(Huit heures une minute)
M. Tanguay : Alors, bon
matin. Très heureux ce matin d'être accompagné par mon collègue député de
Pontiac, porte-parole en matière de santé, André Fortin, qui va venir vous
parler d'un projet de loi excessivement important que nous avions déjà déposé
dans la dernière législature, que le gouvernement n'a pas décidé d'appliquer,
et qui visait, le projet de loi déposé par André au nom du groupe parlementaire
de l'opposition officielle, visait les projets ratios.
Autrement dit, au Québec, au moment où on
se parle, les infirmières, les préposés sont à bout. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont
pas d'horaire qui soit humain, ils n'ont pas de nombre de patients qui soit
humain. En ce sens-là, les infirmières, les préposés sont extrêmement fatigués,
ont de la difficulté, évidemment, à rendre le service. Et ultimement, bien, ce
sont les patients qui n'ont pas le service, qui n'ont pas les soins requis.
Encore une fois, là, les infirmières, les
préposés, là, sont des professionnels de la santé, des femmes et des hommes qui
veulent offrir un service de qualité, mais qui sont encore obligés, dans une
cinquième année d'un gouvernement caquiste, de faire du temps supplémentaire
puis d'avoir des horaires de travail, donc, qui ne sont pas humains, qui les
font décrocher du réseau, et ultimement également le nombre de patients,
toujours courir à gauche et à droite... Et ça, c'est extrêmement démobilisant.
Pas de surprise là-dedans qu'on constate que les gens quittent le réseau.
Et imaginez-vous la capacité de
recrutement du réseau de la santé? Ça vous tente-tu aujourd'hui d'être
infirmière ou préposé? Je ne pense pas. Parce que, justement, le gouvernement
caquiste de François Legault n'a pas fait son travail, n'a pas adopté une loi
qui serait venue encadrer pour qu'on ait, pour elles et eux, des horaires et un
nombre de patients qui soit humain.
Et n'oublions pas, puis je vais terminer
là-dessus, qu'ultimement, bien, c'est le service aux citoyens qui en est
affecté, c'est le patient qui n'a pas le service en qualité auquel il devrait s'attendre.
Et le maître mot, c'est justement l'attente, l'attente, et, en ce sens-là, je
pense qu'il faut le dénoncer.
Alors, je vais m'arrêter ici. Je vais
céder la parole à mon collègue André Fortin, qui va vous parler de notre
excellent projet de loi qui a été déposé hier.
M. Fortin :Merci. C'était important pour nous, c'était important pour
le Parti libéral que le premier projet de loi qu'on dépose en soit un qui soit
directement en lien avec les préoccupations qu'on a entendues de la part des
citoyens au cours de la campagne électorale. Et ce qui revenait régulièrement,
c'était la disponibilité, la qualité des soins en matière de soins de santé. Et
ce projet de loi là, on ne l'a pas inventé nous-mêmes. C'est une demande des
infirmières elles-mêmes. C'est la demande numéro un qui vient des infirmières
du réseau de la santé, à savoir comment on peut bonifier les soins qu'on donne,
comment on peut améliorer les soins aux patients, tout en améliorant les
conditions de travail. Et c'est pour ça qu'on redépose le projet de loi.
Si le gouvernement de François Legault
avait accepté notre demande, avait accepté la demande des infirmières et des
préposés il y a quatre ans déjà, bien, la situation se serait améliorée. Si les
infirmières font cette demande-là, c'est parce qu'elles le croient sincèrement qu'on
peut améliorer la qualité des soins. Et elles ont raison. Les ratios ont été
testés. Ils ont été testés dans les salles d'urgence, dans les salles de
chirurgie, dans les CHSLD du Québec, et ce qu'on a vu partout, c'était une amélioration
des soins, une plus grande disponibilité de la part des professionnelles de la
santé parce qu'elles travaillent dans des meilleures conditions de travail.
Alors, c'est pour ça que, de notre côté, c'était important de déposer ce projet
de loi là, de le redéposer et de le faire de façon prioritaire.
