(Seize heures quatorze minutes)
Le Modérateur : Alors,
bienvenue à ce point de presse sur le tramway de Québec. Et, en présence, André
Fortin, député de Pontiac, leader parlementaire et responsable des travaux aux
transports, et Mme Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent, responsable des
dossiers de la Vieille Capitale. Monsieur Fortin.
M. Fortin :
Oui, bonjour. On aimerait réagir aux propos qui ont été tenus par le ministre
des Transports, la ministre de la Capitale-Nationale et le député de La Peltrie
ce matin, de même que la sortie du maire Marchand.
Dans le dossier du tramway, là, la ville
de Québec a toujours fait les choses selon les règles. Ils ont mesuré les
besoins de leur population, ils ont déposé un projet au gouvernement du Québec,
ils ont travaillé avec les experts, ils ont identifié les meilleurs tracés, ils
ont consulté la population. Puis, en 2020, deux ans après le dépôt de ce
projet-là, la Coalition avenir Québec a dit : Un instant, nous autres, on
aimerait changer le tracé. Nous autres, on aimerait que ça ne se rende pas
jusqu'au IKEA, que ça ne se rende pas jusqu'à Le Gendre. Nous autres, on
aimerait que ça ne se rende pas jusqu'à Charlesbourg. Nous autres, on aimerait
plutôt aller à D'Estimauville. Après ça, ils se sont dit : Ah! là, on veut
travailler sur des stationnements incitatifs, hein? C'est le gouvernement du
Québec qui devrait faire ça. Je m'excuse, ce sont des prérogatives de la ville
de Québec, du Réseau de transport de la Capitale. C'est un projet qui
appartient aux gens de Québec et non au gouvernement du Québec.
Et là, aujourd'hui, parce qu'on arrive au
bout du processus, parce qu'on est à la veille des appels de propositions, là,
ils disent, tout à coup: Ah! là, j'aimerais ça discuter d'une rue. Savez-vous,
cette rue-là, là, ça ne va pas, de la façon que la ville propose de l'aménager.
Bien honnêtement, qu'ils se mêlent de leurs affaires. Les citoyens qui veulent
le tramway aujourd'hui, là, ils sont pris en otage par le gouvernement du
Québec.
Le maire a toujours été clair. Il était
clair au moment de ses élections. Il était clair au moment où il s'est présenté
devant les électeurs de la ville de Québec. Il leur a dit : Moi, je suis
protramway. Moi, je suis prorue partagée. Et vous savez quoi? Même la personne
qui a fini deuxième pour la mairie de Québec, là, elle aussi était protramway.
Alors, à Québec, il y a beaucoup de gens qui se sont prononcés aux élections
municipales en faveur d'un maire, d'un conseil municipal qui était en faveur du
tramway.
Puis aujourd'hui la CAQ revient à sa bonne
vieille idéologie, «No way, tramway», et ils disent essentiellement : Non,
moi, je vais tout faire pour tuer le projet à la dernière minute avec des
arguments complètement loufoques. Ils disent, d'un côté, qu'ils veulent
protéger les arbres, mais, en même temps, ils refusent l'aménagement de la rue
qui permet de protéger les arbres.
Là, à un moment donné, là, la Coalition
avenir Québec peut faire mieux qu'envoyer un message comme ça à tous les maires
du Québec. Tous les maires du Québec, aujourd'hui, voient ce que Bruno Marchand
subit, voient ce que la ville de Québec subit, voient ce que les gens de Québec
subit, puis ils se disent : Mais comment voulez-vous que j'amène un projet
devant le gouvernement du Québec s'il est pour se mettre les deux mains dedans,
s'il est pour changer la volonté des gens de la place, s'il est pour changer la
volonté du conseil municipal, les besoins du réseau de transport? Ça ne fait
aucun sens. Que le gouvernement du Québec, que le premier ministre du Québec se
tassent du chemin, laissent Bruno Marchand faire son travail.
Le Modérateur : Mme Rizqy.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Nous, on a qualifié la Coalition avenir Québec de coalition attente
Québec, mais je pense qu'aujourd'hui on pourrait appeler ça la coalition
autoritaire Québec. Avec la CAQ, ce n'est pas «my way or the
highway», c'est «my way or no way». Ils ne veulent pas collaborer. Ils
ne se rappellent pas c'est quoi, un gouvernement de proximité.
Où est ce François Legault qui, lors de
son discours d'inauguration, avait dit à ses ministres : Je vous demande
de ne pas devenir arrogants? Dans la lettre mandat des ministres, on leur dit :
Ne soyez pas arrogants. Aujourd'hui, on a vu une charge frontale de plusieurs
ministres à l'endroit d'un maire dûment élu. Et je peux vous dire, pour être
aussi une élue de Montréal, ce n'est pas plus beau à Montréal. Alors, ce
gouvernement est de plus en plus arrogant.
Mais ce que moi, je trouve le plus
déplorable dans tout ça, plus ils font de la chicane, plus les dossiers
n'avancent pas et plus ça coûte cher aux contribuables. Chaque journée de
retard pour le tramway coûte 274 000 $. Alors, si François Legault
est sérieux quand il dit qu'il veut faire avancer le tramway, qu'il veut
être... qu'il veut aider les gouvernements de proximité, pourquoi il retarde la
signature du décret?
