dessus, je vais prendre vos questions.

La Modératrice : Une question, une sous-question.

Mme Plante (Caroline) : ...mais est-ce que ce ne serait pas possible, pour vous, de contribuer à son adoption très rapide au mois de mars ou au mois d'avril?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Contribuer à quoi, je m'excuse?

Mme Plante (Caroline) : À son adoption très rapide, à ce projet de loi là qui met fin à l'urgence sanitaire.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Nous, on peut…

Mme Plante (Caroline) : ...l'adopter très rapidement, disons, en mars ou en avril?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Comme je vous ai dit la semaine dernière, on peut mettre fin à la gouvernance par décrets maintenant et commencer maintenant, en quelques jours, à travailler sur les quelques aspects qui requièrent des ajustements, là, on parlait des primes, par exemple, mais tout ça peut se faire en quelques jours. Quand on vous dit que ça va se faire seulement en mars, puis ensuite on va en discuter, puis ça va traîner, c'est que c'est un gouvernement qui ne veut pas avoir à rendre de comptes...

Mme Plante (Caroline) : Mais pourquoi vous dites...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : ...parce que la volonté, elle n'est pas là, là, de déconfiner la démocratie.

Mme Plante (Caroline) : Pourquoi vous dites que ça va traîner possiblement jusqu'en juin? Pourquoi vous dites ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, il y a un processus dans un projet de loi qu'on peut... C'est parce que, moi, j'ai l'expérience de la motion qu'on a passé l'été dernier, avant de partir en vacances, où est-ce que le gouvernement consentait à lever la gouvernance par décrets. Ils ont dit : Oui, oui, puis ils nous ont traîné ça, puis on n'a jamais vu le retour de la démocratie normale. Donc, si le gouvernement était sincère dans sa volonté de débattre des décisions importantes, ce qu'il ferait, c'est qu'il lèverait tout de suite, aujourd'hui, la gouvernance par décrets et les quelques éléments qui nécessitent des ajustements. Évidemment, que les oppositions vont consentir puis vont collaborer, mais ça se fait en quelques jours. Donc, il faut voir que le gouvernement joue à un jeu qui est irrespectueux de la démocratie.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que lever une partie de l'utilisation du passeport sanitaire, ce qu'on va sans doute annoncer aujourd'hui, là, sur les grandes surfaces, par exemple, SAQ, etc., est-ce que c'est une bonne chose, à votre avis? Est-ce qu'on prend la bonne décision en faisant ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, nous, ce qu'on a demandé, c'est un débat sur l'avenir du passeport vaccinal. Mais je...

M. Lacroix (Louis) : ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, je m'en viens. Le gouvernement ne nous consulte pas sur ces décisions-là, ne nous donne pas l'information. Il vient de changer du tout au tout, en l'espace de deux semaines, puis nous, il faudrait commenter, alors qu'on n'a aucune information, sur le pourquoi de ces mesures-là. Donc, vous me demandez essentiellement d'expliquer pourquoi François Legault et Christian Dubé ont changé du tout au tout en…

M. Lacroix (Louis) : ...je vous demande si c'est une bonne chose, à votre avis.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je n'ai aucune information, je n'ai pas été consulté, puis le gouvernement ne veut pas partager avec nous les informations menant à cette décision-là. Nous, ce qu'on voulait puis ce qu'on continue de demander, c'est un débat transparent sur l'avenir du passeport vaccinal parce qu'on avait toujours compris que c'était une mesure temporaire. Donc, on est favorable à une remise en question. Mais le pourquoi des grandes surfaces, plutôt que la troisième dose, plutôt que certains groupes d'âge, il n'y a aucune reddition de comptes, aucune explication de la part du gouvernement. Et moi, j'apprends en même temps que vous les informations. On n'est jamais consultés, on ne nous donne pas d'informations.

M. Lavallée (Hugo) : Au-delà de la façon de faire du gouvernement, on comprend que, sur le fond, vous n'êtes pas en désaccord, là, qu'on lève le passeport vaccinal comme en Alberta ou en...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce n'est pas qu'on est en accord ou en désaccord. On ne sait pas pourquoi il procède d'une certaine manière plutôt que d'une autre. On n'a pas entendu les experts puis on n'a pas eu de débat démocratique où tous les partis peuvent s'exprimer sur cette mesure-là.

M. Lavallée (Hugo) : ...dans un débat démocratique, vous feriez valoir quel point de vue?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Qu'il faut remettre en question le passeport vaccinal, parce que ça ne se voulait pas une mesure permanente, c'était une mesure temporaire. Maintenant, à la lumière de l'épidémiologie prévue, nous, on n'a pas de ces informations-là, là, on ne sait pas quelles projections ils ont, on ne sait pas pourquoi les grandes surfaces, supposons, plutôt que d'autres mesures...