M. Carabin (François) : M.
Tanguay, sur le serment au roi, si c'est possible. Quand on parle à des
constitutionnalistes, le mot est difficile, surtout à 8 heures du matin,
on entend parfois des préoccupations vis-à-vis la méthode utilisée par le
gouvernement, c'est-à-dire de modifier la Constitution, la loi
constitutionnelle de 1867. Comment vous expliquez, vous, que le gouvernement
passe par cette avenue-là? Puis, est-ce que c'est la meilleure méthode à
utiliser? Est-ce qu'on n'aurait pas pu simplement modifier la loi sur l'Assemblée
nationale?
M. Tanguay : Première
question, il faudrait demander au gouvernement. Il y a deux questions. La
première, il faudrait demander au gouvernement pourquoi il passe par là.
Effectivement, d'aller modifier directement la Constitution, ça se voit très,
très, très rarement.
Deuxième question, vous dites, est-ce que,
autrement dit, ça tient la route constitutionnellement? Bien, c'est une
question qui sera posée devant les tribunaux, ultimement. Encore une fois, le
serment au roi est dépassé, on va voter pour une loi, pour la loi qui va faire
en sorte de le mettre de côté, carrément. Une fois ceci dit, nous aurions aimé
et nous maintenons qu'il aurait été bien avisé de tenir un minimum de
consultation, on aurait eu le temps. Là, on est mercredi, là, le temps file.
J'entends qu'il va vouloir le faire adopter ce vendredi. On ne va pas faire
autre chose que de participer à ce qu'il soit adopté, mais vos questions sont
légitimes. Il y aura sûrement une contestation judiciaire, puis on verra le
résultat que ça va donner. Puis ça aurait été bon se poser les questions avant.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez des indications dans le sens qu'il y aurait une contestation. Il y a des
gens qui vous...
M. Tanguay : Je n'ai pas
d'indications, mais je ne serais pas surpris, hein, basé sur... Lorsqu'on
modifie la Constitution par une loi du Québec ou une loi d'une autre province
canadienne, souvent, il y a des gens qui vont vouloir venir tester ça par les
tribunaux, c'est clair là. Alors, ça aurait été bon, nous, comme législateurs,
de savoir là où on va mettre les pieds, est-ce que c'est le bon véhicule, la
bonne façon de faire? Vous avez vu le projet de loi qui avait été déposé par
Québec solidaire allait différemment, dans une autre voie, puis d'autres
constitutionnalistes, comme vous l'avez dit, ont également avancé ça, mais on
va travailler afin qu'il soit adopté puis on verra si ça tient la route devant les
tribunaux.
M. Lecavalier (Charles) : Ce
n'est pas le rôle du législateur de s'assurer que la loi est le mieux ficelée
possible avant de l'adopter?
M. Tanguay : Exactement,
exactement.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
est-ce que ça vous arrive souvent, vous, de voter pour des projets de loi que,
bon, on ne le sait pas trop, là?
M. Tanguay : Non. Bien,
écoutez, ça aurait été bien d'avoir des auditions, puis ça, c'est récurrent
avec ce gouvernement qui est dans sa cinquième année, de limiter les auditions
sur tous les projets de loi même auxquels André et moi on a participé. On veut
toujours davantage de consultations, d'auditions, et le gouvernement a toujours
eu l'approche de dire : On va limiter ça, limiter ça, limiter ça. Alors,
en ce sens-là, on aurait aimé des auditions, mais il n'y en aura pas, alors...
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
qu'il n'y a pas là une opportunité d'inscrire dans la Constitution le texte du
serment au peuple du Québec?
M. Tanguay : Ah, bien, ça,
là, c'est dans la loi sur l'Assemblée nationale et ça a force de loi. Puis,
quant à moi, c'est le seul serment qui compte.
M. Denis (Maxime) : Sur la
mise à jour économique demain, ce matin, Éric Duhaime demande à Québec de se
serrer davantage la ceinture, que, contrairement à l'Ontario, justement, on
engrange les profits, l'argent, les taxes, et que c'est toujours les Québécois
qui doivent se serrer la ceinture. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, que le
Québec devrait en faire davantage, enlever des taxes sur l'essence, par
exemple?
