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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française

Version finale

Tuesday, May 24, 2022, 9 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures quinze minutes)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Pascal Bérubé, notre porte-parole en matière de français. Il sera suivi du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui, le Parti québécois aura fait de la défense et de la promotion du français un des fondements de son action politique. De la loi 101 de René Lévesque et Camille Laurin, en 1977, en passant par la loi n° 14 de Pauline Marois, de 2012 à 2014, jusqu'à aujourd'hui, aucune formation politique n'en aurait fait autant pour la langue.

Lorsque le gouvernement a annoncé son intention de déposer un projet de loi, il était averti, d'abord, des chiffres : soit qu'on pose des actions fortes, soit que c'est le déclin. Et nous avons présenté un plan clair qui indiquait toutes les mesures qui étaient importantes pour nous. Mais essentiellement les chiffres ne mentent pas. Les transferts linguistiques, présentement, c'est 55 % vers le français, 45 % pour l'anglais. On souhaite que ça soit 75 % pour le français, la question du transfert linguistique des nouveaux arrivants. On voulait des objectifs chiffrés, on voulait sentir qu'il y avait un sérieux là-dessus.

Force est de constater que c'est un échec. L'aile fédéraliste de la CAQ a remporté le débat interne sur le projet de loi n° 96. D'ailleurs, trois de vos collègues de la presse parlementaire en ont fait état le 14 décembre dernier. Résultat : le cégep assujetti à la Charte de la langue française, mesure largement demandée par le Parti québécois, par Guy Rocher, qui a coécrit la loi 101, par 33 syndicats d'enseignants au collégial, par le Mouvement Québec français, et d'innombrables observateurs, et surtout spécialistes, mathématiciens, démographes sont venus nous dire : C'est ce qu'il faut faire, le gouvernement a dit non. On a voulu, également, avoir une immigration francophone. Le gouvernement n'a pas porté oreille à ça. On a voulu que les municipalités bilingues, notamment Otterburn Park, dans la circonscription du ministre responsable de la Langue, qui compte à peine 5 % d'anglophones... ça va demeurer pareil. Donc, ce gouvernement est arrivé avec un projet de loi qu'il a qualifié de costaud, il est demeuré le seul, tout au long du débat, à l'appeler «costaud», sauf, peut-être, pour les anglophones. C'est un échec.

Alors, en terminant, ce projet de loi, ce n'est pas la suite de la loi 101, c'est la continuité de la loi 22 du Parti libéral du Québec en 74. Et les fiers députés du Parti québécois, en 1974, ont voté contre la loi 22. Pourquoi? Parce que ça n'allait pas assez loin, on ne prenait pas au sérieux les défis de la langue. Et l'histoire se répète : les anglophones étaient furieux contre le gouvernement de M. Bourassa, et les nationalistes, ceux qui sont épris de la langue, ceux pour qui c'est un enjeu important, ont voté contre parce qu'ils ne voulaient pas envoyer le message au gouvernement qu'on allait banaliser les défis devant nous. Alors, en terminant, c'est soit le déclin soit la relance. Et je vous présente un dernier tableau que j'ai ici. Nous, on l'a chiffré. Si on ne fait rien, vous voyez le pointillé qui descend comme ça. Des mesures fortes, l'immigration, le cégep en français... Sinon, on est capables de reprendre de la vigueur.

Alors, c'est important pour nous, c'est une conviction sincère. Et j'ai aussi la conviction qu'à la CAQ c'est un enjeu politique de positionnement, avoir l'air nationaliste. Mais on ne peut pas accepter ça. Alors, ceux qui se sont réjouis, au Conseil des ministres, d'avoir gagné, d'avoir bloqué l'intention du ministre responsable de la Langue — qui, contrairement à Camille Laurin, n'a pas convaincu son premier ministre — ils ont gagné, mais la langue va perdre. Et, en ce sens, on perd tous. Aujourd'hui, le chef du Parti québécois vous annoncera le vote qu'on va prendre et les raisons qui le justifient, mais nous sommes convaincus que, face à l'histoire, face aux débats importants qu'on a, c'est la solution la plus responsable. Et j'espère qu'on entendra nos arguments parce qu'ils sont intimement liés à la conviction qu'on a que le gouvernement ne porte pas assistance à une langue en danger.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci, Pascal. Bonjour, tout le monde. C'est un moment important, aujourd'hui, pour le Parti québécois et un moment significatif, je pense, en politique québécoise parce qu'au lendemain du jour des patriotes on en vient à la conclusion, même si ce n'est pas une décision facile, que le geste patriotique, le geste responsable à faire, dans les circonstances, c'est de dire la vérité, donner l'heure juste aux Québécois, leur rappeler qu'ils ne sont pas obligés de se contenter du déclin, qu'ils ont droit à leur pérennité linguistique et culturelle.

