(Dix heures)
Le Modérateur
: ...conférence
de presse du ministre des Finances, M. Eric Girard. Et on va commencer, M.
Girard va faire une allocution, et par la suite on va prendre les questions.
Alors, vous avez vu l'état de ma voix, soyez indulgents avec moi. À vous la
parole.
M. Girard (Groulx) : Et
je souligne la présence de la sous-ministre aux Finances.
Bonjour. Je suis très heureux de confirmer
le nouveau montant ponctuel pour lutter contre la hausse du coût de la vie. Il
sera versé à 6,5 millions d'adultes, au coût de 3,5 milliards de
dollars pour le gouvernement québécois, ce qui correspond à 0,6 % du PIB
nominal de 2022. Il est modulé en fonction du revenu, c'est-à-dire que 4,6 millions
de Québécois qui gagnaient moins de 50 000 $, selon leur déclaration
de revenus de 2021, recevront 600 $, et 1,5 million de Québécois qui
gagnaient entre 54 000 $ et 100 000 $, eux, recevront
400 $.
Notre objectif est de rejoindre le plus de
gens possible. Alors, tous ceux qui auront 18 ans au 31 décembre 2022
sont éligibles. Il faudra avoir produit une déclaration de revenus 2021,
et on donne jusqu'au 30 juin 2023 pour avoir produit cette déclaration. Et
Revenu Québec fera des efforts supplémentaires pour rejoindre les bénéficiaires
de l'aide financière de dernier recours qui n'auraient pas rempli une
déclaration de revenus 2021. Je tiens à souligner que la majorité d'eux le
font.
Au niveau des modalités administrées par
Revenu Québec, le versement est non imposable. Il n'y aura aucune compensation
fiscale, c'est-à-dire que, si vous avez une dette envers le gouvernement du
Québec, le montant ne sera pas déduit. Et le versement est automatique, vous n'avez
rien à faire. C'est-à-dire que, si vous êtes inscrit au dépôt direct avec
Revenu Québec, vous aurez un avis dans votre dossier et vous aurez le dépôt
direct. La majorité des Québécois sont inscrits au dépôt direct. Si vous n'êtes
pas inscrit au dépôt direct, vous recevrez un chèque, avec un avis accompagnant
le chèque.
C'est important de redire qu'aucune
démarche n'est requise de votre part, aucune démarche n'est requise des
contribuables. Le gouvernement n'enverra aucun message, courriel, texto,
téléphone. Ces messages sont des tentatives de fraude.
La mesure est simple, efficace et
permettra aux Québécois de faire face à la hausse du coût de la vie. Notamment,
elle est calibrée pour faire face aux besoins essentiels : le logement, le
transport, les vêtements, l'alimentation.
Et, pour conclure, je vous annonce que je
ferai le point sur la situation économique et financière du Québec le jeudi 8 décembre.
Le Modérateur : On va prendre
les questions. Qui est... Alain Laforest.
M. Laforest (Alain) : Bonjour,
M. Girard. Vous parlez d'un versement de 3,5 milliards de dollars. C'est
la moitié de ce que vous réclamez en transferts en santé du gouvernement
fédéral, ce qui fait que Justin Trudeau est très critique à votre endroit, là,
en disant que vous prenez cet argent-là, qui doit aller à la santé, puis vous
le redonnez aux contribuables. Comment vous trouvez l'attitude du gouvernement
fédéral par rapport à ça?
M. Girard (Groulx) : Je
veux juste rappeler, là, au niveau des transferts en santé, ce qui est
indéniable, c'est que la part du gouvernement fédéral, à la fin des années 70,
était au-delà de 40 % des frais de la santé, et que cette part-là a
décliné dans le temps, constamment, et que toutes les projections démontrent
qu'elle va continuer de diminuer. Donc, qu'on le regarde rétrospectivement ou
prospectivement, la part ou la proportion de la contribution du gouvernement
fédéral a diminué dans le temps.
