(Neuf heures dix-neuf minutes)
Mme Nichols : Donc, on
est ici, évidemment, là, pour l'interpellation qui aura lieu à 10 heures.
Vous comprendrez qu'on n'a rien dans le budget, dans le dernier budget, avec
des mesures structurantes en lien avec l'habitation, avec le logement, rien par
rapport à la construction de nouveaux logements sociaux, de nouveaux logements
communautaires, mais rien non plus pour l'accès à la propriété pour les jeunes
familles du Québec. On est dans une crise du logement sans précédent, pour une
deuxième année consécutive, crise que le gouvernement de la CAQ ne reconnaît
toujours pas. C'est peut-être pour ça, d'ailleurs, qu'il n'y a pas de mesure
dans le dernier budget. Mais c'est une crise du logement sans précédent, puis
il faut définitivement mettre en place des actions pour aider les citoyens
québécois.
Le logement et l'habitation, c'est un
sujet où on sent beaucoup, beaucoup de détresse humaine. On sent... Puis je
dirais que la majorité, ou, en fait, je suis pas mal certaine que les 125 députés
à l'Assemblée nationale reçoivent quotidiennement des appels de détresse de
leurs citoyens qui ne se trouvent pas de logements, pas de logements convenables,
qui doivent dépenser plus que 30 % du budget familial pour pouvoir se
loger. Je trouve ça vraiment dommage que des familles, des ménages aient à
faire des choix entre se loger, se nourrir, se vêtir, puis on peut parler du
transport aussi, puis on est aussi dans le cadre de l'inflation où le panier d'épicerie
coûte plus cher, l'électricité coûte plus cher, l'essence coûte plus cher.
Donc, bien sûr, on posera les questions au
gouvernement, à la ministre des Affaires municipales et Habitation, à savoir quelles
sont les mesures structurantes qu'elle va mettre en place, là. Parce que, un,
le 1er juillet arrive bientôt. Je ne pense pas que la campagne de
sensibilisation avec la chasse au logement soit la bonne solution. Bon, on
pourra amplement voir comment ça fonctionne puis qu'est ce que ça donne comme
rendement, mais il n'y en a pas, il n'y en a pas, de logements. Donc, il faut
mettre en place des programmes pour aider l'ensemble des citoyens.
Puis ce n'est pas juste dans les grandes
métropoles, hein, il faut le dire, c'est dans l'ensemble du Québec, dans les
régions aussi. Les municipalités ont levé la main puis les municipalités ont
fait un excellent travail en 2021. Ils ont créé des cellules de crise, ils ont
pris en charge les familles. Est-ce que c'est vraiment d'un champ de compétence
municipale? À mon avis, comme ancienne mairesse, ancienne préfète, je pense que
non, mais je les félicite, les maires et les mairesses, là, qui ont pris leurs
citoyens en charge, qui leur ont offert un toit. Puis, je pense... j'ai
Sherbrooke en tête, là, mais il n'y avait pas loin de 100 ménages, là, 100 familles
à Sherbrooke qui se sont retrouvées à la rue. Juillet approche, juillet
2022, qu'est-ce qu'on va faire pour ces familles-là? Est-ce qu'on a pensé à ces
familles-là qui, déjà, vivent de l'angoisse incroyable? Ça fait que c'est sûr
qu'il y a cet aspect-là, mais il y a aussi l'aspect accès à la propriété, les
jeunes familles qui veulent acheter, qui veulent acheter une maison, qui ne
sont pas capables de mettre de mise de fonds. Il n'y a absolument rien dans le
budget pour les aider.
Journaliste : Mme Nichols, si
je peux me permettre, il y a des choses dans le budget fédéral. Mme Laforest
pourrait vous répondre : Bien, écoutez, je n'ai pas besoin vraiment
d'ajouter des choses, il y a un paquet de trucs qui ont été annoncés par Ottawa,
hier.
Mme Nichols : Bien, je trouve
ça superintéressant, le budget fédéral, du moins, la partie habitation. Et ça
démontre que tout le monde est sensible à la crise. Puis il y a d'autres
provinces aussi, hein, qui ont pris des mesures, justement, pour l'habitation,
le logement, pour aider leurs citoyens. Le fédéral est bien conscient et le
fédéral met des mesures en place.
Pourquoi ici, au Québec, on ne fait rien?
Pourquoi, tu sais, on n'en propose pas, nous, des mesures, là, pour agir
directement, rapidement? Ça presse, là, il y a ce sentiment d'urgence là. Comme
je dis, il y a une très grande détresse, là, dans la population. Puis les
mesures que le fédéral met en place, là, bonnes, pas bonnes, là, ce n'est pas
moi qui vais les interpréter, là, mais il y a quand même... On prend quand même
la peine de mettre des mesures en place pour aider les citoyens, ceux qui
pourront en bénéficier, tant mieux. Tu sais, l'objectif, c'est d'aider le plus
de gens possible.
Journaliste : Est-ce que vous
trouvez quand même que le fédéral en fait suffisamment? Dans le fond, ce que je
comprends de vos propos, c'est que vous trouvez ça très bien, ce que le fédéral
fait, versus Québec qui ne fait rien. C'est ça?