Si, en 1974, les quelques députés du Parti québécois n'avaient pas voté contre le Bill 22, bien, probablement que la loi 101 n'aurait jamais vu le jour parce que le Parti québécois aurait offert une forme de caution morale à ce qui n'était pas une loi à la hauteur des défis linguistiques du Québec de l'époque. Nous sommes dans une situation analogue où, de l'avis de tous les experts entendus en commission parlementaire, le projet de loi n° 96 ne renversera pas le déclin de la langue française. Et nous avons donc la responsabilité, comme nos fondateurs, de donner l'heure juste, de dire la vérité et d'espérer que de cette vérité, de ce courage politique d'affirmer que c'est complètement insuffisant comme projet de loi naîtra quelque chose de mieux, comme on a vu en 1976 avec le gouvernement Lévesque et la naissance de la loi 101.

Évidemment, si, in extremis, le gouvernement inclut les cinq éléments essentiels et structurants qu'on a demandés je ne sais pas combien de fois, on est prêts à voter pour, là. Mais on s'entend que les chances, à ce stade-ci, sont très minces. Quels sont ces cinq éléments? La loi 101 au cégep, soutenue par 33 syndicats; les municipalités du Québec qui ont un statut bilingue même lorsqu'il y a 5 % d'anglophones dans la municipalité, ce n'est pas acceptable; notre demande d'avoir une immigration économique entièrement francophone; nos demandes en matière de culture, parce que la langue, ce n'est pas que de la réglementation, c'est du contenu culturel, et, notamment, on veut un bureau de promotion du contenu culturel; mais surtout on veut et on demande que les résultats atteints par la loi soient chiffrés, mesurés puis qu'il y ait des objectifs. Parce que vous réalisez que, dans cette opération de communication et de compromis, le gouvernement a refusé plusieurs fois de mesurer d'une quelconque manière l'évolution du français. C'est pour vous dire le peu de confiance qu'ils ont envers leur propre projet de loi.

Donc, parfois, en politique, c'est tentant de poser des gestes en fonction de la joute politique immédiate. Mais la question que Pascal, moi et les députés du Parti québécois, on s'est posée, c'est : Avec le recul, dans cinq, 10 ans, quel est le geste responsable à poser? Quel est le geste qui nous donnera l'assurance qu'on a fait notre travail en éclairant les Québécoises et les Québécois sur leurs meilleurs intérêts dans les circonstances? Et on en vient à la conclusion que, comme nos prédécesseurs, il faut dire la vérité, ce projet de loi là ne renversera pas, mais ne passe pas proche de renverser notre déclin linguistique, nous n'avons pas à accepter le déclin linguistique. Nous avons des solutions, mais le gouvernement n'a pas le courage de les mettre en oeuvre et préfère ajouter plein de panoplies administratives plutôt que de prendre les mesures structurantes que je viens de vous nommer. Donc, on a le devoir, dans ces circonstances-là, de donner l'heure juste.

Mme Prince (Véronique) : Mais, le projet de loi, je comprends que ça ne va pas aussi loin que vous vouliez, là, mais c'est quand même un pas vers ce à quoi vous voulez aller. Donc, vous n'êtes pas prêts à voter pour en sachant que, plus tard, vous pourriez y revenir avec quelque chose de plus? Dans le fond, c'est symbolique, votre opposition.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce n'est pas symbolique, c'est beaucoup plus profond que ça. Le gouvernement est en train d'induire en erreur les Québécois en leur faisant croire que ce projet de loi est un moment historique qui changera quoi que ce soit sur le français. Or, tous les experts entendus en commission parlementaire nous disent que c'est faux. Il y a, à un moment donné, l'expertise des démographes. Le processus de commission parlementaire où est-ce que Pascal a participé, il faut que ça ait une valeur quelconque. Donc, on ne peut pas donner notre caution morale à quelque chose qui est trompeur à sa face même. Ce projet de loi ne renversera pas le déclin du français au Québec, et nous proposons des mesures beaucoup plus fortes pour s'assurer du résultat, c'est donc une question de devoir moral pour les députés du Parti québécois.