Et ce qu'on demande, c'est légitime. On
parle ici d'une des missions principales de l'État. C'est une responsabilité du
gouvernement du Québec. On parle d'investissements à long terme. Ce que je fais
aujourd'hui, c'est un montant ponctuel exceptionnel pour aider les Québécois.
M. Laforest (Alain) : Oui, je
comprends, mais ma question, c'est... Il vous critique, là, il dit : Vous
donnez de l'argent aux plus nantis, alors que vous réclamez de l'argent en
santé. Est-ce qu'il ne comprend pas?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
sais où vous voulez m'amener, là, vous voudriez m'amener dans un débat que...
M. Laforest (Alain) : Bien,
je ne vous amène pas dans un débat, M. Girard. Vous demandez
6 milliards, vous en prenez 3,5, que vous donnez en baisses d'impôt, en
chèques, alors le fédéral vous critique.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Mais, juste pour être très précis, là, le financement de la Santé, c'est
43 % du budget du gouvernement du Québec. Ça va continuer à augmenter, à
près de 5 % par année. C'est le poste budgétaire le plus important du
gouvernement du Québec, et ça va continuer d'être le cas. Nous invitons le
gouvernement fédéral à être un partenaire, et à augmenter sa contribution, et à
la soutenir dans le temps.
Pour ce qui est du montant ponctuel, c'est
notre responsabilité d'aider les Québécois à faire face à la hausse de
l'inflation. Les besoins essentiels sont immédiats. Je vous rappelle que
l'indexation du régime fiscal était seulement de 2,7 %, parce qu'elle
précédait l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le variant Omicron. Et donc
on vient aider les Québécois une fois, c'est un montant ponctuel — en
fait, c'est la deuxième fois — pour le logement, le transport, les
vêtements et l'alimentation.
Le Modérateur : Véronique
Prince, Radio-Canada.
Mme Prince (Véronique) : Oui,
bonjour.
M. Girard (Groulx) : Bonjour.
Mme Prince (Véronique) : La
première fois que M. Legault a évoqué la possibilité de donner un autre chèque,
puis tout ça, ça date quand même d'une couple de mois, là. Si je me rappelle
bien, il a commencé à en parler au printemps, là. À ce moment-là, la situation
économique, et l'emploi, et tout ça, étaient quand même différents, là, il y a
quelques mois, là. Est-ce que vous vous sentiez obligé de tenir votre promesse
ou, si vous aviez à la refaire dans un échéancier plus collé à aujourd'hui,
vous auriez refait la même promesse?
M. Girard (Groulx) : En fait,
la promesse, elle a été faite après le budget, parce qu'au budget on prévoyait
4,7 % d'inflation, et, rapidement, on a vu que les effets du variant
Omicron sur les chaînes d'approvisionnement et de l'invasion de l'Ukraine par
la Russie sur les prix de l'énergie allaient être plus persistants. Alors,
maintenant, on parle d'une inflation entre 6,5 % et 7 %. Alors, ce
que le premier ministre avait dit c'est que, si l'inflation persistait, qu'elle
était plus élevée, ce serait nécessaire d'aider les Québécois à nouveau, puis
c'est ce qu'on fait aujourd'hui. C'est calibré sur le panier de consommation de
base, en fonction de l'indexation du régime fiscal.
Donc, je pense que nous sommes un
gouvernement qui fait ce qu'il dit. Nous avions dit que nous allions aider les
Québécois, et c'est calibré en fonction du niveau d'inflation, en proportion de
l'indexation du régime fiscal.
Mme Prince (Véronique) : En
même temps, on a une situation qui est quand même assez particulière, là. Je
veux dire, vous connaissez ça mieux que moi, là, mais, avec une possible
récession qui s'en vient et une pénurie de main-d'oeuvre, les gens ne vont pas
perdre leur emploi. Donc, que vous injectiez de l'argent comme ça... Dans le
fond, comment on va la freiner... ça va être quoi, les efforts du Québec, de
freiner la situation? Vous comptez juste sur l'augmentation des taux d'intérêt
ou...