Mme Nichols : Bien, je n'ai
pas analysé en détail, là, toutes les mesures que fait le fédéral. Bien sûr,
là, j'ai vu les montants puis j'ai vu qu'est-ce qui est promis. Mon souhait,
là, c'est que le gouvernement n'attende pas deux ans et demi encore pour signer
une entente fédérale-provinciale, comme la dernière fois, parce que, pendant ce
temps là, il n'y a eu aucune mesure ici, au Québec, pour aider nos citoyens.
Mais relativement… Tu sais, je ne peux pas dire si c'est des bonnes ou des pas
bonnes mesures. Moi, ce que je dis, c'est que...
Puis je pense à Terre-Neuve-et-Labrador,
là, qui va suspendre, pendant un an, là, la taxe, la taxe sur les maisons, tu
sais, la taxe de vente, quand on achète une maison. Bien, ils mettent une
mesure en place. Tu sais, ici, on ne fait rien, on n'aide pas nos citoyens, on
regarde ça aller. Le gouvernement de la CAQ reste passif, puis il se dit :
Bien, c'est l'offre, la demande, c'est un cercle, ça va se régler tout seul.
Bien, non, ça ne se réglera pas tout seul. On est en train de vivre, pour une
deuxième année consécutive, la pire crise du logement.
Journaliste : Mais est-ce
qu'il ne faut pas faire attention, non plus? Tu sais, parce que l'argument du
ministre Girard, c'est souvent de dire : Il ne faut pas non plus stimuler
trop la demande parce qu'on va embarquer encore plus dans le cercle vicieux.
Dans le fond, vous n'adhérez pas à cet argument-là, là?
Mme Nichols : Bien, c'est
sûr, là, on comprend, là, l'offre et la demande, là, c'est sûr qu'il faut en
bâtir plus, de logements. Puis justement, si on regarde dans le dernier budget,
là, il n'y a pas grand-chose, là, qui a été annoncé, là, pour augmenter l'offre.
Puis on a été à presque deux ans et demi... quand il n'a pas eu l'entente
fédérale-provinciale de signée, là, on a été un deux ans et demi où il n'y en a
pas eu, de construction, là.
Et on parle aux organismes, là, les
organismes sur le terrain, ils nous le disent, là. On regarde les résultats de
la SHQ, la Société habitation Québec, on le voit, là, il n'y a rien qui est
fait, il n'y a rien qui débloque, là, justement, pour augmenter l'offre, pour
pouvoir venir aider nos organismes. Il y en a plein, de projets, là, il y a une
pile de projets qui attendent juste une autorisation, un go. Au lieu de ça,
bien, on abolit AccèsLogis ou, du moins, on met AccèsLogis de côté puis on crée
un nouveau programme. Tu sais, ce nouveau programme là, le PHAQ, là, habitation
abordable Québec, ce nouveau programme là, bien, je ne pense pas qu'il donne
des résultats avant un an ou deux. Puis c'est là, là, qu'on en a besoin, c'est
là que nos citoyens sont en détresse.
Journaliste : Bien,
justement, si je peux aller dans le même sens que ma collègue, elles vont
construire... annoncer des nouveaux logements sociaux, en ce moment, ça ne
réglera pas le problème du prochain... du 1er juillet qui s'en vient.
Donc, à court terme, qu'est-ce que vous préconisez, qu'on donne des sous aux
locataires? Tu sais, qu'est-ce qui serait la mesure la plus efficace? Parce
qu'effectivement, si on donne des sous aux locataires, bien, ça peut avoir pour
impact que les loyers augmentent en réaction à ça. Ce n'est quand même pas si
simple.
Mme Nichols : Bien, tu sais,
le gouvernement n'a pas aidé dans cette crise-là, là. Il est un peu responsable
de cette propre crise parce que l'offre aurait dû être augmentée, bien avant,
là. Là, on est pris pour prendre des mesures d'urgence, augmenter des
programmes supplément au loyer, alors que les critères non plus ne sont pas...
Il y a plein de familles qui ne sont même pas admissibles au supplément de
loyer, soit d'urgence ou au supplément de loyer tout court. Donc, oui, c'est un
cercle vicieux, mais c'est parce qu'il y a eu une inaction caquiste pendant
deux ans.
Journaliste : Moi, j'aimerais
ça peut-être aussi vous faire réagir, en terminant, sur le départ de Danielle
McCann et Marguerite Blais. Est-ce que vous trouvez que ça survient à un moment
particulier? Est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose que les deux ne
se représentent pas?
Mme Nichols : Bien, j'ai
trouvé ça drôle, là, cette nouvelle-là, ce matin. Je pense que c'est une
annonce, là, juste pour essayer de faire de l'ombrage à ce qu'on vit
présentement dans les CHSLD, là. Qu'elles restent ou qu'elles s'en aillent, là,
ça ne change absolument rien, c'est un scandale, là, ce qui s'est passé dans
les CHSLD. Puis cette nouvelle-là, c'est juste pour faire de l'ombre ou essayer
de...
Journaliste : De faire
diversion?
Mme Nichols : De faire
diversion.
(Fin à 9 h 27)