M. Tanguay : Bien, nous, par
rapport... vous avez raison de le mentionner. Le coût de la vie frappe de plein
fouet les Québécoises et les Québécois. Ce qu'on a demandé durant la campagne
électorale puis ce qu'on demande encore, c'est d'avoir des mesures récurrentes,
pas juste un chèque de 500 $, d'avoir des mesures récurrentes, notamment,
je reviens là-dessus, taxe de vente du Québec sur les produits essentiels,
shampoing, brosses à dents, pâte à dent, savon, tout le monde, surtout celles
et ceux qui ont des bourses plus petites, là, qui ont des revenus plus
modestes, ça a un impact. Ça, ça aurait été bien. Je vais vous donner un autre
exemple. Qui engrange des profits records? C'est Hydro-Québec. C'est à nous
autres, ça, Hydro-Québec. Allez voir les deux derniers exercices financiers,
c'est des profits records de plusieurs milliards de dollars. Bien, il y aurait
été bien avisé, plutôt que de promettre une hausse de 3 % d'Hydro-Québec,
de dire : Bien, on va le geler puis on va sortir le politique de là. Ça ne
sera pas Québec qui va décider des hausses, ce sera un système indépendant par
la régie. Alors, effectivement, celles et ceux qui se serrent la ceinture, là,
c'est les Québécoises et les Québécois qui l'ont très difficile, puis le
gouvernement peut en faire nettement plus.
M. Lecavalier (Charles) : Je
reviens sur la santé. Il y a une étude ce matin qui dit que la santé
cardiovasculaire des jeunes Québécois puis des adolescents est en chute libre
depuis les années 80, puis qu'on pourrait se retrouver, dans les
prochaines années, face à une épidémie, là, de... Donc, comment est-ce qu'on
doit prendre ça? Est-ce que ce qu'on enseigne assez le sport à l'école? Est-ce
qu'il y a des solutions?
M. Tanguay : Je vais laisser
André compléter, mais il est clair que, quand j'ai vu cet article-là, c'est une
préoccupation. Moi, comme père de famille aussi, on veut que nos jeunes,
évidemment, puissent avoir une formation, aller à l'école, apprendre, mais également
santé, santé physique aussi, faire de l'activité, bouger. Je pense qu'on
pourrait faire davantage au Québec, puis on pourrait davantage donner
l'occasion à nos jeunes, dans nos écoles, de bouger puis de faire de l'exercice
physique. Puis là-dessus, je laisserais peut-être André compléter.
M. Fortin :Oui, bien sûr. Une des façons d'encourager le sport chez
nos jeunes, ou l'activité physique de façon générale, c'est bien sûr à travers
nos écoles, c'est pour ça qu'en campagne électorale, on a voulu rendre les
programmes de sports-études encore plus disponibles, encore plus attrayants
parce qu'en ce moment, il y a beaucoup de parents qui ne peuvent pas se le
permettre. C'est une façon de s'assurer que leurs jeunes font davantage de
sport, que personne n'est exclu de ça, mais on voit très clairement, là, les
recommandations qui ont été émises ce matin par ces gens qui ont fait ces
constats-là d'encourager davantage d'activités physiques pour l'ensemble des
jeunes à l'école. Effectivement, c'est une avenue qu'on doit regarder, et
également comment on fait pour rendre des programmes, les différents programmes
de sport qui sont disponibles, disons, moins dispendieux pour plusieurs
parents.
M. Lecavalier (Charles) : Puis,
vous, comme parent, est-ce que ça vous inquiète? Comment est-ce que vous voulez
enseigner à vos enfants de faire plus de sport?
M. Fortin :Bien, c'est certain, là, tout le monde... tout parent est
un peu préoccupé par ça. On sait que nos enfants sont davantage, disons, obnubilés
par les écrans ces jours-ci, qu'ils ont peut-être moins l'opportunité de
bouger. On est une société qui est beaucoup plus urbaine qu'elle ne l'était il
y a quelques années également. Alors, les grands espaces, simplement laisser
les enfants jouer dehors, courir toute la journée, on en a peut-être moins
l'occasion, et c'est pour ça qu'il faut encourager davantage de programmes
sportifs, qu'il faut le faire de façon plus encadrée, mais que ce soit
disponible plus facilement et de façon bien moins dispendieuse pour beaucoup de
parents.