M. Lacroix (Louis) : Mais vous avez dit : Il faut remettre en question le passeport vaccinal. Vous venez de dire ça, là.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui. Ce que j'ai dit la semaine dernière également.

M. Lacroix (Louis) : Oui. Alors, il faut le remettre en question?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, parce que c'était une mesure temporaire en fonction d'objectifs puis d'un contexte qui a changé. Donc, nous, on remet en question... On veut entendre des experts sur l'utilité réelle, à ce stade-ci, d'avoir cette mesure-là. Mais on insiste sur la difficulté, pour les oppositions, de se prononcer sur des décisions dans le cadre desquelles le gouvernement refuse d'en débattre de manière transparente. Donc, on n'a pas l'information. On ne sait pas pourquoi. On ne sait pas sur la base de quelles projections. C'est un manque de transparence total. Donc, j'aimerais ça commenter, mais je ne peux pas l'expliquer pourquoi Christian Dubé a fait un 180 degrés en l'espace de deux semaines. Je n'ai aucune idée.

M. Robillard (Alexandre) : ...que ce serait risqué de le retirer, le passeport vaccinal?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je ne vois pas de risque. Moi, j'y voyais une mesure d'exception, strictement temporaire, mais qui est anormale dans la structure d'une société. Donc, je voulais qu'on débatte avec des experts sur quel est le bénéfice sur le plan, à proprement dit, médical, là, ou de santé publique, mais également qu'il y ait aussi des éthiciens puis d'autres personnes pour nous parler des conséquences sur notre fonctionnement de société, là. Parce que c'est vraiment des catégories de personnes par rapport à l'accès à certains lieux publics. Donc, ce qui serait sain, c'est d'en débattre, puis que tout le monde puisse suivre le débat, puis d'arriver à une conclusion. Mais c'est comme pour le vacci-impôt puis c'est comme pour le couvre-feu, c'est que, là, je suis obligé de commenter un gouvernement qui dit une chose puis fait son contraire, sans aucune idée des débats qu'ils ont eus à l'interne ni des experts qu'ils ont pu entendre.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi vous dites qu'il n'y a pas de risque à le lever?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je n'ai pas dit ça.

M. Robillard (Alexandre) : Bien, je vous ai demandé : Qu'est-ce qui... Je ne me souviens plus comment j'avais formulé ma question, mais je veux juste être sûr de bien comprendre. Est-ce qu'il y aurait un risque à abolir l'utilisation du passeport vaccinal?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Si on avait obtenu un débat en public, on aurait entendu les experts, sur le plan de la santé publique ou sur d'autres angles, nous dire, justement, s'il y a des inconvénients ou des risques à considérer. La vérité, c'est qu'on n'a pas obtenu un débat, et là le gouvernement change complètement son fusil d'épaule pour des raisons qu'on ne connaît pas. Et il va gérer son message, comme il le fait tout le temps, là, avec son point de presse, pour que ça paraisse bien.

M. Robillard (Alexandre) : Sur l'immigration, est-ce que le gouvernement du Québec devrait s'opposer aux cibles auxquelles vous référiez?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, s'il n'a pas été consulté, oui.

M. Robillard (Alexandre) : S'il n'a pas été consulté. Vous voulez... vous dites...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, s'il a été consulté, moi, je vais aller voir la CAQ puis je vais demander des justifications : Pourquoi avez-vous consenti à ça? Mais moi, la première étape, je veux savoir : Est-ce que le gouvernement du Canada méprise à ce point la spécificité du Québec qu'il a omis de consulter le gouvernement du Québec?

M. Robillard (Alexandre) : …votre position, à vous, c'est quoi, sur ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ah! c'est qu'on est nettement au-delà de la capacité d'intégration du Québec, en français, et qu'on est nettement dans une dynamique de minorisation du Québec et des francophones dans le Canada, c'est évident.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, si les autres provinces veulent avoir plus d'immigration, est-ce que c'est au Québec de leur dicter quoi faire?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, c'est au Canada de nous laisser tranquilles puis de nous laisser décider.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...le Québec a le contrôle de son immigration sur son territoire.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non. Non. François Legault a demandé les pleins pouvoirs en immigration, et la réponse, c'est non. On n'a pas les pleins contrôles de l'immigration sur notre territoire, on a le contrôle d'une partie de l'immigration, l'autre partie venant du Canada. Ça donne lieu à toutes sortes de négociations de trop. 100 % de l'immigration devrait être décidée par le Québec. Puis à ce moment-là, si l'Alberta, l'Ontario ou la Colombie-Britannique veulent faire des choix différents, moi, je respecte leur choix, là. Mais le problème, c'est que c'était dans le programme de la CAQ, c'est une autre demande de la CAQ qui n'a jamais été entendue, c'est un autre gain qu'on nous avait promis, qui n'en est pas un, à la CAQ, et c'est la preuve du dysfonctionnement du Canada.