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, je répète, l'inflation, c'est vraiment un enjeu pour 2022, O.K. 2023, ce
qui va dominer les préoccupations des Québécois, des gouvernements, des
entreprises, c'est le ralentissement de l'économie. Le ralentissement de l'économie
est marqué, et les prévisions de la Banque du Canada, du gouvernement fédéral,
nos prévisions, dans la prochaine mise à jour, vont montrer que la situation
s'améliore au niveau de l'inflation et que l'enjeu dominant, ce sera le
ralentissement économique.
Donc, nous, ici, nous nous attaquons au
problème présent, qui est la hausse du coût de la vie. En 2022, là, les plus
récentes statistiques de l'inflation, par exemple, pour l'alimentation, c'est
au-delà de 10 %, la hausse du panier d'épicerie, sur une base annualisée.
Donc, on vient aider immédiatement, tel que nous l'avions indiqué, pour la
situation qui est courante, 2022. Pour 2023, il y aura des mesures pour
stimuler l'économie ou faire face au ralentissement économique. Je vous
dirais...
Mme Prince (Véronique) :
...est-ce que vous avez déjà...
M. Girard (Groulx) : Bien là,
aujourd'hui, ce n'est pas le budget de 2023, là. J'annonce le montant
ponctuel. On a une situation où l'inflation est beaucoup plus élevée que ce qui
avait été prévu au budget.
Le Modérateur : Marc-André
Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
Peut-être pour préciser, d'abord... Donc là, je comprends que c'est d'ici la
fin de l'année que les gens recevront...
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est un très bon point. Revenu Québec...
M. Gagnon (Marc-André) : Et
c'est quoi, la date? À partir de quand?
M. Girard (Groulx) : À partir
de la fin novembre, et versé avant la fin décembre. Donc, on pourrait
simplifier en disant que tout le monde aura... Ceux qui sont éligibles
recevront le montant en décembre.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Je comprends que ça devient un incitatif, aussi, pour ceux qui n'ont pas encore
produit leur déclaration de revenus 2021, là. Vous donnez jusque... c'est
le 23 juin, là, de mémoire.
M. Girard (Groulx) : 2023,
30 juin.
M. Gagnon (Marc-André) : 2023,
le 30 juin, exact. Est-ce que ça, c'est un délai qui est normal ou c'est
extraordinaire?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont soumettre leur déclaration de
revenus 2021 en 2025. C'est juste qu'on ne leur enverra pas un chèque de
400 $ s'ils le font. Il y a des retards. Bon an, mal an, il y a
approximativement 3 % des Québécois qui ne remplissent pas leur
déclaration de revenus. Effectivement, vous avez raison, c'est un incitatif à
le faire.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
crois que vous mettez en garde, là, envers les fraudeurs. Vous mettez les gens
en garde pour les tentatives de fraude.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Gagnon (Marc-André) : Parce
qu'il y en a beaucoup?
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas cette information-là, mais il y en a. Et je tiens à dire que Revenu Québec
est responsable de l'ensemble des démarches. Les citoyens n'ont rien à faire
pour recevoir le montant d'ici décembre, et le gouvernement ne communiquera pas
avec eux.
M. Gagnon (Marc-André) : Comme
vos réponses sont courtes, je vais me permettre une dernière petite question
courte. Le 8 décembre, on peut s'attendre à d'autres mesures?
M. Girard (Groulx) : Notamment,
ce que nous avons parlé, de plafonner les tarifs, et le plafonnement des
tarifs, c'est une excellente mesure pour contenir l'inflation.
M. Gagnon (Marc-André) : ...
M. Girard (Groulx) : Bien, on
est toujours en novembre. Alors, le 8 décembre, je ferai les annonces du
8 décembre.
Le Modérateur : Simon
Bourassa.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour,
M. Girard. Il y a le maire de Québec, là, qui dit, par exemple, que la
mise en chantier du projet de tramway, là, ça pourrait être une bonne solution
pour, justement, pallier au ralentissement économique, la mise en chantier de
grands travaux comme ça. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui?