M. Gagnon (Marc-André) : ...concernant
le projet de tramway à Québec, on a appris hier qu'il n'y aura pas de... qu'il
va falloir attendre jusqu'à la fin mars 2023 pour voir le dossier d'affaires et
obtenir la mise à jour des coûts. Or, à la fin mars, il y a certains programmes
de financement du côté du gouvernement fédéral qui arrivent à échéance. Donc,
êtes-vous inquiet pour la suite des choses avec ce projet-là?
M. Tanguay : Écoutez, au
Québec, là, je pense qu'il faut retrouver la capacité de réaliser des grands
projets. Je pense qu'au Québec... Puis, là-dessus, il est clair que nous, on
pointe du doigt le gouvernement qui est en poste présentement. Donc, tramway,
tramway de Québec, mais également quand on parle au REM à Montréal, le REM de
l'Est, la ligne bleue, et ainsi de suite. Alors, de façon plus globale,
effectivement, il faut que le tramway de Québec voie le jour. Il faut que le
financement se concrétise. Puis vous l'avez bien dit, il y a des échéances, et
il faut que ça se réalise. Puis nous, on va encore plus loin que ça, il
faudrait même une phase 2 pour un tramway qui soit nord-sud pour venir
diminuer l'enjeu de mobilité dans la grande région de la Capitale-Nationale.
M. Gagnon (Marc-André) : Il n'y
a pas un risque, à ce moment-ci, qu'il y ait de l'argent qui reste sur la table
du côté d'Ottawa?
M. Tanguay : Bien, ça
serait... c'est toujours un risque, ça serait excessivement dommage. Alors, en
ce sens-là, on compte sur les partenaires pour qu'ils puissent se parler puis
s'entendre sur le financement. Parce qu'un projet, il n'avancera pas... Si le
financement n'est pas attaché, le projet n'avancera pas. Puis je suis confiant
que le tramway va se réaliser, mais, s'il y a des sommes qui sont disponibles,
notamment à Ottawa, bien, c'est important qu'on ait cherché notre part du
butin.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous croyez à la bonne volonté du gouvernement de la CAQ dans le dossier du
tramway de Québec?
M. Tanguay : Écoutez, la CAQ,
on a pu voir les premiers balbutiements quant au tramway. On a pu voir la
relation également de la CAQ avec le maire de Québec. Je pense maintenant
qu'ils sont capables de se parler, capables de faire avancer le projet. Encore
une fois, nous, au Parti libéral, on considère ça comme étant la phase 1.
Ça va prendre la phase 2, puis plus tôt que tard.
Mme Plante (Caroline) : Sur
les ratios, est-ce qu'il y a assez d'infirmières dans le réseau? Et, si non,
est-ce que c'est réaliste de penser qu'on peut instaurer des ratios partout?
M. Fortin :Oui, bien, c'est la question qui vient toujours quand on
parle des ratios, et vous avez raison de la poser, mais c'est un peu l'oeuf ou
la poule, hein? Si on n'instaure pas des meilleures conditions de travail dans
le réseau, bien, ça devient impossible... ou difficile, voire impossible
d'attirer davantage de professionnels vers ce travail-là. Alors, c'est pour ça
qu'on dit : Si le gouvernement avait pris les choses... s'était pris
d'avance, avait déjà mis en place de meilleures conditions de travail à travers
des ratios sécuritaires ou des ratios plus sécuritaires, bien, on pourrait
déjà, aujourd'hui, attirer davantage d'infirmières dans le réseau.
Nous, ce qu'on propose et ce que la
fédération interprofessionnelle propose également, c'est une mise en place
graduelle des ratios. On se rend bien compte que c'est possible d'en faire dans
les secteurs les plus prioritaires, mais de s'assurer qu'on y arrive dans tous
les secteurs qui ont été identifiés, tous les secteurs qui ont été testés,
parce qu'on voit l'impact. Oui, c'est vrai qu'on n'a peut-être pas le nombre
d'infirmières, le nombre de préposés aujourd'hui, tout de suite, mais les
projets ratios, ils font en sorte que les infirmières se rendent davantage
disponibles, veulent travailler davantage sans qu'on leur tordre le bras pour
le faire, sans que ce soit du temps supplémentaire obligatoire. Mais parce que
les conditions sont meilleures, elles se rendent davantage disponibles. C'était
un des constats principaux qui avait été fait lors des projets pilotes qui
avaient été menés.