M. Laforest (Alain) : ...veut mal faire?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, parce qu'évidemment le projet de loi va être passé de toute façon, exactement comme à l'époque. Le gouvernement est majoritaire, il va...

M. Laforest (Alain) : C'est carrément symbolique, il va passer, là.

M. Bérubé : C'est une question de principe.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est ça, c'est une question d'éclairer la population sur ce qu'il en est réellement...

M. Laforest (Alain) : C'est un coup de gueule que vous faites, là.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce n'est pas un coup de gueule, c'est une façon de dire la vérité aux Québécois sur ce qu'il en est réellement, sur la réelle nature du p.l. n° 96.

M. Lacroix (Louis) : Mais, sur le fond, là, est-ce que vous reconnaissez que le projet de loi actuel est une avancée sur la... en fait, sur la situation qu'on a en ce moment, sur l'état de la loi en ce moment?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est une avancée qui est nettement en deçà de ce qui est requis, et ça doit être dit. Parce que faire une petite avancée, si ça nous condamne au déclin, c'est quoi, l'intérêt? Il y a des éléments qui sont bons dans la loi, là. On a demandé, par exemple, l'application de la loi 101 aux entreprises de 25 à 50 employés, c'était notre proposition, on est contents de le voir. Mais, à un moment donné, on ne peut pas se réjouir de quelques petites avancées quand tout le monde qui a une expertise vient nous dire : Le déclin va continuer. Il y a un sens des responsabilités qu'on se doit d'avoir même si ça peut créer un peu de remous sur le coup.

M. Carabin (François) : Le Parti québécois, M. St-Pierre Plamondon, va voter dans le même sens que le Parti libéral du Québec. Est-ce que ça a été une pilule difficile à avaler?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ah! pas du tout. En fait, la photo ici, là, elle est tellement... À l'époque, là, à l'époque du Bill 22, on est dans une situation où le gouvernement Bourassa avait beaucoup de sièges, était très confortable et voulait faire un compromis, couper la poire en deux. Et, à l'époque, justement, il n'y avait que des mécontents. Les anglophones s'exclamaient... mais il faut voir les revues de presse de 1974 pour voir à quel point les anglophones ne toléraient pas le Bill 22. Et les gens qui avaient à coeur l'avenir du Français se rendaient bien compte que le Bill 22 n'allait nulle part en termes de résultats. Donc, à la fin, il n'y avait personne de satisfait, personne.

Et c'est le pari de la CAQ, de répéter l'approche Bourassa, de couper la poire en deux, de faire des compromis partout, alors que tous les experts viennent nous dire, on les a entendus, là : Ça ne fonctionne pas, ça n'a pas d'impact. Donc, il y a quelque chose de significatif dans le fait de dire : Tant qu'on n'aura pas un projet de loi qui, de l'avis des experts, renverse le déclin de la langue française, nous, on continue notre travail par devoir pour la langue française, par devoir pour le Québec.

M. Bérubé : Quelques éléments supplémentaires. Évidemment, le gouvernement fait le choix de ne pas s'attarder à des mesures connues, documentées. Quand Guy Rocher vient, en commission parlementaire, de ses 97 ans, lui qui a coécrit la loi 101, nous dire : On aurait dû le faire, il faut le faire, ça, ils n'écoutent pas. Mais tout ce qu'on appelle en latin le «red tape», là, tout ce qui est contraignant pour la communauté anglophone et pour les autochtones, Lévesque l'avait dénoncé en 74. Et, moi, sur les revendications des autochtones, ce n'est pas là-dessus que je serais allé en priorité. Alors, on pourrait avoir un autre projet de loi sur les langues autochtones, ce n'était pas l'objet de celui-ci.