M. Girard (Groulx) : Bien, le
gouvernement du Québec a augmenté son Plan québécois des infrastructures de
42 % dans le dernier mandat, et une des raisons, c'était pour répondre à
la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, qui était associée à la
pandémie. Alors, oui, les infrastructures publiques, c'est positif. Et je pense
que — je veux être clair, là — l'inflation, la hausse du
coût de la vie, c'est vraiment l'enjeu le plus important auquel nous avons fait
face en 2022. En 2023, le discours risque d'évoluer vers le ralentissement
économique.
M. Bourassa (Simon) : Donc, à
ceux qui disent que la mesure ponctuelle que vous annoncez est bonne pour le
contribuable, les citoyens, mais que ce n'est pas nécessairement une bonne
façon de contrer le phénomène de l'inflation, vous nous dites qu'on se
concentre sur 2022 et que c'est, donc, la bonne façon?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a 4,6 millions de Québécois qui vont recevoir 600 $, qui ont gagné
moins de 50 000 $ en 2021, et c'est pour ça que je tiens à dire que
ces gens-là ont des besoins essentiels, là : logement, habitation,
transports, vêtements. On vient aider des gens qui en ont besoin, là. Ce n'est
pas du superflu, là. La hausse du coût de l'épicerie, c'est réel, là. Et donc
c'est vraiment notre rôle d'aider les Québécois à faire face à une situation
qui est exceptionnelle. Et c'est un montant qui est ponctuel, non récurrent,
pour aider maintenant, face à une situation qui est difficile maintenant.
M. Lacroix (Louis) : Je vais
me permettre une question, si vous...
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr.
M. Lacroix (Louis) : Je
comprends l'idée de dire, par exemple, que... Vous dites que, cette année, il y
a eu beaucoup d'inflation, vous vous attendez à un ralentissement en 2023. Mais
les prix ne vont pas diminuer en 2023. L'inflation va rester, c'est-à-dire que
ce que... Vous comprenez ce que je veux dire? Les augmentations qu'il y a eu
vont rester, vont demeurer.
M. Girard (Groulx) : Oui, le
taux de croissance va être plus bas, mais le niveau va être élevé.
M. Lacroix (Louis) : Voilà,
le niveau va être élevé.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Lacroix (Louis) : Alors,
pourquoi est-ce que ce n'est pas justifié d'avoir une aide semblable l'année
prochaine? Parce que les salaires des gens n'ont pas nécessairement augmenté.
C'est-à-dire que le défi de faire arriver son budget personnel va être le même
en 2023 qu'en 2022, non?
M. Girard (Groulx) : C'est
vraiment une question qui est précise et importante. C'est que le régime fiscal
de 2023 va être indexé en fonction de l'inflation en 2022. Et donc la
compensation du régime fiscal, pour 2022, nous prévoyons qu'elle sera adéquate,
et donc les gens seront suffisamment compensés pour leur consommation de panier
de base. C'est vraiment, là... Puis, ça, l'encadré était au budget. On explique
que les gens qui ont, en moyenne, un panier de consommation de base de
25 000 $ ont eu une indexation fiscale de 2,7 %, mais feront
face à une inflation qui sera de plus de... ont fait face à une inflation de plus
de 6,5 %. En 2023, on devrait avoir une situation différente. On devrait
avoir une indexation basée sur le niveau d'inflation de 2022, qui sera plus
élevé que le niveau d'inflation auquel on va faire face.
Le Modérateur : Charles
Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour,
M. le ministre. Je me demandais... Bon, il y a un débat qui est revenu, ce
matin, sur la cible des immigrants. M. Legault dit qu'une fois que les
50 000 immigrants... s'ils parlent assez bien français, on pourrait
revoir cette cible-là. Vous, à l'intérieur du gouvernement, est-ce que vous
faites partie de ceux qui croyez qu'à terme on n'aura pas le choix d'augmenter
ces cibles-là de 50 000, là, pas nécessairement l'année prochaine ou dans
deux ans, mais que, d'ici quelques années, c'est un peu inévitable que ça
monte, notamment à cause de la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous dirais, j'ai eu l'occasion de rencontrer la nouvelle ministre de
l'Immigration. Elle est excellente. J'ai pleine confiance en elle, puis c'est
elle qui va parler de cette question. Et moi, au gouvernement, je suis une
personne studieuse, j'ai des avis sur plein de sujets et je les communique au
Conseil des ministres.