Mme Plante (Caroline) : Quelles
sont les chances que le projet de loi va être appelé?
M. Fortin :Bien, si le gouvernement a une réelle préoccupation par
rapport aux conditions de travail de nos professionnels de la santé, j'ose
espérer qu'il va l'appeler rapidement. C'est une des façons les plus
élémentaires de s'y prendre et d'envoyer un message clair aux professionnels de
la santé que les conditions de travail, c'est important et qu'on va y voir.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : M. Fortin,
lorsque le gouvernement a créé la cellule de crise pour les urgences il y a à
peu près un mois, il y a 20 % des urgences au Québec qui dépassaient les
150 %. Hier, on était rendu à 33 % des urgences. Puis ce qu'on entend
sur le terrain, c'est qu'il y a de la résistance à ce que les autres unités,
ailleurs dans l'hôpital, prennent plus de patients pour libérer les lits des
urgences. Qu'est-ce qui cloche selon vous? Est-ce qu'on est sur, visiblement,
une mauvaise voie? C'est quoi, le problème?
M. Fortin :Je ne veux pas remettre en question le travail de la
cellule de crise parce que c'est des professionnels qui s'investissent, qui ont
des idées, qui sont prêts à les tester, mais, de toute évidence, là, il y a un
vrai enjeu de résultat à travers ce que le ministre Dubé choisit de mettre en
place, choisit d'accepter comme proposition. Il y a en a des propositions qui
sont faites à tous les jours, que ce soit par les paramédics, que ce soit par
les infirmières elles-mêmes, que ce soit par les patients qui voient bien ce
qui se passe et ce qui se passe à travers le réseau. Alors, oui, les résultats
n'ont pas nécessairement été au rendez-vous jusqu'à maintenant.
Quand le ministre nous dit : est-ce
que ça serait pire si on n'avait rien fait? Je lui donne raison là-dessus.
C'est vrai que la situation serait encore pire, mais est-ce qu'on peut
l'améliorer davantage? Est-ce qu'on peut aller encore beaucoup plus loin? Oui,
absolument. Et quand le gouvernement se braque et dit, par exemple : Je
n'adopterai pas un projet de loi comme les ratios, comme il l'a fait au cours
des quatre dernières années, bien, ça, ça fait en sorte que la situation
s'empire plutôt que s'améliorer.
M. Gagnon (Marc-André) : Septième
hausse du taux directeur aujourd'hui pour les Canadiens. Il y a aussi une mise
à jour économique demain. Donc, est-ce que le ministre des Finances doit se
gouverner en conséquence? Je ne sais pas quels sont vos...
M. Tanguay : Bien, le
ministre des Finances, là, ça fait plusieurs propositions qu'on y fait pour
qu'il sache un peu comment se gouverner dans le sens de l'intérêt des
Québécoises et Québécois. L'inflation, la hausse du taux directeur, ça veut
dire quoi? Ça va être des taux d'intérêt qui vont augmenter, ça veut dire des
coûts de logement qui vont augmenter pour celles et ceux qui sont
propriétaires, mais également, ultimement, celles et ceux qui sont locataires.
Je prends juste l'aspect de l'habitation, là, ça va se refléter un moment donné
dans la hausse du coût du loyer. Alors, très clairement, ça prend un
gouvernement à Québec qui a des outils, qui a des leviers, qui en fasse plus.
Puis ça, des propositions, on en a plusieurs.
M. Gagnon (Marc-André) : ...sur
un autre sujet, là, est-ce que les futurs profs devraient avoir droit à un
sursis s'ils échouent leur cours obligatoire de français?
M. Tanguay : Écoutez, ce qui
est important, là, a première priorité, c'est la qualité de la matière qui est
enseignée, notamment le français enseigné dans nos écoles. Ça, ça devrait être
une priorité nationale. On parle de l'importance de l'objectif collectif, de
l'épanouissement du français. Ça passe d'abord et avant tout par la qualité du
français qu'on enseigne dans nos écoles.