Mais le gouvernement décide d'aller de l'avant. Alors, quand vous dites : On va voter avec les libéraux, pas pour les mêmes raisons. Mais je suis surpris que Québec solidaire vote pour ce projet de loi là compte tenu de tout ce qu'ils ont dit sur les communautés autochtones, qu'ils ont accueillies, puis là ils vont voter contre ce qu'on leur a demandé. Alors, nous, on est assurés qu'on pose le bon geste. Et c'est une leçon d'humilité pour le gouvernement qui prenait pour acquis qu'on allait voter pour son projet de loi. Oh que non! Alors, ceux qui se tiennent debout, qui sont fiers, qui ne sont pas des nationalistes, là, de carnaval, bien, ils prennent position puis ils posent des gestes.

M. Carabin (François) : Cette décision-là, vous l'avez prise quand, de voter contre le projet de loi?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On a eu une série de caucus, donc c'est une décision qui se discute depuis plusieurs semaines avec des réunions, une réflexion, une recherche historique également pour prendre la mesure des conséquences de ce vote-là pour nous mais pour le sujet de la langue française.

M. Carabin (François) : ...la décision finale a été prise hier?

M. Bérubé : Le dernier caucus, vendredi.

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce que ce projet de loi là, c'est une menace à la paix sociale qui risque de créer une division, un clivage entre les francophones, les anglophones?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : La notion de paix sociale, au Québec, est parfois utilisée comme facteur d'immobilisme. La question qu'il faut se poser, ce n'est pas : Est-ce qu'on a un enjeu de paix sociale? C'est plutôt : Est-ce qu'il y a une légitimité à demander la pérennité de la langue française à titre de langue commune et officielle au Québec?

M. Gagnon (Marc-André) : O.K., mais je vous pose quand même la question : Est-ce que c'est une menace à la paix sociale, oui ou non?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ça ne devrait pas en être une, mais je ne peux pas prévoir. Puis c'est très difficile aussi de définir c'est quoi, la paix sociale. Des désaccords, dans une société, il y en a toujours. Et le fait qu'il y ait un désaccord... On l'a vu avec le Bill 22, il peut y avoir un très mauvais projet de loi sur la table et des gens qui s'en plaignent parce qu'ils trouvent que ça va déjà trop loin. C'est pour ça qu'il faut revenir aux vrais critères, qui n'est pas la paix sociale, mais qui est la pérennité...

M. Gagnon (Marc-André) : ...le terme «sociale» de ma question : Est-ce que c'est une menace pour la paix entre les francophones et les anglophones au Québec?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est un projet qui est tellement faible, qui est tellement peu structurant, moi, je n'en vois pas. Mais je réitère mon point : la question, c'est plutôt de savoir est-ce qu'on réussit, en ce moment, avec tout le brouhaha en question, à renverser le déclin de la langue française ou tout ça est fait en vain parce que tous les experts nous ont dit que ça ne changerait rien. Et, si c'est le cas, c'est assez grave. On tombe...

Des voix : ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Juste terminer là-dessus, juste terminer là-dessus. On tombe, à ce moment-là, dans des questions d'intégrité et de rigueur. Parce que la CAQ va essayer d'expliquer aux Québécois que c'est un grand moment historique puis que tout va bien. Ce n'est pas vrai. Tous les experts... S'il y avait eu, vraiment, un déchirement en commission parlementaire, là, mais les experts étaient constants.

M. Bérubé : La coalition part de Guy Rocher et va jusqu'à Christian Dufour. Je veux dire, c'est assez large, le nombre de personnes. Tu sais, quant à la loi sociale, si vous voulez un étalon sur lequel se comparer, jusqu'à tout récemment, le Parti libéral était satisfait du projet de loi. Alors, si vous pensez que c'était costaud, là, quand le Parti libéral dit oui, c'est une bonne indication qu'on aurait dû en mettre plus. Alors, c'est à la dernière minute...

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que vous allez prendre du temps, en Chambre, le temps de parole... du temps de parole... est-ce que vous allez...

M. Bérubé : J'ai fait une heure.

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais ce n'est pas fini, là...

M. Bérubé : Je peux en faire une autre. Non, il nous reste quelques... J'ai demandé à voir une autre heure, ça m'a été refusé, j'ai le droit à une heure. Mais on va prendre le... Tous nos députés vont parler, tous nos...