M. Lecavalier (Charles) : Bien,
généralement, là, par exemple, là, dans le discours, on dit : Ce n'est pas
bien quand, mettons, un tarif est gelé. Quand un tarif est gelé, ça va
provoquer un choc tarifaire éventuellement. Mais, déjà, juste avec un plafond
d'immigration, c'est... oui, une forme d'indexation? Si on le garde à
50 000 par année, là, éventuellement, il va falloir l'augmenter, non? On
est de plus en plus nombreux au Québec, les besoins sont de plus en plus
grands.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que votre question, c'est : Est-ce que le 50 000 devrait être indexé?
M. Lecavalier (Charles) : Oui.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une possibilité, là. S'il était indexé à 2 %, ce serait 50 000,
51 000, 52 000, comme ça, là. Mais, vraiment, je vous encourage à
poser des questions à la nouvelle ministre de l'Immigration, qui a l'occasion
déjà, depuis quelques semaines, de prendre connaissance de ses dossiers puis
qui pourra vous donner la position officielle du gouvernement là-dessus.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
le risque de récession, là, on est rendus à combien en termes de pourcentage?
M. Girard (Groulx) : Bon, ça,
c'est... je sais que cette probabilité de récession là, là, elle est populaire.
Elle fluctue. Je veux revenir à ce que dit le gouverneur de la Banque du Canada :
La croissance va avoisiner 0 % pour trois à quatre trimestres. Lorsqu'on
est à 0 % de croissance, il y a de la volatilité dans les données
économiques. On va être un peu en haut ou un peu en bas. C'est possible qu'on
ait deux trimestres consécutifs négatifs de croissance, qu'on soit en
récession. Ça fait que le chiffre que nous avons donné, de 50 % de
probabilité de récession, il est toujours bon.
Mais ce qui est vraiment certain, puis ça,
ce n'est pas une probabilité, c'est qu'il y a un ralentissement de l'économie
mondiale, et qu'on n'y échappera pas. On a une croissance de plus de 3 %
en 2022. Ça va être moindre que cela en 2023. Je vais donner la prévision la
plus à jour le 8 décembre.
Le Modérateur : François
Carabin, Le Devoir.
M. Carabin (François) : Bonjour,
M. Girard. J'aimerais revenir aux chèques, là. Je vois déjà certaines...
M. Girard (Groulx) : Le dépôt
direct, oui.
M. Carabin (François) : Oui,
pardon. Je vois déjà certaines personnes vous reprocher de payer quelqu'un qui gagne...
d'envoyer à quelqu'un qui gagne 99 000 $ seulement 200 $ de
moins que quelqu'un qui gagne, par exemple, 25 000 $. Comment vous
justifiez cet écart, qui est assez...
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, d'abord, je tiens à dire que toutes les critiques constructives, tout ce
qui est dit sur ce qu'on fait, ça nous intéresse. Et, lorsqu'on a donné
500 $ à tous les adultes qui gagnaient moins de 500 000 $, on
s'est fait dire : Ça aurait été mieux si c'était modulé en fonction du
revenu. On a écouté ça, on a réfléchi à ça, et nous sommes arrivés avec cette
proposition où le montant, pour ceux qui gagnent moins... puis c'est la
majorité des gens, là, c'est 4,6 millions sur 6,5 millions... ceux
qui gagnent moins de 50 000 $ vont recevoir 600 $, qui est
50 % de plus que 400 $. Là, après ça, je pense que gouverner, c'est
prendre des décisions. Si un expert suggère que la combinaison 700-300
aurait été supérieure à la combinaison 600-400... Puis c'est un argument
qui peut être valable. Nous, on a écouté les critiques, on a décidé de moduler
en fonction du revenu, et c'est les décisions que nous avons prises.