Je veux que le Québec, pour des questions comme celles-là, comme pour la langue, l'environnement, les frontières, les impôts, les rapports d'impôt en double... Toutes ces questions-là, c'est au Québec de décider en fonction de ses circonstances. Je n'ai pas... On n'a pas, comme peuple, à négocier avec Justin Trudeau de ces questions-là. Puis moi, je veux le savoir, là. Je serais surpris que le Québec ait été consulté, mais, si le gouvernement du Québec a été consulté puis a consenti à ça, le gouvernement Legault va nous rendre des comptes.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Si le Québec avait les pleins pouvoirs en immigration sur son territoire, par exemple, notamment avec le regroupement familial et les autres catégories d'immigration hors économique, qu'est-ce qui empêcherait le reste du Canada de poursuivre une croissance accélérée de son immigration sur son territoire? Et en quoi est-ce que ça changerait la dynamique de minorisation du Québec face à l'ensemble des autres provinces?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, premièrement, ce qu'on peut faire, si on contrôle 100 % de l'immigration, c'est d'imposer des standards linguistiques. Vous savez, dans l'actualité, à quel point on voit que le gouvernement du Canada néglige l'immigration francophone, n'atteint pas les cibles, ralentit les dossiers d'immigrants francophones. Donc, ce serait sur notre contrôle. Évidemment, on en ferait une priorité. Vous le savez, nous, au Parti québécois, notre position, c'est 100 % de l'immigration qui maîtrise le français. Dans la catégorie économique, bien, on pourrait étendre ce programme-là à ce qui, pour l'instant, est contrôlé par le Canada. Mais surtout, c'est qu'on ne serait pas dans un ensemble politique où on nous dit : Si vous ne suivez pas nos choix, qui sont nettement par-dessus votre capacité d'intégration, bien, on va vous minoriser puis vous affaiblir sur le plan politique. C'est ça, la proposition du Canada : Vous faites comme nous ou vous devenez encore plus faibles, politiquement, puis encore plus minoritaires. Puis ce n'est pas une bonne proposition, et ça fait de moi un indépendantiste.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, en même temps, au cours des dernières années, le Canada a augmenté ses seuils d'immigration puis, au même moment, le gouvernement Legault réduisait temporairement son seuil. Donc, à l'avenir, ça pourrait être la même chose, le Canada peut augmenter le nombre total...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est que ça s'accélère et ça se traduit par les débats qu'on voit à Ottawa en ce moment, c'est-à-dire qu'on va perdre des sièges. Notre influence, notre poids politique et démographique va diminuer...

M. Lavallée (Hugo) : Je comprends bien tout ça, sauf que...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : ...en même temps que le poids des francophones.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, là où je veux vous entendre, c'est qu'avec l'annonce sur les seuils du Canada ça ne change pas fondamentalement la dynamique à l'effet qu'Ottawa fixe un seuil, puis Québec fixe déjà son propre seuil.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, parce qu'on crée une pression sur le Québec, à savoir que le message aux Québécois, c'est : Si vous n'augmentez pas à 100 000 vos seuils d'immigration, indépendamment de vos spécificités, ça ne nous intéresse pas, si vous n'augmentez pas à 100 000 par année, bien, vous allez perdre des sièges à la Chambre des communes, et votre poids politique, votre influence va diminuer au fil des années. Donc, projetez-vous dans 50 ans, bien, on va être une toute petite section d'un Canada qui aura pris des choix différents des nôtres. Tout ce que je vous dis en ce moment, là, c'est une application parmi tant d'autres de l'idée qu'on est toujours mieux de décider par nous-mêmes, plutôt que de laisser un gouvernement qui n'est pas le nôtre décider pour nous.

La Modératrice : Une dernière en français, s'il vous plaît.

M. Bellerose (Patrick) : ...candidat pour le Parti conservateur. Est-ce que M. Charest a laissé un bon bilan au Québec? Et est-ce que c'est quelqu'un qui a... Je me doutais de la réponse.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je m'excuse. Je ne suis pas capable de...

M. Bellerose (Patrick) : Et est-ce que quelqu'un qui est sous enquête de l'UPAC devrait pouvoir se présenter au poste de premier ministre du Canada?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Votre question, c'est : Est-ce que Jean Charest a laissé un bon bilan au Québec?