Une voix : ...

M. Bérubé : Non, non, non, ça va être adopté aujourd'hui ou demain, c'est clair, là. J'ai été leader parlementaire, je suis capable de calculer mes séquences.

M. Laforest (Alain) : Il reste combien d'interventions de votre part? Est-ce que vous êtes capables...

M. Bérubé : Ça dépend des libéraux. Tu sais, les libéraux, on a eu des communications avec eux, ils vous le diront. Nous, on n'est pas très nombreux, tout le monde va parler, tout le monde va parler.

M. Laforest (Alain) : Je veux juste revenir sur la question que je voulais vous poser, M. Plamondon. Il y a quand même des commerçants qui sont pris à partie, là, francophones par des anglophones, parce que, des fois, il y a des communications qui se font en français en disant que c'est... Vous ne craignez pas qu'il y ait un dérapage? Particulièrement à Montréal, parce que le problème de l'anglais, c'est Montréal, là.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le jour où tant les statistiques que les expériences personnelles des Québécois à Montréal indiquent que le français recule puis que c'est impossible de se faire servir en français... Ça m'est arrivé, avant-hier, dans un Tim Hortons, je voulais juste prendre un café, j'ai été incapable de me faire servir en français. Le jour où les gens vivent ces expériences-là et que les statistiques indiquent un déclin assez vigoureux, bien, il y a une discussion à avoir qui va peut-être, de temps à autre, amener des discussions un peu plus vives. Mais, pour revenir à la notion de paix sociale, le contrat social, au Québec, c'est que notre langue officielle et notre langue commune est le français. Quand c'est de moins en moins le cas, évidemment qu'il y a des réactions, puis ces réactions-là sont légitimes. Et le fait que le Parti québécois réclame que le projet de loi renverse bel et bien le déclin du français, c'est légitime. On ne doit pas reculer sur ce principe de base là.

La Modératrice : On va y aller avec une dernière en français.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être sur un autre sujet, sur les cours de justice. Il n'y a plus personne dans les cours de justice. Je veux savoir si ça vous inquiète. Qu'est-ce qu'il faut faire avec ça, là?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Sur les cours de justice? La Cour du Québec ou le...

M. Bérubé : Il manque de personnel...

Mme Lajoie (Geneviève) : Oui, le manque de personnel, pardon.

Des voix : ...

Mme Lajoie (Geneviève) : Il y a eu plusieurs reportages, la semaine dernière, là-dessus, là.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, il faudrait que je regarde c'est quoi, les conditions de travail, à savoir qu'est-ce qui explique cette pénurie de main-d'oeuvre spécifique. Je ne sais pas si tu as plus de...

M. Bérubé : J'ai un élément à dire. C'est toi, l'avocat, mais... J'ai écouté M. Lacroix à la radio, pendant la relâche de M. Arcand, puis il en a parlé. Bon, alors, il manque de greffiers pour assurer... il manque de personnel pour assurer l'exercice de la justice, donc ça allonge, notamment aux petites créances. Il y a le juge en chef, ce matin, qui est sorti. Donc, c'est un enjeu très important pour l'administration de la justice, alors le ministre devrait avoir un plan là-dessus.

Ce qui me permet de vous dire que, dans le projet de loi, il y a aussi les règlements de comptes du ministre responsable de la Langue avec la magistrature. Il décide, notamment sur les juges bilingues, de s'attaquer à la magistrature à l'intérieur du projet de loi et aussi à s'attaquer au Directeur général des élections, qui l'a averti très sérieusement de ne pas faire des nominations unilatérales, puis il l'a envoyé promener. Je veux dire, il y a ça aussi dans le projet de loi. Donc, il y a des choses artificielles, pas très significatives, il a mis beaucoup d'efforts là-dessus. Puis ce qui était une évidence, bien, il a échoué, il s'est rendu compte que ce n'était pas lui qui gérait dans le caucus.

Des voix : ...

M. Bérubé : C'est les... Bien, j'ai presque fini, là, j'arrivais à mon point fort, là. C'est que les ministres fédéralistes — ça a été argumenté, ça a été découvert par vos collègues de Radio-Canada — ils ont gagné puis ils sont morts de rire. Eux ont gagné, mais le français va perdre.