M. Carabin (François) : En ce
qui a trait au déficit, je sais que vous ne pouvez pas tout nous dire avant le
8 décembre, mais est-ce que la situation est meilleure que la dernière
fois...
M. Girard (Groulx) : Bien, la
situation du Québec, au niveau des finances publiques, est particulière, parce
que nous avons eu, depuis le budget, une mise à jour en vertu du rapport
préélectoral. Alors, comme l'information financière est divulguée à tout le
monde en même temps, la même journée, le rapport préélectoral sera mis à jour,
la situation financière du Québec sera mise à jour le 8 décembre.
M. Carabin (François) : Merci.
M. Girard (Groulx) : Mais la
situation économique ne s'est pas améliorée depuis le rapport préélectoral, là.
Le ralentissement est plus marqué.
Le Modérateur : On va passer
aux questions en anglais.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous voudriez que je fasse un énoncé en anglais?
Des
voix :
...
M. Girard
(Groulx) :
O.K., I'll try. I am pleased to confirm that we will proceed with a
one-time cost of living adjustment. And I would also… would like to announce
that the update on the economic and financial situation of Québec will be
Thursday December 8th.
M. Authier (Philip)
: I have sort of a procedural question.
M. Girard
(Groulx) : Go ahead.
M. Authier (Philip)
: Your economic update, which, you just said, would include the
measures you've talked about, the 3% on the rates, like Hydro-Québec rates, you
just said that that would be included in your economic update on
December 8th, which is the second… the House recesses the day after, the
9th.
M. Girard
(Groulx) : Yes.
M. Authier (Philip)
: So, do you still need a bill to impose this freeze on tariffs, and
will you… meaning, is it possible to get that bill adopted before Christmas, if
you're only going to talk about it in the economic update on the 8th, which is
a day before we all go home?
M. Girard
(Groulx) :O.K. So, why do we make an announcement today? Because there is a… on
appelle ça un bulletin fiscal. So, with the press release comes out a full
technical appendix, by Revenu Québec, that explains the details of the measure
we're disclosing today.
With respect to tariffs,
we've been quite clear that we will table a bill and that we, obviously, will
need the collaboration of the Opposition parties to get it adopted before the
Legislature adjourns, and… So, we will do that. There is some tariffs that we
can do without the bill, and there are others that will need the bill, and we
will work with the Opposition parties, and we will give more details, in due time,
on this.
M. Authier (Philip)
: Because the bill is supposed to be Bill 1, which presumably
would be tabled in the first week.
M. Girard
(Groulx) : It will be.
M. Authier
(Philip)
: O.K.. And one more detail. You
mentioned… because I received text messages about these…
M. Girard
(Groulx) : Yes. They're fraudulent, yes.
M. Authier (Philip)
: Yes, lots of people have… What is the scope of the fraud? Have your
people looked into who is doing this, how many people are getting these text
messages? Because I get asked about this all the time, people claiming that…
people telling me that they've got these text messages. And it's a real problem
because even the party, the CAQ had to put out its own statement about this
fraud, this fraudulent action.
M. Girard
(Groulx) : Correct, yes.
M. Authier (Philip)
: Because people are falling into the trap.
M. Girard
(Groulx) : So, I don't have any information on
this. We will, perhaps, try to speak with Revenu Québec or the authorities to
know more, and, perhaps, we… I'm not sure that we'll be able to provide the
extent. But the… le… en anglais, je ne suis pas sûr du terme, mais
l'hameçonnage financier, là…
M. Authier (Philip)
:
Trap.
M. Girard
(Groulx) : Trap. These fraudulent behaviours
are not exclusively related to the cost-of-living adjustment. Unfortunately, we
are all receiving text messages like this, at least, weekly, we all are. So,
this is a problem, certainly, an existing problem that all financial institutions,
l'AMF, Revenu Québec, the Québec Government, la Sûreté
du Québec, are looking into. It's just that, I guess, the cost-of-living
adjustment payment brings another opportunity for those bad behaviors, and
there is more, now, related to this. But these fraudulent behaviors are there
every day of the year, unfortunately.