M. Bellerose (Patrick) : ...question ouverte.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi, j'ai commencé ma carrière politique en plantant des balais dehors, à l'Assemblée nationale, pour demander l'enquête qui a mené à la commission Charbonneau. C'est un des moments les plus tristes de notre démocratie, au Québec, le fait qu'après cette commission-là on n'ait pas été capable de tenir personne responsable, les enquêtes Mâchurer qui n'aboutissent pas, tous les dossiers DPCP puis de l'UPAC sabotés. Il y a des juges qui ont commenté le degré d'incompétence, dans le cadre de ces procès et de ces enquêtes-là, en disant : Ça ne se peut pas. Et ça, ça parle de l'héritage que Jean Charest a laissé en termes de qualité de nos institutions, c'est à savoir qu'on a, d'une certaine manière, normalisé la corruption en la banalisant. L'impunité, dans une démocratie, c'est la pire chose. S'il n'y a pas de conséquence puis il n'y a pas de punition, lorsqu'on corrompt le ministère des Transports puis on fait de la politique en finançant son parti en échange de contrats gonflés, s'il n'y a pas de punition pour ça puis on peut retourner en politique après, au Canada, bien, ça parle du Canada. Puis c'est triste qu'on n'ait pas eu de responsable pour des choses aussi graves.

La Modératrice : En terminant, en français.

Des voix : ...

La Modératrice : Une à la fois, en terminant.

M. Bellerose (Patrick) : ...fait au Québec au palier fédéral.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Vous me demandez si le bilan de M. Charest est heureux au Québec puis qu'est ce que ça dit pour la suite des choses?

M. Bellerose (Patrick) : Non, je vous demande : Est-ce que vous craignez qu'il amène la recette qu'il a appliquée au Québec au palier fédéral?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est la seule recette que j'ai connue, de la part de M. Charest, donc je ne peux pas présumer d'une autre recette. Mais, moi, je n'accepte toujours pas que, six ans après la commission Charbonneau, après le rapport, il n'y ait toujours pas de responsable, que les enquêtes Mâchurer ne débouchent pas, que l'UPAC, le DPCP n'arrivent pas à des procès réussis. Je ne l'accepte pas et je vois ça comme la normalisation, la banalisation de la corruption de notre Québec, de mon Québec que j'aime.

M. Robillard (Alexandre) : C'est quoi la responsaibilité de M. Charest là-dedans?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Clairement, le rapport de la commission Charbonneau disait que le politique était au courant et savait qu'il y avait des gains… il y avait des gains financiers en échange de contrats juteux. Donc, il y a une responsabilité politique des gens, à l'époque, au Parti libéral. Maintenant, parce que les enquêtes ont été bâclées, on ne sait pas la responsabilité de qui, mais on sait que ce n'est la responsabilité de personne, au final. Bibeau, Charest, je ne nommerai pas tous les noms, là, mais on sait qu'au final personne, personne, personne n'a été tenu responsable, n'a payé le prix de cette corruption-là. Et c'était le gouvernement de Jean Charest, qui était premier ministre.

La Modératrice : La dernière en français.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que l'héritage de M. Charest le disqualifie d'avoir une deuxième vie politique?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est un héritage qui, à mes yeux, est indéfendable. À la population de juger de si c'est normal de continuer la vie politique comme si de rien n'était.

La Modératrice : On va passer en anglais.

M. Robillard (Alexandre) : ...institutions démocratiques?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je pense que j'ai vraiment dit ce que j'en pensais, là.

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il vous plaît.

Mme Côté (Claudie) : ...rapidement, parce que vous n'avez pas parlé de la Loi sur les mesures d'urgence. J'aimerais avoir votre réaction : Est-ce que le Québec doit accepter qu'elle s'applique ici?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le Québec n'a absolument pas demandé à qui que ce soit une loi de mesures d'urgence. On n'est pas dans cette situation-là. Et le Québec, s'il a besoin de l'aide de Justin Trudeau, on lui fera signe. Mais là, pour l'instant, on n'a besoin de rien puis on voit qu'il en a plein les bras à gérer la ville d'Ottawa. On n'en a pas de besoin, au Québec.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Mr. St-Pierre Plamondon, just to clarify your point regarding Jean Charest, if there is no accusation, after all those years, don't you think that Mr. Charest has paid already enough, with the allegations?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : No, because the report from the commission Charbonneau was crystal clear as to the fact that there were illegal acts, illegal ways of getting financing for the Liberal Party in exchange for contracts, and it was corruption. And I cannot accept that, six years later, there is no one responsible for it. This is not normal. And we cannot accept this by just saying : Ah! you know what, it's been a long time, who cares about corruption! No. Corruption matters. Corruption matters, and…

Mme Senay (Cathy) : Mr. Charest has to pay, he's the one that has to pay, we cannot…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I don't know, I'm not in charge of UPAC, Mâchurer or DPCP, but I know that there's no one… for the time being, there's no one who's been held responsible for it, and he was the Premier at that time.