Encore aujourd'hui, il y avait un conseil
des ministres. La seule chose qu'ils ont faite de bon aujourd'hui, dans ce
Conseil des ministres, c'est d'envoyer un tweet pour dire : On s'excuse du
ton par rapport au maire Bruno Marchand, en plein Conseil des ministres. Alors,
moi, aujourd'hui, à moins que l'ordre a été donné par François Legault de
foutre la bisbille dans le dossier du tramway, il serait temps que quelqu'un
reprenne en charge ce dossier, parce que ce n'est pas vrai que la ministre
responsable de la Capitale-Nationale, elle a du leadership dans ce dossier-là.
Au contraire, elle ajoute de la chicane dans le dossier du tramway. Merci.
Le Modérateur : Merci,
Mme Rizqy, M. Fortin... une période de questions.
M. Lecavalier (Charles) : Bon,
le gouvernement dit que, dans le décret, il allait y avoir une condition :
pas de rue partagée. Puis le maire de Québec dit : Il ne faut pas qu'il y
ait de condition. Donc, est-ce qu'il y a risque, en ce moment, qu'on assiste
aux dernières heures, aux derniers jours du projet de tramway à Québec? Est-ce
que c'est un risque réel, selon vous, ou c'est encore un jeu de bluff?
Mme Rizqy : Moi, je
crois qu'aujourd'hui on comprend que le tramway n'a jamais été une véritable
priorité pour le gouvernement de la CAQ, que ce n'est pas un gouvernement qui
croit au transport collectif, ce n'est pas un gouvernement qui croit au
transport structurant. Pourquoi? Bien, parce que, dans ce dossier spécifique,
ils ont tout fait pour le retarder. Et pourquoi que, lorsqu'il y a eu la dernière
conférence de presse avec le maire sortant, M. Régis Labeaume, tout le
monde s'est félicité, on avait enfin le bon tracé? Pourquoi qu'à minuit moins
une on veut encore le changer? C'est qu'on ne veut pas le faire.
Alors, qu'ils soient honnêtes. Moi, je vais
aller plus loin. J'ai vraiment l'étrange impression, là, qu'ils ne veulent pas
le faire avancer parce qu'ils ne sont pas capables de faire avancer leur
tunnel. Alors, il ne faudrait surtout pas qu'Éric Caire soit déçu, hein? Il y
aurait un tramway, mais il n'y aurait pas de tunnel.
M. Lecavalier (Charles) : M. Marchand,
je le paraphrase, là, il croit qu'il y a un calcul politique de s'attaquer au
transport collectif parce que c'est populaire dans certains endroits de
s'attaquer au transport collectif. Est-ce que vous partagez son avis?
Mme Rizqy : Je partage
100 % son avis. Puis c'est vrai non seulement pour Québec, c'est aussi
même vrai pour Montréal, ça n'avance pas assez vite à notre goût.
M. Lecavalier (Charles) : Mais,
dans ce calcul politique là, est-ce que vous pensez qu'il y a un effet, par
exemple, de la montée d'Éric Duhaime dans la région de Québec?
Mme Rizqy : Bien,
aujourd'hui, la question a été posée. Tu as-tu trouvé que la réponse était
convaincante?
M. Fortin :Moi, je ne prétends pas comprendre comment la Coalition
avenir Québec se gère dans ce dossier-là, là. Parce que, s'ils avaient voulu
tuer le projet, ils n'auraient pas pu faire mieux que ça. Depuis le début, ils
se sont mis les deux mains dedans, ils ont retardé le projet, ils ont fait
augmenter les coûts, ils ont divisé la population. Aujourd'hui, ils arrivent
avec des conditions qu'ils savent très bien que le maire de Québec n'acceptera
pas. Alors, s'ils avaient voulu tuer le projet, ils ne pouvaient pas se prendre
mieux que ce qu'ils ont fait. Ils n'auraient pas pu faire mieux que ce qu'ils
ont fait.
Donc, est-ce qu'ils ont peur d'un parti
politique ou d'un autre? C'est bien possible. Est-ce qu'il y a des députés, des
ministres à Québec qui commencent à avoir peur pour leur survie politique?
C'est bien possible. Mais de s'en prendre aux citoyens de Québec, qui, eux,
veulent un projet, ça ne les aidera pas à protéger leur siège, ça ne les aidera
pas à protéger leurs arrières. S'ils veulent collaborer avec le maire de Québec,
s'ils veulent collaborer avec le conseil municipal de Québec, s'ils veulent
faire avancer un projet qui est porteur pour une ville comme ça, peut-être que
ça, ça pourrait les aider, mais ce qu'ils font en ce moment, ça va juste nuire
à leurs résultats électoraux. Si c'est vraiment ça qui les préoccupe, ils s'y prennent
d'une bien mauvaise façon.
Mme Rizqy : Si je peux
ajouter une petite affaire, par rapport à un des arguments qui a été soulevé
aujourd'hui en Chambre par la ministre responsable de la Capitale-Nationale,
l'importance de ne pas avoir de voie partagée parce que ça pourrait ne pas
aider les citoyens de Saint-Agapit, Saint-Agapit, c'est loin en titi d'où
est-ce qu'on est ici, alors... Et on parle ici d'un tronçon, là, de
500 mètres. Est-ce qu'on est en train de mettre en péril un projet de près
de 4 milliards de dollars d'investissements du gouvernement du Québec,
mais aussi d'investissements privés d'un peu plus de 1 milliard de dollars,
pour 500 mètres, pour être sûrs que les gens de Saint-Agapit, là, vont
pouvoir rouler un peu plus vite sur l'autoroute?
Le Modérateur : Merci
beaucoup à tous de votre présence. M. Fortin, Mme Rizqy.
M. Fortin :
Merci.
(Fin de la séance à 16 h 23)