Le Modérateur
:
Cathy.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning, Mr. Girard. You
and Mr. Legault have been talking about the possibility of having a second
check, or, if you want, a second direct deposit, since after the budget and
several times during the election campaign. Why are you so convinced this the
best mean to help Quebeckers facing inflation and the rising cost-of-living if
so many experts talk about a vicious circle, because you're putting money back?
M. Girard
(Groulx) : I think it's because we trust Quebeckers. We believe that
Quebeckers know best what's important to them. They will decide whether they
will pay their credit card, spend it on food, additional transportation. We
really believe that Quebeckers are the best to determine what to do with this
cost-of-living adjustment. So, rather than decide for them, for example, to
lower fuel taxes, like some have suggested, we really think that they will
decide whether they're in a position to save it, reduce their debt or will need
to spend it immediately because they have immediate needs.
What we've done is we've
computed… and we've disclosed this, we say: For an adult, the consumption
basket for basic needs is… le panier de la consommation is approximately
$25,000, and the income tax was indexed by 2,7%, and inflation will be a lot
higher than this. For example, if the average inflation was 6,7%, we think it's
appropriate to give Quebeckers a compensation of 4% on $25,000, which is more
or less $1,000.
Mme Senay
(Cathy) : OK. And following Alain's question
about health transfers and the fact that Mr. Trudeau said yesterday: Well,
if we increase health transfers, then, if we see provinces, for example, Québec,
Saskatchewan, giving checks to their citizens, what's the point? I mean, like,
he has a good argument, he does have a good argument, Mr. Girard.
M. Girard
(Groulx) : No, it's not a good argument. It's like me saying: Well, if
they are giving money for military expenses, then they should have money for
health care. We all have responsibilities. Health care is a responsibility of
the Québec Government. We have a plan, Minister Dubé has been quite clear:
increase employment, improve infrastructures, better data, better technology.
We have a plan. We will fund this plan no matter what the federal Government
does. We will assume our responsibility. Health care is a responsibility of the
Government of Québec. What is undeniable is that the proportion of the funding
for health care that is assumed by the federal Government has gone down over
time and will continue to go down.
Mme Senay
(Cathy) : You're giving $3.5 billion and
you're asking $6 billion per year on health transfers. So, you're just
like…
M. Girard
(Groulx) : Yes. We're talking of the most
important budget area item of the QuébecGovernment for the
next 50 years, and you comparing this to a one-time payment in December 2022.
M.
Laforest (Alain) : Ça ne vous tente pas de le redire en français, ce
que vous avez dit? Parce que je trouvais que la réponse était meilleure que ce
que vous m'avez dit en français par rapport aux arguments.
M. Girard (Groulx) : Qu'est
ce que j'ai dit en anglais?
M. Laforest (Alain) : Bien,
vous avez dit : Je peux me mettre à critiquer sur les dépenses militaires.
Je veux dire, il met de l'argent sur le militaire, il pourrait remettre en
santé, là.
M. Girard (Groulx) : …c'est
comme si, moi, je disais... Et donc je...
M. Laforest (Alain) : Voulez-vous
le répéter?
M. Girard (Groulx) : ...donc,
je ne l'ai pas dit.
M. Laforest (Alain) : Non, non,
mais voulez-vous le répéter en français?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, je pense qu'on a tous des responsabilités, M. Laforest. La santé, c'est
une responsabilité du gouvernement du Québec. On a un plan, d'augmenter les
dépenses pour le personnel, pour les infrastructures, pour les soins à
domicile, des meilleures données, des meilleures technologies, et ce plan-là va
nécessiter des sommes importantes dans les 50 prochaines années, et on va
assumer nos responsabilités. Ce qui est indéniable, c'est que la part du
gouvernement fédéral a diminué dans le temps et va continuer à diminuer. Alors,
tous les gouvernements ont plusieurs responsabilités. Une de nos
responsabilités, c'est d'aider les Québécois à faire face à la hausse du coût
de la vie. On le fait, avec un montant extraordinaire, et puis on va continuer
d'assumer nos responsabilités en santé.