Maintenant, là aussi, il y a une pénurie
de main-d'œuvre dans nos écoles. Les équipes-écoles, c'est les professeurs,
c'est les orthopédagogues, ce sont les spécialistes. Il y a une pénurie de tout
le monde dans nos écoles. Maintenant, c'est une façon peut-être de pallier
temporaire, mais il faut que ça soit du temporaire qui ne dure pas longtemps,
parce qu'encore une fois, la priorité, c'est la qualité du français enseigné.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
Bernard Drainville a raison finalement de demander ce sursis-là, parce qu'on
voit qu'à l'université, il semble y avoir...
M. Tanguay : Bien, le sursis,
c'est un constat que, malheureusement, il manque de professeurs, il manque de
professeurs. Puis, ça, c'est un enjeu de pénurie de main-d'œuvre. C'est un
enjeu de pénurie de main-d'œuvre.
Mme Greig (Kelly) :Mr. Fortin, if I could ask in English, just on the ratios to start.
Do we have enough personnel as it is? Is it really reassigning who we have, or
do we need to add more nurses, PABs, doctors? What do you envision?
M. Fortin :
Well, it's both. We do need to add more
nurses, more auxiliary nurses, more orderlies in our healthcare system. That is
something that goes without saying, and we have to find ways to attract these
professionals to our healthcare network. And one of the ways to attract
professionals is to make sure they have good working conditions. Good working
conditions means a respectable... or a certain respect in the amount of numbers
of patients that they had to see, a way of... or putting in place the
conditions so that they can treat patients in the way they want to treat patients,
and that's what the ratio project does. That's what was tested across the
province, that's what was tested across our emergency rooms, our long-term care
facilities and our surgical rooms. And that's what we're proposing today, it's to
say : If we give them a respectable number of patients, a human number of
patients to treat, then more people will be attracted to the profession. So,
it's like the chicken or the egg, you can put one before the other, but if you
don't fix the conditions of work, then it'll be really hard to attract more
professionals to our healthcare network.
Mme Greig
(Kelly) : In a similar vein, there's a report
in Radio-Canada this morning
saying 11 000 people are waiting for spots in mental health facilities. We
also had the Lakeshore close their psych unit because there just wasn't enough
staff that overflow into the Douglas and that got backed up. How do you address
this problem in mental health? Because, obviously, the needs are now, but
the... well, there's one long term solution, not a lot of short-term solutions
here.
M. Fortin : Well, it can't just be what Minister Carmant was saying yesterday,
it can't just be : We'll reduce the number of people who need to have a
certain observation or a certain diagnosis. That's the easy way of reducing a
list, but is it really the healthy way of reducing a list? Let's just say it
makes the Government's work easy, but it doesn't give
us proper service to all the patients. There has to be more work that is done
to attract professionals to the public healthcare network, not just to the
private healthcare network, but there has to be more that's done to make sure
the working conditions are better for people who work at the Pinel Institute,
who work in public care or in mental care at our hospitals across the province
as well.
Mme Greig
(Kelly) : If I may, I have just one more. Does
the situation with the Lakeshore, with that ward closing for, I think it was a
few days, or a day at least, how concerning is that for you as a health critic?
Because that's a major West Island hospital and that's an important…
M. Fortin :
Mental health services is not something you can push off in time constantly.
Having a mental health unit that is closed means that there are people who need
to access those services because they faced a traumatic situation, because they
have potentially thoughts of harming themselves or harming others, because they
need those services in a short-term. There are people who can maybe afford to
have an ongoing follow-up on a regular basis, but
mental health, sometimes, you need mental health the same day, you don't need
it a week from now. So, it's one of those services that we simply cannot afford
to simply close completely. And I certainly encourage the Government to look at every possible way not
to close services, if it has to be reallocation of staff from other hospitals,
if it has to be thinking outside the box and even looking outside that
particular… to find healthcare professionals, but completely closing a mental
healthcare facility is something that can lead to very problematic situations.
M. Spector
(Dan) : What's your level of belief that this
bill will find any support within the Government?
M. Fortin : If Government is
sincere about improving the working conditions for our healthcare
professionals, it's one of the first bills it has to consider. It's the number
one demand from the nurses right now and it has been for a long time, because
it's a bill that has been measured, that has positive impacts, that has been
tested, and we know it works both on to improve the working conditions, to
attract more healthcare professionals, but also to give better care to the
patients. So, if Government is
sincere about this, I certainly hope that they will give this a very thorough
look and adopt it quickly.
M. Tanguay
: Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 23)