M. Carabin (François) : Sur les nominations des juges, le ministre veut répondre à un jugement de la Cour supérieure...

M. Bérubé : Par une loi...

M. Carabin (François) : Ce n'est pas normal? Ce n'est pas...

M. Bérubé : Ça ne se fait pas dans le cadre d'une loi, ça se fait dans le cadre d'un plaidoyer de justice. Mais, je veux dire, le ministre semble être en conflit avec la magistrature, puis ça n'avait pas de place dans le projet de loi, je veux dire.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi, je pense que, sur cette question-là, on se serait attendu à ce qu'un pourparler sur la délimitation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique donne lieu à une entente. Et ce n'est pas ça qu'on voit en ce moment, là.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Good morning.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Good morning.

Mme Senay (Cathy) : You knew, for weeks now, that you would vote against Bill 96. Why did you wait until the last minute to announce it?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Two reasons. First of all, it's been debated, so we had to talk it over. And, second point, we had to make all the efforts possible so that the five points that we consider are essentials... that the door be open until the end for a last-minute change. Those changes are Bill 101 applied to CEGEPs, it is the bilingual status of cities in Québec, the French language for immigrants when they arrive in Québec, the culture, and the mere fact of measuring the results of that bill, measuring the evolution of the French language. So, those points, we tried as much as we could, we didn't want to shut the door because there was still little hope. Now, I think we can say that it is what it is, and we need to make a decision.

M. Authier (Philip) : Do you think it... At the beginning of this process, M. Jolin-Barrette had hoped for a wider consensus, had hoped for an even unanimous vote in the House, you know, with a symbolic... with what that means symbolically. Do you think the bill still has credibility, given that now the Liberals and you, for different reasons, of course, are voting against?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Well, the CAQ Government likes to make its own promotion, its own marketing, so they have a tendency to say that everything they do is an historical moment. The problem for Jolin-Barrette's ambition is the lack of collaboration within his caucus, but also the fact that we heard experts. And, when all these experts come and say : This bill is not going to reverse the tendency, it's not going to do the job, then it's very difficult for Jolin-Barrette to tell everyone that this is a success, because at some point, expertise, facts matter, it's not only about marketing.

M. Authier (Philip) : You can't condone the bill, you can't give it moral support at all?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Well, if we do, it will help the CAQ mislead the population as to the true nature of that bill, so we need to say the truth, even if it might be a bit controversial. We need to tell the people what it is really and what it is that the experts told us.

Mme Senay (Cathy) : But it is frustrating for you since your message, for months, has been to say that it doesn't go far enough, this is not what Camille Laurin would have done, but the CAQ is saying that it's the biggest, overall, of the language laws since Bill 101. They are taking that heritage.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : It's not true, what they say is not true, in the same way that they were bragging, this weekend, on Twitter, saying that they are the best government in environment Québec has never seen in its history. It's not true. What they say is really disconnected from reality. And we have a duty to tell people exactly what it is, to tell people the truth and to tell people that they can ask for more so that we guarantee a sustainability of the French language over time in Québec.

Mme Senay (Cathy) : You are a lawyer yourself, you read the Bill from A to Z. For a lot of lawyers, it's not well written, you know, not clear enough. So, you have people on the English community that have fears on health and social services because it's not clear enough. You have newcomers and people working for newcomers that do have fears, it's not clear enough. You have people in the business sector, with the OQLF's new powers, that are frustrated. Everybody seems to be frustrated, and you are frustrated.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : And it looks a lot like this story. In 1974, Lévesque said : Not only it's not going far enough, this Bill 22, but it's putting a whole lot of administrative measures that are not very good for the Anglophone community, that are not necessarily fair. And we have the same impression that, because they don't have the courage to make decisions on structural and important measures, they put a ton of red tape that will create complications, and we're worried... And we hear Anglophones when they say : It's a lot of administrative measures, a lot of blurry statements in the law. I think it is a genuine... a legitimate criticism. So, it's not going far enough, but it's also creating burdens that are unproductive because it doesn't create any protection for the French language.

M. Bérubé : They're bringing back 1974. It's not a good thing.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : It looks like 1974 in many ways.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 40)

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