M. Laforest (Alain) : ...mais,
en anglais... il y a plus de monde qui comprennent l'anglais, au Canada, que le
français, ça fait que c'est peut-être moins gênant de le dire en français.
M. Girard (Groulx) : Je ne
suis pas gêné de rien, là. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Laforest (Alain) : Non,
non, mais c'est parce que vous avez dit tout à l'heure : Il dépense dans
l'armée; pour la santé, je pourrais le critiquer là-dessus.
M. Girard (Groulx) : Ce que
je vous dis, c'est que le gouvernement fédéral a des responsabilités, il
dépense dans divers secteurs, il fait des choix. Un des choix que nous
aimerions que le gouvernement fédéral fasse, c'est d'augmenter sa contribution
aux soins de santé.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
M. Girard...
M. Girard (Groulx) : Oui?
M. Gagnon (Marc-André) : ...obligé
d'insister aussi, comme mon collègue le fait. Vous avez dit en anglais :
Ce n'est pas un bon argument, mais vous ne voulez pas le répéter en...
M. Girard (Groulx) : Non,
non, ce n'est pas un bon argument en français non plus.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
vous ne voulez pas répéter l'exemple, que vous avez donné, des dépenses
militaires.
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'ai simplement dit, c'est... Je pense que le premier ministre du Canada se
fait poser beaucoup de questions, puis il répond, puis il a de la pression.
C'est un sujet qui est important pour les Canadiens. Ce n'est pas parce que le
gouvernement du Québec aide les citoyens à faire face à la hausse du coût de la
vie que les transferts en santé ne doivent pas augmenter, là. L'argument ne
tient pas.
Mme Prince (Véronique) : ...en
fait, c'est que... ce que Cathy vous disait, là, c'est qu'il pourrait très bien
dire : Bien, la moitié de ce que vous nous demandez, vous êtes en train de
le donner en chèques. Même si vous dites que ce n'est pas des chèques, là.
M. Girard (Groulx) : Non,
mais ce n'est pas un montant récurrent.
Mme Prince (Véronique) : C'est
ça. Mais ça, vous l'avez dit en anglais. Puis vous avez dit : C'est comme
si, moi, je lui disais : Tu n'as pas d'affaire à investir dans les dépenses
militaires tandis qu'on te demande de l'argent. Comprenez-vous? C'est ça,
l'exemple que vous avez donné, là. C'est comme si, vous, vous jugiez des
dépenses.
M. Girard (Groulx) : Bien,
lorsque je regarde les priorités du gouvernement fédéral, ils en ont dépensé,
de l'argent, on a des dépenses, on augmente les dépenses militaires, notamment.
Peut-être, une autre façon de vous dire ça, par exemple, les soins dentaires.
Pourquoi le gouvernement fédéral a des sommes pour un nouveau programme en santé
alors que les programmes existants ne sont pas suffisamment financés?
M. Lecavalier (Charles) : Peut-être
juste une précision, aussi, sur le salaire...
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
jamais eu autant d'intérêt pour mes déclarations en anglais. Ça doit être mes
nouvelles responsabilités de ministre responsable avec les Communautés
anglophones qui suscitent cette passion.
M. Lecavalier (Charles) : Juste
une question sur le salaire, là, 50 000$ à 100 000$, c'est salaire,
quoi, brut, le revenu brut, avec le... pour toucher le chèque, là?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ça, c'est le... Alors, on utilise, comme base de données, la déclaration de
revenus 2021, et c'est la ligne...
Une voix : 275.
M. Girard (Groulx) : Merci,
Julie. La ligne 275 de la déclaration de revenus. Alors, il y a des déductions
pour les REER.
M. Lecavalier (Charles) : ...déductions?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est le revenu avant impôts, là.
Le Modérateur : C'est
complet?
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci beaucoup.
Le Modérateur : Merci à vous.
(Fin à 10 h 33)