Mme Senay (Cathy) : The vaccine passport, one of the objectives of the vaccine passport was to protect the vaccinated versus the unvaccinated and protect outbreaks in different public spaces. Do you have the proof that it did work?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : No. We don't have any evidence. I think Quebeckers are in good faith. If they're told that something temporary has to be enacted to protect the life of people, they will collaborate. The problem is it's been two years now that the Government doesn't show any scientific evidence, scientific papers when they take a decision, two years without consulting the opposition and two years where temporary measures are becoming permanent. So, at some point, enough is enough, and we demand that we get back to a normal democracy where we debate those things before they are enacted.

Mme Senay (Cathy) : …the vaccine passport specifically, at what point this public health measure may create some doubt, for citizens, and they might have the impression that it has become a political tool to punish the unvaccinated?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I think the doubt rather comes from the fact that, two weeks ago, Pierre Fitzgibbon was ready to enlarge the passport, and Christian Dubé said : It's there to stay. And then, two weeks later, after we asked for a debate on the efficiency of that measure, it's gone. I mean, who will trust the process when there is no information, no transparency, and the Government keeps on saying one thing and do the exact opposite two weeks later? How can you trust the process then?

Mme Fletcher (Raquel) : Can I ask you about Dr. Boileau? Parce que, last week, Dr. Boileau said that the vaccine passport will stay in place until at least March 14th. That was the end date of the calendar that they presented. We're Tuesday now. So not even only a week later, they're announcing that it will be suspended in certain areas.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Good point. I forgot about this one.

Mme Fletcher (Raquel) : And he is supposed to be independent. So, can we trust Dr. Boileau?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Good one, I forgot. Like, it's not only Christian Dubé and Pierre Fitzgibbon, Dr. Boileau himself said : That's going to stay at least until March 14th. At some point, I'm tired, I'm tired to… having to comment things for which I have no information. There is just no transparency, we are not consulted, we are not given the information, we learn things just as you learn them. I don't know, but, obviously, something is not logic.

Mme Fletcher (Raquel) : ...a greater consequence in that too. I mean, we're seeing, this morning, some business owners saying : Well, we're not going to require masks to be worn anymore. You can see how some businesses might say : OK, well, we're not going to check the vaccine passport. You can see how this is going to deteriorate.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Yes. Again...

Mme Fletcher (Raquel) : Are you concerned about the social cohesion?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I've always been concerned about the social climate and the social cohesion. I've been talking about that for a year and a half now, and I have always been saying that, if we have a debate beforehand and we hear experts beforehand, of course people will disagree sometimes with the decision, but at least everyone will be able to follow what's going on, exactly like in the justice system. We don't ask our judges to render judgment in a closed room. Our justice is public, so that, even if people disagree, they know what reasoning, what reasons, so there is more cohesion. Now, we've been saying that, Joël and I, for a year and a half.

La Modératrice : Dernière question…

Mme Greig (Kelly) : Do you get the sense that, now that we're are talking about, again, loosening restrictions, this will encourage people who are protesting the restrictions, like the truckers in Ottawa and in Québec City, this weekend, that they can see this is a win, that Québec is taking away the vaccine passport slowly, Ontario is doing it? Do you think this will encourage them?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : No. I think, at some point, if there is no measure left, I mean, it's...

Mme Greig (Kelly) : ...a win for them, right?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : It's a win, but there is no more reason to manifest. So, let's get back to the essential. There is a right to manifest, so long that right is exercised in a respectful way and...

Mme Greig (Kelly) : So it's giving them what they want and then then protest is over. So, do you think that should be…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I cannot foresee the future. All I'm saying is, whatever the measures from the Government, the rules remain the same, we want respect and civism, a way of behaving that is respectful of everyone, and that what we've achieved and that's what we will continue to achieve. It's important for our society.

Mme Greig (Kelly) : ...is giving them what they want, therefore the protest will be over.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I cannot foresee the future, but I say that whatever the decision from the Government, the rules remain the same: No violence, respect for one another. And if people feel that they still have a message to say, there is a right to manifest.

La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci.

(Fin à 10 h 37)

Participants


Document(s) associé(s)